Pour un Euro numérique
Par
Valdis Dombrovskis
vice-président exécutif de la Commission européenne
Fabio Panetta
membre du directoire de la Banque centrale européenne
Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, et Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne, exposent, dans une tribune au « Monde », le projet de monnaie numérique européenne qui sera présenté par Bruxelles le 28 juin.
Notre monde change. La révolution numérique a transformé la société à un point difficilement concevable il y a seulement dix ans. Elle bouleverse également les modes de paiement, la population privilégiant de plus en plus les règlements sous forme numérique. La pandémie de Covid-19 a accéléré cette tendance.
Les banques centrales du monde entier étudient aujourd’hui la possibilité de compléter la monnaie publique qu’elles mettent actuellement à disposition sous la forme d’espèces par une version numérique : une monnaie numérique de banque centrale. Dans la zone euro, l’euro numérique offrirait une solution de paiement numérique accessible à tous, partout, et sans frais.
Les espèces n’en restent pas moins essentielles : elles demeurent le moyen de paiement préféré pour les petits achats en magasin et les transactions de particulier à particulier. La plupart des habitants de la zone euro souhaitent pouvoir continuer de payer avec des billets et des pièces. C’est pourquoi la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) s’engagent résolument à faire en sorte que les espèces restent pleinement acceptées et disponibles dans les vingt pays de la zone euro.
Cependant, le recours aux espèces pour effectuer des paiements est, à l’évidence, en recul dans de nombreuses régions du monde, y compris en Europe. Alors que nous nous acheminons vers une économie véritablement numérique, la suite logique est d’adapter l’argent liquide à cette nouvelle ère.
Faire cohabiter l’euro fiduciaire et l’euro numérique permettrait à chacun de pouvoir choisir la méthode de paiement qu’il souhaite, et garantirait que personne ne soit laissé pour compte dans le cadre de la numérisation des paiements. Chose essentielle, les Européens auraient la possibilité de payer sous forme numérique à travers toute la zone euro, de Dublin à Nicosie et de Lisbonne à Helsinki.
Pour les consommateurs, l’euro numérique présenterait de nombreux avantages pratiques. Il serait facile à utiliser et sans frais. Où que ce soit dans la zone euro, chacun pourrait payer quiconque gratuitement avec des euros numériques, par exemple à l’aide d’un portefeuille numérique installé sur son téléphone. Pour cela, les utilisateurs n’auraient même pas besoin d’être connectés à Internet : ils pourraient également effectuer leurs paiements hors ligne.
La protection de la vie privée est un élément essentiel de l’euro numérique. La BCE n’aurait accès ni aux données personnelles des utilisateurs ni à leurs habitudes de paiement. La fonctionnalité hors ligne permettrait en outre d’assurer un plus haut niveau de confidentialité des données que toute autre méthode de paiement numérique disponible actuellement.
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