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Coronavirus «Les Occidentaux, les bras croisés» (professeur Alain Bauer)

Coronavirus  «Les Occidentaux , les bras croisés» (professeur Alain Bauer)

 

 

Les Européens ont beaucoup trop tardé à prendre la mesure de l’événement estime Depuis 2001, le professeur Alain Bauer qui appartient à un groupe informel d’experts internationaux de gestion de crise qui échange des informations sur des questions très diverses, civiles, militaires et scientifiques. ( interview de l’Opinion)

Vous êtes en relation avec des experts internationaux. Quand l’épidémie du Covid-19 est-elle apparue comme un sujet préoccupant ?

Début janvier nous avons été alertés par des notes sur la situation en Chine : une pandémie émergente avec des choix sanitaires et politiques vertigineux à faire. Fin janvier, les experts ont pronostiqué un processus qui ressemblait à une montagne qui s’élevait devant nous et qui, selon les décisions prises, prendrait la forme de l’Everest, du Mont-Blanc ou du Massif central. Nous avons aussi rapidement su que la grippe espagnole avec sa très forte mortalité restait le modèle le plus pertinent pour comprendre ce qui allait arriver. Et donc, que les mesures de confinement étaient les plus pertinentes. Aux Etats-Unis, la grippe espagnole avait provoqué des ravages à Philadelphie où les soldats américains avaient été fêtés à leur retour d’Europe alors que ses effets avaient été fortement limités à Saint-Louis.

Les dirigeants ont eu des réactions très variées : Boris Johnson, par exemple, qui a semblé faire le choix d’une large contamination afin d’immuniser la population britannique. Comment expliquer ces divergences ?

Il ne m’appartient pas de juger les décisions politiques. Mais d’un point de vue factuel, c’est une énorme bêtise car ce n’est pas le taux de mortalité, certes « faible » à 2 % (en fait bien moins eu égard à l’ampleur de la contamination), qui compte le plus mais la quantité de personnes contaminées qui, elle, est exponentielle. Angela Merkel a eu le courage d’expliquer que 60 à 70 % de la population allaient être touchés et elle a provoqué ainsi une prise de conscience quantitative essentielle. Personne ne peut dire : « On ne pouvait pas savoir. Ce n’était pas prévisible ». Pourquoi Taïwan s’était, lui, préparé ? Pourquoi, alors qu’il n’y avait aucun doute sur l’extension de la pandémie à partir de la Chine, avoir attendu si longtemps pour préempter la crise ? Pourquoi ce retard alors que la situation était déjà explosive en Italie ? Nous avons en fait répété les erreurs du « nuage de Tchernobyl » qui s’était soi-disant arrêté à la frontière. Ce que j’appelle le syndrome de Semmelweis, du nom de ce médecin autrichien révoqué de l’hôpital de Vienne pour avoir imposé de se laver les mains… il y a 150 ans.

N’est-ce pas une appréciation a posteriori ?

Il y avait des faits. Le premier cas est apparu à Wuhan le 17 novembre dernier. Jusqu’à fin décembre, les Chinois ne font état que de cas isolés, en petit nombre. Même le médecin héros de Wuhan. Sans compter l’influence de la mythologie chinoise et de l’histoire très sensible politiquement de la ville. Personne n’a voulu assumer de transmettre « les messages négatifs du ciel pour l’empereur » Fin décembre, les officiels chinois finissent par admettre la gravité de la situation. Le 3 janvier, le CDC (center for disease control) chinois prévient l’OMS de l’éruption du coronavirus. Mais, pendant des semaines, les Occidentaux ont regardé, les bras croisés. Seul trois pays se sont mobilisés : la Corée du Sud, Taïwan et Hong Kong.

La pénurie de masques est flagrante en France. Comment l’expliquer ?

Il serait temps de réhabiliter Roselyne Bachelot qui a été tant moquée pour sa gestion du H1N1. Il n’empêche qu’elle au ministère de la Santé a su anticiper une crise qui n’a pas eu lieu. Comme ensuite Xavier Bertrand, qui avait constitué des stocks de masques au cas où. Leurs successeurs ont géré la pénurie. Cette affaire illustre un double défaut. Celui de laisser Bercy et ses comptables gérer le pays, asphyxier nos systèmes de santé et de police et tenter de tuer notre appareil militaire. Et celui d’avoir une vision strictement bureaucratique, a fortiori en temps de crise. Des médecins comme Rémi Salomon (président de la commission médicale de l’AP-HP) ou Philippe Juvin (directeur des urgences de l’hôpital Pompidou) ont su secouer un discours lénifiant. A leurs postes de ministres, Olivier Véran ou Christophe Castaner, également. Mais l’Etat a semblé rester dans l’entre-deux, beaucoup plus que dans le « en même temps » : des restrictions de circulation mais pas de confinement strict, un autocertificat de déplacement, le paracétamol en vente limitée mais sans véritable contrôle. Le maintien du premier tour des municipales en est une autre illustration. Mais, là, c’est Emmanuel Macron qui a eu le courage d’évoquer un report et a dû céder face à l’opposition qui a crié au coup d’Etat avant de se rendre compte de l’ampleur de l’épidémie.

Ce que vous critiquez comme des demi-mesures n’est-il pas une réponse graduée afin de ne pas affoler la population ?

Sans doute faut-il de la pédagogie et du temps. Mais en avons-nous vraiment manqué pour préparer les populations ? Il faut faire confiance aux gens. Dès lors que les informations sont claires et cohérentes, on peut être très efficace

Nous n’avons pas fait assez confiance aux Chinois ?

Oui car même en admettant que la communication officielle des autorités soit sujette à caution, d’autres sources d’information, puissantes, existaient. Les publications de la recherche chinoise, abondantes, sans contrôle ni censure, des études épidémiologiques très éclairantes. Mais aussi des circuits informels. Même en pleine crise de Cuba, KGB et CIA n’avaient pas rompu les contacts… Ce que certains appellent « l’Etat profond » qui est surtout « l’Etat permanent », se parle, s’organise, quelles que soient les relations diplomatiques. Et plus la situation se tend, plus on échange.

Macron à Mulhouse : il ferait mieux de rester confiné (Le professeur Lantieri)

Macron à Mulhouse : il ferait mieux de rester confiné (Le professeur Lantieri)

 

 D’un côté Macon ne cesse de se déplacer partout presque chaque jour et souvent pour ne pas annoncer grand chose ,  de l’autre il ne cesse de vanter les vertus du confinement. Macron  aurait mieux fait de rester chez lui à l’Élysée estime le professeur Laurent Lantieri qui a critiqué cette visite. Ce déplacement  a été critiqué par plusieurs médecins. 

« La reconnaissance du président est toujours importante, cela dit la symbolique de rester chez soi aurait été plus importante. Je ne suis pas le seul à le penser. Il est très important de respecter le confinement. C’est plus important que la reconnaissance des soignants », a jugé le chef du service de chirurgie plastique à l’hôpital Georges Pompidou de Paris, mercredi soir sur Europe 1.

Laurent Lantieri a poursuivi en estimant que « ce qui a de plus important, c’est que la population respecte strictement ce confinement ».  »Des médecins sont morts. C’est important de reconnaître l’action des soignants, qui n’ont pas toujours été reconnus à leur juste valeur. Mais ce qui a de plus important, c’est que la population respecte strictement ce confinement, jusqu’à ce qu’on trouve une solution. A Paris aussi, comme dans le Grand Est, la situation devient très compliquée », a estimé le médecin.  Le professeur Lantieri a également déploré qu’il n’y ait « pas assez de tests. Nous sommes dans l’inconnue sur l’étendue réelle de la population atteinte par le coronavirus. » Selon le dernier bilan, le coronavirus a provoqué la mort de 1.100 personnes en France, alors que 22.300 cas ont été confirmés.

Le médecin a cependant refusé de polémiquer sur le manque de protections et de tests, remettant ce débat à plus tard. « Il y aura ensuite un moment pour voir ce qui a été bien fait et mal fait durant cette crise. Mais ce que je vois c’est que les soignants ont été exemplaires, des médecins généralistes aux réanimateurs en passant par les chefs de service. Ce n’est pas une guerre, c’est une épidémie. Ce n’est pas la même chose », a-t-il conclu, une allusion aux propos du président de la République, qui avait estimé que la France « est en guerre » contre le coronavirus.

Retraites: une réforme incompréhensible (Philippe Askenazy, professeur d’économie)

Retraites: une réforme incompréhensible (Philippe Askenazy, professeur d’économie)

Dans une tribune au monde Philippe Askenazy, professeur d’économie à l’ENS-Ecole d’économie de Paris l’ENS, dénonce les incohérences de la réforme. ( extraits)

«  Peu spectaculaire sur la forme, la très longue intervention du premier ministre, mercredi 11 décembre, l’était sur le fond. Pour la première fois, dans une démocratie libérale, un paramètre essentiel d’une politique qui touche tous les citoyens – ici la génération concernée par le système par points – a été déterminé en référence à… l’âge du capitaine. Certains y verront une dérive supplémentaire de la VRépublique centrée sur la personnalité du président, ou l’attribueront à l’égocentrisme d’un homme de pouvoir.

La défaite des « experts » est également lourde. Tout système de retraite présente des failles et des avantages. Ceux qui prônaient des ajustements nécessaires du système actuel ont été ignorés. Ceux qui défendaient un système par points plaidaient naturellement pour l’application de ce « meilleur système » le plus tôt possible. Ils n’ont pas été écoutés non plus. Pire encore, l’introduction d’un âge pivot tue le principe même d’une valeur unique du point. Avec cette mesure, rigoureuse pour ceux qui sont usés par le travail, l’humiliation est terrible également pour la CFDT, qui en avait fait sa ligne rouge.

La suite de la page d’histoire que nous vivons n’est, elle, pas encore écrite.

Le mouvement social est né de la capacité d’une large majorité des Français de calculer grosso modo leur retraite malgré l’antienne sur l’illisibilité du système actuel, et de la comparer aux propositions Delevoye. L’intervention du premier ministre et, plus encore, le dossier de presse qui l’a accompagnée ont enfin donné quelques précisions sur la réforme. Mais de multiples paramètres restent en suspens, entretenant les inquiétudes.

Les enseignants voient le maintien de leur pension tributaire d’une évolution de leur mode de rémunération renvoyée à des discussions ultérieures. Le sort des agents RATP et SNCF est lié à des négociations d’entreprise, en apparente violation du principe d’universalité pourtant énoncé par Edouard Philippe.

Le dossier de presse indique cependant que la formule utilisée – « à moins de dix-sept ans de la retraite » – signifie que la réforme ne débutera qu’à partir de la génération 1980, voire 1985 pour les bénéficiaires des régimes spéciaux et certaines catégories de fonctionnaires dites « actives » (égoutiers, surveillants pénitentiaires… policiers ?) dont le départ à la retraite est possible aujourd’hui dès 57 ans. »

Un danger de crise financière mondiale (Roland Pérez, Professeur des universités)

Un danger de  crise financière mondiale (Roland Pérez Professeur des universités)

Pour Roland Pérez Professeur des universités (e.r.), Montpellier une nouvelle crise financière mondiale est possible ((la Tribune)

« Chaque année, la traditionnelle coupure estivale s’accompagne de commentaires plus ou moins pertinents des observateurs économiques d’astreinte sur la situation prévisible à la rentrée de septembre et sur la conjoncture prévue pour le dernier trimestre de l’année. Pour cet exercice, qui relève parfois du marronnier, les analystes scrutent les signaux faibles qui pourraient constituer autant d’indices pour étayer leurs pronostics. Cette année 2019, ils n’auront pas besoin de procéder à une telle collecte de détails signifiants, tant les événements, faits et informations observables ces dernières semaines sont nombreux et suffisamment concordants pour permettre une analyse documentée.

Les plus nombreux sont liés au flux ininterrompu de tweets du président des États-Unis Donald Trump qui, de semaine en semaine, s’en prend à tout ce qui lui parait entraver son slogan « America first » ; après l’Iran, le Mexique, le Venezuela, l’Union européenne et tant d’autres pays, il s’en prend maintenant à nouveau à la Chine, pays vis-à-vis duquel il souhaite réduire le déficit commercial structurel, via le moyen classique des taxes à l’importation. Mais la Chine n’est pas le Venezuela et elle a commencé à riposter, d’une part en réduisant une partie de ses importations en provenance des États-Unis, d’autre part en laissant filer sa monnaie sur les marchés des changes.

Ces deux événements ont de quoi inquiéter, car ils expriment les prémisses d’une guerre commerciale, via les instruments classiques que constituent la tarification douanière et le taux de change. Si on sait comment un tel conflit commence, personne ne peut préjuger ni de son ampleur, ni de son issue. S’agissant d’une confrontation entre les deux géants de l’économie mondiale, on ne peut exclure un résultat perdant-perdant pour les deux parties, avec d’importants dommages collatéraux pour le reste du monde.

Climat préélectoral aux États-Unis

Dans ce même contexte, on doit situer les événements propres aux politiques monétaires à travers les comportements des banques centrales. Depuis une douzaine d’années – pour l’essentiel pour faire face à la crise financière mondiale de 2008 – ces banques centrales (Japon, puis États-Unis et UE) ont mis en œuvre des politiques financières dites « accommodantes », se traduisant par une baisse durable des taux directeurs – allant vers des taux proches de zéro, voire négatifs – et un rachat quasi sans limites des créances bancaires (« quantitative easing »).

La bonne santé de l’économie américaine ces dernières années avait permis aux responsables de la Réserve fédérale (Fed) de commencer à revenir à une situation plus classique, se traduisant par une remontée progressive des taux directeurs. C’était sans compter avec le comportement du président Trump réclamant une nouvelle baisse de ces taux.

Cette confrontation interne s’est traduite, à ce jour, par une mini baisse (un quart de point) du principal taux, concession de l’actuel responsable de la Fed accompagnée, par ailleurs, d’une mise en garde solennelle des quatre anciens responsables exprimant leur inquiétude sur l’indépendance de cette banque centrale par rapport au pouvoir politique. Nul ne peut, à ce jour, prédire comment les positions des uns et des autres vont se traduire concrètement dans les prochains mois, surtout dans le climat préélectoral dans lequel est entré le pays concerné.

Les marchés financiers, qui exècrent ce type d’incertitudes, ont commencé à s’affoler. Les principaux indices ont perdu en quelques séances d’août une partie substantielle des gains obtenus depuis le début de la présente année. Celle-ci se situant elle-même dans une série haussière quasi ininterrompue depuis la crise financière de 2008, la véritable question que se posent les analystes est de savoir si ces récents soubresauts expriment le début d’un retournement durable d’un cycle haussier des marchés financiers ou un accident lié aux incertitudes actuelles relatives aux politiques publiques.

Trésoreries pléthoriques

Pour tenter d’y répondre sans a priori, il convient d’examiner la situation actuelle des sociétés cotées sur ces marchés. Plusieurs observations s’imposent :

  • Tout d’abord, la plupart de ces grandes firmes cotées ont largement bénéficié des politiques monétaires accommodantes leur assurant des financements (crédits bancaires ou obligations) quasiment sans restriction et à un coût très faible, diminuant leur coût moyen du capital et modifiant leurs structures de financement.
  • Pour autant, les investissements productifs effectués ces dernières années par les grandes firmes concernées n’ont pas été exceptionnels, se situant dans la fourchette moyenne des années précédentes. De ce fait, maints entreprises et groupes disposent d’une trésorerie pléthorique en attente d’investissements.
  • En revanche, on observe une montée significative des rachats d’actions de sociétés cotées par elles-mêmes, surtout aux États-Unis où ce type d’opération est moins contrôlé qu’autrefois ; ce qui se traduit par un soutien des cours boursiers et une accentuation de l’effet de levier, voire à un double effet de levier lorsque ces rachats d’actions ont été financés par le recours à un endettement supplémentaire.
  • Les facilités de financement, s’ajoutant aux largesses fiscales dispensées notamment par l’actuelle administration américaine, ont permis d’excellents résultats nets, boostant d’autant les cours en bourse.
  • Ces différents éléments se conjuguent et peuvent aboutir à un profil de grande société cotée, avec de bonnes performances comptables et boursières, et un bilan comprenant à la fois une trésorerie surabondante à l’actif et un endettement considérable au passif.

Cette situation, dont maintes firmes dans le monde se contenteraient, nous paraît préoccupante quant à la signification de ce type de situation, sa qualité intrinsèque et sa pérennité. Les performances comptables et a fortiori boursières ne sont pas directement liées au modèle économique suivi, mais aux opérations financières effectuées (recours à la dette, rachats d’actions, etc.) ; rien n’assure que ces effets favorables se retrouveront à l’avenir sauf à en prévoir le maintien, via les politiques monétaires (pour le coût de la dette) ou les manipulations du titre (pour les rachats d’actions).

Signes avant-coureurs d’une récession

Cette analyse sommaire, qu’il conviendrait évidemment d’affiner par types d’entreprises et secteurs d’activités, nous amène – s’il faut donner notre propre diagnostic – à considérer que l’économie américaine et ses marchés financiers sont bien à la fin d’un cycle haussier qui a commencé avec les mesures de sauvetage mises en œuvre après la crise de 2007-2008 pour permettre de faire face à cette crise majeure.

Des signaux à interpréter comme prémisses du retournement de la conjoncture économique mondiale et de sa traduction sur les marchés sont apparus d’une manière concordante :

  • Sur le plan de la conjoncture, si les indicateurs de l’activité économique américaine restent au vert, des inquiétudes se font jour, liées aux conséquences de la guerre commerciale entamée avec la Chine. Inquiétudes qui ont amené le président Trump, dans une volte-face dont il est coutumier, à différer de plusieurs mois les nouvelles mesures de taxation douanière qu’il avait annoncées, notamment pour protéger le consommateur inquiet d’une hausse des prix au moment de Noël… Dans le reste du monde, la situation économique est plus préoccupante, les indicateurs étant déjà dégradés (Allemagne) ou en voie de l’être (Royaume-Uni).
  • Au niveau des taux, on a assisté à « l’inversion des taux » entre les bons du trésor américain à court et long terme, signal que les analystes interprètent comme avant-coureur d’une récession.
  • Au niveau des marchés boursiers, à plusieurs reprises, sur les grandes places financières américaines, ce sont les entreprises elles-mêmes par leurs rachats d’actions qui ont constitué la contrepartie aux autres catégories d’agents (personnes, fonds d’investissement) qui étaient « net vendeurs ».

Les fonds d’investissement semblent conscients de cette situation préoccupante et, pour nombre d’entre eux, jouent l’attentisme, à l’image de l’emblématique fonds de Warren Buffett qui dispose de plus de 120 milliards de dollars de liquidités en attente d’investissement.

Ces différents effets se conjuguent, certains d’entre eux – comme cet attentisme des fonds d’investissement – étant à la fois une conséquence des autres éléments repérés et un facteur d’aggravation.

Les responsables des institutions en charge des politiques économiques et financières sont conscients de ce risque de retournement, mais ont peu de marges de manœuvre. Les banques centrales sont engluées dans leurs politiques d’assouplissement quantitatif et tarifaire qui, selon l’expression du consultant Jacques Ninet dans son essai de 2017, est un peu le « trou noir du capitalisme financier ». Le président Trump en est également conscient, mais fera tout pour qu’une nouvelle crise financière ne se déclenche pas avant les prochaines échéances politiques ou, si une telle crise survenait, pour en faire porter la responsabilité aux autres (La Fed, la Chine, etc.) et s’en exonérer.

La prochaine réunion du G7, prévue du 24 au 26 août à Biarritz, ne pourra éluder un échange, probablement « musclé » entre ces responsables. Le président de la République Emmanuel Macron qui accueillera ce sommet au nom de la France tentera certainement d’esquisser une solution qui permette aux partenaires concernés une solution acceptable a minima.

Il devrait pouvoir compter sur quelques membres du G7 et sur les nouvelles responsables nommées, avec son appui, à la tête de la Banque centrale européenne (BCE), et du Fonds monétaire international (FMI). Ce n’est pas gagné, car dans le domaine financier plus que tout autre, une confiance partagée entre les acteurs en responsabilité pour mener un programme d’actions est essentielle à la réussite de ces actions.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Un risque de crise financière mondiale (Roland Pérez Professeur des universités)

Un risque de crise financière mondiale (Roland Pérez Professeur des universités)

Pour Roland Pérez Professeur des universités (e.r.), Montpellier une nouvelle cise financière mondiale est possible ((la Tribune)

« Chaque année, la traditionnelle coupure estivale s’accompagne de commentaires plus ou moins pertinents des observateurs économiques d’astreinte sur la situation prévisible à la rentrée de septembre et sur la conjoncture prévue pour le dernier trimestre de l’année. Pour cet exercice, qui relève parfois du marronnier, les analystes scrutent les signaux faibles qui pourraient constituer autant d’indices pour étayer leurs pronostics. Cette année 2019, ils n’auront pas besoin de procéder à une telle collecte de détails signifiants, tant les événements, faits et informations observables ces dernières semaines sont nombreux et suffisamment concordants pour permettre une analyse documentée.

Les plus nombreux sont liés au flux ininterrompu de tweets du président des États-Unis Donald Trump qui, de semaine en semaine, s’en prend à tout ce qui lui parait entraver son slogan « America first » ; après l’Iran, le Mexique, le Venezuela, l’Union européenne et tant d’autres pays, il s’en prend maintenant à nouveau à la Chine, pays vis-à-vis duquel il souhaite réduire le déficit commercial structurel, via le moyen classique des taxes à l’importation. Mais la Chine n’est pas le Venezuela et elle a commencé à riposter, d’une part en réduisant une partie de ses importations en provenance des États-Unis, d’autre part en laissant filer sa monnaie sur les marchés des changes.

Ces deux événements ont de quoi inquiéter, car ils expriment les prémisses d’une guerre commerciale, via les instruments classiques que constituent la tarification douanière et le taux de change. Si on sait comment un tel conflit commence, personne ne peut préjuger ni de son ampleur, ni de son issue. S’agissant d’une confrontation entre les deux géants de l’économie mondiale, on ne peut exclure un résultat perdant-perdant pour les deux parties, avec d’importants dommages collatéraux pour le reste du monde.

Climat préélectoral aux États-Unis

Dans ce même contexte, on doit situer les événements propres aux politiques monétaires à travers les comportements des banques centrales. Depuis une douzaine d’années – pour l’essentiel pour faire face à la crise financière mondiale de 2008 – ces banques centrales (Japon, puis États-Unis et UE) ont mis en œuvre des politiques financières dites « accommodantes », se traduisant par une baisse durable des taux directeurs – allant vers des taux proches de zéro, voire négatifs – et un rachat quasi sans limites des créances bancaires (« quantitative easing »).

La bonne santé de l’économie américaine ces dernières années avait permis aux responsables de la Réserve fédérale (Fed) de commencer à revenir à une situation plus classique, se traduisant par une remontée progressive des taux directeurs. C’était sans compter avec le comportement du président Trump réclamant une nouvelle baisse de ces taux.

Cette confrontation interne s’est traduite, à ce jour, par une mini baisse (un quart de point) du principal taux, concession de l’actuel responsable de la Fed accompagnée, par ailleurs, d’une mise en garde solennelle des quatre anciens responsables exprimant leur inquiétude sur l’indépendance de cette banque centrale par rapport au pouvoir politique. Nul ne peut, à ce jour, prédire comment les positions des uns et des autres vont se traduire concrètement dans les prochains mois, surtout dans le climat préélectoral dans lequel est entré le pays concerné.

Les marchés financiers, qui exècrent ce type d’incertitudes, ont commencé à s’affoler. Les principaux indices ont perdu en quelques séances d’août une partie substantielle des gains obtenus depuis le début de la présente année. Celle-ci se situant elle-même dans une série haussière quasi ininterrompue depuis la crise financière de 2008, la véritable question que se posent les analystes est de savoir si ces récents soubresauts expriment le début d’un retournement durable d’un cycle haussier des marchés financiers ou un accident lié aux incertitudes actuelles relatives aux politiques publiques.

Trésoreries pléthoriques

Pour tenter d’y répondre sans a priori, il convient d’examiner la situation actuelle des sociétés cotées sur ces marchés. Plusieurs observations s’imposent :

  • Tout d’abord, la plupart de ces grandes firmes cotées ont largement bénéficié des politiques monétaires accommodantes leur assurant des financements (crédits bancaires ou obligations) quasiment sans restriction et à un coût très faible, diminuant leur coût moyen du capital et modifiant leurs structures de financement.
  • Pour autant, les investissements productifs effectués ces dernières années par les grandes firmes concernées n’ont pas été exceptionnels, se situant dans la fourchette moyenne des années précédentes. De ce fait, maints entreprises et groupes disposent d’une trésorerie pléthorique en attente d’investissements.
  • En revanche, on observe une montée significative des rachats d’actions de sociétés cotées par elles-mêmes, surtout aux États-Unis où ce type d’opération est moins contrôlé qu’autrefois ; ce qui se traduit par un soutien des cours boursiers et une accentuation de l’effet de levier, voire à un double effet de levier lorsque ces rachats d’actions ont été financés par le recours à un endettement supplémentaire.
  • Les facilités de financement, s’ajoutant aux largesses fiscales dispensées notamment par l’actuelle administration américaine, ont permis d’excellents résultats nets, boostant d’autant les cours en bourse.
  • Ces différents éléments se conjuguent et peuvent aboutir à un profil de grande société cotée, avec de bonnes performances comptables et boursières, et un bilan comprenant à la fois une trésorerie surabondante à l’actif et un endettement considérable au passif.

Cette situation, dont maintes firmes dans le monde se contenteraient, nous paraît préoccupante quant à la signification de ce type de situation, sa qualité intrinsèque et sa pérennité. Les performances comptables et a fortiori boursières ne sont pas directement liées au modèle économique suivi, mais aux opérations financières effectuées (recours à la dette, rachats d’actions, etc.) ; rien n’assure que ces effets favorables se retrouveront à l’avenir sauf à en prévoir le maintien, via les politiques monétaires (pour le coût de la dette) ou les manipulations du titre (pour les rachats d’actions).

Signes avant-coureurs d’une récession

Cette analyse sommaire, qu’il conviendrait évidemment d’affiner par types d’entreprises et secteurs d’activités, nous amène – s’il faut donner notre propre diagnostic – à considérer que l’économie américaine et ses marchés financiers sont bien à la fin d’un cycle haussier qui a commencé avec les mesures de sauvetage mises en œuvre après la crise de 2007-2008 pour permettre de faire face à cette crise majeure.

Des signaux à interpréter comme prémisses du retournement de la conjoncture économique mondiale et de sa traduction sur les marchés sont apparus d’une manière concordante :

  • Sur le plan de la conjoncture, si les indicateurs de l’activité économique américaine restent au vert, des inquiétudes se font jour, liées aux conséquences de la guerre commerciale entamée avec la Chine. Inquiétudes qui ont amené le président Trump, dans une volte-face dont il est coutumier, à différer de plusieurs mois les nouvelles mesures de taxation douanière qu’il avait annoncées, notamment pour protéger le consommateur inquiet d’une hausse des prix au moment de Noël… Dans le reste du monde, la situation économique est plus préoccupante, les indicateurs étant déjà dégradés (Allemagne) ou en voie de l’être (Royaume-Uni).
  • Au niveau des taux, on a assisté à « l’inversion des taux » entre les bons du trésor américain à court et long terme, signal que les analystes interprètent comme avant-coureur d’une récession.
  • Au niveau des marchés boursiers, à plusieurs reprises, sur les grandes places financières américaines, ce sont les entreprises elles-mêmes par leurs rachats d’actions qui ont constitué la contrepartie aux autres catégories d’agents (personnes, fonds d’investissement) qui étaient « net vendeurs ».

Les fonds d’investissement semblent conscients de cette situation préoccupante et, pour nombre d’entre eux, jouent l’attentisme, à l’image de l’emblématique fonds de Warren Buffett qui dispose de plus de 120 milliards de dollars de liquidités en attente d’investissement.

Ces différents effets se conjuguent, certains d’entre eux – comme cet attentisme des fonds d’investissement – étant à la fois une conséquence des autres éléments repérés et un facteur d’aggravation.

Les responsables des institutions en charge des politiques économiques et financières sont conscients de ce risque de retournement, mais ont peu de marges de manœuvre. Les banques centrales sont engluées dans leurs politiques d’assouplissement quantitatif et tarifaire qui, selon l’expression du consultant Jacques Ninet dans son essai de 2017, est un peu le « trou noir du capitalisme financier ». Le président Trump en est également conscient, mais fera tout pour qu’une nouvelle crise financière ne se déclenche pas avant les prochaines échéances politiques ou, si une telle crise survenait, pour en faire porter la responsabilité aux autres (La Fed, la Chine, etc.) et s’en exonérer.

La prochaine réunion du G7, prévue du 24 au 26 août à Biarritz, ne pourra éluder un échange, probablement « musclé » entre ces responsables. Le président de la République Emmanuel Macron qui accueillera ce sommet au nom de la France tentera certainement d’esquisser une solution qui permette aux partenaires concernés une solution acceptable a minima.

Il devrait pouvoir compter sur quelques membres du G7 et sur les nouvelles responsables nommées, avec son appui, à la tête de la Banque centrale européenne (BCE), et du Fonds monétaire international (FMI). Ce n’est pas gagné, car dans le domaine financier plus que tout autre, une confiance partagée entre les acteurs en responsabilité pour mener un programme d’actions est essentielle à la réussite de ces actions.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

 

Macron, professeur de sagesse à une septuagénaire blessée !!!

Macron, professeur de sagesse à une septuagénaire blessée !!!

Une nouvelle fois Emmanuel Macron n’a pu s’empêcher de commenter l’actualité à travers un fait divers malheureux qui s’est traduit par une grave blessure d’une manifestante de 73 ans à Nice. La victime souffre notamment de plusieurs fractures du crâne. Les propos du chef de l’État ont été jugés indécents par nombre d’observateurs. Macron s’érige  encore en professeur de morale alors pour le moins il n’a guère faire preuve d’éthique dans l’affaire Ben Bella. « Pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable. Je pense que quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci », a assuré Emmanuel Macron au quotidien. « Je lui souhaite un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse », a ajouté le président. On se demande sur quels critères peut s’appuyer macro pour se transformer en maître de sagesse. Peut-être s’appuie-t-il sur une collaboration non prouvée avec le philosophe Paul Ricoeur mais pas sur sa formation, ni sur sa pratique. Macro se comporte plutôt comme un sale gosse mal élevé condescendant et méprisant vis-à-vis des petites gens. Bref maquereau confond sans doute démocratie et monarchie. Arié Alimi, avocat de la militante de l’association Attac, a répondu aux déclarations du président ce lundi matin sur BFMTV:  »Je me demande qui est responsable: est-ce que c’est un président de la République qui commence à critiquer une personne qui est sur son lit d’hôpital? Une personne qui considère que nos aînés, que les personnes âgées ne peuvent pas exprimer leurs convictions dans la rue ? Ces propos, au delà du débat juridique, me semble particulièrement grossiers et  indélicats ».

 

Affaire Benalla : le Sénat a-t-il dépassé ses prérogatives ? (Dominique Rousseau, professeur de droit)

Affaire Benalla : le Sénat a-t-il dépassé ses prérogatives ? (Dominique Rousseau, professeur de droit)

 

 

Le Sénat a-t-il dépassé ses prérogatives comme l’indique le premier ministre ? Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l’université de Paris I  Panthéon Sorbonne, donne son interprétation sur France Info

Le Sénat a-t-il porté atteinte à la séparation des pouvoirs en émettant des propositions sur l’organisation de l’Elysée ?

Dominique Rousseau : Non, on ne peut pas parler ici d’atteinte à la séparation des pouvoirs. Il y aurait atteinte à la séparation des pouvoirs si le Sénat demandait des comptes sur le contenu de la politique du président de la République, s’il remettait en question des mesures qu’Emmanuel Macron a prises comme la suppression de l’impôt sur la fortune ou la hausse des droits universitaires pour les étrangers. Mais là, le Sénat se contente de faire des recommandations sur l’organisation de l’Elysée en pointant des dysfonctionnements, et en préconisant davantage de transparence. Ces recommandations concernent uniquement l’administration de la présidence de la République. Donc, elles ne portent pas atteinte à la séparation des pouvoirs.

De la même façon, et au nom de la même conception de ce qui relève ou non de la séparation des pouvoirs, j’ai défendu une interprétation de la Constitution selon laquelle Emmanuel Macron pouvait être auditionné par la Commission d’enquête du Sénat. Que dit en effet l‘article 67 de la Constitution? Il dit que le président de la République ne peut être auditionné ni par une juridiction, ni par une autorité administrative. Une commission d’enquête du Sénat n’est ni l’une ni l’autre. Et le président est bien le responsable en dernière instance de l’administration de l’Elysée, au-dessus du secrétaire général. On ne lui demande pas des comptes sur la politique qu’il conduit, mais sur l’organisation de son administration.

Donc, selon vous, le Sénat ne sort pas de son rôle ?

Non, pas plus que le président de la République ne porte atteinte à la séparation des pouvoirs quand il prône la diminution du nombre de députés ou de sénateurs, ou quand il veut accélérer le processus législatif ou interdire le cumul des mandats.

Personne n’a poussé les hauts cris à ce moment-là, et le principe de la séparation des pouvoirs, à juste titre, n’a pas été évoqué. Les sénateurs n’ont pas à reprocher au président de s’immiscer dans les affaires du Parlement parce qu’il veut diminuer le nombre de parlementaires. De la même façon, le Sénat ne sort pas de son rôle quand il parle d’éthique ou de droit du travail dans l’organisation de l’Elysée.

Pourquoi le Sénat s’attire-t-il les foudres du gouvernement ?

Il faut rappeler que la fonction première du Parlement n’est pas de voter la loi, mais de contrôler l’action de l’exécutif et l’utilisation des deniers publics. Avec la commission d’enquête sur l’affaire Benalla, le Sénat retrouve cette fonction du Parlement oubliée trop longtemps. Comme l’Assemblée nationale est soudée à l’exécutif par la grâce du scrutin majoritaire à deux tours [qui facilite les majorités tranchées, d'autant plus depuis que les législatives sont organisées dans la foulée de la présidentielle depuis l'instauration du quinquennat en 2002], le contre–pouvoir passe nécessairement par le Sénat.

Or le Sénat, lui, ne donne pas de majorité automatique à l’exécutif et c’est vrai depuis longtemps. C’est le Sénat qui se mobilise pour fait tomber le général De Gaulle en 1969, avec Alain Poher prenant la tête du « cartel des non » au référendum [perdu par le général De Gaulle et portant précisément sur la réforme du Sénat]. Et faire le tomber le général De Gaulle, ce n’était pas rien ! C’est le Sénat encore qui a bloqué les réformes voulues par le président François Mitterrand sur l’extension du référendum.

Ce contre–pouvoir a constamment provoqué l’irritation de l’exécutif contre une chambre qu’il n’a jamais réussi à contrôler. Car le Sénat a toujours été dans l’opposition à l’exécutif, parfois sous une forme forte, comme on l’a vu avec le général De Gaulle, parfois sous une forme plus douce, comme c’était le cas contre Valéry Giscard d’Estaing. Tous les contre–pouvoirs agacent, mais sans contre–pouvoirs, il n’y a pas de démocratie.

 

Mondialisation commerciale mais aussi culturelle (Ian Goldin, professeur à Oxford)

Mondialisation commerciale mais aussi culturelle (Ian Goldin, professeur à Oxford)

 

Ian Goldin, professeur à Oxford, souligne l’évolution des esprits sur la mondialisation au Forum de Davos, tout regrettant « le manque d’engagement concret à régler les problèmes ». (Tribune du Monde). Ian Goldin est professeur à Oxford et spécialiste de ces questions. Il redoute que la politique menée par l’administration Trump laisse « se développer les côtés les plus laids de la mondialisation ».

La mondialisation peut-elle être remise en cause par l’administration Trump et ses menaces de guerre commerciale ?

Non car la mondialisation est loin d’être un phénomène purement commercial. Elle repose aussi sur la diffusion des idées à travers la planète, et le développement accéléré de la technologie. Cela dit, les initiatives américaines peuvent faire beaucoup de mal. Aux Etats-Unis eux-mêmes d’abord, mais aussi à la coopération internationale. En « affamant » les institutions internationales, comme Donald Trump semble vouloir le faire, on risque de laisser se développer les côtés les plus laids de la mondialisation, que ce soit les inégalités ou la pollution. Et de vrais progrès, comme le recul de l’illettrisme à travers le monde, pourraient être interrompus.

Paradoxalement, ce repli américain va laisser plus de place à la Chine, que les Etats-Unis prétendent pourtant vouloir contrecarrer. Mais aussi à l’Europe, qui peut avoir là un vrai rôle à jouer. L’Europe semble parfois faible, mais sur certains aspects, elle est la région la plus importante du monde. C’est le cas, par exemple, pour sa politique de développement. Ou encore son système de régulation des données, le RGPD [règlement  général sur la protection des données] qui est le plus sophistiqué de la planète.

Cette question de la régulation des données a beaucoup animé les débats à Davos. Pensez-vous qu’on puisse établir une gouvernance mondiale des données ?

Vraisemblablement pas de sitôt. Et c’est l’un des aspects les plus épineux de la mondialisation qu’il va nous falloir régler. Tout ce processus va se heurter à d’importantes résistances de la part des entreprises et de certains Etats. Cette grande tension qui monte entre les Etats-Unis et la Chine est d’ailleurs largement liée au sujet des données. Plus une entreprise dispose de données, plus elle devient puissante et efficace. De par la nature de leur fonctionnement, la Chine et ses entreprises ont la possibilité de les collecter très rapidement, ce qui leur donne un grand avantage concurrentiel.

Que pensez-vous de tous les appels lancés à Davos en faveur d’une meilleure prise en compte des inégalités ? Se trouve-t-on à un tournant ?

Il semble y avoir une prise de conscience que les pratiques actuelles ne sont pas soutenables. La question est : tout cela va-t-il déboucher réellement sur quelque chose ? Ce qui est encourageant, c’est cette reconnaissance d’une nécessité de changement. Ce qui est dommage, c’est le manque d’engagement concret à régler les problèmes. Qui a-t-on vraiment entendu dire ici : je m’engage dans une stratégie d’investissement zéro carbone, ou encore je vais taxer davantage les plus riches pour plus de redistribution et de meilleurs services publics ? Il faut rendre les gouvernements et les entreprises responsables et comptables de leurs actes. La mondialisation va très vite. Il faut donc agir
plus vite encore pour pouvoir répondre aux défis.

 

 

Affaires politico financières : la fin de la tolérance (Daniel Boy, professeur de sciences politiques)

Affaires politico financières : la fin de la tolérance (Daniel Boy, professeur de sciences politiques)

 

L’affaire Fillon, maintenant les affaires Ferrand et du Modem semblent marquer  la fin de la tolérance de l’opinion publique à l’égard des affaires politico- financières. Le professeur de sciences politiques Daniel Boy explique pourquoi. Ceci étant, ce n’est pas forcément la fin de la tolérance de la justice car on peut s’étonner du nombre considérable d’affaires encore non jugées ou simplement enterrées.

 

« L’affaire Fillon et bien d’autres analogues dans le passé récent – Urba Gracco en 1990, affaire Elf en 1994, emplois fictifs de la mairie de Paris en 2011, affaire Cahuzac en 2012, etc. – posent une question intrigante : pourquoi des responsables politiques ou des « puissants » (chefs d’entreprise, dirigeants syndicalistes, sportifs ou artistes renommés), que l’on doit supposer raisonnablement lucides, se laissent-ils prendre à enfreindre grossièrement des règles d’éthique qui, au jour de l’affaire, paraissent au public fondamentales? Bien souvent on a le sentiment que les responsables mis en cause pour des manquements graves à l’éthique plaident implicitement une sorte de bonne foi qui leur fait dire, ou au moins suggérer : pourquoi me condamner, moi, aujourd’hui, puisqu’ »on a toujours fait comme ça »? À quoi tient cette confusion entre le permis et l’interdit parmi des responsables que l’on pourrait imaginer attentifs aux exigences de la société? A deux raisons, sans doute complémentaires. La première tient à l’opacité des systèmes de pouvoir qui, jusqu’ici, garantissait une probable impunité à ceux qui en bénéficiaient. Rappelons ici que la notion de « transparence » trouve ses origines dans les mouvements d’idée du Siècle des Lumières (voir à ce sujet Sandrine Baume, « La transparence dans la conduite des affaires publiques. Origines et sens d’une exigence« ) et s’affirme comme une exigence de visibilité du pouvoir destinée à combattre l’arbitraire. Dans les sphères du pouvoir (quelle que soit sa nature), il est sans doute bien difficile d’échapper au sentiment d’être hors d’atteinte des regards du public. Pourtant, le développement d’une presse libre a, depuis longtemps, donné naissance à des investigations aboutissant souvent à des mises en cause convaincantes. Mais au-delà des vertus du Canard enchaîné ou, plus récemment, du succès de telle émission télévisée consacrée au dévoilement de « scandales » (Cash Investigation sur France 2), il apparaît que la technologie de la recherche d’informations a gagné une nouvelle puissance avec la naissance des Wikileaks et d’autres techniques utilisant de façon sophistiquée la quête d’information au sein des big data. Aujourd’hui, aussi puissant soit-il, nul ne devrait se croire à l’abri d’une investigation peut-être dommageable. La seconde raison qui explique la relative surdité des puissants quant aux exigences de l’éthique tient probablement à un décalage de plus en plus patent entre ce que les responsables estiment devoir à la société et ce que la société exige réellement d’eux. Sous l’effet de transformations structurelles, au premier chef, l’augmentation des niveaux d’éducation, la demande d’éthique de la société a considérablement changé au cours des vingt dernières années. Au-delà de ces transformations structurelles la répétition, ad nauseam, des mêmes affaires (prises d’intérêt illégales, conflits d’intérêts méconnus) lasse le public et le rend désormais hypersensible à toute annonce d’une nouvelle crise d’éthique. Il n’est pas sûr que les puissants aient pris la mesure de ces évolutions majeures. Puisqu’ »on a toujours fait comme ça » et que, en fin de compte, le public dans le passé s’est montré assez indulgent, pourquoi ne pas continuer comme nos prédécesseurs ? On l’affirme ici : parce que le degré de tolérance de la société a profondément changé. Les conséquences directes de ce hiatus entre conceptions de l’éthique se lisent dans l’image terriblement dégradée du monde politique dont témoigne, par exemple, le Baromètre de la Confiance politique du Cevipof. Comment remédier à cette situation ? Sans doute peut-on espérer que les puissants, d’eux-mêmes, prennent conscience des nouvelles exigences d’éthique de la société et, si nécessaire, modifient en conséquence leurs comportements. L’autre solution, sans doute plus lourde, mais infiniment plus sûre, consiste à modifier inlassablement les règles légales de la transparence. Elle passe par des procédures souvent jugées inquisitoriales par les puissants : transparence des revenus et du patrimoine, déclaration des intérêts, faisant l’objet, si nécessaire, de vérifications réelles, etc. Le remède est amer. Mais le mal est grave parce qu’il contribue au développement d’un populisme qui mine les fondements du système démocratique. »

Affaires politicofinancières : la fin de la tolérance (Daniel Boy, professeur de sciences politiques)

Affaires politicofinancières : la fin de la tolérance (Daniel Boy, professeur de sciences politiques)

 

L’affaire Fillon marquerait la fin de la tolérance de l’opinion publique à l’égard des affaires politico- financières. Le professeur de sciences politiques Daniel Boy explique pourquoi dans un papier du JDD. Ceci étant, ce n’est pas forcément la fin de la tolérance de la justice car on peut s’étonner du nombre considérable d’affaires encore non jugées ou simplement enterrées.

 

« L’affaire Fillon et bien d’autres analogues dans le passé récent – Urba Gracco en 1990, affaire Elf en 1994, emplois fictifs de la mairie de Paris en 2011, affaire Cahuzac en 2012, etc. – posent une question intrigante : pourquoi des responsables politiques ou des « puissants » (chefs d’entreprise, dirigeants syndicalistes, sportifs ou artistes renommés), que l’on doit supposer raisonnablement lucides, se laissent-ils prendre à enfreindre grossièrement des règles d’éthique qui, au jour de l’affaire, paraissent au public fondamentales? Bien souvent on a le sentiment que les responsables mis en cause pour des manquements graves à l’éthique plaident implicitement une sorte de bonne foi qui leur fait dire, ou au moins suggérer : pourquoi me condamner, moi, aujourd’hui, puisqu’ »on a toujours fait comme ça »? À quoi tient cette confusion entre le permis et l’interdit parmi des responsables que l’on pourrait imaginer attentifs aux exigences de la société? A deux raisons, sans doute complémentaires. La première tient à l’opacité des systèmes de pouvoir qui, jusqu’ici, garantissait une probable impunité à ceux qui en bénéficiaient. Rappelons ici que la notion de « transparence » trouve ses origines dans les mouvements d’idée du Siècle des Lumières (voir à ce sujet Sandrine Baume, « La transparence dans la conduite des affaires publiques. Origines et sens d’une exigence« ) et s’affirme comme une exigence de visibilité du pouvoir destinée à combattre l’arbitraire. Dans les sphères du pouvoir (quelle que soit sa nature), il est sans doute bien difficile d’échapper au sentiment d’être hors d’atteinte des regards du public. Pourtant, le développement d’une presse libre a, depuis longtemps, donné naissance à des investigations aboutissant souvent à des mises en cause convaincantes. Mais au-delà des vertus du Canard enchaîné ou, plus récemment, du succès de telle émission télévisée consacrée au dévoilement de « scandales » (Cash Investigation sur France 2), il apparaît que la technologie de la recherche d’informations a gagné une nouvelle puissance avec la naissance des Wikileaks et d’autres techniques utilisant de façon sophistiquée la quête d’information au sein des big data. Aujourd’hui, aussi puissant soit-il, nul ne devrait se croire à l’abri d’une investigation peut-être dommageable. La seconde raison qui explique la relative surdité des puissants quant aux exigences de l’éthique tient probablement à un décalage de plus en plus patent entre ce que les responsables estiment devoir à la société et ce que la société exige réellement d’eux. Sous l’effet de transformations structurelles, au premier chef, l’augmentation des niveaux d’éducation, la demande d’éthique de la société a considérablement changé au cours des vingt dernières années. Au-delà de ces transformations structurelles la répétition, ad nauseam, des mêmes affaires (prises d’intérêt illégales, conflits d’intérêts méconnus) lasse le public et le rend désormais hypersensible à toute annonce d’une nouvelle crise d’éthique. Il n’est pas sûr que les puissants aient pris la mesure de ces évolutions majeures. Puisqu’ »on a toujours fait comme ça » et que, en fin de compte, le public dans le passé s’est montré assez indulgent, pourquoi ne pas continuer comme nos prédécesseurs ? On l’affirme ici : parce que le degré de tolérance de la société a profondément changé. Les conséquences directes de ce hiatus entre conceptions de l’éthique se lisent dans l’image terriblement dégradée du monde politique dont témoigne, par exemple, le Baromètre de la Confiance politique du Cevipof. Comment remédier à cette situation ? Sans doute peut-on espérer que les puissants, d’eux-mêmes, prennent conscience des nouvelles exigences d’éthique de la société et, si nécessaire, modifient en conséquence leurs comportements. L’autre solution, sans doute plus lourde, mais infiniment plus sûre, consiste à modifier inlassablement les règles légales de la transparence. Elle passe par des procédures souvent jugées inquisitoriales par les puissants : transparence des revenus et du patrimoine, déclaration des intérêts, faisant l’objet, si nécessaire, de vérifications réelles, etc. Le remède est amer. Mais le mal est grave parce qu’il contribue au développement d’un populisme qui mine les fondements du système démocratique. »

 

Montebourg ,professeur d’économie…. aux Etats-Unis !!

Montebourg professeur  d’économie…. aux Etats-Unis !!

 

Montebourg prof d’économie aux Etats unis ! on pourrait en rire s’il n’y avait pas matière à pleurer. Les grandes institutions aiment les vedettes mais quitte à s’amuser pourquoi ne pas inviter solliciter de vraies stars du showbiz, Dany Boom ou Depardieu ; Ils en savent sûrement autant que Montebourg sur l’économie. Il est vrai que Montebourg peut dissimuler par l’éloquence des prétoires le vide de ses compétences. Il ne manque pas de talent oratoire et pourrait peut-être se reconvertir dans le one man show. Au fond pourquoi pas lui ? Sarkozy se fait bien rémunérer pour disserter sur la politique économique et financière. On comprendrait même que Cahuzac puisse donner des conférences sur l’évasion discale. Hollande, lui, pourra toujours le moment venu se lacer dans des théories d’inversion du chômage. L’ancien ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, va donc donner des cours de macroéconomie à l’université américaine très réputée de Princeton (New Jersey), du 16 au 26 février, en tant que professeur invité, a indiqué mercredi son entourage, confirmant à l’AFP une information du magazine GQ. Le jeune retraité de la politique se rend aux Etats-Unis pour donner notamment des conférences, après avoir lui-même pris des cours d’entreprenariat pendant le mois de novembre à l’Insead, grande école de commerce basée à Fontainebleau (Seine-et-Marne).  L’ancien ministre, qui est sorti du gouvernement le 27 août après un désaccord sur la politique économique, donnera une seconde conférence sur le thème « Finances, croissance, inégalité : est-ce que c’est soutenable? », qui sera exclusivement réservée aux étudiants, aux chercheurs et aux professeurs de Princeton.  »Les étudiants sont apparemment curieux de connaître la politique industrielle menée au gouvernement et d’en savoir plus sur le décret Alstom », le mécanisme adopté en mai et inspiré, selon lui, des pratiques américaines pour protéger les entreprises stratégiques françaises des appétits étrangers, ont précisé les sources ( en fait la branche énergie a été vendue à General Electric).

 

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