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Macron, La réécriture de l’histoire pour lutter contre les discriminations !

Macron, La réécriture  de l’histoire  pour lutter contre les discriminations !

Dans un papier de l’Opinion la journaliste Ivanne Trippenbach traite de la volonté le Macron  de réécrire l’histoire pour lutter contre les discriminations  

« La question raciale est au cœur de notre société et génère de fortes tensions, dues à des discriminations, à des discours de haine, à des comportements racistes et des propos inacceptables », a déclaré Emmanuel Macron à CBS News, dimanche. « Un ​dialogue ouvert et apaisé doit permettre de comprendre les origines de cette situation et, d’une certaine manière, de déconstruire notre propre histoire, sans confusion. »

Un bastion de progressisme ? C’est ainsi qu’a été perçue la sortie d’Emmanuel Macron sur la chaîne américaine CBS News, dimanche, par une poignée de proches. En établissant un lien entre le passé colonial et le racisme en France, le chef de l’Etat a appelé à «déconstruire notre propre histoire». Etrange formule qui a fait bondir la droite et l’extrême droite… « Il voulait dire “décortiquer” notre histoire pour comprendre d’où l’on vient », désamorce une conseillère élyséenne. Le Président a complété par le besoin d’une « politique de reconnaissance » qui permettrait de construire l’unité tout en reconnaissant la diversité du pays.

Le chef de l’Etat a déjà mentionné cette politique de la reconnaissance dans son interview à Brut. Derrière ce concept, on trouve Rachid Benzine, islamologue libéral et romancier, chercheur associé au Fonds Paul Ricœur, qui échange souvent avec Emmanuel Macron. Tous deux partagent la même affinité avec le philosophe de la mémoire. Ensemble, ils ont plusieurs fois parlé du « déni de reconnaissance » de l’Etat qui crée des « pathologies sociales » – y compris dans d’autres sphères, comme les Gilets jaunes, les policiers…

Annonces. « Plus le récit national est inclusif, plus on fait place à l’histoire de France dans sa complexité, plus les individus s’y reconnaîtront, explique Rachid Benzine à l’Opinion. On développe l’appartenance à la nation et l’envie des citoyens de participer. C’est la seule manière de sortir de la polarisation identitaire dans laquelle nous nous enfermons, qui crée du ressentiment et qui prépare les violences de demain. » Dans le champ mémoriel, le recueil des 318 noms pour baptiser les bâtiments publics fait partie de cette politique qui, selon son conseil scientifique, doit « réparer les oublis des générations précédentes ». « L’injonction “aimez la France”, ça ne marche plus depuis des décennies », justifie un acteur impliqué.

De l’Algérie au Rwanda, « le Président a toujours été pour reconnaître ce qu’il y a à reconnaître vis-à-vis des pays avec qui il y a des tensions », appuie un conseiller. En France, Emmanuel Macron réfléchit à la panthéonisation d’une figure symbole de la diversité. Achille Mbembe, ponte médiatique des études post-coloniales, l’accompagnera au sommet Afrique-France en juillet. « La droite conservatrice va hurler, il n’y a pas plus post-colonial que Mbembe », s’amuse un historien. A Montpellier, le projet d’un musée d’histoire de la France et de l’Algérie, initié il y a vingt ans par Georges Frêche et abandonné en 2014, reprend des couleurs. Les annonces seront égrenées d’ici la fin de l’année, selon la présidence.

« C’est la guerre des gangs à l’Elysée. Qui va l’emporter pour 2022 ? Impossible de savoir, Stora entre par une porte et Taguieff sort par l’autre »

Trois dates commémoratives sont à l’agenda : le 25 septembre pour les Harkis, le 17 octobre pour les Algériens, le 18 mars 2022 pour les 60 ans des accords d’Evian. « Mais le format n’est pas arrêté », précise-t-on au Palais, où la question divise. La révélation d’un projet d’exposition pour le 60e anniversaire du 17 octobre 1961 au Musée de l’immigration a fait bondir Bruno Roger-Petit, qui n’avait pas été mis dans la boucle. « Les gens ont tellement peur d’être estampillés “indigéniste islamo-gauchiste” que tout se fait en sous-main », s’agace un acteur impliqué. « C’est la guerre des gangs à l’Elysée, interprète un visiteur du soir. Qui va l’emporter pour 2022 ? Impossible de savoir, Stora entre par une porte et Taguieff sort par l’autre. »

Marqueur. Le Président marche sur ses deux pieds. « Il défend la société ouverte à titre personnel mais il est contredit par les actes : les offensives contre le séparatisme et le tournant autoritaire sur la laïcité », étrille le député Aurélien Taché, partisan de la société multiculturelle. Un intellectuel œcuménique consulté par le chef de l’Etat y voit, au contraire, le « dernier marqueur qui parle à la gauche » tout en se distinguant nettement de la droite – contrairement à la sécurité et à la laïcité, thèmes plus transversaux.

Cet « en même temps » vient de loin. Défenseur de la « nation ouverte », Emmanuel Macron précisait dans Révolution en 2016 qu’« on ne peut à la fois vouloir être français et vouloir faire table rase du passé ». Mais dès août 2000, dans la revue Esprit, il évoquait les « traces plurielles » à partir desquelles « se construit la représentation du passé ». « L’histoire écrite est un “dépôt mort”, quand la mémoire est toujours vivante. Et si ce que l’historien racontait n’était qu’un trompe-l’œil, si le passé qu’il me présente comme vrai était autre ? », interrogeait l’élève de Ricœur. Il concluait sur la « chambre noire » de l’oubli où sommeillent « les images obscures et lointaines du passé », que le travail de mémoire doit révéler pour faire naître le « petit miracle de la reconnaissance ​».




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