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Rebâtir une économie productive

Rebâtir une économie productive

En 2021, notre pays a connu de loin le record de son déficit commercial sur les biens, à -84,7 milliards d’euros. Triste paroxysme de deux décennies d’abandon de notre puissance industrielle au nom d’un hypothétique progrès social basé sur l’économie de services, dans laquelle nous ne cessons d’importer davantage quand nos débouchés à l’export se raréfient dans le même temps. Par Guillaume Cairou, entrepreneur, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie des Yvelines, vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Ile-de-France dans la Tribune.

 

Opportunité dans le malheur, la crise sanitaire aura réveillé les consciences sur notre dépendance extérieure, et le mot « réindustrialisation » fleurit dans tous les discours de cette campagne présidentielle. Après les paroles, l’heure est aux actes !  L’industrie du XXIe siècle, plus propre et respectueuse des travailleurs, peut regagner notre territoire. Elle doit pour cela être soutenue par l’État et nourrie de l’inventivité de nos talents et fleurons nationaux.

La désindustrialisation de la France ne date pas d’hier. Parce que nous devions bien nous trouver une excuse à l’époque, nous l’avons acceptée, et même légitimée par un curieux raisonnement. Suivant les préceptes de la « loi des trois secteurs » (primaire, secondaire et tertiaire) en vogue dans les années 1990, nous avons voulu croire que notre économie, d’abord traditionnelle avec l’agriculture, puis en développement grâce à l’industrie, devait pour son plus grand bien basculer dans l’hégémonie des services, signe de notre entrée dans l’élite des pays riches. Une manière de justifier notre déclin industriel.

Au nom d’un soi-disant « progrès social », nous avons sciemment laissé mourir la majorité de nos entreprises et disparaître nos savoir-faire industriels au profit des « ateliers du monde », ces pays asiatiques alors « en voie de développement » chargés de la production de nos biens de consommation. Depuis trente ans, nous n’avons cessé de troquer les manufactures, hauts fourneaux et entrepôts contre des ensembles de bureaux à perte de vue. Cachez cette économie productive que nous ne saurions voir…

A-t-on au moins gagné au change ? Les derniers chiffres indiquent le contraire. Le 13 février dernier, le ministre en charge du Commerce extérieur a brandi sur les ondes d’Europe 1 le solde pour 2021 de la balance commerciale des services, soit un excédent de 36 milliards d’euros, pour tenter de contrebalancer l’effondrement de la balance des biens. Autre bonne nouvelle, la balance courante aurait quant à elle progressé de 20 milliards par rapport à 2020. De biens maigres lots de consolation…

En comparaison, l’Allemagne – encore et toujours – peut s’enorgueillir d’une balance commerciale excédentaire de 173,3 milliards d’euros en 2021. Même si notre partenaire d’outre-Rhin a connu sa cinquième année consécutive de recul (-28,5 %, subissant comme nous la cherté de l’énergie en plus des effets de la pandémie sur les exportations), ce résultat dopé par l’industrie ne peut qu’impressionner. Aurions-nous fait le mauvais choix en délaissant nos activités de production ? Heureusement, ce choix n’est pas définitif et ses conséquences ne sont pas irréversibles.

Il n’est en effet pas trop tard pour changer de regard sur l’industrie, d’autant que cette dernière connaît actuellement sa quatrième révolution dans un monde désormais globalisé. Après la mécanisation, après la standardisation et la production de masse, après l’automatisation, nous sommes désormais entrés dans l’ère du numérique, de la personnalisation des produits, de la réalité virtuelle et du machine learning. Qu’elle est loin, l’image d’Épinal de l’usine à l’interminable cheminée crachant sa fumée noire !

Cette nouvelle révolution, la « 4.0 », est une formidable promesse de croissance verte, d’emplois qualifiés et d’amélioration de la qualité de vie. De nouveaux enjeux forment un continent encore largement inexploré : nouvelles mobilités, nouvelles sources d’énergie (fusion, hydrogène vert…) et manières de la consommer (smart grids), éco-habitat, smart cities, informatique quantique, blockchain, mécatronique, cybersécurité…

Soyons optimistes, rappelons que des fleurons industriels et institutionnels français ont d’ores et déjà commencé l’aventure. PSA et Renault se sont lancés dans le reconditionnement de véhicules d’occasion, l’Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines conçoit son second nano-satellite chargé d’étudier les phénomènes climatiques, et une alliance inédite a vu le jour entre l’État, Atos, Thalès, Air Liquide et le monde de la recherche pour gagner la course à la création du tout premier ordinateur quantique au monde. Il s’agit donc de transformer l’essai en allant plus loin dans notre ambition. Pour attirer les talents étrangers et stopper l’hémorragie de nos têtes bien faites vers les États-Unis et la Chine, et sur le modèle du plan France 2030, c’est bien un plan Industrie 2030 à part entière qu’il nous faut !

Si nous voulons refaire de notre pays une terre d’industrie pour rééquilibrer notre balance commerciale et ainsi regagner en souveraineté économique et technologique, un véritable fléchage des investissements doit être mis en place, piloté par des « pouvoirs publics expérimentateurs » pour reprendre l’expression du Cnam dans son rapport de janvier adressé au Haut-Commissaire au Plan. Innovation dans l’aménagement du territoire, dans la stratégie d’implantation des industries du futur, et dans la formation de nos talents en devenir !

Nos grandes écoles d’ingénieurs, prestigieuses héritières de l’Ancien Régime et de la Révolution, doivent pleinement se saisir de ces transformations de la technique et les inculquer à leurs élèves. Les formations internes aux entreprises, modèle à l’origine de la réussite industrielle allemande, sont à multiplier partout sur le territoire, pour que chaque patron puisse compter sur des ouvriers hautement qualifiés dans leur domaine d’activité.

Autre sujet d’envergure, la fiscalité – arme de la bureaucratie à la française – doit être impérativement simplifiée pour davantage inciter à la (re)localisation d’entreprises industrielles dans nos régions. Et, bien sûr, nos secteurs économiques clés solidement ancrés chez nous depuis 50 ans sont à soutenir dans leur évolution vers la 4.0. Cette mission d’intérêt général revient tant à l’État qu’aux régions et au réseau des Chambres de commerce et d’industrie, pour garder nos avantages comparatifs dans l’automobile, l’aéronautique, le nucléaire et la défense face à des challengers que l’on voit s’approcher dans le rétroviseur.

En résumé, deux axes fondamentaux, clairs et indissociables, apparaissent : nous devons rénover l’existant tout en préparant l’avenir. C’est à cette double condition que nous réussirons à améliorer durablement l’état de notre commerce extérieur des biens, à recréer le tissu industriel qui a fait notre fierté au siècle passé et qui fera notre puissance pour les quatre-vingts ans à venir. Faisons de la réindustrialisation de la France une grande cause du quinquennat qui s’annonce !

 

La spéculation est néfaste à l’économie productive

Patrick Artus : « L’économie de spéculation est inefficace »

 

 

 

Patrick Artus, économiste à Natixis considère que la spéculation est néfaste à l’économie productive

La faiblesse des rendements des actifs traditionnels pousse les investisseurs à choisir des actifs spéculatifs, au détriment de l’économie productive, observe l’économiste dans sa chronique.( Le Monde extrait)

tribune 

 

L’économie mondiale est agitée de mouvements violents sur les prix de toute une série d’actifs et de biens dont la caractéristique commune est de présenter une rareté. Ces prix ont, au cours du temps, montré une variabilité de plus en plus ample, avec des périodes de fortes hausses suivies de violentes corrections. C’est vrai pour les prix des matières premières : les prix des métaux non précieux, par exemple, ont été multipliés par deux et demi entre 2009 et 2011, puis divisés par deux entre 2011 et 2016, puis multipliés par trois entre 2016 et aujourd’hui. Ces mouvements des prix des matières premières sont très liés aux positions non commerciales (donc spéculatives) prises sur les marchés à terme : pour le bois de construction, par exemple, on est passé de zéro contrat net ouvert en 2019 et au début de 2020 à… 600 000 contrats ouverts à l’été 2021 ! Cela est vrai aussi pour les indices boursiers : ils ont été multipliés par quatre dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) depuis 2010, par dix en ce qui concerne les actions des sociétés des nouvelles technologies.

Idem pour les prix de l’immobilier : de 2002 à 2006, ils ont augmenté de 9 % par an dans les pays de l’OCDE ; en 2008, ils ont baissé de 13 % ; aujourd’hui, ils accélèrent violemment (+ 8 % sur un an pour l’ensemble de l’OCDE). Evolution spectaculaire également du bitcoin : 3 000 dollars (environ 2500 euros) au début de 2019, 63 000 dollars au début de 2021, avec ensuite une rechute à 30 000 dollars puis une remontée à 50 000 dollars.

 

De nouveaux acteurs financiers se sont spécialisés dans la spéculation. Les plates-formes de trading sur actions (Reddit, Robinhood…) concentrent les demandes des investisseurs institutionnels sur un petit nombre de titres dont les cours montent alors violemment – le cours du distributeur de jeux vidéo GameStop a ainsi été multiplié par 25 en janvier. Ou encore les Special Purpose Acquisition Company (SPAC), des sociétés qui lèvent des fonds en Bourse pour investir dans le futur : elles ont réalisé 200 levées de fonds au premier trimestre pour 95 milliards de dollars, les investisseurs ne sachant même pas ce qui sera fait de leur argent !

Nous sommes entrés clairement dans une économie de spéculation. Assez naturellement, la spéculation porte sur des actifs ou des biens qui montrent une rareté, une rigidité de l’offre, puisqu’alors une hausse de la demande fait fortement monter les prix. C’est le cas de tous les actifs et biens évoqués plus haut : immobilier, cryptomonnaies, actions (dont le nombre diminue avec les rachats d’actions par les entreprises), matières premières (dont la capacité de production prend beaucoup de temps pour être augmentée).




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