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Education nationale : la baisse dramatique de niveau, pourquoi

Education nationale : la baisse dramatique de niveau, pourquoi ?

«Ne nous racontons pas d’histoire : le niveau des élèves baisse parce que celui des enseignants baisse. Dès lors, comment pourraient-ils propager une exigence qu’ils n’incarnent plus ?», dénonce le député LR du Rhône, Alexandre Portier

• Le gouvernement a tranché : ni le budget de l’enseignement scolaire, ni celui de l’enseignement supérieur et la recherche ne seront examinés par les députés. Le 49.3 a rayé d’un trait de plume le débat sur les premier et quatrième postes budgétaires de l’Etat. Au total, plus de 100 milliards d’euros de crédits. Comment comprendre qu’on ne puisse plus parler de l’avenir de nos enfants à l’Assemblée nationale ? Sur la forme comme sur le fond, l’éducation est une fois de plus la grande sacrifiée.

• L’arrachage à la Pyrrhus du budget 2023 ne marque rien d’autre que la victoire des technos et des comptables. L’argumentaire n’est plus réduit qu’à un point : la hausse du budget. Mais depuis quand l’enseignement se résume-t-il à un budget ? Peut-on parler du budget sans parler d’abord du projet ?

• Oui, le budget 2023 prévoit une hausse des salaires des enseignants. C’est bien, et c’est juste : il n’est pas acceptable que ceux qui forment les futures générations commencent leur carrière à 1450 euros net après un Bac+5. C’était pourtant le cas de celui qui venait d’avoir un CAPES. L’effort et le travail doivent payer. Et l’on doit d’abord l’assumer dans le cœur même de la méritocratie républicaine : l’Ecole.

• Problème : la revalorisation « inconditionnelle » promise par le candidat Macron ne sera pas tenue, et pas maintenant. Les hausses n’entreront en vigueur qu’à la rentrée 2023. Nous sommes loin des 2 000 euros net annoncés. Loin du « choc d’attractivité » annoncé par le ministre Pap Ndiaye. La douche est froide, très froide, trop froide pour réchauffer le cœur de troupes qui en ont pourtant bien besoin.

• Car on n’arrêtera pas l’hémorragie avec des pansements. 4 000 postes sur 27 000 étaient non pourvus à l’issue des concours 2022. Nos cerveaux fuient l’enseignement. La France découvre en cette rentrée que le ministère recrute désormais en catastrophe par « job dating ». Inquiets, les parents voient leurs enfants confiés à des contractuels « formés » en quatre jours – une impréparation que regrettent les contractuels eux-mêmes. Stupéfaits, les enseignants écoutent un recteur d’académie expliquer au ministre prioriser l’affectation des contractuels (non formés et qui ont parfois échoué au concours) pour les fidéliser au détriment des titulaires (sélectionnés et formés). C’est le monde à l’envers.

• Etagère. A le faire une fois, on peut – sans fierté – sauver une rentrée. A le faire durant cinq ans, on saccage de fond en comble le recrutement même de l’Education nationale. Pendant ce temps, le niveau baisse. Années après années, le classement PISA confirme cette tendance : l’Ecole est devenue incapable d’assurer la transmission des savoirs fondamentaux, et ne parvient pas à remédier à l’effondrement de la maîtrise de notre propre langue : un tiers des élèves maîtrise mal la lecture et l’écriture à la fin du CM2. Le rapport Villani a été sagement posé sur une étagère : en mathématiques, on assiste ces dernières années aux errements incompréhensibles sur leur suppression puis leur retour en Terminale.

• « Le niveau des élèves baisse parce que celui des enseignants baisse. Dès lors, comment pourraient-ils propager une exigence qu’ils n’incarnent plus ? »

• Alors, ne nous racontons pas d’histoire : le niveau des élèves baisse parce que celui des enseignants baisse. Dès lors, comment pourraient-ils propager une exigence qu’ils n’incarnent plus ? Il ne s’agit pas que de rémunération, mais d’abord de reconnaissance : les enseignants vivent depuis plusieurs décennies un déclassement social : seuls 4% d’entre eux estiment leur métier valorisé par la société. Un quart doute de la voie professionnelle qu’ils ont choisie. Avant de parler chiffres, il nous faut parler humain.

• Car l’Ecole n’est pas une grande garderie. Elle n’a pas vocation à se soumettre aux pressions extérieures ni à se plier en quatre pour répondre aux desiderata de chacun. L’Ecole, ce n’est pas « venez comme vous êtes ». Comment former efficacement et avec exigence, et comment transmettre nos valeurs républicaines dans une Ecole laissée au bon vouloir de chacun ?
• L’Ecole n’est rien sans l’autorité de l’enseignant, autorité trop souvent bafouée par les élèves, trop souvent remise en cause par les parents, trop peu souvent soutenue par la hiérarchie. « Un problème ? Pas de vague », dénonçait déjà le député Patrick Hetzel en 2018. Isolés dans leur pratique, peu d’enseignants croient encore au soutien de l’institution en cas de difficulté. D’où le délit d’entrave à la fonction d’enseignant salutairement inscrit dans la loi en 2021 sous l’impulsion de notre collègue Annie Genevard : il faut maintenant que l’Etat la fasse respecter et sanctionne les manquements.

• Malaise. La loi de 2004 sur l’interdiction du voile est aujourd’hui battue en brèche sur le Net par des influenceurs islamistes qui expliquent aux jeunes filles comment la contourner. Ce n’est pas un fantasme : à l’extérieur, nombre de filles se voilent dès les grilles de l’établissement franchies. A l’intérieur, les abayas s’installent dans le paysage. Qui peut croire qu’un simple référent en charge de la laïcité par académie peut répondre à la solitude d’enseignants confrontés à des familles pour lesquelles le port d’une tenue manifestant clairement l’appartenance religieuse de l’élève n’est pas négociable ?

• L’Ecole n’a pas le choix, la République doit repasser à l’offensive. Parce qu’il est difficile de prévoir le sens que les individus vont attribuer à un vêtement, et qu’il y aurait aussi d’ailleurs long à dire sur le raccourcissement progressif d’un certain nombre de tenues, l’uniforme est la voie la plus efficace pour lutter aussi bien contre les influences consuméristes que religieuses qui conflictualisent inutilement l’Ecole. C’est tout le sens de la proposition de loi aujourd’hui déposée par notre collègue Eric Ciotti.

• « Le 49.3 ne masquera pas le plus troublant, à savoir que le projet de l’Education nationale est devenu illisible. Sport, valeurs de la République, inclusion, égalité filles-garçons, lutte contre le harcèlement scolaire ou le fondamentalisme, etc., l’Ecole fait assurément un peu de tout, mais le fait-elle bien ? »

• Dans l’indifférence, les conditions de travail se dégradent rapidement. Signe du malaise, les démissions des enseignants stagiaires ont été multipliées par quatre en 8 ans. Pourtant, le gouvernement a balayé nos amendements visant à rendre la visite médicale obligatoire tous les trois ans pour les jeunes enseignants de moins de 30 ans, tout comme pour les plus de 50 ans, période où peuvent apparaître de nouveaux problèmes de santé liés à l’usure. Les enseignants ne voient souvent le médecin du travail qu’une fois dans leur carrière : comment dans ce cas déceler et prévenir l’isolement d’enseignants fragilisés ?

• Quid des infirmiers et des assistants de service social dont le malaise est profond ? Quid des 130 000 AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) contraints d’évoluer dans des situations de précarité indignes ? 4000 nouveaux postes sont annoncés, mais les chiffres de prise en charge des enfants masquent des réalités de terrain moins réjouissantes. A 800 euros par mois, les AESH sont de plus en plus mutualisés, en charge de plusieurs enfants, et parfois à cheval sur plusieurs établissements. Fruit d’un consensus transpartisan et adopté contre l’avis du gouvernement, notre amendement visant à garantir une prise en charge de tous les frais de déplacements des AESH a malheureusement lui aussi été effacé du budget retenu par le gouvernement lors du 49.3.
• Systèmique. Ce n’est pas la seule chose que le 49.3 dissimulera. Il masquera le plus troublant, à savoir que le projet de l’Education nationale est devenu illisible. Sport, valeurs de la République, inclusion, égalité filles-garçons, lutte contre le harcèlement scolaire ou le fondamentalisme, etc., l’Ecole fait assurément un peu de tout, mais le fait-elle bien ? Est-ce aux enseignants, aux professeurs des écoles, aux directeurs, de porter tous ces projets, de se substituer aux parents défaillants, de répondre à tous les maux de la société, lessivant des hommes et des femmes qui ne retrouvent plus le sens de leur métier ?

• Ce n’est pas le « fonds d’innovation pédagogique », énième saupoudrage de 500 millions d’euros pour développer des initiatives locales, qui pourra masquer l’effondrement systémique de l’Éducation nationale qui prive aujourd’hui des millions de jeunes Français de l’accès à la promotion sociale. Cette promesse est pourtant au cœur du pacte républicain. Au tournant du mois de novembre, le 49.3 est devenu le triste cache-misère de cet effondrement. Car oui, tous les problèmes ne se résolvent pas par les moyens matériels et financiers. Il faut d’abord un projet, une stratégie, un cap. Ce budget 2023 n’en a pas. D’où sans doute l’empressement du gouvernement à tenter de le cacher sans y parvenir.

• Alexandre Portier est député LR du Rhône. Membre du Conseil supérieur des programmes, il est professeur de philosophie, diplômé de l’ENS Ulm.
(dans l’Opinion)

Enseignement : la baisse dramatique de niveau, pourquoi ?

Enseignement : la baisse dramatique de niveau, pourquoi ?

«Ne nous racontons pas d’histoire : le niveau des élèves baisse parce que celui des enseignants baisse. Dès lors, comment pourraient-ils propager une exigence qu’ils n’incarnent plus ?», dénonce le député LR du Rhône, Alexandre Portier

• Le gouvernement a tranché : ni le budget de l’enseignement scolaire, ni celui de l’enseignement supérieur et la recherche ne seront examinés par les députés. Le 49.3 a rayé d’un trait de plume le débat sur les premier et quatrième postes budgétaires de l’Etat. Au total, plus de 100 milliards d’euros de crédits. Comment comprendre qu’on ne puisse plus parler de l’avenir de nos enfants à l’Assemblée nationale ? Sur la forme comme sur le fond, l’éducation est une fois de plus la grande sacrifiée.

• L’arrachage à la Pyrrhus du budget 2023 ne marque rien d’autre que la victoire des technos et des comptables. L’argumentaire n’est plus réduit qu’à un point : la hausse du budget. Mais depuis quand l’enseignement se résume-t-il à un budget ? Peut-on parler du budget sans parler d’abord du projet ?

• Oui, le budget 2023 prévoit une hausse des salaires des enseignants. C’est bien, et c’est juste : il n’est pas acceptable que ceux qui forment les futures générations commencent leur carrière à 1450 euros net après un Bac+5. C’était pourtant le cas de celui qui venait d’avoir un CAPES. L’effort et le travail doivent payer. Et l’on doit d’abord l’assumer dans le cœur même de la méritocratie républicaine : l’Ecole.

• Problème : la revalorisation « inconditionnelle » promise par le candidat Macron ne sera pas tenue, et pas maintenant. Les hausses n’entreront en vigueur qu’à la rentrée 2023. Nous sommes loin des 2 000 euros net annoncés. Loin du « choc d’attractivité » annoncé par le ministre Pap Ndiaye. La douche est froide, très froide, trop froide pour réchauffer le cœur de troupes qui en ont pourtant bien besoin.

• Car on n’arrêtera pas l’hémorragie avec des pansements. 4 000 postes sur 27 000 étaient non pourvus à l’issue des concours 2022. Nos cerveaux fuient l’enseignement. La France découvre en cette rentrée que le ministère recrute désormais en catastrophe par « job dating ». Inquiets, les parents voient leurs enfants confiés à des contractuels « formés » en quatre jours – une impréparation que regrettent les contractuels eux-mêmes. Stupéfaits, les enseignants écoutent un recteur d’académie expliquer au ministre prioriser l’affectation des contractuels (non formés et qui ont parfois échoué au concours) pour les fidéliser au détriment des titulaires (sélectionnés et formés). C’est le monde à l’envers.

• Etagère. A le faire une fois, on peut – sans fierté – sauver une rentrée. A le faire durant cinq ans, on saccage de fond en comble le recrutement même de l’Education nationale. Pendant ce temps, le niveau baisse. Années après années, le classement PISA confirme cette tendance : l’Ecole est devenue incapable d’assurer la transmission des savoirs fondamentaux, et ne parvient pas à remédier à l’effondrement de la maîtrise de notre propre langue : un tiers des élèves maîtrise mal la lecture et l’écriture à la fin du CM2. Le rapport Villani a été sagement posé sur une étagère : en mathématiques, on assiste ces dernières années aux errements incompréhensibles sur leur suppression puis leur retour en Terminale.

• « Le niveau des élèves baisse parce que celui des enseignants baisse. Dès lors, comment pourraient-ils propager une exigence qu’ils n’incarnent plus ? »

• Alors, ne nous racontons pas d’histoire : le niveau des élèves baisse parce que celui des enseignants baisse. Dès lors, comment pourraient-ils propager une exigence qu’ils n’incarnent plus ? Il ne s’agit pas que de rémunération, mais d’abord de reconnaissance : les enseignants vivent depuis plusieurs décennies un déclassement social : seuls 4% d’entre eux estiment leur métier valorisé par la société. Un quart doute de la voie professionnelle qu’ils ont choisie. Avant de parler chiffres, il nous faut parler humain.

• Car l’Ecole n’est pas une grande garderie. Elle n’a pas vocation à se soumettre aux pressions extérieures ni à se plier en quatre pour répondre aux desiderata de chacun. L’Ecole, ce n’est pas « venez comme vous êtes ». Comment former efficacement et avec exigence, et comment transmettre nos valeurs républicaines dans une Ecole laissée au bon vouloir de chacun ?
• L’Ecole n’est rien sans l’autorité de l’enseignant, autorité trop souvent bafouée par les élèves, trop souvent remise en cause par les parents, trop peu souvent soutenue par la hiérarchie. « Un problème ? Pas de vague », dénonçait déjà le député Patrick Hetzel en 2018. Isolés dans leur pratique, peu d’enseignants croient encore au soutien de l’institution en cas de difficulté. D’où le délit d’entrave à la fonction d’enseignant salutairement inscrit dans la loi en 2021 sous l’impulsion de notre collègue Annie Genevard : il faut maintenant que l’Etat la fasse respecter et sanctionne les manquements.

• Malaise. La loi de 2004 sur l’interdiction du voile est aujourd’hui battue en brèche sur le Net par des influenceurs islamistes qui expliquent aux jeunes filles comment la contourner. Ce n’est pas un fantasme : à l’extérieur, nombre de filles se voilent dès les grilles de l’établissement franchies. A l’intérieur, les abayas s’installent dans le paysage. Qui peut croire qu’un simple référent en charge de la laïcité par académie peut répondre à la solitude d’enseignants confrontés à des familles pour lesquelles le port d’une tenue manifestant clairement l’appartenance religieuse de l’élève n’est pas négociable ?

• L’Ecole n’a pas le choix, la République doit repasser à l’offensive. Parce qu’il est difficile de prévoir le sens que les individus vont attribuer à un vêtement, et qu’il y aurait aussi d’ailleurs long à dire sur le raccourcissement progressif d’un certain nombre de tenues, l’uniforme est la voie la plus efficace pour lutter aussi bien contre les influences consuméristes que religieuses qui conflictualisent inutilement l’Ecole. C’est tout le sens de la proposition de loi aujourd’hui déposée par notre collègue Eric Ciotti.

• « Le 49.3 ne masquera pas le plus troublant, à savoir que le projet de l’Education nationale est devenu illisible. Sport, valeurs de la République, inclusion, égalité filles-garçons, lutte contre le harcèlement scolaire ou le fondamentalisme, etc., l’Ecole fait assurément un peu de tout, mais le fait-elle bien ? »

• Dans l’indifférence, les conditions de travail se dégradent rapidement. Signe du malaise, les démissions des enseignants stagiaires ont été multipliées par quatre en 8 ans. Pourtant, le gouvernement a balayé nos amendements visant à rendre la visite médicale obligatoire tous les trois ans pour les jeunes enseignants de moins de 30 ans, tout comme pour les plus de 50 ans, période où peuvent apparaître de nouveaux problèmes de santé liés à l’usure. Les enseignants ne voient souvent le médecin du travail qu’une fois dans leur carrière : comment dans ce cas déceler et prévenir l’isolement d’enseignants fragilisés ?

• Quid des infirmiers et des assistants de service social dont le malaise est profond ? Quid des 130 000 AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) contraints d’évoluer dans des situations de précarité indignes ? 4000 nouveaux postes sont annoncés, mais les chiffres de prise en charge des enfants masquent des réalités de terrain moins réjouissantes. A 800 euros par mois, les AESH sont de plus en plus mutualisés, en charge de plusieurs enfants, et parfois à cheval sur plusieurs établissements. Fruit d’un consensus transpartisan et adopté contre l’avis du gouvernement, notre amendement visant à garantir une prise en charge de tous les frais de déplacements des AESH a malheureusement lui aussi été effacé du budget retenu par le gouvernement lors du 49.3.
• Systèmique. Ce n’est pas la seule chose que le 49.3 dissimulera. Il masquera le plus troublant, à savoir que le projet de l’Education nationale est devenu illisible. Sport, valeurs de la République, inclusion, égalité filles-garçons, lutte contre le harcèlement scolaire ou le fondamentalisme, etc., l’Ecole fait assurément un peu de tout, mais le fait-elle bien ? Est-ce aux enseignants, aux professeurs des écoles, aux directeurs, de porter tous ces projets, de se substituer aux parents défaillants, de répondre à tous les maux de la société, lessivant des hommes et des femmes qui ne retrouvent plus le sens de leur métier ?

• Ce n’est pas le « fonds d’innovation pédagogique », énième saupoudrage de 500 millions d’euros pour développer des initiatives locales, qui pourra masquer l’effondrement systémique de l’Éducation nationale qui prive aujourd’hui des millions de jeunes Français de l’accès à la promotion sociale. Cette promesse est pourtant au cœur du pacte républicain. Au tournant du mois de novembre, le 49.3 est devenu le triste cache-misère de cet effondrement. Car oui, tous les problèmes ne se résolvent pas par les moyens matériels et financiers. Il faut d’abord un projet, une stratégie, un cap. Ce budget 2023 n’en a pas. D’où sans doute l’empressement du gouvernement à tenter de le cacher sans y parvenir.

• Alexandre Portier est député LR du Rhône. Membre du Conseil supérieur des programmes, il est professeur de philosophie, diplômé de l’ENS Ulm.
(dans l’Opinion)

« Renaissance « : une campagne d’adhésion avec cotisation à 30 € par an, Pourquoi pas 3 euros ?

« Renaissance » : une campagne d’adhésion avec cotisation à 30 € par an, Pourquoi pas 3 euros ?

Les partis politiques tentent de renforcer des effectifs qui ne cessent de s’effriter partout y compris dans le parti pouvoir en marche reconvertie en « Renaissance ».
« Renaissance » mise sur une vaste campagne d’affichage et de tractage pour séduire de nouveaux adhérents.

Un véritable naufrage pour le parti du président « Renaissance  » qui devaient succéder à l’organisation « En marche » . Pour remobiliser dans le camp du pouvoir, les partisans de Macron avaient décidé de constituer un énorme parti visant à regrouper 400 000 adhérents.

En vérité, la campagne de recrutement du nouveau parti du pouvoir est un véritable fiasco puisque « Renaissance » ne doit regrouper qu’environ 10 000 personnes

Cet échec est double d’une part ce parti qui avait pour vocation de regrouper en son sein la totalité des sensibilités de la majorité n’est pas parvenue à son objectif. Les centristes de François Bayrou ont refusé de rejoindre l’organisation commune. Par ailleurs Édouard Philippe cultive sa différence avec son parti « horizons »totalement centré sur la perspective des élections présidentielles de 2027.

Par ailleurs, la tendance de gauche au sein de la majorité présidentielle ne cesse de s’affaiblir et de se fondre dans les orientations conservatrices de Macron.La plupart des anciens socialistes ralliés à Macron ont vendu leur âme pour un portefeuille. Ils tentent vainement exister mais sont complètement marginalisés par le recentrage nettement à droite du président de la république.

On objectera à juste titre que la plupart des partis politiques en France ne regroupent qu’une infime partie des adhérents potentiels. Les plus importants partis ne regroupent même pas 100 000 adhérents réels. La plupart des partis sont d’ailleurs davantage des clubs d’élus et de militants que des partis de masse.

Pour remonter la pente, le parti « renaissance » va créer une adhésion à 30 € par an. Pourquoi pas aussi 3 euros ?

Le parti de la majorité présidentielle va placarder 200 000 affiches et distribuer un demi-million de tracts la semaine prochaine dans tout le pays pour regonfler ses rangs.

Au total, 200 000 affiches seront placardées à travers tout le pays et 500 000 tracts consacrés à la thématique du pouvoir d’achat seront distribués par les équipes de Renaissance. « Blocage des tarifs du gaz et de l’électricité », « suppression de la redevance audiovisuelle » ou encore « aide exceptionnelle de rentrée de 100 euros pour les familles »… La majorité présidentielle a souhaité mettre en avant sur ce tract les différentes mesures qu’elle a prises ces dernières semaines face à la crise énergétique, notamment.

Si, à l’époque, l’adhésion était gratuite, puisqu’il suffisait de cliquer pour devenir « marcheur », le tarif annuel s’élève à présent à 30 euros, selon les informations du service politique de France Télévisions. « D’un mouvement où il n’y avait pas de cotisation, on passe à un parti politique, beaucoup plus structuré, avec un objectif : l’ancrage territorial. L’objectif numéro un, c’est de faire réussir le quinquennat, il reste quatre ans et demi », confie le secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné, à France Télévisions.
« Le président de la République nous a demandé d’être en campagne permanente. Renaissance est d’abord un parti de militants, et il faut qu’il le reste. Il y a une campagne européenne qui s’annonce et qui va nécessiter une grande mobilisation militante », ajoute-t-il. Sans rire évidemment !

Pourquoi seulement Édouard Philippe seulement devant la cour de justice ?

Covid: Pourquoi seulement Édouard Philippe seulement devant la cour de justice ?

On peut légitimement se demander pourquoi seulement Édouard Philippe a été convoqué devant la cour de justice de la république pour les fautes qui lui sont reprochées lors de la crise Covid. Notons que Olivier Véran et l’ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn s’étaient montrés particulièrement eux aussi incompétents pour gérer cette crise sanitaire.

De toute manière comme souvent cette instruction de la cour de justice de la république aux membres du gouvernement finira en eau de boudin comme d’habitude. En cause le fait notamment que cette cour est majoritairement composée de politiques !

Edouard Philippe a été placé sous le statut de témoin assisté par la Cour de justice de la République qui enquête sur les responsabilités dans la gestion de l’épidémie de Covid-19, a appris franceinfo de sources proches du dossier, samedi 22 octobre. Avec ce statut intermédiaire, l’ancien Premier ministre échappe à une mise en examen. Il est placé sous le statut de témoin assisté pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « abstention volontaire de combattre un sinistre ».

Véran et Buzyn ont pu avoir une part de responsabilité dans la gestion du coronavirus et sa propagation, en particulier lors de la première vague, et donc dans le bilan de l’épidémie qui a fait à ce jour plus de 150 000 morts en France. L’exécutif se voit notamment parfois reprocher le manque de masques, le délai avant d’activer le centre interministériel de crise ou encore le maintien des élections municipales en mai 2020.

Dans cette information judiciaire ouverte en juillet 2020, l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn a été mise en examen pour mise en danger de la vie d’autrui le 10 septembre 2021, et placée sous le statut de témoin assisté pour abstention volontaire de combattre un sinistre. Aux prémices de la crise sanitaire, elle avait assuré que « les risques de propagation du coronavirus dans la population (étaient) très faibles ». Elle avait ensuite affirmé que le masque était « totalement inutile » pour les non-malades.

Son successeur au ministère de la Santé Olivier Véran est lui aussi visé par cette instruction sur la gestion gouvernementale de l’épidémie de Covid-19 menée par la CJR, seule habilitée à poursuivre et juger des membres du gouvernements pour des crimes ou délits commis dans l’exercice de leurs fonctions. À ce stade, Olivier Véran n’a pas été entendu par la CJR.

Castex PDG de la RATP : une énarque pourquoi ?

Castex PDG de la RATP : une énarque pourquoi ?

L’Élysée a confirmé la nomination de Jean Castex comme PDG de la RATP. Un nouveau pantouflage pas traitement favorable à la performance de l’entrepriseOn peut légitimement s’interroger sur des critères objectifs qui ont conduit le gouvernement à envisager la nomination de Jean Castex, ancien premier ministre, à la tête de la RATP.

En province, les transports collectifs relèvent de façon massive d’entreprises privées dont les responsables sont choisis en fonction de leurs compétences. Des transports collectifs privés assurant une mission de service public moins coûteux et de meilleure qualité que les anciennes régies.

Du coup, La RATP Va perdre progressivement son son monopole historique, qui remontait à sa création en 1948. Le groupe public se présente comme le « troisième opérateur mondial de transport urbain », fort de 69.000 salariés et de sa présence dans 14 pays. Mais l’essentiel des interrogations porte sur le périmètre de l’Epic (Etablissement public industriel et commercial), au niveau de Paris et sa petite couronne. Jean Castex aura aussi à affronter l’opposition totale de syndicats à la réforme éventuelle des retraites.

On objectera que c’est un peu une tradition de mettre un fonctionnaire–souvent sorti de l’ENA–à la tête de la RATP. Comme s’il s’agissait d’un emploi réservé aux hauts fonctionnaires.

L’ex-chef du gouvernement doit donc succéder à Catherine Guillouard à la tête de la Régie autonome des transports parisiens.

Il n’est pas certain qu’un haut fonctionnaire n’ayant jamais dirigé la moindre entreprise dispose des qualités et compétences nécessaires pour diriger la RATP. Pour preuve la RATP traîne encore un endettement de l’ordre de 5 milliards, presque l’équivalent de son chiffre d’affaires annuelles. Cela en dépit de tous les mécanismes de compensation par les collectivités locales.

La Haute autorité à la transparence de la vie publique (HATVP) a rendu un avis favorable mardi, indique à franceinfo une source proche du dossier. Son dossier doit désormais être validé par les commissions parlementaires puis le Conseil des ministres.

L’ex-chef du gouvernement doit donc succéder à Catherine Guillouard à la tête de la Régie autonome des transports parisiens. Passionné de trains, il présidait déjà depuis juillet l’Agence de financement des infrastructures de transport (Afit). Avant lui et Catherine Guillouard, l’actuelle Première ministre Elisabeth Borne avait également été PDG de la RATP entre 2015 et 2017.

Pourquoi les classes populaires ont abandonné la gauche (François Ruffin )

Pourquoi les classes populaires ont abandonné la gauche (François Ruffin )

 

 

François Ruffin serait-il la mauvaise conscience de la gauche française ? Dans son dernier livre, l’ancien journaliste, devenu député La France insoumise (LFI) dans ce département depuis 2017, pose la question qui fâche une partie de son camp politique : pourquoi, d’élection en élection, les classes populaires préfèrent-elles s’abstenir ou voter pour l’extrême droite plutôt que pour la gauche ? ( chronique du Monde)

Jean-Luc Mélenchon a terminé troisième du scrutin présidentiel d’avril (avec 21,9 % des voix). L’accord scellé dans la foulée aux législatives entre « insoumis », écologistes, socialistes et communistes pour former la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes) a permis à la gauche d’assurer quelque 150 sièges de député à l’Assemblée nationale. Beaucoup ont voulu voir dans ces deux résultats honorables, voire inespérés encore quelques semaines plus tôt, le signe d’un renouveau pour la gauche. Pas François Ruffin, qui rappelle, amer, que Marine Le Pen, non contente de s’être qualifiée de nouveau pour le second tour de la présidentielle, a obtenu 42 % des voix chez les ouvriers au premier, soit plus du double du score de son père (17 %) en 1988 dans la même catégorie sociale. Et que le Rassemblement national (RN) compte désormais 89 députés au Palais-Bourbon, un record historique.

Certes, le député LFI rend « hommage » dans son livre à Jean-Luc Mélenchon qui « a fait entrevoir le pouvoir » à une nouvelle génération politique. Il convient que la ligne du chef de file des « insoumis » a séduit dans « les quartiers populaires » et « la jeunesse écolo ». Mais elle n’a pas permis à la gauche d’être majoritaire dans le pays, faute d’avoir les voix de « la France des “gilets jaunes”, des bourgs, des France périphériques ». Pourquoi ? Parce que, dans cette France populaire, qui n’habite pas les centres-villes ou les banlieues des métropoles, mais dans des villes moyennes et rurales qui ont subi depuis les années 1980 la fin de l’industrie, les fermetures des commerces et la disparition des services publics, la gauche est davantage vue comme le parti des aides sociales que comme celui du travail, explique Ruffin. « Une porte après l’autre, un immeuble après un pavillon, la petite musique revenait, lancinante, sur “les assistés”, “les cas soc” »ceux qui “ne se lèvent pas le matin”qui “touchent des aides”pendant que “nous, on n’a droit à rien” », raconte-t-il, témoignant de sa campagne législative « entre Abbeville et Camon ».

Élisabeth II : pourquoi la fascination ?

L’historien Philippe Chassaigne, spécialiste du Royaume-Uni, revient sur les raisons de l’engouement que suscite la monarchie britannique ( Franceinfo)

Elle fascine des deux côtés de la Manche. Si les Britanniques se sont précipités pour rendre hommage à la reine Elizabeth II, la France n’est pas en reste. Les médias généralistes français, et pas seulement la presse people, accordent une large couverture à la mort de la souveraine. Comment expliquer cet engouement ? Pourquoi la famille royale britannique passionne-t-elle les Français plus que les monarchies espagnole, belge ou monégasque ?

Franceinfo a interrogé Philippe Chassaigne, historien spécialiste du Royaume-Uni et de la famille royale, pour décrypter ce phénomène.

Franceinfo : Les Français sont-ils aussi fascinés qu’on le dit par la couronne britannique ou les médias français en font-ils trop ?

Philippe Chassaigne : Il y a un réel intérêt du public français. On le voit avec les audiences des chaînes d’info. Et ça ne date pas de ces derniers jours. Evidemment, le décès d’une reine qui règne depuis soixante-dix ans, ce n’est pas anecdotique.

Cet intérêt semble être lié au fait que nous avons une république qui, par bien des côtés, a un aspect monarchique. Finalement, nous projetons chez nos voisins britanniques cette fascination pour un système politique différent, qui met en avant les questions d’apparat, de cérémonial. Le président de la République, dans le message qu’il a envoyé aux Britanniques, a dit : « Pour vous, c’était votre reine, pour nous, c’était LA reine. » Les Français, quand on dit « reine », pensent à Elizabeth II. Elle est une sorte d’archétype du souverain, même s’il y en a d’autres en Europe.

Pourquoi les Français s’intéressent-ils autant à la famille royale britannique, bien plus qu’aux autres monarchies européennes ?

Les siècles d’or de l’Espagne, ce sont les XVIᵉ et XVIIᵉ siècles. Pour la Grande-Bretagne, c’était le XIXe et le début du XXe. C’est quand même plus proche de nous sur le plan historique.

« Certes, il y a eu des moments de tension, et nous en vivons un en ce moment [avec le Brexit]. Mais dans les grands moments, comme en 1914 ou en 1939, nos deux pays se sont retrouvés. »
Les Français sont-ils touchés de la même manière que les Britanniques par la mort de la reine Elizabeth II ?

Ils ne sont peut-être pas touchés de la même manière. Mais on a vu que des Français s’étaient précipités à Londres pour rendre un dernier hommage à la reine. Pour les Britanniques, il y a un attachement, une incarnation. Pour nous, la reine était plutôt une image archétypale. Je suis certain que lundi, la retransmission des funérailles en direct sur toutes les chaînes sera beaucoup suivie en France. 

Mais justement, pourquoi cet élan ?

Les autres monarchies font moins rêver, elles n’ont pas la même profondeur historique.

« Elizabeth II a régné pendant soixante-dix ans. Ça lui a donné une certaine épaisseur diplomatique, elle a connu 15 Premiers ministres. L’avantage des souverains, c’est que plus ils règnent, plus ils ont une autorité morale importante. »

Tout est aussi une question de décorum. Depuis le règne de Victoria, le cérémonial est à peu près immuable. Voilà ce qui peut expliquer la fascination.

Pourtant, l’engouement pour la famille royale coïncide avec une certaine anglophobie en France…

C’est justement parce qu’on a bien compris la différence entre le monarque qui règne et ne gouverne pas, et le gouvernement. Les relations entre la France et Boris Johnson n’était pas très bonnes. La Première ministre actuelle, Liz Truss, n’a pas été bien inspirée de dire qu’on ne savait pas si la France était un ennemi ou un ami.

Mais en France, on sait très bien que les Premiers ministres passent et que le souverain reste.

« Le monarque n’est pas impliqué dans l’activité politique au quotidien. Celui qui porte le poids de l’hostilité des Français, le cas échéant, c’est donc le Premier ministre, pas le souverain. »

 

Depuis le Brexit, les relations culturelles entre le Royaume-Uni et l’Union européenne se sont détériorées. Les Français peuvent moins facilement visiter, étudier ou travailler au Royaume-Uni. La reine représentait-elle un des derniers ponts entre nos deux pays ?

Elizabeth II n’a jamais manifesté son point de vue sur l’entrée ou la sortie de l’Union européenne. Elle était au-dessus de tout ça, elle continuait d’effectuer des déplacements officiels. On pouvait donc penser qu’elle enjambait la frontière géographique et diplomatique entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, sans tenir compte des tensions politiques. 

En France, en cours d’anglais, tous les élèves entendent parler de la monarchie britannique. C’est ce que beaucoup retiennent de la culture britannique. A l’école, quand on apprend une langue et quelques éléments de civilisation, on va d’abord privilégier des éléments fédérateurs dont on peut supposer que tout le monde les connaît. Quand on s’intéresse à un pays étranger, les clichés sont intéressants, car ils permettent de cristalliser l’attention, en particulier au collège ou avec des jeunes gens. Et pour l’Angleterre, la famille royale est un bon moyen de les amener à s’intéresser.

« Elizabeth II était probablement plus connue que les Beatles, elle dit quelque chose à tout le monde. »

Cette fascination peut-elle aussi s’expliquer par l’histoire de la France, un pays qui a décapité son roi ? Sommes-nous nostalgiques de la monarchie ?

Il n’y a pas de nostalgie, mais depuis la Vᵉ République, on dit bien que le président est un monarque républicain. Il y a quand même tout un cérémonial. Il ne se déplace pas dans un carrosse d’or, mais il y a la garde républicaine, le président vit dans un palais…

« Même en république, les Français sont habitués à un cérémonial présidentiel qui n’est pas étranger à un cérémonial monarchique. »

La transposition peut donc se faire plus facilement. Mais la France reste une république et les Français y sont attachés. Cette culture politique est enracinée dans notre pays depuis 1958.

Stéphane Bern affirmait dans la Revue des deux mondes « Si la famille royale britannique est aussi populaire en France, c’est parce qu’elle incarne justement ce pouvoir symbolique capable de rassembler tout un peuple et dont nous nous sentons orphelins. » Est-ce que nous envions au Royaume-Uni la manière dont la monarchie fédère le peuple ?

En France, la figure présidentielle n’est pas du genre à susciter un consensus gravé dans le marbre. C’est toute la différence entre un monarque et un président. En Grande-Bretagne, à l’inverse, l’écrasante majorité est pour le maintien de la monarchie. Donc oui, je pense que c’est un élément fédérateur. Le mouvement républicain, opposé à la monarchie, est d’ailleurs mineur outre-Manche. Au maximum, il n’y a jamais eu plus de 20% des Britanniques qui se disaient républicains.

Pour perdurer, la famille royale s’est-elle renouvelée ? S’est-elle adaptée à l’époque moderne ?

Lorsque la reine Elizabeth II est montée sur le trône, c’était l’époque de la presse papier. Lors de son couronnement en 1953, elle a accepté, parce que son mari insistait, que la cérémonie soit diffusée à la télévision. Ensuite, elle est passée au documentaire en 1969. Puis au multimédia avec l’ouverture du site internet de la famille royale. La monarchie est aussi sur Twitter. D’ailleurs, le décès de la reine a d’abord été annoncé sur Twitter, avant de l’être de façon plus formelle avec l’affiche placardée sur les grilles du palais de Buckingham.

Dans la famille royale, il y a des disputes, des tromperies, des réconciliations, des scandales… mais dans un décor luxueux. Est-ce ce mélange d’ordinaire et d’extraordinaire qui nous passionne ?

Le feuilleton royal, c’est une sorte de Dallas à la britannique. Il y a eu le déballage de linge sale entre le prince Charles et Diana, et puis la princesse Anne qui divorce et épouse son amant… Dans la génération suivante, il y a les brouilles réelles ou supposées entre Kate Middleton et Meghan Markle, ou entre les deux frères William et Harry. En France et au Royaume-Uni, le feuilleton royal fait vendre des dizaines de milliers d’exemplaires. Ça a dopé les ventes de Paris MatchPoint de vue, etc. C’est du pain bénit pour la presse people.

Pollution -Pourquoi une « valeur » carbone ?

Pollution -Pourquoi une « valeur » carbone ?

 

Simon Létourneau, spécialiste de l’environnement, critique dans une tribune au « Monde » la notion de « valeur carbone », qui transforme en abstraction la réalité matérielle des émissions de CO₂.

 

Une critique très justifiée depuis que les écolos marxistes  et les économistes néolibéraux se sont entendus pour en quelque sorte marchandiser un facteur central de la qualité de l’environnement. Ces mêmes économistes longtemps opposés à toute approche environnementale ont récupéré la thématique pour l’intégrer dans une logique de prix et de marché. Quant aux écolos marxistes c’est un moyen supplémentaire de s’attaquer au capitalisme. Monétiser le carbone est une approche très réductrice de l’enjeu que cela représente pour l’environnement NDLR

 

 

Crédit carbone, dépense carbone, taxe carbone… Impossible de ne pas constater que le champ lexical de la finance envahit progressivement la littérature écologique. Cette démocratisation d’un vocabulaire a priori technique est en apparence bienvenue, mais elle a de quoi questionner.

En effet, user et abuser de tels vocables autour d’un sujet qui doit impérativement devenir bien plus précieux que l’immatérialité induite par la référence à l’argent ne nous éloigne-t-il finalement pas de l’enjeu concret souligné récemment par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ?

Ainsi, le carbone se taxe, se dépense, se crédite, se compense. A l’instar de sa grande – et vieille – sœur, la monnaie. Ce choix de vocabulaire et de méthode est finalement peu étonnant, si l’on considère que les citoyens, les entreprises et les Etats peuvent et doivent se responsabiliser sur ce sujet, et conférer enfin une échelle de valeur environnementale à chacun de leurs gestes ou décisions.

On peut a priori s’en réjouir, mais il faut, je crois, aller encore plus loin et prendre de la hauteur. Sans aller (encore) jusqu’à imaginer un monde où nous serions en partie rémunérés en « unités carbone », pourquoi ne pas faire figurer cette valeur carbone de manière très explicite sur chacun des biens ou services que nous consommons ?

Il a fallu quelques années de pédagogie et de lobbying pour imposer aux acteurs de l’alimentaire de la transparence sur les valeurs nutritives ; combien en faudra-t-il pour convaincre les marques d’informer leurs consommateurs sur l’empreinte environnementale générée par leur achat ?

Car, demain, la valeur carbone devra impérativement conditionner nos prises de décision, individuelles et collectives, et bénéficier d’un arbitrage au moins équivalent à celui du prix. Autant nous y préparer dès à présent. Là où le parallèle entre valeur carbone et valeur monétaire est faillible en revanche, c’est que nous misons une fois de plus sur une approche capitaliste d’un enjeu qui ne l’est pourtant absolument pas.

Un changement radical de paradigme

Car soyons réalistes : la monnaie est une (belle ?) histoire que l’on se raconte pour fonder, organiser et réguler nos sociétés modernes capitalistes, mais sa valeur demeure en réalité un concept flou. Que vaut-elle en effet dès lors qu’il est possible de créer semble-t-il indéfiniment de la dette publique… mais aussi de l’annuler ?

A contrario, le dioxyde de carbone (CO₂) est un élément tangible, mesurable, dont nous ne pourrons jamais annuler les effets. Le lier ainsi, voire le conditionner, aux éléments budgétaires et financiers paraît donc à cet égard un oxymore, une simplification qu’il est crucial d’éviter.

Pourquoi une « valeur » carbone ?

Pourquoi une « valeur » carbone ?

 

Simon Létourneau, spécialiste de l’environnement, critique dans une tribune au « Monde » la notion de « valeur carbone », qui transforme en abstraction la réalité matérielle des émissions de CO₂.

 

Une critique très justifiée depuis que les écolos marxistes  et les économistes néolibéraux se sont entendus pour en quelque sorte marchandiser un facteur central de la qualité de l’environnement. Ces mêmes économistes longtemps opposés à toute approche environnementale ont récupéré la thématique pour l’intégrer dans une logique de prix et de marché. Quant aux écolos marxistes c’est un moyen supplémentaire de s’attaquer au capitalisme. Monétiser le carbone est une approche très réductrice de l’enjeu que cela représente pour l’environnement NDLR

 

 

Crédit carbone, dépense carbone, taxe carbone… Impossible de ne pas constater que le champ lexical de la finance envahit progressivement la littérature écologique. Cette démocratisation d’un vocabulaire a priori technique est en apparence bienvenue, mais elle a de quoi questionner.

En effet, user et abuser de tels vocables autour d’un sujet qui doit impérativement devenir bien plus précieux que l’immatérialité induite par la référence à l’argent ne nous éloigne-t-il finalement pas de l’enjeu concret souligné récemment par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ?

Ainsi, le carbone se taxe, se dépense, se crédite, se compense. A l’instar de sa grande – et vieille – sœur, la monnaie. Ce choix de vocabulaire et de méthode est finalement peu étonnant, si l’on considère que les citoyens, les entreprises et les Etats peuvent et doivent se responsabiliser sur ce sujet, et conférer enfin une échelle de valeur environnementale à chacun de leurs gestes ou décisions.

On peut a priori s’en réjouir, mais il faut, je crois, aller encore plus loin et prendre de la hauteur. Sans aller (encore) jusqu’à imaginer un monde où nous serions en partie rémunérés en « unités carbone », pourquoi ne pas faire figurer cette valeur carbone de manière très explicite sur chacun des biens ou services que nous consommons ?

Il a fallu quelques années de pédagogie et de lobbying pour imposer aux acteurs de l’alimentaire de la transparence sur les valeurs nutritives ; combien en faudra-t-il pour convaincre les marques d’informer leurs consommateurs sur l’empreinte environnementale générée par leur achat ?

Car, demain, la valeur carbone devra impérativement conditionner nos prises de décision, individuelles et collectives, et bénéficier d’un arbitrage au moins équivalent à celui du prix. Autant nous y préparer dès à présent. Là où le parallèle entre valeur carbone et valeur monétaire est faillible en revanche, c’est que nous misons une fois de plus sur une approche capitaliste d’un enjeu qui ne l’est pourtant absolument pas.

Un changement radical de paradigme

Car soyons réalistes : la monnaie est une (belle ?) histoire que l’on se raconte pour fonder, organiser et réguler nos sociétés modernes capitalistes, mais sa valeur demeure en réalité un concept flou. Que vaut-elle en effet dès lors qu’il est possible de créer semble-t-il indéfiniment de la dette publique… mais aussi de l’annuler ?

A contrario, le dioxyde de carbone (CO₂) est un élément tangible, mesurable, dont nous ne pourrons jamais annuler les effets. Le lier ainsi, voire le conditionner, aux éléments budgétaires et financiers paraît donc à cet égard un oxymore, une simplification qu’il est crucial d’éviter.

Crise de recrutement : la grande démission en France aussi, pourquoi ?

Crise de recrutement : la grande démission en France aussi, pourquoi ?

 

Le phénomène de grande démission qui a débuté aux États-Unis s’étend dans beaucoup de pays développés notamment en France. Comme souvent, plusieurs facteurs explicatifs complexes interagissent de manière systémique.

Force est de constater que si la France compte environ 3 millions de chômeurs, le nombre d’emplois non pourvus est aussi égal à 3 millions. On ne peut évidemment envisager un équilibre mécanique entre ces deux types de données. Des questions de compétence, de formation, de proximité, de rémunération notamment sont en cause.

La grande démission en France s’explique en partie par le faite que certains s’interrogent sur l’intérêt de travailler quand des aides  sociales  permettent de vivre sans travail. Ce qui au passage permet d’économiser sur les frais de transport et de restauration notamment. Cela pose soit la question d’un meilleur ciblage des aides sociales, soit la question à une revalorisation significative des salaires. ( Ou les deux)

Bien entendu, une augmentation significative des salaires soulèverait le problème de la productivité. De ce point de vue ,la productivité globale des actifs en France ( à distinguer de celle des seuls salariés) est notoirement insuffisante au regard de pays concurrents équivalents.

Se pose également de plus en plus fortement la question du sens du travail. C’est-à-dire de l’intérêt personnel du salarié et de l’objet même de la société . Des préoccupations environnementales et sociétales émergent de plus en plus.

Il y a enfin la question de l’insertion sociale dans l’entreprise. Dans beaucoup trop de cas, le salarié est considéré comme un simple moyen de production. Il peut être éventuellement intéressé aux résultats mais la démocratie participative est relativement insignifiante en France comparée par exemple à l’Allemagne.

Cet aspect n’est pratiquement pas abordé dans le monde économique et politique. Coté politique, cette vision sociale démocrate et évidemment contestée par les extrémistes. Mais elle n’est pas prise en compte non plus par les parties de gouvernement dont les propositions se limitent éventuellement à l’intéressement financier.

Plus généralement , le pays -comme d’autres pays développés- connait une perte de la valeur travail. De ce point de vue les responsabilités multiples. Elles incombent à l’école, à la famille, à l’Etat et à la société tout entière. Le manque de lucidité et de courage sur cette question hypothèque gravement la compétitivité du pays et la richesse nationale. Et la conséquence est une dette qui grimpe de manière exponentielle pour financer le manque de travail.

La grande démission en France aussi, pourquoi ?

La grande démission en France aussi, pourquoi ?

 

Le phénomène de grande démission qui a débuté aux États-Unis s’étend dans beaucoup de pays développés notamment en France. Comme souvent, plusieurs facteurs explicatifs complexes interagissent de manière systémique.

Force est de constater que si la France compte environ 3 millions de chômeurs, le nombre d’emplois non pourvus est aussi égal à 3 millions. On ne peut évidemment envisager un équilibre mécanique entre ces deux types de données. Des questions de compétence, de formation, de proximité, de rémunération notamment sont en cause.

La grande démission en France s’explique en partie par le faite que certains s’interrogent sur l’intérêt de travailler quand des aides  sociales  permettent de vivre sans travail. Ce qui au passage permet d’économiser sur les frais de transport et de restauration notamment. Cela pose soit la question d’un meilleur ciblage des aides sociales, soit la question à une revalorisation significative des salaires. ( Ou les deux)

Bien entendu, une augmentation significative des salaires soulèverait le problème de la productivité. De ce point de vue ,la productivité globale des actifs en France ( à distinguer de celle des seuls salariés) est notoirement insuffisante au regard de pays concurrents équivalents.

Se pose également de plus en plus fortement la question du sens du travail. C’est-à-dire de l’intérêt personnel du salarié et de l’objet même de la société . Des préoccupations environnementales et sociétales émergent de plus en plus.

Il y a enfin la question de l’insertion sociale dans l’entreprise. Dans beaucoup trop de cas, le salarié est considéré comme un simple moyen de production. Il peut être éventuellement intéressé aux résultats mais la démocratie participative est relativement insignifiante en France comparée par exemple à l’Allemagne.

Cet aspect n’est pratiquement pas abordé dans le monde économique et politique. Coté politique, cette vision sociale démocrate et évidemment contestée par les extrémistes. Mais elle n’est pas prise en compte non plus par les parties de gouvernement dont les propositions se limitent éventuellement à l’intéressement financier.

Plus généralement , le pays -comme d’autres pays développés- connait une perte de la valeur travail. De ce point de vue les responsabilités multiples. Elles incombent à l’école, à la famille, à l’Etat et à la société tout entière. Le manque de lucidité et de courage sur cette question hypothèque gravement la compétitivité du pays et la richesse nationale. Et la conséquence est une dette qui grimpe de manière exponentielle pour financer le manque de travail.

L’euro au plus bas face au dollar, pourquoi ?

L’euro au plus bas face au dollar, pourquoi ? 

 

Par Clémentine Gallès, Cheffe Economiste et Stratégiste de Société Générale Private Banking. (La Tribune)

L’euro a de nouveau nettement baissé cette semaine contre le dollar, atteignant un plus bas depuis près de vingt ans. En renforçant le coût de l’énergie importée par les économies de la Zone euro, cette baisse représente un risque supplémentaire qui pèse sur les perspectives à la fois d’inflation et d’activité économique. Cela représente donc une

En effet, le dollar connaît un important mouvement d’appréciation contre l’ensemble des devises depuis le début de l’année (+15% contre l’euro et la livre britannique, et +22% contre le yen). Cette progression du dollar s’explique par différents facteurs. Tout d’abord la Réserve fédérale a annoncé dès la fin de l’année 2021 une progression de ses taux d’intérêt en réaction à une inflation américaine particulièrement élevée. Cette hausse des taux a incité les investisseurs en quête de rendements à acheter des obligations américaines libellées en dollars. Cette tendance a par la suite été accentuée par l’annonce de la Guerre en Ukraine. Les investisseurs ont en effet renforcé leur préférence vers des investissements en dollars dans ce nouveau contexte de risque touchant particulièrement l’Europe.

Enfin, l’appréciation de matières premières habituellement échangées en dollar a mécaniquement fait augmenter le recours à cette devise. Donc, si l’euro a baissé face au dollar, c’est avant tout lié à la forte demande de dollars. D’ailleurs l’euro n’a pas beaucoup évolué sur la période récente quand on le regarde contre un panier de devises plus large .

Cette nouvelle baisse augmente encore davantage le coût des énergies libellées en dollars, impliquant des nouvelles tensions à venir sur l’inflation de la Zone euro mais surtout une nouvelle dégradation des perspectives d’activité. La forte progression des prix de l’énergie depuis quelques mois a déjà impliqué une nette dégradation de la balance commerciale allemande, qui vient de basculer en territoire négatif pour la première fois depuis 1991 .

L’accentuation récente des tensions sur l’approvisionnement en gaz russe fait dorénavant craindre une récession en Zone euro. Dans ce contexte la progression du dollar face à l’euro devient une difficulté complémentaire pour la BCE : si elle augmente beaucoup ses taux d’intérêt, elle prend le risque de provoquer une récession, mais si elle n’augmente pas assez ses taux d’intérêt, l’euro pourrait continuer de baisser et mécaniquement renforcer le risque d’une inflation durable.

La désindustrialisation, pourquoi ?

 La désindustrialisation, pourquoi ?

Dans son dernier livre, le président de la Banque publique d’investissement, Nicolas Dufourcq, s’appuie sur les témoignages de 47 personnalités du monde économique pour développer les raisons qui, selon lui, ont mené au démantèlement de l’industrie française.

De 1980 à 2020, nous avons assisté à la mondialisation de l’économie, un phénomène quasi unique à ce jour, avec comme point d’orgue l’entrée de la Chine en 2001 à l’Organisation mondiale du commerce, qui a achevé de transformer l’empire du Milieu en plus grande usine de la planète.

En parallèle, de 1995 à 2015, la France a connu une désindustrialisation massive et sans précédent, observe le président de la Banque publique d’investissement, Nicolas Dufourcq, dans son dernier livre. L’un ne va pas sans l’autre. Et un mot couramment employé dans les années 1990 résume ces errements passés : « fabless », c’est-à-dire une entreprise « sans usine ».

Mais l’homme d’affaires – qui s’appuie sur les témoignages de 47 personnalités, dont des entrepreneurs (Laurent Burelle, de Plastic Omnium, Xavier Fontanet, d’Essilor…), des politiques (Jean-Pierre Chevènement, Alain Madelin…), des syndicalistes (Marcel Grignard, de la CFDT…), des hauts fonctionnaires (Louis Gallois, François Villeroy de Galhau…), des économistes (Laurence Boone…) – entend aller plus loin dans l’analyse, car il existe une exception hexagonale.

La France a été plus rapidement et plus en profondeur que ses voisins européens – comme l’Allemagne, l’Italie et la Suisse – dans cette voie de la désindustrialisation, avant d’amorcer un rétropédalage. L’auteur avance d’ailleurs une raison originale, structurelle – liée à la prise de décision très verticale chez nous –, mais aussi idéologique : « Les grands groupes français étaient exposés aux influences anglo-saxonnes, via leurs sièges parisiens, leurs banques, leurs consultants et leurs actionnaires, tous mondialistes, tous favorables aux délocalisations et au “fabless”. » Or nos voisins sont « moins libéraux et moins influençables, parce que provinciaux », écrit-il, avant d’ajouter : « La culture du bon sens et le souci de l’ancrage territorial allemand, italien, suisse les ont protégés. »

Les chiffres sont en effet éloquents : il y a aujourd’hui 7,5 millions d’emplois dans l’industrie allemande, contre 2,7 millions dans l’industrie française.

Nicolas Dufourcq pointe que, en vingt ans, la France a perdu le tiers de ses effectifs, alors que l’Allemagne est restée stable.

Mais un autre phénomène est tout aussi saisissant : « Les ventes par les filiales françaises se sont substituées aux exportations qui étaient faites auparavant depuis l’Hexagone », constate M. Dufourcq. Cet excédent généré par les services et les revenus nets des investissements directs à l’étranger permet de compenser le déficit du commerce extérieur français.

Le bio en net recul : pourquoi

Le bio en net recul : pourquoi

 

Il y a plusieurs facteurs explicatifs au recul net du bio. D’abord un facteur conjoncturel avec  la baisse parfois dramatique du pouvoir d’achat pour des ménages. En effet, pour les salariés le pouvoir d’achat n’a pour l’instant augmenté qu’à peine de 3 % quand l’inflation est mesurée ( avec parcimonie pour ne pas dire davantage) à 5 % par l’INSEE. Une augmentation des prix beaucoup plus significative pour les produits alimentaires qui approche les 1o%. .

L’autre facteur explicatif et plus structurel à savoir la prise de conscience du caractère relatif de certains produits bio avec en particulier la jungle des labels et il faut bien le dire du trafic.

En France, on a commencé à faire le ménage mais les labels sont encore trop confus et dans la réalité il est difficile de distinguer ce qui est réellement bio d’autant que la moitié des produits bio sont importés de l’étranger notamment de l’Espagne qui ,c’est le moins qu’on puisse dire n’a pas tout à fait les mêmes critères de qualité . Dernier élément ,c’est la tendance à substituer éventuellement aux produits des produits locaux y compris chez le producteur. Des produits qui ne s’affichent pas nécessairement comme bio mais des produits qui aussi davantage d’être plus compétitif et plus frais

. Les grandes surfaces fournissent 70 % de leur nourriture aux Français, mais seulement 50 % dans le bio. La vente directe à la ferme et les boutiques d’artisans et de commerçants représentent 18 % des ventes. Elles continuent de bien se porter. Leurs chiffres d’affaires progressent respectivement de 5,8 % et 7,9 % en 2021.

Retour de la planification : pourquoi ?

Retour de la planification : pourquoi ?

 

 

 

 

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, la France renoue avec la planification, mais se heurte à trois types de contraintes : les exigences de Bruxelles, la mise en place d’un processus d’élaboration démocratique, et les maigres ressources de l’Etat, détaille un papier  Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

 

Un article intéressant sur ce qui justifie le retour de la planification, ce concept tabou et même condamné il y a encore quelques semaines ou quelques mois. En plus des facteurs explicatifs évoqués, il aurait sans doute été intéressant d’approfondir bien davantage la complexification des processus de production , distribution et même de consommation qui ne peuvent évoluer de façon favorable que dans le temps que compte tenu d’une part de l’ampleur des investissements mais aussi des comportements. Bref des organisations systémiques modernes ne se changent pas  pas brutalement le temps d’un mandat électoral d’où la nécessité de se fixer des objectifs à moyen long terme.

 

tribune

 

Mais où donc est passé François Bayrou ? Que fait le haut-commissaire au plan depuis sa nomination, en septembre 2020, à un poste taillé sur mesure par le président de la République ? De droite à gauche, d’Emmanuel Macron à Jean-Luc Mélenchon, la planification (pourvu qu’elle soit « écologique ») est redevenue l’« ardente obligation » gaullienne de jadis. Mais de plan, on ne voit pas grand-chose. Au fond, que signifie ce mot, trois quarts de siècle après le rêve planificateur du Conseil national de la Résistance et après quatre décennies de dérégulation économique où l’Etat a abdiqué face à la toute-puissance du marché ?

 

Il a existé une « planification à la française », loin du Gosplan soviétique, associant dirigisme et pragmatisme, Etat et marché. Incarné par le Commissariat général du plan, créé en janvier 1946 et confié à Jean Monnet, il fut rattaché au président du gouvernement provisoire, le général de Gaulle, autant pour en souligner le rôle stratégique que pour contrebalancer l’influence grandissante d’un Parti communiste qui occupait trois des six ministères économiques et sociaux.

 

L’Etat y pèse alors de tout son poids, même si les hauts fonctionnaires échangent avec des patrons et des syndicalistes dans les « commissions de modernisation » (charbon, électricité, sidérurgie, transports, BTP, main-d’œuvre…), instances consultatives chargées de faire des propositions au commissaire et au gouvernement. Il fixe un agenda et une trajectoire dès le premier plan (1947-1953), mettant l’accent sur l’énergie et la sidérurgie, bases indispensables au développement de l’industrie manufacturière et des transports.

M. Mélenchon a réveillé l’idée pour en faire le cœur de son projet présidentiel, puis législatif. Il est peu probable qu’il mette jamais à exécution un projet de « rupture avec le productivisme » quand M. Macron veut au contraire une France « plus productive ». Mais l’« insoumis » a poussé le président à en reprendre le principe. Au début de la crise sanitaire, le chef de l’Etat avait timidement évoqué « une stratégie où nous retrouverons le temps long et la possibilité de planifier » ; il l’a fortement réaffirmée à Marseille, entre les deux tours de la présidentielle.

En 1945, la France devait être « modernisée », grande injonction politique de l’époque et mission essentielle du plan. En 2022, il lui faut changer de modèle économique en une génération. L’ambition, tout aussi titanesque et plus difficile, est d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Il ne s’agit plus de reconstruire, mais de déconstruire des activités pour les remplacer par d’autres dans un processus qui entraînera une importante destruction de valeur – inédite à une telle échelle en temps de paix. Le gouvernement ayant dû renoncer à une transition écologique par le marché à travers une taxe carbone incitant particuliers et entreprises à modifier activités et comportements, elle se fera surtout par l’Etat, régulateur et investisseur. Les voies et moyens d’une telle planification sont plus complexes qu’en 1945.

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