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La priorité du pouvoir d’achat

La priorité du pouvoir d’achat

Le pouvoir d’achat devient la priorité, estime, dans une tribune au « Monde », l’économiste Gérard Fonouni.

 

L’inflation imputable au renchérissement du coût de l’énergie et des matières premières agricoles, lié à la guerre en Ukraine, pourrait dépasser le seuil des 5 % en 2022. Les fins de mois seront de plus en plus difficiles pour les ménages aux revenus modestes et pour les retraités n’ayant pour seul revenu que leur pension. Avec la même quantité de monnaie ils ne pourront plus acheter la même quantité de biens, faute de revenu suffisant.

Dans ce contexte de crise, le pouvoir d’achat est désormais la priorité des Français devant la santé et le dérèglement climatique. Le pouvoir d’achat dépend du prix et du revenu. Dès lors, pour distribuer davantage de pouvoir d’achat, deux types de mesures sont possibles. Le premier type consiste à bloquer les prix à la consommation durant la période inflationniste.

 

Or, dans une inflation par les coûts, cette mesure ne peut être que provisoire. Elle risquerait de mettre en difficulté les petites et moyennes entreprises, et donc risquerait de fragiliser l’emploi. C’est pourquoi l’augmentation des salaires reste la mesure la mieux adaptée et la plus efficace pour préserver durablement le pouvoir d’achat des ménages. Celle-ci doit s’effectuer grâce à l’engament mutuel de l’État et des entreprises.

En effet, en période inflationniste, le pouvoir d’achat est l’affaire des pouvoirs publics. L’Etat est un des acteurs du pouvoir d’achat des agents économiques aussi bien du secteur public que du secteur privé. Afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages, l’Etat social pourrait, comme il a commencé à le faire avec le « quoi qu’il en coûte », agir directement sur les revenus disponibles en augmentant certaines prestations sociales ciblées sur les ménages modestes.

L’Etat a aussi la faculté d’augmenter de nouveau le smic, ainsi que le point d’indice des fonctionnaires. Il pourrait aussi indexer les retraites sur les prix permettant de garantir le pouvoir d’achat des retraités. L’indexation ne serait en aucun cas une menace à long terme pour l’équilibre de notre système de répartition selon les différents scénarios du Conseil d’orientation des retraites (COR).

 

De plus, il est capable aussi d’administrer les prix de l’énergie, évitant ainsi toute spéculation sur leurs cours. Cette régulation réduisant la fluctuation des prix du gaz, de l’électricité et du carburant limiterait leurs diverses hausses irrégulières et encouragerait la transition écologique à moyen et long terme des entreprises puisque leur environnement serait moins incertain dans ce contexte de crise de l’énergie.

Pouvoir d’achat: la priorité

Pouvoir d’achat: la  priorité 

Le pouvoir d’achat devient la priorité, estime, dans une tribune au « Monde », l’économiste Gérard Fonouni.

 

L’inflation imputable au renchérissement du coût de l’énergie et des matières premières agricoles, lié à la guerre en Ukraine, pourrait dépasser le seuil des 5 % en 2022. Les fins de mois seront de plus en plus difficiles pour les ménages aux revenus modestes et pour les retraités n’ayant pour seul revenu que leur pension. Avec la même quantité de monnaie ils ne pourront plus acheter la même quantité de biens, faute de revenu suffisant.

Dans ce contexte de crise, le pouvoir d’achat est désormais la priorité des Français devant la santé et le dérèglement climatique. Le pouvoir d’achat dépend du prix et du revenu. Dès lors, pour distribuer davantage de pouvoir d’achat, deux types de mesures sont possibles. Le premier type consiste à bloquer les prix à la consommation durant la période inflationniste.

 

Or, dans une inflation par les coûts, cette mesure ne peut être que provisoire. Elle risquerait de mettre en difficulté les petites et moyennes entreprises, et donc risquerait de fragiliser l’emploi. C’est pourquoi l’augmentation des salaires reste la mesure la mieux adaptée et la plus efficace pour préserver durablement le pouvoir d’achat des ménages. Celle-ci doit s’effectuer grâce à l’engament mutuel de l’État et des entreprises.

En effet, en période inflationniste, le pouvoir d’achat est l’affaire des pouvoirs publics. L’Etat est un des acteurs du pouvoir d’achat des agents économiques aussi bien du secteur public que du secteur privé. Afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages, l’Etat social pourrait, comme il a commencé à le faire avec le « quoi qu’il en coûte », agir directement sur les revenus disponibles en augmentant certaines prestations sociales ciblées sur les ménages modestes.

L’Etat a aussi la faculté d’augmenter de nouveau le smic, ainsi que le point d’indice des fonctionnaires. Il pourrait aussi indexer les retraites sur les prix permettant de garantir le pouvoir d’achat des retraités. L’indexation ne serait en aucun cas une menace à long terme pour l’équilibre de notre système de répartition selon les différents scénarios du Conseil d’orientation des retraites (COR).

 

De plus, il est capable aussi d’administrer les prix de l’énergie, évitant ainsi toute spéculation sur leurs cours. Cette régulation réduisant la fluctuation des prix du gaz, de l’électricité et du carburant limiterait leurs diverses hausses irrégulières et encouragerait la transition écologique à moyen et long terme des entreprises puisque leur environnement serait moins incertain dans ce contexte de crise de l’énergie.

Santé publique : La priorité à la prévention

Santé publique : La priorité à la prévention

 

Plutôt qu’ajouter « une nouvelle couche au millefeuille actuel » des agences gouvernementales, trois experts en santé publique préconisent notamment, dans une tribune au « Monde », la création d’un fonds de prévention qui serait alimenté par une taxe sur les produits comme l’alcool ou certains aliments.

 

Tribune.

 

L’histoire se répète. Seules les crises font évoluer le système de santé. C’est particulièrement vrai pour la santé publique, où les crises de la vache folle, du sang contaminé ou des médicaments ont amené les gouvernements successifs à créer les agences de sécurité sanitaire : l’Agence nationale de santé publique, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail ou encore l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.

En cette période de crise liée à la pandémie de Covid-19, les tribunes et les rapports se succèdent pour « dessiner la santé publique de demain », lui « donner un nouveau souffle » ou encore « révolutionner la santé publique ». Il est étonnant de constater que les propositions sont très centrées sur la mécanique de ces structures afin de renforcer l’expertise, la recherche ou la formation, au risque de rajouter une nouvelle couche au millefeuille actuel. Il faut raison garder : renforcer les moyens de l’organisation existante permettrait de répondre aux besoins identifiés lors des dernières crises.

Ce qu’il convient de prendre en compte avant tout, c’est la prévention, qui peut être considérée, en France, comme très sinistrée. Elle a besoin d’expertises, d’acteurs et de financements.

Les enjeux sont considérables. Toutes les données scientifiques et d’évaluation concluent à des retours d’investissements très importants dans ce domaine qui permettraient d’augmenter significativement l’espérance de vie, et surtout l’espérance de vie en bonne santé. Ainsi, par exemple, 41 % des cancers sont évitables par des mesures de prévention, en jouant sur les consommations de tabac, d’alcool, sur la nutrition, en luttant contre les pollutions environnementales, en luttant contre la sédentarité, en vaccinant…

Pour porter la prévention, il est nécessaire, tout d’abord, de s’appuyer sur la recherche et l’expertise : connaître l’impact des déterminants de santé est fondamental, notamment les facteurs sociaux, source de très fortes inégalités de santé. Mais ce n’est pas suffisant.

Il convient aussi d’évaluer les programmes et actions de terrain, afin de valoriser ceux qui ont fait preuve d’efficacité et ainsi financer des programmes opérationnels performants.

Il convient ensuite de soutenir les acteurs de la prévention. Ils sont multiples :

  • Le milieu associatif est le seul à pouvoir assurer la fonction du « aller vers », ce dont on a pris conscience pendant l’épidémie de Covid-19, pour toucher les populations les plus isolées. Pendant l’épidémie de sida, sans l’aide des associations, il n’aurait pas été possible de toucher certaines communautés habituées à des pratiques à risques ou particulièrement vulnérables.
  • Il ne faut pas oublier les nombreuses structures publiques présentes sur l’ensemble du territoire, qui constituent un maillage pour la protection de l’enfance et, parfois, un filet de sécurité pour les populations les plus fragiles du fait de leur gratuité : réseaux de périnatalité, centres de protection maternelle et infantile, services de pédopsychiatrie, santé scolaire. Toutes ces structures ont été considérablement fragilisées par tous les gouvernements précédents alors que leurs missions sont cruciales, tant en termes de protection que de promotion de la santé. Le soutien de toutes ces structures est le seul moyen de bâtir la territorialisation dont a besoin la prévention pour être efficace.
  • Enfin, il convient de s’appuyer sur les enseignants pour développer l’éducation à la santé, garante de futurs comportements favorables ; et sur la santé au travail, en dépassant la logique individuelle nécessaire mais non suffisante. Cela permettrait de prendre en compte les expositions auxquelles les travailleurs sont soumis.

Crise sanitaire: Pour une priorité à l’enfant

Crise sanitaire: Pour une priorité à l’enfant

 

Les cinq organisations représentatives nationales des infirmières puéricultrices, soutenues par la Société française de pédiatrie, réclament, dans une tribune au « Monde », des mesures d’urgence du président de la République, face au mépris du gouvernement en pleine crise sanitaire, et dénoncent une opportunité gâchée pour la santé de l’enfant.

 

Tribune.

L’épidémie de bronchiolite est cette année en France précoce et intense. Cette pathologie, qui entraîne une détresse respiratoire aiguë en particulier chez les plus petits (moins de 6 mois), fait peser une charge importante sur les services d’urgences, de réanimation pédiatrique et de pédiatrie générale, pourtant déjà fortement mobilisés par la crise sanitaire que nous vivons actuellement. Chez les moins de 10 ans, le taux d’incidence des contaminations au coronavirus explose, même si le nombre d’hospitalisations reste contenu.

Dans le même temps, les alertes se multiplient : fermetures de services d’urgences pédiatriquespénurie de soignants formés en pédiatrie… La situation s’avère catastrophique. Progressivement, ce sont les professions expertes dans la santé de l’enfant qui disparaissent, y compris les médecins pédiatres, dans une triste indifférence. Emmanuel Macron, à travers sa politique des « 1 000 premiers jours », avait fait de l’enfance une priorité de son quinquennat.

Lire aussi  Article réservé à nos abonnés Avec le retour de la bronchiolite, les hôpitaux de nouveau sous tension

Force est de constater que la réponse du gouvernement à la situation actuelle est aujourd’hui incohérente, voire défaillante. Que dire du mépris affiché envers les infirmières puéricultrices, représentant plus de 22 000 professionnels aujourd’hui en France, qui ne cessent d’alerter le gouvernement depuis des mois ?

Leur demande : reconnaître enfin une profession créée il y a plus de soixante-dix ans, œuvrant chaque jour dans les services hospitaliers (maternité, néonatalogie, pédiatrie…) et extrahospitaliers (protection maternelle et infantile, modes d’accueil…) pour accompagner les familles et la santé de l’enfant.

Cette crise ne touche pas que l’hôpital. Un rapport de mai 2021 de l’inspection générale des affaires sociales relevait déjà le manque criant de suivi de la santé des enfants en ville, la pénurie de pédiatres, et la nécessité de valoriser les acteurs de la santé de l’enfant. Le déploiement des compétences des infirmières puéricultrices était alors pointé comme une des solutions à mettre en œuvre, d’autant plus depuis 2009 alors que la formation initiale d’infirmier ne comporte plus d’enseignements pédiatriques.

Perspectives économiques 2022 : Priorité à la santé, à l’éducation et au climat (OCDE)

Perspectives économiques 2022  : Priorité à la santé, à l’éducation et au climat (OCDE)

 

Laurence Boone, économiste en chef de l’OCDE affirme estime « qu’il y a une réforme en profondeur des finances publiques à faire en faveur de la santé, de l’éducation et du climat. »  dès l’année 2022 ( intreview dans la Tribune)

Comment se caractérise la reprise économique heurtée par le variant Omicron à l’échelle mondiale ? A quoi faut-il s’attendre en 2022 ?

LAURENCE BOONE - La reprise continue mais il y a beaucoup de déséquilibres partout dans le monde, que ce soit entre les pays et à l’intérieur des pays. Ces déséquilibres peuvent se manifester dans les chaînes de production et dans l’inflation. Cette année 2022 va être un exercice d’équilibre. En 2021, le rebond du PIB a été très fort au niveau mondial à 5,6%. La croissance devrait passer à 4,5% en 2022 et 3,2% en 2023. Si des déséquilibres existent entre les différentes régions du monde, la dynamique est globalement la même à cet horizon.

La croissance rapide du variant Omicron nous rappelle qu’on est loin d’être sortis de la crise sanitaire. Néanmoins, avec la vaccination qui progresse, le soutien de la politique monétaire et budgétaire dans le monde, la reprise se poursuit et devrait atteindre un pic au tournant de 2021, puis revenir de manière assez graduelle au type de croissance d’avant crise. D’ici fin 2023, le monde devrait être revenu sur le sentier de croissance que l’on connaissait avant cette crise sanitaire. On est prudemment optimistes.

Quelles sont les principales divergences entre les Etats-Unis et la zone euro dans cette reprise ?

Il y a un certain nombre de déséquilibres à commencer par la façon dont les pays ont reconquis la croissance. La reprise est contrastée entre les Etats-Unis et la zone euro. En zone euro, beaucoup d’efforts ont été faits pour maintenir les personnes dans l’emploi et pour soutenir l’emploi. Cela se traduit par une situation sur l’emploi qui est revenue à son niveau d’avant-crise. Elle devrait continuer de s’améliorer dans les mois à venir.

Aux Etats-Unis, le taux d’emploi est à la traîne et ne devrait pas retrouver avant fin 2023 son niveau d’avant-crise. Le recul du PIB a été un peu plus limité en 2020 aux Etats-Unis par rapport à l’Europe. Et le rebond a été fort outre-Atlantique. Ce qui signifie qu’en cas de choc, l’emploi risquerait de souffrir aux Etats-Unis alors qu’en Europe, c’est plutôt la croissance.

Vous êtes particulièrement vigilante sur la reprise dans les économies émergentes.

La pandémie a encore ralenti le processus de rattrapage des économies de marché émergentes. Depuis 2014, ce rattrapage avait commencé à stagner. Avec la pandémie, l’écart de niveau de vie entre les pays avancés et les pays émergents a tendance à s’accroître. Ce déséquilibre mondial se forme car il y a moins de vaccins, moins de soutiens monétaires et budgétaires dans les pays émergents. Cela n’est pas très favorable pour leur niveau de vie et pour la demande qu’ils adressent aux pays avancés.

Que devrait-on faire pour limiter ces déséquilibres ?

La première chose à faire pour réduire ces déséquilibres économiques est la vaccination. Il

La dette: une priorité ? d’après Mosconi

La dette: une priorité ? d’après Mosconi

Mosconi président de la Cour des Comptes est évidemment dans son rôle rappelé la nécessité de faire face à la dette. Mais de là à considérer que cette dette est une priorité pour le pays est en contradiction autant avec les déséquilibres budgétaires qui ne font que s’accroître qu’avec l’amplification de l’endettement total. L’endettement global est en effet passé de 100 % du PIB avant la pandémie à près de 115 % et rien n’indique qu’on ne pourra inverser ce rapport ou même modifier cette tendance avant des années surtout avec les différents promesses électorales des différents candidats.La question ne se reposera sérieusement que le jour où les taux d’intérêt recommenceront à s’envoler. Aujourd’hui les taux bas favorisent au contraire l’accroissement de l’endettement

Les chiffres de la croissance et de l’emploi sont rassurants. Tout va-t-il mieux en France?
Notre pays sort de la crise dans une situation économique plutôt favorable. La croissance française est l’une des plus fortes d’Europe. Le taux prévu après le troisième trimestre de 2021, de 6,6%, est inattendu… Et c’est heureux! Il signifie notamment que les Français ont commencé à consommer la surépargne accumulée pendant la crise. Ces bonnes nouvelles ont incité le Haut Conseil des finances publiques (HCFP), que je préside également, à considérer comme plausible la prévision d’une croissance à 4% pour 2022. Mais des incertitudes demeurent.

 

Lesquelles?
La situation sanitaire reste fragile : jeudi, l’Organisation mondiale de la santé a indiqué que l’Europe redevenait l’épicentre de l’épidémie. La situation économique mondiale est aussi incertaine, compte tenu de la montée des prix de l’énergie, par exemple. Ces facteurs pourraient pousser notre croissance à la baisse. Heureusement d’autres peuvent la stimuler, comme le plan d’investissement. A ce stade, ces éléments s’équilibrent, mais tout n’est pas gagné sur le long terme.

La forte croissance actuelle pourrait-elle n’être qu’une bulle?
La crise a considérablement complexifié nos prévisions économiques : il est plus difficile de savoir! La croissance 2022 sera solide, mais nous devons muscler nos fondamentaux, pour assurer à long terme notre croissance potentielle – celle qui est indépendante de la conjoncture. Comme la Cour des comptes l’a recommandé en juin, il nous faut poursuivre nos investissements dans la transition écologique, numérique, dans l’éducation, les compétences, l’innovation et la recherche. Nous ne resterons sans doute pas durablement à des taux à 4 ou 6% : ce sont des niveaux de rattrapage. Ne pensons pas que nous vivons forcément de nouvelles Trente Glorieuses. La croissance de demain dépendra de nous!

Le gouvernement agit-il assez en faveur du désendettement?
Je reste très vigilant sur la situation de nos finances publiques. Le plan d’investissement, le plan compétences, l’indemnité inflation ont augmenté le déficit prévu pour 2022, à 5% du PIB. Ce taux est plus important que la moyenne de la zone euro. Notre dette publique reste aussi à un niveau élevé : 115% du PIB pour 2021, 113,5% pour 2022. Dans son avis du 3 novembre, le HCFP a souligné un point critique : les nouvelles recettes générées par la croissance et l’augmentation de la masse salariale ne sont pas affectées au désendettement mais à des dépenses nouvelles et à des baisses d’impôts. Or, je le redis : nous devrons honorer le rendez-vous de la diminution de la dette publique. Après les échéances démocratiques du printemps, il faudra que la France choisisse cette pente, pour ne pas décrocher de ses partenaires qui, eux, ont engagé ce mouvement. Nous devons préserver la confiance des investisseurs. Il ne s’agit de jouer ni les oiseaux de mauvais augure ni les prophètes de l’austérité : c’est une question de crédibilité et de souveraineté pour la France comme pour la zone euro.

Le gouvernement a promis d’affecter le surplus de recettes fiscales – 3 à 5 milliards d’euros – au désendettement…
Jusqu’à présent, cela n’a pas été le cas. Les recommandations formulées par le HCFP sont un appel à le faire, et je me réjouis des engagements pris en ce sens. A l’avenir, le désendettement doit être l’une de nos principales préoccupations.

Quelles sont les réformes structurelles prioritaires pour assurer ce désendettement?
Deux piliers sont essentiels : la croissance, qui nécessite des investissements dans les secteurs clés que j’évoquais. Et la maîtrise des dépenses publiques qui représentent aujourd’hui plus de 59% du PIB. Il nous faut réfléchir aux moyens de dépenser moins, tout en étant plus performants et plus équitables. A travers la publication, d’ici à la fin de l’année, de notes structurelles, nous avons lancé des réflexions sur les minima sociaux, la justice, la police, le logement, l’éducation, la santé… Des réformes pour faire mieux et plus juste sans dépenser plus sont possibles. Celle des retraites est incontournable. Elle devra être négociée collectivement, équitable et étalée dans le temps.

Certains vous accusent, avec ces propositions, d’endosser un rôle trop politique à cinq mois de la présidentielle. Que répondez-vous?
La Cour des comptes est une institution indépendante et impartiale, elle se garde de toute intervention dans le débat politique. Ce qui ne signifie pas qu’elle est la Grande Muette. Elle contribue à l’information des citoyens, comme la Constitution le prévoit.

Le 30 novembre, la mise en disponibilité d’une magistrate de la Cour des comptes, Sarah Knafo, également proche conseillère du polémiste Eric Zemmour, prendra fin, sauf reconduction. Reviendra-t-elle travailler à vos côtés?
En tant que premier président, j’ai édicté une règle : tout magistrat de la Cour des comptes qui prendra une part ostensible, officielle dans la campagne d’un candidat à l’élection présidentielle, quel qu’il soit, doit se mettre en disponibilité. Pour protéger sa réputation, et celle de l’institution. Cette règle s’applique à tous, pas seulement à Mme Knafo.

Cybersécurité : priorité nationale

Cybersécurité : priorité nationale

Pour Nicolas Glady ,directeur général de Telecom Paris ,la cyber sécurité constitue un enjeu majeur qui participe de la souveraineté industrielle et politique. Un secteur qui manque cruellement d’effectifs et de formation. (Dans l’Opinion, extrait,).

 

 

Fréquemment réduite dans le débat public à une question technique, réservée aux initiés, la cybersécurité est pourtant l’affaire de tous. C’est une problématique globale, dont les implications, toujours plus nombreuses, conditionnent notre avenir numérique, notre intégrité nationale et notre souveraineté industrielle et politique. Pour protéger notre espace collectif, il est urgent d’augmenter nos systèmes de formation, pour que les citoyens, les entreprises et l’Etat, puissent faire face à cet enjeu stratégique.

Avant d’être la victime de malveillances en tout genre, notre cybersécurité est victime du débat public. Elle n’est souvent abordée qu’à l’occasion de grandes failles de sécurité, comme celle survenue il y a peu à l’AP-HP, et est présentée avec une sophistication technique qui n’incite pas à la mobilisation collective ! Car, de tous les maillons de la cybersécurité, c’est bien souvent le maillon humain, celui des usages et des fragilisations induites par des conduites dangereuses ou inconscientes qui est négligé. La sécurité doit pourtant être pensée sur toute la « verticale » du numérique. Concevoir un fort imprenable sans penser à ses usages et ses matériaux, c’est reproduire en matière numérique les mêmes erreurs militaires qui ont vu s’effondrer tant de défenses prétendument invulnérables.

En matière numérique comme en matière militaire, la question n’est pas de savoir comment ériger des murs infranchissables, mais comment former une nation entière ! La cyberdéfense n’est qu’une partie de notre cybersécurité. Or, nous acceptons d’évoluer dans un monde numérique sans éducation systématique, sur ce sujet clé du XXsiècle. Nous ne devons pas nous contenter de déléguer à des spécialistes, privés ou publics, le soin de notre cybersécurité. Nous devons et pouvons tous y participer activement. La formation à la cybersécurité devrait être une priorité nationale !

Souvent occultée des plans nationaux de cybersécurité, c’est pourtant bien la formation qui devrait en être le préalable. Mais une telle action requiert quelques évolutions de nos modèles. Nos besoins nationaux et internationaux en la matière sont colossaux. Selon le consortium (ISC) 2, il manquerait quatre millions d’experts cybersécurité dans le monde. En France, la pénurie d’experts est telle qu’il nous faudrait au minimum doubler les effectifs actuels dès aujourd’hui pour garantir notre sécurité nationale.

Nous n’atteindrons pas cet objectif uniquement par la formation initiale, c’est-à-dire en ne formant que des jeunes ingénieurs. Les écoles pourraient augmenter leurs capacités de formation grâce à la formation tout au long de la vie, pourvu qu’elles soient soutenues : le coût total, pour l’Etat, du doublement de formation en cybersécurité ne représenterait même pas le dixième des recettes fiscales exceptionnelles et imprévues de cette année… Dans les faits, ce coût pourrait être optimisé en s’appuyant sur des formations certifiantes. Elles pourraient prendre la forme de modules dédiés et apporter des compétences spécifiques à des professionnels actifs ou en reconversion. Ces formations pourraient également s’adresser à des organisations.

Cela implique de remettre en cause notre modèle du « tout Master 2 » et construire des formations de quelques jours à plusieurs mois, adaptées à tous les publics et à tous les âges. Il faut former tous les collaborateurs de l’organisation, quel que soit leur niveau d’expérience ou de technicité. Un tel changement doit être collectif. Il implique que de nombreux acteurs se mobilisent pour réformer durablement la formation professionnelle qui doit être envisagée tout au long de la vie : les acteurs publics, les écoles, les entreprises et toutes les parties prenantes doivent échanger pour élaborer cette offre de formation.

« La priorité nationale”: Un concept illégal ?

 » La priorité nationale”: Un concept illégal ? 

Marine Le Pen, « comme d’ailleurs Xavier Bertrand et Eric Zemmour », se comportent en « fossoyeurs » de notre histoire et de notre République, estiment, dans une tribune au « Monde », l’avocat Emmanuel Daoud et les juristes Justine Pointurier et Marie Sudre.

 

Tribune. 
Lors du journal de 20 heures sur France 2, lundi 27 septembre, la présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a déclaré vouloir mettre en place un référendum d’initiative populaire visant « à réguler drastiquement l’immigration, à rétablir des critères pour l’entretien et le maintien sur le territoire mais aussi pour l’acquisition de la nationalité française, [à mettre en œuvre] la priorité nationale, c’est-à-dire la priorité pour les Français [d’obtenir] un logement social, un emploi et une protection sociale ». 

Pour ce faire, elle veut recourir à la notion de « bouclier constitutionnel » s’inspirant de ce qui existe en Allemagne, permettant, selon elle, que « tout texte international ou toute disposition de ce texte qui est contraire à la Constitution reste purement et simplement inappliqué ».

Le « bouclier constitutionnel » évoqué permet-il d’écarter l’application des textes et conventions internationales qui protègent les droits de l’homme ?

Rappelons que, selon le principe de primauté, le droit européen a une valeur supérieure aux droits nationaux des Etats membres. Ce principe a été rappelé dans un arrêt fondateur de la Cour de justice des communautés européennes (CJCE), Costa contre ENEL, du 15 juillet 1964, et s’applique dans tous les Etats de l’Union européenne (UE).

Cependant, la Cour constitutionnelle fédérale allemande a jugé, dans un arrêt rendu en 2015, que « la primauté de l’application du droit de l’Union européenne est limitée par les principes constitutionnels qui sont hors de portée de l’intégration européenne ».

Cet arrêt fait référence à l’article 23 de la Loi fondamentale allemande, au terme duquel l’UE doit assurer le respect du « principe de subsidiarité » et garantir « une protection des droits fondamentaux substantiellement comparable à celle de la présente Loi fondamentale ». Il s’agit de préserver l’identité constitutionnelle allemande et les droits fondamentaux qui en découlent.

A la lecture de ces textes, il ressort que la Loi fondamentale ou la Constitution – son équivalent français – ne sauraient s’ériger en un obstacle à l’application du droit européen et des garanties afférentes, bien au contraire. La Constitution doit ainsi assurer une protection supplémentaire des droits fondamentaux et non pas les écarter ou les restreindre contrairement à la volonté de Marine Le Pen et du RN.

 

Réparer l’école, la priorité (Michel Barnier)

 Réparer l’école, la priorité (Michel Barnier)

 

L’ancien ministre, candidat à la primaire de la droite, estime, dans une tribune au « Monde » (extrait) , qu’il est urgent de réparer l’école face aux résultats inquiétants qu’enregistrent les élèves français dans les classements internationaux.

 

Tribune.

Rendons-nous à cette triste évidence : notre école est en crise. Tant de parents et d’élèves en souffrent, tant d’enseignants aussi. Nous subissons un inexorable glissement dans les classements internationaux, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) donne des résultats inquiétants en sciences, en compréhension de l’écrit, en mathématiques. Nous étions naguère dans les tout premiers ; nous pointons désormais entre la 20e et la 26e place.

En mathématiques, fleuron de notre monde académique, le niveau de nos jeunes s’est en moyenne effondré. Nous nous flattons à raison de nos nombreuses médailles Fields mais, pour la première fois depuis trente ans, le dernier palmarès de ce prix prestigieux, décerné en 2018, ne comprenait aucun Français. Tout un symbole. Dans un monde de plus en plus dur, nos jeunes sont de plus en plus désarmés.

Et pourtant : nos élèves ne sont pas moins doués et la France a produit plus de lettrés, plus de savants, plus de créateurs que bien d’autres pays ! C’est le système qui a failli. Au lieu de se consacrer à son devoir de transmission du savoir et d’émancipation de chacun, l’éducation nationale, singulièrement depuis 1968, s’est mêlée de vouloir transformer la société. La vocation première de l’éducation qui est d’« élever » (quel beau mot !) nos enfants vers le meilleur d’eux-mêmes, a été dévoyée. Enseigner, c’est transmettre et élever. Pour l’avoir oublié, notre système a contribué à aggraver les inégalités et à enfermer tant d’élèves dans leur catégorie sociale ou leur communauté d’appartenance supposée.

 

A la déroute pédagogique et morale s’ajoute – disons-le ! – une faillite matérielle. Alors que dans les pays de l’OCDE la dépense moyenne par élève augmentait de 8 % entre 2010 et 2016, elle baissait de 5 % en France. Chaque pays exprime ses priorités par des actes : en France, la priorité n’est clairement pas la jeunesse ! L’avenir ne fait plus recette.

Pour preuve, la fonction enseignante, naguère si valorisée, connaît une crise de recrutement sans précédent. Le nombre des candidats au Capes s’est effondré. Celui des élèves sortis du système scolaire sans formation s’est fortement accru, pour dépasser 10 % d’une classe d’âge. Nous avons 80 % de bacheliers, mais le bac a perdu de sa valeur. Les recalés sont devenus des relégués. Le bac pour tous, totem des années Lang, est devenu une machine à exclure. Les mots entendus au début du quinquennat du président sortant avaient pu paraître encourageants : le moins que l’on puisse dire est que les actes n’ont pas suivi.

BCE : Priorité au climat ?

 BCE : Priorité au climat ?

La stratégie monétaire de la banque centrale européenne devrait désormais être fortement influencée par la préoccupation environnementale notamment concernant le climat estime Christine Lagarde, la présidente.

La BCE entend accroître sa contribution », souligne la banque de Francfort. Le sujet relève aussi de sa compétence dans la mesure où le changement climatique et la transition vers une économie plus durable « influent sur les perspectives de stabilité des prix en raison de leurs effets sur les indicateurs macroéconomiques tels que l’inflation, la production, l’emploi, les taux d’intérêt et la productivité ».

Moyennant quoi, sa présidente Christine Lagarde et les banquiers centraux de la zone euro ont arrêté un plan en plusieurs points. La BCE prévoit de concocter « de nouveaux modèles » et de mener « des analyses théoriques et empiriques » afin d’étudier les implications du dérèglement du climat. Elle veut « élaborer à titre expérimental » de nouveaux indicateurs relatifs aux instruments financiers verts « pertinents » à l’empreinte carbone des établissements financiers, ainsi qu’à leur exposition aux risques physiques liés au climat.

Dès l’an prochain, elle « soumettra le bilan de l’Eurosystème à des tests de résistance climatiques afin d’évaluer son exposition aux risques liés au changement climatique. Alors qu’elle poursuit sa politique de rachat d’actifs sur le marché, la banque centrale promet aussi de renforcer le poids des critères climatiques dans ses opérations de marché, ainsi que dans l’analyse des titres apportés en garantie par les banques.

Le seul problème c’est que cette déclaration traduitdavantage des intentions théoriques que des orientations politiques. En effet aucun plan de relance d’ampleur significative concernant la croissance verte n’a été impulsé par l’institut monétaire. C’est tout juste si on a reverdyi un peu les investissements classiques du plan de relance.

« Le centre du changement climatique de la BCE, qui vient d’entamer ses travaux, coordonnera les activités menées par la Banque centrale en la matière », Indique de manière très vaguele communiqué.

Une priorité pour le Pentagone : contrer la Chine

Une priorité pour le Pentagone : contrer la Chine 

 

Un article du Wall Street Journal (extraits)

 

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a émis une directive appelant à accélérer le travail de développement des forces militaires pour contrer la Chine et à surmonter les difficultés du Pentagone dans la mise en œuvre d’une stratégie datant de plusieurs années qui perçoit Pékin comme une menace majeure.

La directive, parue mercredi, se fonde sur les recommandations d’un groupe de travail de haut niveau du Pentagone, qui a identifié un écart entre le discours et les actes du département de la Défense (DoD) dans son objectif de contrer l’agressivité de la Chine, a déclaré un haut responsable du DoD.

Le groupe de travail était mené par Ely Ratner, ancien conseiller du président Joe Biden, qui a été nommé comme responsable des affaires de sécurité indo-pacifiques.

Un grand nombre des recommandations du groupe de travail reste top secret et le Pentagone n’a donné que peu de détails sur son travail, qui impliquait une étude de quatre mois par une équipe de civils et de militaires.

Cette étude intervient alors qu’une tension militaire de plusieurs décennies semble avoir atteint un point culminant, Pékin menaçant la domination des Etats-Unis en Asie de l’Est dans l’ouest du Pacifique.

« A ce stade, l’écart entre le discours et les actes pose problème », a déclaré Elbridge Colby, ancien responsable du Pentagone, qui a joué un rôle clé dans le développement d’une stratégie de défense nationale sous l’administration Trump. « Nous plaçons la Chine en priorité depuis des années. Mais trop peu d’actions ont été entreprises pour traduire cette stratégie en réalité concrète et le problème est d’une urgence alarmante. »

Parmi les défis urgents posés par la Chine, on peut citer une expansion de la marine, des tentatives de prendre davantage de contrôle sur la mer de Chine méridionale et une escalade des menaces contre Taïwan, qui est partenaire des Etats-Unis. En mars, l’amiral responsable des forces américaines dans la région indo-pacifique a déclaré que l’accumulation de puissance de la Chine était telle que Pékin pourrait passer à l’offensive contre l’île dans six à dix ans.

Selon la directive de mercredi, Lloyd Austin supervisera directement les politiques et opérations du Pentagone liées à la Chine, ainsi que la collecte de renseignements à ce sujet. Cet arrangement vise à garantir la mise en œuvre des recommandations du groupe de travail.

« La directive du secrétaire à la Défense vise au bout du compte à remettre de l’ordre dans le département et à s’assurer du respect de la priorité annoncée de la Chine comme menace numéro un »

Lloyd Austin a déclaré dans un communiqué que son objectif était d’accélérer le développement de nouvelles technologies et stratégies de guerre, de mettre à jour les plans des forces américaines dans le Pacifique et de mieux préparer le groupe de travail du Pentagone au défi posé par la Chine, notamment en modernisant l’éducation et la formation.

Un porte-parole de l’ambassade de Chine a déclaré que le pays était engagé au développement paisible et appelait les Etats-Unis à « abandonner cette mentalité dépassée de guerre froide pour envisager le développement de la Chine et des relations entre la Chine et les Etats-Unis d’un point de vue rationnel ». Selon le porte-parole, cette attitude peut « éviter de miner des relations bilatérales et la coopération dans des domaines importants. »

Pékin et Moscou ont été identifiées comme les principaux adversaires des Etats-Unis dans la stratégie nationale de défense de l’administration Trump établie en janvier 2018, qui marquait une rupture après près de vingt ans de lutte contre des insurrections. La décision de l’administration Biden de créer le groupe de travail dirigé par Ely Ratner visait faire avancer cette stratégie.

L’établissement du groupe de travail est intervenu à la suite des critiques fréquentes émanant d’anciens responsables du Pentagone, de parlementaires et de spécialistes de groupes de réflexion selon lesquels le département de la Défense n’en aurait pas assez fait pour honorer sa propre stratégie en raison de problèmes bureaucratiques, de priorités de dépenses passées et d’efforts continus pour gérer les menaces persistantes au Moyen-Orient et en Asie centrale.

Le mois dernier par exemple, le Pentagone a décidé de déplacer son unique avion basé dans la région Asie-Pacifique vers le Moyen-Orient, pour protéger le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, ont noté des responsables du département de la Défense.

Le communiqué du Pentagone annonçant la directive de Lloyd Austin ne précisait pas comment le secrétaire à la Défense prévoyait d’améliorer les processus du Pentagone ou de simplifier les relations avec les alliés pour affronter la Chine. S’adressant à la presse, il a déclaré que les mesures classées secret-défense seraient rendues publiques dans les semaines à venir.

« La directive du secrétaire à la Défense vise au bout du compte à remettre de l’ordre dans le département et à s’assurer du respect de la priorité annoncée de la Chine comme menace numéro un », a commenté un responsable du DoD. Il a ajouté que l’ordre comportait « des dates butoirs de mise en œuvre et des mécanismes de supervision et de contrôle. »

Le Pentagone doit aussi décider prochainement du montant qu’il allouera à une montée en puissance des forces américaines actuellement stationnées dans la région pour décourager d’éventuelles menaces à court terme ainsi qu’au développement de nouvelles technologies visant à améliorer les capacités des troupes américaines dans les décennies à venir.

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Nucléaire : la priorité ?

Nucléaire : la priorité ?

Un papier de l’opinion revient sur la problématique du nucléaire en France.

 Entre abandon allemand et essor chinois, que choisira la France sur le nucléaire ? Le pays devra décider dans les années qui viennent s’il doit renouveler son parc de centrales vieillissant.

L’objectif est de ramener la part du nucléaire dans le mix électrique à 50 % en 2035 (contre 70 % aujourd’hui, record mondial), afin notamment de permettre l’essor des énergies renouvelables. Une première étape symbolique a été franchie en 2020, avec l’arrêt des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim. Un engagement de François Hollande en 2012, maintenu par Emmanuel Macron en 2017. La décision de construire (ou pas) six réacteurs de nouvelle génération EPR (EDF doit présenter un dossier complet au gouvernement à la mi-2021) devra être prise lors du prochain quinquennat.

Quelle orientation Emmanuel Macron défendra-t-il en 2022 ? Très favorable à l’énergie nucléaire, gage à la fois d’autonomie stratégique et d’indépendance énergétique, il assume son soutien à la filière. « Le nucléaire m’importe, affirmait-il chez Brut le 4 décembre. Le nucléaire, c’est de l’emploi et c’est de l’énergie. Je ne suis pas antinucléaire. Je l’ai toujours dit avec beaucoup de force ».

Le chef de l’Etat vantait les qualités du nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique. « Nous, on produit une électricité qui est parmi les plus décarbonées au monde. Grâce à quoi ? Grâce au nucléaire », soulignait-il. « L’atome doit donc continuer à être un pilier du mix énergétique français pour les décennies à venir », martelait-il quelques jours plus tard, au cours d’une visite chez Framatome, au Creusot.

Au sein de son gouvernement, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, issue d’Europe Ecologie-Les Verts, incarne l’opposition à l’atome, et permet à l’exécutif de ne pas s’aliéner la sensibilité « écolo » de l’électorat macroniste. Partisane de laisser le parc nucléaire « finir sa vie » au lieu de le renouveler, elle a salué comme un « moment copernicien » la publication d’un rapport montrant que la France pourrait tirer l’essentiel de son électricité des énergies renouvelables à l’horizon 2050, à condition de remplir une série de conditions techniques.

En 2017, Emmanuel Macron s’était engagé à doubler la capacité en éolien et en solaire photovoltaïque. Adoptée par décret gouvernemental le 21 avril 2020, la programmation pluriannuelle de l’énergie pour 2019-2028 affiche de fait la volonté française de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité et de développer les énergies renouvelables.

Non sans que le Président ait émis, quelques mois plus tôt, des réserves. « La capacité à développer l’éolien massivement, il faut être lucide, est réduite, observait-il en janvier 2020. Le consensus est en train de nettement s’affaiblir dans notre pays.» « Il n’est pas converti aux énergies renouvelables, regrette Géraud Guibert, président du think tank La Fabrique écologique. C’est dommage, car on prend beaucoup de retard, par rapport à d’autres pays, sur l’industrie du renouvelable ».

Les réticences du chef de l’Etat ont dû être confortées par une enquête de l’Ifop, publiée en février, indiquant que 53 % des Français ne souhaitent pas voir apparaître d’éoliennes près de chez eux. Un sondage de l’institut Odoxa pour BFM Business, Challenges et Aviva, publié ce jeudi, indique en revanche que 6 Français sur 10 sont favorables au nucléaire (59 %). Et si 50 % le perçoivent comme une menace, 47 % le voient comme une « opportunité ». Dans la campagne de 2022, les éoliennes pourraient donc être un sujet plus clivant que le nucléaire. Marine Le Pen s’en est d’ailleurs déjà emparé, promettant de suspendre leur construction.

Véhicule autonome: priorité d’abord aux avancées militaires

Véhicule autonome: priorité d’abord aux avancées militaires

 

Un article du Wall Street Journal éclaire la priorité de l’automatisation des armes de défense considérant que les applications civiles- comme la voiture autonome par exemple–suivront.

Commandée par l’armée canadienne, le Loyal Wingman de Boeing est l’un des plus récents avions autonomes.

 

Des avions sans pilote engagés dans des combats aériens aux énormes engins sous-marins de transport de troupes, le Pentagone s’efforce d’accroître l’utilisation des avancées technologiques en matière d’automation industrielle par l’armée américaine.

Selon des responsables actuels et anciens de la sécurité nationale et du secteur, les progrès de la robotisation dans la défense — dans les airs, au sol et sous les mers — dépassent ceux réalisés dans le domaine commercial civil, à un moment où les autorités cherchent à répondre aux avancées technologiques des adversaires des Etats-Unis. Ces progrès — illustrés par des postes de pilotage à la gestion essentiellement informatisée, des hélicoptères sans pilote et des ravitailleurs aériens automatisés — sont susceptibles de bénéficier aux futurs avions civils, aux systèmes de contrôle de pointe du trafic aérien et à une large gamme d’applications pour les drones.

Les programmes destinés à suppléer, et un jour remplacer, les opérateurs humains s’accélèrent dans toutes les branches des forces armées américaines.

Les détracteurs de ces évolutions s’inquiètent du fait que ces systèmes robotisés traduisent parfois le désir de leurs concepteurs d’incorporer de nouvelles fonctionnalités sans les avoir soumis à des tests approfondis. Ils évoquent des exemples de dysfonctionnements très médiatisés, ayant notamment touché des systèmes de communication radio victimes de bugs et des problèmes logiciels ayant privé des pilotes de chasse d’oxygène alors qu’ils étaient aux commandes de leur appareil.

Contrairement aux systèmes d’automatisation du secteur marchand, « il n’existe pas de régulateurs ou d’observateurs extérieurs pour contrôler les projets du Pentagone, explique Najmedin Meshkati, un expert en ergonomie qui enseigne à l’Université de Californie du Sud. Vous devez vraiment faire vos propres études avant d’intégrer de nouvelles applications, encore balbutiantes, à une technologie plus ancienne. »

Mais d’ores et déjà, les programmes destinés à suppléer, et un jour remplacer, les opérateurs humains s’accélèrent dans toutes les branches des forces armées américaines.

Aucun de ces systèmes de pointe ne devrait, toutefois, être utilisé dans l’immédiat dans les unités combattantes, et certains se heurtent à des obstacles budgétaires et technologiques. Cela étant, le projet de budget de la défense, d’un montant de 740 milliards de dollars, adopté par le Congrès en janvier, regorge de directives, de dérogations et d’autres dispositions visant à étendre l’automatisation et à promouvoir les opérations autonomes dans toutes les armes.

L’un des projets du Pentagone consiste à former une équipe composée d’un avion de chasse traditionnel et de sa version autonome — parfois appelée « ailier fidèle » — pour démontrer les avantages de telles associations dans des simulations de combats aériens. L’armée de l’air prévoit également que les ravitailleurs aériens de Boeing finiront par approvisionner en carburant des avions volant à des kilomètres d’altitude sans que les membres d’équipage ne guident le processus ou ne vérifient le raccordement.

Le corps des Marines travaille avec l’entreprise d’aéronautique Kaman pour développer des moyens d’utiliser des hélicoptères autonomes afin de ravitailler des avant-postes éloignés, une idée née au plus fort des combats en Afghanistan. Sikorsky, une filiale de Lockheed Martin, collabore, elle, avec l’organisme de recherche fondamentale du département de la Défense pour concevoir des systèmes de commandes avancées essentiels à la création de flottes d’hélicoptères autonomes destinés à accomplir toute une série de missions.

De son côté, l’armée de terre s’apprête à développer une version du véhicule de combat Bradley, un engin des années 1980 servant au transport de troupes au sol, qui pourrait fonctionner sans avoir d’opérateur humain à l’intérieur.

Quant aux amiraux de la marine, ils ont ébauché un programme sur vingt ans visant à créer une flotte potentiellement composée de plus de 120 navires qui pourraient fonctionner sans équipage à la fois sur terre et sur l’eau. Le Congrès a toutefois émis des doutes sur certains aspects précis du projet.

L’intelligence artificielle et la réalité virtuelle sont déjà sur le point de bouleverser la façon dont les pilotes sont préparés au combat

D’autres idées développées par la marine incluent de collaborer avec Boeing et le constructeur naval Huntington Ingalls Industries afin de lancer plusieurs grands véhicules sous-marins autonomes appelés Orcas. Ces engins seront chargés de transporter des cargaisons et des plongeurs, de recueillir des renseignements ou de localiser des mines. En janvier, le Congrès a alloué 125 millions de dollars pour les recherches sur les « opérations navales autonomes de longue durée », afin de concevoir des navires de surface, possiblement construits par Huntington Ingalls, qui seraient capables d’opérer en autonomie pendant plusieurs mois.

Les responsables militaires « mènent l’offensive en faveur de la robotisation dans le cadre d’une approche multidimensionnelle », note Tom McCarthy, un expert en automation et en robotique qui est vice-président du développement commercial chez Motiv Systems, le constructeur du bras de la dernière astromobile envoyée sur Mars (NDLR : le robot Perseverance). « Ils veulent des systèmes qui fonctionnent bien tous ensemble », ajoute-t-il.

Les constructeurs d’avions à usage commercial et leurs fournisseurs affirment également qu’ils cherchent à renforcer l’automatisation, notamment avec des avions comprenant un pilote dans le cockpit et un autre surveillant les systèmes depuis le sol. Plusieurs entreprises poursuivent des travaux de recherche de longue haleine concernant les grands avions-cargos qui survolent de vastes étendues d’eau, le cas échéant sans pilote à bord. La société européenne Airbus a fait un grand pas en avant, en effectuant plus de 500 vols d’essai l’été dernier pour faire la démonstration de ses capacités en matière de décollage et d’atterrissage de ses taxis volants autonomes.

Mais il est évident que les progrès sont plus rapides dans le domaine militaire. Et, alors que les régulateurs résistent habituellement aux changements rapides ou spectaculaires qui impliquent un partage de l’espace aérien entre avions militaires et civils, les dirigeants de l’armée — civils et en uniforme — de l’armée de l’air sont ceux qui mènent, toutes armes confondues, la plus grande campagne de promotion en faveur d’un recours plus large à l’automatisation.

« L’armée de l’air encourage l’automation comme elle ne l’a jamais fait au cours de la dernière décennie », estime Will Roper, qui a quitté le mois dernier son poste de responsable des acquisitions de cette branche des forces américaines.

Dans le cadre d’un vol de démonstration en décembre, l’armée de l’air a recouru à l’intelligence artificielle pour assurer la navigation à la place du pilote d’un avion de reconnaissance U-2. L’avion, qui avait un pilote à bord, utilisait également des capteurs pour détecter les systèmes de missile anti-aériens.

Dans le cadre d’un accord avec Boeing pour que le géant de l’aérospatiale assure le coût de l’amélioration du système d’affichage visuel sur son avion ravitailleur KC-46, l’armée de l’air a mis l’accent sur les correctifs destinés à préparer l’arrivée d’un éventuel fonctionnement autonome. En conséquence, « nous allons disposer dans les trois prochaines années des fonctionnalités que nous ne nous attendions pas à avoir » probablement avant des décennies, assure M. Roper.

Dans une série d’interviews menées peu avant sa démission pour faire place aux personnes nommées par l’administration Biden, M. Roper a détaillé d’autres voies empruntées par l’Armée de l’air pour poursuivre son automation. Une innovation de grande envergure, a-t-il dit, passerait par l’« association d’avions avec et sans pilote faisant équipe pour accomplir des missions qu’aucun des deux ne pourrait faire seul » aussi efficacement.

Le recours à l’intelligence artificielle dans des avions autonomes volant en formation avec des chasseurs pilotés par des humains, expliquait M. Roper, permet aux aviateurs « de se concentrer sur la tâche stratégique plus complexe qu’est le combat » au lieu d’analyser les données sur les menaces qui peuvent, elles, être compilées plus rapidement et aisément par des ordinateurs.

« Les pilotes vont faire beaucoup plus pour nous à l’avenir » pour affronter des adversaires plus redoutables, ajoutait-il, précisant que les avions autonomes « offrent un guide tactique radicalement différent pour la guerre aérienne ».

L’intelligence artificielle et la réalité virtuelle sont déjà sur le point de bouleverser la façon dont les pilotes sont préparés au combat. Steve Kwast, un général trois étoiles retraité de l’armée de l’air qui les a utilisées dans un projet test visant à réduire le coût et le temps de formation des pilotes, a déclaré que cette pratique allait s’étendre à l’ensemble de l’arme : « Il s’agit simplement de passer aux choses concrètes. »

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Grégoire Arnould)

Vaccination : une priorité aux plus aisés ?

Vaccination : une priorité aux plus aisés ?

 

La campagne de vaccination doit donner la priorité aux plus fragiles, tant au niveau local qu’international, recommandent dans une tribune au « Monde » trois médecins généralistes, Jacques Battistoni, Alexandre Feltz et Denis Lemasson.

 

Tribune. Si vacciner, c’est protéger, qui vacciner en priorité ? Le critère d’âge, s’il est indispensable, est-il notre seul guide ? Alors que les doses de vaccins arrivent encore lentement, quelle stratégie de vaccination convient-il de déployer ?

Aujourd’hui, la seule règle d’accès aux centres de vaccination est « premier arrivé, premier servi ». Un constat s’impose : une large majorité des bénéficiaires est issue des classes les plus aisées et ne représente pas la population la plus vulnérable. Rien n’est encore prévu pour les patients les plus fragiles qui sont à leur domicile.

Les personnes âgées, polypathologiques ou grabataires, les plus susceptibles de formes graves, peuvent-elles se rendre dans les centres saturés dès les premières heures d’inscription sur Internet ? Non, priorité est donnée à ceux qui sont suffisamment avertis pour prendre un rendez-vous en ligne.

C’est un biais de recrutement qui pose des problèmes graves, non seulement éthiques, mais aussi en termes d’impact sur la mortalité car les formes graves ne diminueront pas rapidement. Méconnaître cette réalité empêche de mettre au point des politiques de santé publique équitables et efficaces.

Inégalités territoriales

L’étude récente de la répartition sociale de l’épidémie de Covid-19 par l’Observatoire régional de santé (ORS) d’Ile-de-France a révélé que la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de métropole, a été particulièrement touchée par l’épidémie : c’est dans ce département que la mortalité, comparée à celle de l’année précédente, a le plus augmenté (+ 118 % entre le 1er mars et le 10 avril 2020).

Ces données attestent l’amplitude des inégalités territoriales en matière de logement, de caractéristiques démographiques, d’état de santé des populations et d’exposition professionnelle. Toutes les recherches sur les inégalités sociales de santé l’ont montré : les conditions sociales et territoriales de vie jouent un rôle majeur dans la survenue des maladies. L’épidémie et surtout sa gravité évoluent en fonction de la répartition des facteurs de risques (obésité, diabète, etc.), et celle-ci dépend des milieux sociaux.

De même, comment ne pas tenir compte des différences entre les populations qui peuvent travailler à distance et celles qui sont obligées de prendre les transports en commun ? Non seulement vacciner les plus fragiles est affaire de justice et de cohésion sociale, mais c’est aussi une exigence scientifique.

Régulation des GAFAM : une priorité aussi pour Biden

Régulation des GAFAM : une priorité aussi pour Biden

 

Il est probable que Joe Biden ne reviendra pas sur l’intention déjà exprimée par son prédécesseur de mettre au pas les GAFA  aujourd’hui en situation de monopole et qui contrôlent de plus en plus non seulement la vie économique mais aussi politique voire culturelle. Une régulation qui de toute évidence ne pourra avoir d’effet qu’à l’échelle mondiale tellement la pieuvre des grands du numérique s’est développée partout. En octobre dernier, le sous-comité antimonopole du House Judiciary Committee (un comité de la Chambre des représentants, composé de juristes, qui s’occupe notamment des affaires liées à la compétition et aux monopoles) a rendu un rapport de 449 pages, fruit de seize mois de travail, sur les pratiques anticoncurrentielles menées par Apple, Amazon, Google et Facebook. Une enquête antimonopole est actuellement menée contre Google par le Département de la Justice, et une autre est en cours à l’encontre de Facebook de la part de la Federal Trade Commission (agence gouvernementale notamment chargée du contrôle des pratiques commerciales anticoncurrentielles).

Peu probable que l’arrivée de Biden à la Maison-Blanche mette fin à ces dernières, selon Darrell West, chercheur à la Brookings Institution, un laboratoire d’idées non partisan basé à Washington. « La question qui se pose est celle de la fougue que l’administration Biden va mettre dans la poursuite de ces deux enquêtes. L’administration précédente voulait démanteler Facebook, et celle-ci va notamment devoir décider si elle compte revenir sur les fusions précédentes « 

 

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