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« LR » se ratatine (Jean Petaux, politologue )

LR se ratatine (Jean Petaux, politologue )

Le  politologue Jean Petaux estime que les sympathisants et militants LR s’enferment dans une « sorte de réduit d’irréductibles ».

 

Interview sur France Info

 

 

Pourquoi Les Républicains manquent-ils autant de visibilité pour un parti qui a été au pouvoir pendant des décennies ?

Jean Petaux : Je crois qu’on pourrait également faire ce constat pour l’autre grand parti de gouvernement depuis des décennies, le Parti socialiste. Je me permets de faire ce rapprochement parce que je crois que la crise que connaît LR aujourd’hui est celle, finalement, d’un réservoir à idées qui est vide. D’une certaine façon, ce sondage Ipsos Sopra Steria est révélateur d’une crise qui est peut-être encore plus profonde, puisque c’est le décalage de la perception de la situation entre ceux qui sont à l’extérieur de LR et ceux qui sont dedans. Car ceux qui sont à l’extérieur et précisément, par exemple les sympathisants La République en Marche et les sympathisants RN ne voient aucun inconvénient à s’allier avec LR. Ils considèrent que, d’une certaine façon, la proximité est forte. Les sympathisants et les militants LR, eux, au contraire, sont en train de s’enfermer dans une sorte de réduit d’irréductibles qui veulent rester tout seuls et qui considèrent qu’ils ne peuvent pas passer d’alliance avec d’autres.

Est-ce la conséquence du « en même temps » d’Emmanuel Macron, qui est entre d’un côté LR et de l’autre le Rassemblement national ?

On dit habituellement que les électeurs préfèrent l’original à la copie. Là, c’est comme si les électeurs se mettaient à préférer les photocopies, celles de LREM et celles du RN par rapport à l’original. C’est-à-dire en quelque sorte qu’ils préféraient ses clones de programmes ou de propositions qui pouvaient être initialement faites par Les Républicains. Par ailleurs, Edouard Philippe a souvent employé l’expression de la poutre qui continue à travailler après la formidable secousse que lui a administré Emmanuel Macron en 2017. On a l’impression cette fois-ci que non seulement la poutre bouge encore, mais qu’elle est surtout fractionnée. Elle est en train de se scinder entre finalement deux partis à l’intérieur-même de LR. Et encore le sondage ne nous donne-t-il qu’une photographie à partir de thématiques. Mais la fracture idéologique des Républicains passe aussi à l’intérieur du parti en fonction des leaders. Si les choses se poursuivent ainsi, LR peut pour la prochaine présidentielle rejoindre le sort qui était celui du Parti socialiste, c’est-à-dire avoir un score à moins de deux chiffres.

Alors justement, qu’existe-t-il comme alternative à gauche ? Qui peut être fédérateur à gauche pour faire face à Emmanuel Macron ?

Actuellement, personne. Puisque les sondages, qui évidemment ne sont que des photographies à un an de la prochaine présidentielle, nous indiquent que toutes les forces sont autour de 8%, 9%, 10%, 12% grand maximum. Et celui ou celle qui va se dégager devra au moins creuser l’écart avec 3 ou 4 points d’avance par rapport aux autres candidats des gauches. On assiste véritablement, par rapport à 2017, à une situation qui pourrait bien plus ressembler à 1969, c’est-à-dire une gauche qui, le Parti communiste n’étant plus là, est complètement diffractée avec des candidats qui auront du mal à dépasser les 15%.

Cela signifie-t-il que ceux qui disent qu’il y aura un duel Macron-Le Pen d’office au deuxième tour ont raison ?

Je me méfie beaucoup de ce genre de prédictions et de prévisions à un an. La vie politique française est faite de rebondissements, de surprises. Elle est faite aussi parfois d’effondrements, totalement inattendus. Donc je ne me risque pas du tout à ces pronostics. Ce qui est certain, c’est qu’aussi bien LR que le Parti socialiste, dans leur dimension de partis de gouvernement, sont complètement en panne d’idées, de propositions, et n’arrivent pas à renouveler un logiciel programmatique qui pourrait en particulier ramener à eux des électeurs qui sont en ce moment en déshérence, soit du côté du RN, soit même du côté de La République en Marche.

L’Union de la gauche de Mélenchon ? : De la rigolade » (Gérard Grunberg, politologue)

L’Union de la gauche de Mélenchon ?  : De la rigolade » (Gérard Grunberg, politologue)

Politologue et directeur de recherche émérite au CNRS, Gérard Grunberg, qui fut également membre du cabinet de Michel Rocard et adhérent au Parti socialiste jusqu’en 1995, revient sur la proposition de Mélenchon de reconstituer l’union de la gauche (interview Europe 1)

 

Avec cinq grandes listes, la gauche n’a jamais été divisée avant d’aborder les élections européennes. Pourtant, Jean-Luc Mélenchon espère l’unir ensuite dans une fédération populaire… Qu’est-ce que cela vous inspire ?

« Je pense d’abord qu’il veut commencer à se couvrir car ces européennes vont probablement être un gros échec pour lui : il pourrait tomber de 20% (19,58%) ce qui a été son score au premier tour de la présidentielle en 2017, à 7 ou 9%, ce que sont les intentions de vote pour la liste La France insoumise (LFI). Et je pense même que cette liste peut être dépassée par les écologistes (dont la tête de liste est Yannick Jadot, ndlr). Jean-Luc Mélenchon a raté son coup, qui était d’écraser, comme il l’avait dit, le Parti socialiste. Il veut se donner l’image de quelqu’un qui est pour le rassemblement de la gauche, ce qui est absolument faux, et avoir un langage qui lui permet de dire ‘ce n’est pas moi qui suis le diviseur de la gauche’. Mais je ne vois aucun des leaders de gauche accepter quoi que ce soit de ce genre-là. S’il avait dit ‘on s’est trompé, ce qu’il faut, c’est que toutes les formations de gauche s’allient’, mais il ne dit pas ça… Et une fédération, qu’est-ce que ça veut dire ?

C’est une chose que faisait le Parti communiste il y a 30 ou 40 ans. Quand il avait des difficultés avec les socialistes, entre 1974 et 1978 – à l’époque, c’était pour la rénégociation du programme commun -, le PC disait ‘on va faire l’union du peuple de France pour le changement démocratique’. Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui, c’est exactement le langage communiste de l’époque, c’est-à-dire que, selon sa logique, on ne peut pas s’entendre avec les partis et on doit reconstruire une union populaire avec, bien sûr, lui à sa tête. À l’époque, les socialistes avaient refusé, en disant : ‘On discute entre les partis ou on ne discute pas.’ Ce pauvre Mélenchon n’a rien inventé. »

Est-ce que c’est Jean-Luc Mélenchon lui-même qui poserait problème à cette union de la gauche ?

« L’image de Jean-Luc Mélenchon s’est beaucoup dégradée depuis deux-trois ans en jouant tout seul contre tous. Sa personnalité est aujourd’hui rejetée par les partis qui, il faut bien le reconnaître, ont fait beaucoup d’efforts. Mais aujourd’hui, cela semble terminé. Il y a sa personnalité mais il y aussi tout simplement le fait que les gens ne vont pas abandonner leurs partis ou leurs idées pour le rejoindre. La ligne principale n’est pas la même pour tous, que ce soit sur l’Europe, l’euro, le Venezuela, Poutine…

C’est ici une vieille figure de la gauche française, celui qui est le plus à gauche qui dit : ‘on ne va pas discuter entre partis, on va faire une union populaire.’ Et il appelle tout le monde à se regrouper autour de lui, mais comment voulez-vous que les autres acceptent ça ? C’est de la rigolade, de l’habillage, pour donner l’illusion que ce n’est pas lui qui casse l’union de la gauche, et à mon avis, il fait ça en partie parce qu’il sait que c’est très mal parti pour lui. Les européennes vont montrer que sa stratégie d’écrasement va échouer. »

En aucun cas, ce scrutin ne peut être porteur pour la gauche ?

« Sur les cinq grandes listes de gauche, aucune ne fera un gros score. Elles vont toutes se tenir à 7-8%, donc rien ne peut se passer après, rien ! Les deux tronçons du Parti socialiste ne veulent pas se parler, les écologistes ne veulent pas parler aux socialistes… La gauche n’a jamais été aussi divisée, ni aussi faible. Il ne se passera absolument rien après les européennes. Ça fait des années qu’il y a des gens qui disent ‘je vais rassembler’, il y a eu des tas de tentatives de rassemblement de la gauche, ça ne s’est jamais fait, car il y a ceux qui ne voulaient pas le faire il y a des désaccords de fond. Même les communistes et Hamon ne peuvent pas se mettre d’accord. Chacun veut conserver son parti, sa position, etc. Il ne faut pas croire que le nouveau parti créé par le PS (Place publique, dont Raphaël Glucksmann est la tête de liste, ndlr) va faire des merveilles. Tous ces gens prennent la chose par le mauvais bout. Le bon bout, ce serait de voir vraiment ce sur quoi ils sont d’accord et pas d’accord… Parce qu’ils restent quand même en désaccord sur beaucoup de points…

Et puis, il y a toujours le problème de l’identité du leader. (François) Mitterrand avait réussi à l’être après avoir ferraillé avec les communistes (au début des années 1980), mais aujourd’hui, il n’y a aucun de ces hommes politiques de gauche qui a la carrure ou l’opportunité de pouvoir s’imposer, pour l’instant. Il n’y a aucun homme qui peut regrouper la gauche autour de lui ni aucun parti, aucune idée, aucune stratégie, donc cela va rester comme c’est depuis trois, quatre ans… »




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