Archive pour le Tag 'politiques'

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Trahisons politiques …. pour un petit portefeuille de ministre

 Trahisons politiques …. pour un petit portefeuille de ministre

 

Nombre de responsables de gauche comme de droite n’hésitent pas à renier les convictions molles qui constituaient leur valeur pour  se vendre au pouvoir en place. Ces espèces de mercenaires- qui ont transformé la politique en métier -du jour au lendemain condamnent les propos qu’ils ont pu tenir pendant des années voir des dizaines d’années. Et tout cela pour un minable petit portefeuille de ministre que  l’histoire évidemment oubliera rapidement.

Ce mercato politique dirigé par Macron lui-même revêt un caractère aussi lamentable que pathétique. Il démontre à quel point la classe politique est en général discréditée par des comportements proches de ceux des voyous. Certes ce ne sont pas à mettre dans le même sac, loin s’en faut. Il suffit cependant d’une poignée d’arrivistes pour porter atteinte à ceux qui ont pour mission d’incarner la démocratie. De ce point de vue, les petites manœuvres de Macron relèvent davantage des pratiques de la IVe République que du XXIe siècle.

Ce débauchage, un par un,va porter un nouveau coup terrible à la classe politique dont beaucoup n’affichent  en effet que des convictions très plastiques . Certes il n’est pas interdit de changer d’idée au cours d’une vie politique, voire de partis; mais à l’occasion d’un changement ministériel pour obtenir un maroquin , cela révèle les comportements de voyous et d’opportunistes ordinaires.

 

Retour des vieux crocodiles politiques : la malédiction française

Retour des vieux crocodiles politiques : la malédiction française

 

François Hollande le confie à l’Opinion : « 2027 se prépare dès 2022. » Que l’ancien Président socialiste veuille participer à la recomposition de son camp, « sur le plan des idées et sur celui de l’incarnation », nul ne s’en étonnera. Qu’il soit, à 67 ans, encore animé par un esprit de revanche, vis-à-vis du cambrioleur Macron et du détrousseur Mélenchon, personne ne le niera. Qu’il croie à cette fantasmagorie de « l’homme politique qui ne meurt jamais », qui le lui reprochera ? Tous ses prédécesseurs ont succombé à cette magie de la résurrection – Nicolas Sarkozy aussi, jusqu’à ce que son addiction au pouvoir, instrumentalisée par Emmanuel Macron, ne le pousse à se fâcher avec les militants de LR. Une tradition française…(un papier de l’Opinion)

Une malédiction française aussi, cette tentation du retour. Car dans un pays fracturé de toutes parts, nos chefs de l’Etat en retraite, mais aussi nos ténors fatigués par des combats présidentiels à répétition, devraient œuvrer sans relâche à la concorde nationale (comme aux Etats-Unis avant Donald Trump), s’éclipser pour favoriser la relève (en Grande-Bretagne), s’épanouir dans l’engagement non-partisan. Bref, servir d’une autre manière plutôt que sévir quoi qu’il en coûte. Au lieu de quoi, chez nous, le protocole républicain le dispute à la petite phrase assassine, le surplomb au plomb, la hauteur aux bassesses. Or n’en déplaise aux ex, ce trouble du come-back participe à la décomposition plus qu’il ne prépare la reconstruction : pas d’analyse de l’échec, pas de renouveau idéologique, pas de partage d’expérience…

Depuis la fin de la monarchie, l’histoire française n’offre que deux exemples de retours : Napoléon en 1815 après l’abdication de 1814 et Charles de Gaulle en 1958 après sa démission de 1946. Ces deux références écrasantes devraient suffire à dissuader les plus insistants.

Pour des politiques publiques à plus fort impact social

Pour des politiques publiques à plus fort impact social

L’avènement de la finance à impact pourrait laisser penser que la notion d’impact ne concerne que le secteur privé. Une idée reçue. En effet, les politiques publiques tendent de plus en plus à dépasser leur strict champ d’intervention en se souciant des répercussions de leurs actions, tant en matière sociale qu’environnementale. Si cette tendance est pour l’heure encore en train de se structurer, elle a déjà donné lieu à des initiatives concrètes et prometteuses.( « la Tribune, Mazars »)

« Depuis 2018 nous constatons une montée en puissance significative de la prise en compte de l’impact social et environnemental dans les politiques publiques, observe William Bottaro, Associé Santé et médico-social chez Mazars. Cette approche sociale, que l’on pourrait supposer très française, nous provient en réalité des pays anglo-saxons. Elle a d’abord infusé dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, dès les années 2010, avant de s’étendre à d’autres segments du secteur public. » C’est initialement pour se différencier que les acteurs impliqués dans la mise en œuvre des politiques publiques ont souhaité améliorer leur impact social. Ce dernier s’est progressivement imposé comme un argument clé pour renforcer durablement la compétitivité et l’attractivité du secteur public, notamment en matière de recrutement. « Il s’agit d’un enjeu crucial et prioritaire pour l’ensemble des organisations publiques, et tout particulièrement pour les secteurs en forte tension, comme celui de la santé ou du social, qui peinent à recruter », illustre William Bottaro.

A cette quête de regain d’intérêt s’ajoute la pression grandissante de la société civile et des parties prenantes en faveur de comportements plus responsables, qui doivent dépasser le stade de l’engagement, insuffisant, et se traduire par des actes tangibles pour le grand public. « Il est important de garder à l’esprit que les politiques publiques fonctionnent grâce à des mécanismes de redistribution. Or les citoyens ont parfois du mal à voir les effets concrets de cette redistribution dans leur quotidien, à visualiser et matérialiser ce à quoi contribuent leurs impôts. Travailler à l’amélioration de l’impact social des politiques publiques, c’est aussi chercher à montrer comment celles-ci peuvent, par exemple, profiter à l’emploi local ou à la préservation environnementale d’un territoire », explique Jean-François Treille, Associé Secteur public chez Mazars.

Une politique publique à impact, c’est donc une politique publique dépassant son cœur de mission, comme garantir l’accès à des soins ou à une éducation de qualité, dans l’objectif de produire des effets positifs transversaux, au bénéfice de la société dans son ensemble. « Les pouvoirs publics ont donné une profonde impulsion à cette recherche d’impact social et environnemental, encore abstraite il y a quelques années. Aujourd’hui, les différents plans d’action en cours de déploiement à l’échelle nationale démontrent que les acteurs du secteur public ont largement dépassé le stade de l’intention louable et symbolique », analyse William Bottaro.

Parmi ces initiatives responsables figure notamment le Plan national pour des achats durables (Pnad) pour la période 2022-2025. Il stipule entre autres que, d’ici 2025, l’intégralité des contrats de la commande publique notifiés au cours de l’année auront pour obligation de comprendre au moins une considération environnementale, et 30 % des contrats au moins une considération sociale. « Des sujets d’intérêt général de plus en plus variés et complémentaires sont dorénavant intégrés dans la commande publique, comme l’égalité hommes-femmes, la lutte contre les discriminations, la concurrence sociale déloyale, le développement de l’apprentissage, le respect des exigences éthiques… Si nous ne pouvons que nous réjouir de ces évolutions, nécessaires, force est de constater que la marche à franchir pour atteindre l’objectif de 30 % reste particulièrement élevée. En 2019, seuls 12,5 % des contrats comportaient une considération sociale, quand l’objectif était alors de 25 % », souligne Jean-François Treille.

Autre initiative, cette fois collaborative : le contrat à impact social, dont l’ambition est de favoriser l’émergence de projets sociaux et environnementaux innovants. « Il s’agit de mettre en œuvre des projets vertueux financés par des acteurs privés ou publics, projets que l’Etat s’engage à rembourser si les objectifs fixés au démarrage sont atteints », précise William Bottaro. A ce jour, plusieurs appels à manifestation d’intérêt ont été lancés et des lauréats désignés.

Néanmoins, au-delà des actions évoquées, les deux experts s’accordent à dire que le véritable passage à échelle pour les dispositifs à impact nécessitera la mise en place de méthodologies et d’outils de mesure indispensables au suivi de la performance. « La maturité n’est évidemment pas la même pour tous les projets, ni pour tous les champs de l’action publique. Désormais, l’enjeu est d’instaurer un univers structuré, standardisé, comme cela existe déjà dans le secteur privé. Pour que l’essor soit réel et les progrès visibles du plus grand nombre, les impacts sociaux doivent pouvoir être suivis et pilotés, ce qui implique qu’ils puissent être mesurés », insiste Jean-François Treille.

A l’évidence le durcissement de la réglementation pourrait accélérer l’adoption de pratiques plus responsables, comme cela a pu, une fois de plus, s’observer dans le secteur privé. Une contrainte à laquelle les experts ne se déclarent pas forcément favorables, préférant faire valoir auprès des acteurs publics les avantages économiques à tirer des initiatives à impact ou encore les processus de labellisation. « Pour se transformer durablement, le secteur public doit adopter une démarche globale et holistique intégrant toute la valeur des projets, ce qui n’est pas encore le cas. A titre d’illustration, l’implantation d’un centre de santé sur un territoire constitue un atout, certes en termes d’accès aux soins, mais aussi pour l’emploi et les collectivités locales – donc l’école et les transports. Le défi est de parvenir à faire porter un nouveau regard sur ces projets à impact, car comprendre leur portée réelle permettrait d’encourager les investissements dont ils ont plus que jamais besoin », conclut William Bottaro.

 

Un 1er Mai peu suivi récupéré par des politiques

Un 1er Mai peu suivi récupéré par des politiques

Quelques dizaines de milliers de manifestants  pour des hausses de salaires et Surtout des slogans politiques et le mélange des genres syndicats et partis

 

Finalement le 1er mai, fête traditionnelle du travail aura été pratiquement entièrement détournée par des politiques. Dès lors, il ne faut pas s’étonner que la participation ait est été relativement marginale. Toutes au plus de 200 000 personnes en France, c’est-à-dire pas grand-chose. Des pancartes syndicales mais surtout politiques. Bref tout ce que compte l’extrême gauche. Le mélange des genres à cet égard est sans doute le meilleur moyen pour discréditer encore un peu plus un syndicalisme en crise installé dans la position d’opposition systématique incapable de dialoguer utilement avec les patrons et l’État qui se satisfont pleinement de cette situation et qui l(entretiennent. Ou quand la crise social nourrit aussi  la crise économique et politique.

Du social au politique, il n’y a souvent qu’un pas, franchi allègrement ce dimanche à l’occasion des traditionnels défilés du 1er Mai. Traditionnels, puisqu’il s’agissait avant tout, pour les quelques dizaines de milliers de manifestants, d’une journée de revendications. Pas uniquement toutefois, compte tenu du contexte exceptionnel du millésime 2022, une semaine à peine après le deuxième tour de l’élection présidentielle : avec en toile de fond la négociation à gauche pour une coalition autour de La France insoumise dans la perspective des législatives, la revendication des syndicats pour les salaires s’est naturellement associée à leur refus du recul de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans auquel tient Emmanuel Macron.

 

Les jeunes , orphelins politiques

Les  jeunes , orphelins politiques

De plus en plus de Français ne se retrouvent pas dans les clivages politiques traditionnels et les partis correspondants. Mais c’est encore plus vrai chez les jeunes

 Un tiers des jeunes s’est abstenu au premier tour de l’élection présidentielle. Pour le sociologue,Olivier Galland,  la désaffiliation politique des jeunes résulte d’un désintérêt aggravé par un affaiblissement aussi de l’adhésion à l’idéal démocratique.

Olivier Galland est sociologue, directeur de recherche émérite au CNRS, et auteur de Radiographie de la jeunesse française aujourd’hui, paru en 2022 chez Nathan

Interview dans le Figaro

 Lorsque le discours politique s’adresse aux jeunes, c’est le plus souvent en postulant que «la jeunesse » va mal. Le tableau que vous dressez est moins pessimiste…

Olivier GALLAND. - La jeunesse de France n’est pas si malheureuse qu’on le dit, à condition d’entrer un peu dans le détail. Dans notre enquête, 82 % des jeunes se disent «heureux». D’autres enquêtes ont montré qu’ils sont également majoritairement optimistes quant à leur avenir personnel. Mais bien sûr, il n’existe en réalité pas une seule jeunesse. Nous avons interrogé avec l’Institut Montaigne 8000 jeunes, et montré que les jeunes qui ont un diplôme, et plus encore un diplôme d’études supérieures, s’en sortent plutôt bien – malgré une période de transition avant l’emploi en CDI qui est souvent difficile. À 30 ans, 80 % des jeunes diplômés ont un emploi stable.

Problématique climatique : l’incompréhension des politiques

Problématique climatique : l’incompréhension des politiques

 

Un papier de la Tribune fait le constat de l’incompréhension des politiques vis-à-vis de la problématique climatique. Reste que certaines analyses d’experts demeurent elles aussi assez partisanes et trop partielles.

 

Très peu abordée dans les médias pendant la campagne électorale, la question climatique est largement sous estimée par la plupart des candidats. Elle semble aussi être mal comprise. Les rares débats sur la transition écologique et énergétique se sont focalisés sur la place du nucléaire dans notre mix électrique, alors que la marge de manœuvre pour décarboner davantage notre économie se situe ailleurs. 

Alors que l’urgence climatique n’a jamais été aussi prégnante, la thématique demeure parfaitement invisible à seulement quatre jours du premier tour de l’élection présidentielle. Début février, pourtant, quelque 1.400 chercheurs de différentes disciplines tiraient déjà la sonnette d’alarme. Dans une tribune, ils s’inquiétaient de l’absence de débats démocratiques portant sur le climat, la biodiversité ou encore les pollutions et pressaient les candidats à s’exprimer sur ces sujets cruciaux.

Efforts vains. Le message n’a pas été entendu. Au plus fort de la campagne, le climat n’a représenté que 5% du temps médiatique, selon le baromètre de l’institut Onclusive (ex-Kantar), publié à la demande des quatre ONG de l’Affaire du Siècle.

Cette absence flagrante de débat autour de la transition écologique pendant la campagne électorale est d’autant plus déconcertante que le dernier rapport des experts du climat de l’ONU (GIEC), publié lundi 4 avril, exhorte justement à agir immédiatement. Le message est très clair : l’humanité dispose de moins de trois années pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre (GES), principales responsables du changement climatique, si elle veut conserver un monde vivable.

Ce texte, le troisième opus d’une publication initiée l’été dernier, est sans doute le plus politique car il se penche sur les stratégies et mesures concrètes à mettre en place pour transformer la société et l’économie. Il porte ainsi sur la transformation de nos modes de consommation, de production et de nos infrastructures.

Des programmes pas à la hauteur

Cet enjeu crucial, très peu de candidats à l’élection présidentielle s’en sont emparés.

« Seuls deux candidats, Yannick Jadot [Les écologistes, ndlr] et Jean-Luc Mélenchon [La France insoumise, ndlr], présentent des plans d’action détaillés et complets permettant une lutte efficace sur le changement climatique », estime Anne Bringault, coordinatrice en France des programmes de l’ONG environnementale Réseau Action Climat (RAC), qui a épluché les programmes des différents candidats à l’aune du climat.

« Dans le programme de Marine Le Pen, le mot climat n’apparaît qu’une seule fois. La candidate d’extrême droite propose même des mesures qui contribueront à augmenter les émissions de GES, comme rehausser la limitation de vitesse sur les routes », ajoute Anne Bringault.

Le groupe de réflexion The Shift Project est encore plus sévère que l’ONG. Selon son analyse (basée cette fois-ci sur la description, en quelques pages, par les candidats de leurs principales propositions pour décarboner la France), aucun d’entre eux ne propose une stratégie à la hauteur du danger de la crise climatique. Le think tank, présidé par le consultant pro-nucléaire Jean-Marc Jancovici, est catégorique : aucun aspirant n’expose une approche systémique, articulée, précise et chiffrée nécessaire à la transition écologique et énergétique. Transition encore plus cruciale à l’heure où la guerre en Ukraine souligne notre grande dépendance aux énergies fossiles, qui financent le régime de Vladimir Poutine.

Seuls Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Valérie Pécresse (LR) présentent une approche assez précise de certains enjeux majeurs, reconnaît néanmoins le centre de réflexion. La présentation d’Emmanuel Macron, envoyée hors délai, n’a pas été prise en compte dans le décryptage du Shift Project. Quant à son programme, l’association RAC dénonce sa pauvreté en la matière. « Il n’y a que quelques mesures très symboliques, mais qui ne sont pas du tout suffisantes pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre », estime Anne Bringault. Dans son programme, le président-candidat explique vouloir « planifier la transition écologique » et propose notamment la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires« une offre abordable de voitures électriques pour tous grâce à une filière 100% française » ou encore de rénover 700.000 logements par an.

De rares débats monopolisés par le nucléaire

Non seulement le climat est le grand oublié de cette campagne, mais c’est aussi un sujet mal compris de la plupart des candidats. En effet, les rares fois où les aspirants débattent de la question climatique, ces derniers se concentrent quasi exclusivement sur le nucléaire et la place qu’il pourrait occuper. Or, le nucléaire représente moins de 20% de l’énergie finale utilisée par les Français. Dans sa dernière publication, RTE (le gestionnaire du réseau de transport électrique) rappelle aussi que « maintenir durablement un grand parc nucléaire permet de décarboner massivement, mais est loin de suffire pour atteindre la neutralité carbone ».

« Philippe Poutou, par exemple, propose de sortir du nucléaire dans dix ans, mais pas des énergies fossiles. Cela montre bien le fort prisme du nucléaire », pointe Nicolas Goldberg, expert énergie chez Columbus Consulting.

Au-delà du clivage idéologique autour de l’atome, de nombreux professionnels regrettent que les discussions se focalisent sur la production électrique alors qu’elle est déjà très décarbonée (92% de la production électrique dans l’Hexagone est bas carbone, grâce au nucléaire, en grande partie, aux barrages hydrauliques et, dans une moindre mesure, aux parcs éoliens et solaires).

En revanche, la chaleur, utilisée dans le résidentiel et les process industriels, est très carbonée. 70% de sa production est réalisée à partir d’énergies fossiles. Elle représente 45% de notre consommation d’énergie finale, contre seulement 25% pour l’électricité

« Aujourd’hui, dans les débats, les candidats n’ont pas perçu l’importance de la chaleur ou encore celle des transports, qui fonctionnent à 90% à partir d’énergies fossiles. Ce sont des secteurs que l’on va pouvoir électrifier mais il y aura besoin de toutes les solutions », observe Alexandre Roesch, directeur général du Syndicat des énergies renouvelables (SER).

Les énergies renouvelables instrumentalisées

Et Anne Bringault, du Réseau action climat, de renchérir :

« Il y a une grande méconnaissance des [personnalités, ndlr] politiques sur l’origine des gaz à effet de serre et des actions à mener ».

Autre illustration de cette méconnaissance : les énergies renouvelables.  »Elles sont évoquées par les candidats dans leurs discours, mais souvent en mal », soulève Nicolas Goldberg. Or, le dernier rapport du Giec est sans équivoque : les technologies solaires et éoliennes seront efficaces et peu chères pour décarboner, leur coût ayant chuté de 85% depuis 2010.

« Le moratoire sur l’éolien était réservé à Marine Le Pen en 2017. Désormais, l’extrême droite souhaite carrément démanteler les éoliennes existantes et Marine Le Pen franchit un cap en proposant un moratoire sur le solaire. On voit très bien à quel point l’énergie peut correspondre à un positionnement plus politique que climatique », observe le consultant.

La sobriété encore trop taboue

Dernière lacune dans les rares discours sur le climat : la question de la sobriété énergétique. « Certains politiques ont commencé à prononcer ce mot alors qu’il était complètement tabou il y a encore peu de temps », note la militante écologiste.

Selon Nicolas Goldberg, historiquement, l’énergie a toujours été pensée sous le prisme de la sécurité de l’approvisionnement énergétique, avec pour principal objectif la diversification des sources d’approvisionnement. Désormais,  »la meilleure sécurité d’approvisionnement du système énergétique, c’est d’en avoir moins besoin, explique-t-il. La sobriété est un mot très amish, mais nous ne pouvons pas résumer la sobriété à des actes moraux et individuels. Il faut une offre publique de sobriété », poursuit-il.

Cette politique publique de sobriété correspond au développement des transports en commun, à l’aménagement du territoire, au plan vélo, à l’obligation d’utiliser des thermostats ou encore à l’interdiction des terrasses chauffées. Elle est au cœur du troisième volet du rapport du Giec.

« Sur la question des véhicules, par exemple, il est extrêmement frappant lorsqu’on entre chez un concessionnaire automobile de constater qu’il est impossible de trouver une voiture neuve légère. Les rendements des moteurs thermiques s’améliorent, mais le poids des véhicules augmente. Il y a un manque de régulation pour diminuer leur poids », regrette Nicolas Goldberg.

« Jusqu’à présent, les politiques se sont concentrées sur des incitations, parfois peu lisibles, mais utilisent très peu la contrainte. À un moment donné, il faut avoir la carotte et le bâton », abonde l’expert en énergie. Selon lui, il est urgent « de jouer sur la demande », comme le recommande le dernier rapport du Giec,  »tout en préservant des cadres de vie souhaitables ». Un défi complexe auquel les politiques n’ont plus le choix que de s’y confronter.

Juliette Raynal

Climat : l’incompréhension des politiques

Climat : l’incompréhension des politiques

 

Un papier de la Tribune fait le constat de l’incompréhension des politiques vis-à-vis de la problématique climatique. Reste que certaines analyses d’experts demeurent elles aussi assez partisanes et trop partielles.

 

Très peu abordée dans les médias pendant la campagne électorale, la question climatique est largement sous estimée par la plupart des candidats. Elle semble aussi être mal comprise. Les rares débats sur la transition écologique et énergétique se sont focalisés sur la place du nucléaire dans notre mix électrique, alors que la marge de manœuvre pour décarboner davantage notre économie se situe ailleurs. 

Alors que l’urgence climatique n’a jamais été aussi prégnante, la thématique demeure parfaitement invisible à seulement quatre jours du premier tour de l’élection présidentielle. Début février, pourtant, quelque 1.400 chercheurs de différentes disciplines tiraient déjà la sonnette d’alarme. Dans une tribune, ils s’inquiétaient de l’absence de débats démocratiques portant sur le climat, la biodiversité ou encore les pollutions et pressaient les candidats à s’exprimer sur ces sujets cruciaux.

Efforts vains. Le message n’a pas été entendu. Au plus fort de la campagne, le climat n’a représenté que 5% du temps médiatique, selon le baromètre de l’institut Onclusive (ex-Kantar), publié à la demande des quatre ONG de l’Affaire du Siècle.

Cette absence flagrante de débat autour de la transition écologique pendant la campagne électorale est d’autant plus déconcertante que le dernier rapport des experts du climat de l’ONU (GIEC), publié lundi 4 avril, exhorte justement à agir immédiatement. Le message est très clair : l’humanité dispose de moins de trois années pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre (GES), principales responsables du changement climatique, si elle veut conserver un monde vivable.

Ce texte, le troisième opus d’une publication initiée l’été dernier, est sans doute le plus politique car il se penche sur les stratégies et mesures concrètes à mettre en place pour transformer la société et l’économie. Il porte ainsi sur la transformation de nos modes de consommation, de production et de nos infrastructures.

Des programmes pas à la hauteur

Cet enjeu crucial, très peu de candidats à l’élection présidentielle s’en sont emparés.

« Seuls deux candidats, Yannick Jadot [Les écologistes, ndlr] et Jean-Luc Mélenchon [La France insoumise, ndlr], présentent des plans d’action détaillés et complets permettant une lutte efficace sur le changement climatique », estime Anne Bringault, coordinatrice en France des programmes de l’ONG environnementale Réseau Action Climat (RAC), qui a épluché les programmes des différents candidats à l’aune du climat.

« Dans le programme de Marine Le Pen, le mot climat n’apparaît qu’une seule fois. La candidate d’extrême droite propose même des mesures qui contribueront à augmenter les émissions de GES, comme rehausser la limitation de vitesse sur les routes », ajoute Anne Bringault.

Le groupe de réflexion The Shift Project est encore plus sévère que l’ONG. Selon son analyse (basée cette fois-ci sur la description, en quelques pages, par les candidats de leurs principales propositions pour décarboner la France), aucun d’entre eux ne propose une stratégie à la hauteur du danger de la crise climatique. Le think tank, présidé par le consultant pro-nucléaire Jean-Marc Jancovici, est catégorique : aucun aspirant n’expose une approche systémique, articulée, précise et chiffrée nécessaire à la transition écologique et énergétique. Transition encore plus cruciale à l’heure où la guerre en Ukraine souligne notre grande dépendance aux énergies fossiles, qui financent le régime de Vladimir Poutine.

Seuls Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Valérie Pécresse (LR) présentent une approche assez précise de certains enjeux majeurs, reconnaît néanmoins le centre de réflexion. La présentation d’Emmanuel Macron, envoyée hors délai, n’a pas été prise en compte dans le décryptage du Shift Project. Quant à son programme, l’association RAC dénonce sa pauvreté en la matière. « Il n’y a que quelques mesures très symboliques, mais qui ne sont pas du tout suffisantes pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre », estime Anne Bringault. Dans son programme, le président-candidat explique vouloir « planifier la transition écologique » et propose notamment la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires« une offre abordable de voitures électriques pour tous grâce à une filière 100% française » ou encore de rénover 700.000 logements par an.

De rares débats monopolisés par le nucléaire

Non seulement le climat est le grand oublié de cette campagne, mais c’est aussi un sujet mal compris de la plupart des candidats. En effet, les rares fois où les aspirants débattent de la question climatique, ces derniers se concentrent quasi exclusivement sur le nucléaire et la place qu’il pourrait occuper. Or, le nucléaire représente moins de 20% de l’énergie finale utilisée par les Français. Dans sa dernière publication, RTE (le gestionnaire du réseau de transport électrique) rappelle aussi que « maintenir durablement un grand parc nucléaire permet de décarboner massivement, mais est loin de suffire pour atteindre la neutralité carbone ».

« Philippe Poutou, par exemple, propose de sortir du nucléaire dans dix ans, mais pas des énergies fossiles. Cela montre bien le fort prisme du nucléaire », pointe Nicolas Goldberg, expert énergie chez Columbus Consulting.

Au-delà du clivage idéologique autour de l’atome, de nombreux professionnels regrettent que les discussions se focalisent sur la production électrique alors qu’elle est déjà très décarbonée (92% de la production électrique dans l’Hexagone est bas carbone, grâce au nucléaire, en grande partie, aux barrages hydrauliques et, dans une moindre mesure, aux parcs éoliens et solaires).

En revanche, la chaleur, utilisée dans le résidentiel et les process industriels, est très carbonée. 70% de sa production est réalisée à partir d’énergies fossiles. Elle représente 45% de notre consommation d’énergie finale, contre seulement 25% pour l’électricité

« Aujourd’hui, dans les débats, les candidats n’ont pas perçu l’importance de la chaleur ou encore celle des transports, qui fonctionnent à 90% à partir d’énergies fossiles. Ce sont des secteurs que l’on va pouvoir électrifier mais il y aura besoin de toutes les solutions », observe Alexandre Roesch, directeur général du Syndicat des énergies renouvelables (SER).

Les énergies renouvelables instrumentalisées

Et Anne Bringault, du Réseau action climat, de renchérir :

« Il y a une grande méconnaissance des [personnalités, ndlr] politiques sur l’origine des gaz à effet de serre et des actions à mener ».

Autre illustration de cette méconnaissance : les énergies renouvelables.  »Elles sont évoquées par les candidats dans leurs discours, mais souvent en mal », soulève Nicolas Goldberg. Or, le dernier rapport du Giec est sans équivoque : les technologies solaires et éoliennes seront efficaces et peu chères pour décarboner, leur coût ayant chuté de 85% depuis 2010.

« Le moratoire sur l’éolien était réservé à Marine Le Pen en 2017. Désormais, l’extrême droite souhaite carrément démanteler les éoliennes existantes et Marine Le Pen franchit un cap en proposant un moratoire sur le solaire. On voit très bien à quel point l’énergie peut correspondre à un positionnement plus politique que climatique », observe le consultant.

La sobriété encore trop taboue

Dernière lacune dans les rares discours sur le climat : la question de la sobriété énergétique. « Certains politiques ont commencé à prononcer ce mot alors qu’il était complètement tabou il y a encore peu de temps », note la militante écologiste.

Selon Nicolas Goldberg, historiquement, l’énergie a toujours été pensée sous le prisme de la sécurité de l’approvisionnement énergétique, avec pour principal objectif la diversification des sources d’approvisionnement. Désormais,  »la meilleure sécurité d’approvisionnement du système énergétique, c’est d’en avoir moins besoin, explique-t-il. La sobriété est un mot très amish, mais nous ne pouvons pas résumer la sobriété à des actes moraux et individuels. Il faut une offre publique de sobriété », poursuit-il.

Cette politique publique de sobriété correspond au développement des transports en commun, à l’aménagement du territoire, au plan vélo, à l’obligation d’utiliser des thermostats ou encore à l’interdiction des terrasses chauffées. Elle est au cœur du troisième volet du rapport du Giec.

« Sur la question des véhicules, par exemple, il est extrêmement frappant lorsqu’on entre chez un concessionnaire automobile de constater qu’il est impossible de trouver une voiture neuve légère. Les rendements des moteurs thermiques s’améliorent, mais le poids des véhicules augmente. Il y a un manque de régulation pour diminuer leur poids », regrette Nicolas Goldberg.

« Jusqu’à présent, les politiques se sont concentrées sur des incitations, parfois peu lisibles, mais utilisent très peu la contrainte. À un moment donné, il faut avoir la carotte et le bâton », abonde l’expert en énergie. Selon lui, il est urgent « de jouer sur la demande », comme le recommande le dernier rapport du Giec,  »tout en préservant des cadres de vie souhaitables ». Un défi complexe auquel les politiques n’ont plus le choix que de s’y confronter.

Juliette Raynal

Election présidentielle 2022 : Vers l’explosion des partis politiques traditionnels

Election présidentielle 2022 : Vers l’explosion des partis politiques traditionnels

 

Les chercheurs en science politique qui ont fondé le site La Boussole présidentielle analysent, dans une tribune au « Monde », la campagne en cours .

Tribune.

 

L’élection présidentielle de 2022 va-t-elle poursuivre la décomposition du système partisan français, spectaculairement révélée en 2017 par l’élection d’Emmanuel Macron ? Plusieurs éléments attestent de l’effondrement historique des forces politiques (Parti socialiste, Les Républicains) qui ont dominé les blocs de la gauche et de la droite tout au long de la Ve République. A gauche, la faiblesse impressionnante du camp écologiste et social-démocrate va de pair avec la nette domination de Jean-Luc Mélenchon. A droite, on assiste à l’impossible équation politique du parti Les Républicains (LR), doublement concurrencé sur le conservatisme culturel par l’extrême droite et sur le libéralisme économique par Emmanuel Macron. A l’extrême droite enfin, une nouvelle radicalité, représentée par Eric Zemmour, vient concurrencer le Rassemblement national. Les dernières enquêtes d’opinion laissent entrevoir que le « dégagisme » de 2017 pourrait se poursuivre, à travers l’élimination des candidats des partis traditionnels et un second tour similaire à celui de 2017, autour d’une opposition entre conservatisme et libéralisme culturel.

Ce clivage, identifié par les enquêtes du Cevipof dès les années 1990, n’a pas effacé la polarisation gauche-droite, mais coexiste avec elle. Cette dualité travaille en profondeur notre vie politique. Si la « tectonique des plaques » n’est pas encore apaisée et si le tableau de notre système partisan est toujours plein d’incertitudes, la séquence électorale de 2022 (présidentielle et législatives) permettra d’avancer fortement dans l’analyse des recompositions politiques à venir.

Pour analyser ces processus, de nouveaux outils scientifiques permettent de comprendre l’évolution du système partisan, au-delà des classiques enquêtes électorales par sondages, essentielles pour appréhender les motivations de vote et les univers idéologiques des électeurs. La Boussole présidentielle, que nous avons développée au Cevipof depuis l’élection de 2012, est l’un d’entre eux. C’est un site d’aide au vote (SAV) ou Voting Advice Application (VAA), qui permet aux utilisateurs de répondre à une trentaine de questions et d’être positionnés dans un espace structuré par deux axes sur lesquels nous avons, en amont, placé les candidats à l’issue d’un méticuleux travail de codage de leurs programmes. Ces deux axes correspondent horizontalement à une dimension gauche-droite (interventionnisme étatique contre libéralisme économique) et verticalement à une dimension conservatisme culturel-libéralisme culturel. Le principe de ce site est simple : après étude de ses réponses, l’utilisateur se retrouve placé à côté du candidat dont il est le plus proche.

Société: On a les politiques qu’on mérite ?

Société:  On a les politiques qu’on mérite ? 

La politologue Chloé Morin tente d’humaniser les politiques pour les disculper des exigences intenables auxquelles ils seraient désormais soumis. Un exercice limite.

 

Un point de vue qui n’est pas sans intérêt mais qui fait l’impasse sur la raison fondamentale à savoir l’obsolescence du système démocratique. NDLR

 

 

C’est un exercice périlleux auquel s’attelle Chloé Morin, politologue associée à la Fondation Jean Jaurès et spécialiste de l’opinion publique : nous faire toucher l’humanité d’hommes et de femmes politiques pour démontrer le danger qu’il y a à trop exiger d’eux. On a les politiques qu’on mérite est à mi-chemin entre le recueil d’entretiens et l’analyse. A l’occasion, il ne néglige pas la provocation.

« Il est impopulaire, voire sans doute un peu indécent, d’affirmer que la vie des élus et de leurs collaborateurs est une vie professionnelle qui peut s’avérer difficile. Psychologiquement, c’est incontestable, mais parfois aussi physiquement et financièrement », soutient l’autrice, en convoquant deux des figures les plus décriées de la vie politique française : Isabelle Balkany d’un côté, Manuel Valls de l’autre, auprès duquel elle a travaillé au ministère de l’intérieur pendant plusieurs années. « La confiance est le carburant des hommes et des femmes politiques. (…) Comment réagir lorsqu’elle est supplantée par l’indifférence, par la détestation ? » La politologue tente moins de formuler des solutions que de faire ressentir l’épuisement d’un système et de ses incarnations.

Ne pas voir ses enfants, vivre dans la peur des agressions, de la petite phrase sortie de son contexte… Chloé Morin fait la liste des nombreux désavantages de la vie d’élu. La parole politique est accueillie sans filtre. Ce qui amène des aveux intéressants, par exemple de la part de Myriam El Khomri : « J’ai été vue comme une incapable, une marionnette. C’est terrible. Ça me collait à la peau. » Mais permet aussi à certains de ses interlocuteurs de dérouler sans ambages un discours de campagne. Emmanuel Macron lui répond ainsi par écrit : « Si j’avais choisi la facilité, je n’aurais pas quitté mon métier, je n’aurais pas démissionné de la fonction publique et (…) créé mon propre mouvement pour rompre avec un système politique à bout de souffle. »

A gauche, si Yannick Jadot et Anne Hidalgo sont décrits comme étant aux prises avec une opinion publique toujours plus défiante, Jean-Luc Mélenchon, qui a décliné l’invitation à témoigner, se retrouve cantonné, avec Eric Zemmour et Marine Le Pen, au rôle d’agitateur du « rejet viscéral d’un système »« Ils s’appellent Le Pen, Zemmour, Mélenchon. Des monstres qui sont les nôtres », écrit la politologue, manifestement marquée par l’analyse des « gauches irréconciliables » faite par Manuel Valls. Critique du renforcement des exigences de transparence et d’exemplarité, la politologue se prononce contre la « jurisprudence Anne Sinclair », qui veut que les conjoints des politiques s’abstiennent de faire leur couverture médiatique… Vu comme une expérience personnelle, le mandat électif devient vite un supplice. Le corollaire de la thèse de l’autrice était intéressant – que valent ces citoyens qui exigent tout de leurs responsables sans rien s’imposer à eux-mêmes politiquement ? –, mais est en fin de compte tout juste effleuré, englouti sous l’abondance des discours d’élus.

 

Politiques publiques: L’utopie de la simplification administrative

Politiques publiques: L’utopie de la simplification administrative

 

 

 

De manière très rituelle, les responsables politiques surtout quand ils sont candidats à une élection promettent évidemment de réduire le maquis réglementaire.

Le problème,  c’est que ce maquis est régulièrement augmenté par une assemblée nationale qui tente de combler son vide existentiel par la multiplication de lois.

La passion normative des Français se résume en quelques chiffres :  il y aurait aujourd’hui près de 400.000 normes, 11.500 lois avec leurs 320.000 articles auxquels il convient d’ajouter 130.000 décrets . De quoi tuer n’apporte de quel pays un peu cohérent. Heureusement et malheureusement des  lois ne sont jamais appliquées. Et pour cause on procède rarement  à une évaluation des dispositifs antérieurs avant de décider de nouvelles orientations. Le principe est d’ajouter des règlements aux règlements, des lois aux lois et des décrets aux décrets. De sorte que la France est doublement handicapée d’une part par sa première place concernant la fiscalité. La France est en effet en tête en matière de prélèvements obligatoires et pour les entreprises encore vivantes l’achèvement se fait grâce à l’arsenal réglementaire qui permet aussi de légitimer cette armée de fonctionnaires qui ont augmenté d’un million en une vingtaine d’années.

À cet égard , je voudrais rappeler une expérience personnelle quant à j’ai eu l’occasion de présider à la demande du ministre des transports un groupe pour  étudier la suppression des récépissés sur les envois de messagerie. Un document qui était obligatoire et devait accompagner la marchandise dans ses déplacements. Pourquoi ? pour prélever un droit de timbre une taxe qui a été facilement modernisée et  gérée ensuite par voie numérique. Mais le ministère des transports s’est opposé farouchement pendant longtemps à cette orientation sans jamais être capable d’expliquer à quoi pouvait servir la vérification de ce document réglementairement inutile. Notons que ces documents à l’époque représentée environ 100 000 récépissés par an et sans doute aujourd’hui autour de 500 000 !

Politique-France 2022 : quelle transformation des politiques publiques

 

Politique-France 2022  : quelle  transformation des politiques publiques

 

OPINION. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique, il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation. Par Olivier Bouet, Directeur EY Consulting secteur public et Guéric Jacquet, Associé EY-Parthenon secteur public (dans la Tribune)

 

Depuis 2017, les initiatives en matière de transformation publique ont été fortes : lancement de la démarche CAP 2022 de refonte des politiques publiques, financement de réformes structurelles via un fonds interministériel de 1 milliard d’euros, lancement d’une stratégie globale de transformation publique, portage au plus haut niveau de l’État… Cela s’est traduit à la fois par la mise en place de réformes d’ampleur (prélèvement à la source, maisons France Service, ENA, mis en place du droit à l’erreur) mais aussi par une appréciation positive historique des services publics, à plus de 51% par les Français en 2020 (Institut Paul Delouvrier).

Pourtant, la crise sanitaire et économique a limité les résultats des réformes : les réductions de postes ont été reportées, le déficit public s’est accru et les difficultés d’exécution des politiques de proximité ont été mises en lumière. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique (gestion de crise, télétravail, plans de relance, articulation entre État et collectivités locales…), il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation publique ambitieux, articulé autour de 5 grands piliers.

Une grande politique de simplification et de dérégulation des normes

En sortie de crise, l’État est appelé à changer de paradigme pour simplifier la vie des Français. La création d’une mission gouvernementale de simplification du stock de lois, règlements et dispositifs, issue de la fusion des nombreux comités et conseils de simplification, pouvant se traduire par exemple en réécrivant les codes existants, ou en pilotant la suppression, par les ministères, de 10% des normes afférentes à leurs domaines d’intervention.

Une transformation digitale massive et qui touche le cœur de métier

Selon nos analyses, pour 3 milliards d’euros investis sur 5 ans, un ROI significatif de 12 milliards d’euros de gains de productivité annuels peut être espéré. Au-delà de l’impact majeur que le numérique a sur les grands métiers de la Fonction publique, les gains de productivité issus du recours aux nouvelles technologies touchent à la fois les fonctions de back-office (RH, IT, finance) et le cœur de métier (enseignement, police, justice…) à l’instar des entreprises privées qui ont engagé ces transformations massives.

L’extension de la dynamique de transformation publique à toutes les fonctions publiques

Après une décennie de réforme de l’administration d’État, il est prioritaire d’inclure les opérateurs de l’État dans l’effort collectif de rationalisation, ou le lancement de de nouveaux programmes de mutualisation entre l’État et les collectivités, sur le modèle des centres de service partagés de fonctions support. D’ailleurs, lorsqu’on interroge les Français sur les dépenses qui pourraient baisser, ils citent pour 50% d’entre eux la masse salariale et les effectifs des collectivités (IFOP- EY-Acteurs Publics, novembre 2022), qui ont atteint 1,9 million d’employés en 2020.

Un nouveau mode de délivrance des services publics par les entreprises et les associations pour réallouer des moyens vers les priorités de politique publique

Réinterroger le périmètre d’intervention de la puissance publique nécessite l’acceptation d’un nouveau mode de délivrance des services publics, par les entreprises et les associations, si ces acteurs peuvent produire des services de meilleure qualité et à moindre coût (via par exemple l’externalisation de fonctions administratives et de contrôle). À l’instar des lois de dérégulation de 2015, il est possible de créer de nouveaux marchés rentables au service de la croissance économique à qualité de service égale, et permettant la réallocation de crédits publics vers les priorités gouvernementales.

Un investissement massif dans les RH pour redonner des perspectives de formation et de carrière aux agents publics

Aujourd’hui, un agent public reçoit en moyenne 30 heures de formation continue par an là où un actif du secteur privé en reçoit 2,5 fois plus. C’est pourquoi il est désormais urgent d’accélérer le programme de formation, notamment dédié aux usages numériques, pour que chaque agent et chaque manager réussisse le tournant de la révolution digitale, et construire un plan de reconversion pour préparer les agents aux métiers et compétences de demain.

En combinant ces piliers à une forte volonté politique, une gouvernance au plus haut niveau et une focalisation des efforts sur quelques sujets clés plutôt que de multiples petites réformes, la transformation publique pourra permettre de rendre des services publics plus efficaces.

Divorce entre les Français et les politiques

Divorce entre les Français et les politiques

Selon le baromètre de la confiance politique, réalisé par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) à partir d’un large panel de 10.500 personnes interrogées par OpinionWay, dont rend compte public Sénat, les Français n’ont jamais été aussi critiques vis-à-vis des politiques. 55 % des Français pensent que la démocratie ne fonctionne pas très bien.  Les  Français ne se sont jamais dits aussi méfiants (37 %, + 14 points par rapport à mai 2021).

 

Sans surprise, c’est toujours le conseil municipal qui est plébiscité avec 64 % d’opinions favorables (en hausse de 4 points). En comparaison, le Sénat et l’Assemblée nationale ne recueillent que 39 et 38 % d’opinions « confiantes » mais sont tout de même en nette hausse par rapport à 2019 (respectivement +6 et +7 points). Logiquement, c’est la figure du maire qui recueille encore une fois la plus grande confiance (65 %) des Français à l’inverse du président de la République actuel (37 %) et de son Premier ministre, dernier du classement à 34 %.

Au niveau des organisations indispensables à la société, ce sont le personnel médical et les hôpitaux qui sont en pole position avec des taux de confiance de 85 % et 81 %. Alors que se tient actuellement le « Beauvau de la sécurité », la confiance dans la police est en hausse à 69 %, malgré plusieurs affaires récentes de violences policières. Par comparaison, en février 2015, juste après les attentats de Charlie Hebdo, la confiance dans la police avait atteint 80 %. Les médias (28 %), les réseaux sociaux (17 %) et les partis politiques (16 %) sont les derniers du classement.

« Il y a un effet covid. Tous ceux qui sont aux commandes sont rétribués en termes de confiance. Cela ne veut pas dire que leur action est validée, mais ils vont bénéficier d’un regain de confiance », note Bruno Cautrès, politologue au Cevipof, invité de Public Sénat pour l’émission « Allons plus loin ». Professeur en sciences politiques à l’université de Nice, Vincent Martigny ajoute : « Dans cette période on a envie de s’accrocher à ce qu’on connaît. Mais il y a quand même un tassement du syndrome de l’homme fort. Et une majorité de gens qui souhaitent que les institutions soient plus démocratiques. »

Le jugement des Français sur le fonctionnement de la démocratie est à la hausse. Seuls 55 % d’entre eux estiment que la démocratie ne fonctionne « pas très bien » quand ils étaient 70 % en décembre 2018 ! Preuve d’une résorption du phénomène des Gilets Jaunes dont les rangs se sont considérablement clairsemés. Les Allemands et les Britanniques ont eux un meilleur jugement de leur démocratie puisqu’ils sont respectivement 67 % et 61 % à penser qu’elle fonctionne « bien ».

 

« Le constat, c’est que la coupure avec l’ancien monde voulu par Emmanuel Macron n’a pas encore marché. Le fossé démocratique n’est pas encore comblé. Et le cœur du problème, il me semble que c’est la différence entre le discours politique et son application. Faut-il un effort de modestie pour la prochaine présidentielle ? Ou faut-il un changement des institutions ? Je pense que c’est plutôt vers là qu’il faut aller », analyse Bruno Cautrès. Pour Vincent Martigny, il n’y a pas de crise de la démocratie mais bien de la « représentation et de la confiance dans les institutions telles qu’elles fonctionnent ».

 une vision négative de la politique

Les Français sont également les derniers d’Europe à s’intéresser à la politique (49 %) quand ils sont 79 % en Allemagne et 69 % en Italie. Et pour cause, quand on interroge les Français sur le sentiment qu’ils éprouvent à l’égard de la politique, c’est la « méfiance » (39 %) et le « dégoût » (23 %) qui arrivent en premier. En tout, ils sont donc 77 % à répondre un mot négatif à la question. Seuls 10 % des sondés disent « avoir de l’intérêt » en pensant à la politique. Près de 65 % des Français estiment par ailleurs que leurs élus et dirigeants sont « plutôt corrompus ».

Plus généralement, à l’approche de l’élection présidentielle de 2022, l’enquête d’opinion propose une photographie des opinions politiques des Français : le bloc de gauche (gauche et extrême gauche) cumule 24 % des sondés, le bloc de droite (droite et extrême droite) atteint 38 %. 17 % des Français se disent « centristes ». La « réduction des inégalités de revenus » est la proposition qui emporte la plus grande adhésion (76 %). Les sondés sont également une grande majorité (61 %) à penser que la PMA est une « bonne chose pour les femmes seules ou homosexuelles », alors que le Sénat l’a rejeté pour toutes les femmes lors de l’examen du texte.

« Il y a le sentiment diffus d’une crise, sans fin dont on ne verrait jamais la sortie », analyse au Monde Bruno Cautrès, politiste au CEVIPOF et spécialiste de l’analyse des comportements politiques. La méfiance des Français vis-à-vis des vaccins a quant à elle baissé mais se maintient toujours à 30 % de réfractaires. Enfin, dans l’ensemble, 58 % des Français jugent que le gouvernement ne gère pas « bien » la crise sanitaire, soit le plus haut pourcentage parmi ses voisins européens.

Des conventions citoyennes « ponctuelles »

Demande des Gilets Jaunes, le format de la convention citoyenne a été sollicité sur le climat. L’expérience reste mitigée mais l’exécutif a promis de la réitérer à l’avenir. Les Français y sont en tout cas favorables : 34 % d’entre eux pensent qu’elles doivent être « ponctuelles et ne concerner que des grandes questions », mais 28 % affirment quelles « doivent être systématiques et venir compléter le travail du Parlement ». Quant à leurs recommandations, la majorité (55 %) trouve qu’elles devraient être « obligatoirement mises en œuvre par le gouvernement ».Un pourcentage qui révèle les contradictions des Français par rapport à la démocratie représentative.

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE), qui permet à la société civile et aux citoyens de rendre des avis au gouvernement, est plébiscité par 54 % des Français « pour renforcer la confiance dans les institutions ». Seuls 21 % d’entre eux pensent l’inverse.

Le bricolage des théories économiques à des fins politiques

Le bricolage des théories économiques à des fins politiques

 

Prenant en exemple le retour de l’interventionnisme économique, l’historien Eric Monnet montre, dans une tribune au « Monde », que les références à la théorie pour légitimer un changement de cap imposé par la réalité sont souvent opportunistes.

 

Tribune.

 

La politique macroéconomique ne cesse d’étonner. Les prêts garantis par l’Etat, l’explosion de la dette publique achetée par la banque centrale, les appels à un renouveau de la politique industrielle ou au protectionnisme semblent plus nourris par le Keynes de Comment payer la guerre (1940) que par des références au libéralisme économique dont se targuent par ailleurs nos dirigeants.

Sous des formes singulières, reviennent de vieilles idées : le financement de la dette publique ne doit pas être dicté par les marchés financiers ; l’Etat est légitime à réguler des flux commerciaux et financiers pour développer ou protéger certains secteurs. Au-delà de la justification en termes de pragmatisme de court terme, et malgré quelques rappels à l’ordre, ces évolutions majeures auront nécessairement des conséquences à long terme sur les finances publiques et les entreprises.

Ce retour de l’interventionnisme économique n’est pourtant pas la conséquence d’un renversement électoral porté par la critique du capitalisme ou des inégalités. Le déplacement de la norme des politiques macroéconomiques ne gomme pas les dissensions politiques. En France, le protectionnisme commercial était défendu tout autant par la monarchie de Juillet (1830-1848) que par le socialiste Louis Blanc (1811-1882), la politique industrielle rassemblait à droite comme à gauche après 1945, la libéralisation financière fut un dénominateur commun des gouvernements de gauche comme de droite dans les années 1980.

Comment peut-on alors qualifier le basculement actuel ? Validerait-il une lecture de l’histoire comme succession de moments correspondant à la prédominance d’une doctrine économique : mercantilisme, libéralisme, keynésianisme, monétarisme et néolibéralisme, etc. ?

Victoire du « keynésianisme technocratique »

Le philosophe et économiste néerlandais Jens van ’t Klooster qualifie l’évolution de la politique européenne au cours des dix dernières années de victoire du « keynésianisme technocratique » (« Technocratic Keynesianism : a paradigm shift without legislative change », New Political Economy, 2021). Il caractérise ainsi le passage d’une conception où primaient l’interdiction du financement de la dette publique par la banque centrale et la faible régulation du crédit privé, à un nouveau paradigme où la banque centrale est un acteur-clé du soutien budgétaire et où les régulateurs bancaires souhaitent orienter les financements en adéquation avec les objectifs d’émission de carbone.

Les avis divergent sur l’ampleur et le sens de ce mouvement, mais des tabous ont certainement été brisés. Or il s’agit avant tout d’une évolution tirée par l’administration, quelquefois orientée par les gouvernements, mais pas d’un changement radical de cadre législatif, ni d’un bouleversement assumé de la théorie macroéconomique !

 

Avenir France 2022 : quelle transformation des politiques publiques

Avenir France 2022  : quelle  transformation des politiques publiques

 

OPINION. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique, il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation. Par Olivier Bouet, Directeur EY Consulting secteur public et Guéric Jacquet, Associé EY-Parthenon secteur public (dans la Tribune)

 

Depuis 2017, les initiatives en matière de transformation publique ont été fortes : lancement de la démarche CAP 2022 de refonte des politiques publiques, financement de réformes structurelles via un fonds interministériel de 1 milliard d’euros, lancement d’une stratégie globale de transformation publique, portage au plus haut niveau de l’État… Cela s’est traduit à la fois par la mise en place de réformes d’ampleur (prélèvement à la source, maisons France Service, ENA, mis en place du droit à l’erreur) mais aussi par une appréciation positive historique des services publics, à plus de 51% par les Français en 2020 (Institut Paul Delouvrier).

Pourtant, la crise sanitaire et économique a limité les résultats des réformes : les réductions de postes ont été reportées, le déficit public s’est accru et les difficultés d’exécution des politiques de proximité ont été mises en lumière. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique (gestion de crise, télétravail, plans de relance, articulation entre État et collectivités locales…), il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation publique ambitieux, articulé autour de 5 grands piliers.

Une grande politique de simplification et de dérégulation des normes

En sortie de crise, l’État est appelé à changer de paradigme pour simplifier la vie des Français. La création d’une mission gouvernementale de simplification du stock de lois, règlements et dispositifs, issue de la fusion des nombreux comités et conseils de simplification, pouvant se traduire par exemple en réécrivant les codes existants, ou en pilotant la suppression, par les ministères, de 10% des normes afférentes à leurs domaines d’intervention.

Une transformation digitale massive et qui touche le cœur de métier

Selon nos analyses, pour 3 milliards d’euros investis sur 5 ans, un ROI significatif de 12 milliards d’euros de gains de productivité annuels peut être espéré. Au-delà de l’impact majeur que le numérique a sur les grands métiers de la Fonction publique, les gains de productivité issus du recours aux nouvelles technologies touchent à la fois les fonctions de back-office (RH, IT, finance) et le cœur de métier (enseignement, police, justice…) à l’instar des entreprises privées qui ont engagé ces transformations massives.

L’extension de la dynamique de transformation publique à toutes les fonctions publiques

Après une décennie de réforme de l’administration d’État, il est prioritaire d’inclure les opérateurs de l’État dans l’effort collectif de rationalisation, ou le lancement de de nouveaux programmes de mutualisation entre l’État et les collectivités, sur le modèle des centres de service partagés de fonctions support. D’ailleurs, lorsqu’on interroge les Français sur les dépenses qui pourraient baisser, ils citent pour 50% d’entre eux la masse salariale et les effectifs des collectivités (IFOP- EY-Acteurs Publics, novembre 2022), qui ont atteint 1,9 million d’employés en 2020.

Un nouveau mode de délivrance des services publics par les entreprises et les associations pour réallouer des moyens vers les priorités de politique publique

Réinterroger le périmètre d’intervention de la puissance publique nécessite l’acceptation d’un nouveau mode de délivrance des services publics, par les entreprises et les associations, si ces acteurs peuvent produire des services de meilleure qualité et à moindre coût (via par exemple l’externalisation de fonctions administratives et de contrôle). À l’instar des lois de dérégulation de 2015, il est possible de créer de nouveaux marchés rentables au service de la croissance économique à qualité de service égale, et permettant la réallocation de crédits publics vers les priorités gouvernementales.

Un investissement massif dans les RH pour redonner des perspectives de formation et de carrière aux agents publics

Aujourd’hui, un agent public reçoit en moyenne 30 heures de formation continue par an là où un actif du secteur privé en reçoit 2,5 fois plus. C’est pourquoi il est désormais urgent d’accélérer le programme de formation, notamment dédié aux usages numériques, pour que chaque agent et chaque manager réussisse le tournant de la révolution digitale, et construire un plan de reconversion pour préparer les agents aux métiers et compétences de demain.

En combinant ces piliers à une forte volonté politique, une gouvernance au plus haut niveau et une focalisation des efforts sur quelques sujets clés plutôt que de multiples petites réformes, la transformation publique pourra permettre de rendre des services publics plus efficaces.

France 2022 : quelle transformation des politiques publiques

France 2022  : quelle  transformation des politiques publiques

 

OPINION. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique, il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation. Par Olivier Bouet, Directeur EY Consulting secteur public et Guéric Jacquet, Associé EY-Parthenon secteur public (dans la Tribune)

 

Depuis 2017, les initiatives en matière de transformation publique ont été fortes : lancement de la démarche CAP 2022 de refonte des politiques publiques, financement de réformes structurelles via un fonds interministériel de 1 milliard d’euros, lancement d’une stratégie globale de transformation publique, portage au plus haut niveau de l’État… Cela s’est traduit à la fois par la mise en place de réformes d’ampleur (prélèvement à la source, maisons France Service, ENA, mis en place du droit à l’erreur) mais aussi par une appréciation positive historique des services publics, à plus de 51% par les Français en 2020 (Institut Paul Delouvrier).

Pourtant, la crise sanitaire et économique a limité les résultats des réformes : les réductions de postes ont été reportées, le déficit public s’est accru et les difficultés d’exécution des politiques de proximité ont été mises en lumière. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique (gestion de crise, télétravail, plans de relance, articulation entre État et collectivités locales…), il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation publique ambitieux, articulé autour de 5 grands piliers.

Une grande politique de simplification et de dérégulation des normes

En sortie de crise, l’État est appelé à changer de paradigme pour simplifier la vie des Français. La création d’une mission gouvernementale de simplification du stock de lois, règlements et dispositifs, issue de la fusion des nombreux comités et conseils de simplification, pouvant se traduire par exemple en réécrivant les codes existants, ou en pilotant la suppression, par les ministères, de 10% des normes afférentes à leurs domaines d’intervention.

Une transformation digitale massive et qui touche le cœur de métier

Selon nos analyses, pour 3 milliards d’euros investis sur 5 ans, un ROI significatif de 12 milliards d’euros de gains de productivité annuels peut être espéré. Au-delà de l’impact majeur que le numérique a sur les grands métiers de la Fonction publique, les gains de productivité issus du recours aux nouvelles technologies touchent à la fois les fonctions de back-office (RH, IT, finance) et le cœur de métier (enseignement, police, justice…) à l’instar des entreprises privées qui ont engagé ces transformations massives.

L’extension de la dynamique de transformation publique à toutes les fonctions publiques

Après une décennie de réforme de l’administration d’État, il est prioritaire d’inclure les opérateurs de l’État dans l’effort collectif de rationalisation, ou le lancement de de nouveaux programmes de mutualisation entre l’État et les collectivités, sur le modèle des centres de service partagés de fonctions support. D’ailleurs, lorsqu’on interroge les Français sur les dépenses qui pourraient baisser, ils citent pour 50% d’entre eux la masse salariale et les effectifs des collectivités (IFOP- EY-Acteurs Publics, novembre 2022), qui ont atteint 1,9 million d’employés en 2020.

Un nouveau mode de délivrance des services publics par les entreprises et les associations pour réallouer des moyens vers les priorités de politique publique

Réinterroger le périmètre d’intervention de la puissance publique nécessite l’acceptation d’un nouveau mode de délivrance des services publics, par les entreprises et les associations, si ces acteurs peuvent produire des services de meilleure qualité et à moindre coût (via par exemple l’externalisation de fonctions administratives et de contrôle). À l’instar des lois de dérégulation de 2015, il est possible de créer de nouveaux marchés rentables au service de la croissance économique à qualité de service égale, et permettant la réallocation de crédits publics vers les priorités gouvernementales.

Un investissement massif dans les RH pour redonner des perspectives de formation et de carrière aux agents publics

Aujourd’hui, un agent public reçoit en moyenne 30 heures de formation continue par an là où un actif du secteur privé en reçoit 2,5 fois plus. C’est pourquoi il est désormais urgent d’accélérer le programme de formation, notamment dédié aux usages numériques, pour que chaque agent et chaque manager réussisse le tournant de la révolution digitale, et construire un plan de reconversion pour préparer les agents aux métiers et compétences de demain.

En combinant ces piliers à une forte volonté politique, une gouvernance au plus haut niveau et une focalisation des efforts sur quelques sujets clés plutôt que de multiples petites réformes, la transformation publique pourra permettre de rendre des services publics plus efficaces.

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