Carburants : les prix font baisser la consommation
Prix en hausse et changement de comportement ont fait baisser la consommation de carburant en 2012 ; pour 2013, la hausse des prix reprend en attendant l’alignement du prix du gasoil sur l’essence voulue par l’Europe et les écologistes ; Selon l’Union française des industries pétrolières (Ufip), la fédération du secteur, les livraisons de carburants en France ont baissé de 1,2% au total à 50 millions de mètres cubes. Celles d’essence ont chuté de 6,5%, contre une quasi-stabilité (-0,2%) pour le gazole. »Après trois années de stabilité (…), l’année 2012 est marquée par une baisse notable », a commenté sobrement Jean-Louis Schilansky, président de l’organisation professionnelle. Ce recul « semble résulter à la fois de l’amélioration de la performance énergétique des véhicules et de l’adaptation de comportement des consommateurs au niveau élevé des prix des carburants », a-t-il avancé. Même si cette diminution ne semble guère impressionnante au premier abord, le recul est remarquable dans la mesure où la dernière baisse significative de la consommation française de carburants remontait à 2008, année durant laquelle les prix du pétrole avaient atteint des records historiques. Elle avait stagné ensuite, malgré une récession historique en 2009. Si les cours du brut n’ont pas battu leurs records de 2008, les prix des carburants en France ont en revanche touché l’an dernier de nouveaux sommets historiques, tant en moyenne annuelle qu’en montant absolu, sur fond de tensions au Moyen-Orient conjuguées à une dépréciation de l’euro. A cet égard, l’année 2013 ne commence pas sous les meilleurs auspices, et les automobilistes pourraient subir à tout moment une nouvelle flambée des prix. En effet, du fait de la fin graduelle des mesures gouvernementales instaurées fin août pour calmer les prix à la pompe, les cours des carburants sont remontés ces dernières semaines à des niveaux peu éloignés de leurs records de 2012. Par ailleurs, la diéselisation spectaculaire du parc automobile français se confirme. Selon l’Ufip, les ventes de diesel ont représenté 81,6% des ventes totales de carburants routiers au mois de décembre, ce qui constitue un nouveau record. Or, le gazole est de plus en plus décrié en raison de ses émissions de particules, notamment depuis juin dernier, lorsque l’organisation mondiale de la Santé (OMS) a classé les gaz d’échappement des moteurs diesel parmi les cancérogènes certains pour les humains. Cela nourrit des appels récurrents à rééquilibrer la fiscalité des carburants en France, nettement en faveur du diesel depuis des décennies. Les écologistes tentent régulièrement de remettre le sujet sur le tapis. Mais le gouvernement a jusqu’ici botté en touche, arguant que plusieurs secteurs économiques (comme le transport routier, l’agriculture ou la pêche) sont de gros consommateurs de diesel. Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier s’y est dit défavorable au début du mois, plaidant pour un « dispositif judicieux » préservant la compétitivité des entreprises. Pourtant, les raffineurs français sont les premiers à réclamer un rééquilibrage de la fiscalité, car ils sont obligés depuis des années d’importer du gazole et d’exporter des surplus massifs d’essence pour répondre à la demande, ce qui vient s’ajouter à leurs difficultés structurelles. Les raffineries hexagonales font en effet face à une surcapacité chronique. Deux d’entre elles, Petroplus à Petit-Couronne (Seine-Maritime) et LyondellBasell sur l’Etang de Berre (Bouches du Rhône) sont actuellement en quête d’un repreneur. Et, après une embellie sur les neufs premiers mois de 2012, les marges de raffinage en Europe sont reparties à la baisse fin 2012, selon les calculs de Total.