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«Le problème de Macron est le temps déjà perdu»

«Le problème d’Emmanuel Macron est le temps déjà perdu»

 

Professeur de sciences politiques, Benjamin Morel ,maître de conférences en droit public à l’université Paris-II Panthéon-Assas  estime que Macon a perdu trop de temps et qu’il faudrait  5 ans  pour mettre en œuvre le plan annoncé par le premier ministre. ( Avec le programme gargantuesque de Castex serait sans doute plutôt une dizaine d’années NDLR). Interview dans le Figaro

 

- En reportant la réforme des retraites et celle de l’assurance-chômage sous la pression des syndicats, Emmanuel Macron est-il en voie de «chiraquisation», dans la lignée d’un prédécesseur critiqué pour ses atermoiements?

BENJAMIN MOREL. - Tout à fait. Cela se sent aussi à travers la variation autour des «territoires» – mot prononcé vingt-cinq fois mercredi par le premier ministre, Jean Castex, lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Le Clermontois que je demeure peut vous assurer que ce vocable n’a aucun sens et sonne très parisien dès lors que vous traversez le périphérique…

Il faut avoir en tête trois impératifs pour bien comprendre ce double report. Le premier est le calendrier parlementaire. Il reste au mieux quatorze mois d’agenda législatif, rythmé par des projets de loi budgétaires visant à juguler la crise. Or, pour mettre en place toutes les réformes annoncées, il faudrait cinq ans. Ensuite, le côté néochiraquien implique de jouer la concertation.

G20 :  le pib mondiale en baisse, la pauvreté en hausse

du fait du Coronavirus le G20 se réunit de façon virtuelle en ce moment sous la présidence de l’Arabie Saoudite. On y discute évidemment des perspectives économiques.  L’évolution toujours en hausse de la pandémie hypothèque le redressement de la croissance. Pour le mois de juin le fonds monétaire international a même révisé encore en baisse le pipe mondiale. Le Fonds monétaire international (FMI) a averti que l’économie mondiale, malgré certains signes de reprise, était confrontée à des vents contraires, notamment la possibilité d’une seconde vague de la pandémie. «Nous ne sommes pas encore sortis d’affaire», a prévenu sa directrice générale Kristalina Georgieva dans un message aux ministres des Finances du G20, soulignant que la pandémie risquait d’accroître la pauvreté et les inégalités.

En révisant à la baisse ses prévisions de croissance, le FMI a annoncé en juin qu’il s’attendait à un PIB mondial en baisse de 4,9% en 2020 en raison d’une contraction plus importante que prévu pendant les périodes de confinement.

«L’Illusion dangereuse qu’un expert peut tout et se saisir de n’importe quel problème »

 «L’Illusion dangereuse qu’un expert peut tout et se saisir de n’importe quel problème »

Le professeur d’HEC Thomas Paris craint, dans une tribune au « Monde » que réfléchir aux « défis de l’avenir » à travers des cadres macroéconomiques éloignées du quotidien de la réalité des acteurs est voué à l’échec

 

Tribune. Qu’elle a fière allure, la commission réunie par le président de la République pour le conseiller sur les enjeux du climat, des inégalités et de la démographie ! Prix Nobel français et internationaux, Massachusetts Institute of Technology (MIT), étoiles montantes de la recherche en économie… Rutilante comme une légion romaine. Toute la science économique est représentée. Toute ? Non. Un petit village…

Ne nous égarons pas. Il faut applaudir la démarche, qui concrétise une déclaration volontaire du Président en pleine crise du Covid-19 : « Il nous faudra […] interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour. »

Sans contester la qualité des membres de cette commission, force est de constater un manque. Ces brillants économistes partagent une culture et une approche communes, laquelle fait la part belle à la modélisation et aux catégories macroscopiques, que ce soient des indicateurs statistiques ou des formes de relations entre acteurs. Ne manque ainsi à l’appel que… le réel, ou tout au moins la capacité à le prendre en compte sans la médiation d’un cadre économique.

La crise des « gilets jaunes » alertait sur les limites d’une prise en compte simplifiée du réel par les pouvoirs publics. La mise entre parenthèses des corps intermédiaires et le coup de balai aux députés historiques avaient coupé le lien avec deux voies de lecture fine de la société. Certains ministères, privilégiant les statistiques au détriment des études, ont perdu leur capacité à comprendre leurs domaines d’intervention.

En découlent des réactions de stupéfaction, comme celle des acteurs de la culture qui ont pu s’étonner, alors que le président de la République venait d’annoncer un quasi-plan Marshall pour ce secteur, du manque de prise en compte des réalités. Soutenir les intermittents, très bien, mais, ont-ils dit, la culture n’est pas faite que d’intermittents…

La crise du Covid-19 a engendré un brouhaha médiatique, sur le plan sanitaire puis sur le terrain économique où mille et un commentateurs y sont allés à coup de sentences, de vérités, de solutions. Quand la prise de recul et la prudence paraissaient nécessaires, s’est imposée l’occupation de l’espace.

La crise est inédite, les enjeux complexes. Ils méritent une réflexion approfondie, ils méritent de comprendre comment elle se pose pour les acteurs sur le terrain, comment les individus réagissent au quotidien, comment les entreprises, petites et grandes, s’adaptent à la situation et comment ils revoient leur manière de travailler. Ce sont ces innombrables microdécisions qui construisent l’avenir.

Coronavirus «l’Etat a été le problème plus que la solution» (Jean-Louis Bourlanges)

Coronavirus «l’Etat a été le problème plus que la solution» (Jean-Louis Bourlanges)

Le député centriste Jean-Louis Bourlanges avait blâmé le gouvernement face à son choix de maintenir le premier tour des élections municipales. Depuis, il observe, silencieux, les répercussions du confinement. Pour l’Opinion, il analyse les failles que révèle cette crise sans égale.

Le gouvernement est attaqué de toutes parts sur sa gestion de la crise, notamment sur son impréparation et ses injonctions contradictoires. Souscrivez-vous à ces critiques ?

Non. Je crois que ceux qui les profèrent sont inconscients de l’ampleur et de la complexité du défi que nos sociétés, dirigeants et citoyens confondus, doivent relever. Jamais, au cours des derniers siècles, nous n’avons été confrontés à un virus aussi contagieux, aussi déroutant dans ses symptômes et aussi déconcertant dans son cheminement. Il n’était pas déraisonnable d’appeler en janvier les populations au sang froid dès lors que les précédentes vagues virales, le Sras ou le H1N1, n’avaient que marginalement atteint l’Europe. Sans doute le gouvernement a-t-il hésité, tâtonné et commis quelques erreurs mais mesure-t-on bien la cruauté inouïe du dilemme auquel il a été confronté : accepter des dizaines, voire des centaines de milliers de morts, ou confiner tout un peuple et faire sombrer l’économie dans un trou sans fond, avec à la clé une montagne prévisible de souffrances matérielles et morales ? Il ne faut souhaiter à personne d’avoir à faire de tels choix.

Je ne m’étais pas insurgé contre le maintien de ces élections, mais j’avais expliqué publiquement pourquoi le report était nécessaire. C’est à mon avis la seule erreur sérieuse du gouvernement que de les avoir maintenues. On ne pouvait à la fois s’engager, comme c’était inévitable, sur la voie du confinement entre les deux tours et maintenir le premier à la date prévue. Là, il y a eu injonction contradictoire : sortir pour voter, rester chez soi pour survivre. Ceux qui lui en font reproche aujourd’hui ne manquent toutefois pas de toupet car ils n’avaient pas eu de mots assez durs – « coup de force », voire « coup d’Etat » – pour stigmatiser une décision qui eût été parfaitement légitime.

L’évolution de la doctrine sur le port du masque n’est-elle pas de nature à décrédibiliser un peu plus encore la parole publique ?

Personne n’a jamais dit que les masques ne servaient à rien, mais c’est en découvrant l’incroyable contagiosité du virus qu’on a progressivement pris conscience de leur absolue nécessité. Le drame, c’est d’avoir dû gérer la pénurie artificiellement créée quelques années plus tôt par la destruction des stocks Bachelot. Là aussi, toutefois, soyons un peu humbles : que n’avait-on dit du gaspillage supposé de l’argent public entraîné par la fabrication de ces stocks !

Cette crise prouve-t-elle que l’union nationale est un concept révolu ou utopiste ?

Une union politicienne serait dérisoire ou monstrueuse, mais est-ce signe de passéisme ou d’utopie que d’espérer, face à une épreuve de cette sorte, voir un peuple gagné par la sagesse partager les vertus magnifiquement rappelées par la Reine d’Angleterre : l’autodiscipline, la détermination bienveillante et l’esprit de camaraderie ? Je vois bien qu’une France agressivement fragmentée n’a cessé ces dernières années de cultiver le complotisme et le ressentiment et je crains que la machine à se haïr ne soit menacée d’emballement. Il me semble malgré tout que les Français devraient faire l’effort de s’envisager au lieu de se dévisager.

Certains juristes s’étranglent des modalités du texte sur l’état d’urgence sanitaire et le gouvernement réfléchit à l’option du tracking pour repérer les malades lors du déconfinement. Faut-il sacrifier une part de nos libertés individuelles pour sauver des vies ?

Il y a deux ans, j’avais été plutôt réservé sur la démarche du gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme car il s’agissait alors d’inscrire dans le droit commun et dans la durée une partie, certes limitée mais quand même, des remises en cause circonstancielles de notre état de droit par l’état d’urgence. Aujourd’hui, il s’agit de conduire un processus inverse : autoriser en raison de circonstances exceptionnelles et pour une durée strictement limitée des dérogations à certaines garanties de droit commun. Bien sûr, il s’agit d’être très prudent pour veiller à ce que l’exception ne devienne pas la règle, mais sachons voir la gravité des enjeux en cause : réussir le déconfinement pour éviter un collapsus durable de l’économie. Je ne serais pas choqué par des dispositions autorisant le tracking si j’avais la garantie qu’elles ne survivraient pas à la période de déconfinement.

L’économie de notre pays est à l’arrêt et des voix s’élèvent partout pour dire que tout doit changer. Comment imaginez-vous le cahier des charges pour « le jour d’après » ?

Dire que tout doit changer sans jamais dire ce qui va changer, c’est s’exposer à ne rien changer du tout. Le pire scénario, et ce n’est pas le moins probable, c’est effectivement que rien ne change mais que tout se déglingue sur les trois plans économique, social et géopolitique. Pour conjurer ce risque, nous avons besoin de concevoir un scénario économique équilibré combinant soutien à la demande et à l’offre et se garder de faire des proclamations à l’emporte-pièce sur l’augmentation durable des transferts sociaux et l’accroissement souhaitable du rôle de l’état. Ce que révèle l’épreuve en cours, c’est que l’Etat a été le problème plus que la solution. Evitons le simplisme et reconnaissons en lui à la fois un irremplaçable assureur social, un redistributeur nécessaire mais guetté par l’embonpoint et un piètre gestionnaire de biens et de services. A l’heure des « faut qu’on » et des « y a qu’à », sommes-nous vraiment prêts à la nuance et à la modération ?

Cette crise va-t-elle automatiquement donner un coup d’arrêt à la mondialisation comme le prédisent certains ?

Je n’en crois pas un mot car, si on y regarde de près, rien dans cette crise n’est véritablement imputable à la mondialisation, sinon l’habitude difficile à contrecarrer d’aller les uns chez les autres. Pour casser durablement la chose, il faudrait que nous soyons capables de repenser en profondeur la division internationale du travail et d’en imposer autoritairement une nouvelle.  « Vaste programme », aurait dit le général de Gaulle. La multilocalisation des grandes entreprises financières et industrielles restera la règle car elle est dictée par la demande. Je crois en revanche qu’on observera une certaine relocalisation de la production/consommation agricole ainsi qu’une remise en cause des excès en matière de stockage et de flux tendus. La seule chose qui va toutefois compter, c’est l’ampleur des destructions de valeur et des pertes d’emploi.

Enquête sur le mal-être hospitalier: ce n’est pas le problème

Enquête sur le mal-être hospitalier: ce n’est pas le problème

 

Le nouveau ministre de la santé commence mal son mandat en proposant de lancer une enquête sur le mal-être hospitalier. Une manière de gagner du temps voire d’enterrer le problème car la question n’est pas d’identifier le mal être hospitalier mais de trouver les moyens d’une meilleure efficacité et d’une juste affectation des ressources. Bref ,c’est surtout la question des moyens qui est en cause. Le mal être des hôpitaux est relativement bien identifié y compris par le ministre lui-même qui donnait encore des consultations il y a quelques jours. De toute évidence, le nouveau ministre de la santé, en bon politicien, tente de repousser la question centrale avec une enquête bidon qui ne fera que confirmer ce que l’on sait déjà sur le manque criant d’effectifs dans certains services ; mais aussi sur le besoin de réorganisation générale d’hôpitaux qui ne sont pas réellement gérés avec les moyens adaptés. “Il faut réformer l’hôpital et il faut y associer ceux qui le font vivre au quotidien”, a déclaré l’ancien député de l’Isère lors de la passation de pouvoirs au ministère de la Santé, à Paris.

“Je lancerai dans les prochains jours une enquête nationale (…) pour consulter les hospitaliers – directeur, médecins, infirmiers, brancardiers – pour tenter de saisir en détail le sens de leur engagement auprès du public et les raisons du mal-être qu’ils disent ressentir depuis un certain nombre d’années désormais.”

Le départ du gouvernement d’Agnès Buzyn, qui a remplacé au pied levé Benjamin Griveaux comme candidate de la République en marche (LaRem) pour les municipales à Paris, a été accueilli avec colère et inquiétude dans les rangs du personnel hospitalier en France, qui redoute de nouveaux délais dans les négociations.

“Quand un nouveau ministre arrive, il y a toujours un temps où il va mettre en place ses équipes, étudier les dossiers, alors que la situation est là, il y a urgence à des décisions”, a souligné le porte-parole de l’association des médecins urgentistes de France (AMUF), Christophe Prudhomme.

Quant au choix d’Olivier Véran, “mettre comme ministre celui qui avait été à la manoeuvre pour faire voter la loi de finance, qui motive aujourd’hui le mouvement à l’hôpital, ça frise la provocation”, a-t-il ajouté sur franceTVinfo.

Née le 18 mars 2019 à l’hôpital parisien Saint-Antoine à la suite d’un acte de violence envers des soignants, la contestation sociale dans les hôpitaux s’est étendue depuis aux autre régions de France, contraignant l’exécutif à annoncer une série de mesures et de plans.

Dévoilé en novembre, le dernier “plan d’urgence” prévoit notamment la reprise de 10 milliards d’euros de dette des hôpitaux publics sur les comptes de l’Etat et une prime annuelle de 800 euros pour les infirmiers et aides-soignants de la région parisienne les moins bien rémunérés.

Ces annonces ne sont pas parvenues à éteindre la colère des syndicats qui demandent toujours une hausse des salaires et la création de postes supplémentaires.

Plusieurs milliers de personnes ont une nouvelle fois manifesté vendredi à Paris dans le cadre d’une journée d’action nationale pour défendre l’hôpital public. Un millier de chefs de service et de responsables hospitaliers ont par ailleurs démissionné de leur fonctions d’encadrement pour protester contre l’absence de réponse du gouvernement à leurs revendications.

Brexit : le problème, c’est pour quand ?

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Finalement , le vote de la chambre des communes n’est guère éclairant sur les suites du brexit. En effet en théorie, l’accord négocié par Boris Johnson et l’union européenne a été adopté ( notons qu’il diffère très peu de l’accord passé avec Theresa May sauf sur les tarifs douaniers de l’Irlande du Nord). Le problème, c’est que cet accord est gelé et qu’on ne sait pas s’il pourra entrer en application. La chambre des communes a en effet exigé que cet accord de transition ne puisse être appliqué avant la mise au point d’un dispositif législatif interne au Royaume-Uni. À noter que la mise au point législative demandera des semaines et même des mois. Un nouveau report du brexit est donc incontournable à moins d’une rupture sans accord que refusent aussi les parlementaires. Du côté de l’union européenne,  il y a quelques réticences à nouveau report en particulier en provenance de la France. Cependant la France pèse de moins en moins dans l’union économique en raison notamment de son attitude condescendante voir méprisante. La France a d’ailleurs payé cette posture avec le refus de la candidature française, celle de Sylvie Goulard à un poste de la commission. Dans un premier temps, il semble bien qu’on pourrait consentir, comme le souhaite l’Allemagne qui dirige  la manœuvre, un délai de trois mois. Un délai court  éviterait de mettre Boris Johnson dans une position politique trop inconfortable. De toute manière,  Boris Johnson ne dispose pas de majorité pour influencer  à son profit le dispositif législatif. La chambre des Communes  pourrait bien mettre quelques coups de canif dans l’application de l’accord de transition. Un jour ou l’autre des élections seront la seule solution sortie de l’enlisement. Le problème est que cette dissolution doit être approuvée par la chambre des représentants et que sur cette question les avis sont partagés. Pour l’instant , il n’y a pas non plus une majorité organisée cette élection. Théoriquement, les tories sont en tête dans les sondages assez loin devant les travaillistes; cependant Boris  Johnson s’est fait de nombreux ennemis un peu partout au Royaume uni et le résultat d’une élection pourrait apporter des surprises. En outre ,de nouvelles élections nécessiteront à peu près obligatoirement encore un report du Brexit. Il n’est pas certain que la nouvelle majorité qui se dégagerait approuverait l’accord de Boris Johnson.  Les 27 de l’Union européenne officiellement  soutiennent le principe d’un report du Brexit au-delà du 31 octobre mais discutent toujours de sa durée, a indiqué ce mercredi une source européenne à l’issue d’une réunion des ambassadeurs à Bruxelles.

« Tous sont tombés d’accord sur le besoin d’un report pour éviter un Brexit sans accord. La durée du report est toujours en discussion », a-t-il ajouté.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a poursuivi ses discussions mercredi avec les chefs d’Etat et de gouvernement mercredi, selon la même source.

Mardi, il a recommandé aux Etats membres de l’UE d’accepter un troisième report, cette fois jusqu’au 31 janvier, après un vote des députés britanniques qui ont accepté le principe de l’accord tout en rejetant le calendrier imposé par Boris Johnson pour l’adopter.

« L’avis (des ambassadeurs) a été unanime pour estimer qu’une extension est nécessaire pour surmonter l’impasse avec Londres », selon l’un des participants qui a aussi estimé que les diplomates étaient plutôt favorables à « une extension plus longue », c’est à dire au 31 janvier 2020.

 

Bébés sans bras :  » un problème de santé publique ?

Bébés sans bras :  » un problème de santé publique ?

 

L’affaire des bébés sans bras pose un double problème, un qui met en cause la santé publique, un autre sur la gestion d’éventuels risques. L’administration en charge de la gestion de la santé a déclaré d’emblée qu’il n’y avait pas de problème d’ampleur nationale. Une affirmation un peu péremptoire et surtout prématurée dans la mesure où il faudra sans doute des études épidémiologiques sur des les années voir des dizaines d’années pour le vérifier Une erreur méthodologique aussi d’importance car la première démarche est de faire une enquête qualitative sur les différents cas et les facteurs explicatifs possibles. Ensuite seulement doit venir le temps de la quantification. D’une manière générale, c’est un scandale de confier à ceux qui gèrent le risque de faire une enquête sur leur propre gestion de ce risque. Ce que dénonce la directrice générale du registre des malformations en Rhône-Alpes. Emmanuelle Amar réagissait à la plainte déposée par une famille de l’Ain au début du mois contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui » dans le cadre de l’affaire des bébés nés sans bras. Leur enfant est né en 2012 avec une agénésie transverse du membre supérieur. (Interview France Info)

 

C’est vous qui avez révélé cette affaire depuis qu’un médecin a signalé en 2010 trois premiers cas d’enfants nés sans bras ou main dans l’Ain. Est-ce que vous comprenez la volonté de cette famille de l’Ain de faire appel à la justice ?

Emmanuelle Amar : Je ne crois pas trop m’avancer en disant que les familles ont été échaudées et qu’elles se trouvaient dans une impasse, face à un mur, sans savoir quoi faire alors que la réalité des cas est là. On leur oppose des motivations ou des raisons statistiques alors qu’on sait que la statistique n’a pas grand chose à faire avec une affaire de santé publique telle que celle-ci. Elles n’avaient donc pas d’autre interlocuteur vers lequel se tourner que la justice et je pense que c’est peut-être une bonne chose.

Ça veut dire que les deux enquêtes menées jusque-là par Santé publique France peuvent être biaisées ?

Je ne sais pas dans quel pays on confie les clés d’une commission d’enquête à ceux-là même qui ont affirmé qu’il n’y avait pas d’excès de cas et qui ont affirmé qu’il n’y avait pas lieu de faire une enquête. Ce sont à ces mêmes institutions qu’on a confié les clés d’une commission d’enquête et en réalité, on retombe exactement au même point où on était en 2018 et 2017.

L’intervention d’un magistrat indépendant pourrait changer la donne ? 

Je le crois. Dans un premier temps, le magistrat instructeur va se retrouver à Marseille, ça permet un peu de dépayser, de dépassionner l’affaire. Il offre une garantie d’indépendance et d’impartialité. La question n’est pas tant de chercher des responsabilités que de comprendre ce qui a pu se passer. Ce qu’on peut déplorer, c’est qu’en général, pour trouver un agent toxique responsable, on a tout à gagner à rapprocher les informations. L’objectif est de repérer celles qui sont en commun avec les différents sites où des malformations ont été observées. Ça permet de faciliter leur exploitation, de rassembler les éléments de preuve. Là, on fait tout le contraire, on dit qu’on ne cherchera pas dans l’Ain, en Loire-Atlantique et pour ce qui est du Morbihan, on cherchera mais uniquement à Guidel et dans des données administratives. On comprend que les parents soient déçus. Aujourd’hui, on n’a aucune idée de l’agent causal et on a l’impression avec cette commission qui a décidé qu’il n’y aurait de recherches de faites qu’à Guidel, que tout est mis en œuvre pour qu’on ne le trouve jamais.

Quel serait l’intérêt de Santé publique France de faire cela ?

C’est très difficile à dire, et d’ailleurs ce n’est pas à moi de préjuger. Tout ce que je sais, c’est que nous avons averti en temps et en heure et après nos alertes, les enfants sont nés sans bras aux endroits où on avait déjà alerté. On sait très bien que d’un point de vue statistique, en fonction de la définition d’un cas, en fonction des critères géographiques, temporaux, les résultats peuvent varier du tout au tout. Donc, la question statistique, on peut la prendre en considération, il va y avoir un débat, mais elle ne se pose pas en premier lieu. Elle va intervenir mais en deuxième, troisième position. Là, elle intervient en première position et ça choque parce que la question n’est pas là. La question est qu’il y a un problème de santé publique qui n’a pas été pris en considération.

Industrie : le problème du recrutement (Vincent Charlet)

Industrie : le problème du recrutement (Vincent Charlet)

 

Vincent Charlet, délégué général du think tank La Fabrique de l’industrie souligne les problèmes de recrutement et de reconversion des salariés dans l’industrie (interview La Tribune)

 

 

. Comment expliquez-vous les difficultés des salariés de l’industrie à retrouver du travail ?

VINCENT CHARLET - Dans une récente étude, nous avons analysé le devenir des salariés des secteurs exposés à la mondialisation lorsqu’ils perdent leur emploi. Qu’est-ce qui se passe lorsque les salariés de l’industrie sont victimes d’un licenciement économique ? Le premier constat est que cela leur arrive moins souvent qu’à ceux qui travaillent dans des secteurs abrités de la mondialisation. Autrement dit, la compétition mondiale détruit moins d’emplois que la compétition locale.

En revanche, quand ils sont victimes de licenciement, c’est plus difficile pour eux de se reconvertir. Tant que la personne est en poste, elle améliore son employabilité en perfectionnant ses compétences métier. En revanche, en cas de pépin ou de retournement de la conjoncture, l’avenir économique du salarié à court terme dépend de sa capacité à se vendre à un nouvel employeur, éventuellement dans un autre secteur. Il est donc nécessaire pour lui de passer une partie de son temps en activité à développer des compétences transversales plutôt que des compétences métier. D’autant que les salariés sont amenés à piloter un nombre plus vaste de fonctions en étant un peu moins experts de chacune de ces fonctions. Ce faisant, la perte des compétences métier fragilise les salariés mais aussi les entreprises, parce qu’elles perdent des compétences incorporées. Il faut accompagner l’évolution des techniques en faisant des choix judicieux.

Quels peuvent être les leviers pour inciter les entreprises et les salariés à se former à l’industrie du futur ?

Un des enjeux est de savoir comment la France peut développer des filières de formation sur les nouvelles compétences de codage, de data mining, de big data. La France possède des institutions d’enseignement et de formation dans le supérieur, en particulier des écoles d’ingénieurs, qui sont dans l’ensemble assez réactives et branchées sur les besoins industriels. Et même si elles réagissent avec un peu de retard, je n’ai pas trop d’inquiétude. Ces institutions vont développer des formations qui correspondent aux besoins du marché du travail. S’il y avait un grave déficit, cela finirait par se voir.

Quels sont les enjeux pour les travailleurs du point de vue des compétences et d’organisation dans le secteur industriel ?

Le besoin en personnels sachant interagir sur une interface numérique se renforce. Certains DRH m’ont signalé que cela faisait partie des cinq ou six compétences clés qu’ils avaient repérées. En parallèle, des aspects organisationnels accompagnent cette transformation numérique. L’organisation du travail se déplace progressivement vers des schémas dans lesquels les hiérarchies sont plus plates et les équipes plus autonomes. Les gens sont plus polyvalents et échangent davantage d’informations avec leurs « voisins ».

L’opérateur de demain devra être plus qualifié, plus autonome. Parfois, cette montée en autonomie finit par se faire au détriment des compétences métier. Les employeurs sont alors confrontés à un dilemme. Certains déplorent d’avoir des apprentis chaudronniers qui ne savent pas tenir un chalumeau mais qui savent programmer un robot, et d’autres déclarent qu’ils ont besoin de chaudronniers sachant programmer mais qu’ils n’en trouvent pas.

À volume de formation constant, il est difficile de permettre aux apprentis de maîtriser les deux compétences. C’est aussi un dilemme pour la formation continue des ouvriers déjà en poste.

Du côté des dirigeants et des cadres, quels sont les principaux défis ?

L’enjeu majeur est de savoir comment les entreprises et les managers accompagnent au juste rythme l’expansion de leur périmètre d’activité et la perte de certaines compétences métier sans que cela fragilise les organisations et les individus. Le défi dans le cadre de l’industrie du futur n’est pas d’imaginer les métiers de demain. Je pense qu’au regard de la réactivité du système de formation le marché du travail répondra bien à la question.

En revanche, l’évolution des compétences des personnes est un sujet compliqué. C’est un sujet socialement et politiquement lourd. Si l’évolution des compétences des actifs se fait au même rythme que le progrès technique, on peut assister à un phénomène schumpétérien favorable. Le progrès technique peut développer de nouvelles activités qui viennent remplacer les anciennes. Si les deux évolutions ne se font pas au même rythme, les ajustements, même s’ils sont temporaires, peuvent être brutaux. Le spectre du chômage technologique peut revenir avec des gens qui ont peur que les robots et l’intelligence artificielle détruisent des emplois. À long terme et en théorie on sait qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur mais, même si ce n’est que transitoirement juste, ça peut être très problématique.

Êtes-vous optimiste sur la formation des gens à l’industrie du futur ?

Il ne faut pas être optimiste, ni pessimiste, mais volontariste. On ne peut pas nier que le progrès technique induise des changements dans l’organisation du travail. Mais nul ne peut affirmer que ces changements sont positifs ou négatifs. Les nouvelles technologies peuvent donner lieu à l’amélioration des conditions de travail et à des créations d’emploi, ou l’inverse. Tout dépend des conditions dans lesquelles les technologies sont déployées. Cela dépend du modèle économique de l’entreprise, de la qualité de son dialogue social, de sa pratique de formation.

Les études macroéconomiques sur la recherche et développement finissent par conclure que la R & D toute seule n’est pas une poule aux oeufs d’or. La création de richesse se manifeste quand il y a une politique de formation, quand on dispose d’une main-d’oeuvre suffisamment formée pour tirer parti des ressources offertes par les nouvelles technologies. On ne peut pas considérer le déploiement technologique sans penser en même temps à la formation et à l’organisation du travail. Sinon, c’est comme cela que l’on voit ressurgir le risque d’asservissement de l’opérateur au robot.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les chefs d’entreprise pour recruter dans l’industrie en général et dans l’industrie du futur ?

Les difficultés des industriels aujourd’hui pour recruter sont assez anciennes et représentent un véritable boulet pour les entreprises. C’est une des raisons principales de la décroissance ou de la faible croissance dans certaines entreprises industrielles. Les chefs d’entreprise ne peuvent pas trouver de ressources humaines alors que leurs carnets de commandes sont pleins. La situation typique est celle d’une entreprise de taille moyenne dans un territoire peu dense qui a besoin de gens compétents et bien formés dans des métiers industriels en tension comme les chaudronniers, les soudeurs. Même des entreprises aussi prestigieuses qu’Orano (ex-Areva) ou les chantiers navals ont du mal à recruter dans ces métiers.

En outre, l’industrie souffre d’un problème d’image. Il y a beaucoup de secteurs d’activité qui ont ce sentiment. C’est un diagnostic qu’on entend souvent dans le BTP, dans l’artisanat, dans l’agriculture. Dans certains territoires, le recrutement est le problème numéro un. Les entreprises industrielles ont aujourd’hui un appareil de production qui tourne au maximum de ses capacités, elles investissent relativement peu dans des biens d’équipement. Le parc industriel s’étend peu et il a parfois des difficultés à répondre à la demande.

L’industrie du futur est encore un scénario abstrait pour un grand nombre d’employeurs industriels, notamment dans des territoires moins accessibles. Ce n’est pas dans ces zones que le récit de l’industrie du futur fait le plus d’émules. Les grands groupes ont moins de problèmes de recrutement, ils sont bien impliqués dans la transformation numérique et l’industrie du futur.

Avec les différentes vagues de la décentralisation, les régions ont vu leurs compétences économiques renforcées. Quels sont les principaux défis pour les acteurs régionaux ?

Pour la plupart des territoires, le principal enjeu de l’industrie du futur est celui de la sensibilisation et de la persuasion. Il y a encore un grand nombre de PME qui ne se sentent pas concernées. Par ailleurs, les régions ont un rôle très important à jouer en matière de formation. Il faut réduire la concurrence entre l’offre de formation professionnelle portée par les branches et celle portée par l’Éducation nationale. Certains proposent de rapprocher les deux. Je pense que c’est une réflexion qu’il faut poursuivre.

Industrie : le problème du recrutement

Industrie : le problème du recrutement (Vincent Charlet)

 

Vincent Charlet, délégué général du think tank La Fabrique de l’industrie souligne les problèmes de recrutement et de reconversion des salariés dans l’industrie (interview La Tribune)

 

 

. Comment expliquez-vous les difficultés des salariés de l’industrie à retrouver du travail ?

VINCENT CHARLET - Dans une récente étude, nous avons analysé le devenir des salariés des secteurs exposés à la mondialisation lorsqu’ils perdent leur emploi. Qu’est-ce qui se passe lorsque les salariés de l’industrie sont victimes d’un licenciement économique ? Le premier constat est que cela leur arrive moins souvent qu’à ceux qui travaillent dans des secteurs abrités de la mondialisation. Autrement dit, la compétition mondiale détruit moins d’emplois que la compétition locale.

En revanche, quand ils sont victimes de licenciement, c’est plus difficile pour eux de se reconvertir. Tant que la personne est en poste, elle améliore son employabilité en perfectionnant ses compétences métier. En revanche, en cas de pépin ou de retournement de la conjoncture, l’avenir économique du salarié à court terme dépend de sa capacité à se vendre à un nouvel employeur, éventuellement dans un autre secteur. Il est donc nécessaire pour lui de passer une partie de son temps en activité à développer des compétences transversales plutôt que des compétences métier. D’autant que les salariés sont amenés à piloter un nombre plus vaste de fonctions en étant un peu moins experts de chacune de ces fonctions. Ce faisant, la perte des compétences métier fragilise les salariés mais aussi les entreprises, parce qu’elles perdent des compétences incorporées. Il faut accompagner l’évolution des techniques en faisant des choix judicieux.

Quels peuvent être les leviers pour inciter les entreprises et les salariés à se former à l’industrie du futur ?

Un des enjeux est de savoir comment la France peut développer des filières de formation sur les nouvelles compétences de codage, de data mining, de big data. La France possède des institutions d’enseignement et de formation dans le supérieur, en particulier des écoles d’ingénieurs, qui sont dans l’ensemble assez réactives et branchées sur les besoins industriels. Et même si elles réagissent avec un peu de retard, je n’ai pas trop d’inquiétude. Ces institutions vont développer des formations qui correspondent aux besoins du marché du travail. S’il y avait un grave déficit, cela finirait par se voir.

Quels sont les enjeux pour les travailleurs du point de vue des compétences et d’organisation dans le secteur industriel ?

Le besoin en personnels sachant interagir sur une interface numérique se renforce. Certains DRH m’ont signalé que cela faisait partie des cinq ou six compétences clés qu’ils avaient repérées. En parallèle, des aspects organisationnels accompagnent cette transformation numérique. L’organisation du travail se déplace progressivement vers des schémas dans lesquels les hiérarchies sont plus plates et les équipes plus autonomes. Les gens sont plus polyvalents et échangent davantage d’informations avec leurs « voisins ».

L’opérateur de demain devra être plus qualifié, plus autonome. Parfois, cette montée en autonomie finit par se faire au détriment des compétences métier. Les employeurs sont alors confrontés à un dilemme. Certains déplorent d’avoir des apprentis chaudronniers qui ne savent pas tenir un chalumeau mais qui savent programmer un robot, et d’autres déclarent qu’ils ont besoin de chaudronniers sachant programmer mais qu’ils n’en trouvent pas.

À volume de formation constant, il est difficile de permettre aux apprentis de maîtriser les deux compétences. C’est aussi un dilemme pour la formation continue des ouvriers déjà en poste.

Du côté des dirigeants et des cadres, quels sont les principaux défis ?

L’enjeu majeur est de savoir comment les entreprises et les managers accompagnent au juste rythme l’expansion de leur périmètre d’activité et la perte de certaines compétences métier sans que cela fragilise les organisations et les individus. Le défi dans le cadre de l’industrie du futur n’est pas d’imaginer les métiers de demain. Je pense qu’au regard de la réactivité du système de formation le marché du travail répondra bien à la question.

En revanche, l’évolution des compétences des personnes est un sujet compliqué. C’est un sujet socialement et politiquement lourd. Si l’évolution des compétences des actifs se fait au même rythme que le progrès technique, on peut assister à un phénomène schumpétérien favorable. Le progrès technique peut développer de nouvelles activités qui viennent remplacer les anciennes. Si les deux évolutions ne se font pas au même rythme, les ajustements, même s’ils sont temporaires, peuvent être brutaux. Le spectre du chômage technologique peut revenir avec des gens qui ont peur que les robots et l’intelligence artificielle détruisent des emplois. À long terme et en théorie on sait qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur mais, même si ce n’est que transitoirement juste, ça peut être très problématique.

Êtes-vous optimiste sur la formation des gens à l’industrie du futur ?

Il ne faut pas être optimiste, ni pessimiste, mais volontariste. On ne peut pas nier que le progrès technique induise des changements dans l’organisation du travail. Mais nul ne peut affirmer que ces changements sont positifs ou négatifs. Les nouvelles technologies peuvent donner lieu à l’amélioration des conditions de travail et à des créations d’emploi, ou l’inverse. Tout dépend des conditions dans lesquelles les technologies sont déployées. Cela dépend du modèle économique de l’entreprise, de la qualité de son dialogue social, de sa pratique de formation.

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Les études macroéconomiques sur la recherche et développement finissent par conclure que la R & D toute seule n’est pas une poule aux oeufs d’or. La création de richesse se manifeste quand il y a une politique de formation, quand on dispose d’une main-d’œuvre suffisamment formée pour tirer parti des ressources offertes par les nouvelles technologies. On ne peut pas considérer le déploiement technologique sans penser en même temps à la formation et à l’organisation du travail. Sinon, c’est comme cela que l’on voit ressurgir le risque d’asservissement de l’opérateur au robot.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les chefs d’entreprise pour recruter dans l’industrie en général et dans l’industrie du futur ?

Les difficultés des industriels aujourd’hui pour recruter sont assez anciennes et représentent un véritable boulet pour les entreprises. C’est une des raisons principales de la décroissance ou de la faible croissance dans certaines entreprises industrielles. Les chefs d’entreprise ne peuvent pas trouver de ressources humaines alors que leurs carnets de commandes sont pleins. La situation typique est celle d’une entreprise de taille moyenne dans un territoire peu dense qui a besoin de gens compétents et bien formés dans des métiers industriels en tension comme les chaudronniers, les soudeurs. Même des entreprises aussi prestigieuses qu’Orano (ex-Areva) ou les chantiers navals ont du mal à recruter dans ces métiers.

En outre, l’industrie souffre d’un problème d’image. Il y a beaucoup de secteurs d’activité qui ont ce sentiment. C’est un diagnostic qu’on entend souvent dans le BTP, dans l’artisanat, dans l’agriculture. Dans certains territoires, le recrutement est le problème numéro un. Les entreprises industrielles ont aujourd’hui un appareil de production qui tourne au maximum de ses capacités, elles investissent relativement peu dans des biens d’équipement. Le parc industriel s’étend peu et il a parfois des difficultés à répondre à la demande.

L’industrie du futur est encore un scénario abstrait pour un grand nombre d’employeurs industriels, notamment dans des territoires moins accessibles. Ce n’est pas dans ces zones que le récit de l’industrie du futur fait le plus d’émules. Les grands groupes ont moins de problèmes de recrutement, ils sont bien impliqués dans la transformation numérique et l’industrie du futur.

Avec les différentes vagues de la décentralisation, les régions ont vu leurs compétences économiques renforcées. Quels sont les principaux défis pour les acteurs régionaux ?

Pour la plupart des territoires, le principal enjeu de l’industrie du futur est celui de la sensibilisation et de la persuasion. Il y a encore un grand nombre de PME qui ne se sentent pas concernées. Par ailleurs, les régions ont un rôle très important à jouer en matière de formation. Il faut réduire la concurrence entre l’offre de formation professionnelle portée par les branches et celle portée par l’Éducation nationale. Certains proposent de rapprocher les deux. Je pense que c’est une réflexion qu’il faut poursuivre.

Les salaires : problème central

Les salaires : problème central

La question des salaires devient de plus en plus cruciale surtout en ce début d’année où nombre de produits et services ont subit des augmentations sensibles. Des augmentations qui concernent surtout les dépenses contraintes. Ce ne sont pas les 10 € attribués par exemple aux smicards qui permettront de faire face à la croissance des prix. L’évolution des rémunérations a encore été très contrainte en 2017 Le salaire mensuel de base a seulement augmenté en 2017 de 1,3 %, soit au même rythme qu’en 2016, a indiqué ce mardi le ministère du Travail. On objectera sans doute que dans le même temps l’inflation a été relativement sage ce qui garantit en théorie le pouvoir d’achat. Reste que la structure de consommation des Français se modifie ;  la part des dépenses contraintes ne cesse d’augmenter alors que les dépenses ajustables elles ont tendance à diminuer. Par exemple les Français achètent de moins en moins de textile. Dans sa déclaration face à des journalistes hier Macron a  indiqué que les Français verront les résultats ça politique de manière plus complète vers 2020.  “Il faut progressivement que les choses deviennent perceptibles pour qu‘elles soient crues. Il y a une partie des gens légitimement qui veulent attendre de le voir et je le respecte profondément. C‘est en 2020 qu‘ils auront la totalité de ces mesures ” Pas sûr que les Français attendent jusqu’à cette date pour supporter  des rémunérations très encadrées. Cela d’autant plus qu’ils pourront être étonnés que la reprise économique indiscutable en 2017 mais surtout en 2018 (ou pourrait atteindre près de 3 % d’augmentation du PIB) ne profite pas davantage aux salariés. À noter que dans les préoccupations,  le pouvoir d’achat occupe désormais la tête chez les Français (plus de 50 % tandis que la question du chômage vient en seconde position à peu près à égalité avec la fiscalité (autour de 40 %).

Réforme fonction publique : « un sérieux problème de méthode »(Berger)

Réforme fonction publique : « un sérieux problème de méthode »(Berger)

 

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, à justement critiqué la méthode du gouvernement, dans une interview publiée samedi dans Le Monde. « Ils y vont fort », a-t-il réagi, à propos de ces pistes annoncées jeudi, dont un plan de départs volontaires et le recours à davantage de contractuels. « Il y a un gros problème de méthode: c’est très étonnant d’annoncer une concertation sur toute l’année 2018 et de donner dès à présent une partie des conclusions », a réagi M. Berger, réclamant que le gouvernement organise « très vite » une rencontre avec les syndicats. Finalement cette erreur de méthode devrait être favorable syndicats paradoxalement car le gouvernement en s’attaquant aux moyens réduits sa marge de manœuvre. En effet s’il avait commencé par l’objet même des missions régaliennes leurs moyens d’exécution y compris en personnel le champ des possibles aurait été autrement plus important pour réduire de manière justifiée le nombre  de fonctionnaire. En s’engageant tout de suite sur la question sociale le gouvernement risque de s’embourber et de se lier les mains. Sur le fond, la CFDT critique le souhait du gouvernement de proposer une « rémunération plus individualisée ». Actuellement, la rémunération des fonctionnaires repose sur un socle commun et des primes et promotions. « Il faut dire quelle est la part de la rémunération collective et quelle est la part de l’individuel », a interrogé M. Berger, craignant que cette mesure n’entraîne « des disparités liées aux marges budgétaires des employeurs plus qu’en fonction de l’investissement au travail ». Sur le recours à davantage de contractuels, le leader syndical s’interroge aussi: « ça veut dire quoi ? Pour qui ? Comment ? Tout cela mérite des éclaircissements, car il y a des craintes de profonds bouleversements pour les agents ». Sur la question de la rémunération et du recours aux contractuels, il demande des clarifications. “Hurler au loup maintenant n‘a aucun sens mais la CFDT sera attentive et exigeante pour que l‘action publique continue de reposer demain sur des agents publics reconnus et respectés”, a-t-il dit.

FN : «Le problème, c’est Marine Le Pen»

FN : «Le problème, c’est Marine Le Pen»

Finalement le principal handicap du Front National pourrait bien être Marine Le Pen elle-même. Ce que pense d’anciens cadres du parti qui estiment  que Marine Payne n’a aucune vision et aucune stratégie ;  des critiques qui ne sont sans doute pas sans fondement. D’un certain point de vue, Marine Payne est à la fois un atout mais aussi un handicap pour le Front national. Héritière d’un parti et d’un nom elle parvient à être relativement populaire à partir d’un positionnement protestataire systématique de type poujadiste  mais sans réel projet économique et social. Le fameux débat avec Macron a montré toutes les limites de l’intéressés qui contrairement à son père ou à sa nièce Marion Maréchal Le Pen manque totalement d’épaisseur idéologique et tout simplement de culture. Ce que confirment plusieurs anciens cadres du FN dans le Figaro. «Finalement, au FN comme au PS, il n’y a rien à refonder. On peut essayer d’habiller ces partis comme on veut, ils ont chacun un cœur nucléaire. Celui du Front national c’est l’immigration», tranche Jean-Claude Martinez.., l’ex-dissident en désignant Marine Le Pen comme la «seule responsable des défaites» du Front national.  Eric Pinel, autre ex-dissident estime que le FN est en perte de repères. «Avant qu’elle prenne la présidence du FN, nous avions remarqué une dérive programmatique importante. Le parti a trouvé de nouveaux électeurs mais beaucoup se demandent où va le mouvement», pointe l’ancien directeur de cabinet de Bruno Gollnisch. Il a passé plus de dix ans au FN (1998-2008). «Finalement, Philippot collait bien à la volonté de Marine Le Pen de faire un FN light. Il a apporté une méthode et des informations sondagières mais finalement, en s’éloignant du terrain des idées, on glisse vers celui de la démagogie», blâme l’ex-conseiller écologie du FN. Mêmes critiques chez Carl Lang. Frontiste de 1978 à 2009, celui qui occupa deux fois le siège de secrétaire général et une fois celui de vice-président fait porter le poids des tourments frontistes sur les épaules de Marine Le Pen et de sa «démagogie populiste de gauche». «Le problème, ce n’est pas le parti, c’est elle», insiste-t-il.

Brexit: « Le référendum mauvaise réponse à un vrai problème »

Brexit: « Le référendum mauvaise réponse à un vrai problème »

 

Dans une interview à Challenges Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, considère que le recours à un référendum est une mauvaise solution pour redonner une légitimité au projet européen. Un avis sans doute pertinent quand on sait que la plupart des référendums non précédés d’un débat approfondi sont instrumentalisés par les populistes,  les démagogiques, les  nationalistes voir les racistes pour détourner l’objet de la consultation. Avant de dire oui ou non encore faudrait-il comprendre les enjeux dont  la complexité échappe au plus grand nombre faute de débat suffisant. Extrait de l’interview

Au lendemain du « Brexit », le ministre de l’Economie Emmanuel Macron et le candidat à la primaire de droite Bruno Le Maire évoquent l’idée d’un référendum sur le projet européen pour relégitimer la construction européenne, qu’en pensez-vous?

C’est une mauvaise réponse à un vrai problème. Depuis plusieurs années, l’Europe est devenue le bouc émissaire des partis populistes. Elle est le symbole facile de la coupure entre les élites et les populations. En France, Marine Le Pen a imposé l’idée d’un référendum à travers sa proposition de sortie de l’euro. Les responsables politiques, qui soutiennent l’organisation d’un référendum sur le projet européen, tombent dans son piège. N’oublions pas la maxime de Jean-Jacques Rousseau: « La volonté générale est toujours droite, mais le jugement qui la guide n’est pas toujours éclairé ».

Difficile pour autant de ne jamais consulter le peuple sur la construction européenne…

Bien sûr, mais il y a d’autres moyens que le référendum! Dans une démocratie représentative, les candidats exposent leurs programmes avant les élections et les électeurs votent en conséquence. Durant la campagne de 2007, deux ans après le « non » français à la Constitution européenne, Nicolas Sarkozy avait clairement annoncé qu’il renégocierait un traité et le ferait ratifier par les parlementaires, ce qu’il a fait. Après le choc du « Brexit« , j’espère que la question européenne sera au cœur de la campagne présidentielle de 2017 et que tous les candidats afficheront nettement leur projet. Cela permettra au prochain Président d’avoir les coudées franches.

N’y a-t-il pas un risque que le débat sur l’Europe dérape au fur et à mesure de la campagne?

Il y a toujours un risque de dérapage, mais c’est encore plus risqué de passer la question européenne sous silence. Cela conforte l’impression dans l’opinion que les responsables politiques français subissent plus qu’ils ne maîtrisent la construction européenne. Il est temps que les gouvernants français assument leurs choix et s’investissent dans les institutions communautaires. Il est anormal que les ministres français soient si peu présents dans les réunions officielles avec leurs homologues européens. Ou que les gouvernements successifs appellent à la création d’un Trésor de la zone euro alors qu’il suffirait qu’Emmanuel Macron demande à la directrice du Trésor française de passer deux jours par semaine à Berlin pour que cela existe. Les politiques français ne doivent plus être des commentateurs mais des acteurs de l’Europe.

L’impôt sur les sociétés : le faux problème?

L’impôt sur les sociétés : le faux  problème?

 

 

 

 

L’impôt sur les sociétés en France constitue une sorte de tarte à la crème qu’on ressort régulièrement pour justifier le manque de compétitivité de l’économie. En réalité, selon une étude réalisée par le cabinet EY, la France se place dans la moyenne européenne et il n’est pas certain que le changement d’assiette modifie de manière substantielle cette imposition. Une imposition qui varie évidemment selon les bénéfices avec des écarts considérables entre les petites entreprises et les grandes. En cause,  le fait que les grandes entreprises pratiquent l’optimisation fiscale sur une grande échelle. Pour les petites et moyennes entreprises l’enjeu  des prélèvements obligatoires pèse sur autre chose surtout sur les charges sociale ; s notons que l’impôt sur les sociétés ne représente que 34 milliards sur les 1000 milliards de prélèvements obligatoires !  Si l’on compare le taux facial et l’assiette fiscale de l’impôt sur les sociétés, les entreprises françaises ne sont pas en position si désavantageuse par rapport à leurs concurrentes européennes. Le fardeau fiscal est-il si lourd en France ? Si l’on observe le taux facial de l’impôt sur les sociétés, qui s’élève à 33 %, la France souffre de la comparaison avec la plupart de ses voisins et concurrents européens. En revanche, si l’on compare le taux ainsi que la base taxable, ou l’assiette fiscale, la situation est moins défavorable. C’est l’exercice auquel s’est prêté le cabinet EY dans une étude publiée ce mardi.

Résultat des courses, la France se classe dans la moyenne européenne, au septième rang sur quatorze pays. « Un taux élevé appliqué sur une assiette étroite peut très bien aboutir à une imposition effective inférieure à celle induite par un taux certes plus faible, mais rapporté sur une assiette large », souligne cette étude. Comment expliquer cette différence ? La France n’est pas seulement le pays des fromages. Elle est aussi le pays des crédits d’impôts et des régimes dérogatoires. Comme l’explique EY, l’impôt effectivement acquitté par les entreprises dépend des nombreuses règles fiscales en vigueur dans un pays, notamment l’existence d’un régime de groupe. La fiscalité sur les dividendes, la prise en compte des amortissements corporels, la fiscalité sur les redevances ou la R&D sont également des critères à prendre en compte. Entre autres. En France, il existe également un régime d’intégration fiscale qui permet d’exonérer en grande partie les remontées de dividendes au sein d’un groupe intégré. Un dispositif qui, selon EY, est l’un des plus compétitifs au niveau européen. La prise en compte des amortissements ainsi que la déductibilité des pertes antérieures – plafonnée dans de nombreux pays européens- sont également considérées comme avantageux en France. Le temps où le gouvernement se mettait les Pigeons à dos est révolu. Le projet de loi de finances 2013 et son article 6 qui durcissait la taxation des plus-values de cession n’est plus qu’un mauvais souvenir. En effet, la fiscalité pour les start-up et aussi les PME est considérée comme l’une des plus avantageuses, notamment grâce au taux réduit d’IS pour les PME qui s’élève à 15 % jusqu’à 38.000 euros de bénéfices. Si l’on ajoute à ces dispositifs les multiples crédits d’impôts (CICE, CIR….), généraux ou sectoriels qui existent dans le paysage fiscal tricolore, il semble que le joug fiscal pesant sur les entreprises ne soit pas si lourd que ça pour les entreprises qui ont la capacité de bénéficier de ces dispositifs, en particulier les ETI et les grands groupes. Cette multiplication des niches fiscales et sociales explique d’ailleurs pourquoi le produit de l’IS est si faible : 34 milliards d’euros par an depuis la mise en place du CICE en 2014, à comparer aux 1.000 milliards d’euros de prélèvements obligatoires. Autre enseignement de cette étude, la France n’aurait pas nécessairement intérêt à ce que l’UE adopte une assiette commune d’imposition. Certes, l’aboutissement de ce projet entamé il y a dix ans, connu sous le nom d’assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés (ACCIS), pour harmoniser les règles fiscales au sein de l’UE et lutter contre la concurrence entre les pays, n’est pas pour demain. Les premières propositions ne seront pas connues avant le mois de septembre.

 

(La Tribune)

Cambadélis à propos du FN : » il y a un problème » , tu m’étonnes !

Cambadélis à propos du FN : » il y a un problème » , tu m’étonnes !

Il y a un problème qui constate naïvement Cambadélis avec  la progression du FN ; le problème c’est lui, les autres, le système. Lancien gauchiste s’est lui aussi embourgeoisé comme son parti ;  grassouillet, vieilli, institutionnalisé.  il y a longtemps que Cambadélis, comme le PS, n’a plus ni idée, ni volonté. Finalement, Cambadélis ne fait guère mieux que Harlem Désir qui a troqué le col roulé et le Jean pour le costume trois pièces de député européen. Contrairement à ce que pense l’apparatchik Cambadélis, la problématique centrale ne tourne pas autour des du front républicain ou de l’hypothétique rassemblement à gauche  mais autour de la capacité de ce gouvernement d’hommes d’appareil à dynamiser la croissance réduire  chômage, gaspillages  et les inégalités.  Invité de France Info, le Premier secrétaire du PS s’est montré très préoccupé par le score du FN dans la législative partielle du Doubs : « Le Front national est en dynamique ».  « Le PS a gagné, le Front national pour la 12e fois a été battu mais il y a le feu au lac pour tous ceux qui comme moi combattent le FN et ses idées depuis de très nombreuses années. Nous sommes dans une situation où le FN est dans une dynamique. Il perturbe l’UMP. Et l’absence d’unité réelle entre les forces de gauche lui donne la capacité de se déployer » assure Jean-Christophe Cambadélis.    »A chaque fois le FN progresse entre les deux tours. Le PS aussi » assure le Premier secrétaire du Parti socialiste. « Le désistement républicain me semble nécessaire face au Front national » qui n’est une « formation d’extrême droite« . Il ne s’inquiète pas que pour les élections départementales, « qui ne seront qu’un moment de la vie électorale française. Mais vous avez derrière les régionales et la présidentielle. A partir du moment où l’UMP n’est pas capable de se désister républicainement, vous avez un FN qui progresse. Ceci n’est pas sans poser un grave problème. »

Crise :-Le premier problème de la France : les institutions (Parisot)

Crise :-Le premier problème de la France : les institutions (Parisot)

 

Dans une intreview à la Tribune laurence Parisot considère à juste titre que nos institutions sont obsolètes et en premier responsables de la crise.

LA TRIBUNE – Quel regard portez-vous sur la situation économique actuelle ?

LAURENCE PARISOT - L’économie française est dans un état préoccupant. Mais le plus grave, c’est que les Français ont perdu confiance en la capacité de notre pays à rebondir. Ils sont d’autant plus anxieux qu’ils ne voient pas quelles pourraient être les solutions pour sortir de la crise.

Ce pessimisme vous inquiète ?

Oui, car il paralyse. On dit souvent que croissance rime avec confiance, mais l’inverse vaut également. Bien sûr, certaines situations personnelles sont très délicates. L’augmentation continue du nombre de demandeurs d’emploi est terriblement anxiogène. Mais l’économie tricolore a de nombreux atouts à faire valoir et il faut bien arrêter l’autocritique ! Je note avec satisfaction que la France a cessé de perdre des places au classement de l’attractivité établi par le Forum économique mondial, grâce à l’accord sur le marché du travail de janvier 2013. C’est un début.

Selon vous de quel mal principal souffre le pays ?

Le problème est certes économique. Mais il est aussi politique. Ayant vu les choses avec la double casquette de présidente du Medef et de chef d’entreprise de l’IFOP, j’en suis arrivée à la conviction que notre premier problème est institutionnel. Dans le monde actuel, il faut aller vite. Or nos institutions, très solides – et c’est l’œuvre du général de Gaulle -, ne permettent pas de réagir convenablement dans un monde incertain où s’enchaînent les crises financières et géopolitiques. Il faut de nouveaux mécanismes qui laissent du jeu aux différents acteurs. En Allemagne ou en Suisse, la structure fédérale des États permet de ne pas concentrer l’ensemble des pouvoirs dans les mains d’un seul homme, comme en France. Je salue sur ce point la réforme territoriale, portée par le président de la République. Elle est importante et courageuse, mais il ne faut pas s’arrêter là. Les nouvelles régions devront se penser différemment et se placer dans une dimension européenne. Le mode de scrutin français entraînant une bipolarisation de la vie politique empêche aussi le vote de certaines réformes : provoquons un débat institutionnel sur ces questions qui dépassent le clivage droite/gauche et trouvons de nouvelles majorités ! Ce sera, de plus, nécessaire pour lutter contre la montée des extrêmes, notamment du Front National !

En déployant une politique de l’offre, le gouvernement a-t-il pris la mesure des maux qui paralysent les entreprises ?

En partie. Les efforts du gouvernement sont louables. Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi [CICE] est une mesure utile car elle permettra de relancer l’investissement des entreprises. C’est un point essentiel, car sans investissement, les entreprises continueraient à perdre du terrain face à leurs concurrentes étrangères. Je regrette toutefois que cette stratégie n’ait pas été mise en place plus tôt, dès 2006, lorsque la compétitivité des entreprises a commencé à décrocher nettement. Je regrette également que l’on continue à créer une ligne de démarcation entre l’industrie et les services, alors qu’ils sont le principal moteur de l’économie française et qu’il n’existe presque plus d’acteur industriel pur. Tous les grands noms de l’industrie ont depuis longtemps développé des activités de services sans lesquelles ils ne pourraient faire progresser leur chiffre d’affaires. À cause de cette distinction factice, l’immatériel et le numérique voient leurs possibilités de développement bridées, alors qu’ils pourraient être les pôles de croissance du futur. Il y a urgence à créer des outils notamment dans le domaine de la fiscalité du capital et dans le droit du travail enfin adaptés à la modernité de ces entreprises.

Faut-il également relancer la demande ?

Oui, mais à l’échelle européenne. Si les carnets de commandes ne se remplissent pas, l’aversion au risque restera élevée dans les entreprises. Les embauches, l’innovation et les exportations ne doivent pas rester bloquées. Mais au regard de l’état des finances publiques, déployer une stratégie de relance est quasiment impossible ! C’est précisément pourquoi l’Union européenne doit intervenir, notamment via l’émission de project bonds qui financeraient des programmes de grands travaux capables de mobiliser les entreprises européennes, de stimuler les énergies et favoriser les synergies entre elles. Une telle stratégie donnera aux citoyens européens l’image concrète du futur de l’Europe. J’ai accueilli avec enthousiasme le lancement en juillet du premier project bond français et européen, lié au très haut débit. Mais il faut aller beaucoup plus loin.

Avez-vous des exemples en tête ?

La transition énergétique est dans tous les esprits : pourquoi l’Europe ne mobiliserait-elle pas les constructeurs automobiles, les électriciens et les opérateurs de travaux publics européens en finançant, via des project bonds, les équipements et les infrastructures ouvrant la voie au développement du véhicule électrique ? D’une manière générale, la question des réseaux d’énergie peut être au cœur de la croissance européenne.

Relance des débats sur les 35 heures, sur les seuils sociaux… Avez-vous le sentiment que ce sont là les vraies pistes pour favoriser l’emploi ?

Je n’aime pas que des débats aussi fondamentaux soient devenus des totems, purement symboliques, mais ayant force de rassemblement. Les 35 heures en sont un, si bien qu’on ne peut plus en parler. Les entreprises devraient pouvoir adapter leurs horaires en fonction de la conjoncture et du carnet de commandes. Il y a bien eu des assouplissements techniques permettant de moduler le temps de travail, mais ni les DRH ni les hommes politiques n’osent aborder le sujet. On constate une situation de blocage.

De même sur les seuils : or, si l’on déplaçait les curseurs, par exemple en instaurant les nouvelles obligations à partir de 80 salariés et non plus 50, cela aurait un effet, pas massif certes, mais néanmoins sensible sur l’emploi.

Y a-t-il une réforme, un projet que vous regrettez de ne pas avoir portée quand vous étiez à la tête du Medef ?

Oui, j’ai un regret. Celui de ne pas avoir eu le temps de porter la réforme des prud’hommes. Il y a en France un million d’entreprises qui ont entre 1 et 10 salariés. Elles craignent de grandir par peur de se heurter systématiquement aux prud’hommes en cas de licenciement. Un système moins anxiogène serait plus fructueux. Il faut des magistrats professionnels pour remplacer les actuels juges élus par leurs pairs. La décision prud’homale est aujourd’hui paritaire, cela conduit à des marchandages sous prétexte de recherche de consensus entre représentants des salariés et employeurs. Ce qui est totalement bancal et n’apporte pas l’assurance du droit. Voilà ce qui inquiète les entreprises et empêche les TPE d’être le gisement d’emplois attendu.

 

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