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Portugal: l’austérité remise en question après le départ du ministre des Finances

Portugal: l’austérité remise en question  après le départ du ministre des Finances

C’est un départ qui sonne comme un aveu d’échec. Lundi 1er juillet, Vitor Gaspar, le ministre portugais des Finances, a annoncé sa démission créant un véritable coup de tonnerre dans le pays. « Cette démission est une surprise pour la société portugaise, comme pour la plupart du monde politique. Il s’agit du départ du plus important ministre des Finances du Portugal des dernières décennies », a estimé à la télévision le politologue Antonio Costa Pinto. Derrière ce départ surprise, la politique de rigueur du gouvernement est mise à mal. Vitor Gaspar était en effet un fervent défenseur de l’assainissement budgétaire, et son nom était étroitement lié à l’austérité. Le désormais ex-ministre des Finances était ainsi persuadé que le pays devait avaler cette potion amère pour assainir ses finances et rétablir son économie.  Pour preuve, après l’annonce de sa démission, la Commission européenne a immédiatement réagi en appelant le pays à « maintenir le rythme des réformes ». Car Vitor Gaspar avait été le principal artisan des plans d’économies mis en place par le pays. Parmi ses hauts faits d’armes, il peut légitimement revendiquer le retour du Portugal sur les marchés financiers avec la réussite, début mai d’une émission de dette à 10 ans. Mais, pour ses détracteurs, son application stricte des recommandations de la troïka ont été à l’origine d’une forte contestation sociale de la rigueur. Ce mécontentement s’est exprimé par des manifestations à répétition et pas moins de quatre grèves générales depuis l’arrivée au pouvoir en juin 2011 de la coalition de centre-droit, la dernière en date jeudi dernier.  La rigueur instaurée par Vitor Gaspar avait essuyé un important revers lorsque la Cour constitutionnelle portugaise a, en avril dernier, invalidé une partie des mesures du plan d’austérité réclamé par la troïka et avalisé par le gouvernement. Enfin, Vitor Gaspar n’a pu que constater les effets de l’austérité sur l’économie portugaise. Pour 2013, la Commission européenne table sur une récession encore marquée (-2,3%). Le FMI table sur le même chiffre. Par deux fois, Lisbonne a dû demander la clémence de l’Union européenne pour pouvoir repousser les objectifs de redressement du déficit qui lui était assignés. Le manque de croissance n’était évidemment pas étranger à ces demandes.  « La répétition des dérapages a miné ma crédibilité en tant que ministre des Finances », a d’ailleurs reconnu Vitor Gaspar dans sa lettre de démission au Premier ministre. « Les niveaux de chômage et du chômage des jeunes sont très graves », a-t-il poursuivi alors qu’au Portugal plus de quatre personnes de moins de 25 ans sur dix sont au chômage (42%). Au-delà, la cure d’austérité prônée par Vitor Gaspar a également crée des dissensions au sein de l’exécutif. Ce pourquoi le ministre écrit dans sa lettre être « convaincu que [son] départ contribuera à renforcer la cohésion de l’équipe gouvernementale ».

Portugal: austérité juridiquement sanctionnée

Portugal: austérité juridiquement sanctionnée

Le rejet par la Cour constitutionnelle de plusieurs mesures d’austérité, inscrites au budget 2013, marqué par une hausse généralisé des impôts, a représenté un sérieux revers pour le gouvernement désormais privé de recettes allant de 900 millions à 1,3 milliard d’euros, selon les estimations. Un « trou » qui lui sera d’autant plus difficile à combler qu’il avait prévu en 2013 des économies de 5,3 milliards et s’est engagé à réduire de 4 milliards d’euros les dépenses publiques d’ici 2015.  Désormais, l’objectif de ramener cette année le déficit budgétaire à 5,5% du PIB semble impossible à atteindre alors que la « troïka » (UE-FMI-BCE), représentant les créanciers, l’avait pourtant déjà allégé, accordant même au pays jusqu’à 2015 pour revenir au dessous de la limite des 3%, fixée par Bruxelles.  Selon diverses hypothèses, avancées par la presse, le gouvernement pourrait maintenant demander un allégement supplémentaire des objectifs lorsque la « troïka » procédera en mai à un nouvel examen des comptes du pays, voire solliciter un second plan de sauvetage, accompagné logiquement de nouvelles mesures d’austérité.  N’hésitant pas à dramatiser la situation, le gouvernement a affirmé samedi, à l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire, que la Cour constitutionnelle avait « mis en cause la crédibilité conquise par les efforts des Portugais auprès de nos partenaires et créanciers internationaux ».  Pour le gouvernement, la situation est d’autant plus délicate que les mesures d’austérité, mises en oeuvre en échange du plan de sauvetage de 78 milliards d’euros accordé en mai 2011, ont aggravé la récession et le chômage.  L’économie doit cette année reculer de 2,3% et le chômage atteindre le taux record de 18,2% alors que le mécontentement social a culminé début mars quand des centaines de milliers de Portugais ont manifesté à travers le pays contre l’austérité.  Critiqué par l’opposition, les syndicats et même une partie du patronat, le gouvernement est en butte à un climat politique très tendu. Principale formation de l’opposition, le Parti socialiste réclame une renégociation du plan d’aide qu’il avait pourtant lui même sollicité en avril 2011 alors qu’il était au pouvoir.  Pour marquer sa rupture définitive avec la politique d’austérité, le PS a déposé mercredi sa première motion de censure contre le gouvernement qui l’a évitée grâce à la confortable majorité dont il dispose à l’Assemblée.  Le gouvernement « n’a plus d’autorité, il n’a plus de crédibilité, il est épuisé, il est à bout », a martelé Antonio José Seguro, le chef du PS tout en appelant à des législatives anticipées.

 




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