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Islamo-gauchisme : « poser le problème est une bonne chose »

Islamo-gauchisme : « poser le problème est une bonne chose »

Dans une enquête intitulée Les Fossoyeurs de la République à paraître mercredi*, le journaliste Mohamed Sifaoui décrit la façon dont selon lui les tenants d’un islam politique ont fait de l’enseignement supérieur une cible.

« L’islamo-gauchisme – j’assume pleinement l’utilisation de ce néologisme qui ne fait que montrer la convergence entre l’islam politique et les milieux gauchistes – tue l’université française depuis plusieurs années. Pas seulement à coups de pétitions, de revendications et d’actes militants. Mais aussi, et surtout, en dévitalisant sa pensée. La plupart des universitaires sont aujourd’hui incapables de distinguer ce qui relève de l’islam et ce qui relève de l’islamisme. Ils sont par conséquent prompts à piétiner la liberté d’expression, confondant critique contre le dogme islamiste et attaques contre les musulmans.

On a trop longtemps fustigé le terrorisme, sans nommer sa matrice idéologique, l’islam politique

Ceci est le résultat du travail mené par les activistes. Les Frères musulmans, détachés des codes vestimentaires et langagiers islamistes, ont tout fait pour infiltrer le monde de l’éducation. C’est un de leurs objectifs prioritaires : capter les générations futures. Ce n’est pas un hasard si le fondateur du mouvement, comme ses deux petits-fils, ont eux-mêmes été professeurs. Ils ont œuvré, via l’UOIF [Union des organisations islamiques de France], pour la création des Jeunes Musulmans de France. Et se sont appuyés sur des compagnons de route, souvent recrutés chez les catholiques de gauche, sensibles aux minorités religieuses et peu à la laïcité, pour porter leur message.

 

J’ai moi-même été victime de cet entrisme. En 2018, je devais organiser un séminaire sur la prévention de la radicalisation et la détection des signaux faibles à l’université de la Sorbonne. Des avocats, des policiers, des fonctionnaires et même des imams s’étaient inscrits aux cours. Mais tout a été annulé : des associations islamistes mais aussi des enseignants et des étudiants m’ont dépeint comme un affreux islamophobe. Aujourd’hui, des ministres comme Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal nomment le problème et c’est une bonne chose. On a trop longtemps fustigé le terrorisme, sans nommer sa matrice idéologique, l’islam politique.  »

* Editions de l’Observatoire, 448 pages, 23 euros.

Loi climat : le grand oubli du problème de l’eau

Loi climat : le grand oubli du problème de l’eau

 

La loi « Climat et résilience » oublie cet enjeu, dénoncent les professionnels du secteur. La loi climat repeint en vert nombre de problématiques environnementales mais sans vraiment les traiter au fond. Pour preuve on a juste oublié la question stratégique de l’eau. Les professionnels du secteur s’en inquiètent sans doute aussi avec des arrière-pensées corporatistes mais ils ont parfaitement raison de souligner la dimension essentielle de la gestion de l’eau qui se pose évidemment en France et de façon encore plus dramatique dans d’autres zones géographiques.

La Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E), qui dénonce cet oubli, réclame des mesures permettant aux acteurs du secteur de verdir leurs activités et de jouer pleinement son rôle. Son délégué général, Tristan Mathieu, explique à La Tribune comment les parlementaires pourraient améliorer le texte.

Vous déplorez que le projet de loi « Climat et résilience » néglige l’enjeu de l’eau, pourtant étroitement lié au changement climatique. Comment expliquez-vous cette absence?

TRISTAN MATHIEU, délégué général de la FP2E - Le processus législatif, original et intéressant, qui est à l’origine du projet de loi « Climat et résilience » y a sans doute contribué. L’objectif du texte est en effet de mettre en oeuvre, au moins partiellement, les propositions de la Convention citoyenne sur le climat. Or, ces dernières négligeaient déjà l’enjeu de l’eau. N’ayant pas été associés à l’exercice, nous n’en connaissons pas vraiment la raison.

La question générale de la gestion de l’eau se pose non seulement évidemment l’eau utilisée par les particuliers et donc une grande partie est gâchée par l’existence d’un seul réseau qui mélange besoins alimentaires et autres besoins mais aussi le difficile problème de la gestion de l’eau pour l’agriculture principale utilisatrice de la ressource. Or les conditions d’utilisation de l’eau et sa disponibilité joue un rôle essentiel sur les productions agricoles et la biodiversité. Une problématique autrement plus importante que les gadgets contenus dans la micro loi climat.

« L’inflation n’est pas un problème » !!!

« L’inflation n’est pas un problème » !!!

Dans une chronique au monde, l’économiste Jézabel Coupe-Souverain

sassait  sur les perspectives d’un retour de l’inflation passe en revue toutes les causes d’un retour de l’inflation considérant qu’il ne s’agit pas d’un risque immédiat ni pour le long terme. Sauf que l’intéressé c’est l’impasse sur le maintien artificiel de zombie actuellement sous oxygène financier et qui bénéficie de liquidités comme les entreprises plus saines structurellement. Et les masses de liquidités sont loin de rester dans les sphères financières mais passe aussi dans l’économie en faussant les conditions de concurrence.

 

Chronique.

 

 Rêve des uns, cauchemar des autres, l’inflation revient dans le débat public. Ceux qui la souhaitent y voient de quoi faire fondre la dette Covid. Ceux qui la redoutent agitent son spectre pour s’opposer à toute relance monétaire. Mais les uns comme les autres surestiment largement la possibilité de son retour. C’est son contraire, la déflation, qu’il faut combattre aujourd’hui. Et à trop craindre le retour de l’inflation, c’est ce combat-là qui pourrait être perdu.

L’inflation n’est pas l’augmentation de quelques prix, fussent-ils ceux des biens que l’on consomme le plus (alimentation, énergie…), mais celle générale et durable du prix d’un large ensemble de biens et services, représentatif de ce que consomment les ménages. Lorsque le niveau général de ces prix augmente, une même quantité de monnaie ne permet plus d’acheter autant : l’inflation réduit le pouvoir d’achat de la monnaie, et donc aussi le poids réel des dettes. D’où l’idée que cela faciliterait le remboursement de la dette Covid.

Alors que l’inflation se situe actuellement à peu près partout au-dessous de zéro, les financiers du monde entier anticipent son retour. Mais par quelle porte, quelle fenêtre, l’inflation pourrait-elle bien revenir ? A vrai dire, presque aucune !

Par la fenêtre monétaire ? Cela revient à se demander si la monnaie que créent les banques centrales pour la prêter aux banques ou leur racheter des actifs va faire remonter l’inflation. Tant que cette monnaie centrale circulera en boucle dans la sphère financière, la réponse est non. Dans ce circuit fermé, son augmentation n’entraîne qu’une augmentation bien moindre de la monnaie en circulation dans l’économie, qui elle-même ne fait pas augmenter l’inflation. C’est que, dans des économies très financiarisées, la monnaie sert à acheter des titres financiers et des biens immobiliers, bien plus que des marchandises. Toute quantité additionnelle de monnaie se trouve ainsi en grande part aspirée dans la sphère financière, avec davantage d’impact sur le prix des titres que sur celui des biens et services.

L’inflation ne sera-t-elle alors plus jamais – l’économiste américain Milton Friedman (1921-2006) la voyait ainsi « partout et toujours » – un « phénomène monétaire » ? Charge aux macro économistes de repenser la circulation de la monnaie dans un espace d’échanges étendus aux transactions financières. Et aux banques centrales de se demander si elles ont la bonne mesure de l’inflation. Pour la Banque centrale européenne (BCE), ce ne serait toutefois pas si simple d’y intégrer le prix des titres et des biens immobiliers, car une moyenne de ces prix, qui ne suivent pas la même tendance d’un pays à l’autre de la zone euro, ne renseignerait sur la situation d’aucun.

EELV a un problème avec la République (Hidalgo)

EELV a un problème avec la République (Hidalgo)

Il est évident que les écolos bobos ont un sérieux problème avec la république, notamment avec le concept de laïcité. La vérité c’est que la plupart des responsables d’Europe écologie les Verts sont des gauchistes notoires qui instrumentalisent la problématique écologie pour exister politiquement puisque les organisations politiques d’extrême-gauche ne sont plus du tout crédibles. Une sorte de reconversion qui explique positionnement d’Europe écologie les Verts.

Les écologistes d’EELV ont un « problème de rapport à la République » et « il doit être clarifié » déclare non sans raison Anne Hidalgo la mère de Paris.. Interrogée samedi 21 novembre sur BFMTV, Anne Hidalgo a prononcé une lourde charge contre ses partenaires politiques à gauche. La maire socialiste de Paris affirme qu’elle ne pourrait « pas être adhérente du parti des verts » alors qu’elle est « profondément écologiste », en raison justement de ce rapport jugé problématique à la République. Selon elle, « il y a du travail à faire chez eux pour être beaucoup plus au clair ».

Anne Hidalgo, partenaire d’EELV à la mairie de Paris, affirme avoir un « dialogue exigeant avec eux » sur ce lourd dossier. « Quand il y a quelque chose qui est de mon point de vue, non pas une entorse mais quelque chose qui révèle que ce rapport à la République n’est pas travaillé ou pas suffisamment clarifié, je le dis. Je le dis en privé, poursuit Anne Hidalgo, dans mes discussions avec les membres de ma majorité, que je respecte évidemment, avec lesquels je travaille. Et je le dis publiquement aussi. » Ils doivent, dit-elle, comme d’autres à gauche, « sortir de leurs ambiguïtés » sur la laïcité.

Cette semaine, lors du Conseil de Paris, une délibération a été mise au vote pour donner le nom d’une place à Samuel Paty, l’enseignement assassiné par un terroriste islamique en octobre dernier. Les écologistes ont voté mais avec réticence en prétextant un rappel assez malvenu au règlement du Conseil de Paris. En théorie, un nom de rue ou de place ne peut pas être attribué dans un délai de moins de 5 ans après le décès d’une personnalité.

Le problème du vaccin pour les pays pauvres

Le problème du vaccin pour les pays pauvres

 

Dès maintenant se pose la questions de l’approvisionnement des vaccins pour les pays pauvres. En effet les pays développés sont engagés dans une course qui ressemble à une compétition douteuse pour pouvoir disposer d’un nombre de doses suffisantes à coup de milliards promis aux différentes industries pharmaceutiques. Cette course renchérit forcément le prix potentiel du vaccin et va écarter encore un peu plus les conditions d’accès des pays pauvres. Parmi les grands pays, Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni, Canada, Japon ont commandé pour leurs populations un total d’au moins 3,1 milliards de doses, selon un comptage de l’AFP. Donald Trump détient le record de commandes puisque son gouvernement a signé des contrats garantissant au moins 800 millions de doses auprès de six fabricants, pour 330 millions d’habitants, à livrer dès la fin de l’année pour une partie. «Les Etats-Unis sont potentiellement en situation d’avoir trop de vaccins si tous les projets dans lesquels ils ont investi réussissent», dit Richard Hatchett directeur général de la Coalition pour l’innovation en matière de préparation aux épidémies (Cepi), depuis Londres dans une interview à l’AFP. ses doses avec d’autres pays.

Un dispositif a bien été élaboré par l’organisation mondiale de la santé permettre un approvisionnement équitable d’un vaccin mais les États-Unis ont refusé de s’y soumettre, ce qui évidemment va peser sur la demande et la répartition. L’OMS souhaiterait que les fournitures de vaccins soient accessibles à 20 % de la population dans chaque pays. Pour éviter les surenchères de prix l’organisation mondiale de la santé préconise des achats groupés dans le cadre qu’elle a mis en place. Le problème c’est que la plupart des pays adhèrent à la fois à ce dispositif commun de l’OMS mais commandent aussi en parallèle les doses qui leur paraissent nécessaires avec chacun des laboratoires potentiellement susceptibles de fournir un jour un vaccin.

«Le problème de Macron est le temps déjà perdu»

«Le problème d’Emmanuel Macron est le temps déjà perdu»

 

Professeur de sciences politiques, Benjamin Morel ,maître de conférences en droit public à l’université Paris-II Panthéon-Assas  estime que Macon a perdu trop de temps et qu’il faudrait  5 ans  pour mettre en œuvre le plan annoncé par le premier ministre. ( Avec le programme gargantuesque de Castex serait sans doute plutôt une dizaine d’années NDLR). Interview dans le Figaro

 

- En reportant la réforme des retraites et celle de l’assurance-chômage sous la pression des syndicats, Emmanuel Macron est-il en voie de «chiraquisation», dans la lignée d’un prédécesseur critiqué pour ses atermoiements?

BENJAMIN MOREL. - Tout à fait. Cela se sent aussi à travers la variation autour des «territoires» – mot prononcé vingt-cinq fois mercredi par le premier ministre, Jean Castex, lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Le Clermontois que je demeure peut vous assurer que ce vocable n’a aucun sens et sonne très parisien dès lors que vous traversez le périphérique…

Il faut avoir en tête trois impératifs pour bien comprendre ce double report. Le premier est le calendrier parlementaire. Il reste au mieux quatorze mois d’agenda législatif, rythmé par des projets de loi budgétaires visant à juguler la crise. Or, pour mettre en place toutes les réformes annoncées, il faudrait cinq ans. Ensuite, le côté néochiraquien implique de jouer la concertation.

G20 :  le pib mondiale en baisse, la pauvreté en hausse

du fait du Coronavirus le G20 se réunit de façon virtuelle en ce moment sous la présidence de l’Arabie Saoudite. On y discute évidemment des perspectives économiques.  L’évolution toujours en hausse de la pandémie hypothèque le redressement de la croissance. Pour le mois de juin le fonds monétaire international a même révisé encore en baisse le pipe mondiale. Le Fonds monétaire international (FMI) a averti que l’économie mondiale, malgré certains signes de reprise, était confrontée à des vents contraires, notamment la possibilité d’une seconde vague de la pandémie. «Nous ne sommes pas encore sortis d’affaire», a prévenu sa directrice générale Kristalina Georgieva dans un message aux ministres des Finances du G20, soulignant que la pandémie risquait d’accroître la pauvreté et les inégalités.

En révisant à la baisse ses prévisions de croissance, le FMI a annoncé en juin qu’il s’attendait à un PIB mondial en baisse de 4,9% en 2020 en raison d’une contraction plus importante que prévu pendant les périodes de confinement.

«L’Illusion dangereuse qu’un expert peut tout et se saisir de n’importe quel problème »

 «L’Illusion dangereuse qu’un expert peut tout et se saisir de n’importe quel problème »

Le professeur d’HEC Thomas Paris craint, dans une tribune au « Monde » que réfléchir aux « défis de l’avenir » à travers des cadres macroéconomiques éloignées du quotidien de la réalité des acteurs est voué à l’échec

 

Tribune. Qu’elle a fière allure, la commission réunie par le président de la République pour le conseiller sur les enjeux du climat, des inégalités et de la démographie ! Prix Nobel français et internationaux, Massachusetts Institute of Technology (MIT), étoiles montantes de la recherche en économie… Rutilante comme une légion romaine. Toute la science économique est représentée. Toute ? Non. Un petit village…

Ne nous égarons pas. Il faut applaudir la démarche, qui concrétise une déclaration volontaire du Président en pleine crise du Covid-19 : « Il nous faudra […] interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour. »

Sans contester la qualité des membres de cette commission, force est de constater un manque. Ces brillants économistes partagent une culture et une approche communes, laquelle fait la part belle à la modélisation et aux catégories macroscopiques, que ce soient des indicateurs statistiques ou des formes de relations entre acteurs. Ne manque ainsi à l’appel que… le réel, ou tout au moins la capacité à le prendre en compte sans la médiation d’un cadre économique.

La crise des « gilets jaunes » alertait sur les limites d’une prise en compte simplifiée du réel par les pouvoirs publics. La mise entre parenthèses des corps intermédiaires et le coup de balai aux députés historiques avaient coupé le lien avec deux voies de lecture fine de la société. Certains ministères, privilégiant les statistiques au détriment des études, ont perdu leur capacité à comprendre leurs domaines d’intervention.

En découlent des réactions de stupéfaction, comme celle des acteurs de la culture qui ont pu s’étonner, alors que le président de la République venait d’annoncer un quasi-plan Marshall pour ce secteur, du manque de prise en compte des réalités. Soutenir les intermittents, très bien, mais, ont-ils dit, la culture n’est pas faite que d’intermittents…

La crise du Covid-19 a engendré un brouhaha médiatique, sur le plan sanitaire puis sur le terrain économique où mille et un commentateurs y sont allés à coup de sentences, de vérités, de solutions. Quand la prise de recul et la prudence paraissaient nécessaires, s’est imposée l’occupation de l’espace.

La crise est inédite, les enjeux complexes. Ils méritent une réflexion approfondie, ils méritent de comprendre comment elle se pose pour les acteurs sur le terrain, comment les individus réagissent au quotidien, comment les entreprises, petites et grandes, s’adaptent à la situation et comment ils revoient leur manière de travailler. Ce sont ces innombrables microdécisions qui construisent l’avenir.

Coronavirus «l’Etat a été le problème plus que la solution» (Jean-Louis Bourlanges)

Coronavirus «l’Etat a été le problème plus que la solution» (Jean-Louis Bourlanges)

Le député centriste Jean-Louis Bourlanges avait blâmé le gouvernement face à son choix de maintenir le premier tour des élections municipales. Depuis, il observe, silencieux, les répercussions du confinement. Pour l’Opinion, il analyse les failles que révèle cette crise sans égale.

Le gouvernement est attaqué de toutes parts sur sa gestion de la crise, notamment sur son impréparation et ses injonctions contradictoires. Souscrivez-vous à ces critiques ?

Non. Je crois que ceux qui les profèrent sont inconscients de l’ampleur et de la complexité du défi que nos sociétés, dirigeants et citoyens confondus, doivent relever. Jamais, au cours des derniers siècles, nous n’avons été confrontés à un virus aussi contagieux, aussi déroutant dans ses symptômes et aussi déconcertant dans son cheminement. Il n’était pas déraisonnable d’appeler en janvier les populations au sang froid dès lors que les précédentes vagues virales, le Sras ou le H1N1, n’avaient que marginalement atteint l’Europe. Sans doute le gouvernement a-t-il hésité, tâtonné et commis quelques erreurs mais mesure-t-on bien la cruauté inouïe du dilemme auquel il a été confronté : accepter des dizaines, voire des centaines de milliers de morts, ou confiner tout un peuple et faire sombrer l’économie dans un trou sans fond, avec à la clé une montagne prévisible de souffrances matérielles et morales ? Il ne faut souhaiter à personne d’avoir à faire de tels choix.

Je ne m’étais pas insurgé contre le maintien de ces élections, mais j’avais expliqué publiquement pourquoi le report était nécessaire. C’est à mon avis la seule erreur sérieuse du gouvernement que de les avoir maintenues. On ne pouvait à la fois s’engager, comme c’était inévitable, sur la voie du confinement entre les deux tours et maintenir le premier à la date prévue. Là, il y a eu injonction contradictoire : sortir pour voter, rester chez soi pour survivre. Ceux qui lui en font reproche aujourd’hui ne manquent toutefois pas de toupet car ils n’avaient pas eu de mots assez durs – « coup de force », voire « coup d’Etat » – pour stigmatiser une décision qui eût été parfaitement légitime.

L’évolution de la doctrine sur le port du masque n’est-elle pas de nature à décrédibiliser un peu plus encore la parole publique ?

Personne n’a jamais dit que les masques ne servaient à rien, mais c’est en découvrant l’incroyable contagiosité du virus qu’on a progressivement pris conscience de leur absolue nécessité. Le drame, c’est d’avoir dû gérer la pénurie artificiellement créée quelques années plus tôt par la destruction des stocks Bachelot. Là aussi, toutefois, soyons un peu humbles : que n’avait-on dit du gaspillage supposé de l’argent public entraîné par la fabrication de ces stocks !

Cette crise prouve-t-elle que l’union nationale est un concept révolu ou utopiste ?

Une union politicienne serait dérisoire ou monstrueuse, mais est-ce signe de passéisme ou d’utopie que d’espérer, face à une épreuve de cette sorte, voir un peuple gagné par la sagesse partager les vertus magnifiquement rappelées par la Reine d’Angleterre : l’autodiscipline, la détermination bienveillante et l’esprit de camaraderie ? Je vois bien qu’une France agressivement fragmentée n’a cessé ces dernières années de cultiver le complotisme et le ressentiment et je crains que la machine à se haïr ne soit menacée d’emballement. Il me semble malgré tout que les Français devraient faire l’effort de s’envisager au lieu de se dévisager.

Certains juristes s’étranglent des modalités du texte sur l’état d’urgence sanitaire et le gouvernement réfléchit à l’option du tracking pour repérer les malades lors du déconfinement. Faut-il sacrifier une part de nos libertés individuelles pour sauver des vies ?

Il y a deux ans, j’avais été plutôt réservé sur la démarche du gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme car il s’agissait alors d’inscrire dans le droit commun et dans la durée une partie, certes limitée mais quand même, des remises en cause circonstancielles de notre état de droit par l’état d’urgence. Aujourd’hui, il s’agit de conduire un processus inverse : autoriser en raison de circonstances exceptionnelles et pour une durée strictement limitée des dérogations à certaines garanties de droit commun. Bien sûr, il s’agit d’être très prudent pour veiller à ce que l’exception ne devienne pas la règle, mais sachons voir la gravité des enjeux en cause : réussir le déconfinement pour éviter un collapsus durable de l’économie. Je ne serais pas choqué par des dispositions autorisant le tracking si j’avais la garantie qu’elles ne survivraient pas à la période de déconfinement.

L’économie de notre pays est à l’arrêt et des voix s’élèvent partout pour dire que tout doit changer. Comment imaginez-vous le cahier des charges pour « le jour d’après » ?

Dire que tout doit changer sans jamais dire ce qui va changer, c’est s’exposer à ne rien changer du tout. Le pire scénario, et ce n’est pas le moins probable, c’est effectivement que rien ne change mais que tout se déglingue sur les trois plans économique, social et géopolitique. Pour conjurer ce risque, nous avons besoin de concevoir un scénario économique équilibré combinant soutien à la demande et à l’offre et se garder de faire des proclamations à l’emporte-pièce sur l’augmentation durable des transferts sociaux et l’accroissement souhaitable du rôle de l’état. Ce que révèle l’épreuve en cours, c’est que l’Etat a été le problème plus que la solution. Evitons le simplisme et reconnaissons en lui à la fois un irremplaçable assureur social, un redistributeur nécessaire mais guetté par l’embonpoint et un piètre gestionnaire de biens et de services. A l’heure des « faut qu’on » et des « y a qu’à », sommes-nous vraiment prêts à la nuance et à la modération ?

Cette crise va-t-elle automatiquement donner un coup d’arrêt à la mondialisation comme le prédisent certains ?

Je n’en crois pas un mot car, si on y regarde de près, rien dans cette crise n’est véritablement imputable à la mondialisation, sinon l’habitude difficile à contrecarrer d’aller les uns chez les autres. Pour casser durablement la chose, il faudrait que nous soyons capables de repenser en profondeur la division internationale du travail et d’en imposer autoritairement une nouvelle.  « Vaste programme », aurait dit le général de Gaulle. La multilocalisation des grandes entreprises financières et industrielles restera la règle car elle est dictée par la demande. Je crois en revanche qu’on observera une certaine relocalisation de la production/consommation agricole ainsi qu’une remise en cause des excès en matière de stockage et de flux tendus. La seule chose qui va toutefois compter, c’est l’ampleur des destructions de valeur et des pertes d’emploi.

Enquête sur le mal-être hospitalier: ce n’est pas le problème

Enquête sur le mal-être hospitalier: ce n’est pas le problème

 

Le nouveau ministre de la santé commence mal son mandat en proposant de lancer une enquête sur le mal-être hospitalier. Une manière de gagner du temps voire d’enterrer le problème car la question n’est pas d’identifier le mal être hospitalier mais de trouver les moyens d’une meilleure efficacité et d’une juste affectation des ressources. Bref ,c’est surtout la question des moyens qui est en cause. Le mal être des hôpitaux est relativement bien identifié y compris par le ministre lui-même qui donnait encore des consultations il y a quelques jours. De toute évidence, le nouveau ministre de la santé, en bon politicien, tente de repousser la question centrale avec une enquête bidon qui ne fera que confirmer ce que l’on sait déjà sur le manque criant d’effectifs dans certains services ; mais aussi sur le besoin de réorganisation générale d’hôpitaux qui ne sont pas réellement gérés avec les moyens adaptés. “Il faut réformer l’hôpital et il faut y associer ceux qui le font vivre au quotidien”, a déclaré l’ancien député de l’Isère lors de la passation de pouvoirs au ministère de la Santé, à Paris.

“Je lancerai dans les prochains jours une enquête nationale (…) pour consulter les hospitaliers – directeur, médecins, infirmiers, brancardiers – pour tenter de saisir en détail le sens de leur engagement auprès du public et les raisons du mal-être qu’ils disent ressentir depuis un certain nombre d’années désormais.”

Le départ du gouvernement d’Agnès Buzyn, qui a remplacé au pied levé Benjamin Griveaux comme candidate de la République en marche (LaRem) pour les municipales à Paris, a été accueilli avec colère et inquiétude dans les rangs du personnel hospitalier en France, qui redoute de nouveaux délais dans les négociations.

“Quand un nouveau ministre arrive, il y a toujours un temps où il va mettre en place ses équipes, étudier les dossiers, alors que la situation est là, il y a urgence à des décisions”, a souligné le porte-parole de l’association des médecins urgentistes de France (AMUF), Christophe Prudhomme.

Quant au choix d’Olivier Véran, “mettre comme ministre celui qui avait été à la manoeuvre pour faire voter la loi de finance, qui motive aujourd’hui le mouvement à l’hôpital, ça frise la provocation”, a-t-il ajouté sur franceTVinfo.

Née le 18 mars 2019 à l’hôpital parisien Saint-Antoine à la suite d’un acte de violence envers des soignants, la contestation sociale dans les hôpitaux s’est étendue depuis aux autre régions de France, contraignant l’exécutif à annoncer une série de mesures et de plans.

Dévoilé en novembre, le dernier “plan d’urgence” prévoit notamment la reprise de 10 milliards d’euros de dette des hôpitaux publics sur les comptes de l’Etat et une prime annuelle de 800 euros pour les infirmiers et aides-soignants de la région parisienne les moins bien rémunérés.

Ces annonces ne sont pas parvenues à éteindre la colère des syndicats qui demandent toujours une hausse des salaires et la création de postes supplémentaires.

Plusieurs milliers de personnes ont une nouvelle fois manifesté vendredi à Paris dans le cadre d’une journée d’action nationale pour défendre l’hôpital public. Un millier de chefs de service et de responsables hospitaliers ont par ailleurs démissionné de leur fonctions d’encadrement pour protester contre l’absence de réponse du gouvernement à leurs revendications.

Brexit : le problème, c’est pour quand ?

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Finalement , le vote de la chambre des communes n’est guère éclairant sur les suites du brexit. En effet en théorie, l’accord négocié par Boris Johnson et l’union européenne a été adopté ( notons qu’il diffère très peu de l’accord passé avec Theresa May sauf sur les tarifs douaniers de l’Irlande du Nord). Le problème, c’est que cet accord est gelé et qu’on ne sait pas s’il pourra entrer en application. La chambre des communes a en effet exigé que cet accord de transition ne puisse être appliqué avant la mise au point d’un dispositif législatif interne au Royaume-Uni. À noter que la mise au point législative demandera des semaines et même des mois. Un nouveau report du brexit est donc incontournable à moins d’une rupture sans accord que refusent aussi les parlementaires. Du côté de l’union européenne,  il y a quelques réticences à nouveau report en particulier en provenance de la France. Cependant la France pèse de moins en moins dans l’union économique en raison notamment de son attitude condescendante voir méprisante. La France a d’ailleurs payé cette posture avec le refus de la candidature française, celle de Sylvie Goulard à un poste de la commission. Dans un premier temps, il semble bien qu’on pourrait consentir, comme le souhaite l’Allemagne qui dirige  la manœuvre, un délai de trois mois. Un délai court  éviterait de mettre Boris Johnson dans une position politique trop inconfortable. De toute manière,  Boris Johnson ne dispose pas de majorité pour influencer  à son profit le dispositif législatif. La chambre des Communes  pourrait bien mettre quelques coups de canif dans l’application de l’accord de transition. Un jour ou l’autre des élections seront la seule solution sortie de l’enlisement. Le problème est que cette dissolution doit être approuvée par la chambre des représentants et que sur cette question les avis sont partagés. Pour l’instant , il n’y a pas non plus une majorité organisée cette élection. Théoriquement, les tories sont en tête dans les sondages assez loin devant les travaillistes; cependant Boris  Johnson s’est fait de nombreux ennemis un peu partout au Royaume uni et le résultat d’une élection pourrait apporter des surprises. En outre ,de nouvelles élections nécessiteront à peu près obligatoirement encore un report du Brexit. Il n’est pas certain que la nouvelle majorité qui se dégagerait approuverait l’accord de Boris Johnson.  Les 27 de l’Union européenne officiellement  soutiennent le principe d’un report du Brexit au-delà du 31 octobre mais discutent toujours de sa durée, a indiqué ce mercredi une source européenne à l’issue d’une réunion des ambassadeurs à Bruxelles.

« Tous sont tombés d’accord sur le besoin d’un report pour éviter un Brexit sans accord. La durée du report est toujours en discussion », a-t-il ajouté.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a poursuivi ses discussions mercredi avec les chefs d’Etat et de gouvernement mercredi, selon la même source.

Mardi, il a recommandé aux Etats membres de l’UE d’accepter un troisième report, cette fois jusqu’au 31 janvier, après un vote des députés britanniques qui ont accepté le principe de l’accord tout en rejetant le calendrier imposé par Boris Johnson pour l’adopter.

« L’avis (des ambassadeurs) a été unanime pour estimer qu’une extension est nécessaire pour surmonter l’impasse avec Londres », selon l’un des participants qui a aussi estimé que les diplomates étaient plutôt favorables à « une extension plus longue », c’est à dire au 31 janvier 2020.

 

Bébés sans bras :  » un problème de santé publique ?

Bébés sans bras :  » un problème de santé publique ?

 

L’affaire des bébés sans bras pose un double problème, un qui met en cause la santé publique, un autre sur la gestion d’éventuels risques. L’administration en charge de la gestion de la santé a déclaré d’emblée qu’il n’y avait pas de problème d’ampleur nationale. Une affirmation un peu péremptoire et surtout prématurée dans la mesure où il faudra sans doute des études épidémiologiques sur des les années voir des dizaines d’années pour le vérifier Une erreur méthodologique aussi d’importance car la première démarche est de faire une enquête qualitative sur les différents cas et les facteurs explicatifs possibles. Ensuite seulement doit venir le temps de la quantification. D’une manière générale, c’est un scandale de confier à ceux qui gèrent le risque de faire une enquête sur leur propre gestion de ce risque. Ce que dénonce la directrice générale du registre des malformations en Rhône-Alpes. Emmanuelle Amar réagissait à la plainte déposée par une famille de l’Ain au début du mois contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui » dans le cadre de l’affaire des bébés nés sans bras. Leur enfant est né en 2012 avec une agénésie transverse du membre supérieur. (Interview France Info)

 

C’est vous qui avez révélé cette affaire depuis qu’un médecin a signalé en 2010 trois premiers cas d’enfants nés sans bras ou main dans l’Ain. Est-ce que vous comprenez la volonté de cette famille de l’Ain de faire appel à la justice ?

Emmanuelle Amar : Je ne crois pas trop m’avancer en disant que les familles ont été échaudées et qu’elles se trouvaient dans une impasse, face à un mur, sans savoir quoi faire alors que la réalité des cas est là. On leur oppose des motivations ou des raisons statistiques alors qu’on sait que la statistique n’a pas grand chose à faire avec une affaire de santé publique telle que celle-ci. Elles n’avaient donc pas d’autre interlocuteur vers lequel se tourner que la justice et je pense que c’est peut-être une bonne chose.

Ça veut dire que les deux enquêtes menées jusque-là par Santé publique France peuvent être biaisées ?

Je ne sais pas dans quel pays on confie les clés d’une commission d’enquête à ceux-là même qui ont affirmé qu’il n’y avait pas d’excès de cas et qui ont affirmé qu’il n’y avait pas lieu de faire une enquête. Ce sont à ces mêmes institutions qu’on a confié les clés d’une commission d’enquête et en réalité, on retombe exactement au même point où on était en 2018 et 2017.

L’intervention d’un magistrat indépendant pourrait changer la donne ? 

Je le crois. Dans un premier temps, le magistrat instructeur va se retrouver à Marseille, ça permet un peu de dépayser, de dépassionner l’affaire. Il offre une garantie d’indépendance et d’impartialité. La question n’est pas tant de chercher des responsabilités que de comprendre ce qui a pu se passer. Ce qu’on peut déplorer, c’est qu’en général, pour trouver un agent toxique responsable, on a tout à gagner à rapprocher les informations. L’objectif est de repérer celles qui sont en commun avec les différents sites où des malformations ont été observées. Ça permet de faciliter leur exploitation, de rassembler les éléments de preuve. Là, on fait tout le contraire, on dit qu’on ne cherchera pas dans l’Ain, en Loire-Atlantique et pour ce qui est du Morbihan, on cherchera mais uniquement à Guidel et dans des données administratives. On comprend que les parents soient déçus. Aujourd’hui, on n’a aucune idée de l’agent causal et on a l’impression avec cette commission qui a décidé qu’il n’y aurait de recherches de faites qu’à Guidel, que tout est mis en œuvre pour qu’on ne le trouve jamais.

Quel serait l’intérêt de Santé publique France de faire cela ?

C’est très difficile à dire, et d’ailleurs ce n’est pas à moi de préjuger. Tout ce que je sais, c’est que nous avons averti en temps et en heure et après nos alertes, les enfants sont nés sans bras aux endroits où on avait déjà alerté. On sait très bien que d’un point de vue statistique, en fonction de la définition d’un cas, en fonction des critères géographiques, temporaux, les résultats peuvent varier du tout au tout. Donc, la question statistique, on peut la prendre en considération, il va y avoir un débat, mais elle ne se pose pas en premier lieu. Elle va intervenir mais en deuxième, troisième position. Là, elle intervient en première position et ça choque parce que la question n’est pas là. La question est qu’il y a un problème de santé publique qui n’a pas été pris en considération.

Industrie : le problème du recrutement (Vincent Charlet)

Industrie : le problème du recrutement (Vincent Charlet)

 

Vincent Charlet, délégué général du think tank La Fabrique de l’industrie souligne les problèmes de recrutement et de reconversion des salariés dans l’industrie (interview La Tribune)

 

 

. Comment expliquez-vous les difficultés des salariés de l’industrie à retrouver du travail ?

VINCENT CHARLET - Dans une récente étude, nous avons analysé le devenir des salariés des secteurs exposés à la mondialisation lorsqu’ils perdent leur emploi. Qu’est-ce qui se passe lorsque les salariés de l’industrie sont victimes d’un licenciement économique ? Le premier constat est que cela leur arrive moins souvent qu’à ceux qui travaillent dans des secteurs abrités de la mondialisation. Autrement dit, la compétition mondiale détruit moins d’emplois que la compétition locale.

En revanche, quand ils sont victimes de licenciement, c’est plus difficile pour eux de se reconvertir. Tant que la personne est en poste, elle améliore son employabilité en perfectionnant ses compétences métier. En revanche, en cas de pépin ou de retournement de la conjoncture, l’avenir économique du salarié à court terme dépend de sa capacité à se vendre à un nouvel employeur, éventuellement dans un autre secteur. Il est donc nécessaire pour lui de passer une partie de son temps en activité à développer des compétences transversales plutôt que des compétences métier. D’autant que les salariés sont amenés à piloter un nombre plus vaste de fonctions en étant un peu moins experts de chacune de ces fonctions. Ce faisant, la perte des compétences métier fragilise les salariés mais aussi les entreprises, parce qu’elles perdent des compétences incorporées. Il faut accompagner l’évolution des techniques en faisant des choix judicieux.

Quels peuvent être les leviers pour inciter les entreprises et les salariés à se former à l’industrie du futur ?

Un des enjeux est de savoir comment la France peut développer des filières de formation sur les nouvelles compétences de codage, de data mining, de big data. La France possède des institutions d’enseignement et de formation dans le supérieur, en particulier des écoles d’ingénieurs, qui sont dans l’ensemble assez réactives et branchées sur les besoins industriels. Et même si elles réagissent avec un peu de retard, je n’ai pas trop d’inquiétude. Ces institutions vont développer des formations qui correspondent aux besoins du marché du travail. S’il y avait un grave déficit, cela finirait par se voir.

Quels sont les enjeux pour les travailleurs du point de vue des compétences et d’organisation dans le secteur industriel ?

Le besoin en personnels sachant interagir sur une interface numérique se renforce. Certains DRH m’ont signalé que cela faisait partie des cinq ou six compétences clés qu’ils avaient repérées. En parallèle, des aspects organisationnels accompagnent cette transformation numérique. L’organisation du travail se déplace progressivement vers des schémas dans lesquels les hiérarchies sont plus plates et les équipes plus autonomes. Les gens sont plus polyvalents et échangent davantage d’informations avec leurs « voisins ».

L’opérateur de demain devra être plus qualifié, plus autonome. Parfois, cette montée en autonomie finit par se faire au détriment des compétences métier. Les employeurs sont alors confrontés à un dilemme. Certains déplorent d’avoir des apprentis chaudronniers qui ne savent pas tenir un chalumeau mais qui savent programmer un robot, et d’autres déclarent qu’ils ont besoin de chaudronniers sachant programmer mais qu’ils n’en trouvent pas.

À volume de formation constant, il est difficile de permettre aux apprentis de maîtriser les deux compétences. C’est aussi un dilemme pour la formation continue des ouvriers déjà en poste.

Du côté des dirigeants et des cadres, quels sont les principaux défis ?

L’enjeu majeur est de savoir comment les entreprises et les managers accompagnent au juste rythme l’expansion de leur périmètre d’activité et la perte de certaines compétences métier sans que cela fragilise les organisations et les individus. Le défi dans le cadre de l’industrie du futur n’est pas d’imaginer les métiers de demain. Je pense qu’au regard de la réactivité du système de formation le marché du travail répondra bien à la question.

En revanche, l’évolution des compétences des personnes est un sujet compliqué. C’est un sujet socialement et politiquement lourd. Si l’évolution des compétences des actifs se fait au même rythme que le progrès technique, on peut assister à un phénomène schumpétérien favorable. Le progrès technique peut développer de nouvelles activités qui viennent remplacer les anciennes. Si les deux évolutions ne se font pas au même rythme, les ajustements, même s’ils sont temporaires, peuvent être brutaux. Le spectre du chômage technologique peut revenir avec des gens qui ont peur que les robots et l’intelligence artificielle détruisent des emplois. À long terme et en théorie on sait qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur mais, même si ce n’est que transitoirement juste, ça peut être très problématique.

Êtes-vous optimiste sur la formation des gens à l’industrie du futur ?

Il ne faut pas être optimiste, ni pessimiste, mais volontariste. On ne peut pas nier que le progrès technique induise des changements dans l’organisation du travail. Mais nul ne peut affirmer que ces changements sont positifs ou négatifs. Les nouvelles technologies peuvent donner lieu à l’amélioration des conditions de travail et à des créations d’emploi, ou l’inverse. Tout dépend des conditions dans lesquelles les technologies sont déployées. Cela dépend du modèle économique de l’entreprise, de la qualité de son dialogue social, de sa pratique de formation.

Les études macroéconomiques sur la recherche et développement finissent par conclure que la R & D toute seule n’est pas une poule aux oeufs d’or. La création de richesse se manifeste quand il y a une politique de formation, quand on dispose d’une main-d’oeuvre suffisamment formée pour tirer parti des ressources offertes par les nouvelles technologies. On ne peut pas considérer le déploiement technologique sans penser en même temps à la formation et à l’organisation du travail. Sinon, c’est comme cela que l’on voit ressurgir le risque d’asservissement de l’opérateur au robot.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les chefs d’entreprise pour recruter dans l’industrie en général et dans l’industrie du futur ?

Les difficultés des industriels aujourd’hui pour recruter sont assez anciennes et représentent un véritable boulet pour les entreprises. C’est une des raisons principales de la décroissance ou de la faible croissance dans certaines entreprises industrielles. Les chefs d’entreprise ne peuvent pas trouver de ressources humaines alors que leurs carnets de commandes sont pleins. La situation typique est celle d’une entreprise de taille moyenne dans un territoire peu dense qui a besoin de gens compétents et bien formés dans des métiers industriels en tension comme les chaudronniers, les soudeurs. Même des entreprises aussi prestigieuses qu’Orano (ex-Areva) ou les chantiers navals ont du mal à recruter dans ces métiers.

En outre, l’industrie souffre d’un problème d’image. Il y a beaucoup de secteurs d’activité qui ont ce sentiment. C’est un diagnostic qu’on entend souvent dans le BTP, dans l’artisanat, dans l’agriculture. Dans certains territoires, le recrutement est le problème numéro un. Les entreprises industrielles ont aujourd’hui un appareil de production qui tourne au maximum de ses capacités, elles investissent relativement peu dans des biens d’équipement. Le parc industriel s’étend peu et il a parfois des difficultés à répondre à la demande.

L’industrie du futur est encore un scénario abstrait pour un grand nombre d’employeurs industriels, notamment dans des territoires moins accessibles. Ce n’est pas dans ces zones que le récit de l’industrie du futur fait le plus d’émules. Les grands groupes ont moins de problèmes de recrutement, ils sont bien impliqués dans la transformation numérique et l’industrie du futur.

Avec les différentes vagues de la décentralisation, les régions ont vu leurs compétences économiques renforcées. Quels sont les principaux défis pour les acteurs régionaux ?

Pour la plupart des territoires, le principal enjeu de l’industrie du futur est celui de la sensibilisation et de la persuasion. Il y a encore un grand nombre de PME qui ne se sentent pas concernées. Par ailleurs, les régions ont un rôle très important à jouer en matière de formation. Il faut réduire la concurrence entre l’offre de formation professionnelle portée par les branches et celle portée par l’Éducation nationale. Certains proposent de rapprocher les deux. Je pense que c’est une réflexion qu’il faut poursuivre.

Industrie : le problème du recrutement

Industrie : le problème du recrutement (Vincent Charlet)

 

Vincent Charlet, délégué général du think tank La Fabrique de l’industrie souligne les problèmes de recrutement et de reconversion des salariés dans l’industrie (interview La Tribune)

 

 

. Comment expliquez-vous les difficultés des salariés de l’industrie à retrouver du travail ?

VINCENT CHARLET - Dans une récente étude, nous avons analysé le devenir des salariés des secteurs exposés à la mondialisation lorsqu’ils perdent leur emploi. Qu’est-ce qui se passe lorsque les salariés de l’industrie sont victimes d’un licenciement économique ? Le premier constat est que cela leur arrive moins souvent qu’à ceux qui travaillent dans des secteurs abrités de la mondialisation. Autrement dit, la compétition mondiale détruit moins d’emplois que la compétition locale.

En revanche, quand ils sont victimes de licenciement, c’est plus difficile pour eux de se reconvertir. Tant que la personne est en poste, elle améliore son employabilité en perfectionnant ses compétences métier. En revanche, en cas de pépin ou de retournement de la conjoncture, l’avenir économique du salarié à court terme dépend de sa capacité à se vendre à un nouvel employeur, éventuellement dans un autre secteur. Il est donc nécessaire pour lui de passer une partie de son temps en activité à développer des compétences transversales plutôt que des compétences métier. D’autant que les salariés sont amenés à piloter un nombre plus vaste de fonctions en étant un peu moins experts de chacune de ces fonctions. Ce faisant, la perte des compétences métier fragilise les salariés mais aussi les entreprises, parce qu’elles perdent des compétences incorporées. Il faut accompagner l’évolution des techniques en faisant des choix judicieux.

Quels peuvent être les leviers pour inciter les entreprises et les salariés à se former à l’industrie du futur ?

Un des enjeux est de savoir comment la France peut développer des filières de formation sur les nouvelles compétences de codage, de data mining, de big data. La France possède des institutions d’enseignement et de formation dans le supérieur, en particulier des écoles d’ingénieurs, qui sont dans l’ensemble assez réactives et branchées sur les besoins industriels. Et même si elles réagissent avec un peu de retard, je n’ai pas trop d’inquiétude. Ces institutions vont développer des formations qui correspondent aux besoins du marché du travail. S’il y avait un grave déficit, cela finirait par se voir.

Quels sont les enjeux pour les travailleurs du point de vue des compétences et d’organisation dans le secteur industriel ?

Le besoin en personnels sachant interagir sur une interface numérique se renforce. Certains DRH m’ont signalé que cela faisait partie des cinq ou six compétences clés qu’ils avaient repérées. En parallèle, des aspects organisationnels accompagnent cette transformation numérique. L’organisation du travail se déplace progressivement vers des schémas dans lesquels les hiérarchies sont plus plates et les équipes plus autonomes. Les gens sont plus polyvalents et échangent davantage d’informations avec leurs « voisins ».

L’opérateur de demain devra être plus qualifié, plus autonome. Parfois, cette montée en autonomie finit par se faire au détriment des compétences métier. Les employeurs sont alors confrontés à un dilemme. Certains déplorent d’avoir des apprentis chaudronniers qui ne savent pas tenir un chalumeau mais qui savent programmer un robot, et d’autres déclarent qu’ils ont besoin de chaudronniers sachant programmer mais qu’ils n’en trouvent pas.

À volume de formation constant, il est difficile de permettre aux apprentis de maîtriser les deux compétences. C’est aussi un dilemme pour la formation continue des ouvriers déjà en poste.

Du côté des dirigeants et des cadres, quels sont les principaux défis ?

L’enjeu majeur est de savoir comment les entreprises et les managers accompagnent au juste rythme l’expansion de leur périmètre d’activité et la perte de certaines compétences métier sans que cela fragilise les organisations et les individus. Le défi dans le cadre de l’industrie du futur n’est pas d’imaginer les métiers de demain. Je pense qu’au regard de la réactivité du système de formation le marché du travail répondra bien à la question.

En revanche, l’évolution des compétences des personnes est un sujet compliqué. C’est un sujet socialement et politiquement lourd. Si l’évolution des compétences des actifs se fait au même rythme que le progrès technique, on peut assister à un phénomène schumpétérien favorable. Le progrès technique peut développer de nouvelles activités qui viennent remplacer les anciennes. Si les deux évolutions ne se font pas au même rythme, les ajustements, même s’ils sont temporaires, peuvent être brutaux. Le spectre du chômage technologique peut revenir avec des gens qui ont peur que les robots et l’intelligence artificielle détruisent des emplois. À long terme et en théorie on sait qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur mais, même si ce n’est que transitoirement juste, ça peut être très problématique.

Êtes-vous optimiste sur la formation des gens à l’industrie du futur ?

Il ne faut pas être optimiste, ni pessimiste, mais volontariste. On ne peut pas nier que le progrès technique induise des changements dans l’organisation du travail. Mais nul ne peut affirmer que ces changements sont positifs ou négatifs. Les nouvelles technologies peuvent donner lieu à l’amélioration des conditions de travail et à des créations d’emploi, ou l’inverse. Tout dépend des conditions dans lesquelles les technologies sont déployées. Cela dépend du modèle économique de l’entreprise, de la qualité de son dialogue social, de sa pratique de formation.

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Les études macroéconomiques sur la recherche et développement finissent par conclure que la R & D toute seule n’est pas une poule aux oeufs d’or. La création de richesse se manifeste quand il y a une politique de formation, quand on dispose d’une main-d’œuvre suffisamment formée pour tirer parti des ressources offertes par les nouvelles technologies. On ne peut pas considérer le déploiement technologique sans penser en même temps à la formation et à l’organisation du travail. Sinon, c’est comme cela que l’on voit ressurgir le risque d’asservissement de l’opérateur au robot.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les chefs d’entreprise pour recruter dans l’industrie en général et dans l’industrie du futur ?

Les difficultés des industriels aujourd’hui pour recruter sont assez anciennes et représentent un véritable boulet pour les entreprises. C’est une des raisons principales de la décroissance ou de la faible croissance dans certaines entreprises industrielles. Les chefs d’entreprise ne peuvent pas trouver de ressources humaines alors que leurs carnets de commandes sont pleins. La situation typique est celle d’une entreprise de taille moyenne dans un territoire peu dense qui a besoin de gens compétents et bien formés dans des métiers industriels en tension comme les chaudronniers, les soudeurs. Même des entreprises aussi prestigieuses qu’Orano (ex-Areva) ou les chantiers navals ont du mal à recruter dans ces métiers.

En outre, l’industrie souffre d’un problème d’image. Il y a beaucoup de secteurs d’activité qui ont ce sentiment. C’est un diagnostic qu’on entend souvent dans le BTP, dans l’artisanat, dans l’agriculture. Dans certains territoires, le recrutement est le problème numéro un. Les entreprises industrielles ont aujourd’hui un appareil de production qui tourne au maximum de ses capacités, elles investissent relativement peu dans des biens d’équipement. Le parc industriel s’étend peu et il a parfois des difficultés à répondre à la demande.

L’industrie du futur est encore un scénario abstrait pour un grand nombre d’employeurs industriels, notamment dans des territoires moins accessibles. Ce n’est pas dans ces zones que le récit de l’industrie du futur fait le plus d’émules. Les grands groupes ont moins de problèmes de recrutement, ils sont bien impliqués dans la transformation numérique et l’industrie du futur.

Avec les différentes vagues de la décentralisation, les régions ont vu leurs compétences économiques renforcées. Quels sont les principaux défis pour les acteurs régionaux ?

Pour la plupart des territoires, le principal enjeu de l’industrie du futur est celui de la sensibilisation et de la persuasion. Il y a encore un grand nombre de PME qui ne se sentent pas concernées. Par ailleurs, les régions ont un rôle très important à jouer en matière de formation. Il faut réduire la concurrence entre l’offre de formation professionnelle portée par les branches et celle portée par l’Éducation nationale. Certains proposent de rapprocher les deux. Je pense que c’est une réflexion qu’il faut poursuivre.

Les salaires : problème central

Les salaires : problème central

La question des salaires devient de plus en plus cruciale surtout en ce début d’année où nombre de produits et services ont subit des augmentations sensibles. Des augmentations qui concernent surtout les dépenses contraintes. Ce ne sont pas les 10 € attribués par exemple aux smicards qui permettront de faire face à la croissance des prix. L’évolution des rémunérations a encore été très contrainte en 2017 Le salaire mensuel de base a seulement augmenté en 2017 de 1,3 %, soit au même rythme qu’en 2016, a indiqué ce mardi le ministère du Travail. On objectera sans doute que dans le même temps l’inflation a été relativement sage ce qui garantit en théorie le pouvoir d’achat. Reste que la structure de consommation des Français se modifie ;  la part des dépenses contraintes ne cesse d’augmenter alors que les dépenses ajustables elles ont tendance à diminuer. Par exemple les Français achètent de moins en moins de textile. Dans sa déclaration face à des journalistes hier Macron a  indiqué que les Français verront les résultats ça politique de manière plus complète vers 2020.  “Il faut progressivement que les choses deviennent perceptibles pour qu‘elles soient crues. Il y a une partie des gens légitimement qui veulent attendre de le voir et je le respecte profondément. C‘est en 2020 qu‘ils auront la totalité de ces mesures ” Pas sûr que les Français attendent jusqu’à cette date pour supporter  des rémunérations très encadrées. Cela d’autant plus qu’ils pourront être étonnés que la reprise économique indiscutable en 2017 mais surtout en 2018 (ou pourrait atteindre près de 3 % d’augmentation du PIB) ne profite pas davantage aux salariés. À noter que dans les préoccupations,  le pouvoir d’achat occupe désormais la tête chez les Français (plus de 50 % tandis que la question du chômage vient en seconde position à peu près à égalité avec la fiscalité (autour de 40 %).

Réforme fonction publique : « un sérieux problème de méthode »(Berger)

Réforme fonction publique : « un sérieux problème de méthode »(Berger)

 

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, à justement critiqué la méthode du gouvernement, dans une interview publiée samedi dans Le Monde. « Ils y vont fort », a-t-il réagi, à propos de ces pistes annoncées jeudi, dont un plan de départs volontaires et le recours à davantage de contractuels. « Il y a un gros problème de méthode: c’est très étonnant d’annoncer une concertation sur toute l’année 2018 et de donner dès à présent une partie des conclusions », a réagi M. Berger, réclamant que le gouvernement organise « très vite » une rencontre avec les syndicats. Finalement cette erreur de méthode devrait être favorable syndicats paradoxalement car le gouvernement en s’attaquant aux moyens réduits sa marge de manœuvre. En effet s’il avait commencé par l’objet même des missions régaliennes leurs moyens d’exécution y compris en personnel le champ des possibles aurait été autrement plus important pour réduire de manière justifiée le nombre  de fonctionnaire. En s’engageant tout de suite sur la question sociale le gouvernement risque de s’embourber et de se lier les mains. Sur le fond, la CFDT critique le souhait du gouvernement de proposer une « rémunération plus individualisée ». Actuellement, la rémunération des fonctionnaires repose sur un socle commun et des primes et promotions. « Il faut dire quelle est la part de la rémunération collective et quelle est la part de l’individuel », a interrogé M. Berger, craignant que cette mesure n’entraîne « des disparités liées aux marges budgétaires des employeurs plus qu’en fonction de l’investissement au travail ». Sur le recours à davantage de contractuels, le leader syndical s’interroge aussi: « ça veut dire quoi ? Pour qui ? Comment ? Tout cela mérite des éclaircissements, car il y a des craintes de profonds bouleversements pour les agents ». Sur la question de la rémunération et du recours aux contractuels, il demande des clarifications. “Hurler au loup maintenant n‘a aucun sens mais la CFDT sera attentive et exigeante pour que l‘action publique continue de reposer demain sur des agents publics reconnus et respectés”, a-t-il dit.

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