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Anti éolien : Les politiques soutiennent Stéphane Bern

Anti éolien : Les politiques soutiennent Stéphane Bern

Nombre de politiques soutienne Stéphane Bern et sa lettre adressée à la ministre de l’environnement pour protester contre l’envahissement des inutiles éoliennes. Dans ce texte, intitulé «Madame Pompili, les éoliennes sont une négation de l’écologie», l’écrivain fustige le «diktat éolien qui brasse du vent et ancre dans nos sols un véritable mensonge». «Il est grand temps de dénoncer cette supercherie. L’énergie éolienne (…) pollue gravement la nature et détruit le patrimoine naturel et bâti de la France, ces sites remarquables de beauté et ces joyaux architecturaux dont nous sommes collectivement dépositaires», explique notamment Stéphane Bern, qui accuse Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, de contrevenir «à la loi écocide qu’elle fait voter» en se rendant coupable «d’atteintes à la biodiversité, d’artificialisation des sols et de soutien aux énergies fossiles».

Présidentielle: Les partis politiques marginalisés

Présidentielle:  Les partis politiques marginalisés

 

  

La candidature de Jean-Luc Mélenchon et, plus récemment, celle de Xavier Bertrand démontrent que les formations politiques ne semblent plus structurer le processus de désignation des candidats voire s’apparentent à des outils au service d’ambitions personnelles, analyse le politiste dans une tribune au « Monde ».

 

Xavier Bertrand a donc déclaré, mercredi 24 mars, sa candidature pour l’élection présidentielle sans attendre les élections régionales ni l’hypothétique primaire d’un parti (Les Républicains, LR) dont il n’est de toute façon plus membre. Les partis politiques semblent avoir perdu la maîtrise du jeu présidentiel ou sont des instruments au service d’ambitions personnelles. 

Sous la Ve République, un des rôles des partis était de fabriquer des présidentiables et de les départager à travers diverses méthodes (cooptation, sondages, primaires fermées ou ouvertes…). Jusqu’en 2012, l’élection présidentielle arbitre la lutte de personnalités s’appuyant sur des organisations partisanes même si les primaires ouvrent le processus à des non-adhérents.

Lors de l’élection présidentielle de 2017, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon s’autoproclament candidats en s’appuyant sur des partis-mouvements – La République en marche (LRM) et La France insoumise (LFI) −, créés ad hoc pour appuyer leur ambition personnelle. Le parti ne produit plus le candidat en le légitimant au préalable, c’est le candidat qui crée le parti pour porter sa campagne. La personnalité du candidat devient l’aspect central de l’offre politique (l’organisation n’est qu’un arrière-plan). L’investiture partisane n’est plus un préalable puisque le parti n’est, en quelque sorte, que le moyen, le support et la conséquence d’une candidature personnelle.

« Investiture populaire »

En novembre 2020, Jean-Luc Mélenchon s’est déclaré pour la troisième fois candidat à l’élection présidentielle. Le député a inventé alors de nouvelles règles pour se représenter et se réinventer. S’il « propose » à nouveau sa candidature, il la conditionne à une « investiture populaire » (le parrainage de 150 000 citoyens). Il ne présente donc pas sa candidature comme procédant de LFI, tout en précisant que « c’est le programme qui est investi, pas un homme ». Une nouvelle plate-forme est créée pour récolter les parrainages : noussommespour.fr.

Ce n’est significativement pas sur la plate-forme de LFI que les soutiens sont recueillis. Les militants LFI n’ont été que consultés un peu plus tôt, par e-mail, tout comme les députés lors d’une réunion informelle. Le seuil de 150 000 parrains est franchi en quelques jours : plus de 2 millions d’abonnés sur Twitter suivent le leader de LFI qui revendique 500 000 adhérents. La candidature résulte donc d’une forme d’autodésignation mais celle-ci est sanctionnée par un plébiscite populaire aux résultats largement prévisibles.

Des choix politiques aux dépens du scientifique

Des choix politiques aux dépens du scientifique

Invité de France Inter mardi, le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon de Paris a critiqué la stratégie du gouvernement et dénoncé une action politique sans cohérence avec les avis scientifiques.

 

Près de 1.500 patients en réanimation. La situation épidémique dans les hôpitaux d’Ile-de-France fait toujours l’objet de grandes inquiétudes. Le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon de Paris, a tiré la sonnette d’alarme mardi matin sur France Inter, décrivant l’afflux massif de malades auquel les établissements devaient faire face. Avec un taux d’incidence de 640 cas pour 100.000 habitants, l’Ile-de-France est l’une des régions les plus touchées par le Covid-19. Les hôpitaux comptent près de 1.500 patients contaminés en réanimation. « A l’échelle de mon hôpital, les mesures de freinage n’ont quasiment aucun effet », a déploré le professeur, critiquant le confinement local plutôt lâche adopté par les autorités.

 

Le pic de la première vague dépassé quoiqu’il arrive? Mais ce sont surtout les projections qui affolent les médecins. « Les semaines qui vont s’écouler sont déjà écrites », soupire Gilles Pialoux. Le médecin a participé à une réunion de crise le 27 mars à l’AP-HP pour préparer le difficile mois d’avril à venir. Selon les estimations, le nombre de malades en réanimation est amené à exploser dans les prochains jours, quelles que soient les mesures restrictives prises par le gouvernement. Ainsi, si un confinement strict entrait en vigueur le 1er avril, un pic pourrait être atteint le 12 avril avec plus de 3.400 patients en réanimation. Si le confinement mettait une semaine de plus à arriver, ce chiffre pourrait passer à plus de 4.400 patients en réanimation le 29 avril. Ces niveaux sont donc amenés à dépasser ceux du pic de la première vague lors duquel 2.877 lits étaient occupés par les patients Covid. Gilles Pialoux décrit une situation « à la Lombarde » qui se profile : un tri devra s’opérer entre les patients, certains mourront « sur les brancards ».

« Le politique a éclipsé le scientifique ». Selon lui, en faisant le pari de ne pas reconfiner, « le politique a éclipsé le scientifique ». « Depuis janvier, on a des décisions politiques qui n’ont aucune cohérence scientifique », s’exclame-t-il au micro de France Inter. En plus des mesures de freinage actuelles qu’il juge inefficaces, le professeur dénonce l’absence de transparence du gouvernement sur sa stratégie sanitaire. Selon lui, l’exécutif est conscient que les déprogrammations d’opérations à venir et la dégradation de la qualité des soins vont être des conséquences directes de sa stratégie.

Macron l’apprenti épidémiologiste. Des critiques émergent au sein des scientifiques et de la classe politique sur l’attitude du président de la République qui s’émanciperait de plus en plus de l’avis des experts. Alors qu’Emmanuel Macron avait scrupuleusement suivi les recommandations du Conseil scientifique au cœur de la première vague, il semble désormais les considérer comme un avis parmi d’autres, à mettre en balance avec les conséquences sociales de la pandémie. Il avait effectué un premier pas de côté en avril 2020, en rouvrant les écoles contre l’avis du Conseil scientifique. Mais la bascule s’est réellement opérée lorsque le chef de l’Etat a refusé de reconfiner le pays en janvier. Certains commentateurs lui prêtaient alors une attitude « d’apprenti épidémiologiste ». Le 25 mars, lors d’un point presse, Macron refusait tout « mea culpa » et défendait sa stratégie face au virus. Des propos qu’il réitérait dans les colonnes du JDD dimanche.

Procès Sarkozy : une évolution juridique vis-à-vis des politiques ?

Procès Sarkozy : une évolution juridique vis-à-vis des politiques ?

Fabien Bottini Professeur des Universités en droit public, Université Le Havre Normandie, évoque dans la Tribune la portée du procès Sarkozy.

 

Le 1er mars dernier, le Tribunal correctionnel de Paris a condamné Nicolas Sarkozy à trois ans de détention, dont un ferme, pour corruption et trafic d’influence. À l’appui de cette sanction, les juges ont souligné que ces infractions avaient porté « gravement atteinte à la confiance publique en instillant dans l’opinion publique l’idée selon laquelle » la justice pouvait « faire l’objet d’arrangements occultes destinés à satisfaire des intérêts privés ».

La sévérité de cette sanction est à mettre en rapport avec le caractère inédit du dossier. Ce serait la première fois dans l’histoire de la Ve République qu’un jugement fondé sur des écoutes téléphoniques établirait qu’un ancien chef de l’État a promis à un magistrat de la Cour de cassation de jouer de son influence pour lui permettre d’être nommé à un poste prestigieux en échange de son aide pour mettre un terme à des procédures judiciaires le visant, et ce afin d’obtenir une décision plus favorable.

Nicolas Sarkozy ayant fait appel de son jugement qui pose à ses yeux « la question de la partialité de certains magistrats », sa condamnation n’est toutefois pas définitive et aucun rebondissement n’est à exclure puisqu’il a déjà bénéficié de deux non-lieux dans des procédures dirigées contre lui.

Son procès a toutefois le mérite de mettre en lumière une conséquence de la mondialisation qui n’est pas toujours bien perçue par le grand public et les responsables politiques eux-mêmes.

Le jugement s’inscrit dans une évolution d’ensemble dont la finalité est d’assurer la neutralité de l’action publique dans le champ économique, de façon à ne pas perturber le bon fonctionnement du marché dont dépend désormais la prospérité du pays et, à travers elle, le progrès social.

Le rapport qu’entretient le personnel politique avec la justice n’a en effet évolué ces dernières années que parce qu’une certaine rationalité économique a rejoint les critiques de l’opinion publique contre l’immunité-impunité supposée de ceux qu’il est convenu d’appeler les décideurs publics par comparaison avec les décideurs du secteur privé : les chefs d’entreprise.

Parce qu’ils ont « la passion de l’égalité » comme l’écrivait Tocqueville, les Français ont régulièrement exprimé à travers l’histoire leur aspiration à une responsabilité effective des gouvernants. Déjà au IXe siècle la théorie du gouvernement « spéculaire » – entendu comme un gouvernement miroir de la société - soutenait que le chef de l’État se devait d’être exemplaire et vertueux pour mériter son titre et être obéi de tous.

Sous la Révolution, les cahiers de doléances de la noblesse d’Amiens ont assigné aux États généraux le soin de demander que :

« les ministres et tous les administrateurs soient responsables envers la nation de leur gestion et jugés suivant la rigueur des lois ».

Encore en 1870, le décret supprimant la garantie des fonctionnaires – qui interdisait de poursuivre les agents publics sans l’autorisation préalable du Conseil d’État – a été « l’un des mieux accueillis » par « l’opinion publique ». Ces attentes sont à l’origine directe de l’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen d’après lequel : « La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration ».

L’idée a toutefois longtemps prévalu que cette responsabilité devait être davantage politique que pénale : en l’absence d’infractions volontaires ou d’enrichissement personnel, la sanction des contrevenants devait être la perte (ou la non-conquête) du pouvoir, pas la prison.

Derrière cette solution se trouvait le souvenir des abus des cours de justice de l’Ancien droit. Entre les mains de la noblesse de Robe, ces tribunaux étaient hostiles à la Révolution. C’est pourquoi les Révolutionnaires de 1789 s’en étaient davantage remis à la séparation des pouvoirs entre l’Exécutif et le Législatif et à l’éthique des élus de la Nation pour prévenir ou sanctionner l’arbitraire du personnel politique.

La Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen énonce pour cette raison ce que la loi peut faire afin que les gouvernants sachent à tout instant ce qu’ils ne peuvent pas faire :

art. 5 : « La Loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société » ;

art. 8 : « La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires » ;

art. 12 : la force publique est « instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée »…

Ces garanties demeurent, la déontologie ayant même fait son grand retour avec le vote des lois organique et ordinaire du 11 octobre 2013, sur la transparence de la vie publique (qui renforcent la prévention des conflits d’intérêts dont les élus pourraient se rendre coupables dans l’exercice de leurs fonctions).

Mais elles ont également montré leurs limites, les élus étant souvent réticents à condamner leurs pairs, par peur de représailles. « Je ne souhaite pas », disait pour cette raison le Premier ministre Lionel Jospin au moment où le député Montebourg proposait de renvoyer le président Chirac devant la Haute cour de justice, « que les affaires soient utilisées dans le débat public ».

Les difficultés qu’ont longtemps eues les victimes à déclencher elles-mêmes les poursuites devant le juge pénal combinées avec le pouvoir du garde des Sceaux de donner des instructions individuelles aux parquets dans les dossiers « sensibles » faisaient qu’en pratique les condamnations restaient rares.

D’où le sentiment d’injustice chez certains citoyens. Celui-ci a fini par nourrir des réformes d’ampleur dans les années 1990 à la suite de différents scandales politico-financiers visant le Parti socialiste (PS) (affaires Urba ou carrefour du développement) ou la droite (affaire de Karachi par exemple).

Mais ces réformes n’ont toutefois pu aboutir que parce que les attentes de l’opinion publique ont conjugué leurs effets avec une certaine rationalité économique avec laquelle on ne fait pas toujours bien le lien.

Cette rationalité, c’est celle qui préconise de faire de l’interdépendance économique des Nations – dont les dirigeants politiques doivent être les artisans autant que les garants – le facteur de la paix dans le monde. Tout comportement déviant doit pour cette raison être prévenu (par la déontologie) et à défaut sanctionné (par le droit pénal) pour ne pas compromettre le bon fonctionnement du marché global.

 

Fondé sur le souvenir de la pax romana qui a duré plus de 1000 ans sous l’Antiquité, le projet d’une paix par le commerce entre États a régulièrement été défendu par d’éminents auteurs depuis les Temps modernes.

En 1623, le moine Emeric de La Croix insistait dans Le Nouveau Cynée sur l’importance d’assurer la « liberté du commerce par tout le monde » avant qu’Emmanuel Kant ne fasse, en 1795, du respect du droit des gens au niveau international un instrument de son Projet de paix perpétuelle et que Victor Hugo ne prédise, dans son célèbre discours du 21 août 1849 au Congrès de la paix, qu’« un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce ».

C’est cette finalité qui sous-tend le projet de la Charte de l’Atlantique du 14 août 1941, co-écrite par Roosevelt et Churchill, de faire de « l’accès et la participation », de « tous les États », « au commerce et aux matières premières indispensables à leur prospérité » et de « la plus entière collaboration entre toutes les nations » le moyen de prévenir un nouveau conflit mondial à l’avenir. C’est de ce fait lui qui inspire les accords du GATT en 1947, le lancement de la construction européenne en 1951 et 1957 ou encore la création de l’OMC en 1995.

Or, sa mise en œuvre a franchi une nouvelle étape au tournant des années 1990 lorsque la multiplication des scandales politico-financiers précités a montré combien les personnalités politiques pouvaient, par leur comportement, fausser le bon fonctionnement du marché, en avantageant de façon occulte certains opérateurs économiques.

Il est pour cette raison devenu important à cette date de lutter contre la corruption au moment qui plus est où l’effondrement de l’URSS permettait une libéralisation accrue des échanges entre États. Six conventions pénales internationales adoptées entre 1996 et 2003 sous l’égide de l’OCDE, de l’UE ou encore du Conseil de l’Europe ont ainsi contribué à renforcer en France le rôle de la juridiction pénale contre la corruption et à alimenter, ce faisant, le phénomène de judiciarisation de la vie politique.

Alors que le juge était relégué depuis la Révolution au rang de simple autorité, il s’est depuis le tournant des années 90 imposé comme un véritable contre-pouvoir.

La création en 2013 d’un Parquet national financier (PNF) participe de cette même évolution, puisqu’il vise à protéger les intérêts économiques fondamentaux de la Nation.

Ce n’est ainsi pas par hasard si Jacques Chirac a dans ce contexte été le premier ancien président de la République à avoir fait l’objet de poursuites à raison de faits d’abus de confiance et de détournement de fonds commis lorsqu’il était maire de Paris et président du RPR.

On comprend de même mieux pourquoi les faits contre Nicolas Sarkozy ont été instruits par le PNF et pourquoi le tribunal a considéré que les infractions qui lui étaient reprochées justifiaient à ses yeux de la prison ferme, dès lors qu’elles fragilisaient la confiance de tout un chacun – simple particulier ou opérateur économique – envers le bon fonctionnement de l’institution judiciaire – si importante pour le règlement des litiges commerciaux.

Reste à savoir si le jugement du tribunal est ou non juridiquement fondé. Régulièrement la droite s’estime victime de « juges rouges » réputés proches de la gauche lorsque ses leaders se trouvent condamnés et les magistrats à l’origine du jugement n’échappent pas à ces critiques. Ce reproche n’est toutefois pas propre à la droite puisque certaines personnalités de gauche dénoncent en retour, à l’image de Jean‑Luc Melenchon, tout aussi régulièrement une « justice aux ordres » de la majorité du moment.

 

À chaque fois, il s’agit ainsi de prendre l’opinion publique à témoin pour lui faire constater le caractère injuste de la décision rendue.

Au nom des principes de l’État de droit, la judiciarisation de la vie politique s’accompagne toutefois d’un renforcement des garanties offertes à la personne poursuivie, pour s’assurer que chacun ait droit à ce que son affaire soit tranchée par un tribunal indépendant et impartial (art.6 §1 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme de 1950).

Non seulement le juge est tenu de respecter le droit au respect de la présomption d’innocence des personnes mises en cause, mais il se doit d’instruire à charge ET à décharge les faits qui lui sont soumis. Sans compter que les justiciables bénéficient de plusieurs voies de recours.

Outre que le double degré de juridiction leur permet de faire appel de leur condamnation avant éventuellement de se pourvoir en cassation, il leur est également loisible de saisir la Cour européenne des droits de l’Homme comme Nicolas Sarkozy en a l’intention. Ce sont ces garanties qui lui ont par le passé permis de bénéficier de deux non-lieux.

S’il convient donc de laisser la justice suivre son cours, le jugement rendu n’est qu’une pièce d’un puzzle plus grand dont le but ultime est de rendre confiance aux opérateurs du marché dans le bon fonctionnement des institutions. De ce point de vue les critiques qui l’ont accompagné comme l’appel qui a été interjeté doivent être perçus comme le signe de leur vitalité et non comme celui de la déliquescence de notre démocratie.

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(*) Par Fabien Bottini, Qualifié aux fonctions de Professeur des Universités en droit public, Université Le Havre Normandie.

L’auteur a récemment publié « L’action économique des collectivités publiques : ses enjeux, son droit, ses acteurs ».

Sondage justice des politiques : mieux traités que les autres pour 60 %

Sondage justice des politiques : mieux traités que les autres pour 60 %

En dépit des protestations de Sarkozy quant à sa dernière condamnation, l’opinion considère que les politiques sont mieux traitées que le citoyen ordinaire. Un jugement global sans doute justifié mais qui fait peut-être abstraction du détail contestable de la dernière affaire où les preuves matérielles faisaient défaut.

 

Selon un sondage Ifop pour le JDD*, pour 62% des Français, la justice traite « moins sévèrement » une personnalité politique qu’un simple citoyen. Ils ne sont pas non plus convaincus par la dénonciation d’un acharnement judiciaire à l’égard de l’ancien président : seuls 22% estiment que Sarkozy est, de manière générale, « moins bien traité » par les juges, alors qu’une personne sondée sur deux estime qu’il l’est « mieux ».

 

Enquête Ifop pour le Journal du Dimanche réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 4 au 5 mars 2021, auprès d’un échantillon de 1.012 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. 

La popularité des personnalités politiques : le classement des nuls

La popularité des personnalités politiques : le classement des nuls

 

On ne peut pas dire que la France fasse preuve de beaucoup de d’originalité en matière de popularité des responsables politiques.

 L’ex-Premier ministre domine toujours le classement des personnalités politiques (54 %, +3), tandis que Nicolas Hulot reprend sa deuxième place (46 %, +1) à Roselyne Bachelot qui se classe 3e (44 %, -3). Plus loin, Nicolas Sarkozy (33 %, +2), Bruno Le Maire (32 %, =), Olivier Véran (30 %, -2) occupent la suite du classement. A nouveau testée ce mois-ci, Marion Maréchal et se classe 7e (29 %, elle gagne 3 points depuis novembre 2020), juste devant Marine Le Pen (27 %, +3). Michel Barnier , testé pour la première fois ce mois-ci, occupe la 9e place avec 27 % d’image positive (27 % d’image négative et 46 % ne se prononcent pas). Nicolas Dupont-Aignan (22 %) et Rachida Dati (22 %) progressent également de 3 points.

Gérard Larcher, après avoir connu une baisse de 6 points le mois dernier, enregistre la plus forte augmentation de janvier (18 %, +5). Gabriel Attal (17 %, +3) connaît une amélioration de sa popularité depuis septembre 2020 : il gagne 15 points de notoriété, repartis de manière quasi-égale entre image positive (+7) et image négative (+8).

Ne manque plus que le célèbre député Jean Lassalle ou Arlette Laguiller pour compléter le tableau.

Turpitudes politiques : Trump a demandé de truquer le vote à son avantage !

Turpitudes politiques : Trump a demandé de truquer le vote à son avantage !

Dans un extraordinaire appel téléphonique passé samedi depuis la Maison-Blanche, et dont le Washington Post a publié dimanche l’enregistrement et la transcription, le président américain a, pendant une heure de conversation, tenté d’obtenir de Brad Raffensperger la modification du résultat de l’élection en sa faveur.
«Tout ce que je veux, c’est trouver 11.780 votes, ce qui est un peu plus que ce que nous avons. Parce que nous avons gagné l’État », dit Trump.

 

Sans se départir de son sang-froid, Brad Raffensperger a chaque fois poliment mais fermement refusé d’accéder à ces demandes de revenir sur le résultat d’un vote plusieurs fois recompté et certifié. «Nous ne sommes pas d’accord sur le fait que vous avez gagné», a répondu le secrétaire d’État. «Il y a eu plusieurs recours en justice… Nous avons procédé à un recomptage manuel, de tous les bulletins de vote et les avons comparés aux résultats des comptages par les machines et nous avons obtenu pratiquement le même résultat… je ne pense pas qu’il y ait un problème à ce sujet.» Quant aux électeurs décédés, «ils étaient deux… Nous pensons que nous avons eu une élection régulière», a dit Raffensperger.

 

Bref Trump  exercer une inqualifiable pression politique sur un responsable pour modifier à son avantage les résultats du vote présidentiel

« Coronavirus : des conséquences politiques (institut et Elabe)

 « Coronavirus : des  conséquences politiques (institut et Elabe)

 

Bernard Sananès, président d’Elabe prévoit des conséquences politiques suite à la crise sanitaire dans une interview des Echos

Après une année 2020 marquée par une crise sanitaire séculaire, quel regard portez-vous sur la société française ?

Elle a été marquée par l’inquiétude pesante née des deux vagues de la crise sanitaire , des deux confinements, et de la crise économique et sociale. Pourtant elle a fait preuve d’une forme de résilience. Mais les signaux d’alerte sur le moral des Français, sur les souffrances vécues par les plus exposés sont réels. Qu’en sera-t-il si une troisième vague épidémique survient et si l’absence de perspectives perdure ? On ne sait pas si les Français pourront encaisser les chocs encore longtemps. Tout cela aura un impact direct sur la séquence 2021-2022.

Quel bilan politique peut-on tirer de 2020 ?

Il y a eu une critique forte de la gestion de la crise, après l’épisode des masques. Mais surtout je note que les Français ont mis la politique à distance. Ils sont d’abord dans le « sortez-nous de là ». C’est comme si le virus avait anesthésié la vie politique pendant un an. Il n’y a pas eu de mouvements marquants dans l’opinion. Ainsi, Emmanuel Macron affichait une cote de confiance de 32 % en janvier 2020 dans notre baromètre et il se situe exactement au même niveau en décembre.

Emmanuel Macron en sort-il affaibli ou renforcé ?

Ni l’un ni l’autre. Il n’a pu compter sur aucun effet d’unité nationale et n’est pas parvenu non plus à la susciter, ce qui est un signe de faiblesse. A l’inverse, les critiques sur la gestion de la crise n’ont paradoxalement pas généré d’impopularité supplémentaire. Le moment de juger la gestion de cette crise n’est pas encore venu car les Français vivent sous inquiétude maximale. Les conséquences politiques n’ont pas encore été tirées.

Qu’en est-il de ses oppositions de droite et de gauche ?

C’est exactement pareil pour les oppositions. Les opposants politiques d’Emmanuel Macron restent dans leur couloir et personne n’a réussi à capter l’attention malgré les critiques, et parfois la colère, sur la gestion de la crise. Aucun leader n’a émergé dans l’opinion ou n’a vu sa cote de confiance progresser. La situation avait été la même pendant la crise des « gilets jaunes », personne n’en avait profité en termes d’opinion.

Comment peut-on interpréter la réticence d’une majorité de Français à se faire vacciner ?

Cette méfiance ajoute à la défiance générale des Français celle liée à la gestion de la crise. La défiance par rapport au vaccin est installée depuis longtemps, après notamment l’épisode de la grippe H1N1. Le doute s’est ajouté tout au long de 2020 et les Français sont nombreux à ne pas avoir encore décidé s’ils se feront vacciner. La campagne vaccinatoire devra donc lever les freins, en s’appuyant notamment sur le rôle central des médecins. La dernière enquête que nous avons réalisée montre que c’est leur avis qui comptera en premier dans le choix de chacun. Cette crise montre plus largement que la parole publique est l’autre victime du coronavirus. Qui croire ? A qui faire confiance ? Ce contexte pèsera sur la campagne présidentielle.

Le populisme a été battu aux Etats-Unis, ne se porte pas bien en Grande-Bretagne. Est-ce ça peut avoir une influence en France ?

Cela n’aura pas forcément d’influence directe sur la France. Mais se consolide un large espace pour un vote protestataire ou pour une prise de distance qui se manifesterait par l’abstention.

Peut-on dire que le Brexit, le Covid et la question du vaccin ont renforcé l’Europe et affaibli les eurosceptiques comme Le Pen ou Mélenchon ?

L’Europe a été jugée sévèrement au début de la crise, moins au cours de la deuxième vague car elle a été considérée comme plus présente. Elle sera jugée sur l’efficacité de la stratégie vaccinatoire et aussi sur celle du plan de relance. Si elle montre qu’elle est capable de protéger les Européens, elle en sortira renforcée.

Les écologistes sont-ils en perte de vitesse après leurs succès électoraux de 2019 et 2020 ou peuvent-ils espérer transformer l’essai ?

Ils ne l’ont pas encore fait. Les polémiques suscitées par certains nouveaux maires, les rivalités internes et les difficultés à se faire entendre sur d’autres sujets que l’environnement ont joué. Ils n’ont pas acquis la centralité qu’ils recherchaient et la recomposition de la gauche ne se fait pas autour d’eux, comme cela avait été dit au lendemain des municipales.

A seize mois de l’échéance, comment se présente l’élection présidentielle de 2022 ?

Il est encore trop pour dire quel sera le contexte et le « momentum » de la campagne électorale. La France sera-t-elle sortie de la crise sanitaire ? Et quelle sera l’intensité de la crise économique ? Se posera alors une question clé. Les Français se demanderont si la crise sanitaire a été une nouvelle preuve du déclin de la France ou si, au contraire, elle a montré la résilience du modèle français. Pour l’instant, il n’y a pas une réponse qui s’impose. Ce sera évidemment important pour Emmanuel Macron car s’il réussit à faire redémarrer le pays, il en sera crédité. Mais si la France s’enfonce dans la récession, le « quoi qu’il en coûte » sera jugé différemment car les Français se diront qu’il aura été une parole forte, mais insuffisamment efficace sur la durée.

Quels seront les thèmes forts de cette campagne ? La crise sanitaire aura-t-elle un impact ?

Emmanuel Macron se positionne depuis plusieurs mois sur des thèmes qui sont importants aux yeux des Français, à commencer par la protection. C’est vrai pour le régalien et aussi la défense de l’environnement. En faisant ainsi, il veut priver d’air la droite et les écologistes en occupant leur espace. Mais sera-t-il perçu comme crédible dans les habits du Président protecteur ? Rien n’est moins sûr.

Quels sont les points forts et les points faibles d’Emmanuel Macron, probable candidat à sa réélection ?

Parmi ses points forts, la stratégie du « qui d’autre que lui » fonctionne à plein sur son socle et sur une partie des électeurs de droite, même si ces derniers émettent des critiques. A noter aussi que s’il est plus populaire parmi les retraités, il l’est aussi chez les jeunes, dont la participation électorale reste plus aléatoire. Enfin, le niveau d’hostilité à son encontre a diminué. Parmi ses points faibles, je note son incapacité à rassembler les Français. Un quart des Français pense qu’il en est capable, ce qui est très faible pour un président sortant. Il doit aussi montrer qu’il peut reprendre le fil de son quinquennat s’il veut faire passer le message qu’il en faut un second pour ancrer les réformes.

Le match retour avec Marine Le Pen est-il écrit d’avance ?

Si cela peut paraître comme le scénario le plus probable, il ne faut pas oublier que rien n’est écrit. Ni la feuille de match ni le résultat de la finale. Emmanuel Macron n’a pas dessiné le chemin de sa réinvention, comme il l’avait promis au printemps. Tout l’enjeu pour lui est de convaincre son socle qu’il n’y a pas d’alternative au premier tour et de contenir le « tout sauf Macron » au second. De son côté, Marine Le Pen, première opposante, n’est toujours pas perçue comme une alternative crédible pour diriger le pays.

La réforme territoriale à balkanisé les politiques sociales

La réforme territoriale à balkanisé les politiques sociales 

Inspecteur honoraire de l’action sanitaire et sociale, ancien directeur de la délégation territoriale du Rhône de l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne Rhône Alpes.

En application d’un décret du 9 décembre et pour la première fois depuis 1964, le ministère des solidarités et de la santé se trouve dépourvu de services déconcentrés propres en charge du « social », déplore, dans une tribune au « Monde », Jean-Marc Tourancheau, inspecteur honoraire de l’action sanitaire et sociale.

Tribune.

 

Le ministère des solidarités et de la santé – dans son versant solidarités – est une des victimes de la réforme territoriale de l’Etat, dont les principes ont été fixés par un décret du 9 décembre 2020 relatif « à l’organisation et aux missions des directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, des directions départementales de l’emploi, du travail et des solidarités et des directions départementales de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations ».

Comme cela a été précisé le 9 décembre, en conseil des ministres, lors de la présentation de ce décret, cette organisation vise à « créer le service public de l’insertion et soutenir le tissu économique » et signe la fin de services territoriaux propres du ministère en charge des solidarités, une première depuis cinquante-six ans…

Ces services sont probablement ceux qui ont été les plus « triturés » par réduction régulière de leur champ de compétences, à travers une série d’étapes successives : la décentralisation de 1981, la création des agences régionales d’hospitalisation (ARH) en 1996, puis la réforme de l’administration territoriale de l’Etat (RéATE) en 2008 et la création des agences régionales de santé (ARS) en 2010. Auparavant, par un décret du 30 juillet 1964, les directions départementales des affaires sanitaires et sociales (Ddass) avaient été créées, dont chacun à l’époque soulignait qu’elles constituaient une avancée. Il aura donc fallu cinquante-six ans pour passer de ce progrès reconnu… à son annulation.

De l’érosion des politiques sociales

Dans le domaine social, au niveau régional, est acté le regroupement des directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation et de l’emploi (Direccte) et des directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS). Au niveau du département, le regroupement se fait par la création des directions départementales de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS). Au-delà de cet aspect de « Meccano administratif », et par ailleurs de la nécessaire adaptation des services territoriaux aux exigences du terrain, cette approche appelle quelques observations.

Tout d’abord, pour la première fois depuis 1964, ce ministère se trouve dépourvu de services déconcentrés propres en charge du « social ». L’érosion des politiques sociales en a eu raison. Derrière cette faiblesse, que le secteur sanitaire n’a pas connue, se cache une absence de sens, de « souffle », que les services locaux essayaient tant bien que mal de suppléer, engoncés dans les procédures et les méandres de dispositifs administratifs empilés et, pour la plupart, éphémères.

 

Titans technologiques ……et politiques

Titans technologiques ……et   politiques

 

Charles-Edouard Bouée, ancien PDG du cabinet de conseil en stratégie Roland Berger, aujourd’hui associé cogérant du fonds de capital-risque Alpha Intelligence Capital (AIC),  met en perspective dans l’Opinion l’émergence de titans contemporains, technologiques et politiques, qui sont le produit d’un capitalisme financier à outrance et qui bouleversent les rapports de force.

 

Dernier livre L’ère des nouveaux Titans : le capitalisme en apesanteur (Editions Grasset), 2020)

 

Pourquoi parlez-vous de capitalisme en apesanteur ?

Les deux éléments qui contribuent à la pesanteur du capitalisme sont aujourd’hui remis en cause. La baisse continue des taux d’intérêt depuis la crise de 2008 a modifié notre rapport au temps. Les durées de remboursement se sont allongées, les entreprises technologiques ont pu accélérer leur développement à un rythme défiant toute logique, grâce à un volume d’argent disponible quasi illimité. D’autre part, le capitalisme est basé sur des faits, des principes physiques, des lois et des règles. Or depuis une dizaine d’années, avec le développement des réseaux sociaux notamment, les fake news ont été rendues possibles, contribuant à déstabiliser notre perception de la réalité. Ce qui était anecdotique dans la prise de décision et d’investissement ne l’est plus aujourd’hui. Ces deux paramètres ont mis le capitalisme en apesanteur. Ils ont réduit la valeur du temps à zéro et brouillé les lignes entre ce qui est possible ou pas. On voit apparaître un monde où il n’y a plus de limites. On est capable de financer des gens pour aller sur Mars, alors qu’on ne sait pas si concrètement l’Homme peut survivre sur cette planète. La crise de 2008 et l’activation de la planche à billets ont donné naissance à des titans technologiques qui portent aujourd’hui le monde sur leurs épaules.

Ces titans auraient, selon vous, donné naissance à d’autre titans, politiques ceux-là…

La crise des subprimes a créé les conditions d’émergence d’une ère technologique aujourd’hui incarnée par les GAFAM, les BAT chinois, et aussi par toutes ces licornes : Uber, Airbnb, TikTok… Des créatures fantastiques qui existent alors même qu’elles ne font pas de profit. Ces titans technologiques se sont saisis de parties de nos vies pour les rendre plus simples, pour nous aider. Un bel âge d’or en perspective. L’illusion a été de courte durée. A la place, ils ont attaqué les modèles économiques existants et remplacé des métiers plus traditionnels. Une peur insidieuse s’est répandue chez les citoyens. Consciemment ou inconsciemment, par incantation ou par vote, ils ont appelé des personnages hors normes au pouvoir, dans l’espoir qu’ils règlent une situation que personne n’est capable de maîtriser. Il y a eu un besoin de protection, une recherche de sécurité, qui s’est exprimée par le Brexit, l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis ou de leaders populistes en Europe de l’Est… Les titans géopolitiques ont répondu à cette peur primaire générée par les titans technologiques. Aujourd’hui, ils se battent entre eux. On l’a vu cet été avec la lutte sino-américaine autour de TikTok.

Il est dommage que les titans technologiques, alors qu’ils ont des compétences analytiques extraordinaires, ne s’en soient pas servi pour parler d’humanité. L’épidémie nous a permis de prendre conscience de notre mortalité et de l’importance de la vie sociale

Dans la mythologie, les humains restent les jouets des titans jusqu’au déluge qui les refaçonne et leur redonne du pouvoir. Ce récit peut-il s’appliquer à la période que nous vivons ?

L’âge d’or promis par les titans n’est pas arrivé. Les risques liés à la violence, aux opiacés, aux réseaux sociaux se sont multipliés. Le mythe des titans relate qu’un déluge est censé refaçonner l’humanité pour qu’elle reprenne ses droits. Quel sera-t-il ? Une catastrophe climatique ? Une guerre ? Un virus informatique ? J’ai, au début de la crise sanitaire, pensé que le coronavirus jouerait ce rôle. Tout le monde s’est mis à rêver des merveilles du « monde d’après ». On constate aujourd’hui que rien n’a changé. La Covid-19 n’est pas le déluge, mais la « révélation », au sens biblique du terme, du monde dans lequel nous vivons. Elle a mis en lumière un système financier déréglé et la toute-puissance de quelques titans technologiques. Sans eux, notre confinement aurait été à la fois physique et psychologique : un enfer. Il aurait été impossible d’échanger avec ses proches, de travailler, de se divertir… Mais ils se sont aussi révélés tels qu’ils sont : des organisations robotisées, peu capables de compassion ou d’empathie, démontrant du même coup leur incapacité à s’investir émotionnellement auprès des humains, qu’elles prétendent pourtant connaître si bien.

Considérez-vous que l’économie est un sujet éthique ?

On a tendance à séparer l’Etat de l’entrepreneuriat et de l’esprit. Quand on observe la manière dont travaillent les Chinois, ce qui a fait l’objet d’un précédent livre en 2013 (Comment la Chine change le monde, Editions Dialogues), on constate que ces trois éléments sont interconnectés. L’humain est présent dans ces trois dimensions de la société. Il est à la fois citoyen, salarié ou entrepreneur, et philosophe. La technologie et le politique sont partis dans une direction : les titans. La partie culturelle, liée aux valeurs, est, elle, restée sur le côté. L’économie ne peut pas être éthique, mais l’économie et l’éthique ne peuvent pas être dissociées. Il est dommage que les titans technologiques, alors qu’ils ont des compétences analytiques extraordinaires, ne s’en soient pas servi pour parler d’humanité. L’épidémie nous a permis de prendre conscience de notre mortalité et de l’importance de la vie sociale. S’il va y avoir une accélération de la prise de conscience et d’action sur le climat, la RSE, les ESG, le partage des richesses et les sujets de gouvernance, je pense qu’il reste du chemin à parcourir avant que les entreprises à mission deviennent une réalité, même si elles sont une belle initiative.

Vous estimez que la pandémie va contribuer à l’explosion de la robotisation. N’a-t-on pourtant pas vu, pendant le confinement du printemps, que l’Homme était indispensable pour faire tourner l’économie ?

C’est un paradoxe. Pendant la première vague, on a vu que les humains étaient indispensables pour administrer des soins, nettoyer nos rues, gérer la logistique… Et en même temps, avec des taux d’intérêt aussi bas, il est moins cher d’investir dans des machines que dans la formation d’une personne. Les métiers les plus empathiques ne sont pas les plus valorisés dans la société. Je pousse pour ce qu’on appelle l’intelligence humaine augmentée. Utiliser la technologie pour rendre l’Homme plus efficace. La technologie doit entrer dans le mode de fonctionnement humain comme l’eau élèverait un bateau, sans pour autant séparer ceux qui réussissent avec les machines et ceux qui n’auraient plus d’utilité sociale. J’ai une conviction : on n’a jamais pu arrêter l’évolution des technologies, même si elles étaient létales pour l’humanité. On doit bien diriger le paquebot pour que cette dimension humaniste et bienveillante, soit mise en place. La vraie question, c’est : est-ce que les titans technologiques et géopolitiques sont capables d’opter pour cette matrice, alors qu’ils sont nés de la peur et de l’efficacité technologique ?

Le revenu universel serait la seule solution pour encaisser les chocs sociaux futurs. Pourquoi ? N’y a-t-il pas de solutions intermédiaires ?

De toutes les solutions qui ont été proposées, y compris par Milton Friedman, le revenu universel apparaît comme la moins mauvaise. On l’a finalement vécu concrètement avec la pandémie. Lors du premier confinement, les Américains gagnaient plus grâce aux aides qu’en travaillant. La Covid-19 va avoir les mêmes conséquences que la crise de 2008. Elle va créer plus de titans, de peurs et de repli sur soi-même. Il s’agit donc de réfléchir à comment amortir le choc en évitant que les inégalités, entre ceux qui peuvent et ne peuvent pas, ceux qui savent et ne savent pas, deviennent des déchirures génératrices de violences et de révoltes. Une des solutions pourrait être d’utiliser l’argent bon marché pour lancer une transformation réelle de la société. Les idées qui paraissent les plus folles, comme celle d’Elon Musk d’envoyer un million de personnes pour peupler Mars d’ici 2050, sont mises en œuvre. Pourquoi les idées citoyennes qui voudraient renouveler l’équilibre entre économie et climat, entre technologies et humains ou qui voudraient rendre l’Etat plus efficace, ne bénéficient-elles pas du même investissement ? Plutôt que d’emprunter plus d’argent pour le redistribuer comme le voudrait la logique du revenu universel, pourquoi ne pas l’investir dans des projets, et rendre nos pays plus verts, notre Etat plus moderne… ? C’est faisable. Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson, disait Confucius.

Elections politiques : Vote par correspondance ?

Elections politiques : Vote par correspondance ?

 

Alors que le ministre de l’intérieur a écarté d’un revers de main la possibilité d’un vote par correspondance, le Sénat, lui, engage une réflexion sur le sujet. Il serait grand temps car la participation démocratique diminue dramatiquement. Ainsi lors des élections municipales dernières beaucoup ont été élus avec environ 20 % des voix.

Précédemment , cette baisse de participation concernait  les européennes ou les régionales maintenant elle touche toutes les élections. Du coup, la vraie majorité est celle des abstentionnistes. Juridiquement bien sûr en l’état de la constitution,  les élus sont  légitimes mais politiquement ils ne représentent pas grand monde. C’est pourquoi cette étude du vote par correspondance entamée par le Sénat apparaît particulièrement pertinent et même urgente.

 «Du fait de la décision probable de reporter les élections régionales et départementales (…) il y a un point très important: c’est comment nous organisons le scrutin?», s’est-il interrogé. «Et d’ailleurs, le président de la commission des lois est en train de mettre en place une mission commune pour savoir comment on vote, est-ce qu’on vote par correspondance, est-ce qu’on vote par procuration…», déclaré le président du Sénat.

«L’objectif est de réaliser un travail sérieux, structuré, qui serve de référence législative pour nourrir les débats, sur une base éclairée», estime le Sénat. «Covid ou pas, la défiance à l’égard du politique reste très élevée. Beaucoup de gens estiment que voter ou pas ne change rien à leur vie», assure Hervé Marseille, le président des sénateurs centristes. «L’abstention est d’ailleurs l’une des marques du quinquennat. Elle a commencé dès les législatives de 2017 et s’est poursuivie à un niveau très élevé dans toutes les élections.»

.D’après un sondage de l’IFOP, Si 57% s’y disent favorables, mais seuls 9% la considèrent comme un outil efficace contre l’abstention. Dans le sondage IFOP, c’est surtout le vote blanc qui suscite le plus grand nombre d’opinions favorables. 81% des sondés estiment qu’il devrait être pris en compte dans le calcul des résultats comme un suffrage exprimé.

Il est vrai que la vraie question démocratique est celle de la déliquescence et de la perte de crédibilité des organisations politiques classiques.

 

«Le coronavirus en avance sur les décisions politiques»

 «Le coronavirus en avance sur les décisions politiques»

 

Le Coronavirus est en avance sur les décisions politiques d’après le rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur la gestion de l’épidémie, Eric Ciotti  ( interview dans l’Opinion)

Alors que l’épidémie connaît un rebond, l’exécutif prend-il toutes les mesures nécessaires, selon vous ?

De bonnes décisions ont été prises mais je trouve que, depuis le début de la crise, nous avons souvent eu un temps de retard sur les évènements. Or l’anticipation est la clé si on veut éviter un nouveau confinement général qui serait une catastrophe économique et sociale. Je prends naturellement l’exemple des masques. Il est le plus révélateur. Le port du masque était jugé totalement inutile en janvier ; je n’aurai pas la cruauté de rappeler les déclarations de nos responsables politiques, du Président au ministre de la Santé, allant dans ce sens. Aujourd’hui il est en train de devenir enfin obligatoire, mais je trouve qu’on a perdu un temps précieux cet été à cause d’une forme de cacophonie qui a fait douter les Français. On a été confronté à des situations ubuesques où le port du masque était obligatoire, au sein d’une même commune, du côté d’une rue et pas de l’autre, dans le centre-ville mais pas dans les quartiers mitoyens… On a toujours l’impression que le virus avance plus vite que les décisions politiques.

Quelles mesures supplémentaires appelez-vous de vos vœux ?

Tous les critères se dégradent. L’incertitude sur le développement de la propagation du virus continue à s’imposer à nous tous. Il y a aujourd’hui une inquiétude majeure alors que nous allons entrer dans l’automne : c’est la conjonction de l’épidémie classique de grippe saisonnière, qui généralement conduit à une tension dans les services hospitaliers, avec celle du coronavirus. Si cela arrive, notre système hospitalier ne pourra y faire face. Le travail que nous avons mené au sein de la commission d’enquête parlementaire me conduit donc à demander l’obligation de la vaccination contre la grippe et les infections à pneumocoque pour tous les résidents d’Ehpad et de façon générale sa recommandation, voire son obligation, pour tous les plus de 65 ans. Rappelons que 92% des décès dus au coronavirus ont concerné des personnes de plus de 65 ans. Il faut également mettre en place plus efficacement une réserve sanitaire intervenant en milieu hospitalier, mais aussi la développer pour les établissements médico-sociaux qui se sont retrouvés, au cœur de la crise, très démunis en personnel. J’appelle aussi à la vigilance sur notre capacité de tests. Le système est en train de connaître une embolie. Les délais de résultats sont trop longs. Il faut encore le développer.

 

Jean-Michel Blanquer maintient la rentrée au 1er septembre. A raison ?

Oui, naturellement. Durant le confinement, beaucoup d’élèves n’ont bénéficié d’aucun enseignement, puis après le 1er juin d’un enseignement en mode dégradé. Il faut donc très vite retrouver le cours normal des choses pour des raisons éducatives, mais également sociales. Cela doit s’accompagner de toutes les mesures de protection évidentes. Je demande pour ma part que l’Education nationale assure gratuitement à tous les élèves la distribution de masques, puisque leur port devient obligatoire à partir de 11 ans. Les familles socialement fragiles ne peuvent supporter ce coût. De façon générale, au-delà de l’école, je propose que les masques, puisque leur caractère obligatoire se généralise, soient pris en charge par l’Assurance-maladie. C’est une mesure de justice et surtout de prévention. Notre pays ne consacre pas assez de moyens aux politiques de santé publique et de prévention. Alors que les grands pays développés y réservent 10% de leur budget d’assurance-maladie, c’est seulement 5% en France. Mieux vaut financer les équipements de protection avant, qu’avoir à assurer des coûts d’hospitalisation gigantesques après.

Quelles sont les questions, au vu de vos premiers travaux au sein de la commission d’enquête parlementaire, que vous souhaitez approfondir cet automne ?

Nous avons établi très clairement un défaut d’anticipation face aux crises sanitaires. Depuis 2012, nous avons baissé la garde : nous n’étions clairement pas prêts en termes de moyens. Nous avons également mis en lumière notre dépendance extraordinairement dangereuse à quelques pays, notamment la Chine, en matière d’équipements comme les masques et les respirateurs, et de médicaments stratégiques comme les anesthésiants, les hypnotiques ou même le Doliprane dont la production dépend totalement de l’étranger. Il nous reste à approfondir le sujet le plus grave, qui personnellement me choque beaucoup : celui de la prise en charge des personnes âgées dépendantes au cœur de la crise.

Pourquoi ce sujet des Ehpad vous a-t-il particulièrement heurté ?

Nous avons établi, de façon irréfutable et non contestée sur la base de chiffres fournis par la direction générale de la santé, que les personnes âgées y résidant n’ont pas bénéficié d’un accès normal à l’hôpital et au sein de l’hôpital aux services de réanimation. Il y a eu 10 500 morts dans les Ehpad auxquels s’ajoutent 4 500 décès à l’hôpital de personnes âgées venues d’un Ehpad. Cela signifie que deux tiers des personnes âgées en Ehpad touchées par le Covid n’ont pas été hospitalisées. C’est un sujet essentiel car je suis persuadé que beaucoup de vies auraient pu être sauvées. C’est la mission d’un grand pays de prendre soin jusqu’à la dernière minute de façon décente de ses aînés. Face à cette réalité, nous serons amenés à faire des propositions. Il faudra aller vers des structures beaucoup plus médicalisées et beaucoup plus en lien avec l’hôpital. Les établissements qui ont connu le plus de décès sont le plus souvent des structures privées ou associatives qui sont sans lien structurel avec l’hôpital. Je pense que Brigitte Bourguignon qui était la présidente de notre commission, désormais en charge de l’autonomie au sein du gouvernement, a pleinement conscience de ces enjeux.

Quelles sont les prochaines auditions auxquelles vous allez procéder ?

Les deux Premiers ministres ayant eu à gérer cette crise, Edouard Philippe et Jean Castex, le ministre de la Santé, Olivier Véran, l’ambassadeur de France en Chine, afin de d’avoir des éléments sur le degré d’information des autorités françaises sur l’apparition du virus, les responsables du secrétariat général de la défense et la sécurité nationale, à l’origine en 2013 d’une nouvelle doctrine dont personne n’a eu connaissance parmi les principaux concernés… Nous serons amenés également avec le président de la commission d’enquête, Julien Borowczyk, à nous rendre en Allemagne afin de comprendre pourquoi, confronté à la même situation que nous, ce pays a eu trois fois moins de morts. Nous rendrons notre rapport début décembre.

 

Lagardère: menacé par ses mauvais choix économiques et….. politiques

Lagardère: menacé par ses mauvais choix économiques et….. politiques

Lagardère pourrait bien aujourd’hui être bousculé lors de son assemblée générale par le fonds activiste Amber capital qui souhaite en fait prendre le pouvoir. Pour se défendre, Lagardère a tenté de renforcer ses alliés et compte en particulier sur Vivendi aussi sur des participations de pays arabes et autres institutionnels français. La bataille risque d’être dure car les résultats ne sont pas brillants pour le groupe qui ne cesse de réduire la voilure. En cause de mauvais choix économiques, aussi de piètres résultats de certaines activités qui ne cessent de régresser comme par exemple les relais H, Paris-Match, le JDD encore Europe un. Des médias qui se sont sans doute un peu trop engagé dans la politique avec des lignes éditoriales un peu trop partisane sans doute responsable des pertes de l’audience. Au-delà de ses mauvais choix ,Lagardère s’est un peu trop engagé politiquement. D’abord auprès de Sarkozy ensuite en devenant l’un des principaux promoteurs de l’arrivée de Macron. À l’avant-veille de l’assemblée générale du groupe Lagardère, l’ambiance est tellement délétère que, fait rarissime, l’Autorité des marchés financiers (AMF) s’est fendue d’un communiqué dimanche 3 mai à midi pour taper du poing sur la table. Le gendarme de la Bourse a intitulé son communiqué: «L’AMF rappelle le droit fondamental des actionnaires d’exprimer leur vote en assemblée générale». Sans jamais nommer le groupe Lagardère, il rappelle que «si un dialogue actionnarial, et notamment des échanges entre les dirigeants sociaux (ou leurs mandataires) d’un émetteur et des actionnaires, peut naturellement intervenir en amont d’une assemblée générale, de telles démarches ne sauraient se traduire par des pressions de nature à compromettre la sincérité du vote ou à entraver la libre expression du vote des actionnaires, ou intervenir en violation du règlement». Or, le groupe Lagardère a appelé les grands investisseurs institutionnels à se mobiliser pour tenter de se sauver des griffes du fonds activiste Amber. Pour assurer le sauvetage Lagardère a aussi recruté Nicolas Sarkozy au conseil d’administration notamment pour ses liens avec les pays arabes.

Experts médicaux: une dialectique courtisane pire que celle des politiques

 

 

Cette crise aura révélé l’extraordinaire engagement d’une grande partie du personnel médical. Curieusement aussi,  une grande plasticité de l’organisation du système hospitalier à laquelle on était peu habitué. Il faut espérer qu’il en sera tenu compte pour la gestion future des établissements. Malheureusement, la période permet aussi  de montrer les contradictions de certains experts et  de leur attitude courtisane vis-à-vis pouvoir.

Il faut dire que beaucoup de ces experts sorte de chapeau à plumes n’ont pas pratiqué depuis longtemps ou si rarement. Ils passent davantage de temps dans les organisations, institutions que sur le terrain thérapeutique ou la recherche. Certains ne se privent d’ailleurs pas d’apposer leur signature sur les travaux de leurs chercheurs subordonnés voire de s’en approprier la paternité. Un phénomène qui n’est pas particulier au secteur de la médecine. Mais sur la question des masques, des tests ou des traitements, trop d’experts avec des circonvolutions pseudo scientifiques ont tenté de justifier le flou et les contradictions des pouvoirs publics.

Dans certains cas,  beaucoup de ces chapeaux à plumes se sont laissés prendre au piège des micros tendus par des médias répétant en boucle les mêmes idioties en tout cas les mêmes approximations. Encore aujourd’hui, on ne sait toujours pas si le port du masque est  utile ou pas ! Ne parlons pas des tests dont on manque aussi cruellement que les masques qui seraient seulement réservés à certains malades, inutiles pour d’autres.  

Quant au traitement, il  ne s’agit pas seulement d’une bataille scientifique notamment vis-à-vis de la chloroquine mais aussi d’une guerre de lobbys pharmaceutiques qui financent les laboratoires et autres institutions médicales et qui à  l’occasion rémunèrent  aussi les chefs de service, en plus de leur traitement évidemment. La médecine offre un double visage, celui d’un champ scientifique au progrès tout à fait exceptionnel avec un engagement et une conscience tout à fait remarquables de la plupart du personnel soignant mais aussi l’autre côté du miroir avec des chapeaux à plumes opportunistes et des mandarins  dont la complaisance est enrobée par une dialectique scientifique peu convaincante.

Le pouvoir politique de son côté n’est pas mécontent de se servir de ces experts comme filtre en les instrumentalisant pour justifier ses  orientations approximatives.

Coronovarius: le produit de politiques sociétales et environnementales

Coronovarius: le produit de politiques sociétales et environnementales

Face aux pandémies deux attitudes sont possibles un peu comme face à la crise climatique. On peut considérer que les grandes épidémies ont toujours existé dans l’histoire de l’humanité, qu’elles se produiront encore et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter particulièrement. Les épidémies existent depuis l’Antiquité par exemple la grande peste d’Athènes en 428 av. J.-C., la peste du Moyen Âge qui a tué à peu près la moitié de la population européenne et a fait des dégâts considérables aussi en Asie;  plus près de nous en 1918, la grippe espagnole qui a causé la mort de 50 à 100 millions de personnes.

Une autre attitude consiste à essayer de comprendre les facteurs explicatifs nouveaux qui favorisent le développement d’agents pathogènes. Bien sûr il est toujours difficile de faire des comparaisons avec le passé dans la mesure où les conditions de vie ont beaucoup évolué notamment les systèmes sanitaires et l’hygiène. Nombre de maladies ont pu être combattues avec succès au point qu’on a pu considérer dans les années 70 que les grandes pandémies n’étaient plus à l’ordre du jour et remplacées notamment par les maladies dégénératives dites de civilisation. Force est de constater cependant que depuis une cinquantaine d’années les pandémies se succèdent à un rythme accéléré et prennent des ampleurs plus en plus grandes au plan mondial.

Dans le passé ( et encore aujourd’hui dans certains pays en développement) certaines épidémies comme le paludisme, le choléra on fait des dégâts souvent inexpliqués. Depuis 50 ans, la science a fait de nombreux progrès pour analyser l’origine des maladies ainsi 1500 nouveaux agents pathogènes dont certains très dangereux ont été identifiés. À noter que 70 % sont d’origine animale et ont émergé en raison des perturbations liées à la biodiversité. D’une certaine manière, on peut considérer que les pandémies sont favorisées par les bouleversements  de l’environnement en général dont la biodiversité.

Parmi les facteurs qui soutiennent les pandémies, il faut citer la concentration urbaine, les bouleversements écologiques, les comportements collectifs et individuels et la mondialisation.

Comme pour les animaux, l’extrême concentration des populations favorise  l’émergence et la diffusion d’agents pathogènes dangereux. On s’inquiète à juste titre des élevages concentrationnaires d’animaux qui ne peuvent subsister qu’ à coups d’antibiotiques mais on s’inquiète moins de ces villes  surhumaines devenues elles aussi des sortes d’élevages humains. À l’occasion du Corona virus, on a pu vérifier que la contamination visait surtout ces populations ultra concentrées. Le résultat d’  une politique d’aménagement du territoire et d’un type de croissance qui a transformé une grande partie de la géographie en quasi désert démographique et économique au profit de villes dans l’objectif est d’atteindre 1 million d’habitants et davantage pour les grandes métropoles. La dimension des grandes métropoles est devenue un objectif en soi.

Le problème est d’autant  plus grave que cette mode concentrationnaire est à l’échelle mondiale avec des villes de plusieurs dizaines de millions d’habitants devenus ingérables à tous les  points de vue ( sanitaire bien sûr mais aussi sécurité et environnement). La compétition est même devenue officielle à l’échelle internationale notamment au nom d’une croissance dite exogène ( plus la ville est grande plus elle génère des besoins qui ne peuvent être satisfaits que par le marché), ce qui alimente la croissance .

La concentration urbaine bouleverse évidemment les équilibres écologiques et la biodiversité quand le béton et le goudron se substitue à la terre, aux plantes et aux arbres. Malheureusement d’autres bouleversements modifient aussi les équilibres écologiques en zone rurale avec l’utilisation intensive de pesticides, engrais et autres produits chimiques sans parler du remodelage du paysage. Un seul exemple en 50 ans, 80%  des insectes disparus et avec eux une grande partie des espèces animales et du nombre d’oiseaux notamment. Bref les rapports entre l’homme, les animaux et la nature ont été bouleversés. La faune ne dispose plus de l’espace nécessaire pour réguler à l’intérieur d’elle-même les épidémies et sa proximité avec l’humain  facilite la transmission des agents pathogènes dangereux.

 

Les comportements individuels et collectifs sont aussi des éléments de diffusion des épidémies. Il y a la modification des régimes alimentaires, on devrait dire de la chimie alimentaire qui affecte notamment les capacités d’autodéfense . Les produits chimiques, les additifs, les bricolages génétiques sont en cause. Sans parler des nano particules présentes partout et dans tous les aliments y compris dans l’eau. Des nanoparticules dans les effets commencent à peine d’être étudiés.

La mobilité de masse est aussi un facteur défavorable d’abord parce qu’elle est responsable d’une grande partie des émissions polluantes, ensuite qu’elle favorise les concentrations aussi bien pour les déplacements domicile travail que pour les loisirs. De ce point de vue, on peut  s’interroger ce tourisme de masse qui perturbe à la fois l’environnement et les équilibres des populations locales. D’une façon plus générale,  c’est le volume de mobilité de biens  et de personnes qui méritent d’être en cause. Est-il autant nécessaire que cela pour l’humanité de déplacer aussi loin des biens et des personnes.

Certes on ne reviendra pas à une économie auto suffisante du type de celle du début du XXe siècle où la mobilité se limitait au maximum au territoire du département pour la masse des individus. On ne reviendra pas à l’époque où chacun faisait son pain. Pour autant, est-il  nécessaire d’accepter autant de gaspillages de matières premières, de transport et de logistique pour des produits qui pourraient être fabriqués plus près des motifs stratégiques, sanitaires voire économiques. Un seul exemple un simple yaourt  , résultat de lait caillé,  exige pour ses composants de faire 1000 km. Ne parlons pas du papier toilette qui en fait des milliers. Bref, la multiplication et l’ampleur des pandémies n’est pas le fait du hasard, elle résulte de nombreux déséquilibres liés à des politiques environnementales et sociétales suicidaires.

 

Gaston Bessay, expert en prospective

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