Immobilier- « Le logement social est-il encore une priorité ? »
par Marcel Rogemont, président de la Fédération nationale des offices publics de l’habitat
Dans une tribune au « Monde », le président des organismes publics de HLM, Marcel Rogemont, interpelle le gouvernement, s’inquiétant d’une baisse du financement du logement social au profit de l’aide au secteur privé.
Où en est le pacte de confiance entre le gouvernement et le logement social ? Il devait être signé au congrès HLM de 2022 avec la première ministre et le ministre du logement. Le sera-t-il pour celui de 2023 ? Rien n’est moins sûr. A peine y a-t-il eu des contacts avec les ministères sur des pistes de réflexion, mais l’impression donnée ne laisse pas augurer, en l’absence d’un dialogue fécond avec le gouvernement, une issue positive.
A ce point, il est bon de rappeler la phrase que l’on prête à l’abbé Sieyès : « Le pouvoir vient d’en haut, la confiance vient d’en bas. » Car, au point où nous en sommes, il y a du travail à faire pour retrouver la confiance !
La dépense pour le logement en France est passée, entre 2016 et 2021, de 42 à 35 milliards d’euros, alors que, dans le même temps, les recettes augmentaient de 20 milliards pour passer de 68 à 88 milliards d’euros ! Parallèlement, les allocations personnalisées au logement ont subi une baisse de 2,5 milliards d’euros, et une ponction du même ordre pèse sur les organismes de HLM qui logent les ménages aux revenus les plus modestes.
Peut-on affirmer que le logement social reste une priorité lorsque, dans le même temps, la dépense pour le secteur privé locatif, de type Pinel, n’a cessé de croître, passant de 1 milliard à 2,5 milliards d’euros en dix ans, créant, comme l’a dit lui-même le président de la République dans un entretien au magazine Challenges publié le 10 mai, « un paradis pour les investisseurs immobiliers » ?
Ces questions résonnent d’autant plus que la très nette augmentation du taux du Livret A, qui est la base du coût de la dette des organismes de HLM, est passée de 0,5 % à 3 %, ce qui rend difficile, à moyens constants, toute nouvelle ambition de production de nouveaux logements HLM. Pourtant, les ménages à revenus modestes ou moyens sont de plus en plus exclus du marché privé locatif et de l’accession sociale à la propriété, bloquée par les taux d’intérêt et les coûts de la construction.
Ils sont plus de 2,3 millions de nos concitoyens à demander un HLM. En 2016, plus de 120 000 agréments pour la construction d’un HLM avaient été programmés, mais seulement 95 000 ces deux dernières années, 2021 et 2022, et probablement moins de 80 000 pour 2023 et 2024. Un abondement des crédits pour la production neuve est nécessaire.