Archive pour le Tag 'pourquoi ?'

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Pourquoi la révolte des banlieues

Pourquoi la révolte des banlieues

La mort de Nahel.M, 17 ans, abattu par un tir policier lors d’un contrôle de véichule à Nanterre mardi 27 juin au matin a déclenché une série d’émeutes dans plusieurs communes populaires en Ile-de-France et une vague d’indignation dans le pays. Les destructions et dégradations ont conduit le chef de l’Etat jeudi 29 à dénoncer « des scènes de violences » contre « les institutions et la République » qui sont « injustifiables ». Pourquoi tout casser, tout détruire ? Les histoires de bandes ou de violences dans les quartiers populaires, notamment lors d’événements déclencheurs (interpellations, blessures ou comme ici, un décès après une intervention policière) défrayent régulièrement la chronique. Si les parcours sociaux des individus sont plus hétérogènes qu’il n’y paraît, comme je le montre sur mon terrain mais aussi comme le font de nombreux travaux universitaires dont ceux de la sociologue Emmanuelle Santelli, il existe également des déterminismes sociaux mais aussi ethno-raciaux qui scellent la plupart des destins des jeunes des quartiers populaires urbains qui les conduisent, certes en fonction des trajectoires spécifiques, à des confrontations avec les institutions d’encadrement comme la police, l’école ou le travail social.

par Eric Marliere
Professeur de sociologie à l’université de Lille, Université de Lille dans the Conversation

Nous sommes donc en droit de nous demander si ces différentes manifestations de violence et d’agressivité véhiculées par certains jeunes adultes ne sont-elles pas en quelque sorte l’expression de formes politiques par le bas ? Une forme de résistance infra-politique qui prend la forme d’incivilités, que l’anthropologue James C. Scott appelle le « texte caché ».

Cette question nous paraît désormais centrale dans la mesure où les revendications politiques et sociales de la majorité des habitants des quartiers populaires et notamment des différentes générations de jeunes n’ont jamais été véritablement prises en compte par les institutions.

L’un des moments marquants illustrant cette hypothèse est l’épisode des « émeutes de 2005 ». Les médias avaient ainsi relayé leur incompréhension, indignation et condamnation morale face aux incendies de nombreuses écoles primaires. Or comme l’explique le sociologue Didier Lapeyronnie, le fait d’incendier les écoles – parfois occupées par les petites sœurs ou petits frères – ne peut être appréhendé comme un geste de violence « gratuite », mais plutôt comme un sentiment de revanche contre une institution, l’école, perçue comme humiliante et excluante.

Cette forme d’ostracisme n’est pas sans conséquence pour ces jeunes dans la mesure où la sélection sociale cautionnée par l’institution scolaire a condamné définitivement leur avenir notamment pour celles et ceux qui en sortiront sans diplôme.

L’action de brûler les écoles constitue pour ces jeunes le moyen d’occasionner un mouvement de rébellion, écrit Lapeyronnie, bien que dépourvus d’idéologie et de règle, mais visant à provoquer une « réaction » ou des « réformes » de la part de ces mêmes institutions.

Il s’agit également de se faire entendre par des institutions qui ne vous écoutent plus et de stopper momentanément un « système » qui tourne sans vous et se passe de votre existence depuis des années comme l’affirme Didier Lapeyronnie un peu plus loin :

« L’émeute est une sorte de court-circuit : elle permet en un instant de franchir les obstacles, de devenir un acteur reconnu, même de façon négative, éphémère et illusoire et d’obtenir des « gains » sans pour autant pouvoir contrôler et encore moins négocier ni la reconnaissance ni les bénéfices éventuels. »

Les formes de provocations et autres « incivilités » véhiculées par certains jeunes des « quartiers » envers les enseignants pourrait être appréhendée comme une réponse quotidienne au rôle central de l’école comme moyen verdict social pour l’avenir des jeunes.

Sur nos terrains d’enquête, nous avons aussi constaté des attitudes quelque peu ambiguës de la part d’agents de police dans l’espace public à l’égard de jeunes et parfois même de moins jeunes.

Par exemple, tel dimanche, en début d’après-midi, lorsque cinq jeunes adultes âgés de trente à trente-cinq ans, qui sont pour la plupart mariés et ont une situation professionnelle plus ou moins stable, se retrouvent dans la cité comme à l’accoutumée, avant d’aller voir jouer l’équipe municipale de football plus tard. Survient alors une 106 blanche « banalisée », avec à son bord des inspecteurs qui regardent de façon soupçonneuse les jeunes adultes en pleine conversation ; l’un des policiers baisse la vitre de la voiture et lance de manière impromptue : « Alors, les petits pédés, ça va ? ! » La réaction des jeunes adultes et des trentenaires présents se mêle de rires et d’incompréhensions face à une interpellation insultante et gratuite mais qui traduit aussi un ordinaire.

Cet ordinaire reflète une forme de négligence vis-à-vis de ces « quartiers populaires » où l’exception en matière de régulation policière, mais aussi en termes de politique de la ville, du logement, de marché du travail…

Il est également vrai que certains jeunes ne sont pas en reste avec les forces de police. L’historique et l’expérience sociale ont fait que certains jeunes récemment n’hésitent pas non plus à provoquer ou à narguer la police. Si certains trafiquants sont parfois dangereux en raison des enjeux économiques inhérents aux trafics, d’autres jeunes ayant intériorisé les pratiques agonistiques de rue perçoivent la police comme un ennemi.

Il existe donc des représailles de la part des jeunes : au bout de plus de 30 ans de confrontations, une sorte de cercle vicieux s’est ainsi instauré entre certains jeunes et certains policiers.

Pour autant si la prise de recul est nécessaire pour appréhender la nature de ces rapports de force – qui tourne le plus souvent à l’avantage des policiers à moyen terme – nous observons que les tensions étudiées qui ont cours dans les quartiers populaires sont liées à un quadrillage policier spécifique à l’encontre de ses jeunes perçus comme indésirables qui est sans commune mesure entre la police et les autres groupes sociaux (hormis les groupes extrêmes et récemment les « gilets jaunes »).

Du côté des politiques sociales, on a constaté une suspicion générale des jeunes envers les formes d’accompagnement proposés par le travail social par exemple.

En effet, contrairement aux discours médiatiques, beaucoup de jeunes adultes en grande difficulté préfèrent le plus souvent contourner les institutions et fuir les conflits notamment avec les forces de l’ordre et les institutions en général car leur survie sociale et/ou physique en dépend.

Les questions relatives à l’illégalité, à la déviance, au mensonge se situent aux confins de la débrouillardise et du « système D » et constituent un moyen de défense et de survie pour les classes populaires en grande difficulté.

Mais lorsque ces stratégies de survie entre des économies parallèles ne peuvent plus s’opérer en raison de conjonctures économiques défavorables ou d’institutions trop répressives dans les quartiers populaires urbains, le « système D » s’efface au profit des résistances, de révoltes ou des formes d’agressivité à l’égard d’agents de l’État appréhendés comme opposés aux possibilités de s’en sortir des personnes rencontrées sur le terrain.

Depuis les années 1970, une fraction des classes populaires urbaines se retrouve de plus en plus confrontée aux forces de police en période pourtant stable du point de vue politique. Si auparavant des conflits éclataient entre paysans et agents royaux durant l’Ancien Régime, et à partir du milieu du XIXe siècle entre ouvriers et la police, c’était le plus souvent en périodes de troubles sociaux ou politiques conséquence d’émeutes à répétition.

Même constat au sujet de la naissance du mouvement ouvrier à la fin du XIXe siècle – période de déstabilisation pour les classes populaires assujetties aux travaux rugueux et normatifs du monde industriel naissant – où les résistances et parfois les révoltes se développent à l’encontre des pouvoirs.

Au sujet des quartiers populaires urbains, la question semble quelque peu différente, car même en période d’« accalmie » ou stable, la police paraît toujours présente pour contrôler les jeunes, et ce quelles que soient leurs activités.

Nouvelle déclaration des biens immobiliers: pourquoi ?

Nouvelle déclaration des biens immobiliers: pourquoi ?

Un papier dans l’Opinion qui s’interroge sur l’objectif final de la nouvelle déclaration des biens immobiliers. Sans doute pour à terme augmenter encore la fiscalité de la taxe immobilière. Mais pourquoi une nouvelle déclaration alors que l’administration dispose déjà de toutes les informations.

A quoi sert la nouvelle déclaration des biens immobiliers ? Que dissimule la centralisation en un seul fichier des informations – déjà connues – sur un même propriétaire ? Pourquoi repréciser la nature des habitations – occupé, vacant, secondaire, locatif ? C’est peu dire que la nouvelle procédure déclarative a créé l’émoi parmi les 34 millions de propriétaires, prompts à imaginer un dessein fiscal caché dans ce qui s’apparente à un fiasco administratif.

Aucune surprise dans cette exigence inédite se défend Bercy. Elle figurait dans la loi de finances votée fin 2019. Pourquoi alors avoir ouvert la campagne déclarative avant la publication des décrets d’application ? Et pourquoi avoir accordé, dans l’urgence, un mois supplémentaire aux déclarants ? Le chantier ira au bout, « sans heurt », dit encore Bercy. Pourquoi, dès lors, avoir fait monter au front le directeur général des Finances publiques, quand les syndicats dénoncent une formalité dématérialisée mal ficelée, provoquant des dizaines de milliers de demandes de renseignements ?

Face à un manque patent de transparence et de pédagogie, Bercy avance un dernier argument : cette intrusion fiscale d’un nouveau genre n’est que la conséquence de la suppression de la taxe d’habitation, un « cadeau » de 18,9 milliards d’euros. Autrement dit, les contribuables les plus ponctionnés de l’OCDE sont priés de se taire et de s’exécuter. A l’alourdissement – si prévisible – de la taxe foncière s’ajoute pourtant le soupçon que cette collecte de données prépare une future hausse d’impôt sur l’immobilier. Au risque que l’amateurisme de l’administration abîme un peu plus le consentement à l’impôt.

Alimentaire pourquoi la vente de produits bio patine

Alimentaire pourquoi La vente de produits bio patine

par
Stéphane Bellon
Ingénieur de recherche en agronomie, Inrae dans The Conversation

Avec près de 2,8 millions d’hectares cultivés en bio, soit 10 % de la surface agricole française, la France occupait en 2021 le premier rang de l’Union européenne (UE), devant l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche, et la Suède. Dans l’UE-27, les surfaces dédiées à la bio s’élevaient à 9,4 millions d’hectares en 2012 et à 15,6 millions d’hectares en 2021, soit une hausse de 66 % largement portée par la France.
Dans le même temps, le nombre d’exploitations engagées en bio a bondi en France, passant de 23 100 en 2011 à 58 400 en 2021 (soit 13 % des exploitations agricoles). Hausse d’autant plus remarquable qu’elle s’est produite dans un contexte de diminution de 2,3 % par an de la quantité totale d’exploitations agricoles françaises entre 2010 et 2020.

Pourtant, le développement de la bio marque le pas depuis quelques mois. Les signes de ce ralentissement, amorcé en 2020 voire un peu avant sur certains produits, sont multiples : déséquilibre entre offre et demande, aboutissant à des produits bio reclassés en conventionnel ; fermeture de magasins spécialisés ; dé-certifications ou déconversions de producteurs… La part de consommateurs réguliers d’une alimentation bio chutait de 16 % entre fin 2021 et fin 2022, et la part des personnes n’ayant pas consommé de produits alimentaires biologiques sur un an atteignait les 17 % en 2022 – le double de 2021.

Le phénomène se prolonge et la période d’inflation n’arrange rien, quand bien même les prix des produits bio n’augmentent pas autant que leurs substituts conventionnels.

Plusieurs éléments se dégagent pour expliquer cette situation.

Si la bio a été jusqu’à la fin du XXe siècle le principal modèle alternatif construit et référencé en France, il est aujourd’hui concurrencé par d’innombrables allégations mieux-disantes sur des performances précises : « Zéro résidu de pesticides », « sans sulfites ajoutés », « sans nitrites », « vegan », etc.

Mais aussi par des moins-disantes ou en tous les cas moins coûteuses pour les producteurs, et par un très grand nombre de cahiers des charges publics ou privés comme les engagements de coopératives sur Agriconfiance ou les filières de qualité de la grande distribution. Au-delà de positions opportunistes, certains de ces opérateurs pourraient plutôt aller vers des engagements contractuels, comme en Suisse où deux acteurs majeurs (Coop et Migros) se sont impliqués de longue date pour soutenir le secteur bio.

Tous ces labels viennent lui faire de l’ombre voire créent de la confusion lors d’un acte d’achat. Ils peuvent aussi s’inspirer de la bio, mais sans prendre en compte l’ensemble du système et des services rendus (sol, biodiversité, eau, etc.). Ainsi, la mention HVE portée par le ministère de l’Agriculture, fait l’objet de débats concernant les niveaux d’exigence des pratiques associées et des aides qui lui sont octroyées.

De même, l’institutionnalisation de l’agroécologie, sans être assortie d’un marché spécifique, génère des synergies mais aussi des concurrences avec la bio, qui reste à ce stade le modèle le plus abouti de toutes les agricultures écologisées.

Dans un contexte de hausse générale des prix, l’alimentation bio devient par ailleurs une variable d’ajustement dans l’arbitrage des dépenses alimentaires des ménages, malgré une inflation moindre des produits bio. La contraction de la demande alimentaire bio touche à la fois les grandes et moyennes surfaces et les distributeurs spécialisés. La vente directe semble en revanche se maintenir, après avoir déjà fait preuve de résilience pendant les confinements liés au Covid.

L’écart de prix au profit de la bio dans les prix de détail est de nouveau questionné, même s’il varie selon les produits et les circuits de commercialisation. Dans le cas du lait de vache par exemple, les prix payés aux producteurs bio et conventionnel convergent entre 2021 et 2022, alors que pour les consommateurs un écart significatif des prix de vente au détail persiste entre laits bio et conventionnel.

Mais pour les éleveurs bio, le maintien d’un différentiel de prix suffisant est justifié pour amortir des coûts de production supérieurs – les aliments du bétail représentant un surcoût de près de 50 %.

Les préoccupations environnementales et de santé restent les principales raisons qui conduisent les consommateurs à acheter des produits bio, mais ces attentes sociétales peuvent aussi être présentes dans des critères de « production locale » qui sont plus souvent mis en avant dans différentes enquêtes de consommation.

À ce titre, le fait que l’étiquetage des produits en magasin ait jusqu’ici privilégié l’aspect nutritionnel (Nutriscore) affecte la bio. Cela pourrait évoluer avec la mise en place d’autres types d’étiquetage prenant en compte les impacts environnementaux ou sociaux des modes de production.

La part des produits bio dans le panier est en baisse avec 6 % en valeur en 2022 contre 6,4 en 2021.

Mais d’autres attentes, parfois concurrentes, guident ou déterminent aussi l’acte d’achat : la proximité (circuits courts vs bio industrialisée) ; une juste rémunération des producteurs ; la réduction des émissions de GES, de l’usage de plastique ou de cuivre ; le bien-être animal, etc.

Des acteurs de la bio s’en saisissent en intégrant par exemple des critères d’équité, sans que les réponses apportées soient toujours accessibles au grand public. Des argumentaires restent à étayer et il apparaît nécessaire de mieux informer les citoyens sur ce qu’est la bio et quels sont ses impacts.

Les contrôles et la certification des opérateurs de la bio demeurent une garantie de sa crédibilité.

La question du soutien public entre aussi en jeu. Les aides européennes et le programme « Ambition Bio 2017 » français ont encouragé les agriculteurs avec des incitations financières pour la conversion et l’installation en bio : la courbe de croissance des surfaces ou du nombre d’exploitations bio révèle l’impact essentiel des politiques de soutien, avec des incitations financières à la conversion et à l’installation en bio.

Mais les multiples retards dans le paiement des aides aux agriculteurs bio et la suppression en 2017 de « l’aide au maintien » (préservée dans certaines régions) ont ensuite freiné de nombreux producteurs, et les objectifs de croissance du programme suivant.

Le rapport de la Cour des comptes sur l’évaluation du soutien de l’État à la bio est plutôt critique sur la réalisation des ambitions affichées (objectifs de 15 % des terres ou de 20 % de produits bio dans les cantines publiques en 2022 non atteints, ¼ des exploitations bio qui ne touchent pas d’aides). Il inclut 12 recommandations, en particulier pour éclairer les citoyens et les consommateurs sur l’impact environnemental et sanitaire de l’agriculture biologique et pour réorienter les soutiens publics à l’agriculture en sa faveur.

Le rôle des politiques publiques est également d’assurer les conditions de fonctionnement et de régulation des marchés. L’élaboration et l’évolution des cahiers des charges des signes de qualité en fait partie, tout comme l’accompagnement scientifique et technique ou le fonds de structuration des filières.

La réglementation européenne reconnaît au dessein de la bio le rôle de fournir « des biens publics contribuant à la protection de l’environnement et du bien-être animal ainsi qu’au développement rural ». Ces biens publics sont le plus souvent considérés comme des externalités positives, ouvrant sur des bénéfices pour la société dans son ensemble (préservation de la biodiversité, qualité des sols, de l’eau et de l’air…).

Au-delà, l’intervention publique devrait aussi aider à surmonter la phase actuelle de ralentissement et conduire à repenser le « juste » prix des produits bio en intégrant leurs bénéfices (externalités positives), aujourd’hui non marchands. Le consommateur ne pourra pas à lui seul les prendre en charge, en particulier en période de crise.

Aussi, au-delà d’un soutien à la conversion en AB, l’État devrait poursuivre l’effort financier avec des aides pérennes, qui seraient une reconnaissance et une rémunération des services rendus à la collectivité, comme cela existe dans plusieurs pays européens.

Cette reconquête conditionnera à la fois la capacité pour la bio d’apparaître comme autre chose qu’un simple label « sans » (intrants de synthèse), et de générer un meilleur consentement à payer pour des services rendus autres que la fourniture d’aliments sains, tout en améliorant la viabilité des fermes en bio et l’accessibilité de leurs produits aux consommateurs. Ceci renvoie à des enjeux d’organisation des chaînes de valeur, encore sous-estimés par les professionnels et les pouvoirs publics.

La croissance rapide de la bio constatée au cours des dernières années masque des différences selon les productions concernées. Des contrastes régionaux apparaissent également, y compris en matière de soutien local.

Si la bio des pionniers devrait perdurer, celle des opportunistes pourrait disparaître, se transformer ou de se différencier. Et malgré les déconversions, cette phase de croissance aura au moins fait bouger les lignes : la bio demeure source d’inspiration pour une agriculture plus vertueuse.

Il est bien sûr délicat de faire coïncider des réponses à des effets inflationnistes très circonstanciels avec des trajectoires de transition agricole qui s’opèrent sur le moyen ou le long terme.

Mais l’objectif de 25 % de surface en bio à horizon 2030, énoncé dans le pacte vert européen, est un appel à une stratégie ambitieuse où la France doit garder une place forte.

Agriculture : pourquoi La vente de produits bio patine

Agriculture : pourquoi La vente de produits bio patine

par
Stéphane Bellon
Ingénieur de recherche en agronomie, Inrae dans The Conversation

Avec près de 2,8 millions d’hectares cultivés en bio, soit 10 % de la surface agricole française, la France occupait en 2021 le premier rang de l’Union européenne (UE), devant l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche, et la Suède. Dans l’UE-27, les surfaces dédiées à la bio s’élevaient à 9,4 millions d’hectares en 2012 et à 15,6 millions d’hectares en 2021, soit une hausse de 66 % largement portée par la France.

Dans le même temps, le nombre d’exploitations engagées en bio a bondi en France, passant de 23 100 en 2011 à 58 400 en 2021 (soit 13 % des exploitations agricoles). Hausse d’autant plus remarquable qu’elle s’est produite dans un contexte de diminution de 2,3 % par an de la quantité totale d’exploitations agricoles françaises entre 2010 et 2020.

Pourtant, le développement de la bio marque le pas depuis quelques mois. Les signes de ce ralentissement, amorcé en 2020 voire un peu avant sur certains produits, sont multiples : déséquilibre entre offre et demande, aboutissant à des produits bio reclassés en conventionnel ; fermeture de magasins spécialisés ; dé-certifications ou déconversions de producteurs… La part de consommateurs réguliers d’une alimentation bio chutait de 16 % entre fin 2021 et fin 2022, et la part des personnes n’ayant pas consommé de produits alimentaires biologiques sur un an atteignait les 17 % en 2022 – le double de 2021.

Le phénomène se prolonge et la période d’inflation n’arrange rien, quand bien même les prix des produits bio n’augmentent pas autant que leurs substituts conventionnels.

Plusieurs éléments se dégagent pour expliquer cette situation.

Si la bio a été jusqu’à la fin du XXe siècle le principal modèle alternatif construit et référencé en France, il est aujourd’hui concurrencé par d’innombrables allégations mieux-disantes sur des performances précises : « Zéro résidu de pesticides », « sans sulfites ajoutés », « sans nitrites », « vegan », etc.

Mais aussi par des moins-disantes ou en tous les cas moins coûteuses pour les producteurs, et par un très grand nombre de cahiers des charges publics ou privés comme les engagements de coopératives sur Agriconfiance ou les filières de qualité de la grande distribution. Au-delà de positions opportunistes, certains de ces opérateurs pourraient plutôt aller vers des engagements contractuels, comme en Suisse où deux acteurs majeurs (Coop et Migros) se sont impliqués de longue date pour soutenir le secteur bio.

Tous ces labels viennent lui faire de l’ombre voire créent de la confusion lors d’un acte d’achat. Ils peuvent aussi s’inspirer de la bio, mais sans prendre en compte l’ensemble du système et des services rendus (sol, biodiversité, eau, etc.). Ainsi, la mention HVE portée par le ministère de l’Agriculture, fait l’objet de débats concernant les niveaux d’exigence des pratiques associées et des aides qui lui sont octroyées.

De même, l’institutionnalisation de l’agroécologie, sans être assortie d’un marché spécifique, génère des synergies mais aussi des concurrences avec la bio, qui reste à ce stade le modèle le plus abouti de toutes les agricultures écologisées.

Dans un contexte de hausse générale des prix, l’alimentation bio devient par ailleurs une variable d’ajustement dans l’arbitrage des dépenses alimentaires des ménages, malgré une inflation moindre des produits bio. La contraction de la demande alimentaire bio touche à la fois les grandes et moyennes surfaces et les distributeurs spécialisés. La vente directe semble en revanche se maintenir, après avoir déjà fait preuve de résilience pendant les confinements liés au Covid.

L’écart de prix au profit de la bio dans les prix de détail est de nouveau questionné, même s’il varie selon les produits et les circuits de commercialisation. Dans le cas du lait de vache par exemple, les prix payés aux producteurs bio et conventionnel convergent entre 2021 et 2022, alors que pour les consommateurs un écart significatif des prix de vente au détail persiste entre laits bio et conventionnel.

Mais pour les éleveurs bio, le maintien d’un différentiel de prix suffisant est justifié pour amortir des coûts de production supérieurs – les aliments du bétail représentant un surcoût de près de 50 %.

Les préoccupations environnementales et de santé restent les principales raisons qui conduisent les consommateurs à acheter des produits bio, mais ces attentes sociétales peuvent aussi être présentes dans des critères de « production locale » qui sont plus souvent mis en avant dans différentes enquêtes de consommation.

À ce titre, le fait que l’étiquetage des produits en magasin ait jusqu’ici privilégié l’aspect nutritionnel (Nutriscore) affecte la bio. Cela pourrait évoluer avec la mise en place d’autres types d’étiquetage prenant en compte les impacts environnementaux ou sociaux des modes de production.

La part des produits bio dans le panier est en baisse avec 6 % en valeur en 2022 contre 6,4 en 2021.

Mais d’autres attentes, parfois concurrentes, guident ou déterminent aussi l’acte d’achat : la proximité (circuits courts vs bio industrialisée) ; une juste rémunération des producteurs ; la réduction des émissions de GES, de l’usage de plastique ou de cuivre ; le bien-être animal, etc.

Des acteurs de la bio s’en saisissent en intégrant par exemple des critères d’équité, sans que les réponses apportées soient toujours accessibles au grand public. Des argumentaires restent à étayer et il apparaît nécessaire de mieux informer les citoyens sur ce qu’est la bio et quels sont ses impacts.

Les contrôles et la certification des opérateurs de la bio demeurent une garantie de sa crédibilité.

La question du soutien public entre aussi en jeu. Les aides européennes et le programme « Ambition Bio 2017 » français ont encouragé les agriculteurs avec des incitations financières pour la conversion et l’installation en bio : la courbe de croissance des surfaces ou du nombre d’exploitations bio révèle l’impact essentiel des politiques de soutien, avec des incitations financières à la conversion et à l’installation en bio.

Mais les multiples retards dans le paiement des aides aux agriculteurs bio et la suppression en 2017 de « l’aide au maintien » (préservée dans certaines régions) ont ensuite freiné de nombreux producteurs, et les objectifs de croissance du programme suivant.

Le rapport de la Cour des comptes sur l’évaluation du soutien de l’État à la bio est plutôt critique sur la réalisation des ambitions affichées (objectifs de 15 % des terres ou de 20 % de produits bio dans les cantines publiques en 2022 non atteints, ¼ des exploitations bio qui ne touchent pas d’aides). Il inclut 12 recommandations, en particulier pour éclairer les citoyens et les consommateurs sur l’impact environnemental et sanitaire de l’agriculture biologique et pour réorienter les soutiens publics à l’agriculture en sa faveur.

Le rôle des politiques publiques est également d’assurer les conditions de fonctionnement et de régulation des marchés. L’élaboration et l’évolution des cahiers des charges des signes de qualité en fait partie, tout comme l’accompagnement scientifique et technique ou le fonds de structuration des filières.

La réglementation européenne reconnaît au dessein de la bio le rôle de fournir « des biens publics contribuant à la protection de l’environnement et du bien-être animal ainsi qu’au développement rural ». Ces biens publics sont le plus souvent considérés comme des externalités positives, ouvrant sur des bénéfices pour la société dans son ensemble (préservation de la biodiversité, qualité des sols, de l’eau et de l’air…).

Au-delà, l’intervention publique devrait aussi aider à surmonter la phase actuelle de ralentissement et conduire à repenser le « juste » prix des produits bio en intégrant leurs bénéfices (externalités positives), aujourd’hui non marchands. Le consommateur ne pourra pas à lui seul les prendre en charge, en particulier en période de crise.

Aussi, au-delà d’un soutien à la conversion en AB, l’État devrait poursuivre l’effort financier avec des aides pérennes, qui seraient une reconnaissance et une rémunération des services rendus à la collectivité, comme cela existe dans plusieurs pays européens.

Cette reconquête conditionnera à la fois la capacité pour la bio d’apparaître comme autre chose qu’un simple label « sans » (intrants de synthèse), et de générer un meilleur consentement à payer pour des services rendus autres que la fourniture d’aliments sains, tout en améliorant la viabilité des fermes en bio et l’accessibilité de leurs produits aux consommateurs. Ceci renvoie à des enjeux d’organisation des chaînes de valeur, encore sous-estimés par les professionnels et les pouvoirs publics.

La croissance rapide de la bio constatée au cours des dernières années masque des différences selon les productions concernées. Des contrastes régionaux apparaissent également, y compris en matière de soutien local.

Si la bio des pionniers devrait perdurer, celle des opportunistes pourrait disparaître, se transformer ou de se différencier. Et malgré les déconversions, cette phase de croissance aura au moins fait bouger les lignes : la bio demeure source d’inspiration pour une agriculture plus vertueuse.

Il est bien sûr délicat de faire coïncider des réponses à des effets inflationnistes très circonstanciels avec des trajectoires de transition agricole qui s’opèrent sur le moyen ou le long terme.

Mais l’objectif de 25 % de surface en bio à horizon 2030, énoncé dans le pacte vert européen, est un appel à une stratégie ambitieuse où la France doit garder une place forte.

PLACEMENTS/ Pourquoi les jeunes préfèrent investir dans les cryptos

Pourquoi les jeunes préfèrent investir dans les cryptos
par
Akanksha Jalan

Professeur de finance à Rennes School of Business

Roman Matkovskyy

Professeur de finance à Rennes School of Business

Les deux professeurs de finance Akanksha Jalan et Roman Matkovskyy expliquent, dans une tribune au « Monde », les principales motivations qui poussent les jeunes générations à investir dans les cryptomonnaies : la rapidité d’exécution, l’adrénaline et la méfiance à l’égard des Etats.

Malgré le krach de l’automne 2022, le marché des cryptomonnaies attire de plus en plus. Au printemps 2023, plus de 10 % des Français et 17 % des 18-35 ans placent désormais ainsi une partie de leur épargne. L’engouement des jeunes pour ces monnaies numériques est international.

En moyenne, dans les pays d’Europe du Nord, alors que seuls 10 % de plus de 60 ans s’y sont intéressés, 60 % des 16-24 ans envisagent désormais d’investir ainsi. Les Suédois sont les plus familiers avec ces cryptomonnaies : jusqu’à 85 % des jeunes hommes suédois songent à acheter des bitcoins par exemple.

Comment expliquer une telle attirance pour des actifs dont les cours sont si volatils et la réputation si sulfureuse ? A la demande du Nasdaq, nous avons cherché à comprendre les motivations de cette génération (« Cryptocurrency and Nordic Youth (2022-2023) », étude financée par la Nasdaq Nordic Foundation), pourquoi, alors qu’ils commencent à peine à travailler, sont-ils de plus en plus nombreux à vouloir convertir leurs débuts d’économies dans ces monnaies qui ne permettent pas d’acheter grand-chose ?

Le fait que les cours aient connu ces dernières années des flambées impressionnantes peut expliquer la confiance de certains investisseurs débutants, mais il est moins facile de comprendre pourquoi les fortes baisses qui ont suivi n’ont pas restreint leur pouvoir de séduction. Certes, la recherche académique a montré le goût particulier des jeunes, et en particulier des jeunes hommes, pour les investissements risqués et agressifs. Les hausses et baisses brutales des cours leur procurent de l’adrénaline. Les fortunes amassées par certains les éperonnent. Mariés et logés, les mêmes deviennent plus prudents.

Mais le succès persistant des cryptomonnaies s’explique aussi par le fait que les mauvaises expériences n’affectent curieusement pas le désir de continuer à investir ainsi. Environ 10 % des personnes que nous avons interrogées nous ont dit avoir gagné de l’argent sur ces marchés, pour 4 % qui en avaient perdu, et notre étude montre qu’au lieu d’inciter ces derniers à stopper l’expérience, ces pertes, en réalité, leur ont plutôt donné envie de continuer à prendre des risques pour « se refaire », en particulier lorsque ces jeunes étaient « surconfiants » en leurs capacités.

Politique–Le boniment de Macron ne passe plus dans l’opinion, pourquoi ?

Politique–Le boniment de Macron ne passe plus dans l’opinion, pourquoi ?

Il se passe quelque chose de très particulier entre l’opinion et l’actuel président de la république. Certes beaucoup de présidents ont connu des baisses de popularité liées à leur inefficacité souvent et à l’usure du temps politique. Cependant Macon lui cumule à la fois une grande faiblesse de soutien des Français mais en plus un rejet net et même une haine. Exemple le sondage qui montre que 70 % des Français considèrent la dernière intervention du président comme sans intérêt

En cause sans doute les bavardages incessants de l’intéressé qu’il multiplie surtout les médias à propos de tous les thèmes. De fait, le gouvernement déjà pas franchement sexy se trouve marginalisé par les interventions incessantes de Macron qui se substitue au premier ministre, aux ministres et même aux autres institutions en créant des machins bidons type conventions ou conseils de refondation.

Il faut dire aussi qu’il paye sans doute le prix de la lassitude des Français pour tous les bonimenteurs qui sont passés à la tête du pays. À commencer sans doute par Giscard, puis Sarkozy, Hollande et bien sûr Macron. ils ont tous la particularité d’avoir été de grands bavards à la fois assez incompétents et inefficaces. Sur la plupart des sujets centraux, ils n’ont guère maîtrisé la situation qu’il s’agisse de l’industrie, de l’économie en général, et des inégalités, de la santé, de la sécurité. Sous leur présidence le pays s’est affaibli dans tous les domaines au point parfois maintenant d’occuper le bas des classements des mauvais élèves par exemple en matière de gestion financière, d’industrie ou d’école.

Pourtant ils ont parlé, beaucoup parlé, promettant aussi de changer la qualité du débat démocratique. Résultat la démocratie française est également malade, le taux d’abstention atteint des records et les élus à tous les niveaux en fête ne sont soutenus que par autour de 15 % des électeurs potentiels. Macron en a rajouté une couche en écrasant toutes les institutions intermédiaires qui permettaient encore de faire remonter les réalités socio-économiques et politiques.

Le comble c’est qu’en plus Macron se montre condescendant et même méprisant. Il adapte en permanence la posture du monarque alors qu’il n’est qu’un petit président impuissant et contradictoire. Il aura bien du mal à terminer son mandat tellement le rejet de la population est maintenant massif.

Le boniment de Marcon ne passe plus dans l’opinion, pourquoi ?

Le boniment de Marcon ne passe plus dans l’opinion, pourquoi ?

Il se passe quelque chose de très particulier entre l’opinion et l’actuel président de la république. Certes beaucoup de présidents ont connu des baisses de popularité liées à leur inefficacité souvent et à l’usure du temps politique. Cependant Macon lui cumule à la fois une grande faiblesse de soutien des Français mais en plus un rejet net et même une haine. Exemple le sondage qui montre que 70 % des Français considèrent la dernière intervention du président comme sans intérêt

En cause sans doute les bavardages incessants de l’intéressé qu’il multiplie surtout les médias à propos de tous les thèmes. De fait, le gouvernement déjà pas franchement sexy se trouve marginalisé par les interventions incessantes de Macron qui se substitue au premier ministre, aux ministrex et même aux autres institutions en créant des machins bidons type conventions ou conseils de rénovation.

Il faut dire aussi qu’il paye sans doute le prix de la lassitude des Français pour tous les bonimenteurs qui sont passés à la tête du pays. À commencer sans doute par Giscard, puis Sarkozy, Hollande et bien sûr Macron. ils ont tous la particularité d’avoir été de grands bavards à la fois assez incompétents et inefficaces. Sur la plupart des sujets centraux, ils n’ont guère maîtrisé la situation qu’il s’agisse de l’industrie, de l’économie en général, et des inégalités, de la santé, de la sécurité. Sous leur présidence le pays s’est affaibli dans tous les domaines au point parfois maintenant d’occuper le bas des classements des mauvais élèves par exemple en matière de gestion financière, d’industrie ou d’école.

Pourtant ils ont parlé, beaucoup parlé, promettant aussi de changer la qualité du débat démocratique. Résultat la démocratie française est également malade, le taux d’abstention atteint des records et les élus à tous les niveaux en fête ne sont soutenus que par autour de 15 % des électeurs potentiels. Macron en a rajouté une couche en écrasant toutes les institutions intermédiaires qui permettaient encore de faire remonter les réalités socio-économiques et politiques.

Le comble c’est qu’en plus Macron se montre condescendant et même méprisant. Il adapte en permanence la posture du monarque alors qu’il n’est qu’un petit président impuissant et contradictoire. Il aura bien du mal à terminer son mandat tellement le rejet de la population est maintenant massif.

Pourquoi les prix alimentaires gonflent l’inflation

Pourquoi les prix alimentaires gonflent l’inflation

En France, si l’Insee prévoit qu’après le pic de 5,9% sur un an atteint en avril, l’indice des prix pourrait ralentir à 5,4% d’ici la mi-juin, l’institut des statistiques pointe le problème posé par la modification de sa composition au fil des trimestres, avec une prépondérance des prix de l’alimentaire en hausse de 15%.

d’Aaprès un papier de la Tribune, la pression sur les prix alimentaires reste élevée et la majorité des commerces de détail s’attend à ce que les prix continuent d’augmenter à court terme ».

Comme d’autres segments de l’économie, le secteur alimentaire a subi différents chocs sur la production et la distribution entraînés par l’apparition en 2020 de la pandémie du Covid-19 et ses confinements généralisés qui se sont amplifiés avec l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe en février 2022. En outre, ce conflit meurtrier et destructeur qui dure toujours oppose deux pays producteurs majeurs de céréales et d’engrais.

Paradoxalement, à la différence de l’énergie, la baisse des matières premières reflète pas dans le prix final pour le consommateur. « Il y a toujours un certain délai dans le processus de transmission des prix de gros au prix de détail. Cela dépend en partie du degré de concurrence de la filière. Entre le producteur et le consommateur agissent en effet un grand nombre d’intervenants, fabricants, transporteurs, distributeurs, chacun ayant une marge à défendre », explique Bruno Cavalier. Et cela dépend aussi des pays. Elle est plus rapide dans les pays anglo-saxons et en Allemagne que dans les pays du sud de l’Europe.

En France, cela pourrait même prendre plus de temps en raison du dialogue de sourds entre les producteurs du secteur agroalimentaire et les distributeurs qui ont entamé leurs négociations annuelles, sans résultat pour le moment. Les premiers sont mis sur la sellette car ils profitent de la baisse des coûts de production tout en bénéficiant des prix de vente élevés ce qui leur permet d’augmenter leurs marges. « Le secteur alimentaire est l’un de ceux où l’expansion des marges bénéficiaires a été la plus forte, amplifiant un choc de prix qui venait à l’origine de perturbations exogènes liées à la pandémie », rappelle Bruno Cavalier. Les profits unitaires du secteur ont ainsi bondi de plus de 50% depuis 2019, dont presque la moitié en 2022.

Devant le mécontentement des consommateurs, le gouvernement met la pression. « Les industriels ne jouent pas le jeu, ils refusent de revenir à la table de négociation pour négocier les prix à la baisse », déclarait jeudi soir le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, annonçant qu’il les recevrait mercredi prochain. « Si jamais les industriels de l’agroalimentaire refusent de rentrer dans cette négociation, ce qu’évidemment je ne peux pas imaginer, nous emploierons tous les instruments à notre disposition, y compris l’instrument fiscal, pour récupérer des marges qui seraient des marges indues faites sur le dos des consommateurs », a menacé Bruno Le Maire. Selon la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, le reflux des prix dans l’alimentaire n’interviendra pas avant la rentrée.

Mais un autre phénomène pourrait jouer sur le marché, celui du comportement des ménages. « Il n’y a pas d’exemple dans le passé de réduction significative du volume des dépenses alimentaires en réponse à une hausse des prix. Or c’est exactement ce qu’on observe depuis que le choc de prix actuel a débuté », note l’économiste d’Oddo BHF. En France, au premier trimestre 2023, la corrélation est parlante. La baisse des dépenses alimentaires s’établit à 8,5% sur un an, alors que la hausse des prix est de 13,1%, selon les données officielles.

Les autres grandes économies en Europe voient également les consommateurs adopter une attitude similaire (voir graphique). « La baisse des volumes consommés peut donc être le signe que les hausses de prix sont allées trop loin, ce qui ne peut manquer de provoquer une pression pour obtenir soit des hausses de salaires, soit des baisses de prix », avertit Bruno Cavalier.

Russie : Pourquoi les provocations de Dmitri Medvedev qui demande la liquidation de Zelinsky ?

Russie : Pourquoi les provocations de Dmitri Medvedev qui demande la liquidation de Zelinsky ?

La dernière provocation de Medvedev est de demander la liquidation de Zelinsky. Un papier de France Télévisions s’interroge sur les raisons des provocations réitérées de l’ancien président russe Medvedev. À juste titre le papier considère que l’ex chef d’État en rajoute en matière de radicalisation pour se rendre davantage crédible auprès d’un Poutine qui s’est toujours méfié de lui ( (Medvedev avait en effet tenté dans un premier temps de libéraliser un peu la Russie). En réalité, la rhétorique guerrière de Medvedev est surtout alimentée par sa démence liée à sa consommation totalement excessive d’alcool ( comme Eltsine). Ses facultés de discernement sont largement atteintes et en dépit de cela , il tente d’exister d’ailleurs dans une fonction tout à fait symbolique.

Il faut l’admettre : Dmitri Medvedev est un homme créatif. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’ancien président russe multiplie les déclarations choc sur l’actualité internationale, ce qui lui vaut l’attention des médias du monde entier. Peut-être parce que son style sied peu à un ancien locataire du Kremlin. Comme lorsqu’il compare le mandat d’arrêt international lancé contre Vladimir Poutine à du « papier toilette ». Ou lorsqu’il qualifie les dirigeants du G7 d’ »idiots », ironise sur un « quatrième Reich » des pays occidentaux, menace de lâcher une bombe nucléaire sur Londres ou encore de frapper la Cour pénale internationale avec un missile hypersonique. Quant à la Pologne, il la considère comme un « chien maléfique » prêt à « avaler les restes » de l’Ukraine.

Ses menaces sont d’ailleurs le plus souvent dirigées contre les « drogués nazis fous » et les « cafards » au pouvoir en Ukraine, un « régime nazi » à pourfendre. L’ancien locataire du Kremlin agrémente parfois sa logorrhée d’images, comme lorsqu’il publie sur Telegram un montage* présentant Volodymyr Zelensky sous les traits d’Adolf Hitler. A l’occasion, Dmitri Medvedev verse également dans le vocabulaire mystique. « Le but est d’arrêter le souverain suprême de l’enfer, quel que soit le nom qu’il utilise – Satan, Lucifer ou Iblis », lançait-il à l’automne, quand la thématique de la « désatanisation » de l’Ukraine était en vogue.

Avant le début de la guerre, il accusait déjà les dirigeants ukrainiens d’être « des gens faibles qui ne cherchent qu’à se remplir les poches », dans le journal Kommersant*. Peu après le début de l’invasion, il s’est offert un nouveau terrain de jeu en créant sa chaîne Telegram. Plus d’un million de personnes sont désormais abonnées aux publications de « Dimon », qui s’est progressivement imposé comme l’un « des politiciens les plus grossiers et radicaux de Russie », selon les mots* du journaliste indépendant Ivan Davydov, début novembre. Cinq mois plus tôt, l’intéressé avait justifié* ses coups de sang vulgaires adressés au pouvoir de Kiev.

« La réponse, c’est que je les déteste. Ce sont des salauds et des dégénérés. Ils veulent la mort de la Russie. Tant que je vivrai, je ferai tout pour les faire disparaître. »

Dmitri Medvedev n’a pas toujours eu les ailes d’un faucon. Au contraire, il a longtemps été considéré comme une figure politique modérée, par opposition à la ligne dure des siloviki de l’armée ou des services de sécurité.

Champion universitaire d’haltérophilie, passionné de photographie, cet ancien professeur de droit et juriste a rencontré Vladimir Poutine dans les années 1990, dans l’entourage d’Anatoli Sobtchak, maire de Leningrad (redevenue quelques mois plus tard Saint-Pétersbourg). Dmitri Medvedev devient directeur de campagne du futur chef d’Etat lors de la présidentielle de 2000, puis son directeur de cabinet. A cette époque, il rejoint également le conseil de surveillance de la puissante compagnie Gazprom.

« Sa rhétorique, depuis le début de la guerre en Ukraine, surprend par sa violence, car elle est à l’opposé du personnage qui rencontrait Bill Gates et était bien vu par les élites occidentales. »

En 2008, Vladimir Poutine doit passer la main après deux mandats successifs à la tête de la Russie. Dmitri Medvedev prend la relève, sans grande marge de manœuvre. « Il porte l’héritage d’un courant libéral économique en perte de vitesse, mais qui existe encore », souligne Olga Gille-Belova, maîtresse de conférence en civilisation russe contemporaine à l’université de Bordeaux. Le président russe veut alors « réinitialiser » les relations avec les Etats-Unis de Barack Obama et vante les vertus d’une « modernisation », fondée sur l’innovation technologique. « Il tente aussi de proposer quelques mesures de libéralisation politique, et les grandes manifestations de 2011 et 2012 lui sont d’ailleurs reprochées, comme un effet indésirable de son discours. »

A cette époque, Dmitri Medvedev adule son iPhone offert par Bill Gates, visite les locaux de Twitter et confie son amour de jeunesse pour les groupes Led Zeppelin et Black Sabbath. Mais la modernisation russe reste en grande partie autoritaire, décidée par les élites. « Une blague circulait alors : Medvedev s’installe dans une belle voiture, très heureux, puis finit par demander où se trouve le volant. On lui répond qu’elle est entre des mains fiables », raconte la chercheuse Cécile Vaissié, professeure à l’université de Rennes. Après le retour de Vladimir Poutine au Kremlin, Dmitri Medvedev est nommé chef du gouvernement, et retrouve un rôle d’homme de paille.

En 2017, la fondation de l’opposant Alexeï Navalny révèle son immense patrimoine immobilier, dans une enquête sur la corruption des élites. « Il avait nié les accusations, mais avait dû faire profil bas après ces révélations », qui avaient provoqué des manifestations dans plusieurs villes du pays. On y brandissait un petit canard, en référence à la mare installée dans l’une de ses demeures cossues. « Ces années-là, il a perdu ce qui lui restait de crédibilité », analyse Cécile Vaissié. Beaucoup de photos* et de vidéos circulaient en ligne pour le ridiculiser. » Pour ne rien arranger, il a été surpris plusieurs fois en train de dormir, lors de cérémonies et d’allocutions officielles.

Trois ans plus tard, Dmitri Medvedev quitte la Maison Blanche de Moscou, résidence du Premier ministre et siège du gouvernement russe. « Certains ont interprété sa démission comme la fin de sa vie politique, et il semblait ne plus avoir aucun poids », relève Olga Gille-Belova.

Toujours à la tête du parti Russie unie, Dmitri Medvedev prend alors la vice-présidence du Conseil de sécurité, un poste créé pour lui. Son périmètre est plutôt flou, d’autant que le secrétaire Nikolai Patrouchev tient fermement les rênes du conseil consultatif. « Il est très difficile de connaître le rôle politique de Dmitri Medvedev aujourd’hui, poursuit la chercheuse, mais il est toujours présent dans l’entourage de Vladimir Poutine. »

Pourquoi l’échec du retrait de la réforme des retraites ? 

Pourquoi l’échec du retrait de la réforme des retraites ? 

Partant de l’échec du mouvement contre la réforme, le politiste Dominique Andolfatto s’interroge, dans une tribune au « Monde », sur la pertinence de la stratégie conduite par les syndicats, qui a conduit à privilégier les défilés à la grève.

Un papier intéressant mais qui sous-estime plusieurs facteurs. Le premier sans doute est la dégradation significative du pouvoir d’achat qui décourage la coûteuse grève. Le second qu’il faut prendre en compte est celui que la grève bouton n’existe pas. La quasi-totalité des grands mouvements de grève ayant été décidés de manière assez spontanée. Et la troisième raison est liée à l’affaiblissement de l’intermédiation syndicale qui pèse de moins en moins en particulier du fait de Macron qui lui substitue des « conseils machins bidons ». Enfin l’action contre la réforme des retraites est encore loin d’être terminée non seulement sur le plan social mais aussi sur le plan politique. NDLR

Pourquoi les syndicats n’ont-ils pas obtenu gain de cause lors de la réforme des retraites ? Est-ce un échec ? L’autocensure, qui prévaut aujourd’hui dans bien des secteurs, semble interdire une telle question. D’autant plus que l’exécutif a remporté une victoire à la Pyrrhus puisque, pour imposer son projet, il a dû recourir à tout l’arsenal du parlementarisme dit rationalisé que lui offre la Constitution. Mais qu’est-ce qui a fait défaut aux syndicats pour obtenir le retrait de la réforme ?

La stratégie de la rue, apparue comme une évidence, mérite d’être interrogée. Celle-ci n’a-t-elle pas conduit à penser que le recours à la grève pour des raisons sans doute plus culturelles qu’économiques est devenu aujourd’hui quasi impossible. Pourtant, c’est bien sur la grève que les mouvements du passé ont pris appui tandis que la stratégie de la rue a déjà été tenue en échec contre la précédente réforme des retraites, sous Sarkozy, en 2010, contre la loi El Khomri en 2016, contre les ordonnances Macron en 2017, contre la retraite à points en 2019-2020.

La stratégie de la rue, malgré des cortèges nombreux, sa récurrence, son caractère pacifique, n’a pas produit les effets escomptés. Avait-elle les défauts de ses qualités ? De fait, les « gilets jaunes », pourtant moins nombreux, mais plus inattendus, plus innovants dans leurs formes de protestation, plus visibles, plus réguliers et déterminés, ont obtenu des résultats. Si eux n’avaient pas promis de mettre la France à l’arrêt – et n’étaient pas obligés, dès lors, de tenir un tel engagement –, ils n’en étaient pas moins devenus obsédants pour le pouvoir.

Le privé largement absent
Le contexte peut expliquer aussi l’échec. Les syndicats ont surtout mobilisé leurs publics habituels : les fonctionnaires, les salariés d’entreprises mixtes, des retraités… Le secteur privé est resté très largement absent, même si les enquêtes d’opinion ont montré l’impopularité de la réforme. Autrement dit, par fatalisme, indifférence, compréhension voire consentement à la réforme, par éloignement volontaire ou pas de l’action collective, des pans entiers du salariat, des actifs, de la société sont restés spectateurs du mouvement.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Partenaires sociaux : « Le syndicalisme doit se renouveler profondément pour sortir de la spirale du déclin »

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La réussite ou l’échec d’un mouvement social doit aussi beaucoup à l’attitude de l’adversaire, ici le gouvernement. Fort des leçons passées, celui-ci s’est armé de patience. Il a regardé passer les contestataires comme un monôme qui défile. Il a laissé faire des excès de la police, escomptant qu’un maintien de l’ordre à l’inverse

Guerre en Ukraine : Pourquoi les provocations de Dmitri Medvedev ?

Guerre en Ukraine :P ourquoi les provocations de Dmitri Medvedev ?

Un papier de France Télévisions s’interroge sur les raisons des provocations réitérées de l’ancien président russe Medvedev. À juste titre le papier considère que l’ex chef d’État en rajoute en matière de radicalisation pour se rendre davantage crédible auprès d’un Poutine qui s’est toujours méfié de lui ( (Medvedev avait en effet tenté dans un premier temps de libéraliser un peu la Russie). En réalité, la rhétorique guerrière de Medvedev est surtout alimentée par sa démence liée à sa consommation totalement excessive d’alcool. Ses facultés de discernement sont largement atteintes et en dépit de cela , il tente d’exister d’ailleurs dans une fonction tout à fait symbolique.

Il faut l’admettre : Dmitri Medvedev est un homme créatif. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’ancien président russe multiplie les déclarations choc sur l’actualité internationale, ce qui lui vaut l’attention des médias du monde entier. Peut-être parce que son style sied peu à un ancien locataire du Kremlin. Comme lorsqu’il compare le mandat d’arrêt international lancé contre Vladimir Poutine à du « papier toilette ». Ou lorsqu’il qualifie les dirigeants du G7 d’ »idiots », ironise sur un « quatrième Reich » des pays occidentaux, menace de lâcher une bombe nucléaire sur Londres ou encore de frapper la Cour pénale internationale avec un missile hypersonique. Quant à la Pologne, il la considère comme un « chien maléfique » prêt à « avaler les restes » de l’Ukraine.

Ses menaces sont d’ailleurs le plus souvent dirigées contre les « drogués nazis fous » et les « cafards » au pouvoir en Ukraine, un « régime nazi » à pourfendre. L’ancien locataire du Kremlin agrémente parfois sa logorrhée d’images, comme lorsqu’il publie sur Telegram un montage* présentant Volodymyr Zelensky sous les traits d’Adolf Hitler. A l’occasion, Dmitri Medvedev verse également dans le vocabulaire mystique. « Le but est d’arrêter le souverain suprême de l’enfer, quel que soit le nom qu’il utilise – Satan, Lucifer ou Iblis », lançait-il à l’automne, quand la thématique de la « désatanisation » de l’Ukraine était en vogue.

Avant le début de la guerre, il accusait déjà les dirigeants ukrainiens d’être « des gens faibles qui ne cherchent qu’à se remplir les poches », dans le journal Kommersant*. Peu après le début de l’invasion, il s’est offert un nouveau terrain de jeu en créant sa chaîne Telegram. Plus d’un million de personnes sont désormais abonnées aux publications de « Dimon », qui s’est progressivement imposé comme l’un « des politiciens les plus grossiers et radicaux de Russie », selon les mots* du journaliste indépendant Ivan Davydov, début novembre. Cinq mois plus tôt, l’intéressé avait justifié* ses coups de sang vulgaires adressés au pouvoir de Kiev.

« La réponse, c’est que je les déteste. Ce sont des salauds et des dégénérés. Ils veulent la mort de la Russie. Tant que je vivrai, je ferai tout pour les faire disparaître. »

Dmitri Medvedev n’a pas toujours eu les ailes d’un faucon. Au contraire, il a longtemps été considéré comme une figure politique modérée, par opposition à la ligne dure des siloviki de l’armée ou des services de sécurité.

Champion universitaire d’haltérophilie, passionné de photographie, cet ancien professeur de droit et juriste a rencontré Vladimir Poutine dans les années 1990, dans l’entourage d’Anatoli Sobtchak, maire de Leningrad (redevenue quelques mois plus tard Saint-Pétersbourg). Dmitri Medvedev devient directeur de campagne du futur chef d’Etat lors de la présidentielle de 2000, puis son directeur de cabinet. A cette époque, il rejoint également le conseil de surveillance de la puissante compagnie Gazprom.

« Sa rhétorique, depuis le début de la guerre en Ukraine, surprend par sa violence, car elle est à l’opposé du personnage qui rencontrait Bill Gates et était bien vu par les élites occidentales. »

En 2008, Vladimir Poutine doit passer la main après deux mandats successifs à la tête de la Russie. Dmitri Medvedev prend la relève, sans grande marge de manœuvre. « Il porte l’héritage d’un courant libéral économique en perte de vitesse, mais qui existe encore », souligne Olga Gille-Belova, maîtresse de conférence en civilisation russe contemporaine à l’université de Bordeaux. Le président russe veut alors « réinitialiser » les relations avec les Etats-Unis de Barack Obama et vante les vertus d’une « modernisation », fondée sur l’innovation technologique. « Il tente aussi de proposer quelques mesures de libéralisation politique, et les grandes manifestations de 2011 et 2012 lui sont d’ailleurs reprochées, comme un effet indésirable de son discours. »

A cette époque, Dmitri Medvedev adule son iPhone offert par Bill Gates, visite les locaux de Twitter et confie son amour de jeunesse pour les groupes Led Zeppelin et Black Sabbath. Mais la modernisation russe reste en grande partie autoritaire, décidée par les élites. « Une blague circulait alors : Medvedev s’installe dans une belle voiture, très heureux, puis finit par demander où se trouve le volant. On lui répond qu’elle est entre des mains fiables », raconte la chercheuse Cécile Vaissié, professeure à l’université de Rennes. Après le retour de Vladimir Poutine au Kremlin, Dmitri Medvedev est nommé chef du gouvernement, et retrouve un rôle d’homme de paille.

En 2017, la fondation de l’opposant Alexeï Navalny révèle son immense patrimoine immobilier, dans une enquête sur la corruption des élites. « Il avait nié les accusations, mais avait dû faire profil bas après ces révélations », qui avaient provoqué des manifestations dans plusieurs villes du pays. On y brandissait un petit canard, en référence à la mare installée dans l’une de ses demeures cossues. « Ces années-là, il a perdu ce qui lui restait de crédibilité », analyse Cécile Vaissié. Beaucoup de photos* et de vidéos circulaient en ligne pour le ridiculiser. » Pour ne rien arranger, il a été surpris plusieurs fois en train de dormir, lors de cérémonies et d’allocutions officielles.

Trois ans plus tard, Dmitri Medvedev quitte la Maison Blanche de Moscou, résidence du Premier ministre et siège du gouvernement russe. « Certains ont interprété sa démission comme la fin de sa vie politique, et il semblait ne plus avoir aucun poids », relève Olga Gille-Belova.

Toujours à la tête du parti Russie unie, Dmitri Medvedev prend alors la vice-présidence du Conseil de sécurité, un poste créé pour lui. Son périmètre est plutôt flou, d’autant que le secrétaire Nikolai Patrouchev tient fermement les rênes du conseil consultatif. « Il est très difficile de connaître le rôle politique de Dmitri Medvedev aujourd’hui, poursuit la chercheuse, mais il est toujours présent dans l’entourage de Vladimir Poutine. »

Un 1er mai historique, pourquoi ?

Un 1er mai historique, pourquoi ?

Le 1er mai risque de prendre un aspect historique pour plusieurs raisons. Il y a d’abord l’unité totale des syndicats. Un fait tout à fait exceptionnel. Il y aura aussi une participation record. Mais le plus important sera surtout la conséquence politique de l’expression de cette colère. En effet, cette manifestation va sans doute marquer le début d’un processus à savoir la dégradation progressive du macronisme sans doute sa disparition d’ici 2027.

Au-delà de la colère contre la réforme des retraites et la politique brutale de ce gouvernement, la colère concerne aussi le ras-le-bol vis-à-vis d’une démocratie aujourd’hui obsolète et un système politique archaïque qui repose en quelque sorte sur un centralisme et une technocratie rejetés par une grande partie des Français.

Les français constatent en effet que depuis une cinquantaine d’années, les gouvernements se succèdent et se ressemblent. La démocratie se compose de deux phases complètement contradictoires et ridicules avec d’une part le temps de l’opposition où tout est contesté et tout est promis. Ensuite il y a le temps de la gestion où là une fois élues les majorités s’assoient complètement sur leurs promesses et se laissent manœuvrer par les intérêts financiers et la technocratie.

La vérité aussi sans doute c’est que dans ce pays plus personne ne maîtrise rien. Du coup, pour faire semblant de continuer à diriger d’une autre façon, on ajoute des lois aux lois sans jamais procéder à leur évaluation et en ajoutant des contradictions aux contradictions. L’exemple plus significatif est sans doute celui de l’immobilier qui s’oriente vers une crise elle aussi historique du fait de normes qui vont tuer le secteur en même temps qu’interdire l’achat aux candidats à l’acquisition. On pourrait multiplier les exemples dans d’autres secteurs celui de la santé, de l’école ,de la sécurité , de l’économie en général.

Résultat, la démocratie ne cesse de s’affaiblir puisque à l’occasion des différentes échéances électorales l’abstention ne cesse de progresser et les élus ne peuvent se prévaloir que du soutien d’un peu plus de 10 % des inscrits.

Sondage popularité Macron : au plus bas, pourquoi ?

Sondage popularité Macron : au plus bas, pourquoi ?


Avec 72 % % de mécontents dont 47% et seulement 26 % deux satisfaits, Macon atteint un record d’impopularité

D’après le baromètre mensuel Ifop, les Français « satisfaits » d’Emmanuel Macron ne sont plus que 26 % (- 2 en un mois). Il s’agit de son troisième mois consécutif de chute, mais aussi de son troisième plus mauvais niveau depuis son élection en 2017 : il n’avait fait pire qu’en novembre 2018 (25 %) et décembre 2018 (23 %), au plus fort de la crise des Gilets jaunes. Comparé à ses deux prédécesseurs, il n’est pas le plus impopulaire : en 2016, François Hollande avait à trois reprises atteint 14 %. Il l’est en revanche si on confronte son score à celui des chefs d’État ayant réussi leur réélection un an après celle-ci : en avril 1989, François Mitterrand se situait à 46 % et Jacques Chirac, en avril 2003, à 65 %.

Dans l’entourage du président, on compte sur le temps long ( c’est-à-dire l’étouffement progressif de l’opposition à la réforme des retraites) pour redresser la barre de popularité. Plusieurs obstacles cependant vont s’opposer à cette perspective. D’abord il y a au-delà de la question présidentielle le problème plus général du discrédit du système démocratique, un discrédit bien antérieur à Macron mais qu’il a approfondi. Le deuxième obstacle tient à la personnalité même du président qui non seulement suscite le rejet mais aussi la haine du fait d’une personnalité qui dégage surtout du mépris pour les Français. Le dernier obstacle est lié à l’absence d’enracinement du macronisme par ailleurs aussi flou qu’inefficace au point qu’il devrait disparaître avec Macron.

Consommation sur Internet : pourquoi la valse des prix ?

Consommation sur Internet : pourquoi la valse des prix ?

par Sarah Benmoyal Bouzaglo
Maitre de conférences, Université Paris Cité

Corina Paraschiv
Professeur des Universités en Sciences de Gestion, Université Paris Cité dans The Conversation


La stagnation des salaires, l’inflation record, la chute de la consommation des ménages viennent aujourd’hui considérablement redistribuer les cartes de notre société de consommation. Une stratégie utilisée par les sites de vente peut particulièrement renforcer ces phénomènes. On la nomme la tarification dynamique en ligne. Il s’agit d’une stratégie de variation incessante des prix à la hausse et à la baisse, à laquelle de plus en plus de sites ont recours pour des catégories différentes de produits ou de services.

À titre illustratif, cette méthode a été utilisée par le site Ticketmaster pour distribuer les billets des concerts de Bruce Springsteen dans le cadre de sa tournée 2023, avec des prix qui sont montés jusqu’à 5 000 dollars pour les places les plus prisées, menant les fans à s’insurger.

Nos travaux de recherche invitent particulièrement à envisager les conséquences que la tarification dynamique en ligne peut avoir sur les achats des consommateurs. Comment fonctionne-t-elle ? Quand leur profite-t-elle ou nuit-elle à leurs achats ? Quelles sont les options dont ils disposent pour la limiter ?

La tarification dynamique en ligne repose principalement sur le recours à des algorithmes d’intelligence artificielle utilisés pour orchestrer une fluctuation des prix pour un même produit ou service au cours du temps. Cette stratégie utilise, entre autres, des données relatives aux consommateurs (comme les fameux cookies collectés en ligne ou les informations volontairement données lors d’une inscription en ligne sur un site comme le nom ou l’âge) et les données du marché (comme les prix pratiqués par les concurrents). Cette méthode de fixation des prix permet, par exemple, à des sites de vente de réaliser une variation des prix en temps réel à l’instar d’Amazon, de Cdiscount ou de la Fnac.

L’automatisation algorithmique de la fixation du prix peut même devenir la base du modèle économique de certaines entreprises. Par exemple, pour l’application Uber, le prix est fixé instantanément selon l’offre et la demande, en s’appuyant, entre autres, sur la planification informatisée des courses demandées par les clients et du nombre de chauffeurs disponibles à ce moment-là pour une zone géographique donnée.

L’objectif premier d’une entreprise qui a recours à la tarification dynamique est de maximiser son profit. Ce dernier est encore plus optimisé lorsque cette méthode repose sur une personnalisation du prix pour chaque consommateur. Dans ce cas, l’algorithme utilisé mobilise, entre autres, son « consentement à payer » (correspondant au montant maximal qu’il est prêt à payer pour un produit), critère qui découle d’un calcul algorithmique prenant par exemple en compte son historique d’achats.

Le consommateur, gagnant ou perdant ?

Dans le cadre de la tarification dynamique en ligne, on peut légitimement se demander dans quelle mesure une variation continue des prix pour un produit identique mène le consommateur à se sentir gagnant ou perdant…

Deux formes extrêmes de tarification dynamique peuvent être identifiées. La première est une forme basique où le prix du produit ou du service proposé varie dans le temps de la même façon pour tous les consommateurs. La seconde forme est totalement personnalisée c’est-à-dire qu’un prix différent est appliqué à chaque consommateur en se basant sur l’estimation algorithmique de son « consentement à payer ». Dans ce second cas, les consommateurs se voient proposer au même moment des prix différents pour un article identique. L’évaluation du consentement à payer peut ne pas être le reflet de la réalité économique et sociale des individus. L’algorithme peut donc conduire à une surestimation de ce paramètre qui peut être perçue comme injuste par les individus et donc les mener à se sentir perdants.

De façon générale, quelle que soit l’approche utilisée pour la tarification dynamique en ligne, lorsqu’un prix est perçu comme élevé, le consommateur se voit comme perdant, à l’image des réactions des fans qui ne pouvaient s’offrir les places pour un des concerts de Bruce Springsteen. Tandis que lorsqu’il paie un prix qu’il perçoit comme bas, le consommateur en ressort gagnant.

Que peut faire le consommateur ?

Des outils traqueurs de prix se développent pour aider les consommateurs à retrouver l’historique des prix pratiqués par certaines plates-formes comme Amazon afin de décider si leur achat est à réaliser maintenant ou s’ils prennent le pari d’attendre. Il est également possible de trouver des sites qui aiguillent les consommateurs lors d’achat de produits particuliers quand la tarification dynamique en ligne devient fréquemment utilisée dans certains domaines comme pour les places de concert.

Les consommateurs peuvent aussi essayer autant que possible de limiter les données que les sites peuvent collecter en n’autorisant pas la collecte de cookies lorsqu’ils visitent un site. Ils peuvent aussi éviter de donner toutes les informations demandées lorsqu’ils saisissent un formulaire d’inscription. Il est également envisageable d’effectuer certains achats lorsque ce n’est pas la saison afin de s’assurer que la demande de produits est faible à l’instar de l’achat d’un parasol ou d’un barbecue en hiver.

Évidemment, la tarification dynamique soulève également la question de la responsabilité des entreprises. Ces dernières doivent s’interroger sur les limites des différents algorithmes auxquels elles peuvent avoir recours en intégrant les préoccupations des consommateurs. Par exemple, un enjeu pour les sites est de trouver comment minimiser les biais liés aux algorithmes qui peuvent engendrer des prix amenant à surévaluer le « consentement à payer » des individus. Pour chaque type de produit ou service, il s’agirait donc de s’interroger aussi sur les intervalles de variation de prix et les fréquences de changement du prix perçus comme acceptables par les potentiels acheteurs.

Par ailleurs, certains sites affichent officiellement le recours à cette stratégie à l’image d’Uber tandis que d’autres, tel qu’Amazon, décident de ne pas partager les secrets de fabrication de l’algorithme utilisé. À l’ère où les consommateurs appellent les entreprises à plus de transparence, les préoccupations éthiques des entreprises permettant aux individus de ne pas se sentir lésés en comprenant mieux les prix qui leur sont proposés lors de l’achat d’un produit peuvent finalement apparaître comme essentielles et s’avéraient être un atout stratégique.

La démission de Macron: Pourquoi ?

La démission de Macron: Pourquoi ?

Il est clair que Macron mène le pays à la ruine dans tous les domaines : économique, social et démocratique. Une récente étude montre que les trois quarts des Français sont très inquiets pour l’avenir du pays.

Ils ont sans doute raison car l’entêtement de Macron le pays droit dans le mur sur tous les plans sociaux, économiques et politiques. Dans les milieux bien « informés » ( en fait qui soutiennent le pouvoir), on affirme que la réforme des retraites est indispensable pour donner confiance aux marchés financiers et éviter une hausse des taux d’intérêt sur nos emprunts. En réalité, cette réforme risque de créer une telle instabilité politique qu’elle risque de provoquer aussi une crise économique et sociale qui sera encore plus préjudiciable à la crédibilité de la France pour les marchés financiers.

On est donc en droit de s’interroger sur l’idéologie de Macron. Pour trouver l’origine assez confuse de l’idéologie de Macron, il faut notamment se tourner vers Machiavel et le théâtre. Machiavel qui fut l’un des sujets de sa thèse et le théâtre qui lui permit de passer de l’adolescence à la majorité. Pour le reste, son idéologie est une espèce de patchwork qui repose d’abord sur le renvoi d’ascenseur aux grands financiers, sur un ego démesuré et sur une vision très américaine de la société. Il devient urgent de chasser Macron qui devient le pire danger du pays.

L’imposture commence avec sa candidature à la présidence de la république où grâce avec l’appui des financiers, il a réussi à s’imposer et à neutraliser François Hollande et le PS

Certains objecteront qu’un autre responsable, assez apprécié celui-là, à savoir Georges Pompidou, est lui aussi venu directement d’une banque. Cependant, c’était le choix de De Gaulle. Macron, lui, est le choix des financiers et de leurs experts courtisans.

Évidemment un groupe de pressions, sorte de lobby, qui n’agit que dans la coulisse. Il n’a jamais été possible d’analyser les conditions de financement de la campagne de Macron, la justice a enterré la question.

L’autre soutien déterminant est celui des socialistes nombreux qui avaient l’impression que Macron pourraient les représenter. Là aussi une immense imposture entre les déclarations électorales de l’intéressé fondé sur des positions de gauche et une gestion désormais nettement orientée à droite.

L’imposture confuse a entraîné le pays vers un déclin catastrophique tente en politique intérieure qu’en politique étrangère. En matière de politique étrangère, on peut prendre deux exemples pour illustrer le flou de Macron.

D’abord ces conversations indécentes avec le dictateur Poutine. Ce qui nous a fâché avec la moitié de l’Europe mais aussi avec l’Ukraine. Puis son revirement à 180° en faveur de l’Ukraine. L’hubris est sa boussole. Macron se pensait pendant un moment comme le nouveau dirigeant du monde. Autre exemple assez lamentable celui de l’Afrique où la France est progressivement chassée par des dictatures du fait de l’insuffisance de volonté politique et de moyens militaires.

En politique intérieure, la France se dirige tout droit vers la catastrophe. Tout les grands équilibres financiers sont dans le rouge, les budgets et la dette n’ont jamais affiché de chiffres aussi inquiétants.

En dépit de cette politique budgétaire en pleine dérive, la situation des grandes fonctions régaliennes est particulièrement lamentables

D’abord sans doute la question de la sécurité qui se caractérise notamment par l’abandon des banlieues aux trafiquants de drogue. Une drogue qui touche maintenant toutes les couches de la société. Il y a longtemps que la justice et la police ont renoncé à prendre en charge réellement cette question. Tout juste quelques opérations spectaculaires de temps en temps.

Il y a évidemment aussi et peut-être surtout dans le domaine économique le massacre de la politique énergétique. La France qui pouvait s’enorgueillir de disposer de l’énergie électrique la moins chère du monde a fini par accepter de jeter dans le marché des centaines d’intermédiaires qui se sont engraissés au détriment d’EDF et du nucléaire. L’affaire de Nicolas Hulot illustre l’incompétence politique et la mauvaise foi du pouvoir qui a renié ses convictions pour quelques voix écolo.

Deux autres domaines touchent aussi à la catastrophe, celui du système sanitaire et l’école. Un système sanitaire certes performant mais à bout de souffle concernant les moyens. Quant à l’école on mesure son déclin au fait que la France est renvoyée dans le fond des classements internationaux concernant l’évaluation des élèves.

La dernière imposture récente est évidemment celle de la réforme des retraites avec cette folie d’écraser toutes les institutions intermédiaires: Parlement, syndicat et autres organisations. Cela pour leur substituer de pseudos conventions citoyennes bien choisies « au hasard » afin de mieux les manipuler. Ou encore pour leur substituer des comités plus ou moins bidon.

80 % des Français dénoncent globalement la politique économique et sociale d’un président qui n’est plus soutenu que par 25 % à peine de l’opinion.

Parmi les grandes faiblesses de la France, il faut aussi souligner l’extrême pauvreté de nos armées qui d’après les experts ne tiendraient qu’une quinzaine de jours tout au plus en Ukraine. Pour preuve, la France pas même capable de tenir ses positions en Afrique et qui soutient au compte-gouttes l’Ukraine. Et ce n’est pas le ridicule service national universel–de quelques jours–qui va changer la donne d’autant qu’on y parle même pas de défense.

Jusqu’à quand va durer cette imposture ? Personne ne le sait tant qu’une respiration démocratique redonnant la parole aux électeurs ne sera pas permise.

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