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La question des polluants éternels dans l’eau

La question des polluants éternels dans l’eau

On les appelle « polluants éternels ». La pollution aux PFAS (substances per – et polyfluoroalkylées, dont certaines sont considérées comme cancérogènes) présente aujourd’hui de réels enjeux sanitaires et environnementaux. Début avril, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à mieux protéger la population contre ces substances. Le Sénat doit encore examiner ce texte le 30 mai.Au-delà de l’enjeu réglementaire, il subsiste un certain nombre de verrous scientifiques, technologiques et industriels à lever avant de pouvoir apporter des solutions durables au problème. À commencer par l’inventaire exhaustif des PFAS produits et leurs usages, mais également la dégradation de ces composés dans l’environnement qui peut conduire à la formation de nouveaux PFAS… Ainsi, il ne s’agit pas seulement de surveiller une poignée de composés connus, mais potentiellement jusqu’à plusieurs millions de molécules différentes.

par , Qualité des eaux souterraines, BRGM  Environmental Monitoring Project manager, BRGM dans The Conversation 

Commençons par les définitions : de quoi parle-t-on lorsqu’on parle de PFAS ? Il s’agit de molécules de synthèse dotées de liaisons très résistantes entre des atomes de carbone et de fluor, et possédant un ou plusieurs groupes fonctionnels.

Concrètement, il s’agit de molécules répondant à des besoins très divers et ayant une définition chimique très large, comme le rappelait l’OCDE en 2021. On décompte plusieurs milliers de molécules PFAS, dont des polymères comme le polytétrafluoroéthylène (PTFE) ou le polyfluorure de vinylidène (PVDF), qui ont la particularité d’être de très grosses molécules.

Avant d’être des polluants éternels, les PFAS sont surtout des polluants omniprésents. Des travaux de recherche ont permis de constater que les PFAS sont présents partout dans l’environnement : les sols, les sédiments, l’air et les eaux, aussi bien les eaux de surface que les eaux souterraines et même la pluie. La faune terrestre et aquatique, la flore et la population humaine sont également impactées.

De nombreuses zones du globe sont concernées. Selon les estimations de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), entre 117 000 tonnes et 442 000 tonnes de PFAS ont été mis sur le marché européen en 2020.

Leur production, jadis localisée aux États-Unis, en Europe de l’Ouest et au Japon, se déplace ces dernières années vers l’Asie, notamment vers la Chine qui est aujourd’hui le principal pays producteur et l’Inde.

Cette délocalisation s’explique par les réglementations successives mises en œuvre aux États-Unis et en Europe. Selon l’ONG ChemSec, 12 compagnies seraient responsables à elles seules de la majorité de la production mondiale de PFAS.
Cette ubiquité s’explique par la diversité des sources de PFAS et de leurs voies de dissémination. Ils sont introduits dans les sols et les milieux aquatiques par des pollutions industrielles liées à leur production et leur utilisation dans de nombreux procédés industriels, produits manufacturés et le recours à certaines mousses anti-incendie. Enfin, l’usage de produits du quotidien contenant des PFAS conduit à les retrouver dans les eaux usées et les déchets.

Jusqu’à présent, les stations de traitements des eaux usées « classiques » n’ont pas été dimensionnées pour traiter ces composés de manière spécifique. Elles peuvent ainsi être une source indirecte de contamination, via le rejet des eaux usées après traitement, mais également lors de l’épandage des boues d’épuration, qui sont utilisées comme amendement des sols agricoles.

Les sites de stockage de déchets, quand ils ne sont pas maîtrisés, peuvent conduire à l’infiltration et au ruissellement de lixiviats – c’est-à-dire les liquides résiduels après lessivage par la pluie – contaminés par les PFAS. De même, les usines d’incinération des déchets peuvent contribuer à une dispersion de PFAS vers l’atmosphère, notamment en cas de combustion incomplète.

Comment les PFAS polluent les nappes phréatiques et les écosystèmes lointains
Une fois celles-ci dispersées dans l’environnement, le comportement des molécules va varier en fonction de la longueur de leur chaîne carbonée (selon le nombre d’atome de carbone qu’elles contiennent) et de la nature chimique de leur groupe fonctionnel.
Par exemple, l’acide perfluorobutanoïque (PFBA), qui contient une chaîne de quatre atomes de carbones, est plus mobile que l’acide perfluorononanoïque (PFNA), qui a une chaîne de neuf atome de carbone.
Mais certains groupes chimiques influencent aussi la mobilité de la molécule. Ainsi l’acide perfluorooctanoïque (PFOA) est plus mobile que l’acide perfluorooctane sulfonique (PFOS) alors qu’ils contiennent tous deux huit atomes de carbone. Ils diffèrent en réalité par leurs groupes fonctionnels, le premier ayant un groupe carboxylique et le second sulfonique.
Les molécules les moins mobiles vont alors s’accumuler dans le sol et les sédiments, qui vont constituer des stocks secondaires de PFAS qui seront progressivement relargués dans l’environnement à plus ou moins long terme.

Les molécules les plus mobiles, de leur côté, vont s’infiltrer rapidement vers les eaux souterraines ou ruisseler vers les eaux de surface. Elles peuvent migrer sur de longues distances et in fine s’accumuler dans les aquifères, les lacs et les océans et contaminer tous les écosystèmes, même les plus lointains.

Plusieurs études ont ainsi démontré la contamination de la faune sauvage (tels que les ours polaires et les oiseaux marins) via la contamination de la chaîne alimentaire – c’est-à-dire, en se nourrissant d’autres espèces déjà polluées.
Devant ce constat, on comprend pourquoi il est si complexe de légiférer pour mettre en œuvre les mesures préventives et correctives visant à réduire les risques pour la santé humaine et l’environnement.

La situation est d’autant plus délicate qu’il subsiste encore des inconnues scientifiques entourant la toxicité à court ou long terme de certains PFAS. En plus de leur toxicité, la mobilité et la persistance de ces molécules dans l’environnement est un véritable problème notamment pour l’eau potable.

En conséquence, la communauté scientifique n’hésite pas à monter au créneau. Dès 2015, des scientifiques ont appelé à bannir les PFAS. Par la suite, plusieurs pays européens ont déposé, le 13 janvier 2023, une proposition visant à restreindre ou à interdire la plupart des usages des PFAS, à moins qu’il ne soit prouvé un usage essentiel pour la société. Celle-ci couvre environ 10 000 PFAS, dont les polymères.

En attendant que cette démarche au niveau de l’Union européenne aboutisse, la France a elle aussi entamé un processus législatif en proposant d’interdire les vêtements, cosmétiques et farts (revêtement sous les skis) contenant des PFAS à partir de 2026. Le 4 avril 2024, l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité [cette proposition de loi]. Elle doit désormais être examinée par le Sénat le 30 mai.

Les récents débats autour de cette proposition de loi montrent qu’obtenir un consensus sur l’interdiction totale des PFAS sera un processus long. Quelle que soit l’issue du processus législatif, des émissions de PFAS restent en cours dans l’environnement. Il faut donc protéger les ressources en eau d’une part, et mieux caractériser les contaminations d’autre part pour protéger la santé humaine et l’environnement.
Les réglementations actuelles prévoient aujourd’hui plusieurs programmes de surveillance pour appréhender à grande échelle la contamination des ressources en eau en France. Ces données nationales sont librement accessibles au grand public sur les sites de l’ADES et de NAIADES.

Il existe plusieurs listes de paramètres à mesurer régulièrement. D’abord dans les eaux de surface :

L’acide perfluorooctane sulfonique(PFOS) est suivi dans les eaux de surface depuis 2013.

Ce suivi a été complété en 2022 par quatre autres composés : l’acide perfluoro-octanoïque (PFOA), l’acide perfluorohexanoïque (PFHxA), l’acide perfluoro-decanoïque (PFDA) et l’acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS).

Et dans les eaux souterraines :

Depuis 2015, il est obligatoire de mesurer six composés. Outre les PFOS, PFOA, PFHxA et PFHxS également suivis dans les eaux de surface, sont également suivis l’acide perfluoroheptanoïque (PFHpA) et l’acide perfluorodécane sulfonique (PFDS).

Depuis 2022, la liste a été complétée et contient désormais 20 composés PFAS. Ce sont les mêmes que ceux que l’on suit pour l’eau potable, destinée à la consommation humaine.
La difficulté est de faire l’inventaire exhaustif des PFAS utilisés ou rejetés par chaque industriel. C’est l’un des principaux écueils dans la définition et l’exploitation des données de surveillance, tant pour les eaux potables que pour la surveillance des eaux douces ou des rejets.
Le PTFE (ou Téflon) utilisé comme revêtement dans les poêles anti-adhésives est source de pollution aux PFAS. JPC24M / Flickr, CC BY-SA
Dans ce contexte, en juin 2023, La France a publié un arrêté ministériel relatif à l’analyse des PFAS dans les rejets aqueux de certaines installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Au-delà de la liste des 20 PFAS à suivre, déjà surveillés dans les eaux destinées à la consommation humaine, les industriels doivent désormais également rechercher les molécules spécifiques à leurs procédés.

Par ailleurs, entre les étapes de synthèse des PFAS et leurs utilisations dans procédés industriels, il y a transformation des molécules, et potentiellement formation de nouveaux produits, parfois inconnus. A partir des PFAS émis dans l’environnement, des produits de dégradation peuvent également se former, dont les PFAS les plus persistants, dits polluants éternels. Selon la littérature scientifique, jusqu’à plusieurs millions de composés PFAS pourraient exister.
Ainsi, la mise en place de ces réglementations implique que les organismes en charge de cette surveillance et les industriels soient en mesure de lister les composés et de réaliser les analyses. Il faut également que toute la chaîne soit opérationnelle, du prélèvement à l’analyse.

La surveillance des PFAS dépend donc directement de l’existence – ou non – de méthodes d’analyse adaptées. Bien que les méthodes analytiques pour les PFAS soient en constant développement, nous sommes, à l’heure actuelle, bien loin de pouvoir tous les analyser. A ce jour, on évalue à seulement une centaine le nombre de molécules pouvant être analysées, et pas dans tous les laboratoires.

Devant la quantité de molécules à surveiller, les chercheurs se tournent de plus en plus vers de nouvelles méthodes dites « globales », qui ont l’ambition d’évaluer la teneur totale en molécules fluorées, de façon non spécifique. Cependant, par rapport aux approches conventionnelles, elles ne permettent pas de quantifier individuellement chaque PFAS.

Malgré les évolutions encore nécessaires, ces données permettent de commencer à étudier le comportement, le devenir et l’impact des PFAS dans l’environnement. Mais les difficultés restent nombreuses, à commencer par la multiplicité des molécules de la famille des PFAS et des différences de comportements qu’elles peuvent présenter.

Des approches expérimentales sont donc nécessaires, sans qu’il soit possible, d’évaluer, de manière exhaustive, l’ensemble des molécules. C’est pourquoi aujourd’hui, des recherches – comme le projet PROMISCES coordonné par le BRGM – sont menées avec l’apport d’approches numériques (in silico) qui ont pour objectif de prédire les propriétés physico-chimiques et toxicologiques des PFAS.

La quantité de travaux scientifiques menés sur les PFAS augmente : plus de 350 publications en 2023 contre une dizaine en 2010. De quoi mieux comprendre leur comportement dans l’environnement et leurs propriétés toxicologiques. Le plan interministériel PFAS vise justement à soutenir l’acquisition de données dans tous les milieux potentiellement impactés et à accompagner l’évolution à venir des différentes réglementations.

« Polluants éternels »,PFAS : Ce qu’il faut savoir ?

« Polluants éternels »,PFAS : Ce qu’il faut savoir ?

 

Toxicologue, directeur de l’unité Inserm « pharmacologie, toxicologie et signalisation cellulaire » et chef du service de biochimie métabolique à l’hôpital Necker-enfants malades, Robert Barouki  présente les problèmes posés par ces polluants très persistants dans The Conversation.


The Conversation : que sont les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, plus connues sous l’acronyme « PFAS » (prononcer « pifasse ») ?

Robert Barouki : Le terme PFAS désigne une classe de produits chimiques synthétiques présentant la particularité de posséder dans leur structure une chaîne d’atomes de carbone et de fluor plus ou moins longue.

En raison de leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes, ainsi que de leur bonne résistance à la chaleur et de leur grande stabilité chimique, ils entrent aujourd’hui dans la composition de très nombreux produits du quotidien (lubrifiants, peintures, imperméabilisants, mousses ignifuges destinées à la lutte anti-incendie, emballages alimentaires, fils dentaires, cosmétiques, ustensiles de cuisine…).

The Conversation : cette large utilisation pose problème, car un nombre croissant d’études montre que les PFAS ont des effets délétères sur la santé…

RB : En 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le PFOA (perfluorooctanoic acid ou PFOA en anglais) comme « cancérogène pour les humains » et le (perfluorooctanesulfonic acid ou PFOS en anglais) comme substance « cancérogène possible pour les humains ».

Au-delà du risque de cancer lié aux PFAS, on sait aujourd’hui que ces produits posent également d’autres problèmes.

L’un des plus préoccupants est leur capacité à perturber la réponse immunitaire. Les travaux de Philippe Grandjean avaient montré dès le début des années 2010 que plus des enfants présentaient des taux élevés de contamination par des composés perfluorés, moins leur réponse à la vaccination était efficace (leur corps produisant moins d’anticorps).

Ces résultats sont très solides, car ils ont pu être reproduits expérimentalement chez l’animal.

Par ailleurs, les effets des PFAS ont aussi été constatés lors de contaminations de l’environnement comme celle, emblématique, survenue à Parkesburg, aux États-Unis. Les travaux scientifiques menés alors ont établi un lien entre l’exposition aux PFAS (notamment via les eaux de boisson) et diverses pathologies : l’hypercholestérolémie, la colite ulcéreuse, les maladies thyroïdiennes, le cancer des testicules, le cancer du rein et l’hypertension induite par la grossesse.

 

Au-delà des altérations des fonctions immunitaires et de l’augmentation du risque de cancers, des études épidémiologiques ont révélé des associations entre l’exposition à certains PFAS spécifiques et divers problèmes de santé : problèmes thyroïdiens, maladies hépatiques et rénales, dysrégulation des lipides et de l’insuline, effets néfastes sur la reproduction et le développement (les femmes exposées aux PFAS durant la grossesse donnent naissance à des bébés dont le poids de naissance est moindre)…

Le problème est que l’on dénombre à l’heure actuelle plusieurs milliers de PFAS, or les travaux scientifiques ne portent que sur quelques-uns d’entre eux seulement. En 2020, l’Autorité européenne de sécurité des aliments – EFSA – a évalué les risques et fixé la dose admissible dans la nourriture pour quatre d’entre eux seulement : le PFOA, le PFOS, l’acide perfluorononanoïque (PFNA) et l’acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS).

The Conversation : comment se contamine-t-on ?

RB : Toujours selon l’EFSA, ce sont les produits de la mer, les œufs et les viandes qui contribuent le plus à la contamination par le PFOA et le PFOS. À ce titre, il est intéressant de souligner que les contaminations par les PFAS sont un peu atypiques, elles sont plus élevées dans les catégories socioprofessionnelles plus favorisées, car les personnes qui sont plus à l’aise financièrement consomment plus de poissons ou de produits de la mer.

L’eau destinée à la consommation peut aussi être une source d’exposition, tout comme l’air intérieur et extérieur, les poussières ou les sols contaminés. Des expositions professionnelles peuvent aussi se produire, dans divers secteurs industriels (industrie chimique, textile, électronique…). Les niveaux d’imprégnation les plus élevés sont d’ailleurs relevés chez les employés de sites de fabrication de PFAS.

Une étude récente menée en Europe a révélé que nous avons presque tous des PFAS en nous et qu’environ 10 à 15 % de la population présente une concentration sanguine en PFAS qui dépasse la valeur seuil (celle-ci a été établie de façon très conservative, il ne s’agit pas d’une valeur établissant un seuil de toxicité). Comme avec tous les polluants, les contaminations qui concernent les femmes enceintes et les enfants sont considérées comme les plus problématiques.

The Conversation : la situation est d’autant plus préoccupante que les PFAS sont partout, et pour longtemps…

RB : L’EFSA classe les PFAS dans la catégorie des composés très persistants et très mobiles (« very persistent, very mobile »).

Très persistants, car les PFAS sont très stables. Ils ne sont pas dégradés dans l’environnement, et une fois qu’ils pénètrent dans notre organisme, il est très difficile de les en chasser. Contrairement à certains autres polluants comme le bisphénol A, qui vont être éliminés rapidement dès lors que l’on cesse d’y être exposé, les PFAS persistent dans le corps pendant plusieurs années. Par ailleurs, leurs propriétés chimiques leur permettent de se fixer aux protéines, ils peuvent donc se retrouver un peu partout dans l’organisme.

Malheureusement, les effets de la fixation des PFAS sur les fonctions des protéines ont été très peu étudiés, on ne sait donc pas vraiment quelles en sont les conséquences. Actuellement, on ne connaît pas vraiment le mécanisme d’action de ces composés.

Outre la grande stabilité chimique des PFAS, une autre de leurs propriétés est très problématique. Si l’on observe une molécule de PFAS, on constate qu’elle possède un côté hydrophile (qui aime l’eau) et un côté très hydrophobe (qui aime le gras). Résultat : les PFAS sont à la fois solubles dans les graisses et dans l’eau. Cela les rend très mobiles dans l’environnement. Une fois dans les sols, ils vont pouvoir diffuser, et entraîner non seulement une contamination de la terre ou des sédiments, mais aussi des eaux. Ils peuvent ainsi se retrouver à très grande distance des endroits où ils ont été produits, utilisés, ou jetés (décharges)…

Étant donné l’analogie de structure qui existe entre les milliers de PFAS connus, la grande question est de savoir si les propriétés des trois ou quatre molécules qui ont été le plus étudiées sont partagées par toutes les autres… C’est probable, mais le problème est que pour l’établir scientifiquement, il faudrait refaire les mêmes études sur chaque PFAS connu, ce qui prendrait des décennies…

The Conversation : à ce sujet, les tests réglementaires actuels sont-ils adaptés ?

RB : Il ne faut pas négliger l’avancée qu’a constituée le fait d’imposer des tests réglementaires à l’industrie avant la mise sur le marché de nouveaux produits. Initialement, les tests étaient très rudimentaires. La contrepartie à la mise en place de tests plus élaborés et bien construits a été d’en limiter le nombre.

Le problème est que l’évolution de ces tests se fait très lentement, en regard des nouvelles découvertes scientifiques. Un exemple emblématique est la question des effets de perturbation endocrinienne de certains produits chimiques. Leur existence, soupçonnée depuis les années 1960, a été démontrée depuis plusieurs décennies. Pourtant, à l’heure actuelle, les tests réglementaires ne sont toujours pas conçus pour détecter de tels effets.

Même chose pour l’immunotoxicité : des tests existent, mais ils ne sont pas tous obligatoires. Or, dans le cas des PFAS, c’est la toxicité sur le système immunitaire qui a permis d’établir la valeur seuil. Cela ne correspond pas du tout à l’approche classique (habituellement on se base plutôt sur les effets en matière de cancérogenèse ainsi que quelques autres impacts), et plaide donc pour une évolution des tests pour prendre systématiquement en compte ce genre d’effet.

Le problème est que les modifications proposées doivent être acceptées par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Or, le processus est très lent, et très lourd. Il peut prendre jusqu’à 10 ans. Cela décourage beaucoup de chercheurs, d’autant plus que ces travaux ne sont pas valorisables en tant que recherches scientifiques. Or, les chercheurs sont financés pour trouver de nouveaux résultats, pas pour établir des protocoles de test.

Il faudrait probablement créer un organisme dédié à ce genre de mise au point.

The Conversation : pourrait-on imaginer des alternatives aux PFAS ?

RB : Intellectuellement, je n’exclue pas que la possibilité de mettre au point des composés qui soient dotés des mêmes propriétés, tout en étant plus inoffensifs. Il n’y a pas de raison fondamentale pour que lesdites propriétés soient fatalement associées à de la toxicité. Mais l’on ne pourra en être certain que le jour où l’on comprendra vraiment le mécanisme d’action aboutissant à la toxicité que l’on constate.

En tout cas, pour le moment, je ne pense pas qu’il existe de substituant assez convaincant. Il y a quelques années, on avait parlé du GenX, un PFAS dont la demi-vie (temps nécessaire à une diminution de moitié de la concentration, ndlr) est un peu plus courte que les autres. Mais on s’est aperçu ensuite que lui aussi pose problème

The Conversation : un projet de loi visant à interdire l’utilisation des PFAS est en discussion en France. Le texte a été adopté à l’Assemblée, cependant les députés ont voté pour exclure les ustensiles de cuisine, sous la pression des industriels. Qu’en penser ?

RB : Il est toujours difficile de passer de la science à la décision politique. Il faut souligner que les revêtements des ustensiles de cuisine sont constitués de polymères. Dans un tel cas, les données scientifiques disponibles semblent indiquer que la toxicité n’est pas aussi inquiétante que dans le cas de PFAS « liquides », tels que le PFOA ou le PFOS. Cependant, on dispose de moins d’études concernant les polymères, et de nombreuses questions demeurent : que se passe-t-il quand ils se dégradent ? Risque-t-on d’absorber des particules de polymères ? Avec quelles conséquences ?


Par ailleurs, pour les produire, il faut recourir à des PFAS sous des formes plus problématiques, ce qui pose la question des contaminations professionnelles ou environnementales. Il aurait peut-être été préférable d’interdire également les polymères, tout en accordant un délai aux industriels. Fixer une date limite les aurait probablement poussés à rechercher des alternatives.

The Conversation : faudrait-il envisager un étiquetage spécifique des produits qui contiennent des PFAS ?

RB : Les gens devraient être informés de la composition des produits de consommation, afin de pouvoir connaître les risques et décider s’ils choisissent ou non de s’y exposer. Je suis personnellement favorable à la mise en place d’un étiquetage de type « Toxi-score », inspiré du logo alimentaire « Nutri-score ».

Un tel affichage pourrait également pousser les industriels à rechercher des solutions alternatives, afin de faire du « sans PFAS » un argument marketing…

The Conversation : est-ce qu’il faudrait envisager une recherche systématique des PFAS sur tout le territoire ?

RB : Faire un état des lieux national pourrait être à envisager, même si les zones à surveiller en priorité sont bien entendu celles où sont produits les PFAS.

Quant à l’intérêt d’effectuer un suivi régulier dans le temps, la question mérite d’être posée, mais il est difficile d’y répondre.

The Conversation : existe-t-il des solutions pour décontaminer l’environnement… ou l’être humain ?

RB : C’est très compliqué. Des systèmes de filtration ou d’extraction par chromatographie peuvent améliorer la qualité de l’eau, mais sans éliminer complètement les PFAS. En ce qui concerne les sols, malheureusement, il n’y a pas de solution. On pourrait imaginer essayer de prélever la terre polluée, la traiter, puis la remettre dans le milieu. Des tests en ce sens sont actuellement menés en laboratoire, mais il est inenvisageable de pouvoir les déployer à grande échelle. La situation présente beaucoup de similitudes avec le problème du chlordécone aux Antilles

Quant à employer des médicaments pour éliminer les PFAS de l’organisme, je suis très méfiant. Cela pourrait être une approche à envisager dans le cas d’une contamination massive de travailleurs, par exemple. Une étude a notamment montré que des chélateurs utilisés pour traiter le cholestérol peuvent diminuer de moitié la quantité de PFAS dans le sang. Mais ce n’est pas une solution envisageable à l’échelle d’une population, car tout médicament peut, lui aussi, présenter une certaine toxicité.

PFAS,« polluants éternels »: Ce qu’il faut savoir ?

PFAS,« polluants éternels »: Ce qu’il faut savoir ?

 

Toxicologue, directeur de l’unité Inserm « pharmacologie, toxicologie et signalisation cellulaire » et chef du service de biochimie métabolique à l’hôpital Necker-enfants malades, Robert Barouki  présente les problèmes posés par ces polluants très persistants dans The Conversation.


The Conversation : que sont les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, plus connues sous l’acronyme « PFAS » (prononcer « pifasse ») ?

Robert Barouki : Le terme PFAS désigne une classe de produits chimiques synthétiques présentant la particularité de posséder dans leur structure une chaîne d’atomes de carbone et de fluor plus ou moins longue.

En raison de leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes, ainsi que de leur bonne résistance à la chaleur et de leur grande stabilité chimique, ils entrent aujourd’hui dans la composition de très nombreux produits du quotidien (lubrifiants, peintures, imperméabilisants, mousses ignifuges destinées à la lutte anti-incendie, emballages alimentaires, fils dentaires, cosmétiques, ustensiles de cuisine…).

The Conversation : cette large utilisation pose problème, car un nombre croissant d’études montre que les PFAS ont des effets délétères sur la santé…

RB : En 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le PFOA (perfluorooctanoic acid ou PFOA en anglais) comme « cancérogène pour les humains » et le (perfluorooctanesulfonic acid ou PFOS en anglais) comme substance « cancérogène possible pour les humains ».

Au-delà du risque de cancer lié aux PFAS, on sait aujourd’hui que ces produits posent également d’autres problèmes.

L’un des plus préoccupants est leur capacité à perturber la réponse immunitaire. Les travaux de Philippe Grandjean avaient montré dès le début des années 2010 que plus des enfants présentaient des taux élevés de contamination par des composés perfluorés, moins leur réponse à la vaccination était efficace (leur corps produisant moins d’anticorps).

Ces résultats sont très solides, car ils ont pu être reproduits expérimentalement chez l’animal.

Par ailleurs, les effets des PFAS ont aussi été constatés lors de contaminations de l’environnement comme celle, emblématique, survenue à Parkesburg, aux États-Unis. Les travaux scientifiques menés alors ont établi un lien entre l’exposition aux PFAS (notamment via les eaux de boisson) et diverses pathologies : l’hypercholestérolémie, la colite ulcéreuse, les maladies thyroïdiennes, le cancer des testicules, le cancer du rein et l’hypertension induite par la grossesse.

 

Au-delà des altérations des fonctions immunitaires et de l’augmentation du risque de cancers, des études épidémiologiques ont révélé des associations entre l’exposition à certains PFAS spécifiques et divers problèmes de santé : problèmes thyroïdiens, maladies hépatiques et rénales, dysrégulation des lipides et de l’insuline, effets néfastes sur la reproduction et le développement (les femmes exposées aux PFAS durant la grossesse donnent naissance à des bébés dont le poids de naissance est moindre)…

Le problème est que l’on dénombre à l’heure actuelle plusieurs milliers de PFAS, or les travaux scientifiques ne portent que sur quelques-uns d’entre eux seulement. En 2020, l’Autorité européenne de sécurité des aliments – EFSA – a évalué les risques et fixé la dose admissible dans la nourriture pour quatre d’entre eux seulement : le PFOA, le PFOS, l’acide perfluorononanoïque (PFNA) et l’acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS).

The Conversation : comment se contamine-t-on ?

RB : Toujours selon l’EFSA, ce sont les produits de la mer, les œufs et les viandes qui contribuent le plus à la contamination par le PFOA et le PFOS. À ce titre, il est intéressant de souligner que les contaminations par les PFAS sont un peu atypiques, elles sont plus élevées dans les catégories socioprofessionnelles plus favorisées, car les personnes qui sont plus à l’aise financièrement consomment plus de poissons ou de produits de la mer.

L’eau destinée à la consommation peut aussi être une source d’exposition, tout comme l’air intérieur et extérieur, les poussières ou les sols contaminés. Des expositions professionnelles peuvent aussi se produire, dans divers secteurs industriels (industrie chimique, textile, électronique…). Les niveaux d’imprégnation les plus élevés sont d’ailleurs relevés chez les employés de sites de fabrication de PFAS.

Une étude récente menée en Europe a révélé que nous avons presque tous des PFAS en nous et qu’environ 10 à 15 % de la population présente une concentration sanguine en PFAS qui dépasse la valeur seuil (celle-ci a été établie de façon très conservative, il ne s’agit pas d’une valeur établissant un seuil de toxicité). Comme avec tous les polluants, les contaminations qui concernent les femmes enceintes et les enfants sont considérées comme les plus problématiques.

The Conversation : la situation est d’autant plus préoccupante que les PFAS sont partout, et pour longtemps…

RB : L’EFSA classe les PFAS dans la catégorie des composés très persistants et très mobiles (« very persistent, very mobile »).

Très persistants, car les PFAS sont très stables. Ils ne sont pas dégradés dans l’environnement, et une fois qu’ils pénètrent dans notre organisme, il est très difficile de les en chasser. Contrairement à certains autres polluants comme le bisphénol A, qui vont être éliminés rapidement dès lors que l’on cesse d’y être exposé, les PFAS persistent dans le corps pendant plusieurs années. Par ailleurs, leurs propriétés chimiques leur permettent de se fixer aux protéines, ils peuvent donc se retrouver un peu partout dans l’organisme.

Malheureusement, les effets de la fixation des PFAS sur les fonctions des protéines ont été très peu étudiés, on ne sait donc pas vraiment quelles en sont les conséquences. Actuellement, on ne connaît pas vraiment le mécanisme d’action de ces composés.

Outre la grande stabilité chimique des PFAS, une autre de leurs propriétés est très problématique. Si l’on observe une molécule de PFAS, on constate qu’elle possède un côté hydrophile (qui aime l’eau) et un côté très hydrophobe (qui aime le gras). Résultat : les PFAS sont à la fois solubles dans les graisses et dans l’eau. Cela les rend très mobiles dans l’environnement. Une fois dans les sols, ils vont pouvoir diffuser, et entraîner non seulement une contamination de la terre ou des sédiments, mais aussi des eaux. Ils peuvent ainsi se retrouver à très grande distance des endroits où ils ont été produits, utilisés, ou jetés (décharges)…

Étant donné l’analogie de structure qui existe entre les milliers de PFAS connus, la grande question est de savoir si les propriétés des trois ou quatre molécules qui ont été le plus étudiées sont partagées par toutes les autres… C’est probable, mais le problème est que pour l’établir scientifiquement, il faudrait refaire les mêmes études sur chaque PFAS connu, ce qui prendrait des décennies…

The Conversation : à ce sujet, les tests réglementaires actuels sont-ils adaptés ?

RB : Il ne faut pas négliger l’avancée qu’a constituée le fait d’imposer des tests réglementaires à l’industrie avant la mise sur le marché de nouveaux produits. Initialement, les tests étaient très rudimentaires. La contrepartie à la mise en place de tests plus élaborés et bien construits a été d’en limiter le nombre.

Le problème est que l’évolution de ces tests se fait très lentement, en regard des nouvelles découvertes scientifiques. Un exemple emblématique est la question des effets de perturbation endocrinienne de certains produits chimiques. Leur existence, soupçonnée depuis les années 1960, a été démontrée depuis plusieurs décennies. Pourtant, à l’heure actuelle, les tests réglementaires ne sont toujours pas conçus pour détecter de tels effets.

Même chose pour l’immunotoxicité : des tests existent, mais ils ne sont pas tous obligatoires. Or, dans le cas des PFAS, c’est la toxicité sur le système immunitaire qui a permis d’établir la valeur seuil. Cela ne correspond pas du tout à l’approche classique (habituellement on se base plutôt sur les effets en matière de cancérogenèse ainsi que quelques autres impacts), et plaide donc pour une évolution des tests pour prendre systématiquement en compte ce genre d’effet.

Le problème est que les modifications proposées doivent être acceptées par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Or, le processus est très lent, et très lourd. Il peut prendre jusqu’à 10 ans. Cela décourage beaucoup de chercheurs, d’autant plus que ces travaux ne sont pas valorisables en tant que recherches scientifiques. Or, les chercheurs sont financés pour trouver de nouveaux résultats, pas pour établir des protocoles de test.

Il faudrait probablement créer un organisme dédié à ce genre de mise au point.

The Conversation : pourrait-on imaginer des alternatives aux PFAS ?

RB : Intellectuellement, je n’exclue pas que la possibilité de mettre au point des composés qui soient dotés des mêmes propriétés, tout en étant plus inoffensifs. Il n’y a pas de raison fondamentale pour que lesdites propriétés soient fatalement associées à de la toxicité. Mais l’on ne pourra en être certain que le jour où l’on comprendra vraiment le mécanisme d’action aboutissant à la toxicité que l’on constate.

En tout cas, pour le moment, je ne pense pas qu’il existe de substituant assez convaincant. Il y a quelques années, on avait parlé du GenX, un PFAS dont la demi-vie (temps nécessaire à une diminution de moitié de la concentration, ndlr) est un peu plus courte que les autres. Mais on s’est aperçu ensuite que lui aussi pose problème

The Conversation : un projet de loi visant à interdire l’utilisation des PFAS est en discussion en France. Le texte a été adopté à l’Assemblée, cependant les députés ont voté pour exclure les ustensiles de cuisine, sous la pression des industriels. Qu’en penser ?

RB : Il est toujours difficile de passer de la science à la décision politique. Il faut souligner que les revêtements des ustensiles de cuisine sont constitués de polymères. Dans un tel cas, les données scientifiques disponibles semblent indiquer que la toxicité n’est pas aussi inquiétante que dans le cas de PFAS « liquides », tels que le PFOA ou le PFOS. Cependant, on dispose de moins d’études concernant les polymères, et de nombreuses questions demeurent : que se passe-t-il quand ils se dégradent ? Risque-t-on d’absorber des particules de polymères ? Avec quelles conséquences ?


Par ailleurs, pour les produire, il faut recourir à des PFAS sous des formes plus problématiques, ce qui pose la question des contaminations professionnelles ou environnementales. Il aurait peut-être été préférable d’interdire également les polymères, tout en accordant un délai aux industriels. Fixer une date limite les aurait probablement poussés à rechercher des alternatives.

The Conversation : faudrait-il envisager un étiquetage spécifique des produits qui contiennent des PFAS ?

RB : Les gens devraient être informés de la composition des produits de consommation, afin de pouvoir connaître les risques et décider s’ils choisissent ou non de s’y exposer. Je suis personnellement favorable à la mise en place d’un étiquetage de type « Toxi-score », inspiré du logo alimentaire « Nutri-score ».

Un tel affichage pourrait également pousser les industriels à rechercher des solutions alternatives, afin de faire du « sans PFAS » un argument marketing…

The Conversation : est-ce qu’il faudrait envisager une recherche systématique des PFAS sur tout le territoire ?

RB : Faire un état des lieux national pourrait être à envisager, même si les zones à surveiller en priorité sont bien entendu celles où sont produits les PFAS.

Quant à l’intérêt d’effectuer un suivi régulier dans le temps, la question mérite d’être posée, mais il est difficile d’y répondre.

The Conversation : existe-t-il des solutions pour décontaminer l’environnement… ou l’être humain ?

RB : C’est très compliqué. Des systèmes de filtration ou d’extraction par chromatographie peuvent améliorer la qualité de l’eau, mais sans éliminer complètement les PFAS. En ce qui concerne les sols, malheureusement, il n’y a pas de solution. On pourrait imaginer essayer de prélever la terre polluée, la traiter, puis la remettre dans le milieu. Des tests en ce sens sont actuellement menés en laboratoire, mais il est inenvisageable de pouvoir les déployer à grande échelle. La situation présente beaucoup de similitudes avec le problème du chlordécone aux Antilles

Quant à employer des médicaments pour éliminer les PFAS de l’organisme, je suis très méfiant. Cela pourrait être une approche à envisager dans le cas d’une contamination massive de travailleurs, par exemple. Une étude a notamment montré que des chélateurs utilisés pour traiter le cholestérol peuvent diminuer de moitié la quantité de PFAS dans le sang. Mais ce n’est pas une solution envisageable à l’échelle d’une population, car tout médicament peut, lui aussi, présenter une certaine toxicité.

Santé-Le danger des polluants éternels

Santé-Le danger des polluants éternels

Les polluants éternel (PFAS) concernent plusieurs milliers de substances chimiques : les perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (anciennement perfluorés et polyfluorés). Il s’agit de composés artificiels, synthétisés par l’homme à partir d’hydrocarbures, composés à base d’atomes de carbone et de fluor, reliés par des liaisons chimiques particulièrement stables. Les PFAS comportent une chaîne plus ou moins longue d’atomes de carbone liés à des atomes de fluor. Cette liaison carbone-fluor, très stable, est difficile à casser. Ces composés se dégradent donc très lentement. Un article de l’association « que choisir » fait le point sur leur nature.

Les PFAS présentent de nombreuses qualités intéressantes : antiadhésifs, imperméabilisants, antitaches, résistants aux chaleurs extrêmes et aux agents chimiques et biologiques, isolants, etc. Depuis les années 1950, ils sont largement utilisés dans de nombreux produits du quotidien : cuirs et textiles imperméables ou déperlants, emballages alimentaires, revêtements antiadhésifs des poêles et casseroles en Téflon, semelles de fer à repasser, cosmétiques, mousses anti-incendie, isolants de fils électriques, certains implants médicaux, peintures, détergents, pesticides (lire l’encadré), et jusque dans les fils dentaires et les cordes de guitare !

Utilisés pour leurs qualités antiadhésives, imperméabilisantes ou encore de résistance aux fortes chaleurs, les PFAS se retrouvent dans d’innombrables objets du quotidien.

Les liaisons chimiques entre les atomes de carbone et de fluor sont très stables, difficiles à casser. Ces substances se dégradent donc très lentement : sur des siècles, voire des millénaires pour certains. Conséquence, les PFAS se diffusent dans l’eau, les sols, l’air, jusqu’aux fonds océaniques et aux régions arctiques, et contaminent les organismes vivants, dont l’être humain. Ils font partie de la vaste catégorie des « polluants organiques persistants (POP) ».
Hélas, oui. Les PFAS se retrouvent dans l’environnement via les rejets industriels et domestiques, les déchets pas ou mal recyclés, ou encore les lieux de grands feux (usines, forêts, etc.) contre lesquels ont été utilisées des mousses anti-incendie. Une enquête menée par le quotidien Le Monde et 17 autres médias, dans le cadre du « Forever Pollution Project », a révélé début 2023 l’ampleur de cette pollution en Europe. Les journalistes ont identifié plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux inquiétants, dont plus de 2 100 hot spots de contamination pollués à « des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts interrogés », explique Le Monde. Mais aucune cartographie officielle de la part des pouvoirs publics n’existe.

 

En France, la quasi-totalité du territoire métropolitain est concernée, à des taux plus ou moins élevés selon la proximité d’activités industrielles émettrices de PFAS. Cette contamination est « plus marquée » pour les nappes de la Limagne et d’Alsace, puis celles de la région rhodanienne, du Nord, de la vallée de la Seine, de la Meuse et de la Moselle et de leurs affluents, de Bretagne et de la Côte méditerranéenne. L’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd) constate plus globalement « une contamination générale modérée des eaux souterraines françaises » et ce, bien que « seuls quelques PFAS [soient] suivis », dans un rapport publié en avril 2023.

Parmi les alertes récentes, citons :

La pollution de nappes d’eau souterraines par les rejets du site industriel Arkema de Pierre-Bénite, au sud de Lyon (Rhône) ; l’Igedd établit que les rejets s’élevaient à 3,5 tonnes par an, « une situation préoccupante », admet-elle.
En Haute-Savoie, c’est l’agglomération d’Annecy qui a décidé de mettre à l’arrêt tous les captages de la principale nappe phréatique de l’agglomération en mars 2023, en raison de sa contamination.
Dans ce même département, la commune de Rumilly a annoncé que les poissons pêchés sur son territoire étaient impropres à la consommation.

L’ensemble de la population est contaminé, essentiellement par ingestion via l’eau et les aliments, ou par inhalation. L’étude nationale de santé Esteban (1) de 2014-2016 a détecté des PFAS chez 100 % de la population suivie, enfants comme adultes. En 2019, Que Choisir a effectué des prélèvements de poussière dans 53 maisons et appartements en France : 93 % étaient pollués par le PFOS.

L’organisme les éliminant lentement, ces substances s’accumulent dans le corps. Or, les effets délétères sur la santé sont multiples, et potentiellement graves : certains PFAS sont toxiques pour le foie et le rein, soupçonnés d’être cancérogène, neurotoxiques, reprotoxiques et perturbateurs endocriniens, ou favoriseraient l’obésité et le diabète de type 2… Certains sont particulièrement inquiétants, à l’instar du PFOA (reconnu « cancérogène pour les humains » par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) le 30 novembre 2023), du PFOS (reconnu « cancérogène possible »), du PFNA et du PFHxS (2). Et on sait désormais que certains de leurs métabolites (composés issus de leur dégradation) sont encore plus toxiques que les molécules initiales.

 

 

Santé-Le danger des polluants éternels

Santé-Le danger des polluants éternels

Les polluants éternel (PFAS) concernent plusieurs milliers de substances chimiques : les perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (anciennement perfluorés et polyfluorés). Il s’agit de composés artificiels, synthétisés par l’homme à partir d’hydrocarbures, composés à base d’atomes de carbone et de fluor, reliés par des liaisons chimiques particulièrement stables. Les PFAS comportent une chaîne plus ou moins longue d’atomes de carbone liés à des atomes de fluor. Cette liaison carbone-fluor, très stable, est difficile à casser. Ces composés se dégradent donc très lentement. Un article de l’association « que choisir » fait le point sur leur nature.

Les PFAS présentent de nombreuses qualités intéressantes : antiadhésifs, imperméabilisants, antitaches, résistants aux chaleurs extrêmes et aux agents chimiques et biologiques, isolants, etc. Depuis les années 1950, ils sont largement utilisés dans de nombreux produits du quotidien : cuirs et textiles imperméables ou déperlants, emballages alimentaires, revêtements antiadhésifs des poêles et casseroles en Téflon, semelles de fer à repasser, cosmétiques, mousses anti-incendie, isolants de fils électriques, certains implants médicaux, peintures, détergents, pesticides (lire l’encadré), et jusque dans les fils dentaires et les cordes de guitare !

Utilisés pour leurs qualités antiadhésives, imperméabilisantes ou encore de résistance aux fortes chaleurs, les PFAS se retrouvent dans d’innombrables objets du quotidien.

Les liaisons chimiques entre les atomes de carbone et de fluor sont très stables, difficiles à casser. Ces substances se dégradent donc très lentement : sur des siècles, voire des millénaires pour certains. Conséquence, les PFAS se diffusent dans l’eau, les sols, l’air, jusqu’aux fonds océaniques et aux régions arctiques, et contaminent les organismes vivants, dont l’être humain. Ils font partie de la vaste catégorie des « polluants organiques persistants (POP) ».
Hélas, oui. Les PFAS se retrouvent dans l’environnement via les rejets industriels et domestiques, les déchets pas ou mal recyclés, ou encore les lieux de grands feux (usines, forêts, etc.) contre lesquels ont été utilisées des mousses anti-incendie. Une enquête menée par le quotidien Le Monde et 17 autres médias, dans le cadre du « Forever Pollution Project », a révélé début 2023 l’ampleur de cette pollution en Europe. Les journalistes ont identifié plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux inquiétants, dont plus de 2 100 hot spots de contamination pollués à « des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts interrogés », explique Le Monde. Mais aucune cartographie officielle de la part des pouvoirs publics n’existe.

 

En France, la quasi-totalité du territoire métropolitain est concernée, à des taux plus ou moins élevés selon la proximité d’activités industrielles émettrices de PFAS. Cette contamination est « plus marquée » pour les nappes de la Limagne et d’Alsace, puis celles de la région rhodanienne, du Nord, de la vallée de la Seine, de la Meuse et de la Moselle et de leurs affluents, de Bretagne et de la Côte méditerranéenne. L’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd) constate plus globalement « une contamination générale modérée des eaux souterraines françaises » et ce, bien que « seuls quelques PFAS [soient] suivis », dans un rapport publié en avril 2023.

Parmi les alertes récentes, citons :

La pollution de nappes d’eau souterraines par les rejets du site industriel Arkema de Pierre-Bénite, au sud de Lyon (Rhône) ; l’Igedd établit que les rejets s’élevaient à 3,5 tonnes par an, « une situation préoccupante », admet-elle.
En Haute-Savoie, c’est l’agglomération d’Annecy qui a décidé de mettre à l’arrêt tous les captages de la principale nappe phréatique de l’agglomération en mars 2023, en raison de sa contamination.
Dans ce même département, la commune de Rumilly a annoncé que les poissons pêchés sur son territoire étaient impropres à la consommation.

L’ensemble de la population est contaminé, essentiellement par ingestion via l’eau et les aliments, ou par inhalation. L’étude nationale de santé Esteban (1) de 2014-2016 a détecté des PFAS chez 100 % de la population suivie, enfants comme adultes. En 2019, Que Choisir a effectué des prélèvements de poussière dans 53 maisons et appartements en France : 93 % étaient pollués par le PFOS.

L’organisme les éliminant lentement, ces substances s’accumulent dans le corps. Or, les effets délétères sur la santé sont multiples, et potentiellement graves : certains PFAS sont toxiques pour le foie et le rein, soupçonnés d’être cancérogène, neurotoxiques, reprotoxiques et perturbateurs endocriniens, ou favoriseraient l’obésité et le diabète de type 2… Certains sont particulièrement inquiétants, à l’instar du PFOA (reconnu « cancérogène pour les humains » par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) le 30 novembre 2023), du PFOS (reconnu « cancérogène possible »), du PFNA et du PFHxS (2). Et on sait désormais que certains de leurs métabolites (composés issus de leur dégradation) sont encore plus toxiques que les molécules initiales.

 

 

 

Le danger sanitaire des polluants éternels

Le danger sanitaire des polluants éternels

Les polluants éternel (PFAS) concernent plusieurs milliers de substances chimiques : les perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (anciennement perfluorés et polyfluorés). Il s’agit de composés artificiels, synthétisés par l’homme à partir d’hydrocarbures, composés à base d’atomes de carbone et de fluor, reliés par des liaisons chimiques particulièrement stables. Les PFAS comportent une chaîne plus ou moins longue d’atomes de carbone liés à des atomes de fluor. Cette liaison carbone-fluor, très stable, est difficile à casser. Ces composés se dégradent donc très lentement. Un article de l’association « que choisir » fait le point sur leur nature.

Les PFAS présentent de nombreuses qualités intéressantes : antiadhésifs, imperméabilisants, antitaches, résistants aux chaleurs extrêmes et aux agents chimiques et biologiques, isolants, etc. Depuis les années 1950, ils sont largement utilisés dans de nombreux produits du quotidien : cuirs et textiles imperméables ou déperlants, emballages alimentaires, revêtements antiadhésifs des poêles et casseroles en Téflon, semelles de fer à repasser, cosmétiques, mousses anti-incendie, isolants de fils électriques, certains implants médicaux, peintures, détergents, pesticides (lire l’encadré), et jusque dans les fils dentaires et les cordes de guitare !

Utilisés pour leurs qualités antiadhésives, imperméabilisantes ou encore de résistance aux fortes chaleurs, les PFAS se retrouvent dans d’innombrables objets du quotidien.

Les liaisons chimiques entre les atomes de carbone et de fluor sont très stables, difficiles à casser. Ces substances se dégradent donc très lentement : sur des siècles, voire des millénaires pour certains. Conséquence, les PFAS se diffusent dans l’eau, les sols, l’air, jusqu’aux fonds océaniques et aux régions arctiques, et contaminent les organismes vivants, dont l’être humain. Ils font partie de la vaste catégorie des « polluants organiques persistants (POP) ».
Hélas, oui. Les PFAS se retrouvent dans l’environnement via les rejets industriels et domestiques, les déchets pas ou mal recyclés, ou encore les lieux de grands feux (usines, forêts, etc.) contre lesquels ont été utilisées des mousses anti-incendie. Une enquête menée par le quotidien Le Monde et 17 autres médias, dans le cadre du « Forever Pollution Project », a révélé début 2023 l’ampleur de cette pollution en Europe. Les journalistes ont identifié plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux inquiétants, dont plus de 2 100 hot spots de contamination pollués à « des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts interrogés », explique Le Monde. Mais aucune cartographie officielle de la part des pouvoirs publics n’existe.

 

En France, la quasi-totalité du territoire métropolitain est concernée, à des taux plus ou moins élevés selon la proximité d’activités industrielles émettrices de PFAS. Cette contamination est « plus marquée » pour les nappes de la Limagne et d’Alsace, puis celles de la région rhodanienne, du Nord, de la vallée de la Seine, de la Meuse et de la Moselle et de leurs affluents, de Bretagne et de la Côte méditerranéenne. L’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd) constate plus globalement « une contamination générale modérée des eaux souterraines françaises » et ce, bien que « seuls quelques PFAS [soient] suivis », dans un rapport publié en avril 2023.

Parmi les alertes récentes, citons :

La pollution de nappes d’eau souterraines par les rejets du site industriel Arkema de Pierre-Bénite, au sud de Lyon (Rhône) ; l’Igedd établit que les rejets s’élevaient à 3,5 tonnes par an, « une situation préoccupante », admet-elle.
En Haute-Savoie, c’est l’agglomération d’Annecy qui a décidé de mettre à l’arrêt tous les captages de la principale nappe phréatique de l’agglomération en mars 2023, en raison de sa contamination.
Dans ce même département, la commune de Rumilly a annoncé que les poissons pêchés sur son territoire étaient impropres à la consommation.

L’ensemble de la population est contaminé, essentiellement par ingestion via l’eau et les aliments, ou par inhalation. L’étude nationale de santé Esteban (1) de 2014-2016 a détecté des PFAS chez 100 % de la population suivie, enfants comme adultes. En 2019, Que Choisir a effectué des prélèvements de poussière dans 53 maisons et appartements en France : 93 % étaient pollués par le PFOS.

L’organisme les éliminant lentement, ces substances s’accumulent dans le corps. Or, les effets délétères sur la santé sont multiples, et potentiellement graves : certains PFAS sont toxiques pour le foie et le rein, soupçonnés d’être cancérogène, neurotoxiques, reprotoxiques et perturbateurs endocriniens, ou favoriseraient l’obésité et le diabète de type 2… Certains sont particulièrement inquiétants, à l’instar du PFOA (reconnu « cancérogène pour les humains » par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) le 30 novembre 2023), du PFOS (reconnu « cancérogène possible »), du PFNA et du PFHxS (2). Et on sait désormais que certains de leurs métabolites (composés issus de leur dégradation) sont encore plus toxiques que les molécules initiales.

 

 

 

Ces polluants éternels qui menacent la santé

 

Les polluants éternel (PFAS) concernent plusieurs milliers de substances chimiques : les perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (anciennement perfluorés et polyfluorés). Il s’agit de composés artificiels, synthétisés par l’homme à partir d’hydrocarbures, composés à base d’atomes de carbone et de fluor, reliés par des liaisons chimiques particulièrement stables. Les PFAS comportent une chaîne plus ou moins longue d’atomes de carbone liés à des atomes de fluor. Cette liaison carbone-fluor, très stable, est difficile à casser. Ces composés se dégradent donc très lentement. Un article de l’association « que choisir » fait le point sur leur nature.

 Les PFAS présentent de nombreuses qualités intéressantes : antiadhésifs, imperméabilisants, antitaches, résistants aux chaleurs extrêmes et aux agents chimiques et biologiques, isolants, etc. Depuis les années 1950, ils sont largement utilisés dans de nombreux produits du quotidien : cuirs et textiles imperméables ou déperlantsemballages alimentairesrevêtements antiadhésifs des poêles et casseroles en Téflon, semelles de fer à repasser, cosmétiques, mousses anti-incendie, isolants de fils électriques, certains implants médicaux, peintures, détergents, pesticides (lire l’encadré), et jusque dans les fils dentaires et les cordes de guitare !

Utilisés pour leurs qualités antiadhésives, imperméabilisantes ou encore de résistance aux fortes chaleurs, les PFAS se retrouvent dans d’innombrables objets du quotidien.

Les liaisons chimiques entre les atomes de carbone et de fluor sont très stables, difficiles à casser. Ces substances se dégradent donc très lentement : sur des siècles, voire des millénaires pour certains. Conséquence, les PFAS se diffusent dans l’eau, les sols, l’air, jusqu’aux fonds océaniques et aux régions arctiques, et contaminent les organismes vivants, dont l’être humain. Ils font partie de la vaste catégorie des « polluants organiques persistants (POP) ».

Hélas, oui. Les PFAS se retrouvent dans l’environnement via les rejets industriels et domestiques, les déchets pas ou mal recyclés, ou encore les lieux de grands feux (usines, forêts, etc.) contre lesquels ont été utilisées des mousses anti-incendie. Une enquête menée par le quotidien Le Monde et 17 autres médias, dans le cadre du « Forever Pollution Project », a révélé début 2023 l’ampleur de cette pollution en Europe. Les journalistes ont identifié plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux inquiétants, dont plus de 2 100 hot spots de contamination pollués à « des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts interrogés », explique Le Monde. Mais aucune cartographie officielle de la part des pouvoirs publics n’existe.

 

En France, la quasi-totalité du territoire métropolitain est concernée, à des taux plus ou moins élevés selon la proximité d’activités industrielles émettrices de PFAS. Cette contamination est « plus marquée » pour les nappes de la Limagne et d’Alsace, puis celles de la région rhodanienne, du Nord, de la vallée de la Seine, de la Meuse et de la Moselle et de leurs affluents, de Bretagne et de la Côte méditerranéenne. L’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd) constate plus globalement « une contamination générale modérée des eaux souterraines françaises » et ce, bien que « seuls quelques PFAS [soient] suivis », dans un rapport publié en avril 2023.

Parmi les alertes récentes, citons :

  • La pollution de nappes d’eau souterraines par les rejets du site industriel Arkema de Pierre-Bénite, au sud de Lyon (Rhône) ; l’Igedd établit que les rejets s’élevaient à 3,5 tonnes par an, « une situation préoccupante », admet-elle.
  • En Haute-Savoie, c’est l’agglomération d’Annecy qui a décidé de mettre à l’arrêt tous les captages de la principale nappe phréatique de l’agglomération en mars 2023, en raison de sa contamination.
  • Dans ce même département, la commune de Rumilly a annoncé que les poissons pêchés sur son territoire étaient impropres à la consommation.

L’ensemble de la population est contaminé, essentiellement par ingestion via l’eau et les aliments, ou par inhalation. L’étude nationale de santé Esteban (1) de 2014-2016 a détecté des PFAS chez 100 % de la population suivie, enfants comme adultes. En 2019, Que Choisir a effectué des prélèvements de poussière dans 53 maisons et appartements en France : 93 % étaient pollués par le PFOS.

L’organisme les éliminant lentement, ces substances s’accumulent dans le corps. Or, les effets délétères sur la santé sont multiples, et potentiellement graves : certains PFAS sont toxiques pour le foie et le rein, soupçonnés d’être cancérogène, neurotoxiques, reprotoxiques et perturbateurs endocriniens, ou favoriseraient l’obésité et le diabète de type 2… Certains sont particulièrement inquiétants, à l’instar du PFOA (reconnu « cancérogène pour les humains » par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) le 30 novembre 2023), du PFOS (reconnu « cancérogène possible »), du PFNA et du PFHxS (2). Et on sait désormais que certains de leurs métabolites (composés issus de leur dégradation) sont encore plus toxiques que les molécules initiales.

 

 

 

Gérer les risques des polluants éternels

Gérer les risques des polluants éternels

Alors que le projet de loi visant à interdire les PFAS, des polluants éternels, sera mis au vote à l’Assemblée nationale jeudi 4 avril, un collectif de scientifiques et de vulgarisateurs attire l’attention, dans une tribune au « Monde », sur la mise en doute de leur toxicité par des industriels, et appelle les responsables politiques à les interdire. 
Les PFAS, ou substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, sont des molécules fabriquées par l’homme et surnommées « polluants éternels » par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail à cause de leur stabilité et de leur caractère difficilement dégradable dans l’environnement. On compte plusieurs milliers de PFAS différentes.Un très grand nombre d’industries ont recours à ces molécules polluantes : extraction de ressources, chimie, électronique, agroalimentaire, BTP, médical, cosmétique, armement, etc. Un rapport de l’OCDE alerte par exemple sur la présence de PFAS dans plus de 90 % des emballages alimentaires, quand existent des alternatives plus saines et déjà connues.Certaines industries sont responsables de rejets de PFAS dans l’environnement, tels que ceux observés au niveau des usines Arkema et Daikin dans la « vallée de la chimie », près de Lyon. Or, l’évaluation du risque sanitaire causé par chaque PFAS peut prendre des décennies.

Pour cette raison, nous demandons que les PFAS soient gérées comme une classe chimique unique, au nom de leur persistance et de leurs risques démontrés ou potentiels sur la santé humaine et environnementale. C’est là aussi une demande de plusieurs agences de sécurité sanitaire de l’UE, explicitée dans la proposition de restriction de l’utilisation des PFAS par les industriels déposée par cinq Etats européens, dont l’Allemagne, à l’Agence européenne des produits chimiques.

Or, lors de la réunion de la commission développement durable qui s’est tenue le 27 mars à l’Assemblée, une partie des débats s’est concentrée sur la différence entre « non-polymères » (tels que le PFOA, acide perfluorooctanoïque) et « polymères » (tels que le PTFE – polytétrafluoroéthylène –, plus connu sous le nom de Téflon pour son nom de marque déposé, utilisé dans les ustensiles de cuisine).

Au regard des amendements proposés dans le projet de loi, l’objectif est ainsi d’exclure les polymères de l’interdiction des PFAS, comme le souhaitent les industriels. Ces derniers défendent l’innocuité des polymères comme le PTFE sur l’argument que leur grande taille ne leur permet pas d’agir sur notre organisme….

Une première loi sur les polluants éternels (PFAS)

Une première loi sur les polluants éternels (PFAS) 

 

Les députés ont approuvé ce jeudi en première lecture une proposition de loi écologiste visant à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS. Egalement appelés « polluants éternels », ces derniers sont massivement utilisés dans des objets de la vie courante, comme les vêtements, les emballages, les ustensiles de cuisine ou encore les cosmétiques et peuvent se révéler toxiques.

Dans l’air, dans l’eau, dans les sols… Les « polluants éternels », regroupant plusieurs milliers de substances chimiques qui se décomposent très lentement, sont partout. Et quand on lit les études scientifiques, les conséquences de ces PFAS (pour substances per- et polyfluoroalkylées) sur notre santé paraissent pléthoriques : risque accru de cancer, hausse du taux de cholestérol, infertilité, impact sur le système immunitaire…

La loi prévoit d’interdire à partir du 1er janvier 2026 la fabrication, l’importation et la vente de tout produit cosmétique, produit de fart (pour les skis) ou produit textile d’habillement contenant des substances per- et polyfluoroalkylées, à l’exception des vêtements de protection pour les professionnels de la sécurité et de la sécurité civile. L’ensemble des textiles seront concernés par l’interdiction à compter du 1er janvier 2030.

Mais les députés ont sorti du périmètre de la proposition de loi les ustensiles de cuisine, alors que les industriels avaient sonné l’alarme cette semaine sur les menaces pour l’emploi que ferait peser une interdiction.

Comme Gabriel Attal mercredi, le ministre de l’Industrie Roland Lescure a défendu dans son propos introductif la nécessité d’agir au niveau européen pour interdire l’usage de certains PFAS, en prenant appui sur le règlement européen sur les produits chimiques Reach.

 

Les « polluants éternels », les substances perfluoroalkylées et polyfluoralkylées (PFAS), sont présents dans de nombreux objets et produits du quotidien, comme les textiles, poêles antiadhésives, cosmétiques… Toxiques pour la santé humaine et animale, leur avenir est débattu ce jeudi à l’Assemblée nationale.

Très peu dégradables, ils sont baptisés « polluants éternels ». Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées – PFAS à prononcer « pifasse » – sont des substances artificielles, fabriquées par l’Homme, à partir d’hydrocarbures. En tout, cette grande famille compte plus de 4 700 composés chimiques que l’on retrouve depuis les années 50 dans les produits et objets du quotidien : cuirs, peintures, cosmétiques, emballages alimentaires, revêtement de poêles antiadhésives, textiles…

« Polluants éternels » : Vers une interdiction européenne des emballages alimentaires

« Polluants éternels » : Vers une interdiction européenne des emballages alimentaires concernés

La commission de l’environnement du Parlement européen s’est prononcée mardi 24 octobre pour une proposition de règlement visant à réduire les emballages. Cette proposition prévoit l’interdiction des composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS) dans les contenants alimentaires, ces substances dites « polluants éternels » et nocives pour la santé.

Dotées de propriétés antiadhésives et imperméables, elles sont massivement présentes dans la vie courante : poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles, automobiles.
Les eurodéputés se sont également prononcés en commission de l’environnement sur la réduction des déchets, alors que les Européens n’ont jamais produit autant de déchets d’emballages. En 2021, l’Union européenne (UE) en a généré 188,7 kg par habitant, soit 10,8 kg de plus par personne par rapport à 2020, selon un bilan publié par Eurostat.

Santé–Microbiote et polluants : Cocktail dangereux

Santé–Microbiote et polluants : Cocktail dangereux

Depuis quelques années, les médias et les produits présents sur les étagères de nos supermarchés vantent les propriétés étonnantes de notre microbiote, cet écosystème microbien avec lequel nous vivons une relation symbiotique étroite. Mais comme tous les organismes vivants, le microbiote est soumis aux polluants environnementaux sans que l’on en connaisse encore les conséquences sur son fonctionnement et sur la santé de son hôte. Pour prendre la mesure de cette réalité, l’étude des espèces aquatiques peut être particulièrement éclairante.

par Anthony Bertucci
Chercheur en écotoxicologie | Titulaire de la Chaire « Contaminants, Mer et Santé », Ifremer dans The Conversation

Avant de comprendre comment, il est nécessaire de revenir un peu en arrière. En 1971, dans un contexte de développement de l’industrie chimique et des risques écologiques associés, le chercheur français Jean-Michel Jouany donnait naissance à l’écotoxicologie. Cette discipline, à l’interface de la chimie et de la biologie, a pour objectif d’évaluer, de comprendre et de prédire l’impact des contaminants biologiques ou chimiques, sur les organismes, les populations, les communautés et les écosystèmes.

Les effets des polluants chimiques sur les organismes peuvent être analysés à différentes échelles, du gène à l’organisme, en passant par la cellule et le fonctionnement des organes.

On parle par exemple de génotoxicité quand l’intégrité du matériel génétique est menacée. C’est le cas avec certains composants de colles ou de vernis tels que le dichlorométhane et le trichloréthylène, ainsi que la radioactivité ou les rayons UV. Cette action se manifeste par des mutations délétères de l’ADN et par l’apparition de cancers.

D’autres substances peuvent avoir un effet néfaste sur un type de cellule précis comme les neurones avec le méthanol et l’acétone ou encore un organe. Par exemple, les branchies des organismes aquatiques qui sont en contact direct avec leur environnement.

Chez l’Homme, le foie est particulièrement sensible aux effets toxiques en raison de son rôle dans la transformation, l’élimination et de stockage des polluants chimiques parmi lesquels l’alcool et certains médicaments d’usage courant comme le paracétamol, certains antibiotiques (comme l’amoxicilline) ou les anti-inflammatoires non-stéroïdiens.

À une échelle supérieure, enfin, une substance chimique peut altérer des fonctions physiologiques essentielles comme la reproduction et l’immunité. Les métaux, la radioactivité, ou les perturbateurs endocriniens peuvent impacter le développement des organes reproducteurs, la production de gamètes (spermatozoïdes et ovules), ainsi que le développement et la survie de la descendance. Ils sont qualifiés de reprotoxiques. Enfin des composés comme les pesticides organochlorés ou les polychlorobiphényles (PCB) ont eux des effets dits « immunotoxiques » en altérant la capacité des organismes à faire face aux infections.

Mais dans cette approche globale qui souhaite étudier les effets des agents nocifs auxquels un organisme est exposé pendant sa vie, un organe primordial demeure grandement négligé.

Cet organe, c’est le microbiote : l’ensemble des Archées, des bactéries, des champignons, des levures, des virus et des petits eucaryotes avec lesquels tout organisme vit en symbiose. Étymologiquement symbiose signifie « vivre ensemble » et englobe différents types de relations allant du mutualisme (relation mutuellement bénéfique) au parasitisme ou commensalisme (relation ni bénéfique, ni nuisible).

Quelques chiffres suffisent à montrer l’importance de cette symbiose. Chez l’Humain par exemple, longtemps, la communauté scientifique a considéré que le nombre de cellules bactériennes dépassait d’un facteur 10 le nombre de cellules humaines. Une réévaluation récente revoit ce rapport à la baisse et estime que chez un sujet masculin de 1,70m et 70 kg, on retrouve 39 000 milliards de bactéries, majoritairement dans l’intestin.

Ce chiffre est très proche des 30 000 milliards de cellules humaines qui constituent cet individu. Soit 13 bactéries pour 10 cellules humaines chez l’homme. Dû à quelques différences morphologiques (par exemple une taille moyenne plus faible pour un volume intestinal comparable) et physiologiques (par exemple un volume sanguin réduit de 20-30 %), ce rapport peut monter à 17 pour 10 chez les femmes.

Selon ces chiffres, notre microbiote pèserait environ 200 grammes. Un poids proche du rein (120 grammes) ou du cœur (330 grammes). Autre particularité, contrairement à ces organes « humains » qui sont formés de quelques types cellulaires possédant tous le même matériel génétique (environ 60 000 gènes), le microbiote contient plusieurs milliers d’espèces qui représentent un répertoire additionnel de près de 10 millions de gènes. Ce microbiote est en grande majorité constitué par la communauté microbienne qui colonise le système digestif de l’hôte et qui a attiré l’essentiel des recherches ; mais d’autres niches comme le système respiratoire, l’épiderme ou les organes sexuels possèdent également un microbiote spécifique.

Grâce aux progrès techniques depuis 15 à 20 ans, en particulier concernant le séquençage de l’ADN, l’étude des microbiotes est désormais possible chez toutes les espèces animales et végétales. Une véritable révolution en biologie qui introduit un niveau supérieur d’organisation du vivant remettant en cause la définition même d’individu : l’holobionte, soit l’association de l’organisme hôte et des microorganismes vivant en symbiose avec lui.

Les microorganismes symbiotiques jouent un rôle important dans de nombreuses fonctions physiologiques qui vont de la production de nombreux composés que l’hôte est incapable de synthétiser (comme des acides gras, des vitamines ou des composés phénoliques), à l’établissement et au maintien du système immunitaire. Ils participent donc au bon état de santé de l’organisme hôte. Ce qui explique les liens possibles entre perturbation du microbiote (dysbiose) et pathologies. Ces perturbations peuvent se manifester par un changement de composition du microbiote et/ou un changement dans son fonctionnement.

Actuellement les effets des polluants chimiques sur le microbiote humain restent peu connus car l’étude du microbiote est relativement récente, tout comme celle, nous l’avons vu des polluants chimiques.

Mais de nombreux travaux montrent déjà que, parmi les paramètres environnementaux induisant une dysbiose, la contamination chimique a un impact majeur, particulièrement en milieu aquatique où les organismes sont fortement exposés aux pollutions d’origine humaine. En effet, le microbiote est généralement associé à des organes situés à l’interface entre environnement et individu comme l’épiderme, les voies respiratoires ou le tractus digestif. Ce qui fait du microbiote un acteur non négligeable dans l’impact possible d’un polluant sur l’organisme.

Les interactions polluants – microbiote peuvent être multiples. La capacité du microbiote à faire face ou non aux pollutions dépend en fait de sa diversité. Car plus une communauté est diversifiée et plus elle est susceptible de contenir un membre capable de s’adapter à cette contamination. Les polluants peuvent ainsi être métabolisés et transformés par certains partenaires microbiens.

Certaines substances comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) (par exemple le benzo[a]pyrène contenu dans les fumées de combustion incomplète de pétrole, de bois ou la fumée de cigarette), ou certains pesticides peuvent par exemple être éliminés ou rendus moins toxiques par certains microorganismes. Mais d’autres peuvent également favoriser l’absorption et les effets toxiques des polluants chimiques, comme le Mercure ou l’Arsenic.

Les polluants peuvent aussi déséquilibrer la composition et le fonctionnement du microbiote des organismes aquatiques. Le glyphosate, par exemple, favorise la croissance de bactéries pathogènes (Salmonella ou Clostridium) au détriment des souches bénéfiques (Bifidobacterium ou Lactobacillus). Si depuis 2014, l’écotoxicologie microbienne se propose d’étudier les interactions entre polluants et communautés microbiennes dans leur environnement (air, eaux, sols), les liens entre environnement, partenaires symbiotiques et physiologie de l’hôte sont encore peu connus malgré l’importance médiatique du microbiote.

Que ce soit la santé humaine ou la santé des espèces aquatiques, les microbes pathogènes ont longtemps attiré l’essentiel des travaux. Le rôle des partenaires bénéfiques, quant à lui, est encore peu étudié alors même que ces partenaires peuvent devenir néfastes face à une perturbation environnementale. Face à la diversité des polluants et l’émergence permanente de nouvelles molécules, il convient donc, en premier lieu, de considérer l’ensemble des compartiments biologiques et d’intégrer le microbiote à l’écotoxicologie. En second lieu, il est nécessaire d’étudier l’ensemble des constituants du microbiote et de définir leurs fonctions afin de comprendre et d’anticiper les effets des polluants.

Partant de ce constat, j’ai récemment introduit le concept de « symbiotoxicité »(par analogie avec les termes précédents de « génotoxicité », « reprotoxicité » ou « immunotoxicité ») Ce terme désigne la capacité d’un polluant à produire ses effets toxiques sur un organisme par l’intermédiaire de son microbiote. Cet objet d’étude permet de prendre en compte l’organe microbiote et se place à l’intersection entre l’écotoxicologie classique, l’écotoxicologie microbienne et l’étude des interactions symbiotiques entre organismes

En milieu aquatique, l’impact des modifications du microbiote face aux contaminations est particulièrement étudié chez des espèces consommées par l’Homme afin d’améliorer les pratiques, limiter les traitements pharmacologiques, etc. Parmi ces espèces, de nombreux mollusques bivalves, comme les huîtres, ont un rôle crucial dans le fonctionnement de leur écosystème et ont une valeur économique importante.

Or chez les huîtres, un microbiote sain pourrait limiter l’installation de souches pathogènes, jouer un rôle dans la prévention de la dysbiose et aider au rétablissement de l’état de santé après un stress. Des effets non négligeables car bien souvent les pathogènes ont des effets néfastes en cascades sur la santé des consommateurs, des écosystèmes, les filiales économiques dépendant du commerce de produits de la mer.

La symbiotoxicité pourrait alors permettre d’identifier des polluants dont la présence favorise l’apparition et la diffusion de pathogènes dans l’environnement et ainsi révéler un mode d’action encore inconnu des polluants, mieux comprendre les conséquences physiologiques de cette exposition pour la santé des organismes vivants, le fonctionnement de leurs écosystèmes et in fine l’impact sur la santé humaine.

La symbiotoxicité pourrait alors permettre d’identifier des polluants dont la présence favorise l’apparition et la diffusion de pathogènes dans l’environnement et ainsi révéler un mode d’action encore inconnu des polluants, mieux comprendre les conséquences physiologiques de cette exposition pour la santé des organismes vivants, le fonctionnement de leurs écosystèmes et in fine l’impact sur la santé humaine.

Ecologie-Des polluants éternels dans les pesticides

Ecologie-Des polluants éternels dans les pesticides

Une partie des pesticides utilisés appartiennent à la famille des PFAS (Polluants éternels) serait beaucoup plus problématique et nocive qu’imaginés jusqu’à présent. C’est la conclusion d’un rapport de l’association Générations Futures.

Dans son rapport, l’association Générations Futures met en lumière la présence de nombreux composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS), aussi connus sous le nom de « polluants éternels » dans les pesticides. Il s’agit d’une molécule très persistante que l’Europe cherche par ailleurs à bannir, sauf pour l’agriculture. Le PFAS est à la fois une substance courante pour la vie quotidienne, puisqu’elle permet de fabrique les poêles Tefal ou les emballages des burgers. Mais c’est aussi une molécule très problématique qui peut rester pendant des générations dans l’environnement.

Trente substances sont toujours autorisées et presque un tiers contient des molécules persistantes ou très persistantes. Pour Générations Futures, c’est une introduction, et donc une contamination délibérée des PFAS dans notre alimentation et dans l’environnement. Mais, toujours d’après l’association, cela reste un angle mort dans les efforts qui sont déployés par l’Europe pour tenter de sortir des PFAS.

Environnement-Des polluants éternels dans les pesticides

Environnement-Des polluants éternels dans les pesticides

Une partie des pesticides utilisés appartiennent à la famille des PFAS (Polluants éternels) serait beaucoup plus problématique et nocive qu’imaginés jusqu’à présent. C’est la conclusion d’un rapport de l’association Générations Futures.

Dans son rapport, l’association Générations Futures met en lumière la présence de nombreux composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS), aussi connus sous le nom de « polluants éternels » dans les pesticides. Il s’agit d’une molécule très persistante que l’Europe cherche par ailleurs à bannir, sauf pour l’agriculture. Le PFAS est à la fois une substance courante pour la vie quotidienne, puisqu’elle permet de fabrique les poêles Tefal ou les emballages des burgers. Mais c’est aussi une molécule très problématique qui peut rester pendant des générations dans l’environnement.

Trente substances sont toujours autorisées et presque un tiers contient des molécules persistantes ou très persistantes. Pour Générations Futures, c’est une introduction, et donc une contamination délibérée des PFAS dans notre alimentation et dans l’environnement. Mais, toujours d’après l’association, cela reste un angle mort dans les efforts qui sont déployés par l’Europe pour tenter de sortir des PFAS.

Le microbiote et polluants : Cocktail dangereux

Le microbiote et polluants : Cocktail dangereux

Depuis quelques années, les médias et les produits présents sur les étagères de nos supermarchés vantent les propriétés étonnantes de notre microbiote, cet écosystème microbien avec lequel nous vivons une relation symbiotique étroite. Mais comme tous les organismes vivants, le microbiote est soumis aux polluants environnementaux sans que l’on en connaisse encore les conséquences sur son fonctionnement et sur la santé de son hôte. Pour prendre la mesure de cette réalité, l’étude des espèces aquatiques peut être particulièrement éclairante.

par Anthony Bertucci
Chercheur en écotoxicologie | Titulaire de la Chaire « Contaminants, Mer et Santé », Ifremer dans The Conversation

Avant de comprendre comment, il est nécessaire de revenir un peu en arrière. En 1971, dans un contexte de développement de l’industrie chimique et des risques écologiques associés, le chercheur français Jean-Michel Jouany donnait naissance à l’écotoxicologie. Cette discipline, à l’interface de la chimie et de la biologie, a pour objectif d’évaluer, de comprendre et de prédire l’impact des contaminants biologiques ou chimiques, sur les organismes, les populations, les communautés et les écosystèmes.

Les effets des polluants chimiques sur les organismes peuvent être analysés à différentes échelles, du gène à l’organisme, en passant par la cellule et le fonctionnement des organes.

On parle par exemple de génotoxicité quand l’intégrité du matériel génétique est menacée. C’est le cas avec certains composants de colles ou de vernis tels que le dichlorométhane et le trichloréthylène, ainsi que la radioactivité ou les rayons UV. Cette action se manifeste par des mutations délétères de l’ADN et par l’apparition de cancers.

D’autres substances peuvent avoir un effet néfaste sur un type de cellule précis comme les neurones avec le méthanol et l’acétone ou encore un organe. Par exemple, les branchies des organismes aquatiques qui sont en contact direct avec leur environnement.

Chez l’Homme, le foie est particulièrement sensible aux effets toxiques en raison de son rôle dans la transformation, l’élimination et de stockage des polluants chimiques parmi lesquels l’alcool et certains médicaments d’usage courant comme le paracétamol, certains antibiotiques (comme l’amoxicilline) ou les anti-inflammatoires non-stéroïdiens.

À une échelle supérieure, enfin, une substance chimique peut altérer des fonctions physiologiques essentielles comme la reproduction et l’immunité. Les métaux, la radioactivité, ou les perturbateurs endocriniens peuvent impacter le développement des organes reproducteurs, la production de gamètes (spermatozoïdes et ovules), ainsi que le développement et la survie de la descendance. Ils sont qualifiés de reprotoxiques. Enfin des composés comme les pesticides organochlorés ou les polychlorobiphényles (PCB) ont eux des effets dits « immunotoxiques » en altérant la capacité des organismes à faire face aux infections.

Mais dans cette approche globale qui souhaite étudier les effets des agents nocifs auxquels un organisme est exposé pendant sa vie, un organe primordial demeure grandement négligé.

Cet organe, c’est le microbiote : l’ensemble des Archées, des bactéries, des champignons, des levures, des virus et des petits eucaryotes avec lesquels tout organisme vit en symbiose. Étymologiquement symbiose signifie « vivre ensemble » et englobe différents types de relations allant du mutualisme (relation mutuellement bénéfique) au parasitisme ou commensalisme (relation ni bénéfique, ni nuisible).

Quelques chiffres suffisent à montrer l’importance de cette symbiose. Chez l’Humain par exemple, longtemps, la communauté scientifique a considéré que le nombre de cellules bactériennes dépassait d’un facteur 10 le nombre de cellules humaines. Une réévaluation récente revoit ce rapport à la baisse et estime que chez un sujet masculin de 1,70m et 70 kg, on retrouve 39 000 milliards de bactéries, majoritairement dans l’intestin.

Ce chiffre est très proche des 30 000 milliards de cellules humaines qui constituent cet individu. Soit 13 bactéries pour 10 cellules humaines chez l’homme. Dû à quelques différences morphologiques (par exemple une taille moyenne plus faible pour un volume intestinal comparable) et physiologiques (par exemple un volume sanguin réduit de 20-30 %), ce rapport peut monter à 17 pour 10 chez les femmes.

Selon ces chiffres, notre microbiote pèserait environ 200 grammes. Un poids proche du rein (120 grammes) ou du cœur (330 grammes). Autre particularité, contrairement à ces organes « humains » qui sont formés de quelques types cellulaires possédant tous le même matériel génétique (environ 60 000 gènes), le microbiote contient plusieurs milliers d’espèces qui représentent un répertoire additionnel de près de 10 millions de gènes. Ce microbiote est en grande majorité constitué par la communauté microbienne qui colonise le système digestif de l’hôte et qui a attiré l’essentiel des recherches ; mais d’autres niches comme le système respiratoire, l’épiderme ou les organes sexuels possèdent également un microbiote spécifique.

Grâce aux progrès techniques depuis 15 à 20 ans, en particulier concernant le séquençage de l’ADN, l’étude des microbiotes est désormais possible chez toutes les espèces animales et végétales. Une véritable révolution en biologie qui introduit un niveau supérieur d’organisation du vivant remettant en cause la définition même d’individu : l’holobionte, soit l’association de l’organisme hôte et des microorganismes vivant en symbiose avec lui.

Les microorganismes symbiotiques jouent un rôle important dans de nombreuses fonctions physiologiques qui vont de la production de nombreux composés que l’hôte est incapable de synthétiser (comme des acides gras, des vitamines ou des composés phénoliques), à l’établissement et au maintien du système immunitaire. Ils participent donc au bon état de santé de l’organisme hôte. Ce qui explique les liens possibles entre perturbation du microbiote (dysbiose) et pathologies. Ces perturbations peuvent se manifester par un changement de composition du microbiote et/ou un changement dans son fonctionnement.

Actuellement les effets des polluants chimiques sur le microbiote humain restent peu connus car l’étude du microbiote est relativement récente, tout comme celle, nous l’avons vu des polluants chimiques.

Mais de nombreux travaux montrent déjà que, parmi les paramètres environnementaux induisant une dysbiose, la contamination chimique a un impact majeur, particulièrement en milieu aquatique où les organismes sont fortement exposés aux pollutions d’origine humaine. En effet, le microbiote est généralement associé à des organes situés à l’interface entre environnement et individu comme l’épiderme, les voies respiratoires ou le tractus digestif. Ce qui fait du microbiote un acteur non négligeable dans l’impact possible d’un polluant sur l’organisme.

Les interactions polluants – microbiote peuvent être multiples. La capacité du microbiote à faire face ou non aux pollutions dépend en fait de sa diversité. Car plus une communauté est diversifiée et plus elle est susceptible de contenir un membre capable de s’adapter à cette contamination. Les polluants peuvent ainsi être métabolisés et transformés par certains partenaires microbiens.

Certaines substances comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) (par exemple le benzo[a]pyrène contenu dans les fumées de combustion incomplète de pétrole, de bois ou la fumée de cigarette), ou certains pesticides peuvent par exemple être éliminés ou rendus moins toxiques par certains microorganismes. Mais d’autres peuvent également favoriser l’absorption et les effets toxiques des polluants chimiques, comme le Mercure ou l’Arsenic.

Les polluants peuvent aussi déséquilibrer la composition et le fonctionnement du microbiote des organismes aquatiques. Le glyphosate, par exemple, favorise la croissance de bactéries pathogènes (Salmonella ou Clostridium) au détriment des souches bénéfiques (Bifidobacterium ou Lactobacillus). Si depuis 2014, l’écotoxicologie microbienne se propose d’étudier les interactions entre polluants et communautés microbiennes dans leur environnement (air, eaux, sols), les liens entre environnement, partenaires symbiotiques et physiologie de l’hôte sont encore peu connus malgré l’importance médiatique du microbiote.

Que ce soit la santé humaine ou la santé des espèces aquatiques, les microbes pathogènes ont longtemps attiré l’essentiel des travaux. Le rôle des partenaires bénéfiques, quant à lui, est encore peu étudié alors même que ces partenaires peuvent devenir néfastes face à une perturbation environnementale. Face à la diversité des polluants et l’émergence permanente de nouvelles molécules, il convient donc, en premier lieu, de considérer l’ensemble des compartiments biologiques et d’intégrer le microbiote à l’écotoxicologie. En second lieu, il est nécessaire d’étudier l’ensemble des constituants du microbiote et de définir leurs fonctions afin de comprendre et d’anticiper les effets des polluants.

Partant de ce constat, j’ai récemment introduit le concept de « symbiotoxicité »(par analogie avec les termes précédents de « génotoxicité », « reprotoxicité » ou « immunotoxicité ») Ce terme désigne la capacité d’un polluant à produire ses effets toxiques sur un organisme par l’intermédiaire de son microbiote. Cet objet d’étude permet de prendre en compte l’organe microbiote et se place à l’intersection entre l’écotoxicologie classique, l’écotoxicologie microbienne et l’étude des interactions symbiotiques entre organismes

En milieu aquatique, l’impact des modifications du microbiote face aux contaminations est particulièrement étudié chez des espèces consommées par l’Homme afin d’améliorer les pratiques, limiter les traitements pharmacologiques, etc. Parmi ces espèces, de nombreux mollusques bivalves, comme les huîtres, ont un rôle crucial dans le fonctionnement de leur écosystème et ont une valeur économique importante.

Or chez les huîtres, un microbiote sain pourrait limiter l’installation de souches pathogènes, jouer un rôle dans la prévention de la dysbiose et aider au rétablissement de l’état de santé après un stress. Des effets non négligeables car bien souvent les pathogènes ont des effets néfastes en cascades sur la santé des consommateurs, des écosystèmes, les filiales économiques dépendant du commerce de produits de la mer.

La symbiotoxicité pourrait alors permettre d’identifier des polluants dont la présence favorise l’apparition et la diffusion de pathogènes dans l’environnement et ainsi révéler un mode d’action encore inconnu des polluants, mieux comprendre les conséquences physiologiques de cette exposition pour la santé des organismes vivants, le fonctionnement de leurs écosystèmes et in fine l’impact sur la santé humaine.

La symbiotoxicité pourrait alors permettre d’identifier des polluants dont la présence favorise l’apparition et la diffusion de pathogènes dans l’environnement et ainsi révéler un mode d’action encore inconnu des polluants, mieux comprendre les conséquences physiologiques de cette exposition pour la santé des organismes vivants, le fonctionnement de leurs écosystèmes et in fine l’impact sur la santé humaine.

Des polluants éternels dans les pesticides

Des polluants éternels dans les pesticides

Une partie des pesticides uitilisés appartiennent à la famille des PFAS (Polluants éternels) serait beaucoup plus problématique et nocive qu’imaginés jusqu’à présent. C’est la conclusion d’un rapport de l’association Générations Futures.

Dans son rapport, l’association Générations Futures met en lumière la présence de nombreux composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS), aussi connus sous le nom de « polluants éternels » dans les pesticides. Il s’agit d’une molécule très persistante que l’Europe cherche par ailleurs à bannir, sauf pour l’agriculture. Le PFAS est à la fois une substance courante pour la vie quotidienne, puisqu’elle permet de fabrique les poêles Tefal ou les emballages des burgers. Mais c’est aussi une molécule très problématique qui peut rester pendant des générations dans l’environnement.

Trente substances sont toujours autorisées et presque un tiers contient des molécules persistantes ou très persistantes. Pour Générations Futures, c’est une introduction, et donc une contamination délibérée des PFAS dans notre alimentation et dans l’environnement. Mais, toujours d’après l’association, cela reste un angle mort dans les efforts qui sont déployés par l’Europe pour tenter de sortir des PFAS.

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