Etats-Unis : Donald Trump, pompier pyromane
Dans le monde la journaliste Sylvie Kauffmann dénonce l’attitude de pompier pyromane de Donald trame. Le président américain a obtenu, mercredi, par une tentative d’insurrection qu’il a incitée, ce qu’il échoue à obtenir depuis deux mois par la voie légale : la suspension de la procédure de certification de la victoire de Joe Biden.
A deux semaines de la fin d’un mandat qu’il refuse obstinément d’achever, le président Donald Trump a obtenu par la force d’une foule d’émeutiers qu’il a dirigée, mercredi 6 janvier, ce qu’il a échoué à obtenir depuis deux mois par la voie légale : la suspension de la procédure de certification de la victoire de Joe Biden, son adversaire démocrate à l’élection présidentielle du 3 novembre.
C’est bien à une tentative d’insurrection, incitée par le président des Etats-Unis en personne et retransmise en direct par les médias, que la nation américaine et le monde entier ont pu assister alors que des centaines de manifestants, chauffés à blanc un peu plus tôt par Donald Trump, prenaient d’assaut le bâtiment à l’intérieur duquel étaient réunies les deux chambres du Congrès pour certifier le résultat des élections. Le chef de l’exécutif les avait encouragés à marcher sur le Capitole, assurant qu’il marcherait avec eux – ce qu’il n’a pas fait – pour revendiquer une victoire dont il continue d’affirmer, contre toute évidence, qu’elle leur a été volée. M. Trump savait parfaitement ce qu’il faisait : fin septembre, il avait demandé au groupe d’extrême droite des Proud Boys, très semblables à ceux qui ont pris d’assaut le Congrès mercredi, de « se tenir prêts » (« stand back and stand by »).
Alors que le vice-président, Mike Pence, et les membres du Congrès étaient évacués par une police rapidement débordée, les trumpistes, dont certains étaient armés, ont envahi le Parlement. Allant jusqu’au bout de sa folie destructrice et narcissique, Donald Trump a assisté à ces images de chaos depuis la Maison Blanche, a envoyé deux tweets demandant aux manifestants d’être pacifiques mais s’abstenant de leur ordonner de se retirer. Puis, jugeant que le spectacle avait assez duré, il a fini par leur demander de rentrer chez eux au bout de deux heures. Dans un message vidéo, il leur a dit qu’il les « aimait » et a répété que cette élection était « frauduleuse » [quelques heures plus tard, cette vidéo a été retirée des plates-formes et Twitter, Facebook et Instagram ont suspendu temporairement les comptes de Donald Trump]. Au même moment, la Garde nationale et des forces d’élite, enfin arrivées, se préparaient à évacuer les partisans trumpistes, avant un couvre-feu imposé à 18 heures locales par la maire de Washington.