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Science et humanité: la place de l’homme face à l’intelligence artificielle (Eric Salobir)

Science et humanité: la  place  de l’homme face à l’intelligence artificielle (Eric Salobir)

(Cet article est issu de T La Revue de La Tribune – N°7 Décembre 2021)

 

Eric Salobir est président de Human Technology Foundation

Depuis quelques années, les observateurs remarquent une défiance accrue de la société civile vis-à-vis du progrès ; une certaine crainte même envers la science et les nouvelles technologies. Comment expliquer que nous en sommes arrivés là ?

Éric Salobir Ce dont on a peur, c’est de la nouveauté quand elle est disruptive, c’est-à-dire quand elle n’est pas incrémentale et que l’on voit doucement s’améliorer les choses. Or nous sommes en train de vivre un point de bascule. Depuis 20 ans, avec l’arrivée du numérique, de l’Internet et maintenant de l’intelligence artificielle, nous faisons face à ce qui est de l’ordre d’une révolution. Selon le World Economic Forum, cette phase de notre histoire s’apparente à une quatrième révolution industrielle. Selon moi, il s’agit avant tout d’une révolution épistémologique, j’entends par là que ce qui a profondément changé c’est notre rapport à la connaissance et notre rapport au monde. Cette révolution nous fait perdre et gagner des choses tout à la fois. Or, comme bien souvent, on voit vite ce que l’on perd mais pas tout de suite ce que l’on gagne. Nous sommes à une pliure de l’histoire. Tout se passe de l’autre côté du versant qui n’est pas forcément vu par tous. C’est ce voile qui est facteur d’inquiétude pour beaucoup de gens. Cela dit, je me souviens d’une très belle conversation que j’ai eue avec Michel Serres quelques mois avant son décès ; il était beaucoup plus optimiste que moi qui le suis pourtant déjà ! Il m’a rappelé que Socrate était contre l’utilisation de l’écriture car ce dernier était convaincu que la pensée allait être accessible à tout le monde y compris à des gens à qui elle n’était pas destinée et à qui elle ne serait pas expliquée. Pour Socrate, la pensée naît de la rencontre, du dialogue ; à partir du moment où l’on ne peut pas poser de questions, on ne peut pas débattre et donc il n’y a pas de pensée. Aujourd’hui on sait comment l’écriture a contribué au progrès de l’humanité et il est impensable de la remettre en question. Cela a été également le cas avec l’invention des caractères mobiles d’imprimerie qui ont permis de généraliser l’utilisation de l’écrit longtemps réservé aux plus riches. La crainte d’alors était que les textes soient transformés… c’étaient les fake news de l’époque. Mais encore une fois, on s’en est très bien sortis. Le monde s’est transformé. Michel Serres me faisait d’ailleurs remarquer qu’avec la génération de l’écrit, l’homme a beaucoup perdu de ses capacités de mémoire. Les civilisations de l’oral sont des civilisations de la mémoire, qui connaissaient par cœur des récits entiers. Il y avait d’ailleurs une formule latine qui était assez péjorative : « Doctus cum libro », que l’on peut traduire par « est savant quand il a ses livres ». Maintenant c’est « Doctus cum Google ». Tout le monde est savant dès qu’il a accès à des bases de données. Mais ce n’est plus péjoratif.

Surgit peut-être une nouvelle crainte : celle de voir l’humanité régresser intellectuellement, voire même de perdre en intelligence. À force d’être assisté par les outils numériques, l’homme aurait-il tendance à ne plus faire d’effort ? À trop utiliser le GPS par exemple, ne perd-il pas le sens de la lecture d’une carte ? Pour autant cette vision ne suggère-t-elle pas que le côté obscur de ce que l’on perd sans considérer ce que le numérique peut offrir culturellement parlant par exemple ?

É.S. La réponse est double. C’est-à-dire que d’un côté effectivement on perd des choses, il a été prouvé que les personnes utilisant tout le temps le GPS perdent le sens de l’orientation. Donc se repèrent moins bien dans l’espace en trois dimensions. Cela change notre appréhension du monde, c’est vrai. Mais, en même temps, une certaine forme de polychronie est apparue dans notre vie sociale. Nous explorons aujourd’hui des formes d’intelligence collaboratives qui n’existaient pas il y a 50 ans. On est plus multitâches, on travaille plus facilement en réseau, on crée de l’intelligence ensemble.

En revanche, je ne suis pas du tout naïf sur le fait que certains mésusages ou usages abusifs en termes de quantité de certaines technologies, de certains médias, finissent par induire des déséquilibres. Quand le patron d’une grande plateforme de streaming dit « mon concurrent principal c’est le sommeil », c’est extrêmement inquiétant car c’est la santé des personnes qui est en danger. Cela dit, on n’a pas attendu le numérique pour cela. Le président d’une grande chaîne de télévision française affirmait il y a quelques années « vendre du temps de cerveau disponible ». Finalement, le numérique n’est venu qu’à la suite d’un fonctionnement qui existait déjà. Ce que j’observe en revanche, c’est l’accroissement de nouvelles formes de fractures numériques.

C’est-à-dire ?

É.S. Les premières fractures se sont placées entre ceux qui n’avaient pas d’ordinateur ou ne savaient pas s’en servir, ceux qui étaient dans les zones blanches, et les autres. Maintenant la fracture se situe entre ceux qui sont capables de soulever le voile et de comprendre ce qui se passe derrière. C’est là le nouvel enjeu : faire en sorte qu’il n’y ait pas qu’une minorité de gens qui connaissent le fonctionnement des outils digitaux à l’instar des réseaux sociaux. Avoir conscience que les photos de comptes d’influenceurs sont souvent retouchées et donc ne reflètent pas la réalité ; apprendre à recouper l’information, à vérifier les sources. Car pour une immense majorité, l’influence du numérique peut conduire à la déprime et à la manipulation. Est-ce vraiment cela le progrès ? Non, je ne pense pas.

Justement, comment définiriez-vous le progrès ?

É.S. Je suis persuadé que le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous. Célèbre allocution d’Aristote reprise comme slogan d’une compagnie de chemin de fer en son temps ! Mais je pense que c’est extrêmement vrai. Cela s’est confirmé notamment avec la pandémie. Il n’y a pas si longtemps, certains mouvements dits transhumanistes encourageaient l’investissement technologique dans l’amélioration significative de la vie d’une petite quantité de gens.

Certains se targuaient même de prendre des pilules à 1 000 dollars en espérant que cela allait rallonger leur vie. Depuis la pandémie, il est clair qu’en termes de santé, ce qui compte de manière essentielle c’est qu’il y ait des lits d’urgence pour tout le monde à l’hôpital quand il y a une épidémie. Cette situation a recentré le débat. En termes d’investissement, on est passé de chercher la pilule qui rendrait les milliardaires immortels à chercher un vaccin qui sauverait toute la planète. C’est un recentrage positif.

Cela dit, la crainte envers les vaccins n’a pas tardé à ressurgir, et cela de manière violente.

É.S. C’est vrai. Cette crainte est l’aboutissement d’une tendance que nous avions vue éclore il y a déjà quelques années. Nous avons d’ailleurs organisé un colloque il y a deux ans dont le but était de recréer la confiance dans les technologies, alors même que les gens de la Silicon Valley apparaissaient encore en couverture des magazines. Nous sentions pourtant qu’une certaine défiance était en train de naître. La vraie question c’est contre quoi et contre qui se tourne cette défiance ? Plusieurs éléments entrent en jeu. D’abord, on confond parfois science et progrès et malheureusement la crise pandémique aura sans doute fait tomber le dernier bastion de la parole qui existait : celui de la parole scientifique. Cela faisait longtemps que le public mettait en doute la parole des politiques, la parole des médias, même la parole des sphères économiques, mais pas la parole scientifique. C’était une parole qui était restée pure. Et ce bastion est tombé lorsqu’on a demandé à des scientifiques de se positionner sur des sujets sur lesquels ils n’avaient pas encore l’information. Est-ce la faute des médias qui les ont poussés à le faire ? Est-ce la faute des scientifiques qui ont cédé à cela ? Et puis, est arrivé le moment où l’on a demandé à tout le monde de parler de tout. Or, en dehors de sa discipline, un expert manque terriblement de discipline justement. Cela a contribué à l’émergence du mouvement antivax, dans lequel beaucoup ne croient plus les scientifiques. La parole des scientifiques semble abîmée.

Il y a là un transfert d’inquiétude. Prenons l’exemple des technologies numériques. Beaucoup accusent les algorithmes des pires maux, comme s’ils étaient capables de penser et d’agir. Mais c’est ce que l’homme fait des algorithmes qui est à remettre en cause, et plus largement la manière dont il utilise toutes ces nouvelles technologies. La défiance ne serait-elle pas à replacer vis-à-vis de l’humain tout simplement ?

É.S. La défiance vis-à-vis des scientifiques c’est une défiance vis-à-vis de l’humain. Et la difficulté avec l’algorithmique notamment c’est justement de savoir ce que l’on fait avec les algorithmes. Je me souviens d’une plateforme de recrutement en ligne qui avait mis en place un algorithme pour sélectionner les CV ; les dirigeants ne voulaient pas que ce soit basé sur un critère de genre mais en même temps il fallait bien mettre des critères et parmi eux il y avait la rapidité de réponse ; or il se trouve que les hommes réagissent souvent beaucoup plus vite que les femmes quand ils reçoivent une annonce car ils y voient une opportunité immédiate et beaucoup d’entre eux se sentent tout à fait confiants pour répondre. Alors qu’une femme va s’interroger sur ses compétences, se demander si le poste est bien pour elle et donc elle ne va pas répondre tout de suite. De fait, ce critère-là a induit indirectement un biais de genre. Heureusement la plateforme s’en est aperçue et ils ont mis en place un algorithme qui vérifie que la sélection comporte un pourcentage de femmes qui correspond à celui du marché. Cet exemple prouve que l’on n’a pas toujours toutes les clés et qu’à partir du moment où l’algorithme est apprenant il y a un risque de biais.

En tout état de cause, ce qu’il faut retenir de cette histoire, c’est que ce sont les humains qui sont en jeu. Dans le cadre d’un recrutement, d’une entrée à l’université, dans le cadre d’un crédit pour acheter une maison, c’est notre vie qui est en jeu et c’est là qu’il faut avoir une prudence particulière. Face à cela, mon but n’est pas de rassurer les gens mais de les aider pour qu’ensemble on éclaire le chemin. Les aider à voir les vrais dangers afin de déboulonner les fausses peurs qui, par essence sont mauvaises conseillères. Ces peurs risquent de freiner certaines populations dans l’adoption des technologiques alors que d’autres ne vont pas se freiner ; ce qui, de fait, va accroître la fracture que j’évoquais. Et l’une des difficultés que l’on voit c’est que cette fracture numérique existe aussi sur le marché du travail. Prenons l’exemple des livreurs, une application leur indique le chemin à utiliser et ils n’ont pas le droit d’en dévier. Au fond, ils travaillent pour une IA. Certaines plateformes de livraison en ligne calculent aussi les temps de pauses, la rapidité des gestes et n’hésitent pas à désigner ceux qui ne sont pas très performants. Et parfois même les remercier.

On est face à l’émergence d’un prolétariat numérique. Il y a ceux qui sont enchaînés à la machine et ceux qui sont remplacés par la machine. Aujourd’hui, il existe des algorithmes qui sont capables d’établir la base de contrats ou de vérifier des comptes. Or avant de devenir expert, que l’on soit comptable ou avocat, il faut passer par la case junior. Si l’algorithme fait le travail à la place d’un débutant, comment allons-nous former des experts chevronnés ? Il faut donc reconnaître que nous avons quelques défis à relever. Notre société va devoir s’adapter et il faut s’assurer que la façon dont elle s’adapte ne met pas en danger l’humain.

Comment faire pour redonner confiance au progrès ? Quelles actions avez-vous mises en œuvre ?

É.S. Human Technology Foundation, que je préside, est née de la rencontre d’un certain nombre de gens qui venaient du secteur privé technologique qui se sont aperçus que les lieux de dialogue fécond étaient quand même assez rares. Et qu’il fallait pouvoir se parler loin de la fureur, des micros, se parler calmement, penser, élaborer des solutions. Je n’ai été qu’un catalyseur de ce réseau, autour des autorités de l’Église catholique, des grandes entreprises mais aussi des start-ups, des universitaires, d’un certain nombre de représentants des régulateurs et de la société civile. Au départ, notre but était de dialoguer. Nous considérions que chacun avait un bout du puzzle, une vision propre. Et si nous voulions une vision à 360° il fallait s’asseoir autour d’une table. Dépassant le cadre d’une éthique conséquentialiste, largement répandue outre-Atlantique, nous tentons une approche plurielle, notamment fondée sur une éthique kantienne : la question n’est pas de savoir si vous ne faites de mal à personne mais de savoir si le principe de votre action est bon. Est-ce que je souhaite que tout le monde fasse ainsi ? Ne pas être néfaste ne suffit plus. Il faut un impact positif. Mais, paradoxalement, on l’atteint mieux en se focalisant non sur les conséquences mais sur les principes. C’est ce questionnement qui bouscule les choses, et qui plaît dans la Silicon Valley. Ce sont l’intention et la raison d’être qui sont questionnées. D’où l’émergence des entreprises à mission. Tout le travail qui a été fait en France avec la Loi Pacte va dans ce sens. Puis, nous nous sommes rendu compte que se parler entre nous n’allait pas suffire. Et qu’il fallait faire des études un peu plus approfondies. Nous avons alors travaillé sur la gouvernance des technologies en situation de crise. En ce moment, nous travaillons sur l’investissement responsable dans la technologie : nous souhaitons donner des métriques pour les investisseurs, des indicateurs extra-financiers pour les aider à vérifier que leurs investissements dans la technologie ont bien un impact positif.

Je suis ainsi partisan de l’autorégulation, car comme le dit l’un de nos partenaires de la Silicon Valley « les bad guys trouveront toujours un moyen de contourner la règle ». Pourtant, je suis aussi persuadé qu’il faut baliser le terrain pour éviter les débordements. Nous voulons donc également accompagner les acteurs des politiques publiques. Ils ont un rôle-clé.

Si la régulation ne suffit pas, que faut-il faire ? Avez-vous mis au point des méthodes spécifiques pour aider à redonner confiance dans le progrès ?

É.S. Il est nécessaire de mettre en place au sein des entreprises une culture de l’éthique, des bonnes pratiques. C’est déterminant. Et pour cela, nous avons créé un certain nombre d’outils. Nous avons par exemple élaboré une méthode d’évaluation éthique des technologies qui permet de vérifier l’impact d’un projet développé par une entreprise. Elle est très utile quand on aborde des technologies sensibles comme celle de la reconnaissance faciale. Cette méthode permet aux entreprises qui veulent bien faire, et il y en a un certain nombre, d’avoir les moyens de vérifier qu’elles font bien. Car l’éthique, en réalité, c’est assez complexe. Si je vous demande : « La reconnaissance faciale c’est bien ou pas bien ? » La question n’a pas de sens : l’identification des terroristes à la volée dans un aéroport, par le scan de tous les visages, n’a rien à voir avec le système d’authentification qui déverrouille votre téléphone. Ce sont deux approches très différentes. Notre méthode aide l’entreprise à se positionner au carrefour entre la technologie, le marché (le public cible qui peut être plus ou moins vulnérable) et le produit ; et l’aider à voir si ce qu’elle fait correspond bien à ses valeurs. Nous avons testé cette méthode au sein du groupe La Poste, qui a élaboré une charte éthique de l’IA et souhaite vérifier que ses projets technologiques sont en accord avec les valeurs exprimées dans ce document. La préoccupation forte était ici de s’assurer de l’adéquation entre les actions et les affirmations. Je trouve cela très sain. C’est une très belle démarche de prendre le temps de réfléchir aux principes que l’on veut appliquer. Et de se doter d’outils pour vérifier que cela ne reste pas lettre morte accrochée à un mur comme une espèce de mantra auquel on se réfère de temps en temps.

En tant qu’homme d’Église, pourquoi avoir choisi de travailler avec les entreprises ?

É.S. En fait, ce ne serait pas respectueux de travailler sur les nouvelles technologies sans dialoguer avec leurs développeurs. J’ai énormément de respect pour les dirigeants d’entreprises qui sont systématiquement stigmatisés quand quelque chose ne va pas mais à qui on ne dira pas forcément merci s’ils développent des process qui fonctionnent bien. Or, c’est un rôle difficile en ce moment. Il n’y a pas si longtemps, il suffisait d’avoir quelques bonnes intentions et de les afficher. Maintenant beaucoup d’entreprises approfondissent leurs projets pour vérifier que tout ce qui est fait, corresponde bien à ce qui est dit ; et ça c’est extrêmement compliqué. J’ai beaucoup de respect pour tous ceux qui innovent et tous ceux qui entreprennent et je pense qu’il faut s’asseoir à leurs côtés pour les aider à prendre la bonne direction. Parfois il faut les éclairer, les pousser du coude et leur dire quand cela pose problème, parfois il faut juste les aider à éclairer le chemin et à trouver des solutions.

Quand le changement de prisme se formalise, ne peut-on pas considérer cela aussi comme une innovation ?

É.S. On fait preuve d’innovation chaque fois que l’on déplace l’angle de vue et là, effectivement, le fait de penser autrement y contribue. Ce qui est une forme d’innovation c’est de penser aussi des nouveaux cadres, je prêche en ce sens. Ce n’est pas seulement d’inventer de nouvelles techniques : il existe aussi une innovation sociale. Par exemple, mettre en place un nouveau cadre pour la valorisation de la donnée en Europe c’est une forme d’innovation sociétale et technologique. Et là où l’innovation devient un progrès c’est effectivement au moment où l’innovation a un impact positif sur le plus grand nombre. C’est un point extrêmement important pour nous. Au sein de la Human Technology Foundation, nous défendons la technologie au service de l’humain. Mais l’humain, cela veut dire « tous les humains » !

Votre confiance en l’humain semble d’ailleurs inébranlable. Pour autant, l’air du temps est particulièrement anxiogène. Avez-vous un regard positif sur l’avenir ? Comment voyez-vous le monde en 2050 ?

É.S. Nous sommes dans une situation de recomposition du monde aussi bien économique que sociétale, avec des nouvelles lignes de fractures, même au niveau militaire où l’on voit l’émergence de nouvelles guerres froides, donc effectivement cette situation est assez anxiogène. Par ailleurs, sur un certain nombre de sujets, nous arrivons à la fin d’un cycle. Je pense que notre démocratie connaît des difficultés. Il existe peut-être un peu le fantasme d’une démocratie directe, où l’on gouvernerait directement par la rue, où l’on se rassemblerait sur les réseaux. Le danger c’est que les fins de cycle passent souvent par des ruptures qui sont plus ou moins violentes. Ce qui m’inquiète c’est qu’elles sont souvent violentes pour les mêmes. Ceux qui sont exposés, qui sont vulnérables.

Les crises que nous traversons et que nous allons traverser – la crise pandémique en est une, la crise climatique sera beaucoup plus importante – vont surtout marquer les plus vulnérables : ceux qui ont le moins de prise sur l’évolution du monde risquent d’en pâtir le plus. La violence de certaines de ces ruptures est inquiétante, on l’a vu avec des contestations très fortes, comme celles des antivax. On voit, en France, un groupe quasiment à l’affût d’une bonne raison de descendre dans la rue. C’est inquiétant.

Ce n’est pas très optimiste…

É.S. Oui, à court terme. Mais, à long terme, je partage la vision de Michel Serres que j’évoquais. L’humain s’est toujours tiré par le haut de toutes les révolutions épistémologiques. Je vous citais les caractères d’imprimerie mais chaque fois qu’une invention a bouleversé le quotidien, la résilience et l’inventivité de l’humain ont toujours pris le dessus. J’ai une grande confiance dans l’humain pour sa capacité à trouver des nouveaux modèles et nouveaux équilibres à moyen et long terme.

Plutôt que de croire au progrès - d’ailleurs peut-on croire au progrès ? On a la foi dans une religion, mais peut-on l’avoir dans le progrès, dans la science ? - aujourd’hui l’enjeu n’est-il pas de retrouver la foi en l’être humain ?

É.S. Un certain nombre de scientifiques vous diront que la foi dans la science existe car lorsque vous êtes scientifique, vous êtes obligé de croire ce que vous disent vos confrères. Car tout le monde ne refait pas toutes les démonstrations. Et d’une discipline à l’autre, les scientifiques s’appuient aussi sur des choses qui ont été découvertes par d’autres dans des domaines qu’ils ne sont pas du tout capables de comprendre. En effet, la foi est liée à la confiance. Et à un moment, il faut avoir confiance. Or, aujourd’hui, la parole scientifique est mise à mal, donc la foi dans la science est mise à mal également. En revanche, l’humain ne se départit pas d’une forme de pensée magique, chamanique presque. Et je pense que cette pensée-là, on l’a quand même beaucoup investie dans des moyens technologiques, c’est un peu le principe du totem.

C’est-à-dire ?

É.S. Je pense aux enceintes connectées. Elles sont un peu à l’image des dieux Lares que l’on plaçait dans l’atrium pour protéger le foyer, dans la Rome antique. Aujourd’hui, elles sont dans la cuisine ou dans le salon, ce sont des petits objets qui sont censés eux aussi protéger le foyer sauf que les dieux Lares étaient des statuettes, et qu’il fallait vraiment y croire. Les auteurs de psaumes se moquaient ainsi des faux dieux : « Ils ont une bouche mais ne parlent pas, ils ont des oreilles mais n’entendent pas ». Mais si vous dites « Alexa, Siri ou Google, commande-moi une pizza », ils le font. Ces enceintes sont connectées au système d’alarme, aux téléphones des enfants et vous envoient un bip pour vous rassurer quand ils rentrent le soir, elles sont connectées au système de chauffage et le baissent si vous oubliez de le couper en partant. Finalement, oui, elles prennent soin du foyer. Et elles fonctionnent un peu sur le principe des dieux car elles sont aussi une porte ouverte sur la connaissance et sur l’extérieur. Quand vous leur posez une question et qu’elles vous répondent, ne peut-on pas les comparer à la voix de la Pythie ?

Tout cela est de l’ordre du totem. On les admire, les vénère, on ne sait pas bien comment elles fonctionnent et on attend d’elles une forme de protection. Le problème c’est que le totem par définition, c’est l’aliénation. Vous remettez une partie de vous-même, de votre liberté. Vous l’aurez compris, je n’en veux pas à la technologie, en revanche je m’inquiète pour l’humain. J’ai foi en Dieu et confiance dans l’humain. En tant que chrétien, je le dirais conçu à l’image de Dieu créateur ; que l’on soit inventif ce n’est pas un hasard. En même temps, j’ai bien conscience aussi que le vivant ne survit que par économie d’énergie. Le danger est donc que notre esprit cède petit à petit à cette forme de paresse qui consiste à laisser la machine choisir pour lui. L’humain assisté ne risque-t-il pas d’être un peu moins humain ? Je suis profondément persuadé que les technologies sont des productions de la société aux deux sens du génitif, c’est-à-dire que d’un côté nous les produisons, collectivement, ce sont des technologies qui ressemblent à nos sociétés, et d’un autre côté, à mesure qu’on les utilise elles nous façonnent, elles nous transforment. À un moment, est-ce que cette production fait de nous des gens plus humains, ça nous humanise ou ça nous déshumanise ? Nous sommes arrivés à une ligne de fracture, à nous de choisir la bonne direction. Il faut peut-être réinventer la façon dont on est humain à l’âge de l’intelligence artificielle.

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Éric Salobir est l’auteur de Dieu et la Silicon Valley aux Éditions Buchet-Chastel, 2020.

Quelle place de l’homme face à l’intelligence artificielle (Eric Salobir)

Quelle place de l’homme face à l’intelligence artificielle (Eric Salobir)

(Cet article est issu de T La Revue de La Tribune – N°7 Décembre 2021)

 

Eric Salobir est président de Human Technology Foundation

Depuis quelques années, les observateurs remarquent une défiance accrue de la société civile vis-à-vis du progrès ; une certaine crainte même envers la science et les nouvelles technologies. Comment expliquer que nous en sommes arrivés là ?

Éric Salobir Ce dont on a peur, c’est de la nouveauté quand elle est disruptive, c’est-à-dire quand elle n’est pas incrémentale et que l’on voit doucement s’améliorer les choses. Or nous sommes en train de vivre un point de bascule. Depuis 20 ans, avec l’arrivée du numérique, de l’Internet et maintenant de l’intelligence artificielle, nous faisons face à ce qui est de l’ordre d’une révolution. Selon le World Economic Forum, cette phase de notre histoire s’apparente à une quatrième révolution industrielle. Selon moi, il s’agit avant tout d’une révolution épistémologique, j’entends par là que ce qui a profondément changé c’est notre rapport à la connaissance et notre rapport au monde. Cette révolution nous fait perdre et gagner des choses tout à la fois. Or, comme bien souvent, on voit vite ce que l’on perd mais pas tout de suite ce que l’on gagne. Nous sommes à une pliure de l’histoire. Tout se passe de l’autre côté du versant qui n’est pas forcément vu par tous. C’est ce voile qui est facteur d’inquiétude pour beaucoup de gens. Cela dit, je me souviens d’une très belle conversation que j’ai eue avec Michel Serres quelques mois avant son décès ; il était beaucoup plus optimiste que moi qui le suis pourtant déjà ! Il m’a rappelé que Socrate était contre l’utilisation de l’écriture car ce dernier était convaincu que la pensée allait être accessible à tout le monde y compris à des gens à qui elle n’était pas destinée et à qui elle ne serait pas expliquée. Pour Socrate, la pensée naît de la rencontre, du dialogue ; à partir du moment où l’on ne peut pas poser de questions, on ne peut pas débattre et donc il n’y a pas de pensée. Aujourd’hui on sait comment l’écriture a contribué au progrès de l’humanité et il est impensable de la remettre en question. Cela a été également le cas avec l’invention des caractères mobiles d’imprimerie qui ont permis de généraliser l’utilisation de l’écrit longtemps réservé aux plus riches. La crainte d’alors était que les textes soient transformés… c’étaient les fake news de l’époque. Mais encore une fois, on s’en est très bien sortis. Le monde s’est transformé. Michel Serres me faisait d’ailleurs remarquer qu’avec la génération de l’écrit, l’homme a beaucoup perdu de ses capacités de mémoire. Les civilisations de l’oral sont des civilisations de la mémoire, qui connaissaient par cœur des récits entiers. Il y avait d’ailleurs une formule latine qui était assez péjorative : « Doctus cum libro », que l’on peut traduire par « est savant quand il a ses livres ». Maintenant c’est « Doctus cum Google ». Tout le monde est savant dès qu’il a accès à des bases de données. Mais ce n’est plus péjoratif.

Surgit peut-être une nouvelle crainte : celle de voir l’humanité régresser intellectuellement, voire même de perdre en intelligence. À force d’être assisté par les outils numériques, l’homme aurait-il tendance à ne plus faire d’effort ? À trop utiliser le GPS par exemple, ne perd-il pas le sens de la lecture d’une carte ? Pour autant cette vision ne suggère-t-elle pas que le côté obscur de ce que l’on perd sans considérer ce que le numérique peut offrir culturellement parlant par exemple ?

É.S. La réponse est double. C’est-à-dire que d’un côté effectivement on perd des choses, il a été prouvé que les personnes utilisant tout le temps le GPS perdent le sens de l’orientation. Donc se repèrent moins bien dans l’espace en trois dimensions. Cela change notre appréhension du monde, c’est vrai. Mais, en même temps, une certaine forme de polychronie est apparue dans notre vie sociale. Nous explorons aujourd’hui des formes d’intelligence collaboratives qui n’existaient pas il y a 50 ans. On est plus multitâches, on travaille plus facilement en réseau, on crée de l’intelligence ensemble.

En revanche, je ne suis pas du tout naïf sur le fait que certains mésusages ou usages abusifs en termes de quantité de certaines technologies, de certains médias, finissent par induire des déséquilibres. Quand le patron d’une grande plateforme de streaming dit « mon concurrent principal c’est le sommeil », c’est extrêmement inquiétant car c’est la santé des personnes qui est en danger. Cela dit, on n’a pas attendu le numérique pour cela. Le président d’une grande chaîne de télévision française affirmait il y a quelques années « vendre du temps de cerveau disponible ». Finalement, le numérique n’est venu qu’à la suite d’un fonctionnement qui existait déjà. Ce que j’observe en revanche, c’est l’accroissement de nouvelles formes de fractures numériques.

C’est-à-dire ?

É.S. Les premières fractures se sont placées entre ceux qui n’avaient pas d’ordinateur ou ne savaient pas s’en servir, ceux qui étaient dans les zones blanches, et les autres. Maintenant la fracture se situe entre ceux qui sont capables de soulever le voile et de comprendre ce qui se passe derrière. C’est là le nouvel enjeu : faire en sorte qu’il n’y ait pas qu’une minorité de gens qui connaissent le fonctionnement des outils digitaux à l’instar des réseaux sociaux. Avoir conscience que les photos de comptes d’influenceurs sont souvent retouchées et donc ne reflètent pas la réalité ; apprendre à recouper l’information, à vérifier les sources. Car pour une immense majorité, l’influence du numérique peut conduire à la déprime et à la manipulation. Est-ce vraiment cela le progrès ? Non, je ne pense pas.

Justement, comment définiriez-vous le progrès ?

É.S. Je suis persuadé que le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous. Célèbre allocution d’Aristote reprise comme slogan d’une compagnie de chemin de fer en son temps ! Mais je pense que c’est extrêmement vrai. Cela s’est confirmé notamment avec la pandémie. Il n’y a pas si longtemps, certains mouvements dits transhumanistes encourageaient l’investissement technologique dans l’amélioration significative de la vie d’une petite quantité de gens.

Certains se targuaient même de prendre des pilules à 1 000 dollars en espérant que cela allait rallonger leur vie. Depuis la pandémie, il est clair qu’en termes de santé, ce qui compte de manière essentielle c’est qu’il y ait des lits d’urgence pour tout le monde à l’hôpital quand il y a une épidémie. Cette situation a recentré le débat. En termes d’investissement, on est passé de chercher la pilule qui rendrait les milliardaires immortels à chercher un vaccin qui sauverait toute la planète. C’est un recentrage positif.

Cela dit, la crainte envers les vaccins n’a pas tardé à ressurgir, et cela de manière violente.

É.S. C’est vrai. Cette crainte est l’aboutissement d’une tendance que nous avions vue éclore il y a déjà quelques années. Nous avons d’ailleurs organisé un colloque il y a deux ans dont le but était de recréer la confiance dans les technologies, alors même que les gens de la Silicon Valley apparaissaient encore en couverture des magazines. Nous sentions pourtant qu’une certaine défiance était en train de naître. La vraie question c’est contre quoi et contre qui se tourne cette défiance ? Plusieurs éléments entrent en jeu. D’abord, on confond parfois science et progrès et malheureusement la crise pandémique aura sans doute fait tomber le dernier bastion de la parole qui existait : celui de la parole scientifique. Cela faisait longtemps que le public mettait en doute la parole des politiques, la parole des médias, même la parole des sphères économiques, mais pas la parole scientifique. C’était une parole qui était restée pure. Et ce bastion est tombé lorsqu’on a demandé à des scientifiques de se positionner sur des sujets sur lesquels ils n’avaient pas encore l’information. Est-ce la faute des médias qui les ont poussés à le faire ? Est-ce la faute des scientifiques qui ont cédé à cela ? Et puis, est arrivé le moment où l’on a demandé à tout le monde de parler de tout. Or, en dehors de sa discipline, un expert manque terriblement de discipline justement. Cela a contribué à l’émergence du mouvement antivax, dans lequel beaucoup ne croient plus les scientifiques. La parole des scientifiques semble abîmée.

Il y a là un transfert d’inquiétude. Prenons l’exemple des technologies numériques. Beaucoup accusent les algorithmes des pires maux, comme s’ils étaient capables de penser et d’agir. Mais c’est ce que l’homme fait des algorithmes qui est à remettre en cause, et plus largement la manière dont il utilise toutes ces nouvelles technologies. La défiance ne serait-elle pas à replacer vis-à-vis de l’humain tout simplement ?

É.S. La défiance vis-à-vis des scientifiques c’est une défiance vis-à-vis de l’humain. Et la difficulté avec l’algorithmique notamment c’est justement de savoir ce que l’on fait avec les algorithmes. Je me souviens d’une plateforme de recrutement en ligne qui avait mis en place un algorithme pour sélectionner les CV ; les dirigeants ne voulaient pas que ce soit basé sur un critère de genre mais en même temps il fallait bien mettre des critères et parmi eux il y avait la rapidité de réponse ; or il se trouve que les hommes réagissent souvent beaucoup plus vite que les femmes quand ils reçoivent une annonce car ils y voient une opportunité immédiate et beaucoup d’entre eux se sentent tout à fait confiants pour répondre. Alors qu’une femme va s’interroger sur ses compétences, se demander si le poste est bien pour elle et donc elle ne va pas répondre tout de suite. De fait, ce critère-là a induit indirectement un biais de genre. Heureusement la plateforme s’en est aperçue et ils ont mis en place un algorithme qui vérifie que la sélection comporte un pourcentage de femmes qui correspond à celui du marché. Cet exemple prouve que l’on n’a pas toujours toutes les clés et qu’à partir du moment où l’algorithme est apprenant il y a un risque de biais.

En tout état de cause, ce qu’il faut retenir de cette histoire, c’est que ce sont les humains qui sont en jeu. Dans le cadre d’un recrutement, d’une entrée à l’université, dans le cadre d’un crédit pour acheter une maison, c’est notre vie qui est en jeu et c’est là qu’il faut avoir une prudence particulière. Face à cela, mon but n’est pas de rassurer les gens mais de les aider pour qu’ensemble on éclaire le chemin. Les aider à voir les vrais dangers afin de déboulonner les fausses peurs qui, par essence sont mauvaises conseillères. Ces peurs risquent de freiner certaines populations dans l’adoption des technologiques alors que d’autres ne vont pas se freiner ; ce qui, de fait, va accroître la fracture que j’évoquais. Et l’une des difficultés que l’on voit c’est que cette fracture numérique existe aussi sur le marché du travail. Prenons l’exemple des livreurs, une application leur indique le chemin à utiliser et ils n’ont pas le droit d’en dévier. Au fond, ils travaillent pour une IA. Certaines plateformes de livraison en ligne calculent aussi les temps de pauses, la rapidité des gestes et n’hésitent pas à désigner ceux qui ne sont pas très performants. Et parfois même les remercier.

On est face à l’émergence d’un prolétariat numérique. Il y a ceux qui sont enchaînés à la machine et ceux qui sont remplacés par la machine. Aujourd’hui, il existe des algorithmes qui sont capables d’établir la base de contrats ou de vérifier des comptes. Or avant de devenir expert, que l’on soit comptable ou avocat, il faut passer par la case junior. Si l’algorithme fait le travail à la place d’un débutant, comment allons-nous former des experts chevronnés ? Il faut donc reconnaître que nous avons quelques défis à relever. Notre société va devoir s’adapter et il faut s’assurer que la façon dont elle s’adapte ne met pas en danger l’humain.

Comment faire pour redonner confiance au progrès ? Quelles actions avez-vous mises en œuvre ?

É.S. Human Technology Foundation, que je préside, est née de la rencontre d’un certain nombre de gens qui venaient du secteur privé technologique qui se sont aperçus que les lieux de dialogue fécond étaient quand même assez rares. Et qu’il fallait pouvoir se parler loin de la fureur, des micros, se parler calmement, penser, élaborer des solutions. Je n’ai été qu’un catalyseur de ce réseau, autour des autorités de l’Église catholique, des grandes entreprises mais aussi des start-ups, des universitaires, d’un certain nombre de représentants des régulateurs et de la société civile. Au départ, notre but était de dialoguer. Nous considérions que chacun avait un bout du puzzle, une vision propre. Et si nous voulions une vision à 360° il fallait s’asseoir autour d’une table. Dépassant le cadre d’une éthique conséquentialiste, largement répandue outre-Atlantique, nous tentons une approche plurielle, notamment fondée sur une éthique kantienne : la question n’est pas de savoir si vous ne faites de mal à personne mais de savoir si le principe de votre action est bon. Est-ce que je souhaite que tout le monde fasse ainsi ? Ne pas être néfaste ne suffit plus. Il faut un impact positif. Mais, paradoxalement, on l’atteint mieux en se focalisant non sur les conséquences mais sur les principes. C’est ce questionnement qui bouscule les choses, et qui plaît dans la Silicon Valley. Ce sont l’intention et la raison d’être qui sont questionnées. D’où l’émergence des entreprises à mission. Tout le travail qui a été fait en France avec la Loi Pacte va dans ce sens. Puis, nous nous sommes rendu compte que se parler entre nous n’allait pas suffire. Et qu’il fallait faire des études un peu plus approfondies. Nous avons alors travaillé sur la gouvernance des technologies en situation de crise. En ce moment, nous travaillons sur l’investissement responsable dans la technologie : nous souhaitons donner des métriques pour les investisseurs, des indicateurs extra-financiers pour les aider à vérifier que leurs investissements dans la technologie ont bien un impact positif.

Je suis ainsi partisan de l’autorégulation, car comme le dit l’un de nos partenaires de la Silicon Valley « les bad guys trouveront toujours un moyen de contourner la règle ». Pourtant, je suis aussi persuadé qu’il faut baliser le terrain pour éviter les débordements. Nous voulons donc également accompagner les acteurs des politiques publiques. Ils ont un rôle-clé.

Si la régulation ne suffit pas, que faut-il faire ? Avez-vous mis au point des méthodes spécifiques pour aider à redonner confiance dans le progrès ?

É.S. Il est nécessaire de mettre en place au sein des entreprises une culture de l’éthique, des bonnes pratiques. C’est déterminant. Et pour cela, nous avons créé un certain nombre d’outils. Nous avons par exemple élaboré une méthode d’évaluation éthique des technologies qui permet de vérifier l’impact d’un projet développé par une entreprise. Elle est très utile quand on aborde des technologies sensibles comme celle de la reconnaissance faciale. Cette méthode permet aux entreprises qui veulent bien faire, et il y en a un certain nombre, d’avoir les moyens de vérifier qu’elles font bien. Car l’éthique, en réalité, c’est assez complexe. Si je vous demande : « La reconnaissance faciale c’est bien ou pas bien ? » La question n’a pas de sens : l’identification des terroristes à la volée dans un aéroport, par le scan de tous les visages, n’a rien à voir avec le système d’authentification qui déverrouille votre téléphone. Ce sont deux approches très différentes. Notre méthode aide l’entreprise à se positionner au carrefour entre la technologie, le marché (le public cible qui peut être plus ou moins vulnérable) et le produit ; et l’aider à voir si ce qu’elle fait correspond bien à ses valeurs. Nous avons testé cette méthode au sein du groupe La Poste, qui a élaboré une charte éthique de l’IA et souhaite vérifier que ses projets technologiques sont en accord avec les valeurs exprimées dans ce document. La préoccupation forte était ici de s’assurer de l’adéquation entre les actions et les affirmations. Je trouve cela très sain. C’est une très belle démarche de prendre le temps de réfléchir aux principes que l’on veut appliquer. Et de se doter d’outils pour vérifier que cela ne reste pas lettre morte accrochée à un mur comme une espèce de mantra auquel on se réfère de temps en temps.

En tant qu’homme d’Église, pourquoi avoir choisi de travailler avec les entreprises ?

É.S. En fait, ce ne serait pas respectueux de travailler sur les nouvelles technologies sans dialoguer avec leurs développeurs. J’ai énormément de respect pour les dirigeants d’entreprises qui sont systématiquement stigmatisés quand quelque chose ne va pas mais à qui on ne dira pas forcément merci s’ils développent des process qui fonctionnent bien. Or, c’est un rôle difficile en ce moment. Il n’y a pas si longtemps, il suffisait d’avoir quelques bonnes intentions et de les afficher. Maintenant beaucoup d’entreprises approfondissent leurs projets pour vérifier que tout ce qui est fait, corresponde bien à ce qui est dit ; et ça c’est extrêmement compliqué. J’ai beaucoup de respect pour tous ceux qui innovent et tous ceux qui entreprennent et je pense qu’il faut s’asseoir à leurs côtés pour les aider à prendre la bonne direction. Parfois il faut les éclairer, les pousser du coude et leur dire quand cela pose problème, parfois il faut juste les aider à éclairer le chemin et à trouver des solutions.

Quand le changement de prisme se formalise, ne peut-on pas considérer cela aussi comme une innovation ?

É.S. On fait preuve d’innovation chaque fois que l’on déplace l’angle de vue et là, effectivement, le fait de penser autrement y contribue. Ce qui est une forme d’innovation c’est de penser aussi des nouveaux cadres, je prêche en ce sens. Ce n’est pas seulement d’inventer de nouvelles techniques : il existe aussi une innovation sociale. Par exemple, mettre en place un nouveau cadre pour la valorisation de la donnée en Europe c’est une forme d’innovation sociétale et technologique. Et là où l’innovation devient un progrès c’est effectivement au moment où l’innovation a un impact positif sur le plus grand nombre. C’est un point extrêmement important pour nous. Au sein de la Human Technology Foundation, nous défendons la technologie au service de l’humain. Mais l’humain, cela veut dire « tous les humains » !

Votre confiance en l’humain semble d’ailleurs inébranlable. Pour autant, l’air du temps est particulièrement anxiogène. Avez-vous un regard positif sur l’avenir ? Comment voyez-vous le monde en 2050 ?

É.S. Nous sommes dans une situation de recomposition du monde aussi bien économique que sociétale, avec des nouvelles lignes de fractures, même au niveau militaire où l’on voit l’émergence de nouvelles guerres froides, donc effectivement cette situation est assez anxiogène. Par ailleurs, sur un certain nombre de sujets, nous arrivons à la fin d’un cycle. Je pense que notre démocratie connaît des difficultés. Il existe peut-être un peu le fantasme d’une démocratie directe, où l’on gouvernerait directement par la rue, où l’on se rassemblerait sur les réseaux. Le danger c’est que les fins de cycle passent souvent par des ruptures qui sont plus ou moins violentes. Ce qui m’inquiète c’est qu’elles sont souvent violentes pour les mêmes. Ceux qui sont exposés, qui sont vulnérables.

Les crises que nous traversons et que nous allons traverser – la crise pandémique en est une, la crise climatique sera beaucoup plus importante – vont surtout marquer les plus vulnérables : ceux qui ont le moins de prise sur l’évolution du monde risquent d’en pâtir le plus. La violence de certaines de ces ruptures est inquiétante, on l’a vu avec des contestations très fortes, comme celles des antivax. On voit, en France, un groupe quasiment à l’affût d’une bonne raison de descendre dans la rue. C’est inquiétant.

Ce n’est pas très optimiste…

É.S. Oui, à court terme. Mais, à long terme, je partage la vision de Michel Serres que j’évoquais. L’humain s’est toujours tiré par le haut de toutes les révolutions épistémologiques. Je vous citais les caractères d’imprimerie mais chaque fois qu’une invention a bouleversé le quotidien, la résilience et l’inventivité de l’humain ont toujours pris le dessus. J’ai une grande confiance dans l’humain pour sa capacité à trouver des nouveaux modèles et nouveaux équilibres à moyen et long terme.

Plutôt que de croire au progrès - d’ailleurs peut-on croire au progrès ? On a la foi dans une religion, mais peut-on l’avoir dans le progrès, dans la science ? - aujourd’hui l’enjeu n’est-il pas de retrouver la foi en l’être humain ?

É.S. Un certain nombre de scientifiques vous diront que la foi dans la science existe car lorsque vous êtes scientifique, vous êtes obligé de croire ce que vous disent vos confrères. Car tout le monde ne refait pas toutes les démonstrations. Et d’une discipline à l’autre, les scientifiques s’appuient aussi sur des choses qui ont été découvertes par d’autres dans des domaines qu’ils ne sont pas du tout capables de comprendre. En effet, la foi est liée à la confiance. Et à un moment, il faut avoir confiance. Or, aujourd’hui, la parole scientifique est mise à mal, donc la foi dans la science est mise à mal également. En revanche, l’humain ne se départit pas d’une forme de pensée magique, chamanique presque. Et je pense que cette pensée-là, on l’a quand même beaucoup investie dans des moyens technologiques, c’est un peu le principe du totem.

C’est-à-dire ?

É.S. Je pense aux enceintes connectées. Elles sont un peu à l’image des dieux Lares que l’on plaçait dans l’atrium pour protéger le foyer, dans la Rome antique. Aujourd’hui, elles sont dans la cuisine ou dans le salon, ce sont des petits objets qui sont censés eux aussi protéger le foyer sauf que les dieux Lares étaient des statuettes, et qu’il fallait vraiment y croire. Les auteurs de psaumes se moquaient ainsi des faux dieux : « Ils ont une bouche mais ne parlent pas, ils ont des oreilles mais n’entendent pas ». Mais si vous dites « Alexa, Siri ou Google, commande-moi une pizza », ils le font. Ces enceintes sont connectées au système d’alarme, aux téléphones des enfants et vous envoient un bip pour vous rassurer quand ils rentrent le soir, elles sont connectées au système de chauffage et le baissent si vous oubliez de le couper en partant. Finalement, oui, elles prennent soin du foyer. Et elles fonctionnent un peu sur le principe des dieux car elles sont aussi une porte ouverte sur la connaissance et sur l’extérieur. Quand vous leur posez une question et qu’elles vous répondent, ne peut-on pas les comparer à la voix de la Pythie ?

Tout cela est de l’ordre du totem. On les admire, les vénère, on ne sait pas bien comment elles fonctionnent et on attend d’elles une forme de protection. Le problème c’est que le totem par définition, c’est l’aliénation. Vous remettez une partie de vous-même, de votre liberté. Vous l’aurez compris, je n’en veux pas à la technologie, en revanche je m’inquiète pour l’humain. J’ai foi en Dieu et confiance dans l’humain. En tant que chrétien, je le dirais conçu à l’image de Dieu créateur ; que l’on soit inventif ce n’est pas un hasard. En même temps, j’ai bien conscience aussi que le vivant ne survit que par économie d’énergie. Le danger est donc que notre esprit cède petit à petit à cette forme de paresse qui consiste à laisser la machine choisir pour lui. L’humain assisté ne risque-t-il pas d’être un peu moins humain ? Je suis profondément persuadé que les technologies sont des productions de la société aux deux sens du génitif, c’est-à-dire que d’un côté nous les produisons, collectivement, ce sont des technologies qui ressemblent à nos sociétés, et d’un autre côté, à mesure qu’on les utilise elles nous façonnent, elles nous transforment. À un moment, est-ce que cette production fait de nous des gens plus humains, ça nous humanise ou ça nous déshumanise ? Nous sommes arrivés à une ligne de fracture, à nous de choisir la bonne direction. Il faut peut-être réinventer la façon dont on est humain à l’âge de l’intelligence artificielle.

…………………………………….

Éric Salobir est l’auteur de Dieu et la Silicon Valley aux Éditions Buchet-Chastel, 2020.

Covid et réhabilitation de la place du doute en science

Covid et réhabilitation de la  place du doute en science 

 

La complexité des phénomènes sur lesquels les experts ont à se prononcer est telle qu’il n’est souvent pas possible de produire des faits indiscutables, expliquent les philosophes Bernadette Bensaude-Vincent et Gabriel Dorthe dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune. 

 

Alerte générale dans les milieux académiques, éducatifs et politiques qui en appellent à un contrôle de l’information afin d’éclairer le public, victime de la désinformation, manipulé par les algorithmes des réseaux sociaux et prisonnier de ses biais cognitifs. En septembre, Emmanuel Macron confie au sociologue des croyances Gérald Bronner la présidence d’une commission « Les Lumières à l’ère du numérique », chargée d’enquêter sur les « fake news », et dont le rapport est attendu ces jours-ci.

Il s’agit de sauver la science et la rationalité, fondements de la démocratie contemporaine, que les algorithmes des réseaux sociaux mettraient en péril. D’où la mobilisation contre le « populisme scientifique » ou l’« infodémie », à grand renfort de sondages alarmistes.

Hésitation vaccinale, refus de la 5G ou déferlante de complotisme, on ne compte plus les lamentations face à la montée de l’irrationalité dans le public, et la perte de confiance d’un nombre croissant de citoyens dans les experts légitimes. Nous serions entrés dans une époque qui se moque du vrai et du faux, qui confond faits et valeurs, et s’égare dans la « post-vérité ». Un monde fracturé qui ne se retrouve plus sur une perception commune de la réalité, où l’espace public se fragmente en silos partisans sur les réseaux sociaux.

Sans prendre parti pour les uns ou les autres, nous tentons, dans nos recherches en cours, de construire une position difficile mais ferme qui échappe à cette prise en tenaille. Elle passe par une enquête sur le statut des énoncés scientifiques dans les technosciences actuelles et par une écoute attentive de la manière dont lesdits « complotistes » construisent leurs discours et leurs revendications.

La division du monde en deux camps bien tranchés, arbitrés par un rapport à la vérité univoque, est problématique à plusieurs égards. D’abord, elle ne résiste pas à un examen rigoureux. Si elle séduit par son simplisme en partageant la société contemporaine entre les crédules et les sages, les fous et les détenteurs de la raison, cette vision est régulièrement démentie par les sondages d’opinion qui laissent voir des positions plus nuancées du public, en particulier durant la pandémie (voir la 8e enquête « Les Français et la science », dirigée par le sociologue Michel Dubois). Toutes les institutions ne bénéficient pas du même degré de confiance.

En rapportant la défiance du public à l’égard des sciences et des vaccins à un problème de communication ou d’éducation, on considère implicitement qu’il existe une vérité unique, certaine et immuable, qui fonde le monde commun où nous vivons, et que toute contestation est une contre-vérité. Cette épistémologie de tribunal se retrouve de part et d’autre du champ de bataille, puisque les opposants aux mesures sanitaires ou au vaccin se revendiquent autant de courbes, de chiffres et d’une vérité que seule l’idiotie ou la malveillance empêcheraient de voir.

Environnement et Déplacement : place à la démobilité ?

Environnement et Déplacement : place à la démobilité ?

 

Bruno Marzloff, sociologue et président de la Fabrique des Mobilités, juge qu’il est temps de s’interroger sur les sources des déplacements, plutôt que de se concentrer sur les réponses aux besoins de mobilité qui ne cessent de croître.(dans la Tribune)

 

Jusqu’à une période récente employée en effet que les flux d’informations pourraient se substituer aux flux de déplacements physiques. Or c’est l’inverse qui se produit plus l’information circule, plus les besoins de déplacement augmentent. Sans parler évidemment du facteur explicatif majeur que constitue la structuration de l’urbanisme. NDLR 

Le concept de démobilité est apparu avec le confinement comme une contrainte très forte mais justifiée, à l’époque, par l’urgence sanitaire. De plus en plus, elle est défendue comme une réponse aux problèmes de congestion et de décarbonation de la mobilité. Comment peut-on cerner ce concept ?

BRUNO MARZLOFF. C’est un exercice difficile. A la Fabrique des Mobilités, Nous engageons un travail sur la meilleure façon de desserrer l’étau de la mobilité dans son approche quantitative, en définissant un nouveau corpus d’indicateurs pour justement modéliser le concept de démobilité. Il s’agit de sortir d’une logique où on additionne les flottes, la consommation de carburant et l’offre de transport qui servait jusqu’ici à analyser la mobilité, et pour s’ouvrir à ce qui se passe autour et en amont de ce qui construit la mobilité et de ce qui en définit les volumes. Pourquoi ? Notre société vit sur une inflation structurelle des mobilités carbonées depuis des décennies. Sauf que dans toutes les enquêtes d’opinion, nous observons que les Français souffrent de mobilité subie et qu’ils souhaitent moins de déplacement. Le concept de démobilité permet donc de répondre à ce dysfonctionnement entre offre et demande de mobilité, pas seulement en traitant l’offre, mais également la demande. Ce qui est invraisemblable, c’est de voir tout ce qui est mis en œuvre en matière de politique de mobilité ne sert qu’à absorber ce qui reste un excès de mobilité.

Démocratie : des sondages à la place des élections ?

 

  »Les élections se font de plus en plus sans les électeurs », déclare le rédacteur en chef de Ouest-France qui critique la multiplication des sondages.

Le journal ne commandera ni ne publiera de sondage afin de ne pas alimenter les débats médiatiques.

 

« Les élections se font de plus en plus sans les électeurs », déclare dimanche 24 octobre sur franceinfo François-Xavier Lefranc, rédacteur en chef de Ouest-France qui a pris la décision de s’abstenir de publier les intentions de vote pour la présidentielle de 2022.

 

S’il considère les sondeurs comme des professionnels, François Xavier Lefranc n’accepte plus « cette avalanche » d’intentions de vote qui tombe sur les citoyens et qui, pense-t-il, « les détournent de l’essentiel, c’est-à-dire le débat sur tous les sujets qui les concernent. » Pour le rédacteur en chef de Ouest-France, « le sondage n’apporte pas d’info ». Le journal ne commandera ni ne publiera de sondage afin de ne pas alimenter les débats médiatiques. « On trouve assez ahurissant qu’autant d’énergie médiatique soit mise dans le commentaire de sondage et cette énergie devrait être tournée en direction des citoyens pour leur donner la parole », a-t-il jugé.

François-Xavier Lefranc estime qu’avec ces sondages, « on a l’impression que les Français s’expriment et ils ne s’expriment pas du tout. » Il prône le retour sur le terrain des journalistes pour réaliser des reportages en donnant la parole aux Français.  »La démocratie s’en porterait mieux », assène-t-il.

PIB-Pays riches : la France passe de la 12e à la 24e place

PIB-Pays riches : la France passe de la 12e à la 24e place

Qu’il s’agisse de la richesse globale (PIB) ou de la richesse rapportée par habitant, la France recule. En 1980, la France était la quatrième puissance économique par l’importance de son produit intérieur brut. Par habitant la richesse a considérablement diminué. Ce dernier indicateur est sans doute le plus inquiétant car aujourd’hui la Frans se situe au 24e rang de richesse par habitant. Un indicateur économique qui avec la balance commerciale témoigne à l’évidence de la perte de compétitivité et de productivité du pays.

 

D’après des sources du FMI , l’économie française était la quatrième au monde par la taille de son Produit intérieur brut dans les années 1980, et aujourd’hui les Français sont classés au 24ème ou 25ème rang mondial pour le PIB par habitant».,

 

Aujourd’hui nous sommes le septième, derrière les trois mêmes nations, plus la Chine, l’Inde et le Royaume-Uni qui sont venus s’intercaler entre le trio de tête et nous (la Chine est même la deuxième juste derrière les États-Unis). Les chiffres du FMI (Fonds monétaire international) en témoignent et ils font autorité. Par ailleurs, les Français figurent aujourd’hui au 24e rang pour ce qui est du PIB par habitant, ce qu’on peut assimiler à une sorte de pouvoir d’achat, alors qu’ils se trouvaient en 12e position en 1980, selon la même source.

 

Concept de la croissance : Le Bonheur National Brut à la place du PIB ?

Concept de la croissanceLe Bonheur National Brut à la place du PIB ?

 

Le professeur en sciences de gestion, Lars Meyer-Waarden, constate, dans une tribune au « Monde », que, au-delà de la satisfaction immédiate du consommateur, les entreprises cherchent désormais à mesurer son niveau de bien-être pour mieux le fidéliser.(extrait)

Tribune. 

Au lieu de s’en tenir à l’évaluation du produit national brut, agrégat de l’ensemble des productions annuelles d’un pays, de plus en plus d’économistes cherchent désormais à mesurer le « bonheur national brut ». Le Bhoutan a fait figure de pionnier, inscrivant dans sa Constitution la centralité de cette quête. L’ONU a établi un indice mondial du bonheur.

Des pays comme la Nouvelle-Zélande sont allés loin sur le plan pratique, arrimant leurs politiques économiques à des indicateurs concrets de bien-être. En France, le président Sarkozy avait lancé une commission d’étude sur ce thème en 2009 sous la houlette du Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz.

Mettre au point de nouveaux outils de mesure est un élément fondamental pour faire évoluer les situations. Le raisonnement vaut à l’échelle macroscopique, pour les gouvernants des pays ou des villes, mais également à une échelle beaucoup plus fine, lorsqu’il s’agit de sonder les cœurs et les reins des consommateurs pour concevoir et vendre de nouveaux produits et services.

Traditionnellement, c’est la satisfaction de court terme de ces consommateurs qu’étudient les experts en marketing. Mais, depuis sept ou huit ans, une communauté grandissante de spécialistes se regroupe à l’échelle internationale et commence à construire de nouveaux instruments de mesure permettant d’étudier, au-delà de cette satisfaction, l’impact en matière de bien-être des produits et services proposés.

La notion est complexe. On sort d’un univers cognitif, d’une satisfaction liée par exemple à un bon rapport qualité-prix, une livraison rapide et fluide, une qualité correspondant aux attentes, pour entrer dans un monde plus affectif.

Il s’agit d’évaluer le sentiment de sécurité, de confiance, provoqué par les produits et services proposés, ainsi que leurs conséquences en matière de santé mentale et physique. Les questions posées aux consommateurs portent sur leurs émotions, sur des aspects éthiques, voire spirituels.

D’un point de vue pratique, on passe de mesures immédiates à des enquêtes menées plus tardivement, mesurant les perceptions de moyen terme.

Moins de 10 % des clients satisfaits fidèles

Ces études marketing revisitées sont d’abord nées d’une demande des entreprises elles-mêmes, déçues de l’incapacité des méthodes de mesure traditionnelles à prévoir des comportements très importants pour elles, comme la fidélité ou l’infidélité des consommateurs aux marques.

Les consommateurs sont toujours nombreux à vouloir affirmer leur statut par des achats qui les positionnent socialement, mais, de plus en plus, ils réclament aussi de la transparence pour pouvoir faire confiance

Le Bonheur National Brut à la place du PIB ?

Le Bonheur National Brut à la place du PIB ?

 

Le professeur en sciences de gestion, Lars Meyer-Waarden, constate, dans une tribune au « Monde », que, au-delà de la satisfaction immédiate du consommateur, les entreprises cherchent désormais à mesurer son niveau de bien-être pour mieux le fidéliser.(extrait)

Tribune. 

Au lieu de s’en tenir à l’évaluation du produit national brut, agrégat de l’ensemble des productions annuelles d’un pays, de plus en plus d’économistes cherchent désormais à mesurer le « bonheur national brut ». Le Bhoutan a fait figure de pionnier, inscrivant dans sa Constitution la centralité de cette quête. L’ONU a établi un indice mondial du bonheur.

Des pays comme la Nouvelle-Zélande sont allés loin sur le plan pratique, arrimant leurs politiques économiques à des indicateurs concrets de bien-être. En France, le président Sarkozy avait lancé une commission d’étude sur ce thème en 2009 sous la houlette du Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz.

Mettre au point de nouveaux outils de mesure est un élément fondamental pour faire évoluer les situations. Le raisonnement vaut à l’échelle macroscopique, pour les gouvernants des pays ou des villes, mais également à une échelle beaucoup plus fine, lorsqu’il s’agit de sonder les cœurs et les reins des consommateurs pour concevoir et vendre de nouveaux produits et services.

Traditionnellement, c’est la satisfaction de court terme de ces consommateurs qu’étudient les experts en marketing. Mais, depuis sept ou huit ans, une communauté grandissante de spécialistes se regroupe à l’échelle internationale et commence à construire de nouveaux instruments de mesure permettant d’étudier, au-delà de cette satisfaction, l’impact en matière de bien-être des produits et services proposés.

La notion est complexe. On sort d’un univers cognitif, d’une satisfaction liée par exemple à un bon rapport qualité-prix, une livraison rapide et fluide, une qualité correspondant aux attentes, pour entrer dans un monde plus affectif.

Il s’agit d’évaluer le sentiment de sécurité, de confiance, provoqué par les produits et services proposés, ainsi que leurs conséquences en matière de santé mentale et physique. Les questions posées aux consommateurs portent sur leurs émotions, sur des aspects éthiques, voire spirituels.

D’un point de vue pratique, on passe de mesures immédiates à des enquêtes menées plus tardivement, mesurant les perceptions de moyen terme.

Moins de 10 % des clients satisfaits fidèles

Ces études marketing revisitées sont d’abord nées d’une demande des entreprises elles-mêmes, déçues de l’incapacité des méthodes de mesure traditionnelles à prévoir des comportements très importants pour elles, comme la fidélité ou l’infidélité des consommateurs aux marques.

Les consommateurs sont toujours nombreux à vouloir affirmer leur statut par des achats qui les positionnent socialement, mais, de plus en plus, ils réclament aussi de la transparence pour pouvoir faire confiance

Aménagement du territoire et Internet : La 5G fixe à la place de la fibre

Aménagement du territoire et Internet : La 5G fixe à la place de la fibre

 

il se pourrait bien que la 5G fixe sois une solution transitoire voire définitive à la place de la fibre dans certains territoires. La fibre atteint de manière privilégiée les zones agglomérées. Pour l’habitat plus diffus, la connexion prendra du retard. En attendant la 5G fixe pourrait être utilisé de manière temporaire voire définitive pour l’Internet. La 5G fixe, qui permet un accès Internet à très haut débit grâce à une box connectée au réseau mobile, concrétisera le premier vrai cas d’usage de la nouvelle génération de communication, estime une étude du cabinet BearingPoint. Cette technologie constitue une solution de qualité dans les territoires où la fibre ne sera pas – ou pas tout de suite – déployée. Notons d’ailleurs que le gouvernement lui-même avait averti que certaines zones pourraient n’être pas desservies par la fibre et que l’accès à l’Internet de Treo débit pourrait être assuré selon les cas par la fibre, la 5G ou le satellite.

C’est ce que souligne le cabinet de conseil BearingPoint dans une étude récente, à laquelle La Tribune a eu accès. Son intitulé : « Accès sans fil : la 5G va bouleverser le paradigme Internet fixe/mobile. » Selon les auteurs, cette 5G fixe pourrait avoir le vent en poupe ces prochaines années. Dans leurs travaux, les auteurs jugent que celle-ci sera « le premier usage réel et avéré de la 5G ». Celui-ci « va permettre le marché du haut débit fixe au niveau mondial, et de réduire la fracture numérique », ajoutent-ils.

« En termes techniques, la 5G fixe peut proposer des débits plus importants que l’ADSL et le VDSL [un ADSL boosté, Ndlr], voire même la fibre (au-delà de 80 Mbits) », note BearingPoint.

D’ici deux ans, cette technologie pourrait représenter 8% des connexions Internet fixe à haut débit. Enfin et surtout, les pays émergents ne seront pas les seuls intéressés : « 44% des connexions 5G fixe seront situées dans les pays développés, contre 52% dans les pays émergents. » 

Vaccination : faute de courage incitation à la place de l’obligation

Vaccination : faute de courage incitation à la place de l’obligation

Une nouvelle fois le chef de l’État aura montré que le fameux en même temps caractérisait  un sérieux manque de courage. En effet un imposant des contraintes à travers le pass sanitaire, le chef de l’État a pris la précaution de ne pas évoquer ainsi l’obligation de vaccination pour tous. Le parole du gouvernement s’efforce de d’expliquer ce flou politique et sémantique «il n’y a pas d’obligation vaccinale, il y a une incitation maximale». Le gouvernement souhaite ainsi réduire au maximum les possibilités de vie sociale des non-vaccinés.

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Gabriel Attal y voit des «Français qui doutaient ou attendaient et qui ont pris rendez-vous. Ils peuvent avoir des doutes (…) mais avec le variant Delta (…) malheureusement on n’a plus le temps de douter, et donc il faut y aller». Cependant pour l’instant, le gouvernement n’envisage pas de vaccination obligatoire pour tous les Français. Emmanuel Macron fait le choix de la «confiance», sans pour autant écarter cette hypothèse. Mais «Il ne faut jamais rien exclure pour l’avenir», a estimé Gabriel Attal. Conclusion le gouvernement ne rend pas formellement la vaccination obligatoire pour préserver les libertés individuelles mais il rend les conditions d’accès à des activités du quotidien tellement difficile que cette vaccination devient incontournable… mais sans le dire. Tout l’art de la politique de dire une chose et son contraire.

Un vaccin ARN à la place d’une seconde dose d’AstraZeneca

Un vaccin ARN à la place d’une seconde dose d’AstraZeneca

 

La Haute autorité de santé (HAS) va recommander vendredi que les Français âgés de moins de 55 ans s’étant vus administrer une première dose du vaccin contre le coronavirus produit par AstraZeneca reçoivent un vaccin ARN pour leur deuxième injection, a-t-on appris de deux personnes au fait du projet.

Reuters a rapporté mercredi que la HAS étudiait cette possibilité, alors que l’Agence européenne des médicaments (AEM) a fait état d’un possible lien entre le vaccin d’AstraZeneca et de très rares cas de caillots sanguins atypiques, même si le régulateur européen a réaffirmé que la balance bénéfices-risques restait largement positive.

D’après les sources, la HAS a désormais opté pour cette solution. Deux vaccins ARN, celui de Pfizer-BioNTech et celui de Moderna, sont pour l’heure autorisés en France.

Aucun commentaire n’a été obtenu auprès d’une porte-parole de la HAS.

Si la plupart des pays européens ont repris l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca après l’avoir interrompue un temps, le mois dernier, par précaution, certains ont choisi d’encadrer l’âge des patients autorisés à recevoir ces doses.

La HAS a conseillé le 19 mars que l’usage du vaccin d’AstraZeneca soit réservé aux personnes âgées de 55 ans et plus.

Plus de 500.000 personnes en France ont reçu une première dose du vaccin développé par le laboratoire anglo-suédois.

La décision de la HAS, si elle était confirmée, marquerait une nouvelle étape importante dans l’UE, l’utilisation de deux vaccins distincts pour la première et la seconde doses n’ayant pas été testée dans des essais cliniques à grande échelle.

L’Allemagne a été le premier pays de l’UE à recommander, plus tôt ce mois-ci, que les personnes âgées de moins de 60 ans ayant reçu une première dose d’AstraZeneca se voient administrer un autre vaccin pour la seconde dose.

Certains experts estiment que les vaccins devraient être complémentaires, puisqu’ils ciblent des protéines identiques, mais aucune preuve de l’efficacité de cette méthode n’a pour l’heure été rapportée.

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Crise sanitaire : la responsabilité à la place de la contrainte

Crise  sanitaire : la responsabilité à la place de la contrainte

La politique sanitaire mise en place est responsable de dégâts collatéraux inquiétants, soulignent une vingtaine de professionnels de santé, qui plaident pour alléger les contraintes chez l’enfant et le jeune adulte et renforcer la protection des personnes à risque. (Tribune dans le monde)

Tribune.

 

Voilà maintenant un an que la vie des Français a été bouleversée par la crise sanitaire et la mise en place de mesures aussi fortes qu’inédites, toutes prises au nom de la santé de nos concitoyens. Cet anniversaire doit être pour nous l’occasion d’en dresser le bilan.

Au début de l’épidémie, à la lumière des premières données qui laissaient alors craindre une mortalité très élevée, et dans l’attente d’un traitement efficace et de lits d’hospitalisation en nombre suffisant pour soigner les malades, il était alors acceptable pour chacun d’entre nous de se trouver transitoirement confiné puis de se voir imposer un certain nombre de gestes barrières « pour se protéger et protéger les autres ». Or, aujourd’hui, les termes de ce contrat social ont beaucoup évolué.

Après un an de recul, la maladie est mieux connue. Les statistiques de décès montrent qu’elle n’est pas aussi mortelle que ce que l’on avait initialement craint. La population à risque de formes graves est assez clairement identifiée et est principalement constituée des personnes très âgées et/ou atteintes de comorbidités particulières. Par ailleurs, la prise en charge médicale des formes sévères s’est considérablement améliorée et a permis de diminuer notablement la mortalité.

Le caractère transitoire des mesures sanitaires instaurées est par ailleurs remis en question devant l’émergence de multiples variants, car l’infection préalable par le virus semble ne pas protéger de ceux-ci. De ce fait, une sortie de crise à court ou moyen terme par l’immunité collective, passive ou vaccinale, apparaît compromise.

Les contraintes sanitaires ont été présentées à la population, et acceptées par celle-ci, comme une nécessité transitoire dans le but de ne pas déborder la capacité d’accueil hospitalière. Pourtant, après un an, le nombre de lits d’hospitalisation et de réanimation n’a toujours pas été revu à la hausse, ni le nombre de personnels paramédicaux et médicaux spécialisés.

La politique sanitaire mise en place est responsable de dégâts collatéraux inquiétants. Ainsi, la sédentarisation de la population, et notamment celle des enfants (rapport de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité, décembre 2020) confrontés au confinement, à la fermeture des salles de sport, aux contraintes sanitaires pesant sur les activités sportives à l’école, entre autres, entraîne une prise de poids d’une partie importante de la population qui risque d’avoir des conséquences sur leur santé à long terme, ainsi qu’une consommation de temps d’écran toujours plus importante, notamment pour ce qui concerne les enfants et adolescents.

Alain Duhamel, la brosse à reluire des pouvoirs en place

Alain Duhamel, la brosse à reluire des pouvoirs en place

 

À 80 ans,  Alain Duhamel le célèbre journaliste continue d’occuper une place non négligeable dans la presse écrite ou à la télé. Il faut dire que l’intéressé est à peu près inoxydable, il résiste ainsi à tous les pouvoirs ou plus exactement s’efforce d’éviter la contestation avec de temps en temps une montée de tonalité assez factice sur des questions accessoires. Le coup classique de la communication douce;  on baisse le ton quand il s’agit de critiques de fond ; par contre on n’augmente le volume sur des points assez anecdotiques.

 Bref Duhamel comme bien d’autres sert de brosse à reluire des pouvoirs en place. Et pour donner une certaine pertinence à son propos, Duhamel utilise la posture du sage, celle qui pèse le pour et le contre mais sans jamais dire clairement de quel côté penche le fléau. Bref ce qui caractérise Duhamel, comme bien d’autres, c’est qu’à la fin de son intervention on peine à déceler exactement son analyse et sa pensée. On objectera sans doute que ce n’est pas le rôle du journaliste de se faire le juge des orientations politiques, qu’ils doivent d’abord traiter les faits. Reste qu’ils ne sont pas pour autant condamné à faire éternellement dans l’analyse anesthésiante et liquoreuse.

Loi de « sécurité globale » : la place du citoyen ?

Loi de « sécurité globale » : la place du citoyen ?

Que signifie un texte dans lequel pas même une ligne n’évoque le contrôle des forces de l’ordre par les citoyens ?, s’interroge le philosophe Yves Roucaute dans une tribune au « Monde ». Au-delà de l’article 24, qu’il fustige, il dénonce la tentation autocratique du gouvernement

Tribune. 

 

« Mon travail, c’est de protéger ceux qui nous protègent », proclame Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur français. Diantre ! Sa première mission ne serait donc pas de protéger les citoyens ? Alors qu’une nouvelle bavure a conduit à tabasser un citoyen producteur de musique [Michel Zecler], la question posée, il y a deux mille ans, aux citoyens romains par le poète satirique romain Juvénal devient d’actualité.

Face aux forces de l’ordre de l’empereur Domitien (51-96) qui violentaient et tuaient les citoyens épris de liberté au nom de la sécurité de Rome, il demanda : « Qui nous protégera de ceux qui nous protègent ? » Certes, la tyrannie n’est pas notre horizon, mais que signifie cette loi de « sécurité globale » dans laquelle pas un article, pas un paragraphe, pas même une ligne n’évoque le contrôle des forces de l’ordre par les citoyens ? Et qui, par son article 24, menace d’un an de prison quiconque diffuserait l’image ou des moyens d’identification des policiers en intervention ? La République est indéniablement en marche… mais vers quoi ?

Etonnant texte qui prétend défendre les forces de l’ordre bien que menaces, insultes et violences contre elles soient depuis longtemps sévèrement punies par la loi. Dans un pays où il existe 84 619 articles législatifs et 233 048 articles réglementaires, est-elle destinée à pouvoir jouer avec le Rassemblement national à « plus sécuritaire que toi » ?

Et il faut beaucoup d’imagination pour appeler loi de « sécurité globale », cet invraisemblable bric-à-brac de 34 articles qui se réduit à la police municipale, aux entreprises de sécurité privée, à la vidéoprotection, aux forces de sécurité intérieure.

Bureaucrates sans talent

Hélas ! On rit moins devant cet article 24, qui a attiré les foudres de tous les amis de la liberté, de gauche à droite. Signe, peut-être, de la malédiction autocratique qui touche cette Ve République quand elle est dirigée par des bureaucrates sans talent.

Interdire de filmer la police ? Si elle agit selon le droit, qu’a-t-elle à craindre ? Pour des opérations sensibles, n’est-elle pas cagoulée ? Ou bien faut-il admettre que le policier muni d’une arme devrait être protégé de la dangerosité du citoyen armé d’un smartphone… ou d’une partition de musique ?

Dans cette nouvelle République, il appartiendrait aux seules forces de l’ordre de décider si la personne qui les filme par « quelque moyen que ce soit » est « manifestement malveillante ». Comment le savoir avant l’acte ? Le premier ministre donne la clef : l’« intention » de nuire compte. Voilà les forces du ministère de l’intérieur expertes en for intérieur. Défiant cartomanciens et astrologues, avec leur art divinatoire, elles plongent dans la conscience du quidam qui sort son smartphone pour y découvrir son intention de potentielle « malveillance ». Voilà le crime de virtuelle lèse-majesté policière.

 

 

Dette: le gouvernement met en place une commission tartempion

Dette: le gouvernement met en place une commission tartempion

Une commission assez hétéroclite a été mise en place par le gouvernement pour tenter de définir les conditions d’amortissement de l’énorme dette française amplifiée par le Coronavirus. Présidée par le centriste Jean Arthuis, ancien ministre des Finances sous Chirac, la commission accueille également la socialiste Marisol Touraine, ministre de la Santé sous François Hollande. L’équilibre est aussi respecté entre le privé et le public. Y siègent l’ancienne présidente du Medef, Laurence Parisot et le PDG d’ADP, Augustin de Romanet, mais aussi les hauts fonctionnaires Jean-Luc Tavernier, patron de l’Insee, et le magistrat à la Cour des comptes Raoul Briet. Côté économistes, c’est également la diversité qui s’impose avec, l’Italo-Suisse Beatrice Weder Di Mauro, ex-conseillère des chanceliers allemands Gerhard Schroeder et Angela Merkel, l’Américano-Autrichien Thomas Wieser, qui travaille pour l’Union européenne, la professeur à la London Business School Hélène Rey, et Natacha Valla de Sciences Po.

 

Notons qu’au 31 octobre le déficit budgétaire s’est élevé à 160 milliards contre 108 à la même période. Par ailleurs 2020 la dette sera passée de 100 % du pipe à 120 %. En clair, on a hypothéqué plus d’une année de richesse nationale . Les solutions sont bien connues;  le remboursement de cette dette pourra se faire via l’inflation qui diminuera le pouvoir d’achat, par l’impôt mais en amortissant la fiscalité de cette dette sur de très nombreuses années et partiellement par les fruits de la croissance. La dernière solution étant de faire défaut, c’est-à-dire de ne plus rembourser la dette mais en même temps de ne plus pouvoir emprunter. Bref une sorte de faillite.

 

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