Politique-Pourquoi une énarque avec Benjamin Smith pour piloter Air France-KLM ?
Le pouvoir politique voudrait organiser la pagaille à Air France qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Il vient effet de nommer une pure technocrate qui n’a pas montré une grande compétence et le moins qu’on puisse dire gestion par ailleurs comme présidente du groupe Air France. Or on se souvient que pour recruter un directeur général compétent, il a fallu faire le tour du monde et trouver Benjamin Smith un vrai professionnel du secteur et qui a montré son efficacité pour redresser et diriger Air France. Sans doute les technocrates du gouvernement n’ont-ils pas abandonné l’idée de toujours avoir une main sur une entreprise qui peut-être réussit trop en ce moment.
Bien qu’elle soit désormais membre du conseil d’administration en remplacement d’Isabelle Parize (reprenant ainsi son mandat en cours jusqu’à l’assemblée générale 2026), son arrivée doit encore être ratifiée par les actionnaires lors de la prochaine assemblée générale. Celle-ci est prévue en mai 2024. L’ancienne ministre devra ensuite être désignée présidente en remplacement d’Anne-Marie Couderc dans l’année qui suit. Cela pourra néanmoins intervenir avant la date butoir.
Florence Parly a passé huit ans chez Air France, de 2006 et 2014. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a laissé un mauvais souvenir vivace chez les salariés. Plusieurs sources syndicales des différentes catégories de personnels font ainsi état de « réactions épidermiques » à l’annonce de son nom, neuf ans après son départ. Comme le rappelle l’une d’entre elles, qui juge que cela aurait été plus facile à gérer si cela avait été quelqu’un d’autre, la dirigeante a mené coup sur coup deux politiques d’attrition forte d’abord comme directrice générale adjointe en charge du Cargo (2008-2012) puis comme directrice générale adjointe en charge de l’activité passagers à Orly et des escales France (2012-2014).
En quatre ans, le nombre d’avions de fret en exploitation est alors divisé par deux. Une attrition qu’Air France tente aujourd’hui de compenser avec huit Airbus A350F. Mais le moment le plus compliqué intervient sur son poste suivant, à la tête d’Orly et des escales France, avec la lourde tâche de réorganiser ce pôle structurellement déficitaire dans le cadre du plan Transform 2015. Le comble est que celui-ci perd toujours de l’argent et qu’Air France a pris la décision de se retirer d’Orly en 2026.
Florence Parly, qui devrait alors être enfin présidente, va donc hériter de cette situation qui continue de susciter une forte opposition chez les salariés basés sur l’aéroport et chez les élus locaux franciliens et provinciaux concernés. Et le chèque de 675.800 euros reçu de la part d’Air France au titre d’indemnités lors de son départ reste également dans les mémoires.
Cette nomination sent la politique business et le mal profond créé par le réseau des technocrates ( ni de gauche, ni de droite !) dans la société et l’économie française.
Environnement France : comment piloter réellement l’action climatique ?
Environnement France : comment piloter réellement l’action climatique ?
Tribune.
Face à l’urgence climatique, le Parlement a adopté plusieurs lois majeures pour permettre à la France de jouer pleinement son rôle dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, et de protéger nos concitoyens des conséquences du réchauffement climatique. En 2019, la loi Energie climat a déclaré l’urgence climatique et réaffirmé l’objectif de neutralité carbone en 2050. Notre pays s’inscrit dans un mouvement global, qui voit nombre de nations prendre conscience de l’enjeu vital de lutter contre les dérèglements climatiques et de sauvegarder notre diversité biologique.
A partir des accords de la COP21 à Paris, la France a connu des avancées significatives en matière de pilotage des politiques publiques au regard de leur impact environnemental, notamment avec la création, en 2019, du Haut Conseil pour le climat (HCC) et la mise en place, fin 2020, d’un nouvel outil d’analyse de l’impact environnemental du budget, le Budget vert. Il est aujourd’hui vital de poursuivre dans le sens d’une évaluation climatique plus efficace des politiques publiques.
Nous avons affirmé que l’objectif de neutralité carbone devait être une boussole de nos politiques publiques. Pour tracer plus précisément ce cap, l’Union européenne a récemment décidé de rehausser son objectif pour 2030 à – 55 % par rapport au niveau d’émissions de 1990.
Dans son avis publié le 23 février sur le projet de loi Climat et résilience, le HCC a examiné le texte par rapport à l’objectif de neutralité carbone. Analysant également l’étude d’impact du projet de loi, le HCC a regretté que l’évaluation réalisée ne permette pas de véritablement estimer l’impact des mesures proposées sur la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Déjà esquissé par le HCC dans ses précédents rapports de juin et décembre 2019, le constat d’une inaptitude de la France à piloter efficacement son action climatique apparaît aujourd’hui avéré. De plus, dès juin 2019, le HCC pointait les insuffisances de la France en matière de pilotage vers l’objectif de neutralité carbone.