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Industrie d’armement: sous influence des polytechniciens

Industrie d’armement: sous influence des polytechniciens 

Les dirigeants des fabricants d’armes sont issus du même corps que les fonctionnaires chargés de la programmation, des commandes et des ventes d’armes, observe l’historien Hervé Joly dans une tribune au « Monde ».

 

(Une influence qui vaut quand même peut-être mieux que celle des énarques ! NDLR)

 

Tribune.

Le corps des ingénieurs de l’armement a été créé en France en 1968 par regroupement de corps militaires beaucoup plus anciens : ingénieurs des poudres, du génie maritime, de l’air, des fabrications d’armement, etc. La loi fondatrice leur donne une mission très large : « Ils participent à la conception et à la définition des programmes d’armement ; ils en préparent, dirigent et contrôlent l’exécution scientifique, technique et industrielle », mission qu’un décret de 2008 résume comme l’exercice des « fonctions de direction, de contrôle, d’inspection et de coordination dans toutes les activités relatives à l’armement ». Ce corps se recrute toujours majoritairement, avec une petite vingtaine de places par an, à la sortie de l’Ecole polytechnique, qui justifie ainsi, pour une faible part de ses élèves, son statut militaire.

Ainsi, les ingénieurs de l’armement conçoivent les programmes d’armement, les mettent en œuvre industriellement et surveillent leur exécution. Ils sont à la tête de la Direction générale de l’armement (DGA), créée en 1961, chargée à la fois de l’équipement des forces armées et de la promotion des exportations d’armement.

Mais ils sont aussi nombreux, à la direction des entreprises industrielles, qui répondent aux commandes de la DGA. Arracher de gros marchés à l’étranger repose moins sur une pression politique exogène que sur une véritable culture commune au milieu. Ce mélange des genres est d’autant plus naturel qu’une grande partie des industries d’armement sont publiques. Les manufactures d’armes, les poudreries, les arsenaux de la marine l’étaient de manière séculaire ; d’autres usines de guerre et les constructeurs aéronautiques s’y sont ajoutés avec les nationalisations du Front populaire en 1936.

L’influence des polytechniciens

Encore aujourd’hui, malgré les politiques de privatisations massives menées depuis trente-cinq ans dans le secteur public, l’industrie d’armement reste en grande partie sous le contrôle de l’Etat. Le groupe Nexter, héritier des manufactures d’armes intégrées ensuite dans GIAT Industries, rassemble pour l’essentiel les fabrications d’armement terrestre (fusils, canons, chars, etc.), ainsi que, depuis la reprise de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) en 2013, les usines de munitions ; les effectifs salariés ont considérablement fondu, de plus de 18 000 au début des années 1990 à 3 300 aujourd’hui en France, malgré des activités conservées sur ses sites historiques de Bourges, Tulle ou Roanne. Depuis une fusion avec l’entreprise allemande Krauss-Maffei Wegmann (KMW) en 2015, Nexter dépend d’une société holding de droit néerlandais, dont le capital fait l’objet d’un étonnant partage à égalité entre l’Etat français et la famille propriétaire de KMW ; l’entreprise est dirigée par un polytechnicien ingénieur de l’armement venu d’Airbus, où il pilotait les activités spatiales, après avoir été conseiller du ministre de la défense Charles Millon en 1996.

La France dirigée par la mafia des énarques et des polytechniciens

La France dirigée par la mafia des énarques et des polytechniciens

 

De nombreuses réformes se justifient en France pour redresser le pays sans doute condamné au déclin pour longtemps. Parmi ces réformes, il conviendrait de manière urgente d’interdire aux énarques et polytechniciens de passer leur poste de haut fonctionnaire, à celui de conseiller technique des politiques puis à la tête des directions des plus grandes entreprises (publiques comme privées) ; le centralisme économique, politique et administratif français privilégie ce recrutement de hauts fonctionnaires qui se renvoient l’ascenseur. La plupart des grandes entreprises, des banques et autres institutions sont dirigés par ces hauts fonctionnaires qui ont utilisé leur proximité avec les politiques pour accéder aux plus hautes fonctions. La plupart n’ont pas mis un sou dans ces sociétés, ils se sont attribués des stocks option et progressivement se sont accaparés tous les pouvoirs (en nommant par exemple leurs amis dans les conseils d’administration° ; Conseil d’administration dans lesquels il ne se passe strictement rien et dont on obtient le soutien avec de généraux jetons de présence. Même quand les entreprises font faillite ou ont des difficultés financière, les patrons ont préservé leurs intérêts (prise de participation illicites, stock option, retraite confortable, primes de départ etc. etc.). C’est le capitalisme à la française. Dan le même temps ceux qui font tourner l’économie et qui créent de l’emploi sont le plus souvent managés par des patrons qui parviennent tout juste à se rémunérer correctement. Raymond Barre à son époque avait provoqué une vraie révolution en proposant d’interdire aux fonctionnaires de faire de la politique, on devrait ajouter aujourd’hui de se servir de la politique, car la plupart des conseillers techniques des cabinets ministériels n’ont qu’une idée en tête, profiter de ce passe pour accéder à la direction d’une grande société ou d’une grande institution. . Le pire c’est quand ces anciens fonctionnaires se convertissent au libéralisme sauvage eux qui n’ont jamais pris le moindre risque personnel. Et qui à leur incompétence ajoute la morgue, prétention et le mépris.




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