Conférence Hollande : inventaire à la Prévert
Europe : « La crise financière est derrière nous, pas la récession »
François Hollande est revenu sur sa rencontre avec le collège des commissaires européens mercredi à Bruxelles. Réaffirmant le caractère « indispensable du couple franco-allemand », le président de la République a affirmé que la crise financière « était derrière nous ».
Selon lui, la « vraie menace » est désormais la récession. Le délai de deux ans accordé à la France pour revenir à 3% de déficit public doit être vu comme une chance. Selon François Hollande, cela souligne « le bien fondé de ma démarche entamée depuis mon élection pour faire bouger les lignes ».
François Hollande s’est également dit prêt à lancer une « offensive européenne » pour faire sortir l’Europe de sa « langueur ». Il entend notamment instaurer un gouvernement économique autour d’un « président nommé pour une durée longue ». Il entend également axer la politique européenne à destination des jeunes, instaurer une transition énergétique mais aussi lancer une nouvelle étape d’intégration avec une capacité budgétaire attribuée à la Zone euro.
Enfin, le président s’est dit prêt à réaliser une union politique et se donne deux ans pour y parvenir. « C’est une affaire d’urgence européenne », a expliqué François Hollande.
Interrogé sur les relations qu’il entretient avec Angela Merkel, François Hollande affirme que si les deux leaders n’ont pas la même sensibilité politique, ils partagent la même sensibilité, celle « d’entrainer les autres pays » en Europe. C’est pour cela que « le premier acte, c’est de trouver le compromis entre la France et l’Allemagne« .
Économie : « L’an I a été consacré à la remise en forme de notre économie«
Revirement de discours chez le président de la République ? Après avoir accusé les précédents gouvernements d’être responsables du chômage, François Hollande a affirmé qu’il ne cherchait pas à se défausser sur ses prédécesseurs. Le chef de l’exécutif est revenu sur l’ensemble des mesures prises pour redresser la France qui est en situation difficile « depuis cinq ans« . Il assure que la dépense publique de l’Etat sera stable en 2013, et reculera en 2014.
François Hollande a évoqué, une nouvelle fois, le pacte de compétitivité, « qui permet de dire enfin que nous avons amorcé le processus pour renforcer notre industrie« . Le président a également évoqué la Banque publique d’investissement, ainsi que la réforme sur la sécurisation de l’emploi, adoptée mardi définitivement par le Parlement. « Réforme que l’on jugeait impossible à faire, elle est là« , assure François Hollande
Emploi : « La courbe du chômage peut s’inverser d’ici la fin de l’année«
Une nouvelle fois, François Hollande a réaffirmé son objectif d’inverser la courbe du chômage : « Sur le plan psychologique, celui des anticipations et de la confiance, c’est très important« , explique-t-il pour justifier le fait que cet objectif soit maintenu à la fin d’année 2013.
Pour ce faire, il entend amplifier toutes les mesures déjà mises en œuvre : les emplois d’avenir, qui pourront être élargis au secteur privé ; les contrats de génération, qui, de leur côté, pourront être mobilisés en cas de création d’entreprise.
Le crédit emploi-compétitivité et l’accord sur la sécurisation de l’emploi devraient aussi contribuer à atteindre cet objectif, selon François Hollande, « pour que l’on évite les plans sociaux« .
Croissance : « C’est en voyant loin que l’on change la perception du présent«
Comme il l’a déjà affirmé mercredi, François Hollande s’attend à une croissance nulle en 2013. « Est-ce que ce sera 0,1% comme le dit le ministre de l’Economie ou -0,1% ?« , nuance-t-il. La question est celle de la correction de trajectoire, selon François Hollande.
Il faut promouvoir un modèle fondé sur la performance économique, selon le président de la République, qui se place dans la lignée de ses prédécesseurs : « Le rôle du chef de l’Etat c’est de fixer ce que sera le pays. Chaque fois que l’Etat a agi ainsi, il y a eu de grandes réussites« , a-t-il déclaré.
Numérique, transition énergétique, santé et infrastructures de transport seront les pôles qui recevront les crédits des 10 milliards que François Hollande a demandé à Jean-Marc Ayrault de mobiliser. Parmi les solutions évoquées, la cession de participations publiques dans des entreprises, déjà évoquée par le Premier ministre, a été évoquée par François Hollande.
Sur le retard en termes de compétitivité, François Hollande a comparé la situation française à celle de l’Allemagne : »l’Allemagne a un excédent de 160 milliards, la France a 160 milliards de déficit« .
Fiscalité : « La taxe à 75% dans la prochaine loi de finances«
Le président de la République a été interrogé sur la fusion, évoquée lors de sa campagne présidentielle, entre l’impôt sur le revenu et la Cotisation sociale généralisée. « Il y aura des mesures prises pour rapprocher les assiettes. Chaque fois que nous supprimons les niches fiscales, nous rapprochons l’impôt sur le revenu et la CSG« , assure-t-il. Ce projet sera inclus dans le projet de réforme du financement de la protection sociale.
François Hollande assure en outre que la fameuse taxation à 75%, dans sa forme revue et corrigée – affectant les entreprises, pour deux ans seulement – sera incluse dans la prochaine loi de finances.
Concernant les impôts : « Nous avons demandé beaucoup aux Français en 2013, l’idéal serait de ne pas augmenter un taux de prélèvement sur les ménages dans l’année 2014 » . François Hollande a également expliqué qu’après la prochaine haisse de la TVA,« nous en resterons là ».
Par ailleurs, le président de la République a expliqué, concernant les allocations familiales, qu’il faudra trouver « deux milliards d’euros d’ici deux ans », cela se fera par « une modulation des prestations familiales ».
Aide aux entreprises : « Réformer l’assurance-vie »
Pour aider à l’investissement, le président de la République propose de réformer l’épargne des Français. François Hollande entend ainsi réformer l’assurance-vie, mettre en place un plan d’épargne en action pour les PME mais également réformer l’imposition des plus-values mobilières. « Il faut, explique François Hollande, donner confiance aux Français dans leur avenir »
Université : « Être mieux reconnus au plan international«
François Hollande est revenu sur la proposition de donner des cours en langue anglaise à l’Université. Mais, assure-t-il, les examens se passeront en Français, « pour que nul ne s’inquiète« .
Jeunesse : « Ce que je fais, c’est d’abord pour les jeunes«
Le président assure que la plupart des mesures du gouvernement sont dirigées vers la jeunesse. Non seulement à travers les mesures directement adressées à la jeunesse : les hausses d’effectifs dans l’Education nationale, les mesures contre le décrochage scolaire. Mais pas seulement : il rattache l’ensemble des mesures à la jeunesse : « Quand je fais une réforme des retraites, c’est pour les jeunes. Quand on parle d’exception culturelle, c’est pour les jeunes« .
Choc de simplification : « Le silence de l’administration vaudra autorisation«
C’est plus d’emploi, mais c’est aussi plus de croissance. Ca ne demande d’efforts qu’à ceux qui sont dans les administrations, assure-t-il, donnant comme exemple la multiplication par trois du nombre de textes. Deux lois qui permettront au gouvernement de légiférer par ordonnances, dans deux domaines : le logement d’une part ; et les relations entre les administrations et les entreprises d’autre part. Objectif de cette dernière : « accélérer les procédures« .
« Le silence de l’administration vaudra désormais autorisation et non plus rejet » assure en outre François Hollande : autrement dit, cela signifie que pour les particuliers, une fois le délai laissé à l’administration dépassé, l’absence de réponse vaudra pour une autorisation. Un projet de loi, présenté au mois de septembre, précisera quels domaines administratifs seront concernés par ce nouveau principe.
Formation professionnelle : « Une réforme avant la fin de l’année«
François Hollande promet une réforme pour augmenter le nombre de personnes ayant accès à la formation professionnelle – une sur cinq, selon lui, actuellement. Cette réforme sera, selon lui, mise en place dès la conférence sociale à venir au mois de juin, afin qu’elle soit votée avant la fin de l’année.
Retraites : « On devra travailler un peu plus longtemps«
François Hollande a expliqué, concernant les retraites, que « dès lors que l’espérance de vie s’allonge, on devra travailler un peu plus longtemps ». Selon lui, la réforme de 2010 n’a pas permis de rétablir l’équilibre. Le déficit s’élève à 15 milliards d’euros et devrait avoisiner les 20 milliards en 2020. « C’est insoutenable », a expliqué François Hollande. « J’ai à régler cette question », a expliqué François Hollande.