Obésité : une urgence de prévention nationale
Face à l’évolution de la prévalence de l’obésité en France, la Coalition Obésité appelle les pouvoirs publics à renforcer la prévention et la prise en charge globale de cette maladie.
(JDD))
La Coalition Obésité rassemble des associations de patients, des professionnels de la santé, des organisations de lutte contre la précarité alimentaire ou encore un think tank. Voici leur tribune : « L’obésité est plus que jamais un enjeu sanitaire, sociétal et économique dans notre pays. Les chiffres le démontrent. Le nombre de personnes adultes atteintes de cette pathologie a doublé en deux décennies, passant de 8,5 % en 1997 à 17 % en 2020, soit plus de 8,5 millions de personnes souffrant d’obésité en France.
Outre l’impact sociétal, une récente étude du cabinet Asterès, dirigé par l’économiste Nicolas Bouzou, met notamment en évidence l’impact économique considérable que représente l’obésité en France : « 8,4 milliards d’euros par an pour l’assurance maladie, 1,3 milliard d’euros par an pour les organismes complémentaires d’assurance maladie (OCAM) et 900 millions d’euros par an pour les entreprises. »
Déjà en 1997, l’OMS précisait que « l’obésité est une maladie multifactorielle complexe » relevant bien des maladies chroniques. En France, le Sénat rappelait à juste titre, dans son rapport publié en juin 2022, le caractère pandémique du surpoids et de l’obésité, qui figurent parmi les premières comorbidités associées au virus responsable de la Covid-19.
La France doit faire de l’obésité une priorité de ses futures politiques de santé. Cette reconnaissance est capitale car elle nous invite à repenser la perception que nous nous faisons, individuellement comme collectivement, des personnes qui en souffrent.
L’obésité doit devenir une grande cause nationale en 2024
À l’approche de la Journée mondiale de l’obésité, alors que les estimations prévoient que plus d’un Français sur quatre pourrait souffrir d’obésité en 2030, nous appelons à la mobilisation de toutes les énergies, celles des professionnels de santé, des chercheurs, des associations de patients et des pouvoirs publics, pour mieux prévenir, mieux soigner et mieux prendre en charge l’obésité dans son intégralité, allant de ses causes à ses complications.
Nous pensons que, face à une maladie aussi multifactorielle, l’action publique est primordiale et doit s’intensifier. La feuille de route nationale « Prise en charge de l’obésité 2019-2022 » avait fait un constat lucide de l’ampleur de la situation en France. Mais malheureusement, face à un manque de suivi des actions et de moyens, nous faisons le bilan aujourd’hui que beaucoup reste à faire pour que les personnes en situation d’obésité soient prises en charge de façon holistique. Soyons à la hauteur de l’enjeu et développons de nouvelles politiques publiques ambitieuses et adaptées.
L’obésité doit devenir une grande cause nationale en 2024.
Ensemble, nous devons faire reconnaître l’obésité comme une maladie chronique, en mettant le curseur sur l’information et la prévention.
Ensemble, nous appelons à une prise en charge globale et transversale de l’obésité qui doit, dans ses formes les plus sévères (IMC ≥35kg/m²), être reconnue comme affection de longue durée (ALD). Cela permettra d’ouvrir droit à une prise en charge de l’ensemble des dépenses de soins par la Sécurité sociale. En tant que maladie chronique, l’obésité doit être traitée par les différents moyens adaptés, aux différents stades de la pathologie.
Cette demande est attendue par les patients, qui cumulent bien souvent les difficultés économiques, sociales mais aussi les discriminations.
Ensemble, nous appelons à la création d’une délégation interministérielle à la lutte contre l’obésité, afin de coordonner et renforcer l’efficacité des actions, qui mobilisent de nombreuses expertises pour prévenir et traiter cette maladie dans toutes ses dimensions : santé, agriculture, sport, environnement, éducation…
À l’heure du concept de « One health » ou « Une seule santé », faisons de la lutte contre l’obésité un exemple de réussite d’une véritable politique de santé publique. »
Les signataires, membres de la Coalition obésité
• Muriel Coupaye, présidente de l’Association française d’études et de recherches sur l’obésité (AFERO)
• Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d’obèses (CNAO)
• Didier Bazzocchi, vice-président du Think tank CRAPS
• Laurence Champier, directrice générale de la Fédération française des banques alimentaires (FFBA)
• Jean-Philippe Ursulet, directeur général de la Ligue nationale contre l’obésité
• Étienne Tichit, directeur général de Novo Nordisk France
• Vincent Frering, président de la Société française et francophone de chirurgie de l’obésité et des maladies métaboliques (SOFFCOMM)