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Brexit : Boris Johnson, le roi de la pirouette (Denis MacShane)

Brexit  : Boris Johnson,  le roi de la pirouette  (Denis MacShane)

 

Le travailliste Denis MacShane a été le ministre d’Etat chargé de l’Europe (2002-2005) de Tony Blair après avoir été son ministre d’Etat chargé des Affaires étrangères (2001-2001). Il tente d’expliquer les revirements de Boris Johnson dans l’opinion

Comment expliquez-vous ce nouveau revirement de Boris Johnson?

C’est le roi de la pirouette politique! Il est capable de tourner sur une roue et de changer de direction. Il a fait cela toute sa vie. Ce qui n’empêche pas qu’à Londres et Bruxelles, on ne négocie pas la même chose. Boris Johnson se croit engagé dans l’écriture d’un nouveau traité de Versailles où on parle rectification de frontières et réparations alors qu’en face, on discute d’un nouvel Uruguay round, l’ancien Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce. L’un parle politique et il cherche à contourner Michel Barnier. L’autre parle de la nécessité d’avoir des règles en matière d’échanges commerciaux et explique que c’est un sujet qui se discute à Bruxelles et non au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement. D’où le décalage auquel on a assisté ces derniers jours et la sensation de camouflet ressentie par les amis de Boris Johnson.

Quelle est la réaction de l’opinion publique?

C’est ce qui a peut-être pesé dans la balance et explique cette marche arrière. On assiste depuis la semaine dernière à une levée de boucliers de tout un tas de professions -camionneursagriculteurs, transporteurs aériens- pour dénoncer la folie d’un « no deal ». Au point que les députés conservateurs Brexiters se sont montré très discrets ces derniers jours pour contrer ce message. Tout le monde commence à avoir peur à l’approche du précipice. Tous les soirs à la télévision on voit des patrons de PME sonner l’alarme devant ce qui les guette aux frontières. Ce ne sont pas forcément des pro-européens. C’est la première fois que l’on assiste à un tel phénomène depuis juin 2016 et le référendum sur le Brexit!

On voit aussi monter au créneau le premier ministre irlandais Michèal Martin, fort de l’appui tacite de Joe Biden. Boris Johnson aimerait aussi que l’on parle d’autre chose. Il veut faire de 2021, qui verra Glasgow accueillir la 26ème conférence sur le changement climatique, une grande année de l’environnement. Il veut montrer que le Royaume-Uni pèse au niveau mondial et rêve d’une photo avec Joe Biden. Il n’a pas envie d’être pousuivi par des images de bouchons monstres à l’approche de Douvres. Le problème demeure qu’à Londres et à Bruxelles, on ne négocie pas la même chose.

Cela risque de se terminer par un nouvel échec…

C’est possible. Il va falloir suivre, cette semaine, les réactions des Brexiters – on peut parler d’une petite entreprise – auxquels Boris Johnson est redevable. Ils se trouvent, eux aussi, sous la pression de la City qui les pousse à trouver un « petit compromis » et à ne pas aller jusqu’au bout. Il y a néanmoins cette idée, dans notre pays, qu’il faut une révolution tous les cinquante ans. Cela a commencé avec la décapitation du roi d’Angleterre, en 1649, suivi par la scission avec l’Eglise catholique, le lancement de l’aventure impériale, la révolution industrielle, la création de l’Etat providence et la révolution thatchérienne. Aujourd’hui, c’est l’Union européenne qui est visée. Cela relève d’une foi messianique.

La situation ressemble à celle de juillet 1914. Le train a commencé à rouler. La question est de savoir si on peut le stopper. On pourrait décider d’arrêter l’horloge mais ce serait une humiliation pour Boris Johnson qui a fixé la deadline au 31 décembre de cette année. Un an après son arrivée au pouvoir, sa situation s’est fragilisée. Il a déjà eu à faire face à une rébellion parlementaire sur le confinement et sa gestion de la pandémie a sérieusement entamé sa popularité. Il va donc s’appuyer énormément sur les sondages durant ces prochains jours de négociations et chercher une excuse dans un sens ou dans un autre. Dans les deux cas, il peut toujours imaginer renégocier dans un an. C’est le titre de mon dernier livre, « Brexiternity ».

L’opposition travailliste paraît très discrète…

Elle est complètement absente. Ce sont les « singes de la sagesse ». Elle ne parle pas d’Europe, elle n’écoute pas l’Europe et elle ne voit pas l’Europe. Le Brexit, ce n’est qu’un problème pour Johnson et ses amis conservateurs.

 

 




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