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La situation de la France est préoccupante pour le Medef

 La situation de la France est préoccupante pour le Medef

Pour Patrick Martin, patron du Medef, la situation de la France est préoccupante. Interview dans le JDD: C’est très préoccupant. Ce qui est significatif c’est que le creusement du déficit reflète très exactement le ralentissement économique. La TVA produit moins de recettes, signe d’une baisse de la consommation, idem pour l’impôt sur les sociétés, symptôme de la crise du secteur de la construction notamment. L’activité économique tourne au ralenti.​

Comment redresser la situation ?​

Il faut traiter ce problème de finances publiques qui n’en finit pas de s’aggraver depuis des décennies. Mais il ne faut pas le traiter dans une logique classique « d’annualité budgétaire ». Or, c’est bien ce qui se dessine. Les agences de notation, juges de paix de la situation budgétaire, ne vont pas découvrir la dégradation des finances publiques l’avant-veille de leur verdict ! Elles examinent les perspectives de notre économie en fonction des actions de redressement qu’engage le gouvernement. Toute décision qui entamerait notre potentiel de croissance conduira à une dégradation de la note de la France. Il faut donc chercher des économies, mais il faut les chercher au bon endroit, c’est-à-dire sur les dépenses de fonctionnement des fonctions publiques.​

On va y venir. Mais sur les conséquences à court terme, Bruno Le Maire a ramené sa prévision de croissance de 1,4 à 1 % pour cette année. Est-ce encore à notre portée ?​

Comme le prédisent l’INSEE et la Banque de France, nous nous attendons à une atonie de la croissance sur les deux premiers trimestres de l’année, voire à un risque de récession. En revanche, du fait des augmentations de salaire et d’un ralentissement de l’inflation, on devrait bénéficier d’une légère hausse du pouvoir d’achat et donc d’un redémarrage de la consommation sur la deuxième partie de l’année. Cela devrait susciter une baisse des taux d’intérêt. Atteindre 1 % de croissance cette année est très ambitieux. La prévision de la Banque de France autour de 0,7 %, voire 0,8 % semble plus réaliste.​

Sur TF1, le Premier ministre a écarté toute remise en cause de la politique de l’offre, est-ce là un élément rassurant pour les entreprises ?​

Il y a deux points positifs à retenir de son intervention. Le premier, c’est qu’à deux reprises, le Premier ministre a marqué sa confiance dans les partenaires sociaux. C’est un signal rassurant. Et par ailleurs, parce qu’elles créent des emplois, le Premier ministre s’est engagé à ne pas affaiblir les entreprises par des mesures fiscales ou sociales qui altéreraient leur compétitivité. Très bien… À une nuance près : dans l’étrange sémantique gouvernementale, ne pas augmenter les impôts, ça n’exclut pas de diminuer les aides. D’où notre vigilance.​

C’est-à-dire précisément, vous pensez à quoi​ ?

Il y a déjà eu un coup de canif très préoccupant dans le budget 2024, avec l’écrêtement des allégements de charges sur les niveaux de rémunération entre 2,5 et 3,5 smic, qui touchent les niveaux de qualification et les secteurs d’activité les plus exposés à la concurrence internationale. Je rappelle qu’au-dessus de 2,1 smic, le coût du travail est plus élevé chez nous qu’en Allemagne.

L’engagement a été pris de supprimer la CVAE – contribution sur la valeur ajoutée e des entreprises – d’ici à 2027. Il reste un peu plus de 3 milliards à solder. Est-ce que vous anticipez le fait que ce ne sera pas pour 2025 ?

Nous sommes inquiets de ce que nous entendons ici et là. La CVAE devait être supprimée intégralement en 2023. Puis on nous a annoncé que ce serait étalé sur 2023-2024. Puis qu’elle s’éteindrait progressivement d’ici 2027. Une nouvelle remise en cause entamerait la confiance qu’on peut placer dans la parole de l’État. Quand on voit la capacité d’accélération des Américains sur la compétitivité et sur l’investissement, la remise en cause de la suppression de la CVAE qui pèse massivement sur l’industrie, contribuerait à accentuer le risque de décrochage par rapport à nos compétiteurs.​

Vous avez écrit aux parlementaires cette semaine pour les alerter sur l’écart grandissant entre l’économie américaine qui s’envole et la nôtre.

L’Europe et la France ne sont pas un monde à part. Nos économies sont ouvertes et c’est tant mieux ! Mais si l’on regarde les coûts de l’énergie ou le soutien que les États accordent à leurs entreprises, nous sommes en train de nous faire distancer par les Chinois qui ont des pratiques très prédatrices, et de l’autre côté, par les Américains. Le programme subventions IRA (Inflation Reduction Act) était, à l’origine, dimensionné à hauteur de 370 milliards de dollars. Le gouvernement américain reconnaît qu’il devrait monter à 1 000 milliards de crédits d’impôt, avec une rapidité de déploiement qui est absolument incroyable. Les délais d’instruction des demandes et les modalités de versement des montants font qu’on prend systématiquement au moins un an de retard.​

À ce propos, le Sénat a rejeté l’accord de libre-échange avec le Canada cette semaine. Comment vous interprétez ce vote ?​

Le Medef soutient cet accord. Ce vote contre le CETA est un non-sens ! Il y a six ans et demi qu’il est en expérimentation. Nous n’en sommes plus aux supputations. Il y a des faits : tous les chiffres démontrent que cet accord est extrêmement profitable à l’Europe et à la France, y compris pour les filières agricoles. Comment, dès lors, expliquer le vote de certains sénateurs qui soutenaient le traité à l’origine ? La seule explication, c’est qu’il y a des postures politiques opportunistes qui sont extrêmement préoccupantes au moment où nous avons besoin de rationalité.​

Vous craignez qu’une forme de complotisme ou d’obscurantisme percute fortement l’économie avec des conséquences très néfastes ?​

Nous, entrepreneurs, avons le sens du temps long, avec une vision largement ouverte sur le monde, parce que nous sommes confrontés à la concurrence internationale. Nous pensons avoir une compréhension de ces enjeux plus rationnelle que celle de certains décideurs politiques. Il n’y a rien de pire pour la décision économique que l’instabilité et le manque de visibilité.​

Bruno Le Maire ressort l’idée d’un transfert d’une partie des charges qui pèsent sur les salaires vers la TVA : la fameuse « TVA sociale ». Est-ce une réponse efficace pour relancer l’économie ?​

Les entreprises françaises supportent encore à ce jour 60 milliards d’impôts de production de plus et autant en charges sociales que la moyenne des entreprises européennes. Si l’on veut être compétitif et attractif, c’est à cela qu’il faut s’attaquer. Il est assez illogique, et même inéquitable, que les entreprises, et donc leurs salariés, supportent l’essentiel du coût de la protection sociale française. Les entreprises ne peuvent pas à la fois investir pour tenir leur rang dans la compétition internationale, consacrer 40 milliards d’euros par an de plus pour se décarboner, rehausser massivement le niveau de qualification de leurs salariés, et enfin augmenter les salaires, et développer l’emploi. C’est arithmétiquement impossible. Donc tout ce qui peut alléger les prélèvements obligatoires sur les entreprises permettra de répondre en tout ou partie à ces impératifs. Au quatrième trimestre 2023, le secteur privé a commencé à détruire des emplois alors que 60 000 emplois ont été créés dans les fonctions publiques en 2023. On nous annonce même une perspective de 70 000 nouveaux emplois dans le public en 2024. Vu l’état actuel des finances publiques, cela interroge !

Le Premier ministre annonce une réforme de l’assurance chômage à l’automne. En jouant soit sur la durée d’indemnisation aujourd’hui de 18 mois, soit sur les conditions d’accès aux allocations. Comment accueillez-vous cette initiative ?​

Il serait déjà utile de mesurer les effets des deux précédentes réformes de l’assurance chômage. Relancer une nouvelle réforme est envisageable, certes. Mais elle ne doit pas faire perdre de vue que la réponse la plus puissante au chômage, c’est l’activité. Tout ce qui soutient l’activité est bon pour l’emploi. La deuxième réponse, c’est la formation sur laquelle il faut miser davantage. Les entreprises pour leur part, sont mobilisées pour contribuer au plein-emploi.

Et sur la méthode ? Cette reprise en main du gouvernement ?

Certains considèrent que les partenaires sociaux, dont le MEDEF, poursuivent de vieilles lunes en défendant le paritarisme. Notre société est de plus en plus inflammable et je voudrais souligner que le climat social dans les entreprises privées, à ce jour, est apaisé. C’est un bien précieux. Par ailleurs, je rappelle que les partenaires sociaux gèrent les retraites complémentaires, l’assurance chômage, le régime accidents du travail, des maladies professionnelles, la prévoyance santé. Ces organismes servent 235 milliards d’euros de prestations par an. Et eux ne sont pas déficitaires.

Il y a eu un débat à la fin de l’année dernière sur la régularisation des travailleurs étrangers dans les métiers en tension. Ça a crispé beaucoup les débats. Quelle est la vision du Medef ?​

 Le débat ne se résume pas à celui de la régularisation des sans-papiers. C’est un vrai sujet, mais qui ne concerne que quelques dizaines de milliers de salariés, soit une faible part de l’immigration économique. Nous devons, par ailleurs, prendre en compte les perspectives démographiques. Compte tenu de la chute de la natalité, il faut se poser la question du financement de notre modèle social qui repose aujourd’hui sur le travail. Moins d’actifs du fait de notre démographie, c’est moins de cotisations, donc moins de prestations sociales. Nous devons collectivement y réfléchir. C’est le rôle d’un MEDEF d’affirmation que d’inscrire dans le débat public les grandes questions qui se posent au pays.

Nucléaire : sûreté préoccupante

Nucléaire : sûreté préoccupante

 

C’est l’avis  de- Pierre-Franck Chevet, président de l’Autorité de sûreté nucléaire, qui s’exprime dans une interview au Figaro

 

Une vingtaine de réacteurs d’EDF sont à l’arrêt. La France risque-t-elle de passer un hiver difficile?

Pierre-Franck CHEVET. - Actuellement, douze réacteurs sont à l’arrêt ou vont être mis à l’arrêt, pour contrôler que l’excès de carbone découvert dans l’acier n’altère pas la capacité de résistance mécanique des générateurs de vapeur. En fin de semaine dernière, EDF nous a remis un dossier complet pour chacune des pièces concernées. Il nous faut ensuite un mois environ pour contrôler les tests effectués et donner, ou non, notre feu vert au redémarrage des centrales. Dans le meilleur des cas, les réacteurs d’EDF pourraient être opérationnels dans un mois et atteindre leur pleine puissance en janvier 2017. L’ASN a transmis ces éléments de calendrier à RTE (Réseau de transport d’électricité), en charge du réseau, dont le rôle est d’équilibrer la consommation et l’offre d’électricité. (…)

 

Entre les difficultés économiques d’EDF et d’Areva ainsi que les problèmes techniques, jamais la situation du nucléaire en France n’a été aussi problématique…

La situation est devenue, en effet, très préoccupante. D’où la nécessité d’agir avec calme et rigueur. Une anomalie générique a été identifiée sur les générateurs de vapeur, entraînant une procédure de contrôle de grande ampleur. Ce n’est pas une première: au début des années 1990, une corrosion de tous les couvercles des réacteurs en activité avait été identifiée. À l’époque, EDF avait pu gérer la situation en remplaçant peu à peu tous les couvercles. En 2013, dans le cadre de la préparation du projet de loi sur la transition énergétique, j’avais averti de la nécessité de pouvoir se passer à intervalles réguliers de 5 à 10 réacteurs, car des problèmes génériques pouvaient être découverts. Il y a de plus un cas où la sûreté pouvait être en cause, ce qui nous a conduits à décider de l’arrêt de Fessenheim 2 l’été dernier. (…)

 

Face à toutes ces problématiques soulevées, l’état des centrales présente-t-il un risque pour la sûreté de nos concitoyens?

L’ensemble des décisions prises par l’ASN sur ces différentes problématiques s’inscrivent précisément dans une démarche de sûreté des réacteurs nucléaires et donc de protection des populations. Il en est ainsi de l’arrêt anticipé de certains réacteurs d’EDF, ou de l’extension du réexamen de la qualité des fabrications passées de l’usine du Creusot d’Areva. Ces décisions, fortes, nécessaires, appellent à un engagement sans précédent des industriels concernés, qui plus est, dans la durée. Nous serons particulièrement vigilants à ce qu’un tel engagement se maintienne!

 

Conseil économique et social (CESE) : la situation de la France est « préoccupante »

Conseil économique et social (CESE) : la situation de la France  est « préoccupante »

 

La situation économique et sociale en France est « préoccupante », estime le Conseil économique, social et environnemental (Cese) dans un projet d’avis qui préconise notamment un « approfondissement » de l’Union européenne et une « adaptation » de l’économie et du pacte social. « Au-delà des changements de gouvernements, il semble qu’une réelle prise de conscience se fasse jour en France sur la nécessité de mener des réformes structurelles », affirme le projet d’avis sur l’état de la France en 2012, présenté mercredi par Roger Mongereau, vice-président de la CGPME. Selon ce texte, « les préconisations » du rapport de Louis Gallois sur la compétitivité et « les premières orientations annoncées par le gouvernement » de Jean-Marc Ayrault, participent de « la prise de conscience des efforts à accomplir pour retrouver la compétitivité de notre industrie ». Toutefois, le Cese « s’interroge » sur les « conséquences économiques et sociales » des mesures destinées à compenser les crédits d’impôt aux entreprises (hausse de la TVA, réduction de la dépense publique). Saluant la tenue des conférences environnementale et sociale, le Conseil préconise aussi l’élaboration d’un « pacte productif », si possible au niveau européen, dans « l’esprit de l’après-guerre », une amélioration de l’effcacité de la dépense publique en procédant à « des expérimentations suivies d’évaluations » des politiques publiques.

 




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