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Revers russes en Ukraine: Poutine trahi par ses services secrets

Revers russes en Ukraine: Poutine trahi par ses services secrets

C’est un peu la honte pour Poutine ancien responsable du KGB d’avoir était trahi par ses propres services secrets concernant l’Ukraine. Analyse de l’historien Andreï Kozovoï (Université de Lille) sur le fiasco des services de renseignement et publiée dans « Livre noir de Vladimir Poutine » qui paraît vendredi aux éditions Robert Laffont/Perrin.

Début mars 2022, moins de deux semaines après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, plus aucun doute n’était permis : en lieu et place d’une entrée triomphale dans Kiev, sous les vivats de ses habitants, la glorieuse armée de Poutine fut mise en déroute, subissant de lourdes pertes. L’ombre de la guerre d’Afghanistan (1979-1989) commença à planer sur l’« opération militaire spéciale », les rumeurs allant bon train sur le fait que Vladimir Poutine , « intoxicateur » professionnel, avait lui-même été « intoxiqué ».

Au vu de l’humiliation, de nombreuses têtes devaient inévitablement tomber. En toute logique, Poutine aurait dû d’abord s’en prendre à Alexandre Bortnikov, le directeur du FSB, le Service fédéral de sécurité, et à Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de Sécurité qui, à en croire un ouvrage à paraître, l’auraient convaincu de privilégier la solution militaire en Ukraine. Poutine aurait dû s’en prendre au ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, et au chef de l’état-major, Valeri Guerassimov, qui l’avaient rassuré en lui vantant « la grande expérience » des troupes russes.
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Les punir pour l’exemple et en public aurait cependant pu s’avérer contre-productif et constituer un aveu d’échec, alors qu’officiellement la Russie n’avait pas dévié d’un iota de son plan en Ukraine. Et puis, Bortnikov, Patrouchev, Choïgou et Guerassimov ont sans doute plaidé « non coupables » en clamant qu’eux aussi avaient été bernés par des rapports, fournis par les services secrets. Des rapports qui décrivaient l’armée ukrainienne comme non opérationnelle, Volodymyr Zelensky en bouffon sans réelle étoffe de président, et misaient sur un Occident désuni et passif, comme en 2014 après l’annexion de la Crimée.

Ces services de renseignement, rappelons-le, sont constitués de trois organisations principales : une militaire, connue sous son nom de la GRU (Direction principale du renseignement) –, placée sous le commandement du ministre de la Défense, mais en réalité de Poutine ; et deux organisations civiles dépendant directement du président de la Fédération de Russie, le SVR, Service de renseignement extérieur, et le FSB, Service fédéral de sécurité, chargé du contre-espionnage, mentionné plus haut.

Contrairement aux services occidentaux, juridiquement encadrés et contrôlés, les services secrets russes forment l’ossature du système poutinien, l’alpha et l’oméga de sa gouvernance. Leur particularité est de ne pas seulement s’occuper du renseignement, de la collecte et de l’analyse d’informations, mais aussi de remplir des fonctions de police politique, de répression (voire d’élimination) des opposants et des « traîtres », dans la pure tradition soviétique. Les empoisonnements au Novitchok de l’ancien colonel de la GRU Sergueï Skripal, en 2018, et de l’opposant Alexeï Navalny, en 2020, sont deux exemples récents d’opérations pour lesquelles l’implication des services secrets russes a été démontrée – deux exemples parmi de nombreux autres. Leurs cadres, les siloviki (du mot russe sila, « la force »), sont une « nouvelle noblesse », expression que l’on doit à Nikolaï Patrouchev, ancien directeur du FSB, désormais secrétaire du Conseil de sécurité, qui est perçu comme le plus grand « faucon » du Kremlin.

Au final, ce ne sont donc ni Choïgou, ni Guerassimov, ni Patrouchev, ni aucune autre personnalité de l’entourage de Poutine qui allait faire les frais du fiasco de la « guerre éclair » russe en Ukraine, mais des « seconds couteaux » issus des services secrets et d’abord du FSB, parmi lesquels un haut gradé, Sergueï Besseda, un général de 68 ans, [chef depuis 2008] du Cinquième Service du FSB, le Service des informations opérationnelles et des relations internationales. Accusé en mars 2022 de corruption et d’avoir « sciemment désinformé » ses supérieurs, celui-ci fut d’abord placé en résidence surveillée. Vers la mi-avril, dans le contexte du naufrage du croiseur Moskva, quand Poutine fut incapable de contenir sa colère et exigea des coupables, il fut transféré dans le plus grand secret à Lefortovo, célèbre prison moscovite réservée aux personnalités éminentes.

Besseda a-t-il « sciemment » désinformé le président russe ?
Même si la GRU et le SVR avaient leurs réseaux en Ukraine, c’est le Cinquième Service qui, de l’avis de plusieurs experts, aurait eu la plus grande influence auprès du Kremlin avant le lancement de l’« opération militaire spéciale ». De fait, l’unité ukrainienne dont il avait la charge passa de 30 personnes en 2019 à 160 à l’été 2021. Des agents envoyés en Ukraine se voyaient confier l’objectif de recruter des collaborateurs et de neutraliser des adversaires de Moscou. C’est Besseda qui aurait donc exercé une influence déterminante sur Poutine par ses analyses et l’aurait convaincu de donner son feu vert.

Mais a-t-il « sciemment » désinformé le président russe ? N’était-il pas lui-même convaincu que la conquête de l’Ukraine serait une promenade de santé ? Après tout, on sait aujourd’hui que quelques jours avant l’invasion, les hommes de Besseda avaient envoyé à leurs agents ukrainiens l’ordre de laisser les clés de leurs appartements aux « hommes de Moscou » qui seraient venus organiser l’installation d’un régime marionnette après la victoire de la Russie.

À la décharge de Besseda, il a pu exister au sein du renseignement russe une tendance sinon à désinformer, du moins à croire exagérément dans les chances de succès de cette opération, et ce pour plusieurs raisons. En effet, le renseignement militaire avait amorcé une « mue agressive » depuis 2011, avec la nomination, au poste de premier adjoint du directeur, du général Vladimir Alekseïev. Celui-ci profita du renforcement du rôle de la GRU sous la direction de Choïgou pour devenir le principal collecteur de l’information en provenance d’Ukraine.
Le président a peu à peu perdu le sens des réalités

À une certaine prudence propre au renseignement militaire aurait succédé, avec cet ancien membre des forces spéciales – les spetsnaz –, la volonté de prendre plus de risques, ce qui pourrait expliquer les opérations d’empoisonnement, dont la plus connue fut celle de Sergueï Skripal en Grande-Bretagne. Ajoutons-y les effets délétères sur l’information de la concurrence entre les renseignements militaire et civil, la GRU et le FSB, qui aurait pu pousser Besseda à vouloir « surenchérir » pour ne pas laisser son adversaire occuper le terrain.
« Personne n’aime les porteurs de mauvaises nouvelles. » Au fil des ans et des élections truquées, le président a peu à peu perdu le sens des réalités, réduisant son cercle d’amis et de confidents. Les seuls susceptibles d’avoir encore une influence sur lui étaient Alexandre Bortnikov, le directeur du FSB, et Sergueï Narychkine, le directeur du SVR, pour le renseignement civil. Or, Poutine méprise le renseignement – ainsi Narychkine fut-il publiquement humilié le 21 février 2022, trois jours avant l’invasion, en pleine réunion du Conseil de sécurité ; et l’amiral Igor Kostioukov, l’actuel patron de la GRU, serait affublé de sobriquets. Si les services secrets occupent une place centrale dans le processus décisionnel poutinien, paradoxalement, Poutine ne les tient pas en haute estime. […]
Dans ce contexte, que restait-il aux « seconds couteaux » comme Besseda, sinon de trier soigneusement l’information pour conforter le Maître dans ses illusions ? […]
Besseda [aurait été libéré et] serait revenu travailler à son bureau de la Loubianka. Il ne faut pas y voir la trace d’une quelconque volonté de le réhabiliter, et encore moins le signe d’une prise de conscience, tardive, chez le président, de ses propres erreurs de jugement, mais plutôt la volonté de limiter le risque d’une aggravation de la situation. […]
Un avertissement lancé aux services de renseignement

De fait, si l’arrestation de Besseda doit être interprétée comme un avertissement lancé aux services de renseignement, au FSB en particulier, sa libération correspond à un « repli tactique » destiné à couper court aux rumeurs sur les divisions internes et les dissensions entre les dirigeants et la « base ». Il s’agit de rassurer les « seconds couteaux » dont dépendent à bien des égards la stabilité du système et la bonne gestion du processus décisionnel.

Ce monde de l’ombre est soumis à la pression de l’exécutif, mais également aux sanctions occidentales qui ont mis à mal les réseaux de renseignement russe à l’étranger. Entre février et avril 2022, plus de 450 « diplomates » russes ont été expulsés de 27 pays et d’organisations internationales, soit trois fois plus qu’après le scandale de l’affaire Skripal. Poutine a d’autant plus intérêt à ménager ses cadres du renseignement qu’il est confronté à la présence d’un « parti de la guerre », une fraction des siloviki en désaccord avec les objectifs revus à la baisse de l’« opération militaire spéciale » – non plus la conquête de l’Ukraine, mais l’occupation et l’annexion du Donbass. Ces cadres de la base voudraient voir Poutine annoncer la mobilisation générale et utiliser des armes de destruction massive pour en finir au plus vite.

La libération de Besseda semble donc indiquer que Poutine tenterait d’apprendre de ses erreurs. L’effet de cette prise de conscience sera-t-il durable ? Cela est peu probable tant que Poutine sera aux commandes, avec sa vision paranoïde du monde et de l’Histoire, son système de valeurs anti-occidental et son obsession d’une Ukraine « dénazifiée », mais aussi tant que le principal modèle d’inspiration des services secrets russes restera le KGB d’Andropov et, de plus en plus, le NKVD stalinien.

dans The Conversation

Politique: Poutine trahi par ses services secrets

Politique: Poutine trahi par ses services secrets

C’est un peu la honte pour Poutine ancien responsable du KGB d’avoir était trahie par ses propres services secrets concernant l’UkraineAnalyse de l’historien Andreï Kozovoï (Université de Lille) sur le fiasco des services de renseignement et publiée dans « Livre noir de Vladimir Poutine » qui paraît vendredi aux éditions Robert Laffont/Perrin.

Début mars 2022, moins de deux semaines après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, plus aucun doute n’était permis : en lieu et place d’une entrée triomphale dans Kiev, sous les vivats de ses habitants, la glorieuse armée de Poutine fut mise en déroute, subissant de lourdes pertes. L’ombre de la guerre d’Afghanistan (1979-1989) commença à planer sur l’« opération militaire spéciale », les rumeurs allant bon train sur le fait que Vladimir Poutine , « intoxicateur » professionnel, avait lui-même été « intoxiqué ».

Au vu de l’humiliation, de nombreuses têtes devaient inévitablement tomber. En toute logique, Poutine aurait dû d’abord s’en prendre à Alexandre Bortnikov, le directeur du FSB, le Service fédéral de sécurité, et à Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de Sécurité qui, à en croire un ouvrage à paraître, l’auraient convaincu de privilégier la solution militaire en Ukraine. Poutine aurait dû s’en prendre au ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, et au chef de l’état-major, Valeri Guerassimov, qui l’avaient rassuré en lui vantant « la grande expérience » des troupes russes.
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Ces services de renseignement, rappelons-le, sont constitués de trois organisations principales : une militaire, connue sous son nom de la GRU (Direction principale du renseignement) –, placée sous le commandement du ministre de la Défense, mais en réalité de Poutine ; et deux organisations civiles dépendant directement du président de la Fédération de Russie, le SVR, Service de renseignement extérieur, et le FSB, Service fédéral de sécurité, chargé du contre-espionnage, mentionné plus haut.

Contrairement aux services occidentaux, juridiquement encadrés et contrôlés, les services secrets russes forment l’ossature du système poutinien, l’alpha et l’oméga de sa gouvernance. Leur particularité est de ne pas seulement s’occuper du renseignement, de la collecte et de l’analyse d’informations, mais aussi de remplir des fonctions de police politique, de répression (voire d’élimination) des opposants et des « traîtres », dans la pure tradition soviétique. Les empoisonnements au Novitchok de l’ancien colonel de la GRU Sergueï Skripal, en 2018, et de l’opposant Alexeï Navalny, en 2020, sont deux exemples récents d’opérations pour lesquelles l’implication des services secrets russes a été démontrée – deux exemples parmi de nombreux autres. Leurs cadres, les siloviki (du mot russe sila, « la force »), sont une « nouvelle noblesse », expression que l’on doit à Nikolaï Patrouchev, ancien directeur du FSB, désormais secrétaire du Conseil de sécurité, qui est perçu comme le plus grand « faucon » du Kremlin.

Au final, ce ne sont donc ni Choïgou, ni Guerassimov, ni Patrouchev, ni aucune autre personnalité de l’entourage de Poutine qui allait faire les frais du fiasco de la « guerre éclair » russe en Ukraine, mais des « seconds couteaux » issus des services secrets et d’abord du FSB, parmi lesquels un haut gradé, Sergueï Besseda, un général de 68 ans, [chef depuis 2008] du Cinquième Service du FSB, le Service des informations opérationnelles et des relations internationales. Accusé en mars 2022 de corruption et d’avoir « sciemment désinformé » ses supérieurs, celui-ci fut d’abord placé en résidence surveillée. Vers la mi-avril, dans le contexte du naufrage du croiseur Moskva, quand Poutine fut incapable de contenir sa colère et exigea des coupables, il fut transféré dans le plus grand secret à Lefortovo, célèbre prison moscovite réservée aux personnalités éminentes.

Besseda a-t-il « sciemment » désinformé le président russe ?
Même si la GRU et le SVR avaient leurs réseaux en Ukraine, c’est le Cinquième Service qui, de l’avis de plusieurs experts, aurait eu la plus grande influence auprès du Kremlin avant le lancement de l’« opération militaire spéciale ». De fait, l’unité ukrainienne dont il avait la charge passa de 30 personnes en 2019 à 160 à l’été 2021. Des agents envoyés en Ukraine se voyaient confier l’objectif de recruter des collaborateurs et de neutraliser des adversaires de Moscou. C’est Besseda qui aurait donc exercé une influence déterminante sur Poutine par ses analyses et l’aurait convaincu de donner son feu vert.

Mais a-t-il « sciemment » désinformé le président russe ? N’était-il pas lui-même convaincu que la conquête de l’Ukraine serait une promenade de santé ? Après tout, on sait aujourd’hui que quelques jours avant l’invasion, les hommes de Besseda avaient envoyé à leurs agents ukrainiens l’ordre de laisser les clés de leurs appartements aux « hommes de Moscou » qui seraient venus organiser l’installation d’un régime marionnette après la victoire de la Russie.

À la décharge de Besseda, il a pu exister au sein du renseignement russe une tendance sinon à désinformer, du moins à croire exagérément dans les chances de succès de cette opération, et ce pour plusieurs raisons. En effet, le renseignement militaire avait amorcé une « mue agressive » depuis 2011, avec la nomination, au poste de premier adjoint du directeur, du général Vladimir Alekseïev. Celui-ci profita du renforcement du rôle de la GRU sous la direction de Choïgou pour devenir le principal collecteur de l’information en provenance d’Ukraine.
Le président a peu à peu perdu le sens des réalités

À une certaine prudence propre au renseignement militaire aurait succédé, avec cet ancien membre des forces spéciales – les spetsnaz –, la volonté de prendre plus de risques, ce qui pourrait expliquer les opérations d’empoisonnement, dont la plus connue fut celle de Sergueï Skripal en Grande-Bretagne. Ajoutons-y les effets délétères sur l’information de la concurrence entre les renseignements militaire et civil, la GRU et le FSB, qui aurait pu pousser Besseda à vouloir « surenchérir » pour ne pas laisser son adversaire occuper le terrain.
« Personne n’aime les porteurs de mauvaises nouvelles. » Au fil des ans et des élections truquées, le président a peu à peu perdu le sens des réalités, réduisant son cercle d’amis et de confidents. Les seuls susceptibles d’avoir encore une influence sur lui étaient Alexandre Bortnikov, le directeur du FSB, et Sergueï Narychkine, le directeur du SVR, pour le renseignement civil. Or, Poutine méprise le renseignement – ainsi Narychkine fut-il publiquement humilié le 21 février 2022, trois jours avant l’invasion, en pleine réunion du Conseil de sécurité ; et l’amiral Igor Kostioukov, l’actuel patron de la GRU, serait affublé de sobriquets. Si les services secrets occupent une place centrale dans le processus décisionnel poutinien, paradoxalement, Poutine ne les tient pas en haute estime. […]
Dans ce contexte, que restait-il aux « seconds couteaux » comme Besseda, sinon de trier soigneusement l’information pour conforter le Maître dans ses illusions ? […]
Besseda [aurait été libéré et] serait revenu travailler à son bureau de la Loubianka. Il ne faut pas y voir la trace d’une quelconque volonté de le réhabiliter, et encore moins le signe d’une prise de conscience, tardive, chez le président, de ses propres erreurs de jugement, mais plutôt la volonté de limiter le risque d’une aggravation de la situation. […]
Un avertissement lancé aux services de renseignement

De fait, si l’arrestation de Besseda doit être interprétée comme un avertissement lancé aux services de renseignement, au FSB en particulier, sa libération correspond à un « repli tactique » destiné à couper court aux rumeurs sur les divisions internes et les dissensions entre les dirigeants et la « base ». Il s’agit de rassurer les « seconds couteaux » dont dépendent à bien des égards la stabilité du système et la bonne gestion du processus décisionnel.

Ce monde de l’ombre est soumis à la pression de l’exécutif, mais également aux sanctions occidentales qui ont mis à mal les réseaux de renseignement russe à l’étranger. Entre février et avril 2022, plus de 450 « diplomates » russes ont été expulsés de 27 pays et d’organisations internationales, soit trois fois plus qu’après le scandale de l’affaire Skripal. Poutine a d’autant plus intérêt à ménager ses cadres du renseignement qu’il est confronté à la présence d’un « parti de la guerre », une fraction des siloviki en désaccord avec les objectifs revus à la baisse de l’« opération militaire spéciale » – non plus la conquête de l’Ukraine, mais l’occupation et l’annexion du Donbass. Ces cadres de la base voudraient voir Poutine annoncer la mobilisation générale et utiliser des armes de destruction massive pour en finir au plus vite.

La libération de Besseda semble donc indiquer que Poutine tenterait d’apprendre de ses erreurs. L’effet de cette prise de conscience sera-t-il durable ? Cela est peu probable tant que Poutine sera aux commandes, avec sa vision paranoïde du monde et de l’Histoire, son système de valeurs anti-occidental et son obsession d’une Ukraine « dénazifiée », mais aussi tant que le principal modèle d’inspiration des services secrets russes restera le KGB d’Andropov et, de plus en plus, le NKVD stalinien.

dans The Conversation

Poutine: Le mensonge permanent pour rhétorique

Poutine: Le mensonge permanent pour rhétorique

Poutine complètement isolé ne se rend sans doute pas compte de la désuétude de son discours daté qui repose sur la rhétorique permanente du mensonge. Bref la posture des communistes soviétiques d’il y a 50 à 70 ans.

Pour Poutine plus c’est gros plus ça passe, plus FO mieux ces points évidemment à l’étranger son discours apparaît complètement obsolète mais de plus en plus aussi en Russie dans les grandes villes au moins là où l’information pertinente est accessible.

Ainsi dans le domaine économique suite à la succession des sanctions prises qui n’ont d’effet qu’à terme, la Russie commence à sérieusement souffrir. Mais Poutine fidèle à son discours caricatural affirme que jamais la Russie ne s’est aussi bien portée .Notons l’état de sous-développement du pays avec par exemple un salaire moyen qui ne dépasse guère 700 € par mois alors que le pays dispose d’énormes ressources détournées par les oligarques et Poutine lui-même.

Pour la Russie, « le pic des difficultés » économiques est « passé », affirme pourtant Poutine

Selon lui, « l’économie russe s’est adaptée (…) Ce qui se passe est en fin de compte bénéfique pour la Russie et son avenir (…) y compris dans la sphère économique ».
Rien n’est pourtant moins sûr. La Russie profite pour l’instant de la crise énergétique mondiale et des exportations d’hydrocarbures. Mais c’est bien le scénario de la récession qui se profile. La croissance russe devrait en effet se contracter de 3,4% en 2022 et de 2,3% en 2023 d’après le Fonds Monétaire International, soit un recul moins fort que prévu.

Berlusconi déraille et est de nouveau ami avec Poutine !

Berlusconi déraille et est de nouveau ami avec Poutine !

Une nouvelle fois, le vieux chef italien Berlusconi déraille en affirmant à nouveau son amitié avec Poutine. De quoi mettre en difficulté la coalition de droite et même son propre parti. Le chef de file du parti Forza Italia a affirmé avoir « renoué » le lien avec Vladimir Poutine. « Pour mon anniversaire, (Vladimir) Poutine m’a envoyé 20 bouteilles de vodka et une très gentille lettre (…) Il m’a dit que j’étais le premier de ses cinq vrais amis », a assuré l’ancien Premier ministre, qui a fêté ses 86 ans le 29 septembre.

Ces propos ont fuité mardi soir et son entourage a d’abord démenti mais un enregistrement audio a ensuite été diffusé, provoquant la stupéfaction de Giorgia Meloni, future présidente du Conseil italien qui s’emploie à former un gouvernement avec ses alliés, Forza Italia de Silvio Berlusconi et la Ligue de Matteo Salvini. Les déclarations de Silvio Berlusconi pourraient fragiliser Antonio Tajani, un de ses proches, pro-européen, pressenti pour les Affaires étrangères.

S’agissant de la guerre en Ukraine, l’ancien président du Conseil a précisé ne pas pouvoir exprimer son opinion personnelle « parce que si cela arrive aux oreilles de la presse ce sera une catastrophe, mais je suis très, très, très préoccupé ». En toute hâte, Forza Italia a publié un communiqué pour clarifier la position du parti et de Berlusconi vis-à-vis de la Russie et de l’Ukraine, « en ligne avec celle de l’Europe et des Etats-Unis ».

Poutine et Xi Jinping : Objectif étendre le champ de la dictature dans le monde

Poutine et Xi Jinping : Objectif étendre le champ de la dictature dans le monde
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Docteur et agrégé d’histoire, Florian Louis Souligne l’extension du champ de la dictature dans le monde l’influence Poutine et Xi Jinping ( Le Figaro, extrait)
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L’ouvrage que vous avez coordonné avec Nicolas Beaupré conteste d’entrée de jeu l’idée d’un XXe siècle «court», qui se finirait avec la chute du mur de Berlin en 1989. À ce titre, la guerre en Ukraine ravive-t-elle les enjeux du XXe siècle?

Florian LOUIS. – Elle nous oblige en tout cas à envisager ce siècle d’un œil nouveau en remettant en question l’idée que l’Union soviétique l’aurait entraîné dans sa chute. Force est en effet de constater que, contrairement à ce que d’aucuns avaient pu penser sur le moment, non seulement l’Histoire ne s’est pas arrêtée à l’orée des années 1990, mais que nombre des forces qui l’avaient mue au XXe siècle ont survécu à cet effondrement et ont même gagné en intensité du fait de celui-ci. Plutôt que de considérer que la disparition du bloc soviétique a clos en 1991 un «court XXe» siècle inauguré en 1914 ou en 1917, on peut donc aller jusqu’à avancer que ce sont les dynamiques – résumées dans la trilogie capitalisme, nationalisme, mondialisation – d’un «très long XXe siècle» qui plonge ses racines avant même les années 1900, qui ont colmaté la brèche soviétique qui l’a un temps fêlé. Quant à savoir si ce XXe siècle est à présent clos ou si la guerre d’Ukraine le «ravive», nous manquons encore de recul pour le déterminer. De toute évidence, certaines de ses braises demeurent en tout cas promptes à générer de nouveaux incendies.
L’imaginaire de la guerre froide a ressurgi plusieurs fois à la faveur de ce conflit…

Ces fréquentes références à la guerre froide servent tout autant à nous rassurer en ramenant l’inconnu de l’Histoire en train de se faire au connu de l’Histoire qui a été, qu’à nous alarmer en faisant resurgir le spectre d’une apocalypse nucléaire. De même qu’une Seconde Guerre mondiale éclata quelques décennies après la fin de la première au point de faire rétrospectivement apparaître la séquence 1918-1939 comme une simple trêve, il est tentant d’imaginer que nous vivrions, après trois décennies de latence, l’éclosion d’une seconde guerre froide. Cette lecture peut toutefois nous aveugler en nous conduisant à chercher dans le passé des solutions à des problèmes qui, pour présenter d’apparentes similitudes avec ceux du XXe siècle, n’en sont pas moins très différents. En premier lieu, il convient de rappeler que la guerre froide n’était pas seulement un affrontement rendu nécessairement indirect et précautionneux par la crainte de destruction mutuelle que faisaient peser les arsenaux nucléaires de ses principaux protagonistes. C’était aussi et surtout une confrontation entre deux – puis trois avec l’émancipation maoïste – modèles antagoniques à vocation universelle.

Faute de pouvoir dominer le monde, la Russie et la Chine cherchent à le fragmenter pour le transformer en une mosaïque d’entités de moindre envergure plus aisément contrôlables par elles.

Or ni la Russie de Poutine ni la Chine de Xi ne font aujourd’hui preuve d’une telle ambition universaliste. Poutine n’a pas plus la prétention de russiser le monde que Xi n’envisage de le siniser. Ce qu’ils cherchent, c’est plutôt à le partitionner en s’y taillant chacun une large sphère d’influence à l’intérieur de laquelle ils pourraient régner comme bon leur semble à l’abri de toute supervision supranationale. Là où l’URSS disputait aux États-Unis le contrôle de l’universel, la Russie et la Chine d’aujourd’hui, bien conscientes de leur incapacité à s’en emparer, s’essaient plutôt par dépit à le briser. Faute de pouvoir dominer le monde, elles cherchent à le fragmenter pour le transformer en une mosaïque d’entités de moindre envergure plus aisément contrôlables par elles. Ce renoncement à l’universel explique en retour pourquoi ni la Russie ni la Chine ne jouissent de la force d’attraction dont a pu un temps disposer l’URSS: une «grande obscurité» qui ne fait rêver personne s’est substituée à la «grande lueur à l’Est» dont parlait Jules Romains. Le «rêve chinois» de Xi Jinping n’est pas l’American Dream et ne me semble pas prêt à le supplanter.


La Russie vous semble-t-elle hantée, à titre symbolique, par un XXe siècle qu’elle peine à digérer?

Vladimir Poutine est assurément mû par un désir de revanche sur l’histoire récente de son pays qui explique son obsession à vouloir tout à la fois la réécrire et la corriger. La réécrire d’abord en imposant un récit national biaisé qui ne retient du XXe siècle que ce qui l’arrange – la contribution décisive de l’URSS à la défaite du nazisme – et passe sous silence ce qui le dérange – le pacte germano-soviétique, le Goulag –. La corriger ensuite en tentant de revenir par la force sur son legs. C’est ainsi que sept mois avant de se lancer dans l’invasion de l’Ukraine en février 2022, le président russe s’était fendu d’un long essai historique ratiocinant sur «l’unité historique des Russes et des Ukrainiens» censé la justifier. Mais le pouvoir a beau faire taire les voix dissidentes comme l’ONG Mémorial, tous les Russes ne sont pas dupes et nombreux sont ceux qui perçoivent cette guerre pour ce qu’elle est: une fuite en avant belliciste censée laver a posteriori l’affront de la chute de l’URSS. D’autant que ce n’est pas la première fois que leurs dirigeants réagissent de la sorte. Déjà au lendemain de la défaite que leur avaient infligée les Français et les Britanniques en 1855 lors de la guerre de Crimée, les tsars avaient cherché à redorer leur blason en conquérant l’Asie centrale et l’extrême Orient où, à leur grande stupéfaction, leurs troupes finirent par se trouver confrontées – comme c’est aujourd’hui le cas en Ukraine – à un adversaire plus coriace que prévu, en la personne des Japonais.
Suite dans le Figaro

Nicolas Beaupré et Florian Louis, Histoire mondiale du XXe siècle, Presses Universitaires de France, septembre 2022, 800 pages, 39 € Presses Universitaires de France

Poutine prêt de capituler ?

Poutine prêt de capituler ?

On imagine mal Poutine en train de capituler officiellement. L’intéressé atteint de mégalomanie chronique ne reconnaîtra sans doute jamais la défaite qu’il est en train de subir en Ukraine. En effet les forces ukrainiennes ne cessent de d’avancer au point d’ailleurs que les autorités militaires russes ont reconnu leur retraite de la zone Kherson, point particulièrement stratégique.

Certes Poutine tente d’obtenir une trêve relative sur le terrain pour refaire ses forces. Le problème pour lui c’est qu’en face les forces de l’Ukraine vont aussi se développer et sans doute surpasser celle de la Russie sur deux points centraux , d’une part la technologie, d’autre part la volonté sans faille des ukrainiens à défendre leur territoire.

Poutine semble mettre la pédale douce déclarant même qu’il ne souhaite plus détruire l’Ukraine mais participer à des négociations. Une position dont il faut toujours se méfier quand elle émane de Poutine mais qui paraît logique suite au recul des forces russes mais aussi des pressions internationales y compris de la Chine.

Vladimir Poutine n’envisage pas non plus « dans l’immédiat » de nouvelles frappes « massives » en Ukraine, après celles du début de semaine lancées en représailles de la destruction partielle du pont de Crimée qu’il impute à Kiev. « Actuellement, il y a d’autres objectifs. Pour l’instant, après on verra », a-t-il déclaré, assurant que la Russie faisait « tout comme il faut » en Ukraine. Le président russe a également affirmé ne pas avoir « pour objectif de détruire l’Ukraine ».

L’UE durcit sa position face à Poutine

L’UE durcit sa position faceà Poutine

Le conflit en Ukraine prend une autre dimension d’une part parce que la guerre s’élargit au plan géographique avec notamment des risques d’affrontements entre la Pologne, la Biélorussie et la Russie. D’autre part parce qu’on risque devant des défaites répétées de l’armée russe de voir Poutine pratiquer la fuite en avant avec recours à l’arme nucléaire.

De ce fait, l’Europe semble sortir de sa position diplomatique molle et avertit Moscou qu’en cas d’attaque nucléaire russe l’union européenne pourrait détruire la totalité des forces de Poutine. Bref le même discours radical que les États-Unis avec la différence que l(Europe serait géographiquement plus concernée par un affrontement entre l’Europe et la Russie.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrella a tenu a rappelé que tout comme la Russie, les soutiens de l’Ukraine « ne bluffent pas ».
Toute attaque nucléaire de la Russie contre l’Ukraine entraînera une réponse militaire des occidentaux « si puissante que l’armée russe sera anéantie », a affirmé jeudi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Le président russe Vladimir « Poutine dit qu’il ne bluffe pas avec la menace nucléaire. Il doit alors comprendre que les pays qui soutiennent l’Ukraine, l’Union européenne et ses États membres, les États-Unis et l’Otan, ne bluffent pas non plus. Toute attaque nucléaire contre l’Ukraine entraînera une réponse, pas une réponse nucléaire, mais une réponse militaire si puissante que l’armée russe sera anéantie », a-t-il déclaré devant le collège d’Europe à Bruges.

« Si la Russie utilise une arme nucléaire, quelle qu’elle soit, contre l’Ukraine, cela aura de graves conséquences », a souligné ensuite le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, à l’issue d’une réunion des ministres de la Défense de l’Alliance à laquelle a participé Josep Borrell.

Erdogan , Intermédiaire et complice de Poutine

Erdogan , Intermédiaire et complice de Poutine

La Turquie qui évidemment n’est pas un État de droit mais une dictature qui s’accommode évidemment du régime politique de Poutine. Même si dans le cadre du conflit actuel Erdogan tente de d’équilibrer ses relations entre la Russie et l’Ukraine; Pour des raisons économiques mais aussi politiques afin de compenser la faiblesse de son audience en interne par une posture internationale plus présentable NDLR

« l’intimité stratégique » du régime d’Erdogan avec les démocraties européennes reste limitée, analyse, dans une tribune au « Monde », Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’Union européenne en Turquie.

La Turquie de Recep Tayyip Erdogan peut-elle s’asseoir durablement à la table des démocrates européens ? A la veille du double sommet de Prague qui doit débattre, le 6 octobre, de l’Europe politique, la question peut paraître déplacée. Il semble évident que, dans le contexte sécuritaire entourant l’invasion russe de l’Ukraine, les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement ont souhaité dans leur majorité la présence de leur homologue turc. Néanmoins, au-delà d’une invitation de circonstance, cette question se pose crûment.

Le débat sur l’Europe politique, notamment sur la proposition française de Communauté politique européenne – une structure plus large que l’Union européenne (UE) qui n’impliquerait pas nécessairement une adhésion future à celle-ci –, est quasiment inextricable si on veut lui donner une traduction institutionnelle. Inviter le chef de l’Etat turc au sommet politique du 6 octobre (qui doit être suivi, le 7 octobre, d’un Conseil européen informel) obéit certes aux nécessités du moment, mais son implication durable dans un format institutionnel pérenne fondé sur une « intimité stratégique » avec l’UE est un choix bien plus ardu.

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En clair, il s’agit de savoir si un nouveau cadre intergouvernemental distinct de l’UE doit inclure l’autocratie turque qui, par sa Constitution de 2017 et le fonctionnement de ses institutions, s’est positionnée aux antipodes des principes et valeurs européens.

Dans le camp du oui, les arguments sont bien connus : la Turquie appartient à l’OTAN, elle a condamné l’invasion russe sans équivoque, elle a fermé les détroits des Dardanelles et du Bosphore dès le début des hostilités, elle s’efforce de jouer un rôle de facilitatrice entre la Russie et l’Ukraine, et elle déploie à cet effet son efficace réseau diplomatique. Le dirigeant turc serait donc utile à la cause de la paix entre Russie et Ukraine. Mais au-delà ?
Dans le camp du non, les arguments sont clairs : la Turquie n’est plus un Etat de droit, elle tient en permanence un discours anti-occidental et imprévisible, elle remet en cause des frontières internationalement reconnues, et elle a fourni un avantage stratégique considérable au Kremlin en achetant des missiles S-400. Cette décision aboutit en 2019 à éliminer du flanc sud de la Russie des systèmes de l’OTAN équivalents et, par ricochet, conduit en 2020 les Etats-Unis à renoncer à livrer 120 chasseurs furtifs F-35 initialement destinés à l’armée de l’air et à la marine turques. Dès lors, où serait l’intimité stratégique ?

Poutine va-t-il annexer la Corse et la Bretagne ?

Poutine va-t-il annexer la Corse et la Bretagne ?

 

Un recul très net sur le terrain et peut-être même proche de la débâcle, Poutine substitue l’action juridique à l’action militaire. Ainsi a-t-il annexé des territoires compris sur des parties occupées par les forces ukrainiennes. Il lui a fallu pour cela des référendums d’un homme bidon qui sans doute aurait pu afficher un succès de 279 % de oui au rattachement.

De proche en proche, Poutine grappille un peu partout autour de la Russie des territoires nouveaux par la force tout autant que par des décisions politiques délictueuses autant que ridicules. Récemment hier il a déclaré que le grand problème est le plus grave pour la Russie était la disparition de l’Union soviétique. On comprend mieux sa volonté d’annexer les territoires voisins. Il faut convenir qu’en face la réponse occidentale est assez mollassonne ; en cause le fait que nombre de responsables à droite comme à gauche seraient bien près à sacrifier des territoires annexés pour avoir la paix dans le reste de l’Europe.

Le seul problème c’est qu’il n’y a pas de limite au nouvel impérialisme colonial de Poutine. Faudra-t-il qu’il envisage d’annexer la Corse ou la Bretagne  pour que l’Occident décide enfin de sanctions à la hauteur des crimes ? L’esprit munichois résiste beaucoup chez les spécialistes de la géopolitique et chez  j’ai beaucoup de responsables. Il ne s’agit sans doute pas de bombarder la Russie à coups de frappes nucléaires mais de prendre fin tous les moyens pour couper totalement ce pays du reste du monde en tout cas avec l’Occident .

Référendum Poutine en Ukraine : un taux de oui de 273 % !

Référendum Poutine en Ukraine : un taux de oui de 273 % !

 

L’immense mascarade des référendums Poutine dans les territoires occupés par la Russie en Ukraine auraient abouti un vote favorable pour le rattachement à la Russie de 97 ou 98 %.

Un chiffre évidemment complètement fantaisiste tout simplement parce que ce vote s’est déroulé sous la contrainte de l’armée et sans la plupart des électeurs. Ce résultat est tellement ridicule qu’à ce point Poutine aurait pu déclarer que le vote était encore plus positif avec un succès de l’ordre de 273 %.

Avec Poutine, pur produit du KGB, plus c’est gros, plus ça terrorise et plus ça passe. Un vrai retour à l’époque soviétique de 1950 avec la même dialectique néandertalienne.

C’est par exemple le cas de l’Otan. Son secrétaire général, Jens Stoltenberg, a dénoncé avec force les référendums d’annexion et assuré le président ukrainien du soutien des alliés au droit à l’autodéfense de l’Ukraine. « Les référendums fictifs organisés par la Russie n’ont aucune légitimité et constituent une violation flagrante du droit international. Ces terres sont l’Ukraine », a-t-il tweeté (lien en anglais) après un entretien avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, a quant à lui déclaré que les Etats-Unis et leurs alliés ne « reconnaîtront jamais »  l’annexion par la Russie de territoires en Ukraine. Le chef de la diplomatie américaine a aussi réaffirmé que les pays occidentaux prendraient en représailles de nouvelles et « sévères » sanctions contre la Russie.

On peut toutefois s’étonner que les grandes puissances n’est pas encore décidé de prendre la sanction suprême qui consisterait à traduire Poutine devant un tribunal international en raison de ses crimes.

 

Face à Poutine, Choisir son camp !

Face à Poutine, Choisir  son camp !

L’escalade inquiétante du président russe, qui a ordonné, le 21 septembre, la mobilisation de 300 000 hommes et agité de nouveau la menace nucléaire, place désormais les pays qui ont gardé le silence depuis le début de la guerre en Ukraine devant un choix simple : soutenir ou de dénoncer cette agression. ( Édito du Monde)

 

Notons cependant que le Monde évite de parler de l’affrontement en France de la realpolitique qui se veut conciliante avec Poutine et de ceux qui estiment qu’il faut au contraire parler fort et clair au dictateur. Rien d’étonnant à cela puisqu’une large majorité du monde politique adhère à cette realpolitik ( extrême droite, mais aussi extrême-gauche et une partie des Républicains et de la majorité) 

 

Vladimir Poutine a pris la mesure des revers essuyés en Ukraine au cours des dernières semaines. A sa manière. En ordonnant, le 21 septembre, la mobilisation de 300 000 hommes et en agitant une nouvelle fois la menace nucléaire, le maître du Kremlin a admis que son « opération spéciale » menaçait en l’état de tourner à la déroute.

Cet aveu n’est pourtant pas la première étape d’un retour inexorable à la réalité, celle d’une guerre de choix mené contre un Etat souverain, au mépris du principe de l’intangibilité des frontières. Il annonce au contraire une fuite en avant grosse de tous les dangers, tout d’abord pour les Ukrainiens mais aussi pour le peuple russe. Ce dernier ne s’est d’ailleurs pas particulièrement précipité vers les bureaux de recrutement, après l’annonce de la mobilisation, pour prendre part à ce que Vladimir Poutine n’est pas loin de qualifier de nouvelle grande guerre patriotique.

Si cette escalade inquiétante peut présenter au moins une vertu, c’est bien celle de placer les pays qui ont gardé le silence depuis le début de l’invasion russe devant un choix qui n’a jamais été aussi simple : celui de soutenir ou de dénoncer cette agression, celui de s’accrocher au respect de normes fondamentales, qui préservent tant bien que mal le monde du règne du chaos, ou de reconnaître que la loi du plus fort est désormais la seule valable.

Pendant de longs mois, de grands pays qui ambitionnent de peser sur les affaires du monde ont refusé de trancher sous prétexte que cette guerre ne les concernait pas, ou qu’elle relevait des affaires des Européens, ou qu’elle était avant tout une épreuve pour un bloc occidental sur le déclin. Ce faisant, ils ont nourri le discours du Kremlin et de ses obligés zélés, où qu’ils se trouvent.

La contre-offensive ukrainienne, facilitée par un soutien militaire occidental adossé au droit, a permis de dessiller quelques regards. La Chine, qui figure dans le même camp « révisionniste » que la Russie pour ce qui concerne les affaires du monde, a commencé à donner des signes d’inconfort. Vladimir Poutine n’avait pas terminé son discours de surenchère que Pékin a réitéré sa demande d’un cessez-le-feu, tout en rappelant son attachement à l’intégrité territoriale de tous les pays, et donc de celle de l’Ukraine.

Le médiateur turc a également haussé le ton. Il a condamné par avance les référendums Potemkine que la Russie assure vouloir organiser au pas de charge dans les territoires ukrainiens conquis, pour recouvrir des oripeaux d’une volonté populaire de pacotille leur annexion. En dépit de celui organisé en 2014 en Crimée, dans des conditions également contestables, la péninsule reste de jure un territoire ukrainien.

Ces voix sont les bienvenues, mais d’autres fuient encore leurs responsabilités. Elles contribueraient pourtant utilement, en témoignant d’un plus large consensus international, à montrer à la Russie et à ses dirigeants vers quelle impasse les a conduits cet aventurisme anachronique aux relents impériaux. Il y va de l’intérêt de tous et non pas de celui d’un camp, comme les présidents Joe Biden et Emmanuel Macron n’ont cessé de le marteler à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, gardienne impuissante des principes foulés aux pieds par Moscou.

Vladimir Poutine avait le choix après les revers des dernières semaines. Il a tranché en faveur du pire. Qu’attendent donc ceux qui sont restés muets depuis le 24 février ?

Oser affronter Poutine

 

Oser affronter Poutine

L’ancien ambassadeur Michel Duclos dénonce d’une certaine façon la realpolitik encore prônée et qui pourtant n’a aucune influence sur Poutine. Il propose d’oser affronter clairement ce dictateur.( L’opinion)

 

Moscou, fin des années 1980. A l’ambassade de France, nous suivions avec fascination la trajectoire de Mikhaïl Gorbatchev. Sa détermination à rénover le système autant que sa volonté d’en finir avec la guerre froide forçait l’admiration. L’homme avait beaucoup de limites cependant, dont une incompétence abyssale en matière d’économie. C’est le délabrement de l’économie soviétique qui a rendu inévitable pour Moscou la réunification allemande ; elle a été aussi une cause majeure de la chute de l’URSS. Le G7 aurait-il dû, au printemps 1991, comme le souhaitait François Mitterrand, renflouer la maison Gorbatchev ? C’eût été jeter l’argent par les fenêtres et n’aurait sans doute pas changé le destin. Les Russes, on le sentait très bien en vivant à Moscou, s’identifiaient à Boris Eltsine, qui piaffait dans les coulisses, et non à Gorbatchev, qu’ils voyaient comme un apparatchik coupé des réalités. Mais ce qui nous frappait le plus dans le personnage de Gorbatchev, c’était son refus de tirer dans la foule, d’envoyer les chars, de recourir à la violence — même si ce ne fut pas le cas jusqu’au bout de son règne comme les Lituaniens et d’autres s’en souviennent encore aujourd’hui.

 Nous nous interrogions : ce refus de la violence, était-ce la marque d’une version humaniste du communisme, dans la lignée du Printemps de Prague, à laquelle Gorbatchev paraissait se rattacher ? Ou était-ce le signe, chez les dirigeants soviétiques, qu’ils ne croyaient plus à la légitimité du régime ? Quoi qu’il en soit, à l’état de l’économie, au pacifisme de Gorbatchev, s’est ajoutée l’impatience d’Eltsine de parvenir au pouvoir. Avec la complicité intéressée des autres dirigeants républicains, Eltsine s’est appuyé sur le nationalisme russe pour en finir avec l’URSS. C’est lui et non Gorbatchev qui a été le fossoyeur de l’Union Soviétique. Et cela contre le vœu des Occidentaux : que l’on se souvienne par exemple du discours à Kiev de George Bush le 1er août 1991 déconseillant aux Ukrainiens de voter pour l’indépendance.

Cette histoire maintenant lointaine jette une lumière crue sur la situation présente. Vladimir Poutine, à la différence de Gorbatchev, a jusqu’à un certain point laissé des responsables compétents gérer l’économie. Mais il a fait du recours à la force — en Tchétchénie, en Géorgie, en Syrie, en Ukraine, sans compter ses coups en Afrique via Wagner, et sur le plan interne une répression féroce — l’instrument par excellence de sa politique. On voit le résultat : le nationalisme russe anti-impérial d’Eltsine a détruit l’URSS ; le national-impérialisme de Poutine entraîne la Russie dans cette effroyable aventure en Ukraine qui, dans le meilleur des cas, va la laisser dans un état pitoyable — et la couper de l’Europe peut-être pour une génération.

Les Occidentaux pouvaient-ils, comme une école auto-proclamée « réaliste » le soutient, éviter la dérive poutinienne ? Ni Bush senior, ni Mitterrand n’ont pu empêcher la chute de l’URSS. Il y a beaucoup de naïveté à penser que Bush II, Obama et les autres dirigeants occidentaux pouvaient influencer en profondeur les desseins de Poutine. La vraie question, comme nous le montrons dans la dernière livraison de la revue Commentaire, n’est pas « qui a perdu la Russie ? » mais bien « comment la Russie a perdu l’Occident ? ». A partir de 2012-2014 notamment, c’est Vladimir Poutine qui choisit la confrontation systématique, en estimant qu’une « repolarisation » Est-Ouest favorisait son régime à l’intérieur et le standing de son pays à l’extérieur. Arrêtons de faire croire qu’il se contentait de répondre à de pseudo-« provocations » de l’extérieur.

Mais prenons conscience de ce terrible constat : c’est ce dictateur « in-influençable », recuit de haine et d’orgueil, acculé par ses propres erreurs dans une impasse, qu’il incombe aujourd’hui de dissuader d’aller encore plus loin dans la folie. Ne tablons pas trop sur une autolimitation rationnelle du maître du Kremlin. La situation créée par les dernières décisions de Poutine justifie la tenue d’un conseil de guerre des trois membres permanents occidentaux du Conseil de sécurité (Etats-Unis, France, Royaume-Uni) auxquels pourraient s’adjoindre l’Allemagne et la Pologne. Il est clair cependant que la Chine, l’Inde et d’autres non-occidentaux devraient aussi indiquer au président russe dans les termes les plus clairs que tout recours à des armes de destruction massive entraînerait une riposte unanime de la communauté internationale.

L’ancien ambassadeur Michel Duclos a notamment été jeune diplomate à Moscou dans les années 1980. Auteur de « La France dans le bouleversement du monde », il est conseiller spécial géopolitique à l’Institut Montaigne.

Poutine acculé mais dangereux

Poutine acculé mais dangereux

 

De toute évidence, la plupart des observateurs considèrent  que la dernière allocution de Poutine est un véritable aveu d’échec. La première raison sans doute c’est qu’on n’annonce pas par la presse le renforcement d’un dispositif militaire. Un renforcement d’ailleurs aléatoire puisque nombre de Russes ont décidé–pour ceux qui le peuvent–de s’affranchir de la mobilisation décidée par Poutine grâce à la corruption et-ou à l’exode.

Le problème est que le dictateur ne s’avouera jamais vaincu car il risque sa place coincée entre les ultras qui valent une guerre franche contre l’Ukraine et l’Occident et une majorité très silencieuse qui préfère la paix.

Du coup, Poutine en est réduit à utiliser les coups d’éclat comme ce référendum dans les territoires occupés dans les résultats sont évidemment déjà connus. Tout cela pour donner l’illusion que ces territoires sont bien russes.

En face d’Ukraine ne lâchera pas et le danger est que Poutine utilise l’arme nucléaire peut maintenir au pouvoir. Une  hypothèse dont  les conséquences seraient alors imprévisibles au plan mondial.

Le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, a affirmé que l’annonce de Vladimir Poutine aura « des conséquences » de la part de l’UE.

 La mobilisation partielle des réservistes russes démontre la volonté du président Vladimir Poutine de poursuivre dans « l’escalade » de la guerre contre l’Ukraine et est « un nouveau signe de son désarroi », a affirmé mercredi le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

« L’annonce de la mobilisation partielle des réservistes et la confirmation des référendums (dans des régions occupées en Ukraine) sont un signal clair adressé à la communauté internationale durant la semaine de l’Assemblée générale des Nations Unies de sa volonté de poursuivre sa guerre destructive qui a des conséquences négatives dans le monde entier », a déclaré le porte-parole, Peter Stano.

Les dirigeants de l’UE se réunissent pour un sommet informel les 6 et 7 octobre à Prague. Une réunion des ministres des Affaires étrangères suivra le 17 octobre et une réunion des ministres de la Défense des pays de l’Otan est prévue les 13 et 14 octobre à Bruxelles.

Référendums de Poutine : la grosse ficelle pour justifier le pire ?

Référendums de Poutine : la grosse ficelle pour justifier le pire ?

 

Il est fort probable que les référendums envisagés par Poutine dans les zones occupées en Ukraine risquent de servir de prétexte pour justifier le pire y compris le recours éventuel à l’arme nucléaire.
Poutine est un effet acculé de l’intérieur comme de l’extérieur. À l’intérieur il est coincé entre les plus ultras et une opinion publique de moins en moins favorable à la guerre. À l’extérieur il ne peut pas compter sur le franc soutien de grands pays comme la Chine.

Poutine qui ne connaît que la terreur ne pourra accepter l’éventuelle défaite qui se dessine en Ukraine. D’où cet honteuse initiative de faux référendum pour considérer les zones occupées comme russes et justifier ainsi la défense de la Russie par encore une plus grande terreur

Dénonçant une « guerre d’annexion » menée depuis le 24 février par la Russie en Ukraine, le président français a jugé que les conditions pour organiser de telles consultations n’étaient « absolument pas remplies » dans des territoires en guerre, avec des populations bombardées et déplacées par les combats.

« Il s’agit d’une provocation supplémentaire qui à nos yeux ne donnerait lieu à aucune conséquence sur la position qui est la nôtre », a dit Emmanuel Macron à des journalistes avant un discours devant l’Assemblée générale des Nations unies.

Il a exigé de la Russie qu’elle quitte le territoire ukrainien et respecte les frontières internationalement reconnues de l’Ukraine, dont la Russie a déjà annexé la Crimée en 2014.

Le président français a jugé que ces projets de référendums portaient la « signature du cynisme » de la Russie et constituaient une « parodie » et une « imitation de forme démocratique ou de légitimité démocratique ».

« Si ce n’était pas tragique, nous pourrions en rire. C’est du cynisme et donc évidemment que ce ne sera pas reconnu par la communauté internationale et que ça n’aura donc aucune conséquence sur le plan juridique », a-t-il dit.

 

Poutine de plus en plus isolé au plan international

Poutine de plus en plus isolé au plan international

 

 

Par Bernard Guetta ( l’Opinion) 

 

 

La Russie n’a plus d’alliés. Il lui reste, bien sûr, la Syrie, le Nicaragua, le Belarusse, Cuba, l’Erythrée et la Corée du Nord qui, comme elle, ont tenté d’empêcher le président ukrainien de s’adresser à l’Assemblée générale de l’ONU par écran interposé, mais la Chine ? Mais l’Inde ? Mais la Turquie ? Mais le Kazakhstan et les autres Etats d’Asie centrale ?

Il s’était beaucoup dit que ces pays, plus de 40 % de la population mondiale, allaient faire bloc avec Moscou lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai. La semaine dernière, à Samarcande, ce devait être le retour à la Guerre froide, aux deux blocs et aux non-alignés. Revers militaires ou pas, disait-on, Vladimir Poutine était toujours loin d’avoir perdu, mais il a lui-même démenti ses admirateurs en déclarant d’emblée qu’il était prêt à répondre aux « questions et inquiétudes » chinoises surla guerre d’Ukraine.

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Inquiétudes, il y en a donc à Beijing et il faut croire qu’elles sont partagées par Ankara et New Delhi puisque Recep Erdogan a appelé le président russe à mettre terme à cette guerre « au plus vite et par voie diplomatique » tandis que Narendra Modi affirmait, lui, que « l’heure n’était pas à la guerre ». Comme un collégien bagarreur, c’est en conseil de discipline que le petit Vladimir est passé à Samarcande et cela s’explique aisément.

Xi Jinping, d’abord, aurait pu trouver avantage à une rapide victoire de son ami russe en Ukraine. Le monde aurait vu là que l’Europe et les Etats-Unis n’étaient plus que des puissances décadentes dont la Chine ascendante allait prendre le relais dans ce nouveau siècle. Cette démonstration faite, M. Xi aurait pu contraindre Taïwan à choisir entre une soumission volontaire et une guerre perdue d’avance. Pour un homme qui ambitionne de devenir président à vie mais dont les difficultés intérieures sont croissantes, la défaite de l’Ukraine constituait un horizon radieux mais la résistance victorieuse des Ukrainiens est, elle, une catastrophe.

Elle montre qu’avec l’appui des démocraties, des pays comme Taïwan et l’Ukraine peuvent résister à la Chine et à la Russie et plus durera cette guerre, surtout, plus se ralentiront les échanges internationaux. Or c’est grâce à leur essor que la Chine s’est réinscrite depuis trente ans sur la carte du monde. Un jour peut-être pourra-t-elle s’en passer grâce à son marché intérieur et aux échanges intra-asiatiques. M. Xi y compte bien mais aujourd’hui, non, la Chine ne le pourrait pas encore et l’échec ukrainien de Vladimir Poutine a donc commencé d’assez l’inquiéter pour qu’elle l’ait fait savoir à Moscou.

Devant le succès de la contre-offensive ukrainienne, M. Erdogan en vient à se dire, lui, que Vladimir Poutine perd bien trop de poids sur la scène internationale pour que la Turquie puisse encore jouer le Kremlin contre l’Alliance atlantique et vice-versa.

La Russie doit se sortir du bourbier dans lequel elle s’est mise en Ukraine ou perdre toute valeur pour la Turquie. Quant à M. Modi, il a toutes les raisons de ne pas souhaiter que la Russie s’affaiblisse toujours plus dans cette aventure car c’est elle qui fournit l’Inde en armements et en pétrole et lui permet tout à la fois de tenir les Etats-Unis à distance et de faire face à ses deux ennemis historiques : la Chine et le Pakistan.

L’Inde ne veut plus voir la Russie s’enfoncer dans ce bourbier et la priver bientôt d’appuis qu’il lui faudrait alors chercher ailleurs. C’est si clair que la France et d’autres pays de l’Union européenne sont déjà sur les rangs. La Russie est en risque de perdre l’Inde en perdant sa confiance et, plus grave encore pour elle, l’Asie centrale en vient à se dire quela guerre d’Ukraine lui offre une occasion inespérée d’échapper à l’influence du Kremlin.

Les Azerbaïdjanais ont été les premiers à le comprendre. C’est pour cela qu’ils ont relancé leurs frappes contre l’Arménie à laquelle ils ont ainsi montré que la protection russe ne valait plus grand-chose. L’Ouzbékistan et le Kazakhstan font désormais du pied à l’Union européenne. Sans demander l’avis de Moscou, le Kirghizistan et le Tadjikistan ont, eux, repris les armes pour tenter de régler leurs différends frontaliers.

C’est comme si l’Asie centrale choisissait la liberté et c’est maintenant à l’Est comme à l’Ouest de l’ancien Empire que se mesure l’abîme dans lequel Vladimir Poutine a plongé la Russie.

Bernard Guetta est député européen Renew.

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