« Hollande mènera son camp à la catastrophe » (Pierre Laurent, PC)
Quel message retirez-vous de ce premier tour?
La progression de l’abstention et la démobilisation d’une part importante de l’électorat de gauche sont le signe d’une critique très forte adressée au gouvernement sur ses renoncements à ses engagements de gauche. Le message est clair : les Français veulent un changement de cap de la politique nationale. La résolution des grands problèmes sociaux du pays – comme le chômage et la relance des services publics – doit être au centre des choix politiques.
Vous n’excluez pas de participer au gouvernement?
Nous n’avons jamais exclu l’idée de prendre nos responsabilités gouvernementales. Mais aujourd’hui le changement de cap n’est clairement pas la pente que prend François Hollande. En même temps, Hollande est en train de s’enfoncer dans une contradiction intenable. S’il continue sa politique, il mènera son propre camp à la catastrophe et pousse la France dans une crise démocratique extrêmement problématique. Pour dénouer ce problème, la meilleure garantie n’est pas d’attendre le salut de l’Elysée mais la mobilisation populaire qui doit amplifier de manière positive le message des urnes. C’est le sens de la marche du 12 avril.
«Les gens préfèrent la gauche de combat à la gauche d’accompagnement»
Ne vient-elle pas trop tard? Après un probable remaniement?
A l’occasion de la rentrée parlementaire, le gouvernement devrait ouvrir un débat pour remettre à plat les orientations gouvernementales. Ce débat devrait précéder toute décision sur les orientations politiques du gouvernement, sur un éventuel remaniement et sur la composition du gouvernement. Il faut inverser la pratique politique pour redonner la parole à la représentation nationale.
A Paris, le Front de gauche s’est déchiré violemment. A qui la faute? Le Parti de gauche parle de l’arrogance du PC…
A Paris, il y a eu deux choix différents faits par les formations du Front de gauche. J’ai toujours pensé qu’après ces élections, il faudrait continuer à travailler ensemble. Il n’y a pas d’invectives de notre part mais un choix politique.
En Seine Saint Denis, les résultats signent-ils une défaite politique pour Claude Bartolone?
En Seine Saint Denis, comme ailleurs, là où le PS a tenté de faire des listes contre nos maires sortants, la leçon est claire : dans 29 situations sur 30, nous sommes arrivés en tête de la gauche. Les gens préfèrent la gauche de combat à la gauche d’accompagnement surtout quand elle joue la division au nom d’intérêts partisans. C’est un des messages que le PS, et singulièrement Claude Bartolone, doivent entendre.
Jean-Luc Mélenchon a expliqué que ceux qui vont sous les jupes du PS n’ont rien à y gagner. Il pointait directement le PCF. Que lui répondez-vous?
Nous n’avons jamais été ni sous l’égide ni sous les jupes du PS. Nous avons toujours revendiqué notre autonomie de décision et nous continuerons à la faire valoir dans les majorités municipales auxquelles nous participeront.
Interview JDD