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Jean Pisani-Ferry : quel pilotage économique d’ensemble pour la zone euro ?

Jean Pisani-Ferry : quel pilotage économique d’ensemble pour la zone euro  ?


par 
Jean Pisani-Ferry

Professeur d’économie à Sciences Po (Paris), à l’Institut Bruegel (Bruxelles) et au Peterson Institute for International Economics (Washington)

Pour assurer une croissance de long terme, la politique budgétaire, la politique monétaire et le fonctionnement des marchés doivent se passer le relais. Pas facile quand il y a autant de politiques budgétaires que de pays, constate l’économiste dans sa chronique.

 

Deux questions se posent aujourd’hui avec acuité pour la zone euro. La première est de savoir comment accompagner le programme de réformes dont se sont dotés les Européens : les rapports Letta (sur le marché intérieur) et Draghi (sur la compétitivité) proposent à l’Union européenne une feuille de route ambitieuse, en vue de faire du vieux projet d’intégration économique le vecteur d’une nouvelle dynamique de modernisation et de redressement. Or, l’expérience montre que les chances de succès d’un tel programme dépendent crucialement de l’environnement macroéconomique dans lequel il est mis en œuvre.

La deuxième question est de savoir comment la zone euro va répondre à Trump : celui qui s’installera dans moins d’un mois à la Maison Blanche n’a pas fait mystère de son intention de s’en prendre aux excédents extérieurs des partenaires commerciaux des Etats-Unis. Or, depuis quinze ans, la zone euro accumule les excédents de balance des paiements. En 2024 encore, elle s’apprête à enregistrer un solde courant nettement supérieur à 3 % du produit intérieur brut, et son actif extérieur net (le stock des avoirs à l’étranger moins les dettes vis-à-vis des non-résidents) dépasse désormais les 1 000 milliards d’euros. Donald Trump, qui envisage ces sujets d’un point de vue étroitement mercantiliste, va certainement faire pression pour que l’Allemagne, notamment, réduise son excédent.

Ces deux questions sont intimement liées. Depuis une quinzaine d’années, la zone euro a fait comme si elle pouvait compter sur ses partenaires commerciaux pour tirer sa croissance, sans devoir elle-même la promouvoir, et elle a massivement exporté son épargne vers le reste du monde, en particulier vers les Etats-Unis. En agissant de la sorte, elle s’est comportée comme une petite économie ouverte, ce qu’elle n’est évidemment pas. Bien sûr, tous les pays ne relèvent pas de la même analyse : la France, en particulier, connaît de longue date un déficit marqué de son compte extérieur, et elle est donc importatrice nette d’épargne.

Tourisme : pour davantage de coordination et un pilotage partagé

Tourisme : pour davantage de coordination et un pilotage partagé

L’attractivité d’un territoire dépend de toute une mosaïque d’acteurs privés qu’il leur est bien difficile de coordonner. Par Marie-Laure Baron, Université Le Havre Normandie; Samuel Grandval, Université Le Havre Normandie et Xiao Liu, Université Le Havre Normandie

 

 

Le tourisme a particulièrement souffert de la pandémie. En France, 38 % des acteurs du secteur ont dû contracter un prêt garanti par l’État, et le pays s’en sort pourtant mieux que ses voisins.

La saison estivale 2022 s’annonce cependant bonne, avec une météo clémente et des consommateurs qui ont pu mettre une épargne de côté durant la pandémie. De quoi pousser les pouvoirs publics à miser sur le secteur pour développer un territoire ? Ceux-ci souhaitent souvent occuper une place centrale dans l’organisation et l’animation du tourisme local.

Reste que les impulsions qu’ils proposent ne sont cependant pas toujours reprises par le tissu des entreprises du secteur, souvent de petites tailles. Or, les zones touristiques constituent des territoires identifiés par les voyageurs comme une offre globale. Ils ne choisiront bien souvent pas de se rendre à un endroit pour une ou deux particularités mais pour tout un ensemble de lieux et de services.

Notre recherche montre en fait, que les pouvoirs publics ne peuvent que difficilement piloter l’ensemble du système. Leur action, paradoxalement, ne peut fonctionner que sur des segments particuliers.

La valeur d’un site dépend, du point de vue du visiteur, de deux facteurs. Deux facteurs qui reposent eux-mêmes sur deux types d’acteurs différents.

Il y a d’une part ce que l’on nomme le « paysage ». Ce sont les sites en eux-mêmes, les plages, musées, ou monuments. Le touriste vient à Richelieu (Indre) pour ses fortifications, à Honfleur (Calvados) pour son grenier à sel, son église Sainte-Catherine dont la particularité est d’être construite en bois ou son port, et au Havre (Seine-Maritime), pour la plage, son architecture Perret ou son musée d’art moderne. Promouvoir, entretenir et mettre en valeur ce paysage est le rôle des collectivités territoriales.

D’autre part se trouve l’ensemble de services complémentaires entre eux qui composent le séjour du client : l’hébergement, les lieux de restauration ou de loisirs sportifs par exemple. Leur production échoit, elle, à une mosaïque de petites entreprises.

En ce qui les concerne, nos recherches montrent que la propension à dépenser des touristes dépend en fait de deux éléments. Ils s’avèrent, d’une part, sensibles à la diversité des offres individuelles des entreprises : plus les activités sont variées, plus l’offre est large et le site attractif. Autrement dit, une interaction semble nécessaire entre les différents éléments de l’offre pour un bon fonctionnement de l’ensemble. D’autre part, nous soulignons l’importance de l’originalité des offres individuelles. Elles permettent de distinguer la destination touristique parmi ses concurrentes.

Ce peuvent être, par exemple, les galeries d’art réputées pour la destination touristique honfleuraise, dont le « paysage » est pourtant d’abord maritime. Se pose alors la question de la possibilité d’améliorer l’attractivité du territoire sans pour autant noyer le trait distinctif de la destination. Pari réussi à Honfleur, qui renvoie aussi l’image de « creuset des impressionnistes ».

Puisqu’une coordination de l’ensemble semble ainsi nécessaire, faut-il s’en remettre aux pouvoirs publics ? Certains experts évoquent la nécessité d’une gouvernance partagée entre les acteurs. Il ne semble cependant pas exister de cas de stratégies collectives réussies.

Prenons le cas de Venise. La ressource touristique y est abondante et la tendance que l’on y observe paraît être à la maximisation des intérêts individuels au détriment du collectif. C’est en fait une conséquence d’une densité de touristes élevée : le besoin de coordination est plus faible car il n’y a pas nécessité de développer davantage l’attractivité de l’endroit.

C’est donc la densité de la ressource touristique qui va déterminer la légitimité de l’action publique. Elle ne sera reconnue, d’après nos résultats, que si la densité des touristes est faible. C’est pour cette raison que, souvent, les entreprises n’expriment pas de volonté d’intervention des pouvoirs publics.

L’action publique (par exemple au travers d’un office du tourisme) ne peut donc porter que sur la mise en valeur et la promotion des sites touristiques et de l’offre globale de la destination touristique. C’est d’ailleurs là une attente des acteurs du secteur. Il s’agit d’attirer les touristes et moins de coordonner l’écosystème.

Les pouvoirs publics ne joueront ce second rôle qu’indirectement puisque les entrepreneurs individuels s’adaptent à l’évolution des profils des touristes drainés. Éventuellement peuvent-ils utiliser les plans d’urbanisme comme à Barcelone, réglementer les locations saisonnières comme à Honfleur ou encore favoriser l’implantation d’activités dont la densité est faible afin de rééquilibrer l’écosystème. À eux de trouver une niche la plus adaptée pour agir.

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Par Marie-Laure Baron, Maître de conférences en sciences de gestion, Université Le Havre Normandie ; Samuel Grandval, Maître de conférences HDR en sciences de gestion, Université Le Havre Normandie et Xiao Liu, Docteur, Université Le Havre Normandie.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.




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