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Élections Sénégal : le nouveau pouvoir conforté

Élections Sénégal : le nouveau pouvoir conforté

 

Le Pastef , parti du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, arrive en tête dans une grande majorité des bureaux de vote sénégalais.

Dimanche, le porte-parole du gouvernement sénégalais a fait savoir que le parti au pouvoir avait remporté «une large victoire» aux législatives, ce qui devrait lui permettre d’appliquer  » l’agenda de rupture et de justice sociale »  avec lequel il a été amené au pouvoir il y a huit mois.

Bassirou Diomaye Faye a été élu président au premier tour en mars, dénué de toute expérience exécutive mais tiré vers le sommet par l’enthousiasme et l’aspiration au changement d’une population jeune et éprouvée par trois années de confrontation politique et de crise économique. Son bouillant mentor Ousmane Sonko, qui aurait dû être à sa place si sa candidature n’avait été invalidée, est devenu Premier ministre.

Pendant des mois, ces avocats d’un «panafricanisme de gauche» ont mené une cohabitation conflictuelle avec une Assemblée toujours dominée par l’ancienne majorité présidentielle. M. Faye l’a dissoute dès que les délais constitutionnels l’ont permis, en septembre. Environ 7,3 millions d’électeurs étaient donc appelés dimanche à élire 165 députés qui siégeront pour cinq ans.

Reste maintenant le plus dur : à savoir, tenir les promesses !

 

Le pouvoir de Trump

Le pouvoir de Trump

Donald Trump, qui redeviendra président le 20 janvier prochain, aura les coudées franches, avec probablement un Congrès et un système judiciaire majoritairement acquis à sa cause. Ce mandat va-t-il profondément transformer l’Amérique ? Existe-il des contre-pouvoirs ? Quelques éléments de réponse dans cet entretien dans The Conversation  avec Anne Deysine, professeure émérite à l’Université de Nanterre.

Quel est, selon vous, le premier facteur explicatif de la victoire de Donald Trump ? Y voyez-vous une adhésion au personnage et à ses idées, ou avant tout un rejet du Parti démocrate ?

Il faut reconnaître en Trump un animal politique qui a réussi à entendre et à exacerber, y compris par des mensonges ou par des exagérations grossières, la peur et l’exaspération d’une partie considérable de ses concitoyens. Il a su, dans ses meetings et ses déclarations, exploiter au mieux la peur de la criminalité – qui est pourtant en baisse ; la peur de l’immigration – qui est nécessaire à l’économie et qui est le fondement des États-Unis ; et le rejet de l’élite et de l’État central, qui sont des éléments très importants.

Le Parti démocrate est en effet devenu, au cours de ces vingt dernières années, le parti de l’élite. Ce n’est pas une coïncidence si les principaux déterminants électoraux en 2024 ne sont plus la race et l’âge, mais le genre et le niveau d’éducation. Schématiquement, si l’on a un diplôme universitaire, on vote démocrate. Et le sentiment prévaut, dans les classes laborieuses, que les Démocrates ont abandonné les travailleurs. C’est Bill Clinton qui a donné le feu vert au libre-échange et à la création de l’Organisation mondiale du commerce en 1995, ainsi qu’aux accords avec le Mexique et le Canada qui ont détruit de nombreux emplois aux États-Unis.
Trump a eu le mérite de dire « le libre-échange débridé, c’est fini, la “mondialisation heureuse”, c’est fini. Ils vous ont volé vos emplois. Moi, je vais faire quelque chose pour vous. » Sauf que ce qu’il préconise, c’est une augmentation sensible des droits de douane, ce qui sera contre-productif à deux niveaux : d’une part, cela provoquera une guerre commerciale, c’est-à-dire des représailles de la part des pays ciblés, qui rendront à leur tour plus difficile l’exportation vers leurs territoires de produits américains : d’autre part, au bout du compte, les augmentations de prix seront supportées par les consommateurs, qui paieront leurs chaussures de sport ou leurs machines à laver plus cher.

Mais les Américains ont connu quatre ans de Trump, puis quatre ans d’un gouvernement démocrate… et ils ont préféré revenir à Trump. Ils ont pu juger sur pièce des méthodes et des politiques des deux camps, et ils ont choisi le Républicain. Ne sont-ils pas conscients des effets négatifs de sa politique économique ?

Le problème, c’est que les politiques de Biden sont des bonnes politiques… à moyen terme. Mais il a complètement sous-estimé l’inflation. L’ancien secrétaire au Trésor Larry Summers l’avait pourtant prévenu que l’injection dans l’économie des sommes massives du plan de relance Covid et du plan infrastructures allait relancer l’inflation. C’est ce qui s’est passé, et cette inflation, de près de 20 % en trois ans a sans douté été un facteur important de la défaite de Kamala Harris, même si dernièrement elle est sur la pente descendante.

Résultat : Trump va hériter de la bonne situation économique créée par Biden, de même qu’il avait hérité de la bonne situation légué par Obama il y a huit ans ! Il y a des statistiques extrêmement intéressantes qui montrent que les créations d’emplois, se font à 70 % sous les administration démocrates : depuis 1980, les Démocrates ont crée 50 millions d’emplois et les Républicains seulement 17 millions.

Quand un président républicain arrive au pouvoir, il hérite d’une bonne situation économique qu’il va immédiatement détruire par la politique de l’offre, la baisse des impôts et la fin des investissements publics. Grâce au plan d’infrastructures de Biden, les routes sont enfin réparées, les ponts aussi. Tout cela n’avait pas pu être fait depuis 40 ans à cause des baisses d’impôts de Reagan puis de Trump. Trump va donc récolter les fruits de l’action de l’administration sortante…

 

On en revient donc au fameux adage « it’s the economy, stupid » ?

Pas seulement. Dans cette campagne, je le répète, le rôle du mensonge et de la désinformation a été déterminant.

Voilà longtemps que les Républicains, pour se maintenir au pouvoir ou pour y revenir, ont instrumentalisé ce qu’on appelle les guerres culturelles. Ils ont réussi à persuader de très nombreux Américains que les Démocrates voulaient rendre l’avortement très aisément accessible tout au long de la grossesse, qu’ils allaient prendre l’argent des Américains pour financer des opérations de transition de genre pour des immigrés sans papiers, qu’ils allaient interdire le port d’armes, que Kamala Harris allait instaurer le communisme…

Et le succès de cet amas de mensonges ou d’exagérations grossières est dû en bonne partie au ralliement à Trump d’Elon Musk. Musk a joué un rôle clé dans la victoire de Trump, à la fois par son contrôle de Twitter/X, l’un des principaux réseaux sociaux du pays et du monde, par les millions de dollars qu’il a consacrés à la campagne, mais aussi par l’espèce de légitimité que son soutien a apporté à Trump. Qu’on le veuille ou non, Musk est l’incarnation de l’entrepreneur de génie, et pour pas mal de personnes – et d’hommes en particulier –, qui hésitaient, le fait que cet homme brillant soutienne Trump a pu faire pencher la balance en la faveur de celui-ci.

Et hormis Musk, il y a aussi d’autres milliardaires de la Silicon Valley qui se sont rangés derrière Trump…

Oui, et ces milliardaires auront une influence majeure sur l’administration Trump. Ils feront pression sur elle pour qu’il n’y ait aucune régulation sur les forages pétroliers, l’intelligence artificielle et les cryptomonnaies, par exemple. Et parallèlement, nous avons ces groupes de la galaxie Leo, dont je parle en détails dans mon dernier livre, qui vont profiter des prochaines années pour remettre en cause toutes les réglementations qui portent atteinte aux profits des milliardaires qui les financent…

À commencer par les réglementations environnementales…

Tout à fait. Mais aussi toutes les règles de sécurité qui bénéficient aux travailleurs, mais qui coûtent cher aux entreprises. Pour se débarrasser des réglementations, ces groupes vont intenter des actions en justice, devant des juridictions dont ils savent qu’elles leur seront favorables. Et si par hasard ces affaires remontent jusqu’à la Cour suprême, celle-ci soutiendra les promoteurs de la dérégulation, comme elle l’a déjà fait avec le revirement de la jurisprudence Chevron en juin dernier.

Quand on y ajoute le fait que les Républicains ont gagné le Sénat et devraient également conserver la majorité au sein de la Chambre des représentants, on comprend qu’il ne restera pas grand-chose pour s’opposer à leur grand projet, qui consiste, pour le dire vite, à réduire nettement les impôts des entreprises et toutes les restrictions qui leur sont encore imposées, notamment par les agences fédérales. Ces agences seront d’ailleurs affaiblies. Trump a déjà annoncé qu’il allait limoger de nombreux fonctionnaires. Or, on sait que pendant son premier mandat, la fonction publique lui avait dans une certaine mesure résisté. Lorsque les ordres donnés étaient clairement en violation de la loi ou de la Constitution, ils n’étaient pas nécessairement exécutés. Mais, cette fois, il va placer partout des gens qui ne seront pas fidèles à la Constitution, mais fidèles à lui. Il faut donc s’attendre à une expansion du pouvoir présidentiel. Qui se traduira notamment par une instrumentalisation du ministère de la Justice et par le déclenchement de poursuites contre ses ennemis politiques comme Nancy Pelosi ou Adam Schiff par exemple, ou par des restrictions du droit de la presse, Trump ayant en horreur les médias qui osent le critiquer…
Qu’adviendra-t-il des poursuites judiciaires dont Trump fait l’objet ?

Les deux affaires fédérales, qui ont trait à ses tentatives d’inverser les résultats de l’élection de 2020 et sa rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche, vont être enterrées parce que dès son retour au pouvoir, il ordonnera à son ministre de la Justice de clore ces enquêtes. Le procureur spécial chargé de ces deux dossiers, Jack Smith, sera renvoyé dans ses foyers et l’équipe et le budget qui étaient alloués à ces enquêtes vont disparaître. D’ailleurs, je n’exclus pas que Jack Smith soit en train de rédiger un rapport de façon à ce que le ministre de la Justice, Merrick Garland, puisse le rendre public d’ici à la passation des pouvoirs. Au moins, l’opinion aurait alors une trace de ce qui a été fait. Il n’y aura pas de sanction, mais il y aura les éléments de preuve des multiples violations…

En ce qui concerne les deux affaires jugées au niveau des États, l’une dans celui de New York, l’autre dans celui de Géorgie, elles n’iront pas bien loin. Je rappelle que le juge de New York qui a déclaré Trump coupable dans l’affaire Stormy Daniels n’a pas prononcé de peine, assurant qu’il le ferait après l’élection ; maintenant que Trump a été élu, je pense que le juge va soit le condamner à une peine symbolique comme une légère amende, soit annoncer que la peine ne sera déterminée qu’après la fin du mandat, c’est-à-dire en 2029…

Quant à l’affaire de la Géorgie (Trump avait tenté de peser illégalement sur les résultats de l’élection présidentielle dans cet État en 2020), elle ne donnera rien non plus. Ne serait-ce que parce que les avocats de Trump ont réussi à semer le doute sur la procureure Fani Willis, du fait de sa liaison avec son procureur adjoint, l’accusant d’avoir détourné de l’argent public en partant en week-end avec lui. Donc c’est semi enterré. Mais, de toute façon, avec la décision de la Cour suprême sur l’immunité du président, ces poursuites auraient le plus grand mal à déboucher sur une condamnation.

Qui seront les principaux « hommes du président » durant son mandat ?

Je pense que ce seront en grande partie des membres de la Heritage Foundation, ceux qui ont rédigé les différents chapitres du fameux Project 2025, dont certains rédacteurs sont des anciens de la première administration Trump.

La perspective d’une dérive vers un régime illibéral voire autocratique est très crédible. D’autant plus qu’en quatre ans, Trump va pouvoir nommer 250 juges au niveau fédéral, et pourrait aussi inciter deux juges conservateurs âgés, les juges Thomas et Alito, à partir, afin de pouvoir les remplacer par des jeunes juges recommandés par la Federalist Society, des personnes d’une quarantaine d’années qui seront là pour plusieurs décennies… S’il décide de procéder à ce double remplacement, je pense qu’il le fera au début de son mandat, car aux élections de mi-mandat en 2026, en raison d’une carte électorale favorable aux Démocrates, il pourrait perdre sa majorité républicaine au Sénat (or c’est le Sénat qui entérine les candidatures des juges à la Cour suprême).

Actuellement, la Constitution interdit à Trump de se représenter en 2028, puisqu’il aura alors effectué deux mandats. En théorie, peut-il changer la Constitution pour se représenter dans quatre ans ?

En théorie oui, mais dans les faits, non. Pour qu’un changement soit apporté à la Constitution, il faut que le texte soit adopté par les deux tiers des deux Chambres et ratifié par quatre cinquièmes des États. Les Républicains sont en position de force, certes, mais pas à ce point là. Et puis, Trump aura 82 ans en 2028, et je ne pense pas qu’il souhaite alors rester à la Maison Blanche à tout prix. En vérité, gouverner, cela ne l’intéresse pas tellement. Il aime jouer au golf, il aime voir ses copains, il aime baigner dans l’adulation. Mener campagne, c’est amusant, mais gouverner, c’est aride.

Un mot sur J. D. Vance ?

Honnêtement, quand Trump l’a choisi comme colistier, je me suis dit que cela lui porterait préjudice. J’ai eu tort. La stratégie de Trump, dans cette campagne, a consisté non pas à étendre sa base électorale mais à la galvaniser et à la mobiliser au maximum. Et cela a marché, notamment grâce aux efforts de Vance, qui est quelqu’un de brillant et d’organisé, un idéologue et un intellectuel totalement aligné sur le Project 2025 et qui, s’il succède à Trump dans quatre ans ou avant, sera sans doute encore plus dangereux que lui pour la démocratie américaine.

Face au duo Trump-Vance, bien élu, soutenu par de nombreux milliardaires et bénéficiant de la bienveillance de la Cour suprême, quels contre-pouvoirs reste-t-il ?

Tout d’abord, à l’heure où nous parlons, il est encore possible, quoique peu probable, que les Démocrates arrachent la Chambre. Dans ce cas de figure, ils posséderaient une place forte à partir de laquelle ils pourraient résister et lancer des enquêtes, par exemple. Les médias, contre-pouvoir traditionnel, sont affaiblis et, je l’ai dit, le seront encore davantage au cours des prochaines années du fait des mesures que Trump entend prendre pour intimider ceux d’entre eux qui lui sont hostiles.

Alors, les contre-pouvoirs seront peut-être plutôt à chercher du côté des États fédérés, qui disposent de prérogatives importantes ; par exemple, en Californie, ils se sont préparés très sérieusement depuis six mois à l’hypothèse d’une nouvelle administration Trump, et ils ont instauré des règles qui a priori ne peuvent pas être changées par Washington, notamment en ce qui concerne l’accueil des sans-papiers, mais aussi pour la préservation de leurs règles environnementales, qui sont plus strictes que les règles fédérales.

Et puis, il peut y avoir un autre contre-pouvoir, plus inattendu : le monde des affaires. Bien sûr, les businessmen sont ravis de voir leurs impôts baisser. Mais creuser le déficit indéfiniment, c’est quand même un problème. Et puis, ils ne veulent pas d’une hausse des droits de douane et d’une guerre commerciale, car ils gagnent plus d’argent dans un environnement international ouvert. Ils pourront peut-être convaincre le nouveau pouvoir de ne pas augmenter les droits de douane de façon excessive.

Enfin, il y a l’industrie de l’armement : si Trump décide de ne plus aider l’Ukraine, alors le complexe militaro-industriel perdra des revenus juteux ; cela dit, Trump va peut-être décider que ce qu’on ne peut plus vendre aux Ukrainiens, il faut le vendre davantage aux Européens. Il exigerait alors des pays de l’OTAN qu’ils consacrent à leur défense non plus 2 % de leur PIB, mais disons 3 %. Les Européens se plieraient-ils à une telle injonction ? Cela dépendra de leur niveau d’unité…

En tout état de cause, rien n’est écrit ; car la première caractéristique de Trump, c’est son imprévisibilité.

Pouvoir d’achat : baisse en 2023, selon l’Insee

Pouvoir d’achat : baisse  en 2023, selon l’Insee

Le pouvoir d’achat des salariés a diminué en 2023, même si c’est dans une moindre mesure pour les bas salaires, selon une étude de l’Insee publiée ce mercredi, alors que les négociations annuelles obligatoires (NAO) se tiennent dans nombre d’entreprises.

« En 2023, un salarié du secteur privé gagne en moyenne 2.735 euros nets par mois en équivalent temps plein (EQTP) », souligne l’Insee dans sa note. Un salaire qui « a augmenté de 4% pour le net », précise l’institut.

Mais avec une inflation « encore forte » (+4,9 % en 2023, après +5,2 % en 2022), et des primes qui ont « légèrement reculé », « le salaire net moyen a diminué de 0,8 % en euros constants, après -1% en 2022 », selon l’Insee. De sorte que concrètement, le pouvoir d’achat du salaire net moyen en 2023 est à son niveau de 2019.

Par ailleurs l’Insee indique que « la moitié des salariés du secteur privé perçoivent moins de 2.183 euros nets par mois » pour un temps complet, avec une disparité telle qu’« un salarié sur dix gagne moins de 1.512 euros, un sur dix perçoit plus de 4.302 euros » et « un salarié sur cent gagne plus de 10.222 euros nets, soit près de 7,4 fois le Smic ».

 

 

 

Politique-Société civile au pouvoir : une illusion démocratique ?

Politique-Société civile au pouvoir : une illusion démocratique ?

 

Des élections législatives 2017 aux récentes négociations estivales pour la formation du nouveau gouvernement, la notion de société civile a été régulièrement mobilisée, bien souvent pour envisager l’entrée au sein de l’exécutif de ministres « issus de la société civile ».


Cet été, des figures d’une certaine société civile (Laurence Tubiana, Lucie Castet toutes deux candidates du Nouveau Front populaire ou encore Thierry Baudet du CESE et Laurent Berger de la CFDT) ont été envisagées pour occuper Matignon. Si un premier ministre issu de la société civile n’a finalement pas été nommé, le président de la République préférant un vieux routier de la scène politique française, il y a fort à parier que l’incantation à la société civile se répétera dans les mois et années à venir. Quel sens donner à cet appel récurrent ? À quelle société civile s’adresse cet appel ? Souvent associée à l’idée d’un contre-pouvoir, serait-il pertinent de donner les clés du pouvoir à la société civile ?

par 

  1. Professeur de socio-anthropologie du développement, Université de Liège dans The Conversation 

 

Pour commencer, cet appel repose sur une distinction nette entre société politique et société civile, soit deux mondes rivaux qui n’autoriseraient pas de transferts et peu de communications entre eux. Notons pourtant que les exemples de « ministres issus de la société civile » de Malraux à Dupont-Moretti foisonnent sous la Vᵉ République. Mais plus encore, cette vision manichéenne se nourrit – autant qu’elle alimente – d’une vision contrastée entre ces deux mondes. On trouverait d’un côté une société politique fatiguée, rongée par l’entre-soi, prétendument à court d’idées face à la complexité du monde réel et animée par une élite hors sol, voire corrompue.

De l’autre côté se tiendrait une société civile composée d’acteurs vertueux disposant d’une expertise scientifique ou « issue du terrain », soit un espace créatif, innovant, permettant de dépasser les blocages politiques et surmontant bien des clivages. Ainsi, alors que la société politique diviserait, la société civile rassemblerait. Mais si nos démocraties sont en crise, cela ne signifie pas pour autant que cette lecture manichéenne soit recevable. La raison ? L’instrumentalisation de cette notion de société civile souvent décrite comme « fourre-tout » qui masquerait un appel bien connu à un « gouvernement d’experts » tout en laissant de côté d’autres acteurs de société civile.

Le caractère polysémique de la « société civile » provient notamment de son parcours tortueux au sein de la philosophie politique occidentale depuis l’antiquité, qui voit émerger et se superposer trois conceptions distinctes de la société civile : tout d’abord, celle concevant la société civile comme la qualité d’une communauté dotée de règle du vivre ensemble ; ensuite celle associant société civile et contre-pouvoir incarné par des acteurs collectifs exerçant un contrôle potentiel sur le gouvernement pour en empêcher toute dérive autoritaire ; celle enfin d’un tiers-secteur composé là aussi de formules associatives dispensateurs de services répondant à des besoins non ou peu pris en charge par l’État ou le marché. On voit ainsi apparaître trois lectures de la société civile se différenciant par ses acteurs, ses projets, ses valeurs, ses fonctions, et l’autorisant à désigner autant la manière d’organiser la vie sociale et politique que de la contester, par exemple.

Plus que « fourre-tout », la société civile est avant tout plurielle par les acteurs qui la composent, dans les projets et visions de la société qui l’animent. Les lectures contemporaines de la société civile dans le cadre du fonctionnement de régimes démocratiques mettent l’accent sur trois éléments constitutifs qui reflètent cette pluralité. Tout d’abord, et même si les récits médiatiques isolent certaines personnalités, l’accent est mis sur un tissu associatif composé d’organisations de tailles, de formes, de finalités et d’ambitions politiques différentes. Des Restos du Cœur aux Soulèvements de la Terre, de la Cocarde étudiante à la Fédération française de Scrabble, la société civile est plurielle. Les organisations qui la composent ont pour point d’origine des visions de la société, des valeurs, des normes, voire des identités des plus diverses qu’elles cherchent à défendre, à soutenir et, pour certaines d’entre elles, à faire triompher.

Contrairement à une idée reçue, l’existence seule d’un tissu associatif ne garantit en rien le bon fonctionnement d’un régime démocratique. La politologue Sheri Berman, à partir de l’expérience de la République de Weimar, a très clairement démontré que disposer d’un tissu associatif dense et solide n’est pas un obstacle à l’arrivée au pouvoir d’un régime autoritaire si une frange importante des associations qui composent cette société civile est convertie aux idées non ou anti-démocratiques.

La société civile n’est pas d’essence démocratique par sa seule dimension associative, cela dépendra des idées et valeurs (compatibles ou non avec la démocratie) qu’elle exprime et de la possibilité pour ses acteurs d’exprimer cette diversité d’opinions au sein d’espaces publics autonomes de la société politique, troisième élément constitutif de la société civile. L’autonomie de ces espaces et la pluralité des opinions exprimées représentent des garanties du bon fonctionnement des régimes démocratiques puisque de ces débats naîtront les orientations et inflexions des politiques publiques qui vont orienter la vie des individus en société. Il est dès lors trompeur d’envisager que les acteurs issus de la société civile soient naturellement capables de se situer « au-dessus de la mêlée » et de dépasser les clivages dont ils sont l’expression.

On comprend mieux à présent l’irrecevabilité de la vision manichéenne présentée plus haut qui envisage société civile et société politique comme deux mondes rivaux. Si la société civile est bien distincte et autonome de la société politique, il convient cependant que la circulation des individus et idées d’un monde à l’autre soit rendue possible. Au demeurant, ces mécanismes de communication et de circulation existent déjà et certains sont même institués, qu’il s’agisse d’un Conseil économique, social et environnemental (CESE) ou de mécanismes de fixation d’accords interprofessionnels réunissant « partenaires sociaux » et patronat autour du gouvernement. Au-delà, la crise supposée de la démocratie représentative dynamise également certaines initiatives de démocratie « participative » ou « directe » qui facilitent la mobilisation citoyenne. Toutes les figures de la société civile pressenties cet été pour le poste de premier ministre sont ou ont été régulièrement en contact avec l’appareil d’État comme haut fonctionnaire ou partie prenante de mécanismes participatifs ou consultatifs initiés par l’État. Les rapports entre une certaine société civile et la société politique sont donc fréquents et nécessaires.

L’invocation régulière de la société civile comme solution aux blocages de la société politique française se rapprocherait plutôt d’une incantation observée ailleurs en Europe (par exemple dans l’Italie pré-Meloni…) basée sur les vertus supposées d’un gouvernement d’experts, corollaire d’une défiance bien ancrée envers la classe politique. Car derrière l’appel à la société civile, on retrouve l’aspiration à faire rentrer dans la société politique des acteurs dotés de compétences particulières et de solutions techniques (supposées politiquement neutres) en phase avec les besoins réels de la société.

Antoine Houlou-Garcia, enseignant-chercheur à l’Université de Trente, a très clairement montré les limites de cette idée déjà ancienne : fausse neutralité politique et idéologique de l’expert, risque de succomber à l’autoritarisme de décisions politiques reposant sur le prestige de l’expert, etc. Il souligne : « L’expertise ne doit pas fermer les débats publics mais les faire vivre en les éclairants ». Aussi, l’expertise supposée des acteurs de la société civile a davantage vocation, dans un régime démocratique, à alimenter le débat depuis les différents espaces publics qu’à le fermer par des décisions ministérielles.

Mais cette société civile, dont on vient de rappeler la diversité, ne se réduit pas à cette figure de l’expert, potentiel régénérateur d’une classe politique affaiblie. Parallèlement, on voit également proliférer ce qu’Albert Ogien nomme des « pratiques politiques autonomes ». Il s’agit d’initiatives initiées par des profanes de la politique, regroupés en « collectifs de luttes », en « assemblées citoyennes », en « zones à défendre », en « comité de quartier » dans l’intention de peser dans la définition et la gestion de politiques publiques, mais sans s’inscrire pour autant dans une stratégie de conquête du pouvoir et en restant éloignés de toutes organisations représentatives (partis politiques comme corps intermédiaires). À l’heure actuelle, pour les pouvoirs publics comme pour une fraction de la société civile instituée, celle notamment des experts appelés à l’aide, il semble difficile de saisir la légitimité, la pertinence et le mode de fonctionnement de ces initiatives citoyennes qui, pourtant, participent pleinement à la régénération des débats publics. Ce n’est pas à cette société civile que l’appel est adressé et pourtant ces acteurs, profanes de la politique, semblent, tout autant que les experts, porteurs de solutions concrètes au quotidien.

Grande-Bretagne : la gauche au pouvoir promet la rigueur

Grande-Bretagne : la gauche au  pouvoir promet la rigueur

Il y a en Europe deux types de gauche. La gauche démagogique comme en France qui promet la lune avant des élections ( voir par exemple le tournant économique de Mitterrand puis de Hollande). La gauche en Grande-Bretagne a également fait de grosses bêtises avant de se ressaisir et de devenir un nouveau un parti sérieux de gouvernement. Ainsi les travaillistes désormais au pouvoir promettent-t-il seulement la rigueur et notamment une hausse de fiscalité mais aussi et surtout une réduction des dépenses publiques.

Le  premier ministre a averti les Britanniques que les temps à venir seront douloureux, tant le pays a été « cassé » par les conservateurs. Depuis les jardins de Downing Street, il a averti que « la situation allait empirer  avant de s’améliorer ». Et tracé le cap pour les prochaines années.

Keir Starmer a repris le thème martelé depuis juillet, celui du lourd passif dont son gouvernement hérite. Il a dénoncé le « trou noir économique » laissé, selon lui, par les conservateurs. La chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, l’a estimé à 22 milliards de livres« La situation est pire que ce que nous avions imaginé », a dit Starmer. Un constat les nouveaux arrivants pouvoirs font souvent mais sans forcément en tirer les conséquences en terme notamment de réduction des dépenses publiques. Exemples en France où la gauche envisagée une dépense d’environ 150 milliards sur 10 ans quand il faudrait au contraire un économiser autant pour réduire le déficit budgétaire et diminuer la dette.

 

Le pouvoir déménage au parlement

Le pouvoir déménage au parlement

Le second tour des élections législatives du dimanche 7 juillet 2024 s’est tenu sous haute tension. Contre toute attente, le Nouveau Front populaire l’a emporté avec 176 sièges, devant le parti présidentiel qui a 154 sièges. Le Rassemblement national n’arrive que troisième, avec 140 sièges. Julien Robin, doctorant en sciences politiques, spécialiste de la vie parlementaire française, analyse pour The Conversation  ces résultats.

Que disent les résultats du deuxième tour des élections législatives ?

L’arrivée en tête du Nouveau Front populaire et la troisième place du Rassemblement national n’étaient vraiment pas prévues, au regard des dernières prévisions et si on se réfère au nombre de sièges remportés.

Ceci rappelé, ce qui me frappe c’est que le RN a changé d’envergure. Il est devenu le grand parti attrape-tout, comme l’a pû l’être en 2017 En Marche. De plus, le RN apparaît désormais comme une possibilité d’alternance. Tout l’entre deux tours s’est fait autour de ce parti et de la question du barrage républicain, sans lequel le RN aurait vraisemblablement obtenu une forte majorité relative voire une courte majorité absolue.

Il ne faut pas oublier que si le RN arrive troisième, il est malgré tout le premier parti de l’Assemblée nationale derrière deux coalitions qui rassemblent plusieurs partis. Ce n’est pas anecdotique car c’est la première fois dans l’histoire de la Cinquième république que le groupe le plus important va se retrouver dans l’opposition. Cela aura des conséquences sur le fonctionnement de l’Assemblée nationale, par exemple sur le temps de parole, notamment pour les questions au gouvernement, le nombre de députés en présence dans les commissions, peser sur l’ordre du jour de l’Assemblée. Le RN s’inscrit durablement dans le paysage parlementaire et il faudra étudier de près les résultats en voix.

C’est la confirmation de la tripartition, la fin de l’organisation de la vie politique en deux blocs, la gauche et la droite ?

Les résultats montrent qu’il existe trois blocs de taille proche. Emmanuel Macron a dissous pour avoir une clarification et le résultat est l’inverse. La première raison est que la gauche a réussi à s’unifier en peu de temps. La formation d’Emmanuel Macron se maintient tant bien que mal, mais s’effondre surtout par rapport à 2017. La droite républicaine réussit à résister dans un contexte difficile pour elle. C’est le paradoxe de la dissolution : sa décision a été prise en imaginant que la gauche allait imploser dans la foulée. Finalement elle s’unit et c’est la famille de la droite qui est éclatée entre les anciens centristes alliés d’Emmanuel Macron, la partie des Républicains qui a rallié Emmanuel Macron avec des personnalités comme Gérald Darmanin ou Bruno Le Maire, ceux qui ont suivi Eric Ciotti dans l’alliance avec le RN et les Républicains stricto sensu.

Le parti macroniste peut-il résister dans ce contexte ? Ne pourrait-on pas voir certains macronistes de gauche rejoindre le Nouveau Front populaire, et d’autres Horizon ?

Il y a une chose qui a beaucoup changé cette fois-ci avec la dissolution. Ces législatives n’arrivent pas après une présidentielle. Les députés Renaissance ont été élus ou réélus sur leur propre nom cette fois-ci. Certains ont voulu effacer la figure d’Emmanuel Macron ou retirer son nom des tracts et du matériel électoral. Ils ne sont plus les dépositaires de la légitimité et de la continuité présidentielle. Je ne suis pas complètement convaincu qu’on va assister à une implosion du parti. Je crois plus vraisemblable que des macronistes venant de gauche vont vouloir s’autonomiser, prendre de la liberté et vont vouloir pousser des textes ou des amendements. Et la même chose pourrait arriver avec la partie à droite de Renaissance. La barque macroniste va tanguer et aller jusqu’à se déverser. Le syncrétisme d’Emmanuel Macron, popularisé par le « en même temps », vient de prendre un sacré coup.

Que révèle le taux d’abstention ? Il est plus élevé qu’aux dernières législatives, mais près d’un tiers des Français ne va pas voter alors que les enjeux avaient été très dramatisés ?

Le taux de participation est faussement historique. Certes, il a rebondi de 19,2 points par rapport à 2022 et cela faisait 30 ans qu’on n’avait pas eu ce niveau de participation. Toutefois, si on regarde depuis la création de la Ve République en 1958, le premier tour de 2024 se classe 11e sur 17 premiers tours. Pour le second tour, on sera dans la même situation. Cela reste certes important. Mais n’oublions pas qu’il y a en plus 5 % des Français en âge de voter qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Résultat : on a entre 19 et 20 millions de Français qui ne se sont pas exprimés pour les élections législatives.

Que peut-on dire des reports de voix entre les blocs et au sein des blocs ?

Le barrage républicain a bien fonctionné, notamment pour les électeurs du Nouveau Front populaire qui n’ont pas hésité à voter fortement pour les candidats contre le RN : 70% des électeurs NFP du 1er tour ont voté pour le candidat LR en cas de duel avec le RN ; 79% pour le candidat Ensemble). A l’inverse, le report de voix était inégal selon l’étiquette partisane à gauche dans les duels avec le RN : les électeurs du camp présidentiel au 1er tour ont voté à 54% pour un candidat PS, EELV ou PCF, mais seulement 43% si c’était un candidat de la France Insoumise face au RN.

Dans un tel contexte, peut-on dire que le pouvoir va passer de l’Élysée à Matignon ?

Le pouvoir va sans doute passer de l’Élysée à Matignon, mais surtout en passant par le Palais Bourbon, sans oublier le palais du Luxembourg, siège du Sénat et où la droite républicaine y a la majorité. Emmanuel Macron n’a plus de toutes les cartes en mains pour gouverner, il va devoir composer davantage avec le parlement et les autres formations politiques.

Former un gouvernement ne va pas être facile dans ce contexte. Il existe des désaccords au sein du Nouveau Front populaire. Il faudra voir le rapport de force en nombre de députés. Est-ce qu’un gouvernement de majorité relative pourra tenir ? Ce soir, on peine à imaginer un gouvernement de coalition allant de LFI au centre droit.

La France a donc versé dans un régime parlementaire ?

En quelque sorte, la France verse dans une sorte de parlementarisme d’atmosphère. La vie politique française entre dans une phase inconnue : le parlementarisme, qui va induire de nouvelles pratiques politiques. Pour le moment, c’est une forme un peu baroque car nous nous retrouvons dans un parlementarisme introuvable avec trois blocs et un mode de scrutin qui ne permet plus d’assurer une majorité claire et stable. Nous n’avons pas l’habitude de créer des coalitions gouvernementales de cette façon car nous n’avons pas cette culture. De plus, nous restons dans un contexte présidentialiste, où les principaux leaders de gauche et de droite se positionnent en vue de la présidentielle. Si coalition il y a, ce sera avec des arrière-pensées, ce qui n’est pas le meilleur moyen d’avoir une coalition qui fonctionne convenablement.

On entend beaucoup dire que c’est le retour de la IVe République ? Qu’en est-il ?

Les résultats de ces élections législatives anticipées ressemblent aux législatures de la IVe République (par exemple, la IIe), où aucun groupe ne disposait de la majorité et les alliances gouvernementales vacillaient facilement..

Savoir si on va revivre cela relève plus de l’anticipation que de l’analyse sérieuse. Ce que je peux dire c’est que le parlementarisme repose sur la nécessaire création de coalition ou de majorité.

Or la Ve République n’est pas du tout dans cette logique avec le scrutin uninominal à deux tours qui doit créer de la stabilité et créer une majorité claire le soir de l’élection. Cela fait deux fois que cela ne réussit pas, en 2022 et en 2024. Or, dans notre système, comme chacun pense avoir la majorité le soir du deuxième tour, les campagnes ne posent pas la question des coalitions qu’on pourrait faire ensuite. Cela va donc être très compliqué.

Qu’est-ce que cela pourrait être une coalition, un contrat de gouvernement à l’allemande ? Ou peut-on imaginer un premier ministre pas trop marqué qui, comme Michel Rocard, cherche des majorités texte par texte ?

Imaginer un scénario à l’allemande où une fois les résultats connus, les partis négocient un contrat de gouvernement me semble peu probable. Aujourd’hui, tout est polarisé et il ne faut pas oublier le rôle du camp présidentiel dans cette polarisation en gouvernant avec beaucoup d’arrogance.

Une personnalité politique neutre, par exemple un élu de l’ex groupe central Liot, qui serait premier ministre me semble davantage possible. Nous sommes plus habitués à voir fonctionner un gouvernement avec une majorité relative que d’assumer la création d’une grande coalition. Ceci, dit, tout va peut être complètement changé demain et nous allons réussir à créer une telle grande coalition.

 

Législatives : Au cas par cas au second tour pour le pouvoir

Législatives : Au cas par cas au second tour pour le pouvoir

 

Finalement le pouvoir en place a décidé de ne pas donner de consignes générales pour le second tour. C’est au cas par cas que seront prises les décisions soit de maintenir un candidat soit de se désister pour un autre.

A l’inverse côté écologiste Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, rappelle que les Verts, comme les socialistes, se retireront au second tour dans les circonscriptions où des « candidats républicains » seront mieux placés face au RN. « J’avoue ne pas comprendre votre incapacité à tenir des propos aussi clairs », déplore-t-elle.

 

Socioéconomie-Compétitivité et pouvoir d’achat : même combat

Socio-économie- Compétitivité et pouvoir d’achat : même combat 

 

Les 30 juin et 7 juillet, les citoyens français sont appelés à élire leurs représentants à l’Assemblée nationale, ceux qui votent les lois et contrôlent les politiques et les initiatives du gouvernement. Bien sûr, les considérations économiques ne sont pas les seules à prendre en compte dans les choix des électeurs. Mais elles ne peuvent certainement pas être oubliées ou traitées comme quantité négligeable. Nous sommes dirigeants d’entreprise et voulons partager avec les Français quelques réflexions, avec l’espoir qu’elles les aident à décider pour qui voter.

 

Par Maxime Aiach, Michel de Rosen, Xavier Fontanet, Pierre Gattaz, Jean Pierre Letartre, Gabriel Sardet dans l’Opinion 

 

Le pouvoir d’achat et l’emploi dépendent d’abord des entreprises. Les Français sont légitimement attachés à leur pouvoir d’achat. Ils veulent que celui-ci progresse et, au moins, ne recule pas. Comment ne pas comprendre cette aspiration ? Mais d’où vient le pouvoir d’achat ? Il n’est pas une donnée qu’on peut gérer comme l’eau qui sort d’un robinet. Le pouvoir d’achat est un résultat. Il dépend à la fois des rémunérations reçues par les Français et des prix.

A lire aussi: Pouvoir d’achat: la course folle

Rémunérations. Dans une économie moderne, dans tous les pays développés, les rémunérations et les prix résultent des mécanismes de la concurrence et des marchés. Par exemple, si un bien devient plus abondant, son prix a tendance à baisser ; il monte s’il y a une pénurie. L’offre et la demande jouent aussi pour les rémunérations : mais dans une moindre mesure parce que, dans les économies développées, les salaires ne baissent pas : soit ils sont stables, soit ils augmentent. Le niveau d’augmentation dépend de la santé des entreprises et de la situation de ce que les économistes appellent le marché du travail.

L’économie française ressemble au Tiers Etat de 1789. Elle fait de son mieux mais souffre de l’amoncellement de contraintes que les gouvernements successifs, au fil de l’Histoire, lui ont imposées. Elle est fragile : il suffirait de peu de choses pour que ses performances récentes, en particulier dans le domaine de l’emploi, disparaissent ou même s’inversent

Une logique similaire s’applique à l’emploi. Les entreprises créent des emplois et embauchent lorsqu’elles croissent et investissent — et ont besoin de plus de salariés — et lorsqu’elles sont suffisamment prospères — et peuvent donc se permettre de dépenser plus. Elles réduisent leurs embauches, voire leurs emplois, lorsque leur activité se réduit ou si leur prospérité est diminuée.

L’Etat a son rôle à jouer dans l’économie. Il fixe les règles, par des lois et des décrets. Il veille à différents aspects de l’intérêt général comme le respect des règles de concurrence ou la lutte contre les fraudes. Il met en œuvre des politiques, comme le soutien à l’investissement, le développement de l’offre de logements ou la transition écologique.

A lire aussi: «Pouvoir d’achat ou achat du pouvoir?» La chronique d’Erwan Le Noan

Bon équilibre. Le défi pour chaque pays est de trouver le bon équilibre. Si l’Etat intervient trop peu, certains problèmes ne sont pas traités ou insuffisamment. Ainsi les Etats-Unis ont-ils trop peu investi dans leurs infrastructures, notamment dans les transports ou dans la lutte contre le dérèglement climatique. Si l’Etat intervient trop, par exemple en augmentant les charges qui pèsent sur les entreprises, il affaiblit leur compétitivité et leur capacité à investir, à embaucher et à augmenter les rémunérations de leurs salariés.

Selon les périodes, les priorités de la politique économique et celles de la gestion des entreprises varient. Par exemple, après la Seconde Guerre mondiale, la priorité absolue pour la France était de relancer la capacité de production de notre pays. Après la mise en place de la Communauté européenne, la priorité est devenue le renforcement de la compétitivité de notre économie et donc, notamment, de nos entreprises. Après la crise financière de 2008, il a fallu d’abord sauver le système bancaire. Avec la crise de la Covid, c’est toute l’économie qu’il a fallu empêcher de sombrer.

L’économie française ressemble au Tiers Etat de 1789. Elle fait de son mieux mais souffre de l’amoncellement de contraintes que les gouvernements successifs, au fil de l’Histoire, lui ont imposées. Elle est fragile : il suffirait de peu de choses pour que ses performances récentes, en particulier dans le domaine de l’emploi, disparaissent ou même s’inversent

L’économie française est fragile. L’économie française est une terre de contrastes, combinant de belles forces et de vraies faiblesses. Les forces sont : la qualité de la main-d’œuvre, ouvriers, techniciens, ingénieurs, cadres, patrons, entrepreneurs ; la qualité des infrastructures ; une présence importante dans plusieurs secteurs, comme l’aéronautique, la défense, le luxe, le tourisme, l’agriculture ; une réelle attractivité, qui permet d’attirer les investissements étrangers ; une capacité d’innovation.

Les faiblesses sont : des coûts de production élevés, plus élevés que ceux de la plupart des pays européens ; un temps de travail plus faible qu’ailleurs en Europe, qu’il s’agisse de la durée de travail hebdomadaire, du nombre d’heures travaillées dans une année ou une vie, ou du nombre de Français disposant d’un emploi ; une compétitivité insuffisante, illustrée par une balance commerciale nettement déficitaire ; un Etat trop présent, à la fois par ses charges et par un maquis administratif complexe et lourd ; des finances publiques déséquilibrées.

Bref, l’économie française ressemble au Tiers Etat de 1789. Elle fait de son mieux mais souffre de l’amoncellement de contraintes que les gouvernements successifs, au fil de l’Histoire, lui ont imposées. Elle est fragile : il suffirait de peu de choses pour que ses performances récentes, en particulier dans le domaine de l’emploi, disparaissent ou même s’inversent.

Dans ce contexte, six priorités s’imposent à l’économie française en 2024. Il faut :
–Réduire ou au moins stabiliser les charges qui pèsent sur le système de production, c’est-à-dire sur les entreprises de toutes tailles.
–Augmenter le taux d’emploi des Français.
–Mettre en ordre les finances publiques.
–Baisser les taux d’intérêt qui pèsent sur tous les agents économiques, état, collectivités territoriales, entreprises et ménages.
–Simplifier l’immense système administratif français.
–Renforcer la confiance, sans laquelle les entreprises et les particuliers n’investissent pas et freinent leur consommation.

De la capacité de la future majorité et du futur gouvernement à prendre à bras-le-corps ces priorités dépend la croissance des richesses de notre pays. Croissance de la production de richesses et croissance des richesses distribuées.

En résumé, l’économie française est diverse, vivante, ardente mais aussi fragile. Les politiques doivent le savoir et éviter de multiplier des promesses que la France n’a pas les moyens de tenir.

Maxime Aiach, Michel de Rosen, Xavier Fontanet, Pierre Gattaz, Jean Pierre Letartre, Gabriel Sardet (présidents ou directeurs généraux d’entreprise, membres de l’Institut des Solutions)

Sondages priorité des Français : D’abord le pouvoir d’achat

Sondages priorité des Français : D’abord le pouvoir d’achat

D’après le baromètre IPSOS de juin , les difficultés liées au pouvoir d’achat restent la source d’inquiétude majeure des Français, qui sont désormais plus d’1 sur 2 à citer ce sujet.

 

Une préoccupation qui enregistre une hausse de 7 points. Par ailleurs, le niveau de l’immigration revient ce mois-ci dans le top 3 des principales préoccupations des Français en progressant de 3 points (33%). On note également une forte hausse de l’inquiétude liée au niveau de la dette et des déficits, qui remonte de 3 places et devient le 6ème sujet le plus cité par les Français (+8 points).

 

Si le pouvoir d’achat domine les préoccupations des Français avec 55 %, suivent les inquiétudes sur la santé et le système des retraites avec 37 %, puis la question de l’immigration avec 33% et la montées de l’insécurité avec 31 %. Bien qu’en hausse la crainte des déficits n’est partagée que par 28 %.

 

 

Meilleurs opposants au pouvoir : Bardella à droite et Glucksmann à gauche

Meilleurs opposants au pouvoir : Bardella à droite et Glucksmann à gauche

 

 


D’après IPSOS, La cote de popularité du président de la République enregistre une baisse de 4 points par rapport à mai, pour se situer à 28% d’opinions favorables, contre 68% d’opinions défavorables (+5 points en un mois). Bardella  est le meilleur opposant à droite et Glucksmann le meilleur opposant à gauche.

 

Emmanuel Macron enregistre notamment une baisse importante auprès des sympathisants de la majorité présidentielle : si les ¾ d’entre eux ont toujours une opinion favorable de l’action du chef de l’Etat, cette proportion a baissé de 9 points en un mois, mais aussi auprès de ceux du PS (22%, -12 points) et des Républicains et de l’UDI (31%, -12 points)..

Gabriel Attal, quant à lui, voit sa cote progresser pour se situer à 40% d’opinions favorables (+1 point). Si sa cote d’opinions défavorables progresse aussi (53%, +2 points), on constate que la popularité du premier ministre n’a pas pâti du résultat des élections européennes ni de l’annonce de la dissolution. Contrairement au président de la République, Gabriel Attal voit sa cote progresser auprès des sympathisants de la majorité présidentielle (84%, +7 points).

Parmi les différents ministres du gouvernement, Gérald Darmanin maintient sa position de tête, considéré comme étant le meilleur ministre selon les Français (35%, +1 point), devant Bruno Le Maire (31%, =). Rachida Dati atteint ce mois-ci la 3ème position en grimpant de 5 points (25%), suivie par Éric Dupont-Moretti (2%, -2 points).

 

A gauche, Raphael Glucksmann s’impose désormais comme le meilleur opposant, cité par 27% des Français, soit une progression de 9 points par rapport à mai. Il devance Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin, tous les deux à 20%. Raphael Glucksmann est particulièrement cité par les sympathisants du PS (68%) mais aussi par ceux de la majorité présidentielle (45%).

A droite, Jordan Bardella est désormais cité par 44% des Français comme le meilleur opposant à droite (+5 points), devant Marine Le Pen (36%, +1 point) et loin devant les personnalités des autres partis comme Xavier Bertrand (15%, -1 point). Jordan Bardella est également en tête auprès des sympathisants de son parti (cité par 88% d’entre eux contre 77% pour Marine Le Pen).

Les préoccupations des Français: D’abord le pouvoir d’achat

Les préoccupations des Français: D’abord le pouvoir d’achat

D’après  le  baromètre IPSOS de juin  , les difficultés liées au pouvoir d’achat restent la source d’inquiétude majeure des Français, qui sont désormais plus d’1 sur 2 à citer ce sujet.

 

Une préoccupation qui enregistre une hausse de 7 points. Par ailleurs, le niveau de l’immigration revient ce mois-ci dans le top 3 des principales préoccupations des Français en progressant de 3 points (33%). On note également une forte hausse de l’inquiétude liée au niveau de la dette et des déficits, qui remonte de 3 places et devient le 6ème sujet le plus cité par les Français (+8 points).

 

Si le pouvoir d’achat domine les préoccupations des Français avec 55 %, suivent les inquiétudes sur la santé et le système des retraites avec 37 %, puis la question de l’immigration avec 33% et la montées de l’insécurité avec 31 %. Bien qu’en hausse la crainte des déficits n’est partagée que par 28 %.

 

 

Dernier sondage européennes : la liste du pouvoir en difficulté

 

 

D’après un sondage IFOP pour LCI, Jordan Bardella (Rassemblement national) arrive toujours en tête des intentions de vote, avec 33% des suffrages (=), suivi de Valérie Hayer (Renaissance), créditée de 14,5% (-0,5). Toujours derrière, Raphaël Glucksmann (PS-Place publique) n’aura pas réussi à rattraper la tête de liste de la majorité. Il pointe à 13% d’intentions de vote. Manon Aubry (La France insoumise) gagne 0,5 point et atteint les 9%, terminant la campagne en réalisant son plus haut score depuis le début de ces sondages quotidiens. François-Xavier Bellamy (Les Républicains) est toujours à 7% (=), Marion Maréchal (Reconquête), à 6% (=) et Marie Tousssaint (Écologistes), à 5,5% (+0,5).

Politique-Elections Européennes : le pouvoir d’achat toujours la première préoccupation

Politique-Elections Européennes : le pouvoir d’achat toujours la première préoccupation

D’après un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, le pouvoir d’achat représente l’enjeu le plus fort des Français dans leur vote aux élections européennes (9 juin). Il devance l’immigration et le système de santé.

D’après un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio, le pouvoir d’achat est le sujet sur lequel les électeurs attendent le plus les candidats. Selon cette enquête, 57% des Français disent tenir compte de cette thématique dans leur vote. C’est notamment le cas des électeurs de La France insoumise (76%) et du Rassemblement national (62%), moins de Renaissance (37%) ou de Reconquête (21%).

L’immigration (38%) et le système de santé (38%) complètent le podium des sujets les plus déterminants, selon les Français. Sans surprise, les électeurs de Reconquête (89%) et du RN (62%) classent l’immigration parmi leurs priorités. Le système de santé, lui, suscite davantage l’intérêt des électeurs de La France insoumise (58%).

Sondage Elections Européennes : le pouvoir d’achat toujours la première préoccupation

Sondage Elections Européennes : le pouvoir d’achat toujours la première préoccupation

D’après un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, le pouvoir d’achat représente l’enjeu le plus fort des Français dans leur vote aux élections européennes (9 juin). Il devance l’immigration et le système de santé.

D’après un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio, le pouvoir d’achat est le sujet sur lequel les électeurs attendent le plus les candidats. Selon cette enquête, 57% des Français disent tenir compte de cette thématique dans leur vote. C’est notamment le cas des électeurs de La France insoumise (76%) et du Rassemblement national (62%), moins de Renaissance (37%) ou de Reconquête (21%).

L’immigration (38%) et le système de santé (38%) complètent le podium des sujets les plus déterminants, selon les Français. Sans surprise, les électeurs de Reconquête (89%) et du RN (62%) classent l’immigration parmi leurs priorités. Le système de santé, lui, suscite davantage l’intérêt des électeurs de La France insoumise (58%).

Elections Européennes : le pouvoir d’achat toujours la première préoccupation

Elections Européennes : le pouvoir d’achat toujours la première préoccupation

D’après un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, le pouvoir d’achat représente l’enjeu le plus fort des Français dans leur vote aux élections européennes (9 juin). Il devance l’immigration et le système de santé.

D’après un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio, le pouvoir d’achat est le sujet sur lequel les électeurs attendent le plus les candidats. Selon cette enquête, 57% des Français disent tenir compte de cette thématique dans leur vote. C’est notamment le cas des électeurs de La France insoumise (76%) et du Rassemblement national (62%), moins de Renaissance (37%) ou de Reconquête (21%).

L’immigration (38%) et le système de santé (38%) complètent le podium des sujets les plus déterminants, selon les Français. Sans surprise, les électeurs de Reconquête (89%) et du RN (62%) classent l’immigration parmi leurs priorités. Le système de santé, lui, suscite davantage l’intérêt des électeurs de La France insoumise (58%).

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