Philippe Poutou : « On est pour bosser le moins possible «Super ! Mais c’est déjà bien parti en France et c’est pour cela qu’on est dans la mouise
Sympa ce candidat qui s’est lâché hier sur France 2, au moins on comprend ce qu’il dit ; C’est simple et sans doute sincère mai évidemment surréaliste, un tout petit peu plus que ce que disent les autres candidats dont les français pensent à 61% que les propositions ne sont pas adaptées à la crise. . « Bosser le moins possible », son objectif, mais c’est déjà ce qui se passe en France. Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à l’élection présidentielle a répondu aux questions de Jean-Michel Aphatie mercredi à 7h50 sur RTL. Philippe Poutou a plaidé pour une réduction radicale du temps de travail en France avec pour objectif ultime de « bosser le moins possible » et de « gagner le plus possible ». « On nous dit que les 35 heures c’est du luxe, eh bien nous, on pense qu’il faut réduire », a-t-il déclaré. Celui qui est ouvrier à l’usine Ford de Blanquefort, en Gironde, veut « aller vers les 32 heures et aller au-delà ». Avant de poursuivre : « Si on pouvait ne pas travailler du tout, on ne serait pas contre, parce qu’on n’est pas non plus des forcenés à dire ‘il faut bosser’ parce que ça fait bien de dire ça ».
La chronique du 11 avril 2012 Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Philippe Poutou.
Philippe Poutou : Bonjour
Parmi les mesures d’urgence – c’est votre formule – que vous préconisez, figurent l’interdiction des licenciements, l’expropriation des banques, le retour de la retraite à 60 ans, tout peut être fait en même temps ?
Eh bien, on verra mais ça suppose évidemment un rapport de force qui soit complètement différent et une mobilisation de la population pour imposer cette politique-là. Ca ne peut pas se faire tout seul ; ça ne peut pas venir d’en-haut. Ca veut dire un affrontement avec le Capital, ça veut dire donc un rapport de force, une bataille ; et on espère bien, oui, dans la période qui vient pouvoir reconstruire cette riposte unitaire dont on aura besoin pour imposer une politique vraiment de Gauche qui réponde aux besoins des gens.
Donc, en fait, il faut sortir du baratin, et bien comprendre que la crise c’est le résultat du fonctionnement capitaliste et que donc, si on veut s’en sortir, c’est rompre avec cette politique qui est menée depuis des années. Donc, il faut stopper le chômage. Eh bien, stopper le chômage ? C’est interdire les licenciements, c’est aussi simple que ça.
Je ne citais pas ces propositions au hasard, Philippe Poutou : interdiction des licenciements, expropriation des banques et retour de la retraite à 60 ans. Elles sont absolument identiques à celles que propose Nathalie Arthaud, la candidate de Lutte Ouvrière. Et si elles vous paraissent, à vous et à elle, aussi importantes, on se demande pourquoi vous n’unissez pas vos forces ? Et on se demande pourquoi vous vous présentez tous les deux, et divisez ainsi votre poids politique par deux ? Ca, on a du mal à comprendre !
Nous aussi, d’une part, on ne comprend pas tout. Il y a des divisions aujourd’hui qu’on pense qui pourraient être supprimées. On avait proposé d’aborder la discussion sur une éventuelle campagne unitaire avec Mélenchon, enfin le Front de Gauche, et puis Lutte Ouvrière, à l’époque, à la sortie du mouvement des retraites. On voulait faire un prolongement de cette lutte-là en essayant de trouver un candidat issu du mouvement social. Voilà. Ca n’a pas été possible de part et d’autre ; donc, du coup, nous on est le dernier candidat à s’être affiché puisque c’est en juin qu’on a présenté notre candidat. Donc voilà. On a constaté que ce n’était pas possible de faire ensemble. Donc, on est présenté séparément.
Ceci dit, il y a des points de convergence dans le programme ; il y a aussi des points de divergence ; et par rapport à Lutte Ouvrière, il y a aussi la question du nucléaire et ce n’est pas un détail. Nous, on est pour sortir du nucléaire, en disant : on est pour mettre en place une politique écologiste radicale », et ça n’est pas du tout le cas de Lutte Ouvrière ; donc, il y a aussi des divergences.
Mais ce n’est pas le nucléaire qui vous divise au point de ne pas vous retrouver tous les deux ?!
Non, non, mais c’est quand même un des aspects qui fait qu’on n’est pas ensemble. Nous ce qu’on a envie de discuter c’est la question de la période qui vient, de la riposte ; et c’est vrai que là, par contre, on n’est pas d’accord donc, parce qu’il faut qu’on soit un parti anticapitaliste large, complètement indépendant du PS et c’est vrai qu’après, il y a des désaccords de stratégie ou de perspectives politiques à court terme, entre Lutte Ouvrière et le Front de Gauche ; et ce qu’explique aujourd’hui ; on va dire il y a trois stratégies ou trois perspectives différentes à la gauche de la Gauche.
Parmi les mesures que vous proposez, je cite précisément votre programme, vous parlez d’une « réduction massive du temps de travail ». C’est quoi « massive » ?
Là, c’est 35 heures ; alors, à l’heure où on nous dit que les 35 heures, c’est du luxe, eh bien nous, on pense qu’il faut réduire. Alors 32 heures ? Aller vers les 32 heures et aller au-delà parce que l’idée… Là aussi, c’est l’idée toute simple,
Au-delà, c’est-à-dire ?
C’est que tant qu’il y a du chômage, eh bien 30 heures… Et puis, s’il faut moins. Parce que nous, on est pour bosser le moins possible et gagner le plus possible.
Pourquoi ne pas travailler du tout ?
Si on pouvait ne pas travailler…
Finalement, on pourrait ne pas travailler et être payé ?
Si on pouvait ne pas travailler du tout, on serait pas contre parce qu’on n’est pas non plus des forcenés à dire : il faut bosser parce que ça fait bien de dire ça. Non, si on peut… Le problème c’est qu’il y a du chômage et de la précarité, donc il faut répartir le travail entre tous et tant qu’il y a du chômage, il faut diminuer le temps de travail. C’est comme ça que ça devrait pouvoir marcher et c’est vrai qu’on se revendique un peu de certaines idées du mouvement ouvrier, notamment il y avait Lafargue qui avait écrit un bouquin qui s’appelait « le droit à la paresse ».
Eh bien oui, c’était de dire que plus il y avait de richesses techniques et scientifiques, plus il y avait la capacité de produire des choses ; plus il y avait une logique aussi derrière, c’était eh bien de diminuer le temps de travail, et voilà de s’émanciper un peu de tout ça au fur et à mesure. Donc, on pense qu’une société riche de ça pourrait le permettre.