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Plaidoyer pour le véhicule autonome !

Plaidoyer pour le véhicule autonome !

Un véritable plaidoyer pour le véhicule autonome. Il en faudra d’autres et surtout de vrais succès pour convaincre de l’intérêt de cet pseudo technologie par ailleurs très contestable sur le plan de la sécurité lorsque ces engins circulent sur des voies banalisées. La conduite autonome existe depuis longtemps mais sur des voies en site propre. Pour l’instant,  le véhicule autonome en  site banalisé demeure une illusion.

par Par Brendan McDonald, VP of Engineering & Green Economy chez IDA Ireland

.En novembre 2021 en France, un bus sans chauffeur(*) est devenu le premier véhicule européen autorisé à circuler de manière « totalement autonome sur la voie publique ». La navette EZ10 sans conducteur, qui transporte jusqu’à 12 passagers, a reçu l’autorisation de circuler sur la voie publique après une première démonstration sur un campus médical à Toulouse en mars de la même année. Elle fonctionne désormais au niveau 4 de l’échelle d’automatisation de la Society of Engineers (SAE). En d’autres termes, elle peut fonctionner en autonomie dans le cadre d’un ensemble de limitations et suivre un itinéraire fixe de 600 mètres. En comparaison, cette même fonction sur une voiture Tesla électrique est en « automatisation partielle », c’est-à-dire que le conducteur doit rester constamment impliqué dans la surveillance du véhicule. Par Brendan McDonald, VP of Engineering & Green Economy chez IDA Ireland

 

Le succès de cette expérience témoigne du recours potentiellement accru aux véhicules autonomes, et permettra de résoudre la question du manque de chauffeurs dans les transports publics. Benoit Perrin, le directeur général d’EasyMile, la société à l’origine d’EZ10, estime qu’« il s’agit d’une étape importante vers la commercialisation réelle de la conduite autonome, tant sur les sites privés que sur les routes publiques. » Selon lui, la présence humaine à bord n’est plus nécessaire, la navette pouvant toujours être soumise à une « supervision à distance ». Cette caractéristique ouvre la voie à de futures avancées, car elle permettra à un centre de contrôle unique et centralisé de gérer simultanément une flotte de plusieurs véhicules autonomes.

La France a amorcé le virage vers les véhicules autonomes le 1er juillet 2021, avec la signature de la loi modifiant le code de la route, afin de permettre l’essai de véhicules à conduite automatisée sur la voie publique. Ce faisant, la France est devenue le premier pays européen à adapter sa réglementation routière afin de permettre l’exploitation de véhicules entièrement automatisés sur la voie publique. Il s’agit de la législation la plus récente de ce type, qui constitue une mise à jour de la stratégie nationale pour le développement des véhicules autonomes, publiée en mai 2018. Le gouvernement français a publié le texte législatif adaptant les dispositions respectivement du Code de la Route et de celui des Transports pour autoriser les véhicules équipés de systèmes de conduite déléguée et de systèmes de transport routier automatisés, sur des itinéraires ou des zones prédéfinis, à partir de septembre 2022.

Le nouveau décret apporte divers compléments à la législation française sur les transports, tels que la mise à jour du système de responsabilité pénale. Cela permet au conducteur de dégager sa responsabilité dès que le système de conduite automatisée est activé, conformément à ses conditions d’utilisation. Il détaille également le niveau d’attention requis de la part du conducteur lorsqu’un système de conduite automatisée est activé. En outre, le décret récemment publié est considéré comme un développement majeur, dont Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports, a souligné l’importance. Selon lui, ce décret, permet de « faire un pas de plus vers la mobilité du futur ». Il estime que « la France s’impose comme l’un des premiers pays à adapter son droit pour accueillir les véhicules autonomes. Dès aujourd’hui, nous donnons à nos fabricants et aux opérateurs de transport la visibilité nécessaire pour les développer – et demain, les faire fonctionner. »

Jusqu’au 28 juillet 2021, les dispositions légales en Allemagne n’autorisaient que l’utilisation régulière d’un véhicule par un conducteur jusqu’au niveau 3 de la norme SAE. Toutefois, la nouvelle loi introduite en juillet signifie qu’un conducteur n’est plus nécessaire et vise à autoriser l’utilisation de « fonctions de conduite autonome » de niveau 4 selon la norme SAE, en opération régulière dans des zones d’opération définies. Cela place la législation allemande au même niveau que celle de la France. La loi allemande sur la conduite autonome est principalement axée sur les scénarios opérationnels commerciaux, tels que les transports par navette, les déplacements de personnes et le transport Hub2Hub. En outre, la croissance des nouveaux services de mobilité, notamment dans le domaine de l’intermédiation numérique des trajets et des services de covoiturage, a également été encouragée lors de la révision de la loi allemande sur le transport de passagers. Pour ce faire, l’Allemagne a adopté une législation qui permettra aux entreprises de déployer des robots-taxis et des services de livraison sans chauffeur sur les routes publiques courant 2022.

Ailleurs dans l’UE, l’Irlande est devenue un pôle technologique européen de choix lorsqu’il s’agit de la prochaine génération d’entreprises et de technologies pour la mobilité connectée. Par exemple, Jaguar Land Rover a créé un important centre de recherche en ingénierie logicielle à Shannon, considérée comme un centre d’excellence de renommée mondiale pour les talents en ingénierie logicielle. General Motors (GM) Ireland travaille pour sa part sur les technologies à venir en matière de solutions autonomes, de covoiturage et de conduite plus sûre. Le groupe GM vise notamment à conduire l’avenir de la mobilité personnelle par la convergence de l’électrification, des véhicules autonomes et des services de connectivité et de mobilité partagée. Les entreprises internationales sont ainsi les pionnières de l’utilisation des véhicules autonomes en Irlande.

Par ailleurs, l’équipementier automobile français Valeo, a également choisi l’Irlande pour développer sa technologie de véhicule autonome. Ses capteurs, qui fonctionnent comme les yeux et les oreilles du véhicule, constituent un élément crucial de la conduite autonome. Son centre de R&D d’excellence basé à Tuam est en effet une référence mondiale dans le domaine des systèmes de vision et de stationnement automatisé.

Dans l’ensemble de l’UE, les gouvernements prennent des mesures proactives pour réglementer la conduite autonome dans leur propre pays. La Commission européenne est notamment en train d’élaborer des règlements pour soutenir le futur déploiement des véhicules connectés et autonomes. En attendant la mise en œuvre de la nouvelle législation européenne, les constructeurs automobiles et les fournisseurs de logiciels doivent analyser leur responsabilité pays par pays afin d’évaluer leur exposition potentielle. Entre-temps, des pays de l’UE comme la France, l’Allemagne et l’Irlande ont pris des mesures en faveur de l’utilisation de véhicules autonomes sur les routes publiques. Ces pays comblent les lacunes de la réglementation européenne, actuellement incomplète, et continuent d’avancer vers la consolidation de l’avenir de la conduite autonome en dépit de ces circonstances.

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(*) https://www.toulouse-metropole.fr/jeudis-de-l-innovation/ez10-la-navette-electrique-sans-conducteur-d-easymile

Plaidoyer contre la réforme des retraites

Plaidoyer contre la réforme des retraites

 

 S’il est réélu, le président sortant envisage de repousser progressivement l’âge légal de départ à 65 ans. Cette mesure nie la loi biologique du vieillissement et augmenterait le chômage, selon Laurent Izard, agrégé en économie et gestion dans le Figaro.

 

Une tribune avec des arguments pertinents mais avec le défaut principal de parler d’âge de la retraite en général sans tenir compte des conditions de pénibilité et des spécificités des métiers. Bref le défaut habituel des approches françaises notamment de gauche. Qui peut prétendre que la pénibilité est la même pour un couvreur par exemple par rapport à un professeur d’université ? NDLR

Laurent Izard est normalien et agrégé de l’Université en économie et gestion. Il est l’auteur de nombreux manuels d’enseignement supérieur en économie et gestion. Il a notamment publié A la sueur de ton front (L’Artilleur) en 2021.


Le débat semble clos avant d’avoir réellement commencé: face aux déséquilibres structurels de notre régime de retraite et compte tenu du vieillissement de la population, il serait impératif de repousser à 64 ans ou plus l’âge légal de départ à la retraite. On nous explique qu’il n’existe pas de solution alternative, et que nous sommes en retrait sur ce sujet par rapport à nos voisins: En Allemagne, on travaille jusqu’à 65 ans et 8 mois (pour les assurés nés en 1954). On part à la retraite à 67 ans en Italie, à 65 ans en Espagne, et à 66 ans au Royaume-Uni…

Mais l’on «oublie» souvent de préciser qu’en Chine l’âge légal (et obligatoire) de départ à la retraite est de 60 ans pour les hommes et de 50 ans pour les femmes (sauf fonctionnaires). Dans les pays nordiques, cet âge légal est de 61 ans en Suède, 62 ans en Norvège et 63 ans en Finlande. Et en allant plus loin, l’âge légal de départ à la retraite reste fixé aux alentours de 60 ans en Algérie, en Biélorussie, en Ukraine, au Pakistan, au Vietnam, en Inde ou en Russie…

S’appuyer sur les régimes de retraite en vigueur dans les autres pays pour décider de notre avenir est révélateur de notre renonciation à défendre une certaine indépendance et un modèle social français spécifique.

Ce que l’on oublie également, c’est que l’âge légal ne constitue qu’une pièce du puzzle: il convient aussi de s’intéresser à l’âge moyen réel de départ à la retraite dans les différents pays, qui peut s’éloigner sensiblement de l’âge légal: par exemple, en Italie, l’âge moyen de départ à la retraite est inférieur à 62 ans, soit plus de 5 années avant l’âge légal… Tout dépend en fait des modalités de décote des départs anticipés, du montant des pensions et des multiples dérogations à l’âge légal qui existent dans de nombreux pays.

On le voit, les comparaisons internationales sont en fait plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord. Et s’appuyer sur les régimes de retraite en vigueur dans les autres pays pour décider de notre avenir est révélateur de notre renonciation à défendre une certaine indépendance et un modèle social français spécifique.

Autre question centrale: on le sait, le taux d’emploi des séniors est nettement plus faible que celui de l’ensemble de la population active: à peine plus de 30% des 60-64 ans occupent un emploi. On peut facilement expliquer ce décalage par le fait que les séniors, plus difficilement employables, sont davantage découragés et ne s’inscrivent donc plus à Pôle emploi.

Et pourtant, tout ou presque a été fait pour inciter les séniors à travailler plus longtemps: suppression des dispositifs de préretraite, report de l’âge légal de 60 à 62 ans en 2010, projets de réforme des retraites incitant à travailler plus longtemps, etcLa dispense de recherche d’emploi dont bénéficiaient certains séniors au chômage, âgés de 57 ans et plus, a été supprimée le 1er janvier 2012 conformément à l’objectif gouvernemental de « mettre un terme aux dispositifs participant à écarter les salariés séniors du marché du travail ».

Et pour favoriser le retour à l’emploi des plus de 50 ans, le gouvernement Valls a lancé le «Plan senior», dévoilé à l’occasion de la grande conférence sociale de juillet 2014, qui vise en particulier à lutter contre les freins au recrutement et au maintien en emploi des seniors. De fait, les Français sont censés rester plus longtemps en activité.

En accentuant ce processus, une éventuelle mise en œuvre de la réforme des retraites proposée par Emmanuel Macron risquerait de contrarier un peu plus une loi biologique incontournable: avec le temps, le corps comme le cerveau vieillissent et il est donc déraisonnable d’imposer un «âge de départ à la retraite pour tous» trop tardif. Qui accepterait de se faire opérer par un chirurgien dont les mains tremblent et dont la vue baisse, mais qui doit continuer à pratiquer pour atteindre le nombre de trimestres de travail requis (la future loi «santé» envisage pour eux un âge limite à 72 ans avec de possibles prolongations d’activité !) ? Jusqu’à quel âge un enseignant dispose-t-il de suffisamment d’énergie pour affronter une classe de 35 élèves turbulents (une note de la Région académique Île-de-France diffusée en juin 2021 envisage l’hypothèse d’une prolongation d’activité au-delà de 72 ans…)? Est-il raisonnable d’exercer un métier physique (couvreur, pompier…) passé un certain âge ? On le voit, le projet de réforme pose de façon aiguë la question d’un âge légal unique de départ à la retraite. Cette question reste taboue en France, notamment en raison du fort attachement à ce principe d’une majorité de syndicats.

Et pour celles et ceux qui quittent tardivement leur emploi, volontairement ou non, la probabilité d’en retrouver un autre s’avère particulièrement faible. Ainsi, même si cela n’est pas toujours visible dans les statistiques officielles, un cadre (ou un ouvrier) de plus de 50 ans à la recherche d’un emploi part avec un sérieux handicap et le recul programmé de l’âge de la retraite ne va pas améliorer sa situation. Le premier effet mécanique de la réforme envisagée sera de transformer des dizaines de milliers de potentiels retraités en vrais chômeurs…

Autre élément du débat trop souvent occulté: les jeunes constituent les premières victimes du chômage qui altère leur entrée sur le marché du travail, mais également leurs rémunérations et perspectives de carrière. Le taux de chômage des jeunes actifs est deux fois supérieur à celui de l’ensemble de la population française (selon l’Insee, il stagne depuis des années entre 20 et 25%). En fait, la tranche d’âge des 16-25 ans constitue une variable d’ajustement en cas de crise ou de choc externe. Elle subit prioritairement tous les aléas de l’activité économique et l’analyse empirique montre effectivement que le chômage des jeunes explose après chaque crise internationale. La crise sanitaire de 2020 en a apporté une nouvelle illustration: stages annulés ou introuvables, offres d’emploi en chute libre, contrats courts non renouvelés, débuts de carrière amputés, salaires d’embauche révisés à la baisse, etc.

Et lorsqu’un jeune obtient un emploi, il y a une forte probabilité que ce soit un contrat à durée déterminée: selon le ministère du Travail, la part des CDD dans les flux d’embauches est passée de 76% en 1993 à 87% en 2017. Et 30% de ces CDD ne durent qu’une seule journée ! Pour le Céreq, «cette nouvelle « norme » de recrutement n’est pas sans effets sur les possibilités effectives de stabilisation à moyen terme des jeunes dans l’emploi. Elle peut constituer pour certain·es un tremplin vers une carrière, mais pour d’autres une trappe à précarité».

Dans une étude publiée le 7 février 2020, la Dares admet qu’en 2018, 963 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans n’étaient ni en études, ni en emploi, ni en formation – Not in Education, Employment or Training (NEET) –, selon la définition d’Eurostat. Or cette définition conduit à minorer l’ampleur du phénomène. Car en y incluant les jeunes jusqu’à 29 ans, le nombre de NEETS en France avoisine plutôt les 1,7 million de personnes !

Résumons : d’un côté, une majorité de séniors qui désirent partir plus tôt à la retraite, l’âge idéal souhaité selon un récent sondage se situant autour de 58 ans. De l’autre une multitude de jeunes qui peinent à entrer sur le marché du travail. Même s’il n’existe pas de relation mécaniste entre les deux phénomènes, le simple bon sens ne serait-il pas de permettre aux seniors qui le souhaitent de «libérer» un emploi qui pourrait être occupé par un jeune ?

Ainsi, quand bien même il serait indispensable de «travailler davantage», cela n’implique pas nécessairement que les Français déjà en activité doivent travailler plus longtemps: comme le remarque fort justement l’OCDE, «les Français qui travaillent le font autant que dans les autres pays de l’OCDE, mais ils sont moins souvent employés et travaillent aussi moins longtemps sur la durée de leur vie ce qui nuit à leur pouvoir d’achat pendant leur vie professionnelle comme au moment de leur retraite».

Mais ce qui pose réellement problème, outre l’entrée tardive des jeunes dans le monde du travail, c’est avant tout le taux d’emploi total des Français. Ce ratio s’élevait à 65,5% fin 2019, inférieur de trois points à la moyenne des pays de l’OCDE. Autrement dit, si nous parvenions à réduire significativement le chômage, et en particulier le chômage des jeunes, il ne serait plus nécessaire d’augmenter l’âge de départ à la retraite.

 

Autre aspect de la question, malgré la persistance du chômage de masse, nous améliorons chaque année notre productivité du travail. Selon les scénarios les plus pessimistes, la productivité horaire du travail dans notre pays pourrait désormais tourner autour de 1 % par an, ce qui est beaucoup plus rapide que l’évolution de l’espérance de vie. Bref, la croissance de notre productivité ne pourrait-elle pas compenser l’allongement de l’espérance de vie ? On le voit, reculer l’âge de la retraite résulte d’un choix politique plus que d’une obligation comptable ou financière. Un constat partagé par le Conseil d’orientation des retraites (COR) qui écrit dans son dernier rapport que malgré le vieillissement de la population française, et sans réforme d’envergure, «les évolutions de la part des dépenses de retraite dans le PIB resteraient sur une trajectoire maîtrisée à l’horizon 2070».

Dans l’idéal, chaque individu devrait pouvoir choisir ses temps de travail et la date de son départ à la retraite (avec un système de décote soutenable), compte tenu de sa situation personnelle, de son appétence professionnelle et de ses besoins financiers. Et, a minima, chaque nation devrait pouvoir déterminer démocratiquement la durée du travail souhaitée en arbitrant entre le temps de travail (création de richesses) et le temps libre disponible (loisirs, repos, famille, culture…). Il s’agit d’un enjeu politique et d’un choix de société qui devrait donner lieu à de vrais débats et à des décisions souveraines.

La mondialisation nous l’interdit. En effet, dans une économie ouverte, sans mécanismes d’ajustement, il convient de rester en permanence compétitifs et de nous aligner peu ou prou sur la durée du travail pratiquée dans les pays concurrents. Des écarts sont évidemment possibles, mais le prix à payer peut être élevé (perte de compétitivité, chômage…). Le différentiel de coût du travail constitue un obstacle difficilement surmontable, et à moins de bouleverser nos relations économiques avec le reste du monde, nous sommes contraints de suivre les pratiques des économies dominantes : États-Unis, Chine ou Japon… pour lesquelles un équilibre harmonieux entre-temps de travail et temps libre ne constitue pas une priorité… ni même un objectif de second rang.

La contrainte internationale ne doit toutefois pas conduire à occulter le débat sur l’avenir de notre système de retraite, bien au contraire… Car repousser de trois années l’âge légal de départ à la retraite revient à contraindre de nombreux Français à vivre les trois années les plus difficiles de leur vie professionnelle et à se priver des trois plus belles années de leur retraite.

Plaidoyer intox pour les éoliennes

Plaidoyer intox pour les éoliennes

L’exemple même du travail d’intoxication des lobbys des éoliennes qui se gavent des subventions publiques et qui réussissent même à persuader certains Journalistes approximatifs de la  Tribune.

Alors que la flambée des prix spot de l’énergie, et notamment des hydrocarbures, a permis aux opérateurs de parcs éoliens de dégager des marges exceptionnelles, ceux-ci ont pu rendre l’intégralité des subventions publiques qui leur ont été accordées l’année dernière, ont fait savoir les professionnels du secteur. Si la crise durait, les producteurs d’énergie renouvelable pourraient même permettre à l’Etat français d’engranger des recettes nettes dès 2025.

A l’heure où les deux finalistes à l’élection présidentielle souhaitent reculer sur l’éolien terrestre, la filière craint pour son avenir. Et pour cause, tandis qu’Emmanuel Macron a revu ses ambitions à la baisse sur le sujet, mettant en avant la « préservation des paysages », Marine Le Pen plaide purement et simplement pour un démantèlement, en plus d’un moratoire, qui mettrait donc directement en péril les installations existantes.

Face à ces propositions et alors que 13,7 GW de projets sont actuellement en cours d’instruction, les professionnels du secteur comptent bien se faire entendre. Et brandissent cette fois-ci l’argument économique, jusqu’ici souvent utilisé contre eux. Car l’équation budgétaire s’est inversée, affirment-ils : longtemps subventionnés, ces géants à pales qui mouchettent le territoire français, notamment dans le nord et l’est du pays, pourraient en fait soulager les finances publiques en ces temps de flambée des prix de l’énergie, assure l’association France Energie Eolienne (FEE). Et ainsi permettre à l’Etat de redistribuer les « gains » obtenus, afin de « protéger le pouvoir d’achat » des citoyens.

Une recette nette pour l’Etat dès 2025

En 2021, la filière éolienne a en effet remis à l’Etat l’intégralité des 1,8 milliards d’euros de subventions qu’elle avait perçues, et donc « cessé d’être une charge pour les finances publiques », se félicite l’association. Surtout, si l’on en croit ses prévisions, le secteur devrait même générer des « recettes exceptionnelles » en 2022, puisqu’il sera excédentaire de 3,7 milliards d’euros. Il ramènera par là-même cette somme « équivalente au budget du ministère de la Culture » à l’Etat d’ici à la fin de l’année, souligne FEE, qui appelle à sortir des « postures » de certains politiques accusant l’éolien d’être « cher et inutile ».

« La filière éolienne aura reversé à la fin de l’année 34 % de ce qu’elle a perçu depuis le début du soutien, en 2003 », précise sa présidente, Anne-Catherine de Tourtier.

Surtout, le calcul devrait in fine bénéficier au budget de la France, qui a jusqu’ici mis la filière sous perfusion afin d’accompagner son développement. Car l’équivalent de l’ensemble du soutien public qu’elle a perçu depuis 2003 « aura été reversé d’ici le dernier trimestre 2024 », soit près de 11 milliards d’euros, si les prix restent conformes aux prévisions de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE).

D’ici à 2035, l’éolien rapportera même une recette nette estimée à 18 milliards d’euros à l’Hexagone, si tant est que le pays respecte les objectifs ambitieux qu’il s’est fixés en la matière, assure FEE. De quoi pousser les candidats à revenir sur leurs positions, et les encourager à développer massivement cette source d’énergie renouvelable, espère Anne-Catherine de Tourtier.

L’éolien profite de la hausse des cours

Mais cette nouvelle rentabilité ne vient pas de nulle part. Elle tient en fait dans l’explosion du prix « spot » de l’électricité, qui est passé d’environ 50 euros le MWh en moyenne à plus de 250 euros aujourd’hui. Ce qui a rendu les éoliennes très compétitives par rapport aux combustibles fossiles, jusqu’ici considérés comme bon marché mais dont les cours n’en finissent plus de s’envoler. S’y ajoute un mouvement plus structurel de baisse des coûts des renouvelables, puisque ceux-ci se sont effondrés au cours de la décennie. Longtemps estimé à 200 euros le MWh, l’éolien offshore est même passé à 45 euros seulement (tarif d’achat du futur parc de Dunkerque), soit bien en dessous des prix actuels du gaz fossile sur le marché.

Or, les contrats prévoient une compensation financière aux opérateurs d’énergie renouvelable lorsque les prix « spot » sont inférieurs à un prix cible, fixé lors des appels d’offres, mais aussi, en retour, un versement de l’excédent à la puissance publique quand ces prix lui sont supérieurs. « Un mécanisme gagnant-gagnant pour l’éolien et l’Etat », vante aujourd’hui FEE, puisque les producteurs éoliens peuvent « profiter » de la crise pour rembourser leur « dette ».

Et si l’association estime que l’intégralité aura été remboursé d’ici à 2025, c’est tout simplement parce que les prix sur le marché de l’électricité devraient continuer d’être hauts, et flirter autour des 200 euros le MWh jusqu’à cette date, avant de se stabiliser à 90 euros le MWh environ lors des dix années suivantes, selon les perspectives de la CRE. « En termes d’ordre de grandeur, les estimations de FEE sur les recettes de l’éolien semblent réalistes », confirme une source de la CRE à La Tribune.

 

Cependant, ces chiffres restent des estimations, et personne ne sait aujourd’hui prévoir avec exactitude l’évolution des cours dans les prochains mois. Le gouvernement avait d’ailleurs longtemps affirmé que la hausse des prix n’était que « conjoncturelle » et se calmerait dès l’arrivée du printemps, avant d’admettre qu’elle durera « probablement » longtemps, sans néanmoins mentionner de date. L’issue est d’autant plus incertaine que la guerre en Ukraine, qui a débuté il y a presque deux mois, déstabilise un peu plus les marchés, laissant les analystes désarmés.

« La CRE calcule les charges de service public de l’énergie une fois par an, et la prochaine évaluation sera publiée en juillet seulement, les travaux étant en cours », précise-t-on à la CRE.

La situation internationale pourrait d’ailleurs peser lourd sur l’industrie éolienne, alors que l’acier utilisé pour les tours offshore se vend actuellement à plus de 2.000 dollars la tonne, soit environ trois fois plus qu’il y a quelques mois. « L’état de la chaîne d’approvisionnement est [...] malsain à l’heure actuelle [...] parce que nous avons un marché inflationniste qui dépasse ce que quiconque avait prévu même l’année dernière », a ainsi récemment alerté Sheri Hickok, directrice générale de GE Renewable Energy (filiale française de l’Américain General Electric). Et de souligner que la guerre a « tout déréglé » pour l’éolien terrestre, dont le coût pourrait par là-même augmenter.

 

Plaidoyer pro métropoles « Les habitants de métropoles plus heureux que les autres » (INSEE)

Plaidoyer pro métropoles « Les habitants de métropoles plus heureux que les autres » (INSEE)

 

L’INSEE sort une curieuse étude qui constitue une sorte de plaidoyer pour les métropoles. Cette étude montrerait que les habitants des grandes villes seraient plus heureux que les autres. ( Paris exceptée).

Méthodologiquement une étude très critiquable car les sondés ne disposent d’aucune autre référence que leur propre ville pour la noter par rapport aux autres.

En tout cas pour permettre à ceux qui recueillent  les données d’en tirer des comparaisons pertinentes. Il y a d’autres méthodologies pour mesurer la qualité de la vie.

Il ne viendrait à l’idée de personne sans doute de faire noter les établissements scolaires par les élèves eux-mêmes ou pire de se noter eux-mêmes personnellement ( ce que pourtant certains pédagogistes encouragent).

Une étude largement contestée dans les faits dans la mesure les habitants de grandes villes se plaignent surtout de la sécurité, du manque d’espace, du bruit de la pollution et même du manque de relations sociales, sans parler du coût du logement.

Une étude sans doute faite pour donner une légitimité à la concentration urbaine et à la politique d’urbanisme qui transforme une grande partie du territoire en désert au profit des métropoles.

En outre et surtout le concept de de bonheur est très relatif, il peut difficilement se soumettre à une évaluation quantitative. De ce fait, le classement des villes supposées les plus agréables à vivre et souvent aussi très subjectif.

Conclure que les grandes métropoles rendent les habitants plus heureux apparaît comme une conclusion un peu hâtive quand dans le même temps on constate que les territoires urbains ruraux de moins de 50 000 habitants affichent eux aussi des résultats supérieurs à la moyenne.

On attendrait de l’INSEE un peu plus de rigueur méthodologique.

Selon cette  étude de l’Insee publiée mercredi 9 février, les Français les plus satisfaits de leur vie habitent dans des grandes villes, à l’exception notable de la région parisienne. D’autres facteurs sont associés à une satisfaction plus élevée, comme le fait d’être bien portant, jeune, en couple, cadre, riche, en emploi ou français.

Avant la pandémie de Covid-19, l’Institut national de la statistique a demandé à 47 000 Français de noter de 0 à 10 leur vie en général et dans certains domaines précis. La note globale moyenne s’établit à 7,3, un chiffre presque identique à 2010 et qui a très peu évolué depuis 2015.

Toutes choses égales par ailleurs, les habitants les moins heureux sont les Franciliens, avec un résultat compris entre 7,21 et 7,24. Les habitants les plus satisfaits, au contraire, sont ceux des grandes aires urbaines de plus de 200 000 habitants du reste du pays, avec une note de 7,35. Les territoires urbains ou ruraux de moins de 50 000 habitants affichent aussi des résultats supérieurs à la moyenne.

Cette étude, qui repose sur des chiffres de 2019, met en avant que la satisfaction diminue avec l’âge, à l’exception d’un rebond autour de 60 ans. Les cadres sont la catégorie socio-professionnelle la plus heureuse, suivie des professions intermédiaires, employés, ouvriers, artisans et agriculteurs.

Par situation familiale, les couples, avec et sans enfants, sont les plus heureux, loin devant les personnes seules et les familles monoparentales. Hommes et femmes sont également satisfaits de leur vie et de leur logement, mais les hommes sont en moyenne plus satisfaits de leurs loisirs et de leur travail et les femmes plus satisfaites de leur famille et amis.

Plaidoyer pour les milliardaires

Plaidoyer pour les milliardaires

 

 Les conclusions du rapport annuel sur les inégalités publié par l’Ong Oxfam révèlent une incompréhension du fonctionnement de l’économie et un parti pris idéologique. Par Hervé Guyader, avocat au barreau de Paris, docteur en Droit, président du Comité français pour le droit du commerce international (CFDCI).
Une sorte de plaidoyer pour les milliardaires qui d’un point de vue méthodologique n’est pas complètement faux notamment la confusion entre valeur des actions et patrimoine personnel des riches grands patrons. Plus discutable est la distinction entre argent public et argent privé. En effet par exemple la BCE a inondé d’argent public les banques, les entreprises et l’État ; grande partie de ses liquidités n’ont pas été affectée au soutien des entreprises mais au soutien des valeurs boursières (aujourd’hui la correction est en cours) alimentant ainsi une immense bulle. Une bulle qui a aussi généré une énorme hausse des prix dont le coût sera payé comme d’habitude par l’inflation qui va surtout peser sur les revenus du travail, les retraites et l’épargne. Bref si on ne peut contester le côté gauchiste de certaines analyses de l’O.N.G. Oxfam on doit tout autant reconnaître que la défense des milliardaires est également assez partisane et assez peu scientifique NDLR

 

Le cru 2022 du rapport Oxfam ne décevra personne tant il poursuit ses méthodes d’analyse douteuses et sa haine de l’argent. Comme le beaujolais nouveau, la livraison annuelle du rapport Oxfam tient ses promesses. On y trouve donc la chasse aux riches, la dénonciation des plus puissants ainsi qu’une méthode scientifiquement douteuse.

Sans qu’il soit utile de reprendre par le détail les chiffres Oxfam, le menu suffisamment indigeste nous suffira. L’on apprend ainsi que la pandémie du Covid 19 a considérablement accru les fortunes des plus puissants. Les cinq plus riches possèdent autant que 40% des Français les plus pauvres. Certains ont même vu leur fortune doubler. Et voici que Bernard Arnault, le plus stipendié, passerait du confortable 67 milliards à l’indécent 163 milliards.

La dénonciation des chiffres de ces milliardaires ne serait rien si elle n’était accentuée par l’idée que c’est l’argent public qui les a engraissés. Il est vrai que l’Etat s’est montré généreux, personne ne l’a nié, en tentant de sauver des pans entiers de nos industries par le biais de prêts garantis par l’Etat, de reports de créances fiscales et sociales ou de dispositifs de chômage partiel. Si l’on prend le cas de LVMH, le groupe n’a sollicité aucun de ces plans de chômage partiel considérant assurer seul la protection de ses salariés. Oxfam est donc mal venu à prétendre l’inverse.

Ce détail illustre la méthode employée. La dénonciation, pour être saisissante, est une belle entourloupe car elle confond cours de bourse et fortune personnelle. Si le groupe LVMH pèse le chiffre de 163 milliards d’euros, ils ne sont pas tous dans la poche de son dirigeant qui, pour percevoir les dividendes que les succès de son groupe justifient, paiera des impôts. C’est exactement ce qui est arrivé à Elon Musk, le flamboyant patron de Tesla qui a dû vendre 10 millions d’actions de son groupe, et payer autant d’impôts, pour garnir son portefeuille.

Par ailleurs, il est un autre élément particulièrement discutable : Oxfam a pris comme point de repère le mois de mars 2020, qui n’est autre que l’épicentre de la crise, le point le plus bas du CAC 40, soit 4.000 points quand il dépasse désormais les 7.000. Il est alors bien aisé de crier au scandale en comparant le cours de bourse en pleine croissance à celui choisi au plus bas. L’effet mécanique de la reprise justifie à lui seul une appréciation de presque 80%. La méthode ressemble un peu à celle des commentateurs sportifs enclins à trouver un boxeur bien grassouillet hors compétition en comparaison du poids affuté affiché la veille du dernier combat.

 Il faut reconnaître que Bernard Arnault n’avait pas raté l’occasion de se rappeler au bon souvenir des anticapitalistes en déclarant en 2016 que les vrais emplois sont ceux du secteur marchand. Tout l’aréopage des collectivistes s’était lié pour rappeler la valeur que représentent les services publics qui parfois même en créent, prenant pour exemple la commande publique. Voici donc les entreprises privées financées par l’argent public. Le raccourci est trop bref pour que l’on s’y perde. Etablir un lien entre services publics et commande publique pour justifier de la valeur des premiers est une démonstration un rien tendancieuse.

Si personne ne conteste, surtout après deux années d’épidémie de Covid, toute l’importance des services publics, qu’ils soient de l’Education nationale ou des services de santé, il demeure que l’argent qui sert à la financer sort principalement de la poche du privé, si l’on excepte les impôts payés par les agents de ces services.

Prétendre réécrire la fable de la poule ou de l’œuf pour départir des sources de création de richesse oublie que les services publics n’ont pas pour objet la création de valeur, mais de dispenser des services au public. Si l’on fait exception des Etablissement publics industriels et commerciaux qui peuvent être amenés à la création de valeur, l’argent est créé par le secteur marchand. L’Etat ne créé pas d’argent, il le ponctionne et le redistribue.

Plaidoyer pour les milliardaires

Plaidoyer pour les milliardaires

 

 Les conclusions du rapport annuel sur les inégalités publié par l’Ong Oxfam révèlent une incompréhension du fonctionnement de l’économie et un parti pris idéologique. Par Hervé Guyader, avocat au barreau de Paris, docteur en Droit, président du Comité français pour le droit du commerce international (CFDCI).
Une sorte de plaidoyer pour les milliardaires qui d’un point de vue méthodologique n’est pas complètement faux notamment la confusion entre valeur des actions et patrimoine personnel des riches grands patrons. Plus discutable est la distinction entre argent public et argent privé. En effet par exemple la BCE a inondé d’argent public les banques, les entreprises et l’État ; grande partie de ses liquidités n’ont pas été affectée au soutien des entreprises mais au soutien des valeurs boursières (aujourd’hui la correction est en cours) alimentant ainsi une immense bulle. Une bulle qui a aussi généré une énorme hausse des prix dont le coût sera payé comme d’habitude par l’inflation qui va surtout peser sur les revenus du travail, les retraites et l’épargne. Bref si on ne peut contester le côté gauchiste de certaines analyses de l’O.N.G. Oxfam on doit tout autant reconnaître que la défense des milliardaires est également assez partisane et assez peu scientifique NDLR

 

Le cru 2022 du rapport Oxfam ne décevra personne tant il poursuit ses méthodes d’analyse douteuses et sa haine de l’argent. Comme le beaujolais nouveau, la livraison annuelle du rapport Oxfam tient ses promesses. On y trouve donc la chasse aux riches, la dénonciation des plus puissants ainsi qu’une méthode scientifiquement douteuse.

Sans qu’il soit utile de reprendre par le détail les chiffres Oxfam, le menu suffisamment indigeste nous suffira. L’on apprend ainsi que la pandémie du Covid 19 a considérablement accru les fortunes des plus puissants. Les cinq plus riches possèdent autant que 40% des Français les plus pauvres. Certains ont même vu leur fortune doubler. Et voici que Bernard Arnault, le plus stipendié, passerait du confortable 67 milliards à l’indécent 163 milliards.

La dénonciation des chiffres de ces milliardaires ne serait rien si elle n’était accentuée par l’idée que c’est l’argent public qui les a engraissés. Il est vrai que l’Etat s’est montré généreux, personne ne l’a nié, en tentant de sauver des pans entiers de nos industries par le biais de prêts garantis par l’Etat, de reports de créances fiscales et sociales ou de dispositifs de chômage partiel. Si l’on prend le cas de LVMH, le groupe n’a sollicité aucun de ces plans de chômage partiel considérant assurer seul la protection de ses salariés. Oxfam est donc mal venu à prétendre l’inverse.

Ce détail illustre la méthode employée. La dénonciation, pour être saisissante, est une belle entourloupe car elle confond cours de bourse et fortune personnelle. Si le groupe LVMH pèse le chiffre de 163 milliards d’euros, ils ne sont pas tous dans la poche de son dirigeant qui, pour percevoir les dividendes que les succès de son groupe justifient, paiera des impôts. C’est exactement ce qui est arrivé à Elon Musk, le flamboyant patron de Tesla qui a dû vendre 10 millions d’actions de son groupe, et payer autant d’impôts, pour garnir son portefeuille.

Par ailleurs, il est un autre élément particulièrement discutable : Oxfam a pris comme point de repère le mois de mars 2020, qui n’est autre que l’épicentre de la crise, le point le plus bas du CAC 40, soit 4.000 points quand il dépasse désormais les 7.000. Il est alors bien aisé de crier au scandale en comparant le cours de bourse en pleine croissance à celui choisi au plus bas. L’effet mécanique de la reprise justifie à lui seul une appréciation de presque 80%. La méthode ressemble un peu à celle des commentateurs sportifs enclins à trouver un boxeur bien grassouillet hors compétition en comparaison du poids affuté affiché la veille du dernier combat.

 Il faut reconnaître que Bernard Arnault n’avait pas raté l’occasion de se rappeler au bon souvenir des anticapitalistes en déclarant en 2016 que les vrais emplois sont ceux du secteur marchand. Tout l’aréopage des collectivistes s’était lié pour rappeler la valeur que représentent les services publics qui parfois même en créent, prenant pour exemple la commande publique. Voici donc les entreprises privées financées par l’argent public. Le raccourci est trop bref pour que l’on s’y perde. Etablir un lien entre services publics et commande publique pour justifier de la valeur des premiers est une démonstration un rien tendancieuse.

Si personne ne conteste, surtout après deux années d’épidémie de Covid, toute l’importance des services publics, qu’ils soient de l’Education nationale ou des services de santé, il demeure que l’argent qui sert à la financer sort principalement de la poche du privé, si l’on excepte les impôts payés par les agents de ces services.

Prétendre réécrire la fable de la poule ou de l’œuf pour départir des sources de création de richesse oublie que les services publics n’ont pas pour objet la création de valeur, mais de dispenser des services au public. Si l’on fait exception des Etablissement publics industriels et commerciaux qui peuvent être amenés à la création de valeur, l’argent est créé par le secteur marchand. L’Etat ne créé pas d’argent, il le ponctionne et le redistribue.

Plaidoyer pour une taxe sur les transactions financières

 

Un collectif de 124 économistes internationaux dont Jeffrey Sachs et Gabriel Zucman demande dans une tribune au « Monde » aux ministres des finances du G20, réunis les 9 et 10 juillet à Venise, la mise à contribution du « marché le plus riche du monde »

 

Tribune.

 

Nous, économistes et experts financiers, constatant les conséquences sans précédent de la pandémie du Covid-19, demandons au G20 de mettre en œuvre au plus vite des taxes sur les transactions financières (TTF), pour lutter contre la volatilité de l’économie et générer des investissements publics nécessaires de toute urgence, pour sauver des vies en renforçant les systèmes de soins de santé, et pour couvrir une partie des coûts causés par le réchauffement climatique.

Les TTF encouragent les investissements à plus long terme dans l’économie réelle, fournissant une base plus solide pour un renouveau économique, particulièrement important à l’heure où les pays se reconstruisent après la pandémie. Les TTF découragent les excès d’activités spéculatives, dont le trading à haute fréquence, qui a déjà entraîné des krachs éclairs par le passé. Elles donnent également aux autorités financières un meilleur contrôle sur les activités financières, les aidant ainsi à collecter les recettes fiscales et à lutter contre la corruption.


Même si les pays riches ont dû faire face à des épreuves lors de la crise du Covid-19, les pays pauvres, dont beaucoup étaient déjà accablés de dettes avant la crise sanitaire, se retrouvent maintenant dans une situation économique réellement désespérée. Ils se voient obligés de choisir entre le remboursement du service de leur dette et le financement de leur système de santé.

Pour soutenir les biens essentiels : santé, enseignement

C’est pourquoi nous demandons au G20 de se tourner d’urgence vers les secteurs les plus riches. Ils pourraient générer des recettes supplémentaires inestimables en taxant des transactions financières à ce jour bien trop peu imposées, comme celles qui concernent les obligations, les actions en Bourse, les produits dérivés et les devises. Si des TTF limitées existent déjà dans neuf des pays du G20 (Afrique du Sud, Argentine, Brésil, Chine, Etats-Unis, France, Inde, Italie, Royaume-Uni), il s’agit généralement d’impositions à taux très bas sur les transactions en Bourse.

Nous proposons que les pays sans TTF en introduisent immédiatement et que ceux qui en ont déjà augmentent le taux d’imposition et étendent l’assiette fiscale à d’autres actifs. Cela pourrait générer des rentrées supplémentaires estimées à 100 milliards de dollars par an (84,7 milliards d’euros), dont au moins 50 % devraient être consacrés aux pays en développement. Ces fonds permettraient d’y soutenir les services essentiels comme les soins de santé et l’enseignement et leur capacité de résister aux pandémies futures.

Plaidoyer maladroit pour les éoliennes

Plaidoyer maladroit pour les éoliennes 

 

Un collectif sans doute inspiré défend bien maladroitement les  éoliennes.

 

Un collectif de 115 élus locaux, parmi lesquels Xavier Desmots, adjoint au maire de Rennes ( Génération S de Hamon), , Yves Nicolin, maire de Roanne, ou Jacques Pallas, maire de Saint-Georges-sur-Arnon, qui disposent d’un parc éolien ou sont impliqués dans un projet éolien sur leur territoire, défendent, dans une tribune au « Monde », l’usage de cette énergie renouvelable.Pourtant dans cette tribune on ne voit pas l’ombre d’un argumentaire économique ou énergétique. Seulement des constats qui n’ont rien à voir avec les éoliennes ou pas grand-chose. Ou quand la politique tutoie la nullité. Un papier de propagande vraisemblablement très soutenue par les lobbys éoliens qui contrairement à ce qui est affirmé est le plus souvent étranger .Signataire on peut sans doute donner un peu de contenu à cette prise de position bâclée

 

Tribune.

 

Depuis plusieurs semaines, nous assistons à une campagne de dénigrement du développement des énergies renouvelables, et en particulier de l’énergie éolienne, qui choque de nombreux Français et les élus locaux de la République que nous sommes par sa violence, son obscurantisme et son populisme.

Pourtant, la facture énergétique des ménages dépasse les 3 000 euros par an, un foyer sur dix est en situation de précarité énergétique, et la facture énergétique de la France à l’international approche les 45 milliards d’euros, soit près de 2 % du produit intérieur brut (PIB). Sans évolution massive de nos modes de consommation énergétique pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, certains territoires français dépasseront à certaines périodes les 50 °C d’ici à 2050 avec des conséquences désastreuses sur le quotidien des Français, sur leur santé, leur environnement et leur activité professionnelle.

Contribuer à la transition énergétique de la France est un devoir, une fierté et même une chance pour nos territoires et pour notre pays !

Partout, nous, élus locaux, avec les citoyennes et citoyens, avec les acteurs économiques et associatifs locaux, faisons le choix d’inscrire le pays dans un autre avenir énergétique. Un avenir plus responsable, plus local et moins mondialisé, plus autonome, solidaire et participatif, plus moderne et dynamique en valorisant les richesses énergétiques renouvelables de notre pays plutôt que les énergies du passé, plus respectueux de la planète et donc de nos générations futures.

Il serait temps que les « anti » disent aux Français quelles solutions énergétiques crédibles ils proposent pour permettre à 67 millions de Français de se chauffer ou de se déplacer

Car faire le choix de l’énergie renouvelable, et singulièrement celui de l’éolien, c’est d’abord faire le choix d’une ressource énergétique française et non plus importée massivement des quatre coins du globe. C’est faire le choix de l’autonomie énergétique, garante d’une stabilité des prix pour le consommateur, plutôt que de dépendre des marchés mondialisés de l’énergie : du gaz russe, de l’uranium du Niger ou du pétrole de la péninsule Arabique, pays souvent instables dont nous dépendons massivement et donc dangereusement aujourd’hui.

Justice : Plaidoyer pour l’individualisation des peines

Justice : Plaidoyer pour l’individualisation des peines

 

Abandonner l’individualisation des peines, un « fondement cardinal » du système pénal, ou créer une Cour de sûreté de la République, constituerait une régression et un renoncement aux principes de l’indépendance de l’autorité judiciaire, explique le magistrat Benjamin Blanchet dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

 

 Depuis 1748 et la publication, par Charles de Montesquieu, de son Esprit des lois, le particularisme irréductible de la fonction de juger est consacré par notre histoire juridique nationale comme étant l’empreinte indélébile du refus de l’absolutisme royal et de la séparation des pouvoirs. Le philosophe avait fondé sa pensée sur une loi d’airain : « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites », tout en anéantissant le pouvoir des juges, lesquels ne devaient être que « la bouche qui prononce les paroles de la loi » ainsi que des « êtres inanimés, qui n’en peuvent modérer ni la force ni la rigueur ». Les constituants de 1791 avaient toutefois conçu le pouvoir juridictionnel délégué à un corps de magistrats élus par le peuple comme un véritable partage de souveraineté.

L’actualité judiciaire nous fournit périodiquement les prolégomènes d’une métaphysique de la justice à laquelle se hasardent tant de spécialistes autoproclamés de la matière judiciaire ouvertement désireux de rendre la magistrature responsable de toutes les déchirures de notre société. Tout convient pour alimenter un déluge de fiel ciblant une institution judiciaire qu’un ancien garde des sceaux [Jean-Jacques Urvoas, en 2016] avait, à juste titre, placée sur la voie de la « clochardisation ». La Justice, à laquelle tant de temps troublés ont enseigné la résilience et l’isolement, ne peut raisonnablement plus rien attendre de la mise en œuvre de l’article 64 de la Constitution.

Mais le plus alarmant est, sans nul doute, que certains responsables politiques, participant sans vergogne à l’effort de dédain, en viennent à pourfendre son autorité et son indépendance en réclamant l’abandon pur et simple d’un fondement cardinal de notre architecture pénale, à savoir le principe de l’individualisation des peines.

Celui-ci garantit, depuis 1810, à l’auteur d’une infraction que la sanction pénale prononcée à son encontre prendra en considération sa personnalité et les circonstances de la commission du crime. Le dispositif dit des « peines planchers » – que d’aucuns continuent de consacrer comme le remède idéal à un laxisme judiciaire pathologique – n’a d’ailleurs été validé par le Conseil constitutionnel que parce qu’il préservait le pouvoir d’appréciation du juge pénal « en considération des circonstances de l’infraction, de la personnalité de son auteur ou des garanties d’insertion ou de réinsertion présentées par celui-ci ».

Plaidoyer pour l’Europe

Plaidoyer pour l’Europe

Alors que se multiplient les attaques contre l’Europe, le philosophe slovène Slavoj Zizek souligne, dans une tribune au « Monde », que son héritage, notamment celui des Lumières et de la modernité laïque, fournit les meilleurs outils pour analyser ce qui, aujourd’hui, n’y tourne pas rond.

 

Tribune.

 

Certains d’entre nous ont encore en tête l’incipit fameux du Manifeste du Parti communiste : « Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot, les radicaux de France et les policiers d’Allemagne. » Les mots de Marx ne permettent-ils pas, aujourd’hui encore, de dire ce qu’est l’« Europe » dans l’opinion ? « Un spectre hante l’Europe : le spectre de l’eurocentrisme. Toutes les puissances de la vieille Europe et du nouvel ordre mondial se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : Boris Johnson et Poutine, Salvini et Orban, antiracistes pro-immigration et chantres des valeurs traditionnelles européennes, progressistes latino-américains et conservateurs arabes, sionistes de Cisjordanie et “patriotes” communistes chinois. »

 

Chaque opposant à l’Europe a sa vision de l’Europe. Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a mis en œuvre le Brexit car la bureaucratie bruxelloise est, à ses yeux, un super-Etat qui entrave la souveraineté et la libre circulation des capitaux britanniques, quand certaines franges du Parti travailliste ont, elles aussi, soutenu la sortie de l’Union européenne (UE), convaincues que la bureaucratie bruxelloise est au service du capital international pour empêcher l’adoption de lois et la conduite d’une politique financière qui défendent les droits des travailleurs.

La gauche latino-américaine assimile l’eurocentrisme à un colonialisme blanc, et Vladimir Poutine s’efforce de saboter l’UE pour mieux permettre à la Russie d’étendre son influence au-delà des ex-pays soviétiques. Les sionistes radicaux voient d’un mauvais œil une Europe qu’ils jugent trop bienveillante envers les Palestiniens, quand certains Arabes considèrent l’obsession européenne de l’antisémitisme comme une concession faite au sionisme. Le dirigeant italien de la Ligue (extrême droite), Matteo Salvini, et le premier ministre hongrois, Viktor Orban, voient dans l’UE une communion multiculturelle qui menace les valeurs traditionnelles européennes authentiques et ouvre grandes ses portes aux immigrés issus de cultures étrangères, alors que les immigrés voient l’Europe comme une forteresse du racisme blanc qui leur interdit de s’intégrer de façon pleine et entière. Et la liste n’est pas exhaustive.

 

Car la pandémie est venue donner de nouvelles déclinaisons à ces critiques protéiformes. L’individualisme européen serait la cause du nombre élevé de cas en Europe, à mettre en regard des chiffres relativement plus modestes enregistrés par les pays d’Asie, où le sens de l’intérêt général est plus fort. L’UE a été jugée inefficace, incapable d’organiser une campagne de vaccination rapidement, au point que l’Europe a progressivement cédé au nationalisme vaccinal. Parallèlement, le continent est aussi accusé de privilégier ses populations au mépris des pays pauvres du tiers-monde… En la matière, il faut reconnaître à l’Europe que les délais de vaccination sont le prix à payer pour son attachement à ses principes : l’UE tenait à l’équitable répartition des vaccins disponibles entre ses Etats membres.

Nouveau plaidoyer pour l’ENA

Nouveau plaidoyer pour l’ENA

Par Daniel Keller, président de l’Association des anciens élèves de l’ENA (AAEENA)

 

Le gouvernement souhaite rendre le service public plus efficace en dynamisant la gestion des carrières des hauts fonctionnaires et en donnant plus de place à la formation initiale et continue dont ceux-ci devraient bénéficier. Sur le papier, on ne peut que partager de tels objectifs. Ce qui peut en revanche interpeller, c’est l’idée que la réalisation de cette ambition devrait nécessairement passer par la suppression de l’ENA et une refonte en matière de gestion des corps.

Le premier volet de la réforme sous-entend pudiquement que l’Etat n’a pas à ce jour de réelle gestion prévisionnelle des emplois de ses hauts fonctionnaires, voire n’utilise pas au mieux toutes les ressources humaines disponibles. Un constat sur le fond accablant. Une délégation interministérielle sera chargée demain de mettre fin au fonctionnement en silo qui caractérise les administrations en promouvant une gestion transversale des parcours. Vaste ambition mais dont l’effectivité demande avant tout qu’on mette fin aux différences de rémunération entre les administrations, comme le reconnaît la Ministre de la Transformation et la Fonction publiques. Ce serait une bonne manière de commencer.

L’esprit de 1945. La réforme a également la noble ambition de pousser les jeunes hauts fonctionnaires à se confronter à des métiers opérationnels avant qu’ils ne choisissent éventuellement des fonctions juridictionnelles, d’inspection ou de contrôle. Il s’agit pour la Ministre de renouer avec l’esprit de 1945. Mais dans ce cas il faut aller au bout du raisonnement. L’ENA a été conçue comme une école d’application dont la scolarité devait précisément donner aux élèves les prérequis opérationnels nécessaires au bon exercice de leur mission. A cet effet la scolarité de la promotion Félix Eboué durait deux ans et demi dont 18 mois de scolarité contre six mois aujourd’hui. Cherchez l’erreur ! C’est en revenant à une durée de scolarité digne de ce nom qu’on rendrait à la formation le contenu qu’elle aurait dû ne jamais perdre. C’est d’ailleurs ce que l’ENA avait commencé à mettre en œuvre dans le cadre de la réforme de la scolarité. On eût gagné à la laisser aller jusqu’au bout.

Libre ensuite aux pouvoirs publics de changer la typologie des postes offerts à la sortie de l’Ecole en privilégiant des fonctions opérationnelles si telles sont les priorités du moment. La rupture sera nette quand on sait qu’aujourd’hui 40 % d’une promotion préfère justement se destiner vers des fonctions juridictionnelles, d’inspection ou de contrôle.

« L’Etat assemble des métiers différents les uns des autres et on ne peut bondir d’un poste à l’autre au gré de la volonté du Prince  »

La fonctionnalisation des métiers est également présentée comme un vecteur de mobilité renforcée et le gage d’un meilleur emploi des ressources humaines disponibles. Il n’en reste pas moins vrai que l’Etat assemble des métiers différents les uns des autres et qu’on ne peut bondir d’un poste à l’autre au gré de la volonté du Prince. L’Etat y perdrait en efficacité et en légitimité. Espérons que cet écueil sera évité !

Beaucoup s’inquiètent également du fait que cette fonctionnalisation pourrait fragiliser l’indépendance des missions exercées tout particulièrement lorsqu’il s’agit des fonctions de contrôle. De fait, il n’est pas absurde que celles-ci puissent en toute autonomie vérifier que l’intérêt général ne subit aucun préjudice dirimant de la part du gouvernement du moment, quel qu’il soit.

Ambition. Venons-en à la question de la formation. Le gouvernement annonce que l’Institut du service public (l’ISP, qui remplacera l’ENA) deviendra un pôle d’excellence en matière de formation initiale susceptible de délivrer des diplômes et qu’il se dotera même d’un corps professoral permanent. Mais alors pourquoi s’accrocher au statut d’établissement public administratif qui semble peu en phase avec cette ambition ? Cela étant, pour ce qui concerne la formation initiale, en dehors des modules qui constitueront le tronc commun aux treize écoles concernées, on peine encore à identifier les innovations pédagogiques qui devraient révolutionner le contenu des enseignements.

« C’est peut-être oublier un peu vite que l’ENA forme d’ores et déjà à ce jour environ 7 000 hauts fonctionnaires par an  »

La formation continue devrait être aussi le fer de lance de cette réforme et transformer l’ISP en opérateur de formation pour que les hauts fonctionnaires français et étrangers puissent actualiser leurs connaissances tout au long de leur vie. Dans un monde où l’obsolescence de savoirs est de plus en plus rapide, cette intention est louable. C’est peut-être oublier un peu vite que l’ENA forme d’ores et déjà à ce jour environ 7 000 hauts fonctionnaires par an. Souhaitons à l’ISP de faire aussi bien.

On ne peut enfin contester l’idée que le service public doit être plus proche des citoyens, plus agile et plus humain comme la réforme l’envisage. Nous avons en effet besoin de responsables rompus aux règles de l’efficacité opérationnelle, mais on a aussi besoin de nouveaux hussards noirs capables de redonner aux citoyens la confiance dans leur pays qu’ils semblent avoir perdue. Nous sommes nombreux à penser que l’ENA remise sur pieds pourrait parfaitement concourir à la réalisation de cette ambition. Il n’est peut-être pas trop tard !

Daniel Keller est président de l’Association des anciens élèves de l’ENA (AAEENA)

Plaidoyer pour la viande cultivée !

Plaidoyer pour la viande cultivée !

Un plaidoyer un peu surréaliste pour la viande artificielle cultivée qui trouve pourtant place dans une tribune du Monde.

Nathalie Rolland, spécialiste de l’agriculture cellulaire, dénonce, dans une tribune au « Monde », l’adoption par l’Assemblée nationale, d’un amendement « anti-écologique » glissé in extremis dans la loi Climat et résilience.

 

Tribune. Le 18 mars 2021, une commission spéciale de l’Assemblée nationale se penchait sur les repas végétariens dans la restauration collective. Parmi les quelques amendements adoptés ce jour-là, un sujet assez inattendu a été mis sur la table : la viande cultivée à partir de cellules. Vendredi 16 avril, l’assemblée nationale a adopté en séance publique ce nouvel article 59 bis de la loi climat, interdisant la viande cultivée, un produit qui n’est même pas encore commercialisé, et dont la mise sur le marché dépend du droit européen, dans les cantines. Les discussions sur cette loi ont paradoxalement offert à quelques députés l’opportunité de s’en prendre avec succès à l’une des innovations écologiques les plus prometteuses.

Ce procédé novateur, qui consiste à reproduire en cuve la multiplication cellulaire se déroulant d’habitude dans le corps des animaux, nécessiterait moins de ressources naturelles que la production de viande conventionnelle. Ainsi, outre un bilan carbone qui pourrait être très avantageux dans un pays comme le nôtre où la production d’électricité est peu carbonée, le point fort de la viande cultivée réside surtout dans la très faible quantité de terres nécessaires (près de 20 fois moins que la viande conventionnelle).

 

Son développement permettrait donc de rendre à la nature de nombreux territoires, avec un bénéfice très positif sur la biodiversité, et de stocker des quantités non négligeables de carbone à travers la reforestation. Mais alors que les start-up françaises ne prévoient sa mise sur le marché que dans quelques années, la viande cultivée se voit déjà privée de cantine.

A la suite du vote de cet amendement, les administrateurs des différents établissements publics de restauration pourraient avoir l’interdiction de proposer à leurs usagers des plats à base de viande cultivée. Comment cet amendement liberticide et anti-écologique s’est-il immiscé dans la loi « climat » ?

Le texte invoque tout d’abord la défense des intérêts économiques de « nos éleveurs locaux, qui font déjà face à une concurrence importante et qui méritent d’être soutenus ». Nos éleveurs n’ont pas attendu le développement de la viande cultivée pour faire face à une concurrence internationale, et la viande de culture propose une voie complémentaire à l’élevage pour compléter l’offre en produits animaux dont la consommation mondiale est en train de fortement augmenter.

 

En outre, la législation n’a pas vocation à fausser la concurrence en empêchant les produits innovants de concurrencer les secteurs bien implantés, fussent-ils aussi influents que celui de l’élevage industriel. Les jeunes et encore fragiles entreprises françaises travaillant sur la viande de culture attendent plutôt un soutien à l’innovation dont elles auraient bien besoin pour affronter les précurseurs hollandais, américains et israéliens.

Plaidoyer pour l’ Ena (Vincent Dedrie)

«

Déplorant l’annonce de la suppression de l’Ecole nationale d’administration par le président de la République, Vincent Dedrie, magistrat à la Cour des comptes et ancien élève, propose dans une tribune au « Monde », de se débarrasser plutôt de tout ce qui ne va pas avec elle.

 

Tribune. Les Allemands disent « Ohrwurm », littéralement « ver d’oreille ». L’image est claire : c’est une musique sans fin, dont on n’arrive pas à se défaire. Cette chanson joue depuis des années, et finit par nous casser les tympans. Son refrain : « il faut supprimer l’ENA ». Comprenez : se débarrasser de celle qu’on appelle l’école du pouvoir, de l’entre-soi et du mépris du peuple. Eh bien supprimez-la, s’il vous plaît. Mais supprimez-la bien. Parce qu’il est bien gentil de vouloir s’en débarrasser ; encore faut-il veiller à bien le faire. Ni aux mêmes maux porter les mêmes remèdes, ni « jeter le bébé avec l’eau du bain ».

Ne nous y trompons pas, il y a du bon dans l’Ecole nationale d’administration (ENA). La diversité d’origine et de parcours y est réelle. D’anciens attachés d’administration, venus de toute la France, côtoient des recrues auparavant architectes ou avocats ; de jeunes étudiants, sortis des bancs des études supérieures, y parlent avec d’anciens professeurs, comme moi, venu du Loir-et-Cher, et qui ai enseigné en Seine-Saint-Denis ; des militaires y nouent des amitiés avec des élèves étrangers. Tout cela fait une promotion, avec un seul nom, rassemblée dans un même lieu, et avec un même objectif : servir les autres, en servant l’Etat.

L’envie d’être utile

Car l’envie d’être utile est bien là. Les futurs « énarques » fourmillent d’idées innovantes pour les citoyens – des applications pour aider les femmes victimes de violences conjugales ou pour « traduire » le jargon administratif. Ils s’engagent, à Strasbourg, dans des associations d’aide aux devoirs ou d’accompagnement de jeunes homosexuels rejetés de leur foyer. Pendant le premier confinement, la moitié des élèves de la promotion « Hannah Arendt » a très vite rejoint les administrations débordées – préfectures, ARS, cellules de crise – pour prêter main-forte.

Ne nous y trompons pas, il y a du bon dans l’Ecole nationale d’administration (ENA). La diversité d’origine et de parcours y est réelle

Le parcours proposé, enfin, est de haute tenue. L’année terrain, soit l’essentiel de la scolarité, est le moment-clé : celui de l’apprentissage des responsabilités, dans des environnements inattendus, auprès de hauts fonctionnaires chevronnés – préfets, ambassadeurs, directeurs d’administration –, mais aussi de chefs d’entreprise. Je garde de mon stage « territoires » à Lyon le souvenir impérissable d’un Etat présent, concret, modeste, au service du département, de son tissu économique et de ses habitants.

Plaidoyer pour un e-commerce plus écologique

Plaidoyer pour un e-commerce plus écologique

Marc Lolivier, délégué de la Fevad, dans une tribune aux « Echos » que le choix à faire est d’acheter responsable. Peu importe le canal.

La crise sanitaire et ses conséquences économiques ont provoqué des bouleversements profonds. L’e-commerce en est une vibrante illustration, apportant une réponse, autant aux consommateurs qu’aux entreprises, mais suscitant parfois des a priori et des raccourcis, souvent fallacieux. Certains dénoncent par exemple un bilan carbone prétendument désastreux en oubliant que sur 10 personnes livrées en France, 7 d’entre elles déclarent qu’elles auraient pris un véhicule motorisé si elles avaient dû se rendre en magasin ! Pour autant, l’heure est au changement de nos habitudes. Saisissons l’opportunité que présente la vente en ligne afin de créer un modèle français d’e-commerce plus écologique et responsable.

Cette (r)évolution est l’affaire de tous : des entreprises, en renforçant les initiatives responsables en matière de production et de logistique ; des pouvoirs publics, en soutenant le secteur du commerce ; et de chacun d’entre nous en participant à la prise de conscience collective.

Notons qu’Anne-Marie Idrac, ancienne ministre et chargé d’une mission à propos des critères RSE du commerce via les plates-formes numériques.

Pandémie : plaidoyer pour la tech et l’IA

Pandémie : plaidoyer pour la tech et l’IA

 

Ancienne dirigeante de Sanofi et de GE Healthcare, Pascale Witz défend dans son livre* le recours à la tech et à l’intelligence artificielle (IA) dans la santé.(Interview dans l’Opinion)

Quel est l’apport de la tech dans la course aux vaccins ?

Les vaccins à ARN messager sont des exemples criants de l’apport de la tech. Si Moderna et BioNTech ont réussi ce coup de force, c’est qu’ils travaillaient depuis cinq ans sur cette technologie et qu’ils ont fait pivoter leurs équipes vers le vaccin. C’est ce qui leur a permis de gagner la course. Ce n’est pas le cas de Sanofi et je suis sûre que les équipes, que je connais bien et qui n’ont pas ménagé leurs efforts, sont très déçues. Mais, comme je l’expliquais, chaque laboratoire a utilisé la technologie qu’il maîtrisait.

Comparée à nos voisins anglais qui vaccinent à tour de bras, la France est à la traîne. Faut-il repenser notre sacro-saint principe de précaution?

Je ne pense pas que la France a été plus précautionneuse que la Grande-Bretagne. Le démarrage de notre campagne vaccinale a manqué d’audace mais les choses se déroulent bien mieux à présent. Il faut comprendre une chose : Faire un vaccin, ce n’est pas comme faire du Doliprane ! Ce n’est pas parce qu’on est capable de développer le second qu’on peut faire de même avec le premier. Les lignes de production sont tout à fait différentes. Un vaccin va transiter par la ligne dite des grandes molécules ou des produits biologiques innovants. C’était déjà un marché tendu. Lorsqu’un laboratoire veut développer un nouveau produit, il lui faut réserver un créneau pour la capacité de production des années à l’avance. Les limites de la campagne vaccinale se situent davantage à ce niveau-là selon moi.

En dehors du vaccin, pour quelle pathologie la tech a-t-elle fait ses preuves ?

Quand je parle de la tech, c’est au sens large, j’englobe la puissance du calcul, la miniaturisation, la connectivité. Le diabète est un bon exemple. Il y a 5 ou 6 ans, un patient diabétique devait avoir en permanence avec lui sa trousse de bonne taille contenant tous les outils pour se piquer le doigt. Avec les mini-capteurs de mesure du glucose en continu à patcher sur le bras ou sur le ventre une fois par semaine, cette logistique encombrante est derrière nous. Il suffit de regarder sa montre connectée pour vérifier discrètement son taux de glucose dans le sang.

La tech me semble tout à fait pertinente pour la surveillance cardiaque, en particulier celle des femmes. Elles sont davantage sujettes à la survenue d’un décès que les hommes après un premier événement cardiaque. Les médecins urgentistes vous diront leur inquiétude lorsqu’ils renvoient chez elles des patientes dont le tableau clinique est incertain. Des sociétés comme iRhythm Technologies développent déjà des enregistreurs d’ECG connectés, discrets. Il n’y a pas si longtemps, on faisait porter aux patients un holter, dispositif contraignant qui permettait l’enregistrement en continu de l’électrocardiogramme (pendant au moins 24 heures, NDLR). C’était impossible de l’oublier !

Selon vous, l’intégration de l’IA dans les protocoles médicaux va permettre de «  réhumaniser  » la médecine, en particulier à l’hôpital. N’est-ce pas paradoxal ?

La tech démocratise l’innovation médicale, elle pousse vers une santé de plus en plus humaine. Ce n’est pas du tout un paradoxe.

L’IA doit être conçue comme un outil de support à la décision. Elle permet l’analyse d’un plus grand nombre de données et, ce faisant, accorde au médecin davantage de temps pour se recentrer sur le patient. C’est l’autre aspect que je défends, quand je parle du suivi médical «  déporté  » à la maison grâce à la tech. Cette approche contribue au désengorgement des urgences et recentre l’hôpital sur son cœur de métier : la prise en charge des pathologies les plus graves.

Nous avons de grandes exigences vis-à-vis de la médecine. Je ne vois pas d’autres moyens que de faire confiance à la tech et à l’utilisation sécurisée des données

Vous prônez le principe de l’algorithme personnel de santé. De quoi s’agit-il ? Est-ce applicable en France, ou la population se méfie volontiers des GAFAM ?

Prenons l’exemple de l’asthme. La société Propeller Health a développé un inhalateur connecté, qui prend en considération l’environnement immédiat du patient et lui permet d’anticiper des crises d’asthme et d’éviter une fois de plus un recours aux urgences. Il s’agit donc, en somme, d’ajuster au plus près et de façon la plus personnelle le traitement au patient.

Quant à la défiance, je rappelle que nos données sont bien plus souvent enregistrées par des sociétés commerciales qu’à des fins scientifiques. Et, sincèrement, il faut en passer par là pour avancer dans la recherche clinique. Nous avons de grandes exigences vis-à-vis de la médecine. Je ne vois pas d’autres moyens que de faire confiance à la tech et à l’utilisation sécurisée des données. En ce sens, la création du Health data hub (nouvelle banque de données nationale, NDLR) est une très bonne initiative.

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