Des pompes à chaleur surtout chinoises
Macron hier a fixé l’objectif d’un million de pompes à chaleur à installer d’ici 2027. Le seul problème c’est que la grande majorité de ces pompes contiennent des éléments chinois ou sont entièrement construites en Chine. Le chef de l’État a décidé de ce délai de 2027 pour espérer qu’une industrie française produise de manière significative ce mode de chauffage.
Se pose aussi la question de la disponibilité de l’électricité en période de pointe.
Dans une étude, l’UFC-Que Choisir s’interroge : « GRDF a calculé que [l'interdiction des nouvelles chaudières à gaz] augmentera fortement la pointe électrique en hiver et nécessitera 10 gigawatts de plus en 2035, soit l’équivalent de 10 réacteurs nucléaires supplémentaires », affirment les auteurs.
« Or, le premier EPR n’est toujours pas en service et aucun autre ne pourra l’être avant 2035, voire 2040. Quant aux énergies renouvelables, elles sont tellement mal-aimées en France qu’elles s’y développent trop lentement pour combler les nouveaux besoins. Pour couronner le tout, notre parc nucléaire a connu de grosses déconvenues l’hiver dernier et il vieillit », poursuivent-ils.
« On pourra faire face à la pointe de demande d’électricité si EDF optimise son parc nucléaire [comme demandé récemment par le gouvernement, ndlr] pour atteindre 350 térawattheures (TWh) dès 2025, mais aussi en doublant le volume d’énergies renouvelables, et en activant la sobriété et l’efficacité », explique un porte-parole de RTE.
L’autre objection majeure et la nationalité des pompes à chaleur en grande majorité importée de Chine. les pompes à chaleur seraient « très massivement importées de Chine », a affirmé Claire Waysand, directrice générale adjointe d’Engie. Une critique largement reprise, y compris au-delà du secteur gazier.
Fin 2024, l’Europe devrait produire autour de 2 millions d’unités par an. « Entre 5,5 et 6 milliards d’euros sont actuellement investis pour augmenter les capacités de production sur le continent », souligne l’Afpac.
Les PAC air/air, souvent bien moins chères et optimisées davantage pour le rafraîchissement, sont fabriquées à 60% sur le Vieux continent, notamment en Italie, Espagne, République tchèque, Allemagne ou Slovénie, selon les chiffres d’Uniclima. « Il y a eu un virage clair dès 2004, après la fameuse canicule de 2003 qui a entraîné des ruptures de stock », précise François Deroche, président de l’Afpac.
Une question se pose néanmoins sur le compresseur, un élément indispensable de la PAC pour transformer les calories prélevées dans l’environnement (air, eau, terre) en chaleur. « Aujourd’hui, la fabrication de ce composant reste majoritairement non européenne », admet-on à l’Afpac.
Il n’empêche que, là aussi, les industriels s’activent face à l’explosion de la demande, comme en République tchèque où un site de production de compresseurs a récemment vu le jour.
Une question se pose quand même à savoir la compétitivité des pompes à chaleur fabriquée en France et en Europe. Les BAC chinoises étant assez souvent plus compétitives comme pour les voitures électriques.