Sud: développer les investissements privés dans les énergies propres
Par
Michael R. Bloomberg; Envoyé spécial des Nations unies pour l’ambition et les solutions en faveur du climat
L’envoyé spécial des Nations unies pour les solutions en faveur du climat salue, dans une tribune au « Monde », le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, dont l’un des principaux résultats devrait être l’engagement ferme des pays les plus riches à tenir la promesse de financement faite il y a plus de dix ans
Les plus grandes avancées humaines, scientifiques et technologiques depuis la deuxième guerre mondiale se sont appuyées sur la modernisation de notre système financier à la conférence de Bretton Woods en 1944. Aujourd’hui cependant, ce même système peine à répondre de manière satisfaisante au plus grand défi économique, humanitaire et de santé publique auquel nous sommes confrontés : le changement climatique.
Cette défaillance apparaît principalement dans deux domaines.
Premièrement, les investissements privés dans les énergies propres n’augmentent pas suffisamment vite.
Deuxièmement, les pays qui ont contribué le moins au changement climatique sont confrontés aux risques les plus graves.
Pour pallier ces problèmes, les entreprises, les gouvernements et les institutions internationales doivent travailler ensemble. L’ambitieux Sommet pour un nouveau pacte financier mondial convié par le président de la République, Emmanuel Macron, les 22 et 23 juin peut nous aider à franchir des étapes importantes.
L’engagement ferme des pays les plus riches à tenir la promesse de financement faite il y a plus de dix ans [en 2009] pourrait être un des principaux résultats de ce sommet. Cela permettrait de débloquer au moins 100 milliards de dollars [environ 91 milliards d’euros] par an pour aider les pays en développement à investir dans les énergies propres et des infrastructures résilientes. Même si ce n’est qu’une petite fraction du financement nécessaire, cela permettrait de faire décoller les investissements privés dans ces énergies et améliorer la confiance entre le Nord et le Sud, qui est cruciale pour agir.
Un soutien plus innovant de la part des institutions financières internationales est également essentiel. Pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, les pays émergents et en développement ont besoin d’investissements annuels supplémentaires estimés à 2 400 milliards de dollars dans les énergies propres et la résilience des infrastructures d’ici à 2030. Des objectifs plus ambitieux en matière de financement climatique et une moindre aversion au risque permettraient aux banques multinationales de développement de libérer des centaines de milliards de dollars, et aussi de catalyser davantage d’investissements privés.
La participation au sommet du nouveau directeur de la Banque mondiale, Ajay Banga, qui souhaite placer le changement climatique au cœur de la mission de la banque, est encourageante. Il en est de même pour la première ministre de la Barbade, Mia Mottley, qui a proposé des réformes afin d’obtenir le soutien des institutions financières internationales aux pays en développement.