Coronavirus : les défis européens prioritaires
Dacian Ciolos , député européen et président d’un groupe centriste évoque les défis européens prioritaires dans l’Opinion
Le premier cas de Covid était détecté sur notre Continent voici un an. Et une nouvelle fois l’épidémie flambe, et contraint les Européens à prendre des décisions difficiles. Toutefois, cette année, malgré l’inquiétude liée aux « variants », nous pouvons espérer retrouver un vent de liberté, grâce aux vaccins et nous aurons du pain sur la planche pour surmonter les cinq défis : sanitaire, économique, climatique, migratoire et démocratique.
A l’image du « pot au noir » bien connu des marins où se succèdent grains et vents faibles avant de toucher les alizés, nous sommes dans une transition, sans qu’il soit possible de prédire avec exactitude quand nous retrouverons des vents stables. La cohésion et la recherche de solutions communes seront la clef.
La campagne de vaccination est la première pierre de l’Europe de la santé. Elle porte une ambition forte : que chaque Européen soit sur un pied d’égalité dans l’accès au vaccin. Les autorisations doivent continuer à se faire avec sérieux et sans délai inutile ; la transparence dans les achats être la plus totale.
Après la gestion des urgences et la négociation du plan de relance historique, l’Europe ne peut se reposer sur ses acquis. Il faudra finaliser et mettre en œuvre les plans nationaux, lancer les projets et faire preuve de réactivité pour être à la hauteur du « whatever it takes » jusqu’au bout. Une question se pose d’ailleurs déjà : laisserons-nous les Etats-Unis prendre le large notamment avec le nouveau plan de 1900 milliards de dollars ?
Reconstruire, innover et transformer sera central, notamment en s’appuyant sur le Green Deal et ses déclinaisons, l’économie circulaire ou le mécanisme d’inclusion carbone aux frontières par exemple. Les défis économiques et climatiques ne sont pas derrière nous.
L’Europe avancera d’autant plus vite qu’elle sera à même d’approfondir, en même temps, sa dimension citoyenne et démocratique, et qu’elle sera solide sur ses valeurs communes à la fois en interne et en externe, y compris avec la Chine
Agenda digital. Nous passerons, aussi, à la vitesse supérieure sur l’agenda digital. L’urgence à reprendre en main notre destin en la matière n’est plus à démontrer. Cette année doit permettre de tracer notre propre chemin numérique, alors que l’Amérique « laisse faire », et la Chine en a fait l’instrument de son totalitarisme. C’est un enjeu à la fois économique et démocratique.
Au-delà, notre Union devra bâtir une politique d’asile et de migration commune, dossier majeur pour les prochains mois, tout autant que celui de nos relations avec notre périphérie orientale et méditerranéenne, et les Balkans occidentaux.
Sur l’ensemble de ces sujets, l’Europe avancera d’autant plus vite qu’elle sera à même d’approfondir, en même temps, sa dimension citoyenne et démocratique, et qu’elle sera solide sur ses valeurs communes à la fois en interne et en externe, y compris avec la Chine. Le mécanisme d’Etat de droit doit être pleinement appliqué. Nous avons vu aux Etats-Unis l’importance d’une justice indépendante.
Et nous devons saisir l’occasion de la Conférence sur le futur de l’Union comme une véritable opportunité de clarifier non seulement notre fonctionnement, mais aussi d’associer étroitement les citoyens dans la définition d’un avenir partagé à l’échelle du continent.
et libéral Renew Europe depuis 2019. Il est ancien Premier ministre de Roumanie. Sa chronique «Europa» est publiée en alternance avec celle de Manfred Weber, président du groupe PPE, chaque dimanche sur lopinion.fr et le lundi dans le journal.