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Jacques Delors, politique mais pas politicien

Jacques Delors, politique mais pas politicien

Interview de Pascal Lamy Commissaire européen pour le commerce de 1999 à 2004 et directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de 2005 à 2013; Pascal Lamy avait été, auparavant, le directeur de cabinet de Jacques Delors à la présidence de la Commission européenne.( dans l’Opinion)

Jacques Delors restera comme l’un des acteurs majeurs de la construction européenne. Quelles étaient les racines de son engagement ?
Plusieurs éléments ont façonné sa sensibilité : la guerre, qui a marqué son adolescence, le personnalisme de Mounier et de la revue Esprit, le syndicalisme, la religion. Il ne supportait pas les gens qui portent leur croix en bandoulière, mais dans sa vie privée, la religion a toujours compté, il était un homme de foi. Or anthropologiquement, il y a une forme de parenté entre l’édification ecclésiale et la construction européenne.

Quels étaient les traits les plus marquants de sa personnalité ?

Jacques Delors, c’était d’abord la primauté de la pensée, une pensée sociale-démocrate classique, nordique. Y compris dans sa dimension environnementale, arrivée plus tard car son côté « paysan corrézien » ne collait pas au départ avec les écolos. C’était une capacité à tracer une route, un agenda, assorti d’une ferme volonté de le mettre en pratique. C’était aussi le soin apporté à comprendre et à convaincre. Ce qui le caractérisait, c’était la simplicité, dans le dessein, dans la parole, dans le comportement. Mais il était extrêmement complexe, sensible, susceptible. Il n’avait pas la peau épaisse des politiques endurcis.

Il a présidé la Commission européenne pendant dix ans. Quelles furent les réalisations majeures de son mandat ?
Le grand marché intérieur de 1992 c’est-à-dire la disparition des frontières, la monnaie unique, la redistribution via les fonds structurels, les adhésions espagnole et portugaise, Erasmus, les autoroutes de l’information, le mini-plan Marshall pour l’Europe de l’Est. La soutenabilité économique, sociale, et environnementale qu’il voyait comme la marque de fabrique de l’Union des Européens. Ce qu’il faut d’abord retenir, c’est la cohérence de ces réalisations, c’est cela qui faisait sa force et lui permettait d’obtenir l’adhésion des Etats membres. Delors était bien plus profondément politique qu’on ne voulait bien le dire en France. Mais il n’aimait pas le sang, la bagarre, les coups de couteau dans le dos, il était très mal à l’aise dans ce monde de carnivores menteurs, qui n’est pas celui de Bruxelles. La Commission était peuplée d’herbivores sincères. Delors aurait fait un très bon Premier ministre en Belgique, au Danemark ou aux Pays Bas, car les mœurs politiques y diffèrent des mœurs latines ou shakespeariennes.

Mitterrand avait besoin de Delors et Delors de Mitterrand pour faire ce qu’ils devaient faire. ll y avait du respect entre les deux hommes

Aurait-il pu réussir sans le soutien de Kohl et Mitterrand ?
Cela ne fonctionnait pas à trois : cela fonctionnait très bien à deux entre Delors et Kohl, très bien à deux entre Mitterrand et Kohl, et par moments correctement entre Delors et Mitterrand. Mitterrand prenait Delors pour un démocrate-chrétien ambitieux, trop hésitant et trop centriste, et Delors prenait Mitterrand pour un Machiavel qui n’irait jamais au paradis. En même temps, Mitterrand avait besoin de Delors et Delors de Mitterrand pour faire ce qu’ils devaient faire. ll y avait du respect entre les deux hommes. Mais je suis sûr que Mitterrand se moquait de Delors quand il était avec ses copains, et Delors a parfois eu des mots très durs sur Mitterrand en tant qu’homme. Avec Kohl il avait plus de proximité personnelle et idéologique, c’était vraiment une amitié, alors qu’avec Mitterrand ce n’en était pas une.

Quel rôle a-t-il joué au moment de la réunification allemande ?
Delors a tout de suite vu que le vent de l’Histoire soufflait, il s’est tout de suite demandé comment faire, sur le plan opérationnel, pour avaler ce morceau de pays. On a monté les choses très rapidement pour procéder à un élargissement qui ne disait pas son nom. Sur le plan technique, c’était assez compliqué d’étendre à toute vitesse ce qu’il y avait de législation et régulation communautaires à l’Allemagne de l’Est. La task force que l’on a créée et que j’ai pilotée à l’époque avec le secrétaire général de la Commission Carlo Trojan a été un moment assez extraordinaire d’invention ; rien n’était prêt. Cela a été une aventure, et ce côté « je sens ce qui se passe et je fonce », c’était tout à fait Delors.

N’aurait-il pas fallu alors aider davantage l’Allemagne ?
Delors a proposé à Kohl de mettre sur pied un fonds spécial pour financer, au niveau européen, la réunification allemande, en mettant en avant le risque de hausse des taux d’intérêt et le fait que les Européens allaient de toute façon finir par payer. Après réflexion, Kohl a dit qu’il ne voulait pas être demandeur aussi longtemps que les pourparlers sur le traité de paix « quatre plus deux » ne seraient pas terminés, car il craignait de devoir en contrepartie faire des concessions. Il a, pour des raisons purement politiques, écarté ce qui était une proposition économique hyper rationnelle. De fait, les taux d’intérêt ont grimpé, et comme on était dans une zone monétaire qui n’était pas aussi structurée qu’après Maastricht, on a tous payé. Delors avait vu juste !

Vous avez été pendant dix ans son directeur de cabinet à la Commission. Comment fonctionnait votre collaboration ?
Je le connaissais très bien, il me connaissait très bien, on avait travaillé ensemble, y compris dans des conditions de température et de pression un peu particulières entre 1981 et 1983 au gouvernement, et donc je savais ce qu’il faisait bien et pas bien, et vice-versa, et mon boulot était de l’aider à faire bien ce qu’il faisait bien et de faire à sa place ce qu’il ne faisait pas bien.

Le « pas bien » c’était quoi ?
Ce n’était pas un manager, cela ne l’intéressait pas de faire de l’organisation. Lui exerçait le magistère de la pensée, de la stratégie, mais il fallait quelqu’un qui fasse le turbin, qui accommode cela avec la réalité. J’ai pris à ses côtés ce mix entre le goût pour les idées, la spéculation, les initiatives, et le souci que cela laisse une trace dans la direction que l’on souhaite. La plupart des gens qui ont travaillé avec lui ont fini par prendre ce pli. « L’idéal » mais aussi « le réel ».

Beaucoup d’Européens gardent une grande nostalgie de ces années Delors.
Plus le temps passe plus cette période apparaît comme l’âge d’or, comme le paradis perdu. Ce qui est frappant, c’est que Delors est adulé à Bruxelles pour tout ce qu’il y a fait, mais parfois critiqué en France pour ce qu’il n’a pas fait, à savoir se porter candidat à l’élection présidentielle.

Macron a tenté lors de son premier quinquennat ce que Delors a dit qu’il ne pouvait pas faire et qu’il aurait voulu faire. Mais ça ne marche plus. Delors n’a donc probablement pas eu tort de ne pas se lancer dans la course présidentielle
Il n’a jamais mis à exécution ses menaces répétées de démission, à Paris ou Bruxelles.
Delors avait un côté titi parigot, avec cet accent qu’il prenait parfois, des formules, le goût pour le foot, le vélo ; il avait un côté « popu » qui n’était pas du tout affecté. C’était un gars des faubourgs, avec par moments cette espèce de gouaille, ce côté un peu destructeur, un peu provocateur, un peu « je les emmerde ». Les bras d’honneur, on ne savait jamais si c’était du lard ou du cochon, quelle était la partie de lui-même qui en était à l’origine, si c’était de l’énervement, de la fatigue, de la tactique soigneusement distillée, ou juste son caractère malicieux.

Retrouve-t-on une part de Delors chez Emmanuel Macron ?
Oui, beaucoup. Il y a la dimension européenne, la dimension des réformes, la cohérence de la pensée qui résulte d’un long travail, l’idée qu’il faut mettre la droite et la gauche ensemble pour obtenir des résultats. Si vous écoutez les raisons officielles que Delors avançait pour ne pas avoir été candidat en décembre 1994, Macron a tenté lors de son premier quinquennat ce que Delors a dit qu’il ne pouvait pas faire et qu’il aurait voulu faire. Mais ça ne marche plus. Delors n’a donc probablement pas eu tort de ne pas se lancer dans la course présidentielle. Ce sont des personnalités très différentes. A la différence de Macron, Delors ne croyait pas à la thaumaturgie de la Ve République. Par ailleurs Macron est passé par chez Chevènement, Delors pas.

Il était exactement à l’intersection du centre droit et du centre gauche, tels qu’ils s’exprimaient jusqu’à récemment presque partout dans divers spectres politiques, en Belgique, en Italie, en Allemagne et ailleurs
Faut-il voir en Delors un démocrate-chrétien ou un social-démocrate chrétien ?
Il était à la jonction des deux, c’est d’ailleurs pour cela qu’il était aussi central en Europe et que l’Europe était aussi centrale chez lui ; il était exactement à l’intersection du centre droit et du centre gauche, tels qu’ils s’exprimaient jusqu’à récemment presque partout dans divers spectres politiques, en Belgique, en Italie, en Allemagne et ailleurs. Delors c’était ça, c’était ce point d’intersection dans un tissu français qui n’en est absolument pas coutumier car il a été chamboulé par le communisme et par le gaullisme, c’est une plante qui n’a jamais vraiment pris en France, et que les Français ne connaissent pas bien. Mais c’est une pensée qui durera. Je ne crois pas qu’il y ait des « Deloristes », mais il y a des « Deloriens » comme il y a eu des « Pasteuriens ».

Assurance-chômage : une réforme à caractère politicien (Laurent Berger)

Assurance-chômage : une réforme à caractère politicien (Laurent Berger)

Sur  d’Europe 1 samedi matin, Laurent Berger (CFDT) dénonce l’injustice de la réforme de l’assurance-chômage et son caractère politique.

 

« Cette réforme est injuste. Elle va toucher les salariés précaires qui sont déjà les plus impactés par la crise en 2020, puisqu’ils n’ont pas été protégés par l’activité partielle », a-t-il dénoncé sur Europe 1. Avec le nouveau mode de calcul, 38% des allocataires vont voir leur indemnisation rogner d’environ 20% d’ici le 1er juillet, date de l’entrée en vigueur partielle de cette loi. « 830.000 personnes vont voir leur activité baisser entre 20 et 40%. Certains vont passer de 900 à 650 euros », a avancé le secrétaire général de la CFDT.

« C’est une réforme politique. On n’a pas de visibilité sur les mois à venir et le gouvernement profite de ce moment-là pour faire une réforme qui va avoir, dès le mois de juillet, un impact très négatif sur plus de 800.000 demandeurs d’emploi », a-t-il poursuivi. « Il y a des gens aujourd’hui qui en bavent énormément car les contrats courts ont beaucoup baissé pendant cette crise », a insisté Laurent Berger. Il a cependant reconnu que la réforme était « moins dure » que celle de 2019, mettant en avant les quatre mois minimum requis pour avoir droit au chômage. Cette durée pourrait cependant se durcir et passer à six mois (de travail sur les 24 derniers) au plus tôt au 1er octobre, mais cela dépendra d’une amélioration du marché de l’emploi.

Laurent Berger, qui qualifie cette réforme d’ »anachronique », a également annoncé qu’il envisageait « la possibilité de faire un recours devant le Conseil d’Etat ». En novembre 2020, la plus haute juridiction de l’administration française avait censurée une des dispositions les plus dures de la réforme (le nouveau mode de calcul du « salaire journalier de référence »), considérant qu’elle « portait atteinte au principe d’égalité ».

Platini : «un politicien comme les autres » (Cantonna)

Platini : «un politicien comme les autres » (Cantonna)

Il n’a pas tort Cantonna, Platini , merveilleux jouer, se montre une peu trop politicien come dirigeant. L’ attrubution de la coupe du monde eset bien une affaire de gros sous ( mê me si personnellemenet Platini n’est pas impliqué).  Et Eric Cantona ne parle pas souvent. Mais quand il parle, ce n’est jamais innocent. À l’occasion de la présentation de « Looking for Rio », « Canto » s’est retrouvé sous le feu des projecteurs. L’occasion pour lui de revenir sur la communication de Michel Platini, et l’attribution du Mondial 2022 au Qatar, qui nourrit de nombreuses polémiques. Le Qatar comme organisateur d’une Coupe du monde de football, c’est une un choix discutable pour l’ancien joueur de Manchester United, qui estime qu’il n’y a « rien à développer » dans un pays où « les gens ne s’intéressent pas à ce sport ».  Pour le King, le choix qatari pour le Mondial 2022 est avant tout le choix de l’argent : « Ce sont des pays émergents où il y’a beaucoup d’argent. Et la Coupe du monde a besoin de ça ». Il revient également sur le choix de l’Ukraine pour organiser l’Euro 2012, dans le même esprit : « Il a aussi donné un Championnat d’Europe à l’Ukraine, qui n’était pas non plus un exemple de démocratie« .  Platini attend que la Coupe du monde se passe bien, mais les gens ont juste besoin d’être entendus Eric Cantona Eric Cantona revient également sur une déclaration du 26 avril dernier, dans laquelle le président de l’UEFA affirmait, au sujet des tensions sociales au Brésil : « Faites un effort pendant un mois, calmez vous. Si les Brésiliens peuvent attendre au moins un mois avant de faire des éclats sociaux, ça serait bien pour l’ensemble du Brésil et la planète football« . Des déclarations que Cantona juge incohérentes, sachant que les Brésiliens seront « entendus grâce à la Coupe du monde ».  Mais derrière toutes ces frasques et des choix douteux, l’ancien numéro 7 voit des fins politiques : « Aujourd’hui, Platini est un politicien comme les autres ». En jeu, un poste de président de la FIFA, occupé aujourd’hui par Sepp Blatter. La prise de position de ce dernier mettant en doute le choix de Platini pour la Coupe du monde 2022 ne fait que confirmer ce que Cantona pense. Ce dernier affirme clairement : « On est dans du règlement de comptes, une guerre politique. Il veut être président de la Fifa, Blatter veut le rester ». À 23 jours de la Coupe du monde, ces déclarations démontrent que Michel Platini est loin de faire l’unanimité, y compris dans son pays.

 




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