Mélenchon : Premier Ministre ou premier contestataire ?
Mélenchon a adapté nettement une posture de contestation à l’égard du gouvernement, une place qu’il dispute à Lepen ; pour autant cela en ferait-il un bon premier Ministre ? Sans doute pas pensent les français. Un an après avoir appelé à voter pour François Hollande, Jean-Luc Mélenchon est devenu l’un des plus farouches opposants à la politique du gouvernement. Cela passe par les mots. Cela passe aussi par les gestes, comme il entend le démontrer dimanche 5 mai, à l’occasion de sa grande marche citoyenne organisée à Paris entre Bastille et Nation. Un événement inédit, de l’aveu même de l’ancien candidat à l’élection présidentielle. « Ce que nous sommes en train de faire est une chose inouïe, a-t-il dit vendredi. C’est une manifestation de gauche sous un gouvernement de gauche, contre une politique sociale libérale et pour changer les institutions, c’est énorme, personne n’a jamais fait ça. » En septembre 2012, pourtant, Jean-Luc Mélenchon avait déjà organisé une manifestation. Le cofondateur du Parti de gauche entendait dénoncer les politiques d’austérité en Europe et mettre en garde le président Hollande contre le traité européen. A l’époque, environ 80.000 personnes s’étaient rassemblées à l’appel du député européen. Dimanche, l’ancien candidat à la présidentielle espère réunir 100.000 manifestants. Ce serait alors, admet-il, un « triomphe ». Mélenchon est dans une stratégie absolument suicidaire David Assouline Triomphe pour qui ? Triomphe pour quoi ? Très critique à l’égard du gouvernement, Jean-Luc Mélenchon s’isole de plus en plus. Ses anciens alliés – les socialistes –, comme son ancien parti – le PS –, dénoncent son attitude. « Il est dans une stratégie à mon avis absolument suicidaire », juge ainsi vendredi le porte-parole de la rue de Solférino, David Assouline. « Il est malheureusement dans une logique à la Bayrou, l’homme de la présidentielle », constate dans Le Monde le député socialiste Jérôme Gued. Autre exemple, fin avril. Dans l’émission Des paroles et des actes, Jean-Luc Mélenchon avait assuré, sans frémir, être « candidat à Matignon ». »Je l’ai pris comme une blague et je le considère toujours comme tel », avait commenté le lendemain Michel Sapin, sur BFMTV. Les Français ne sont pas loin de partager l’avis du ministre du Travail. Selon un sondage BVA pour i>Télé rendu public vendredi, 79% des personnes interrogées considèrent que le cofondateur du Parti de gauche ne ferait pas un bon Premier ministre. D’après la même enquête, si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui, il recueillerait 11% des suffrages, soit le même score qu’en 2012. Mélenchon a donc sa base, mais il peine à l’élargir. Pour l’heure, son appel du pied à Arnaud Montebourg est resté lettre morte.