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Lélislatives: Le danger des trois blocs (Piketti)

Lélislatives: Le danger des trois blocs (Piketti)

 

 

L’économiste explique, dans sa chronique au « Monde », pourquoi la partition de l’espace politique en trois blocs – social-écologique, libéral et nationaliste – est un danger pour la démocratie.

tribune 

Est-il possible de sortir de la démocratie en trois tiers et de reconstruire un clivage gauche-droite centré sur les questions de redistribution et d’inégalité sociale, en France et plus généralement à l’échelle européenne et internationale ? Tel est l’enjeu central des élections législatives en cours.

Rappelons d’abord les contours de la démocratie en trois tiers, telle qu’elle s’est exprimée lors du premier tour de la présidentielle. Si l’on additionne les résultats des différents candidats issus des partis de gauche et écologistes, on obtient 32 % des voix pour ce bloc, que l’on peut qualifier de social-planificateur ou social-écologique. En rassemblant les voix portées sur Macron et Pécresse, on obtient également 32 % des voix pour le bloc libéral ou de centre droit. On arrive exactement au même score de 32 % en additionnant les trois candidats du bloc nationaliste ou de droite extrême (Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignan). Si l’on répartit entre les trois blocs les 3 % du candidat ruraliste inclassable (Lassalle), on parvient à trois tiers presque parfaitement égaux.

Cette tripartition s’explique en partie par les spécificités du système électoral et de l’histoire politique du pays, mais ses soubassements sont plus généraux. Précisons que la démocratie en trois tiers ne signifie aucunement la fin des clivages politiques fondés sur la classe sociale et sur des intérêts économiques divergents, bien au contraire. Le bloc libéral réalise de loin ses meilleurs scores chez les électeurs socialement les plus favorisés, quel que soit le critère retenu (revenu, patrimoine, diplôme), notamment parmi les plus âgés. Si ce « bloc bourgeois » parvient à rassembler un tiers des suffrages, cela doit aussi beaucoup à l’évolution de la participation, qui est devenue nettement plus forte parmi les plus aisés et les plus âgés que dans le reste de la population au cours des dernières décennies, ce qui n’était pas le cas auparavant.

De facto, ce bloc a fait la synthèse entre les élites économiques et patrimoniales votant anciennement pour le centre droit et les élites diplômées qui avaient pris un peu partout le contrôle du centre gauche depuis 1990, comme le montre la World Political Cleavages and Inequality Database. Avec une participation égale dans tous les groupes sociodémographiques, ce bloc ne rassemblerait toutefois qu’à peine un quart des suffrages et ne pourrait prétendre gouverner seul. A l’inverse, le bloc de gauche serait largement en tête, car il fait ses meilleurs scores au sein des classes populaires, et surtout parmi les plus jeunes. Le bloc nationaliste progresserait aussi mais plus légèrement, car le profil de son vote populaire est plus équilibré parmi les classes d’âge.

Politique-Macron responsable de la droitisation du pays (Piketti) ?

Politique-Macron responsable de la droitisation du pays  (Piketti) ?

 

Le macronisme au pouvoir a déplacé une bonne partie des électeurs et des élus du centre gauche vers le centre droit, analyse l’économiste dans sa chronique au Monde.

 

Piketti, pourtant assez souvent pertinent , tombe sans doute dans le piège partisan en affirmant que Macron est le principal responsable de la droitisation dans le pays. En effet ,le paysage politique n’a pas eu tellement besoin de Macron pour glisser sous l’effet des désillusions de la gauche. Une gauche qui a beaucoup promis et n’a jamais tenu ses promesses. Pire qui est passée du discours radical voire révolutionnaire des campagnes électorales à la gestion la plus traditionnelle est la plus piteuse quand elle était au pouvoir. Une gauche de gouvernement qui sociologiquement n’a jamais été composé des couches moyennes et populaires qu’elle est supposée représenter. Bref jusque-là l’échec réitéré de la social-démocratie. Après celui de la SFIO, celui du parti socialiste. Et que dire des radicaux révolutionnaires écolos et autres gauchistes dans l’implantation dans les milieux populaires a toujours été relativement marginal voire nul.

 

Chronique. 

Comment expliquer la droitisation extrême du paysage politique français ? Même si la question est complexe et admet des réponses multiples, il ne fait guère de doute que l’expérience du macronisme porte une responsabilité écrasante.

Soyons clairs : la dispersion des candidatures à gauche et l’effet de découragement produit sur les électeurs contribuent aussi à expliquer cette situation. Cette explication est toutefois insuffisante. Si l’on additionne l’ensemble des candidats de gauche (socialistes, écologistes, « insoumis », communistes, etc.), on arrive péniblement, d’après la dernière enquête réalisée par Le Monde en décembre, à 27 % des intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle prévu le 10 avril 2022, contre 29 % en totalisant les deux candidats d’extrême droite (Zemmour et Le Pen), 17 % pour la candidate de droite (Pécresse) et 24 % pour le président sortant, qui, pour simplifier, peut être placé au centre droit, et est d’ailleurs de plus en plus perçu comme tel par les électeurs. Nulle part chez nos voisins on n’observe une telle faiblesse de la gauche. Les partis sociaux-démocrates, socialistes, travaillistes ou démocrates sont au pouvoir en Allemagne et en Espagne, ou en situation d’y revenir lors des prochaines élections au Royaume-Uni et en Italie.

Il faut certes prendre en compte que le Parti socialiste a été au pouvoir en France pendant vingt ans au cours des quarante dernières années, ce qui a pu nourrir une lassitude particulière. Par comparaison, les sociaux-démocrates ont été au pouvoir seulement sept ans en Allemagne et les travaillistes treize ans au Royaume-Uni. Il n’y a qu’en Espagne que les socialistes ont été davantage au pouvoir, ce qui a d’ailleurs fini par alimenter une scission au sein de la gauche, avec l’émergence de Podemos, que les deux partis ont eu bien du mal à surmonter, pour finalement gouverner ensemble. En France, il aurait sans doute fallu que le centre gauche reconnaisse ses erreurs au pouvoir et se tourne davantage vers La France insoumise après la débâcle de 2017. Cela n’aurait peut-être pas suffi, mais il est toujours temps d’essayer.

La droitisation extrême du paysage politique français peut également s’expliquer par d’autres facteurs spécifiques, à commencer par un traumatisme postcolonial et franco-algérien particulièrement virulent en France. La nostalgie de l’Algérie française et le terreau xénophobe qui entoure ces plaies toujours vives ont ainsi joué un rôle central dans l’émergence du lepénisme comme du zemmourisme.




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