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Automobiles: la Chine devient le premier constructeur mondial

Automobiles: la Chine devient le premier constructeur mondial


. En 2023, les constructeurs basés en Chine ont exporté 4,91 millions de voitures, bus et camions selon l’Association chinoise des constructeurs automobiles (Caam) alors que les Japonais ont livré 4,42 millions d’unités hors de l’Archipel. Le Japon détenait le titre de premier exportateur de véhicules depuis six ans. Les constructeurs japonais, qui produisent deux fois plus de véhicules dans leurs usines à l’étranger (17 millions en 2022) qu’au Japon, sont de fait pénalisés dans ce calcul par la faible implantation des chinois hors de leur pays.

Il ne s’agit là que des prémices d’un phénomène appelé à prendre de l’ampleur ces prochaines années. La production automobile chinoise est colossale avec plus de 30 millions d’unités en 2023, en hausse de 11,6 % par rapport à 2022, selon les données publiées par la Caam.

Le plus gros producteur de voiture au monde en 2022
Caractéristique Voitures particulières produites en millions
Chine 27,02
Japon 7,84
Allemagne 5,7
États-Unis 10,06
Chine: 30 millions en 2023

Liste européenne du PS: le premier ouvrier en 41e position !

Liste européenne du PS: le premier ouvrier en 41e position !

Fidèle à lui-même, le parti socialiste a une nouvelle fois écartée des postes illisibles de sa liste européenne les couches sociales issues du monde ouvrier. Le phénomène n’est pas nouveau puisque ce parti comprend depuis presque toujours dans sa direction des couches moyennes, des fonctionnaires et des technocrates.

En désaccord avec la composition de la liste socialiste aux élections européennes, qu’il juge en manque de candidats issus des classes populaires, le député de l’Eure Philippe Brun a annoncé jeudi 1er février quitter la direction du parti, déplorant «un esprit de fermeture».
Le pire, c’est que M. Brun avait été chargé il y a un an par le premier secrétaire Olivier Faure d’engager «un travail de fond pour que le Parti socialiste retrouve la confiance des classes populaires et les classes moyennes». Ce travail, au sein d’une convention intitulée «Retrouvons le peuple», devait aboutir dans les prochains mois. Parmi les objectifs figurait celui «d’une meilleure représentativité des classes populaires dans les candidatures de notre parti, qui compte de nombreux militants ouvriers et employés à sa base mais très peu à sa tête», .
«J’ai pesé de tout mon poids et ai mis toutes mes forces» pour que des candidates et candidats issus des classes populaires «puissent figurer sur notre liste européenne», mais «je constate ne pas avoir été entendu». Déplorant un «esprit de fermeture», il souligne : «Le Parti socialiste ne retrouvera pas le peuple sans le peuple».

Chine : désormais premier constructeur d’automobiles mondial

Chine : désormais premier constructeur d’automobiles mondial


. En 2023, les constructeurs basés en Chine ont exporté 4,91 millions de voitures, bus et camions selon l’Association chinoise des constructeurs automobiles (Caam) alors que les Japonais ont livré 4,42 millions d’unités hors de l’Archipel. Le Japon détenait le titre de premier exportateur de véhicules depuis six ans. Les constructeurs japonais, qui produisent deux fois plus de véhicules dans leurs usines à l’étranger (17 millions en 2022) qu’au Japon, sont de fait pénalisés dans ce calcul par la faible implantation des chinois hors de leur pays.

Il ne s’agit là que des prémices d’un phénomène appelé à prendre de l’ampleur ces prochaines années. La production automobile chinoise est colossale avec plus de 30 millions d’unités en 2023, en hausse de 11,6 % par rapport à 2022, selon les données publiées par la Caam.

Le plus gros producteur de voiture au monde en 2022
Caractéristique Voitures particulières produites en millions
Chine 27,02
Japon 7,84
Allemagne 5,7
États-Unis 10,06
Chine: 30 millions en 2023

Conférence de presse de Macon : déjà pour couper l’herbe sous le pied du premier ministre

Conférence de presse de Macon : déjà pour couper l’herbe sous le pied du Premier ministre

Macron a décidé de tenir une conférence de presse mardi soir. Du coup, le premier ministre qui envisageait une déclaration de politique générale repousse son intervention. Un scénario déjà connu dans le passé avec un président qui coupe l’herbe sous le pied de son Premier ministre.

Sans doute un scénario qu’on retrouvera par la suite car si le président veut récupérer l’actuelle popularité de son premier ministre, il ne lui permettra pas d’occuper en permanence le devant de la scène. Du coup le lendemain, Gabriel Attal se résoudra seulement à réunir
l’ensemble de ses ministres à 17 heures à Matignon en « séminaire de travail » pour préparer de manière « collégiale » sa déclaration de politique générale que chaque chef de gouvernement prononce devant le Parlement après sa nomination, a annoncé Matignon dimanche soir.

Aucune date n’a encore été arrêtée pour cette déclaration.

L’intox, premier risque mondial ?

Selon le rapport annuel du Forum économique mondial de Davos, la manipulation de l’information est la grande menace à court terme redoutée par les dirigeants, devant les événements climatiques extrêmes et les fractures sociales.

Selon le rapport, les cinq principaux risques mondiaux, à une échéance de deux ans, sont donc la désinformation; les événements météorologiques extrêmes; la polarisation des sociétés; les cyberattaques et enfin les conflits armés entre États. L’inflation et le ralentissement économique n’ont pas disparu par enchantement des préoccupations des dirigeants mais sont reléguées aux 7e et 9e places respectivement, l’immigration incontrôlée arrivant au 8e rang.

Lorsqu’on leur demande de considérer les menaces à plus long terme, (dix ans), les risques environnementaux prennent le dessus : événements météorologiques extrêmes; basculement irréversible de systèmes naturels (montée des océans, fonte du permafrost, perturbation de la circulation océanique…); perte de la biodiversité et, en cinquième position, la désinformation.

D’un pays à l’autre, la perception des risques varie d’un pays à l’autre. Ainsi, en France, experts et dirigeants citent d’abord le ralentissement économique, les fractures sociales et la dette publique. Le trio de tête pour les Américains est le ralentissement économique, les maladies infectieuses et l’inflation quand les Indiens, qui vont voter au printemps, évoquent la désinformation, les maladies infectieuses et le travail clandestin.

Attal, premier ministre : Un pari risqué surtout pour Macron

Attal, premier ministre : Un pari risqué surtout pour Macron

D’une certaine manière les risques liés à la nomination du premier ministre sont plus importants pour Macro que pour Attal. En effet, en cas d’échec- hypothèse qu’on ne peut exclure tellement le poste de premier ministre est exposé- la responsabilité pourrait bien en incomber en grande partie au président. Attal compte tenu de son âge aura largement le temps de gommer dans son passé ses éventuelles erreurs de premier ministre. Notons ne fait qu’avec le temps souvent on trouve des qualités à ceux qu’on critiquait précédemment. Simplement par le phénomène de comparaison. Par exemple Élisabeth Borne sera définitivement jugée seulement après le passage d’Attal à Matignon. Il en sera de même pour Attal. Ce dernier bénéficie cependant de l’avantage de l’âge.

On pourrait objecter que Macron sera encore assez jeune en 2027. Le seul problème c’est que 5 ou 10 ans ne seront sans doute pas suffisant pour faire oublier son lamentable bilan, ses contradictions et ses insupportables bavardages.

Encore une fois le succès d’Attal comme premier ministre est loin d’être assuré. Il dépendra du contexte national mais peut-être encore davantage international. Au plan interne la pire difficulté pour le nouveau premier ministre sera d’éviter la tutelle paralysante d’un président qui veut s’occuper de tout.

Il pourra cependant se distinguer du président en évitant de shunter les principales institutions et organisations à commencer par le Parlement. La distinction pourrait être dans la méthode en instaurant un débat autrement plus réel, plus constant et plus constructif.

Au plan international, Attal aura des difficultés à enjamber Macon surtout en cas d’événements géopolitiques graves.

Le risque politique global est surtout pour le président car en permanence l’opinion et les experts feront la comparaison entre le premier ministre et le chef de l’État. Et de ce point de vue, on peut difficilement faire plus mal que Macron, bavard impénitent, condescendant voire méprisant. Justement le contraire d’Attal qui évitera sans doute le piège de la grandiloquence jupitérienne.

Le piège pour Macon c’est surtout cette comparaison permanente qui va s’installer.

Bien entendu Macon essaiera de récupérer à son profit les éventuels succès d’Attal ; sans doute en vain car son image est tellement détériorée que l’opinion aura du mal à lui faire crédit aujourd’hui sur ce qu’il a échoué hier.

Attal , Premier ministre : 53 % des Français approuvent

Attal , Premier ministre : 53 % des Français approuvent

Selon Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro révèle que le nouveau premier ministre bénéficie d’un soutien majoritaire dans l’opinion ( 53%).Notons qu’Élisabeth Borne lors de sa nomination avait reçu le soutien de 55 % pour finir avec 60 % de mécontents

Selon la dernière vague de l’étude Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro, le chef du gouvernement est plébiscité pour son dynamisme (77%), sa sympathie (70%), son ouverture au dialogue (64%), sa compétence (62%), sa solidité (54%) et son autorité (51%).

Pour autant, ces bonnes opinions ne suffisent pas à en faire le candidat naturel du camp Macron pour 2027 où, même s’il progresse de +17 points (46%), il reste devancé par Édouard Philippe (52% ; +2). Derrière, les ministres sortants de l’Économie, Bruno Le Maire (33% ; +5), et de l’Intérieur, Gérald Darmanin (28% ; -4), ferment la marche, tandis que la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet (12%), se classe en dernière position.

Premier Ministre: Macron cherche un second couteau pas trop doué

Premier Ministre: Macron cherche un second couteau pas trop doué

Les consultations continuent discrètement mais cependant un rythme assez ralenti pour opérer le mini remaniement du gouvernement que souhaite Macron. On ne connaît pas encore les favoris vraiment en lice mais on connaît déjà le profil. En effet le président ne souhaite pas une forte personnalité qui viendrait lui faire concurrence. Ce qui élimine d’entrer par exemple Darmanin ou certains leaders des » Républicains ».

Macron ne veut pas recommencer l’expérience malheureuse avec Édouard Philippe qui finalement a un moment s’est mis en concurrence avec le président. Ce qui lui a coûté son poste.

Le président ne recherche pas nécessairement quelqu’un de très compétent puisque toutes les décisions sont prises à l’Élysée et qu’il s’agit surtout d’appliquer la ligne présidentielle.

Le président recherche donc un second couteau pas forcément très doué mais sans en ambition politique de haut niveau. Pour compenser ce profil peu séduisant, Macron va essayer de surprendre comme il en a d’habitude mais avec une transgression qui s’attachera davantage à la forme qu’au fond.

Le handicap fondamental de Macron c’est son absence de majorité au Parlement et en particulier à l’Assemblée nationale. Le président est à peu près paralysé sur beaucoup de projets. Évidemment il ne peut ni ne veut compter sur les voix du Front National et sa droitisation lui bloque les voix de gauche.

Poste de premier Ministre: Macron cherche un second couteau pas trop doué

Poste de premier Ministre: Macron cherche un second couteau pas trop doué

Les consultations continuent discrètement mais cependant un rythme assez intense pour opérer le mini remaniement du gouvernement que souhaite Macron. On ne connaît pas encore les favoris vraiment en lice mais on connaît déjà le profil. En effet le président ne souhaite pas une forte personnalité qui viendrait lui faire concurrence. Ce qui élimine d’entrer par exemple Darmanin ou certains leaders des » Républicains ».

Macron ne veut pas recommencer l’expérience malheureuse avec Édouard Philippe qui finalement a un moment s’est mis en concurrence avec le président. Ce qui lui a coûté son poste.

Le président ne recherche pas nécessairement quelqu’un de très compétent puisque toutes les décisions sont prises à l’Élysée et qu’il s’agit surtout d’appliquer la ligne présidentielle.

Le président recherche donc un second couteau pas forcément très doué mais sans en ambition politique de haut niveau. Pour compenser ce profil peu séduisant, Macron va essayer de surprendre comme il en a d’habitude mais avec une transgression qui s’attachera davantage à la forme qu’au fond.

Le handicap fondamental de Macron c’est son absence de majorité au Parlement et en particulier à l’Assemblée nationale. Le président est à peu près paralysé sur beaucoup de projets. Évidemment il ne peut ni ne veut compter sur les voix du Front National et sa droitisation lui bloque les voix de gauche.

Politique Europe- Delors, le premier dirigeant politique européen

Politique Europe- Delors, le premier dirigeant politique européen

Jacques Delors, qui s’est éteint le 27 décembre dernier à 98 ans, restera dans l’histoire comme l’homme de la relance de l’Europe. Il façonna ce personnage durant son mandat de président de la Commission européenne (1985-1995), dix années au cours desquelles il joua un rôle décisif et novateur : il a, tout simplement, inventé la fonction de dirigeant politique européen, et a été le premier à l’exercer. Il n’a pas été l’un des « pères fondateurs de l’Europe ». Non seulement parce qu’il appartient à la génération d’après : les fondateurs (Adenauer, Schuman, Spaak, Beyen, Bech, De Gasperi, Martino, Hallstein, Mollet – ainsi que Monnet qui n’est jamais entré en politique) sont nés entre 1875 et 1905, alors que Delors est né en 1925 ; mais aussi parce que les fondateurs ont été avant tout des dirigeants nationaux – certes décidés à unir leurs pays, à les reconstruire ensemble et à mettre fin à l’état de guerre entre eux. C’est à cet effet qu’ils inventèrent dans les années 1950 la supranationalité : ils instituèrent la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) par le traité de Paris de 1951 puis la Communauté économique européenne (CEE) par le traité de Rome de 1957. Lorsque Delors arrive au pouvoir comme ministre français des Finances en 1981, tout ceci est acquis.

par
Sylvain Kahn
Professeur agrégé d’histoire, docteur en géographie, européaniste au Centre d’histoire de Sciences Po, dans The Conversation

Si Delors n’a pas été à l’origine de la construction européenne, il lui donne un coup d’accélérateur décisif lors de ses dix années à la tête de la Commission. Sous sa férule réformatrice, le marché commun du traité de Rome devient le marché unique – institué par l’Acte unique européen de 1986 entré en vigueur en 1992, puis l’Union européenne avec le traité de Maastricht qui entre en vigueur en 1993.

Émerge un véritable territoire politique européen : l’Acte unique mutualise des pans entiers de souveraineté puisqu’il n’y a plus d’obstacle à la mobilité des femmes et des hommes, ni à la circulation des biens et des services. C’est le temps de la création des programmes de mobilité étudiante Erasmus et Leonardo ; de l’essor d’une politique régionale dite de cohésion – sorte de plan Marshall permanent de soutien aux régions et aux pays les moins prospères ou en crise ; et de l’instauration d’une politique européenne de R&D très bien financée (PCRD, Esprit, Eureka, bientôt suivis d’Airbus, de Galileo et du spatial en lien avec l’Agence spatiale européenne).

Le marché unique s’est lui-même fondu dans l’Union européenne du traité de Maastricht. Signé en 1991, entré en vigueur en octobre 1993, « Maastricht » mutualise des éléments de la souveraineté régalienne : justice, police, affaires étrangères, défense le sont à petits pas et très partiellement. La monnaie, elle, est totalement mutualisée, et Delors est personnellement très impliqué puisqu’à la fin des années 1980, il a présidé l’instance qui invente l’euro.

Margaret Thatcher, qui n’a pas vu venir cette dynamique à laquelle elle tenta, seule souverainiste du Conseil européen, de s’opposer, fut poussée à la démission par sa propre majorité parlementaire en 1990.

Au passage, la Commission Delors accompagne avec finesse l’unification de l’Allemagne et l’intégration de l’ex-RDA dans la CEE, ainsi que l’élargissement en 1995 à trois pays neutres (la Suède, la Finlande et l’Autriche) et l’association à l’UE des pays de l’Est libérés du communisme et devenus candidats – trois développements totalement imprévus et rendus possibles par la fin de la guerre froide et de l’URSS.

Delors incarne mieux que tout autre le passage de la CEE à l’UE et de l’Europe des Dix à l’Europe des 25. Bien entendu, il n’était pas seul. L’Europe était et demeure, selon sa propre formule, une « fédération d’États-nations ». La construction européenne met effectivement en place une sorte d’État fédéral qui associe non pas des États fédérés mais des États souverains ; non pas des peuples mais des nations, indépendantes et politiquement construites.

Delors fut le premier à mettre en scène le système politique européen et à en utiliser tout le potentiel. Dès la rédaction collective de l’Acte unique, il favorise le renforcement progressif des pouvoirs du Parlement européen, historiquement bien moindres que ceux du Conseil (nom donné au parlement des États membres) et donc le caractère bicaméral de la CEE. En incarnant la Commission européenne, il lui fait jouer pleinement son double rôle d’administration centrale des politiques publiques européennes et d’inspirateur de dispositifs et de solutions à décider par les États. Il téléphone régulièrement aux chefs de gouvernements pour avancer, proposer, négocier ; il en tutoie un certain nombre. Il est des leurs. Ils l’ont d’ailleurs choisi, en 1984, en connaissance de cause.

Cette année-là, les dirigeants des Dix, à qui il revient de choisir ensemble le ou la présidente de l’exécutif européen, veulent désigner un président de la Commission fort. Car la commission qui entrera en fonctions en janvier 1985, aura fort à faire. Au sommet de Fontainebleau de juin 1984 que préside François Mitterrand, les Dix se sont mis d’accord pour relancer la construction européenne : au prix tout relatif du compromis sur le rabais britannique, ils mettent fin au blocage budgétaire exercé par le gouvernement de Margaret Thatcher depuis 1979, ouvrent grand la porte à l’Espagne et au Portugal, qui adhéreront en 1986, annoncent la création du passeport européen, la suppression des contrôles aux frontières internes de la CEE, l’équivalence des diplômes universitaires au sein de la CEE, la création d’un drapeau et d’un hymne européens et, last but not least, la mise en place d’un « comité Spaak » destiné à approfondir la construction européenne et sa vie politique.

Pour ces dirigeants de l’Europe des Dix – Kohl, Mitterrand, Craxi, Martens, Lubbers, Santer, Thatcher, FitzGerald, Schlüter et Papandreou –, Delors sera the right man at the right place. Il a la confiance des trois leaders socialistes, puisqu’il est l’un des proches de François Mitterrand depuis le milieu des années 1960, mais aussi celle des cinq démocrates-chrétiens et des deux conservateurs : ministre des Finances depuis 1981, il est celui qui a su imposer aux courants souverainistes et marxistes du gouvernement de gauche français la préférence pour l’Europe et l’économie de marché, et la faire endosser par le président Mitterrand. Et de 1969 à 1972, il avait été le conseiller de Jacques Chaban-Delmas, un premier ministre de droite, gaulliste social.

Delors a fait ses preuves : il sait diriger, il connaît la vie politique nationale et supranationale, il a une vision claire des tenants, des aboutissants et des enjeux de l’économie internationale. Dans ses différentes fonctions, il a mis en pratique sa foi dans l’intelligence collective, la concertation et la négociation, qui débouche sur la contractualisation. Il n’a le culte ni de l’État ni du parti d’avant-garde : pour lui, les États et les partis sont des acteurs certes importants, mais parmi d’autres. Il n’y a « pas de solutions durables sans le concours des différents groupes de producteurs, chefs d’entreprise, salariés, paysans… », a-t-il écrit.

C’est un homme de 60 ans qui s’apprête à transformer l’Europe. À cet âge-là, dans la France des années 1980 et de la victoire de la gauche, on prend sa retraite ! C’est que Delors est entré en politique sur le tard : son premier mandat électif date de 1979, lorsqu’il devient député européen sur la liste du parti socialiste français – mandat qu’il interrompt en 1981 en entrant au gouvernement. En 1983, il est élu maire de Clichy, en banlieue parisienne – fonction qu’il quitte en rejoignant Bruxelles. C’est tout pour les élections. En 1977 et en 1978, alors membre des instances dirigeantes du PS, Delors décline les propositions de s’engager comme candidat dans les batailles électorales des municipales puis des législatives.

Jusqu’au début des années 1980, l’essentiel de son parcours a donc moins été celui d’un homme politique que celui d’un ingénieur de la réforme et d’un homme d’idées : durant les décennies 1960 et 1970, il co-anime des clubs et des réseaux de réflexion, comme Jean Moulin ou Échanges et projets. En 1990, encore, il fonde le club Témoin.

C’est un chrétien de gauche : l’inclusion, la justice sociale et la solidarité lui importent au premier chef – plus que l’émancipation individuelle et l’extension des droits de la personne. Pour y parvenir, il est convaincu de la centralité du travail dans la société. C’est pourquoi il consacre ses efforts à la création d’emplois, au partage du travail et à son humanisation. « Pas d’économique sans social, pas de social sans économique, et pas d’économique sans modernisation », écrit-il.

Militant syndical, il contribue à la déconfessionnalisation de la CFTC et à la naissance de la CFDT. Dans les années 1960, il n’est pas énarque mais chef de service au Commissariat général au Plan ; le Plan n’était-il pas le think tank de l’État ? De là, il est appelé à rejoindre le cabinet de Jacques Chaban-Delmas, nommé premier ministre par le nouveau président Pompidou.

Il est alors l’inspirateur de l’implantation de la formation professionnelle dans toutes les entreprises (loi de 1971) et des contrats de progrès dans les entreprises publiques. Si Mitterrand était devenu président en 1965, Delors l’aurait sans doute suivi à l’Élysée car il avait avec discrétion rejoint son équipe de campagne. D’ailleurs, en 1981, il s’imaginait plus en secrétaire général de l’Élysée ou en commissaire au Plan qu’en ministre des Finances. Avec ces quelques éléments en perspective, on est moins surpris qu’il n’ait pas franchi le pas de la candidature à l’élection présidentielle de 1995.

Mais revenons à 1984. La nomination de Delors comme futur président de la Commission à partir du 1er janvier 1985 s’impose d’autant plus qu’il ne candidate pas. Aucun des prétendants (Cheysson, Christophersen, Biedenkopf…) ne fait l’unanimité ni même ne convainc. Aucun ne coche toutes les cases que coche Delors.

Helmut Kohl le premier évoque son nom en arrivant à Fontainebleau. Mutatis mutandis, Delors n’est-il pas, au vu de toutes ses qualités, ce qu’en Allemagne on reconnaîtrait comme un dirigeant chrétien-démocrate adepte de l’économie sociale de marché ? Kohl, aux affaires depuis 1982, a en très peu de temps scellé avec Mitterrand une solidarité d’une grande vigueur, éprouvée dans la crise des euromissiles et les spéculations contre le franc. 1984 est le sommet où le tandem franco-allemand se déploie avec une rare intensité et une efficacité maximale.

Mitterrand n’est pas fâché d’exfiltrer Delors du gouvernement : il vient de nommer premier ministre Laurent Fabius, qui le déteste ; il est fatigué des menaces à la démission, l’un des pêchés mignons de Delors, qui a par ailleurs refusé en 1983 le poste de premier ministre au motif qu’il voulait le cumuler avec celui de ministre des Finances. L’essentiel est pourtant ailleurs. Avec Fontainebleau, Mitterrand prend un tournant majeur : il se drape dans son habit de grand président français européen, qui fait de la construction européenne sa priorité et la planche de salut de son programme socialiste et progressiste.

Delors lui est loyal et fidèle : depuis 20 ans, il l’a prouvé à maintes reprises. Dans le même temps, son indépendance, sa réticence à l’embrigadement partisan et idéologique, son positionnement social-démocrate, son indifférence au marxisme – toutes caractéristiques pour lesquelles il n’a jamais été en odeur de sainteté au sein du PS d’Épinay – sont autant de qualités pour diriger un exécutif supranational à une époque où les socialistes sont minoritaires au sein du Conseil européen.

Le legs le plus original et le plus porteur transmis par Delors aux générations suivantes et actuelles est la façon dont il a dénationalisé et européanisé la politique. Il a été secondairement un homme politique français car il a été avant tout un homme politique européen. Il contribue comme ministre des Finances à la relance de l’Europe de 1984 par le rôle qu’il a joué dans la conversion du PS français et de la société française à l’Europe communautaire.

Désigné président de la future Commission, il joue un rôle déterminant dans la mise en œuvre et le déploiement de cette relance de la construction européenne. Comme l’écrit Chantal Tauxe dans Le Temps, « on se figure mal aujourd’hui (combien) la création du marché et de la monnaie uniques (a été) une sorte de big bang de l’intégration européenne ».

Avant même son entrée en fonctions, il entreprend le tour des capitales. À chaque chef de gouvernement, il propose quatre modalités de relance de la construction européenne. Dans l’immédiat, une fit consensus – même les thatchériens la soutinrent : le marché unique. La politique européenne de création par le droit d’un marché à la taille de l’espace européen est tout sauf du néo-libéralisme : c’est un marché institué, régulé et encadré.

Il s’est agi de mettre fin, d’une part aux obstacles non tarifaires au commerce entre pays (c’est-à-dire autres que les droits de douane : des règlements nationaux ou régionaux utilisés à des fins protectionnistes), et d’autre part aux monopoles d’État sur la production et la distribution de l’électricité, du gaz, du courrier postal, des télécommunications, des communications terrestres (routières, ferroviaires, fluviales) et aériennes. Les conséquences de l’ouverture d’un marché européen dans les secteurs en question sont immenses pour les populations et les sociétés : démocratisation des transports, de la mobilité, de l’usage du téléphone…

Le 17 janvier 1989, reconduit par les dirigeants des Douze, Delors rappelle, dans le premier discours au Parlement européen de son nouveau mandat bruxellois, que ce qui est à l’œuvre est « la combinaison du jeu du marché – qui ne peut fonctionner sans un minimum de règles –, du dialogue social et de l’action des institutions publiques […], et ce dans le respect du principe de subsidiarité afin d’éviter une centralisation excessive et inutile ». Et d’ajouter : « Le succès de l’Acte unique européen […] ne dépendra pas que du dynamisme et du savoir-faire de la Commission. Loin de là ! Il sera fonction de l’esprit d’innovation de chaque région. Il ne sera possible que si les bureaucraties nationales renoncent à vouloir tout contrôler et à raisonner uniquement en termes de transferts financiers. »

L’héritage que laisse Delors à la classe et aux partis politiques d’aujourd’hui est donc celui-ci : ne vous laissez pas enfermer par l’illusion du monopole national de la politique. La politique réduite au national fait partie du problème. Pour trouver des solutions, faites de la politique entre Européens et prenez vos décisions à l’échelle européenne.

De fait, dans la durée, ce legs est vivant et entretenu. Même avec difficulté, même si cela a parfois pris du temps, les classes politiques européennes n’ont cessé de résoudre les problèmes et les défis par des solutions européennes :

Mécanisme européen de stabilité (MES) ;

Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de la zone euro (TSCG) ;

Quantitative easing (QE) mis en œuvre par la Banque centrale européenne pour sortir de la crise des dettes souveraines et de la zone euro (2010-2018) ;

mandat unique donné à la Commission européenne par les 27 pour négocier le Brexit et établir un nouveau traité bilatéral avec le Royaume-Uni (2016-2020) ;

Pacte vert pour la transition climatique et énergétique ;

plan de relance européen financé par l’émission inédite de bons du trésor européens ;

création d’une politique industrielle et d’une politique de vaccination pour faire face aux conséquences sanitaires, économiques et sociales de la pandémie du Covid-19 qui a tué près de 1,4 million d’Européens (2020) ;

coordination et convergence sans précédent de la politique étrangère et de défense pour soutenir l’Ukraine agressée par la Russie, sanctionner cette dernière, et mettre fin aux importations d’énergie russe (depuis 2022).

Et tout cela avec un Parlement européen dont le rôle et l’influence n’ont cessé d’augmenter.

De façon significative, face au Brexit, au Covid et à la guerre d’Ukraine, le rôle d’impulsion, d’invention et de coordination de la Commission européenne est à nouveau très tangible, comme il l’était du temps de Delors. Et comme alors, son lointain successeur, Ursula von der Leyen, en poste depuis 2019, a donné à l’Europe un visage, une incarnation et un leadership. Mais l’époque a changé et ce changement ne doit rien à Delors ni à son héritage : cette fois, avec éclat, et alors que le Conseil européen s’est féminisé, ce visage et ce leadership européens sont ceux d’une femme !

Politique- Delors, le premier dirigeant politique européen

Politique- Delors, le premier dirigeant politique européen

Jacques Delors, qui s’est éteint le 27 décembre dernier à 98 ans, restera dans l’histoire comme l’homme de la relance de l’Europe. Il façonna ce personnage durant son mandat de président de la Commission européenne (1985-1995), dix années au cours desquelles il joua un rôle décisif et novateur : il a, tout simplement, inventé la fonction de dirigeant politique européen, et a été le premier à l’exercer. Il n’a pas été l’un des « pères fondateurs de l’Europe ». Non seulement parce qu’il appartient à la génération d’après : les fondateurs (Adenauer, Schuman, Spaak, Beyen, Bech, De Gasperi, Martino, Hallstein, Mollet – ainsi que Monnet qui n’est jamais entré en politique) sont nés entre 1875 et 1905, alors que Delors est né en 1925 ; mais aussi parce que les fondateurs ont été avant tout des dirigeants nationaux – certes décidés à unir leurs pays, à les reconstruire ensemble et à mettre fin à l’état de guerre entre eux. C’est à cet effet qu’ils inventèrent dans les années 1950 la supranationalité : ils instituèrent la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) par le traité de Paris de 1951 puis la Communauté économique européenne (CEE) par le traité de Rome de 1957. Lorsque Delors arrive au pouvoir comme ministre français des Finances en 1981, tout ceci est acquis.

par
Sylvain Kahn
Professeur agrégé d’histoire, docteur en géographie, européaniste au Centre d’histoire de Sciences Po, dans The Conversation

Si Delors n’a pas été à l’origine de la construction européenne, il lui donne un coup d’accélérateur décisif lors de ses dix années à la tête de la Commission. Sous sa férule réformatrice, le marché commun du traité de Rome devient le marché unique – institué par l’Acte unique européen de 1986 entré en vigueur en 1992, puis l’Union européenne avec le traité de Maastricht qui entre en vigueur en 1993.

Émerge un véritable territoire politique européen : l’Acte unique mutualise des pans entiers de souveraineté puisqu’il n’y a plus d’obstacle à la mobilité des femmes et des hommes, ni à la circulation des biens et des services. C’est le temps de la création des programmes de mobilité étudiante Erasmus et Leonardo ; de l’essor d’une politique régionale dite de cohésion – sorte de plan Marshall permanent de soutien aux régions et aux pays les moins prospères ou en crise ; et de l’instauration d’une politique européenne de R&D très bien financée (PCRD, Esprit, Eureka, bientôt suivis d’Airbus, de Galileo et du spatial en lien avec l’Agence spatiale européenne).

Le marché unique s’est lui-même fondu dans l’Union européenne du traité de Maastricht. Signé en 1991, entré en vigueur en octobre 1993, « Maastricht » mutualise des éléments de la souveraineté régalienne : justice, police, affaires étrangères, défense le sont à petits pas et très partiellement. La monnaie, elle, est totalement mutualisée, et Delors est personnellement très impliqué puisqu’à la fin des années 1980, il a présidé l’instance qui invente l’euro.

Margaret Thatcher, qui n’a pas vu venir cette dynamique à laquelle elle tenta, seule souverainiste du Conseil européen, de s’opposer, fut poussée à la démission par sa propre majorité parlementaire en 1990.

Au passage, la Commission Delors accompagne avec finesse l’unification de l’Allemagne et l’intégration de l’ex-RDA dans la CEE, ainsi que l’élargissement en 1995 à trois pays neutres (la Suède, la Finlande et l’Autriche) et l’association à l’UE des pays de l’Est libérés du communisme et devenus candidats – trois développements totalement imprévus et rendus possibles par la fin de la guerre froide et de l’URSS.

Delors incarne mieux que tout autre le passage de la CEE à l’UE et de l’Europe des Dix à l’Europe des 25. Bien entendu, il n’était pas seul. L’Europe était et demeure, selon sa propre formule, une « fédération d’États-nations ». La construction européenne met effectivement en place une sorte d’État fédéral qui associe non pas des États fédérés mais des États souverains ; non pas des peuples mais des nations, indépendantes et politiquement construites.

Delors fut le premier à mettre en scène le système politique européen et à en utiliser tout le potentiel. Dès la rédaction collective de l’Acte unique, il favorise le renforcement progressif des pouvoirs du Parlement européen, historiquement bien moindres que ceux du Conseil (nom donné au parlement des États membres) et donc le caractère bicaméral de la CEE. En incarnant la Commission européenne, il lui fait jouer pleinement son double rôle d’administration centrale des politiques publiques européennes et d’inspirateur de dispositifs et de solutions à décider par les États. Il téléphone régulièrement aux chefs de gouvernements pour avancer, proposer, négocier ; il en tutoie un certain nombre. Il est des leurs. Ils l’ont d’ailleurs choisi, en 1984, en connaissance de cause.

Cette année-là, les dirigeants des Dix, à qui il revient de choisir ensemble le ou la présidente de l’exécutif européen, veulent désigner un président de la Commission fort. Car la commission qui entrera en fonctions en janvier 1985, aura fort à faire. Au sommet de Fontainebleau de juin 1984 que préside François Mitterrand, les Dix se sont mis d’accord pour relancer la construction européenne : au prix tout relatif du compromis sur le rabais britannique, ils mettent fin au blocage budgétaire exercé par le gouvernement de Margaret Thatcher depuis 1979, ouvrent grand la porte à l’Espagne et au Portugal, qui adhéreront en 1986, annoncent la création du passeport européen, la suppression des contrôles aux frontières internes de la CEE, l’équivalence des diplômes universitaires au sein de la CEE, la création d’un drapeau et d’un hymne européens et, last but not least, la mise en place d’un « comité Spaak » destiné à approfondir la construction européenne et sa vie politique.

Pour ces dirigeants de l’Europe des Dix – Kohl, Mitterrand, Craxi, Martens, Lubbers, Santer, Thatcher, FitzGerald, Schlüter et Papandreou –, Delors sera the right man at the right place. Il a la confiance des trois leaders socialistes, puisqu’il est l’un des proches de François Mitterrand depuis le milieu des années 1960, mais aussi celle des cinq démocrates-chrétiens et des deux conservateurs : ministre des Finances depuis 1981, il est celui qui a su imposer aux courants souverainistes et marxistes du gouvernement de gauche français la préférence pour l’Europe et l’économie de marché, et la faire endosser par le président Mitterrand. Et de 1969 à 1972, il avait été le conseiller de Jacques Chaban-Delmas, un premier ministre de droite, gaulliste social.

Delors a fait ses preuves : il sait diriger, il connaît la vie politique nationale et supranationale, il a une vision claire des tenants, des aboutissants et des enjeux de l’économie internationale. Dans ses différentes fonctions, il a mis en pratique sa foi dans l’intelligence collective, la concertation et la négociation, qui débouche sur la contractualisation. Il n’a le culte ni de l’État ni du parti d’avant-garde : pour lui, les États et les partis sont des acteurs certes importants, mais parmi d’autres. Il n’y a « pas de solutions durables sans le concours des différents groupes de producteurs, chefs d’entreprise, salariés, paysans… », a-t-il écrit.

C’est un homme de 60 ans qui s’apprête à transformer l’Europe. À cet âge-là, dans la France des années 1980 et de la victoire de la gauche, on prend sa retraite ! C’est que Delors est entré en politique sur le tard : son premier mandat électif date de 1979, lorsqu’il devient député européen sur la liste du parti socialiste français – mandat qu’il interrompt en 1981 en entrant au gouvernement. En 1983, il est élu maire de Clichy, en banlieue parisienne – fonction qu’il quitte en rejoignant Bruxelles. C’est tout pour les élections. En 1977 et en 1978, alors membre des instances dirigeantes du PS, Delors décline les propositions de s’engager comme candidat dans les batailles électorales des municipales puis des législatives.

Jusqu’au début des années 1980, l’essentiel de son parcours a donc moins été celui d’un homme politique que celui d’un ingénieur de la réforme et d’un homme d’idées : durant les décennies 1960 et 1970, il co-anime des clubs et des réseaux de réflexion, comme Jean Moulin ou Échanges et projets. En 1990, encore, il fonde le club Témoin.

C’est un chrétien de gauche : l’inclusion, la justice sociale et la solidarité lui importent au premier chef – plus que l’émancipation individuelle et l’extension des droits de la personne. Pour y parvenir, il est convaincu de la centralité du travail dans la société. C’est pourquoi il consacre ses efforts à la création d’emplois, au partage du travail et à son humanisation. « Pas d’économique sans social, pas de social sans économique, et pas d’économique sans modernisation », écrit-il.

Militant syndical, il contribue à la déconfessionnalisation de la CFTC et à la naissance de la CFDT. Dans les années 1960, il n’est pas énarque mais chef de service au Commissariat général au Plan ; le Plan n’était-il pas le think tank de l’État ? De là, il est appelé à rejoindre le cabinet de Jacques Chaban-Delmas, nommé premier ministre par le nouveau président Pompidou.

Il est alors l’inspirateur de l’implantation de la formation professionnelle dans toutes les entreprises (loi de 1971) et des contrats de progrès dans les entreprises publiques. Si Mitterrand était devenu président en 1965, Delors l’aurait sans doute suivi à l’Élysée car il avait avec discrétion rejoint son équipe de campagne. D’ailleurs, en 1981, il s’imaginait plus en secrétaire général de l’Élysée ou en commissaire au Plan qu’en ministre des Finances. Avec ces quelques éléments en perspective, on est moins surpris qu’il n’ait pas franchi le pas de la candidature à l’élection présidentielle de 1995.

Mais revenons à 1984. La nomination de Delors comme futur président de la Commission à partir du 1er janvier 1985 s’impose d’autant plus qu’il ne candidate pas. Aucun des prétendants (Cheysson, Christophersen, Biedenkopf…) ne fait l’unanimité ni même ne convainc. Aucun ne coche toutes les cases que coche Delors.

Helmut Kohl le premier évoque son nom en arrivant à Fontainebleau. Mutatis mutandis, Delors n’est-il pas, au vu de toutes ses qualités, ce qu’en Allemagne on reconnaîtrait comme un dirigeant chrétien-démocrate adepte de l’économie sociale de marché ? Kohl, aux affaires depuis 1982, a en très peu de temps scellé avec Mitterrand une solidarité d’une grande vigueur, éprouvée dans la crise des euromissiles et les spéculations contre le franc. 1984 est le sommet où le tandem franco-allemand se déploie avec une rare intensité et une efficacité maximale.

Mitterrand n’est pas fâché d’exfiltrer Delors du gouvernement : il vient de nommer premier ministre Laurent Fabius, qui le déteste ; il est fatigué des menaces à la démission, l’un des pêchés mignons de Delors, qui a par ailleurs refusé en 1983 le poste de premier ministre au motif qu’il voulait le cumuler avec celui de ministre des Finances. L’essentiel est pourtant ailleurs. Avec Fontainebleau, Mitterrand prend un tournant majeur : il se drape dans son habit de grand président français européen, qui fait de la construction européenne sa priorité et la planche de salut de son programme socialiste et progressiste.

Delors lui est loyal et fidèle : depuis 20 ans, il l’a prouvé à maintes reprises. Dans le même temps, son indépendance, sa réticence à l’embrigadement partisan et idéologique, son positionnement social-démocrate, son indifférence au marxisme – toutes caractéristiques pour lesquelles il n’a jamais été en odeur de sainteté au sein du PS d’Épinay – sont autant de qualités pour diriger un exécutif supranational à une époque où les socialistes sont minoritaires au sein du Conseil européen.

Le legs le plus original et le plus porteur transmis par Delors aux générations suivantes et actuelles est la façon dont il a dénationalisé et européanisé la politique. Il a été secondairement un homme politique français car il a été avant tout un homme politique européen. Il contribue comme ministre des Finances à la relance de l’Europe de 1984 par le rôle qu’il a joué dans la conversion du PS français et de la société française à l’Europe communautaire.

Désigné président de la future Commission, il joue un rôle déterminant dans la mise en œuvre et le déploiement de cette relance de la construction européenne. Comme l’écrit Chantal Tauxe dans Le Temps, « on se figure mal aujourd’hui (combien) la création du marché et de la monnaie uniques (a été) une sorte de big bang de l’intégration européenne ».

Avant même son entrée en fonctions, il entreprend le tour des capitales. À chaque chef de gouvernement, il propose quatre modalités de relance de la construction européenne. Dans l’immédiat, une fit consensus – même les thatchériens la soutinrent : le marché unique. La politique européenne de création par le droit d’un marché à la taille de l’espace européen est tout sauf du néo-libéralisme : c’est un marché institué, régulé et encadré.

Il s’est agi de mettre fin, d’une part aux obstacles non tarifaires au commerce entre pays (c’est-à-dire autres que les droits de douane : des règlements nationaux ou régionaux utilisés à des fins protectionnistes), et d’autre part aux monopoles d’État sur la production et la distribution de l’électricité, du gaz, du courrier postal, des télécommunications, des communications terrestres (routières, ferroviaires, fluviales) et aériennes. Les conséquences de l’ouverture d’un marché européen dans les secteurs en question sont immenses pour les populations et les sociétés : démocratisation des transports, de la mobilité, de l’usage du téléphone…

Le 17 janvier 1989, reconduit par les dirigeants des Douze, Delors rappelle, dans le premier discours au Parlement européen de son nouveau mandat bruxellois, que ce qui est à l’œuvre est « la combinaison du jeu du marché – qui ne peut fonctionner sans un minimum de règles –, du dialogue social et de l’action des institutions publiques […], et ce dans le respect du principe de subsidiarité afin d’éviter une centralisation excessive et inutile ». Et d’ajouter : « Le succès de l’Acte unique européen […] ne dépendra pas que du dynamisme et du savoir-faire de la Commission. Loin de là ! Il sera fonction de l’esprit d’innovation de chaque région. Il ne sera possible que si les bureaucraties nationales renoncent à vouloir tout contrôler et à raisonner uniquement en termes de transferts financiers. »

L’héritage que laisse Delors à la classe et aux partis politiques d’aujourd’hui est donc celui-ci : ne vous laissez pas enfermer par l’illusion du monopole national de la politique. La politique réduite au national fait partie du problème. Pour trouver des solutions, faites de la politique entre Européens et prenez vos décisions à l’échelle européenne.

De fait, dans la durée, ce legs est vivant et entretenu. Même avec difficulté, même si cela a parfois pris du temps, les classes politiques européennes n’ont cessé de résoudre les problèmes et les défis par des solutions européennes :

Mécanisme européen de stabilité (MES) ;

Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de la zone euro (TSCG) ;

Quantitative easing (QE) mis en œuvre par la Banque centrale européenne pour sortir de la crise des dettes souveraines et de la zone euro (2010-2018) ;

mandat unique donné à la Commission européenne par les 27 pour négocier le Brexit et établir un nouveau traité bilatéral avec le Royaume-Uni (2016-2020) ;

Pacte vert pour la transition climatique et énergétique ;

plan de relance européen financé par l’émission inédite de bons du trésor européens ;

création d’une politique industrielle et d’une politique de vaccination pour faire face aux conséquences sanitaires, économiques et sociales de la pandémie du Covid-19 qui a tué près de 1,4 million d’Européens (2020) ;

coordination et convergence sans précédent de la politique étrangère et de défense pour soutenir l’Ukraine agressée par la Russie, sanctionner cette dernière, et mettre fin aux importations d’énergie russe (depuis 2022).

Et tout cela avec un Parlement européen dont le rôle et l’influence n’ont cessé d’augmenter.

De façon significative, face au Brexit, au Covid et à la guerre d’Ukraine, le rôle d’impulsion, d’invention et de coordination de la Commission européenne est à nouveau très tangible, comme il l’était du temps de Delors. Et comme alors, son lointain successeur, Ursula von der Leyen, en poste depuis 2019, a donné à l’Europe un visage, une incarnation et un leadership. Mais l’époque a changé et ce changement ne doit rien à Delors ni à son héritage : cette fois, avec éclat, et alors que le Conseil européen s’est féminisé, ce visage et ce leadership européens sont ceux d’une femme !

Présidentielle 2027 : Darmanin futur Premier ministre d’ Édouard Philippe ?

Présidentielle 2027 : Darmanin futur Premier ministre d’ Édouard Philippe ?


Il est clair qu’au sein du gouvernement, personne ne parvient à s’imposer pour remplacer le moment venu Macron en 2027. Du coup Gérald Darmanin en tire sans doute des conclusions en prenant d’ores et déjà les devants pour annoncer qu’il soutiendra la candidature d’Édouard Philippe.

Une manière bien entendu aussi de se préparer comme futur premier ministre. Un poste qu’il envisage depuis longtemps afin d’obtenir la crédibilité suffisante avant la magistrature suprême.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est donc déclaré dimanche prêt à soutenir l’ex-Premier ministre Édouard Philippe à la présidentielle de 2027, parce qu’il est le «mieux placé» pour battre Marine Le Pen. «Je pense qu’Édouard Philippe est le mieux placé aujourd’hui, au moment où je vous parle», a déclaré Gérald Darmanin au média Brut qui l’interrogeait sur ses propres ambitions présidentielles.

«Moi je pense qu’il faut soutenir le mieux placé parce que je crois que Madame Le Pen peut gagner l’élection présidentielle. Je pense que c’est dangereux pour notre pays, même si je respecte Madame Le Pen», a-t-il dit dimanche au média Brut. «Je souhaite qu’Édouard Philippe puisse porter cela s’il respecte un certain nombre de choses sur lesquelles on peut être d’accord ou pas», a-t-il ajouté sans plus de précisions.

Mort de Thomas à Crépol: un premier auteur des menaces à la maire de Romans condamné

Mort de Thomas à Crépol: un premier auteur des menaces à la maire de Romans condamné

La maire de Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval, annonce ce mercredi 6 novembre la condamnation « de l’auteur des appels pour l’intimider » à 8 mois de prison ferme. L’homme âgé d’une trentaine d’années et originaire du Pas-de-Calais, d’après le procureur de Valence, a déjà été condamné à « plus de 20 reprises ». On ignore les motifs de ces précédentes condamnations mais on s’en doute compte tenu du profil récurrent de ces délinquants. Il a été interpellé à Marseille en début de semaine. En plus des huit mois de prison ferme, l’individu a été condamné à verser 500 euros de dommages et intérêts à la maire de Romans-sur-Isère.

Marie-Hélène Thoraval se réjouit ce mercredi 6 décembre sur X (ex-Twitter) de l’interpellation « de l’auteur des appels pour l’intimider ». Jugé en comparution immédiate ce mercredi, il a été condamné à 8 mois de prison ferme. Une information confirmé par le parquet de Valence à l’AFP.

« Merci à la police pour sa célérité et son efficacité, à la justice pour sa fermeté », déclare l’édile.

Interpellé à Marseille en début de semaine, l’homme né en 1990 a été condamné en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Valence dans la Drôme pour « outrages par paroles ou menaces » à l’encontre de l’édile et a été incarcéré dans la foulée.

Sept jours plus tôt, la maire de Romans-sur-Isère, où était scolarisé en lycée le jeune Thomas, tué au couteau lors d’un bal de village mi-novembre, avait déposé plainte après avoir reçu des menaces par téléphone et sur les réseaux sociaux, dont une de mort « par décapitation », selon l’édile.

Elle souligne que « l’auteur des ces menaces de mort » n’a quant à lui pas encore été « appréhendé ». Une enquête disjointe se poursuit.

Marie-Hélène Thoraval explique « avoir reçu deux appels anonymes qui ont été opérés auprès du standard de la mairie avec un message plutôt qui relevait de l’intimidation, [lui] demandant si [elle] disposait d’une kalachnikov chez [elle] et si [elle] avait des gardes du corps ».

C’est pour ces faits, que l’homme condamné ce mercredi comparaissait devant le tribunal. Il a toutefois été relaxé des faits d’ »appels téléphoniques malveillants ». En garde à vue comme devant le tribunal il a contesté les faits, affirmant que quelqu’un d’autre avait utilisé son téléphone !

Sondage Présidentielle 2027 : Le Pen favorite au premier tour

Sondage Présidentielle 2027 : Le Pen favorite au premier tour

Dans toutes les hypothèses de la candidature à la présidentielle de 2027, Marine Le Pen apparaît comme favorite au premier tour

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La cheffe du Rassemblement national recueille 30 à 33% d’intentions de vote au premier tour, systématiquement en tête. Jean-Luc Mélenchon (16 à 17%) arrive en seconde position, sauf en cas de candidature d’Edouard Philippe (deuxième avec 22%), voire de Bruno Le Maire (deuxième ex æquo, 16%). Les autres personnalités de la majorité testées douchent les espoirs macronistes d’accéder au second tour du scrutin: Gérald Darmanin (14% d’intentions de vote), Gabriel Attal (12%), Elisabeth Borne (11%) et Jean Castex (9%) sont donnés troisièmes. François Bayrou arriverait cinquième avec 8% d’intention de vote, alors que la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ne recueille que 5% d’intentions de vote, en huitième position.

L’enquête a été réalisée en ligne du 1er au 4 septembre auprès d’un échantillon de 2.525 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 2148 personnes inscrites sur les listes électorales, selon la méthode des quotas.

« Grâce à l’inflation », les bénéfices du CAC 40 en forte hausse au premier semestre

« Grâce à l’inflation », les bénéfices du CAC 40 en forte hausse au premier semestre

Les entreprises du CAC 40 ont cumulé des bénéfices nets à plus de 81 milliards de dollars sur les six premiers mois de l’année 2023, soit une hausse de 15% sur un an, selon un décompte réalisé par l’AFP lundi. Les entreprises de l’indice vedette de la Bourse de Paris sont portés par les hausses de prix, l’inflation restant prégnante ces derniers mois. Avec les résultats de quelques entreprises qui manquent encore on se rapproche des 100 milliards. À noter que dans le même temps la masse salariale des salariés autour de 1000 milliards sur un an) aura perdu environ 50 milliards sur deux ans.

De janvier à juin 2022, les 38 entreprises de l’indice vedette de la Bourse de Paris ayant publié leurs comptes semestriels jusqu’ici avaient collectivement dégagé 71 milliards d’euros de bénéfice net

Les résultats des principales banques françaises, qui affichent toutes un bénéfice net en augmentation (+5% pour le secteur), et de Legrand (+19%), publiés la semaine dernière, sont venus confirmer la tendance haussière observée le mois dernier. De janvier à juin 2022, les 38 entreprises de l’indice vedette de la Bourse de Paris ayant publié leurs comptes semestriels jusqu’ici avaient collectivement dégagé 71 milliards d’euros de bénéfice net part du groupe.

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Le chiffre d’affaires global semestriel de ces 38 groupes cotés atteint quasiment 860 milliards d’euros, contre 825 milliards d’euros à la même période en 2022, soit une progression de 4%. A noter : le calcul de l’AFP ne prend pas en compte deux groupes, Pernod Ricard et Alstom. En effet, leurs exercices comptables décalés ne correspondent pas aux années civiles. Vivendi, remplacé au milieu d’année par Edenred au sein de l’indice de référence, a également été écarté de la liste.

Une tendance à la hausse à nuancer
Cette tendance générale à l’augmentation des chiffre d’affaires et des bénéfices s’explique par l’inflation. Et pour cause, les sociétés répercutent les hausses de coûts sur leurs prix. La hausse agrégée masque toutefois certains reculs. A l’image d’Eurofins : le géant des laboratoires d’analyse pâtit de l’après-Covid, avec un bénéfice en chute de 51% sur le premier semestre, à 151 millions d’euros pour un chiffre d’affaires en recul de 5,9% à 3,20 milliards d’euros, conforme au consensus des analystes de Factset et Bloomberg.

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