Archive pour le Tag 'piégé'

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Hamas Gaza : le piège d’une opération terrestre

Hamas Gaza : le piège d’une opération terrestre


Plusieurs options tactiques s’offrent au gouvernement et aux responsables militaires israéliens, contraints d’agir de manière décisive pour calmer l’opinion publique, estime, dans une tribune au « Monde », un spécialiste des études stratégiques.

Il aurait pu s’agir du teaser d’une nouvelle saison de la série-culte israélienne Fauda [centrée sur les forces spéciales de l’armée], mais les images choquantes qui circulent depuis samedi 7 octobre et le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël reflètent le drame bien réel qui se noue autour de Gaza. L’appareil sécuritaire et de renseignement israélien a été pris par surprise, expliquant le succès initial de l’offensive du Hamas et les pertes terribles subies par les civils israéliens. Nul doute qu’une commission ad hoc viendra enquêter sur les raisons de cet échec, comme la commission Agranat l’avait fait après la guerre d’octobre 1973. Le plus probable n’est pas que les experts israéliens n’aient rien vu venir, mais que leurs chefs et les décideurs politiques n’aient pas tenu compte de leurs avertissements.

Pour l’instant, la population israélienne, toutes tendances confondues, se tient unie derrière son armée. Le Hamas, retranché dans Gaza, dispose d’une centaine d’otages très certainement éparpillés et bien gardés, qui constituent autant de moyens de pression et de négociation face à Israël. La mobilisation générale a été décrétée et les chefs de Tsahal [l’armée israélienne], tout comme le gouvernement, doivent déterminer la riposte la plus appropriée pour affaiblir durablement le Hamas et libérer les otages. Ils font face à plusieurs dilemmes : tactique, pour limiter les pertes israéliennes ; opérationnel, pour choisir le mode d’action le plus efficace ; et stratégique, pour atteindre leurs buts de guerre en empêchant le Hamas d’obtenir les siens. Trois options semblent s’offrir à eux.

Tout d’abord, l’établissement d’un siège hermétique de la bande de Gaza qui étouffe le Hamas et ses alliés du Jihad islamique. C’est la solution privilégiée pour l’instant par Benyamin Nétanyahou. L’avantage consiste à éviter les pertes du côté israélien, à affaiblir le Hamas et à donner le temps à Tsahal de peaufiner ses plans ; l’inconvénient est qu’un siège ne permet pas de récupérer les otages, qu’il risque d’isoler Israël sur la scène internationale et qu’il pourrait mettre en grande difficulté le gouvernement israélien si le Hamas mettait en scène l’exécution d’otages.

Gaza : le piège d’une opération terrestre

Gaza : le piège d’une opération terrestre


Plusieurs options tactiques s’offrent au gouvernement et aux responsables militaires israéliens, contraints d’agir de manière décisive pour calmer l’opinion publique, estime, dans une tribune au « Monde », le spécialiste des études stratégiques.

Il aurait pu s’agir du teaser d’une nouvelle saison de la série-culte israélienne Fauda [centrée sur les forces spéciales de l’armée], mais les images choquantes qui circulent depuis samedi 7 octobre et le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël reflètent le drame bien réel qui se noue autour de Gaza. L’appareil sécuritaire et de renseignement israélien a été pris par surprise, expliquant le succès initial de l’offensive du Hamas et les pertes terribles subies par les civils israéliens. Nul doute qu’une commission ad hoc viendra enquêter sur les raisons de cet échec, comme la commission Agranat l’avait fait après la guerre d’octobre 1973. Le plus probable n’est pas que les experts israéliens n’aient rien vu venir, mais que leurs chefs et les décideurs politiques n’aient pas tenu compte de leurs avertissements.

Pour l’instant, la population israélienne, toutes tendances confondues, se tient unie derrière son armée. Le Hamas, retranché dans Gaza, dispose d’une centaine d’otages très certainement éparpillés et bien gardés, qui constituent autant de moyens de pression et de négociation face à Israël. La mobilisation générale a été décrétée et les chefs de Tsahal [l’armée israélienne], tout comme le gouvernement, doivent déterminer la riposte la plus appropriée pour affaiblir durablement le Hamas et libérer les otages. Ils font face à plusieurs dilemmes : tactique, pour limiter les pertes israéliennes ; opérationnel, pour choisir le mode d’action le plus efficace ; et stratégique, pour atteindre leurs buts de guerre en empêchant le Hamas d’obtenir les siens. Trois options semblent s’offrir à eux.

Tout d’abord, l’établissement d’un siège hermétique de la bande de Gaza qui étouffe le Hamas et ses alliés du Jihad islamique. C’est la solution privilégiée pour l’instant par Benyamin Nétanyahou. L’avantage consiste à éviter les pertes du côté israélien, à affaiblir le Hamas et à donner le temps à Tsahal de peaufiner ses plans ; l’inconvénient est qu’un siège ne permet pas de récupérer les otages, qu’il risque d’isoler Israël sur la scène internationale et qu’il pourrait mettre en grande difficulté le gouvernement israélien si le Hamas mettait en scène l’exécution d’otages.

Autonomie Corse : le piège politique

Autonomie Corse : le piège politique

Macron s’est déclaré favorable à une autonomie de la Corse dans le cadre de l’État. Un concept qui ne veut pas dire grand-chose. En effet il s’agit pour Macron sans doute d’un acte de décentralisation permettant d’accroître le champ de compétence des autorités locales qui doivent demeurer cependant dans le cadre législatif et républicain.

Or le différend va surtout se centrer sur cette question de la définition des normes et de la possibilité pour la Corse de légiférer.

Il faudrait un statut particulier pour la Corse et modifier la constitution. Il s’agit bien entendu d’une illusion car on ne réunira jamais les trois cinquièmes des parlementaires pour modifier la constitution, on réussira encore moins à organiser un référendum favorable à cette orientation.

Certes on peut comprendre d’un point de vue général que la régionalisation soit souhaitée en Corse en particulier mais aussi ailleurs et même dans l’ensemble du pays. Mais l’autonomie politique, c’est-à-dire le droit de gouverner avec des lois propres constitue une autre orientation
. En politique intérieure, Macon s’est largement discrédité, il n’est plus soutenu que par 25 % environ de la population. En politique internationale c’est une véritable catastrophe. Là aussi son  » en même temps  » nous a conduit à une posture particulièrement ambiguë vis-à-vis de Poutine, de l’Ukraine, des autres pays de l’Est de l’Europe. En Afrique, la France a été littéralement chassée de plusieurs pays d’Afrique.

Du coup, Macon revient en politique intérieure avec des propositions particulièrement dangereuses car les promesses ne seront jamais tenues. De ce faite, le moment venu elles vont créer un mécontentement supplémentaire avec possiblement des conflits.

À l’incompétence, Macron ajoute l’irresponsabilité.

Le piège du Sud global (Jacques Attali)

Le piège du Sud global (Jacques Attali)

Dpuis quelques semaines, a commencé dans les pays du Sud, un extraordinaire ballet diplomatique, dont on entend peu parler en Occident : le ministre chinois des affaires étrangères se promène dans toute l’Afrique et les pays de l’ASEAN, tandis que son homologue indien revient du Mozambique, d’Egypte, du Kenya et du Ghana. Et cela va s’accélérer.

Tous ces mouvements tournent autour de la maîtrise de ce qu’on nomme maintenant, de plus en plus, le « Sud Global », c’est-à-dire l’ensemble des pays émergents, soit environ 140 pays. Ce n’est pas une idée récente ; elle date au moins de la création en 1964 du Mouvement des Non-Alignés, dit groupe des 77. Ces pays, pour la plupart anciennes colonies des pays du Nord, ont évidemment toujours eu, et ont encore, beaucoup de problèmes en commun : la pauvreté, l’inflation, la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation, le chômage, l’énergie, la dette. Et on comprend qu’ils craignent que ces sujets soient écartés des débats des grandes réunions internationales à venir, (en particulier du prochain G7 en mai au Japon et du prochain G20 en septembre en Inde), qui pourraient ne se concentrer que sur les enjeux qui préoccupent les pays du Nord, (comme la guerre en Ukraine) ; et que le Nord veuille faire payer au Sud les conséquences de ses propres turpitudes, en lui interdisant l’accès aux énergies fossiles dont le Nord a fait sa fortune, tout en détruisant l’avenir commun.

Ce ne sera pas si simple : les pays du Sud ont de plus en plus les moyens de maîtriser l’ordre du jour des réunions internationales. Le G20 sera présidé cette année par l’Inde, après l’avoir été par l’Indonésie, et avant de l’être par le Brésil puis par l’Afrique du Sud. Et l’Inde a même commencé son année par réunir un sommet de 125 pays du Sud, espérant préparer ainsi un accord en septembre sur une annulation massive de la dette du Sud. Pendant que la Chine, qui ne se considère plus comme un pays du Sud, rêve de prendre la direction de ce groupe, avec l’ambition de mettre à bas la domination des démocraties sur les institutions internationales et sur le système financier mondial. Elle en a les moyens financiers.

Les conséquences de cet affrontement ne se sont pas fait attendre : les réunions du G20 des ministres des finances et des Affaires étrangères, qui viennent de se tenir, n’ont pu parvenir à un communiqué commun, faute, en particulier, d’accord sur la guerre en Ukraine.

Qu’il y ait des communautés d’intérêts entre pays du Sud est évident. Qu’il faille accorder une bien plus grande place à ces pays au Conseil de Sécurité des Nations Unies et au FMI tombe sous le sens. Mais rien ne serait plus dangereux que de laisser se reconstituer l’ancien bloc.

Pour l’éviter, les pays du G7 viennent d’inventer une catégorisation bizarre, en distinguant « partenaires régionaux », « partenaires amicaux » et « partenaires consentis ». Les premiers seraient pour l’essentiel l’Inde et l’ASEAN ; les deuxièmes désigneraient l’Afrique et le Moyen Orient ; les troisièmes l’Amérique Latine.

De telles catégorisations ne sont pas des simples jeux de mots de diplomates hors sol ; elles révèlent des conceptions très dangereuses pour tous ceux qui sont attachés aux droits de l’homme et à la démocratie, car elles disent que les intérêts des pays sont indépendants de leur régime politique, qui ne serait qu’une variable de second ordre ; et que seules compteraient les données objectives, économiques, militaires et démographiques.

Bien des diplomates des pays du Nord, adeptes cyniques d’une realpolitik mal comprise, sont prêts à admettre une telle vision du monde. Parler de « Sud Global », c’est faire le jeu de tous les dictateurs.

Cesser d’attacher de l’importance aux droits de l’homme chez les autres, c’est se préparer à faire de même chez nous. C’est aussi ne pas voir que les dictatures sont non seulement les pires des régimes politiques pour leurs citoyens mais aussi les moins efficaces économiquement, les plus corrompus, et les plus bellicistes. Aucun des problèmes du monde, pas même ceux du climat, ne sera réglé par des dictatures.

Même si les démocraties indienne ou brésilienne laissent à désirer, comme tant d’autres, (y compris aux Etats-Unis et en Europe), la vraie ligne de fracture du monde est entre ceux qui attachent de l’importance aux droits de l’homme et les autres. Rien ne devrait plus nous occuper que de lutter contre tout recul de la démocratie dans les pays où elle est supposée exister. Et d’aider ceux qui luttent pour la faire surgir chez eux.

j@attali.com

Retraites et régimes spéciaux : le Sénat pris au piège de se contradictions

Retraites et régimes spéciaux : le Sénat pris au piège de ses contradictions

C’est toute la contradiction de la société française et de son système politique. Les élites proposent des transformations qu’ils refusent de s’appliquer à eux-mêmes. C’est ainsi le cas concernant la réforme des retraites. Le Sénat veut être en pointe sur ce sujet et veut absolument que la réforme du gouvernement soit appliquée. Par contre, il se refuse à supprimer la très avantageuse caisse de retraite des sénateurs. Une position qui discrédite évidemment les sénateurs à légiférer au nom des intérêts collectifs et un scandale démocratique de plus.

Le texte de l’exécutif prévoit bien la suppression de certains régimes spéciaux déficitaires comme celui de la RATP ou de la Banque de France. Mais pour le président du Sénat, Gérard Larcher, le régime du Sénat ne doit pas être logé à la même enseigne, celui-ci étant «autonome» et autofinancé. En fait autofinancé par les finances publiques qui rémunèrent les sénateurs !

Aujourd’hui, le régime de retraite des sénateurs est géré par le Sénat lui-même. Concrètement, d’après les comptes du Sénat, 38 millions d’euros ont été versés aux anciens sénateurs en 2021. Sur cette somme, 33% sont financés par les cotisations des sénateurs et du Sénat, et 67% par «des actifs financiers qui ont été constitués afin de consolider les équilibres à moyen et long terme du régime» (l’argent aussi du contribuable) , indique le site du Sénat. Ces actifs ne proviennent pas des impôts des Français mais de «l’excédent des cotisations constitué depuis la création du régime en 1905», explique au Figaro le service de presse de la chambre haute. ( comme si le salaire des sénateurs n’était pas aussi payé par l’Etat.

«Le montant élevé des cotisations salariales, le nombre peu important des pensionnés et leur utilisation sur une durée faible des services de pension» expliquent le montant important épargné, ajoute-t-on. Les sénateurs partent en effet à la retraite plus tard que la moyenne des Français, et ont donc moins recours à leur droit à la retraite que la moyenne des Français. Bien gérée, cette épargne a permis d’équilibrer le régime et d’éviter ainsi d’avoir recours à des subventions de l’État : «Il n’y a ni dotation d’équilibre, ni subvention d’équilibre, ni transfert financier venant de l’extérieur», souligne le Sénat. Parmi les 33% de cotisation, 21% sont des cotisations employeur, comme c’est le cas pour tout régime où l’État est employeur, et sont donc financés par l’État. Ce montant s’élève à 8 millions d’euros. Cependant cela ne relève pas d’une subvention pour équilibrer les comptes. Une vraie explication ésotérique !

Réforme des Retraites : le ministre du travail piégé par ses propres déclarations de 2010

Réforme des Retraites : le ministre du travail piégé par ses propres déclarations de 2010 !

Réforme des retraites : Dussopt piégé par un député PS qui a reposé la même question que lui en 2010

Le ministre du travail été piégé à l’Assemblée nationale par la lecture de ses propres déclarations incendiaires contre la réforme des retraites de 2010. À l’époque évidemment Olivier Dussopt se situait er du côté des radicaux du parti socialiste en particulier de Martine Aubry. C’est en 2017 sitôt son élection sur étiquette PS qu’il a changé complètement d’ écurie et de position.

le député socialiste Inaki Echaniz, député PS des Pyrénées-Atlantiques, a posé une question semble-t-il banale, mais en réalité piégeuse, au ministre du Travail. Depuis quelques jours, celui-ci doit porter et défendre la réforme des retraites au Parlement.

L’élu de la Nupes commence alors à interpeller le membre du gouvernement : «La concertation que vous avez promise apparaît pour ce qu’elle est, un simulacre destiné à faire croire que vous avez d’autres priorités que celles que vous souffle le Medef et un mépris pour les propositions faites par les autres partenaires sociaux, que vous recevez finalement sans les écouter ni les entendre.» Et d’ajouter en guise de conclusion : «Allez-vous réellement prendre en compte les propositions des différents partenaires sociaux ou allez-vous imposer une réforme déjà décidée par l’Élysée ?»

Une apostrophe qui n’évoque alors rien au ministre du Travail, répliquant au député socialiste comme si de rien n’était. Olivier Dussopt indique alors que le projet de loi des retraites «n’est pas le même qu’avant la concertation». «Est-ce que ces avancées ont permis de trouver un accord? La réponse est non. Ce n’est pas parce qu’il y a des convergences qu’il y a un accord global sur la réforme que nous proposons», pointe le ministre…qui ne s’attend pas à la réaction du parlementaire Nupes.

«Je vous remercie la main sur le cœur pour avoir répondu à la question que vous aviez vous-même posée le 4 mai 2010 à Éric Woerth, ministre en charge de la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy», rétorque alors Inaki Echaniz, sous les applaudissements et les sourires de ses collègues de gauche.

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Olivier Dussopt n’était alors qu’un député socialiste de l’Ardèche qui combattait le report de l’âge légal de départ de 60 à 62 ans, sans la notoriété qu’il a en 2023. Treize ans plus tard, il porte le rehaussement du seuil légal de 62 à 64 ans. Ayant rejoint le gouvernement d’Édouard Philippe et donc Emmanuel Macron en novembre 2017, le ministre est régulièrement sous le feu des critiques des députés socialistes qui l’accusent de trahison.

Retraites : le ministre du travail piégé par ses propres déclarations de 2010 !

Retraites : le ministre du travail piégé par ses propres déclarations de 2010 !

Réforme des retraites : Dussopt piégé par un député PS qui a reposé la même question que lui en 2010

Le ministre du travail été piégé à l’Assemblée nationale par la lecture de ses propres déclarations incendiaires contre la réforme des retraites de 2010. À l’époque évidemment Olivier Dussopt se situait er du côté des radicaux du parti socialiste en particulier de Martine Aubry. C’est en 2017 sitôt son élection sur étiquette PS qu’il a changé complètement d’ écurie et de position.

le député socialiste Inaki Echaniz, député PS des Pyrénées-Atlantiques, a posé une question semble-t-il banale, mais en réalité piégeuse, au ministre du Travail. Depuis quelques jours, celui-ci doit porter et défendre la réforme des retraites au Parlement.

L’élu de la Nupes commence alors à interpeller le membre du gouvernement : «La concertation que vous avez promise apparaît pour ce qu’elle est, un simulacre destiné à faire croire que vous avez d’autres priorités que celles que vous souffle le Medef et un mépris pour les propositions faites par les autres partenaires sociaux, que vous recevez finalement sans les écouter ni les entendre.» Et d’ajouter en guise de conclusion : «Allez-vous réellement prendre en compte les propositions des différents partenaires sociaux ou allez-vous imposer une réforme déjà décidée par l’Élysée ?»

Une apostrophe qui n’évoque alors rien au ministre du Travail, répliquant au député socialiste comme si de rien n’était. Olivier Dussopt indique alors que le projet de loi des retraites «n’est pas le même qu’avant la concertation». «Est-ce que ces avancées ont permis de trouver un accord? La réponse est non. Ce n’est pas parce qu’il y a des convergences qu’il y a un accord global sur la réforme que nous proposons», pointe le ministre…qui ne s’attend pas à la réaction du parlementaire Nupes.

«Je vous remercie la main sur le cœur pour avoir répondu à la question que vous aviez vous-même posée le 4 mai 2010 à Éric Woerth, ministre en charge de la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy», rétorque alors Inaki Echaniz, sous les applaudissements et les sourires de ses collègues de gauche.

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Olivier Dussopt n’était alors qu’un député socialiste de l’Ardèche qui combattait le report de l’âge légal de départ de 60 à 62 ans, sans la notoriété qu’il a en 2023. Treize ans plus tard, il porte le rehaussement du seuil légal de 62 à 64 ans. Ayant rejoint le gouvernement d’Édouard Philippe et donc Emmanuel Macron en novembre 2017, le ministre est régulièrement sous le feu des critiques des députés socialistes qui l’accusent de trahison.

Politique-Le temps , atout ou piège du gouvernement ?

Politique-Le temps , atout ou piège du gouvernement ?

Curieusement, la tonalité de certains édito diffère de manière notable pour savoir si le temps joue pour ou contre le gouvernement. Globalement la tendance éditoriale des médias vise à soutenir le gouvernement. Dans le journal de l’Opinion par exemple, un édito considère que le temps joue pour le gouvernement et que la mobilisation ne pourra pas faire infléchir d’un iota la mise en œuvre de la réforme des retraites.

C’est exactement le point de vue contraire qui est exprimé dans le journal la Tribune ( tendance plutôt de gauche) . Ci dessous un extrait de l’édito de Marc Endeweld


« Pour la première fois depuis longtemps, la manifestation parisienne s’est déroulée sans trop de heurts avec les forces de l’ordre, empêchant les députés Renaissance et les ministres, dès le soir même, de dénoncer en mode automatique, les violences. Cette fois-ci, il était impossible pour l’exécutif de jouer d’un tel dérivatif de communication. Face à des Français de plus en plus circonspects, il a dû se résoudre à « faire de la pédagogie » sur son projet sur les retraites. Pas sûr pour autant qu’il lui suffira d’envoyer à la télévision le peu charismatique Olivier Dussopt, ministre du travail, pour combler le manque d’explications.
Or, le temps presse. Car, de jour en jour, les rangs des opposants à ladite « réforme » se renforcent. Les sondages se suivent mais ne se ressemblent pas. Désormais, près de 68 % des Français s’opposent fortement à l’établissement de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. En quelques jours, c’est une augmentation fulgurante de près de huit points.
Contexte explosif

Mais la plus grande difficulté pour le gouvernement, c’est de constater que nombre de cortèges dans les petites villes ont fait le plein. Car ce projet sur les retraites tombe dans un contexte explosif : crise de l’énergie et des services publics, inflation, tensions sur les salaires et le marché de l’immobilier, sentiment galopant d’injustice… Entre les annonces records de dividendes pour les actionnaires des grands groupes, les super profits des groupes d’énergie, le souvenir du « quoi qu’il en coûte » du Covid-19, mais aussi les décisions des gouvernements européens d’aider l’Ukraine à coups de milliards, il sera bien difficile de convaincre les Français qu’il n’y a aucune alternative en dehors du recul de l’âge de départ à la retraite, pour trouver les milliards nécessaires afin de sauvegarder le régime par répartition. Dans ce contexte, le scénario de l’horreur pour le gouvernement serait une coalition des colères, une alliance des villes et des campagnes, une renaissance des gilets jaunes dans la foulée de ces manifestations monstres……..

Autre difficulté pour le gouvernement, et pas des moindres : ses marges de manœuvre de négociation sont en réalité faibles. Face aux huit syndicats qui sont vent debout contre le recul de l’âge du départ à la retraite, l’exécutif serait seulement prêt à reculer sur les 44 ans de cotisation des salariés ayant commencé à travailler entre 18 et 20 ans, ou sur les questions de pénibilités (deux conditions minimum exigées par la CFDT). On se demande d’ailleurs pourquoi ces deux points n’ont pas été discutés auparavant. Mais comme le front syndical demande comme préalable le retrait du report de l’âge de la retraite, les deux camps vont continuer à se faire face durant longtemps.

Et justement sur cette question de l’âge du départ à la retraite, le temps ne joue pas en la faveur du gouvernement. Car elle est en train de devenir un symbole. Déjà, sur les réseaux sociaux, les discours de François Mitterrand sur la retraite à 60 ans refleurissent. Et les comparaisons européennes ne pourront y faire face. Car les Français ont constaté, tant du point de vue énergétique, sanitaire ou militaire, qu’il n’existait pas de modèle allemand ou britannique. Dans tous ces pays, les décisions de ces dernières années dans tous ces domaines ont abouti à de véritables impasses. Et pour Emmanuel Macron, s’obstiner dans cette direction, c’est à coup sûr aboutir à l’explosion de l’Europe par la montée des nationalismes. »

Retraite: La réforme est devenue un piège pour Macron

Retraite: La réforme est devenue un piège pour Macron

 

Comme d’habitude chez Macron des grandes déclarations, de grands projets comme sur la r traite. Il avait promis une retraite universelle et tout cela va se finir peut-être par un léger recul de l’âge de la retraite….. déjà en cours du fait des réformes précédentes ( (le  départ en retraite est en effet de 63,5 ans en moyenne et la proposition de Macron pourrait se limiter un allongement de six mois). Le dossier est l’emblème des déceptions suscitées à gauche par le macronisme et le symbole des contradictions politiques dans lesquelles se trouve le président de la République, estime dans sa chronique Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».

 

Est-ce parce qu’Emmanuel Macron a tant de mal à envisager la sienne que le dossier des retraites est en traiLa réforme est devenue un piège pour Macron de virer au psychodrame ? Sur le papier, pourtant, rien ne paraît insurmontable : si l’on se réfère aux dernières prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR) , le système, excédentaire en 2021 et 2022, va renouer avec les déficits dès l’an prochain pour rester durablement déséquilibré. Le rapport évoque une fourchette de déficit comprise entre 7,5 milliards et 10 milliards d’euros en 2027. Le besoin de financement se situerait ensuite entre 12,5 milliards et 20 milliards à l’horizon 2032.

Il faut donc agir sans tarder en choisissant la solution la moins mauvaise dans un panel bien connu des gouvernements précédents puisque tous se sont heurtés à la même réalité démographique : la France vieillit et le rapport entre actifs et retraités se dégrade. Pour assurer la pérennité du régime par répartition, il faut soit baisser le niveau des pensions versées aux retraités, ce qui est socialement inacceptable, soit augmenter la charge financière sur les actifs, ce qui est particulièrement délicat en période d’inflation, soit allonger la durée de la vie active.

Ce qui ne devrait être qu’une discussion de bon sens, certes difficile, est en train de virer à l’épreuve de force politique parce que, lundi 12 septembre, devant l’Association de la presse présidentielle, Emmanuel Macron a évoqué l’hypothèse d’agir par une mesure d’âge dès la discussion, cet automne, du projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Aussitôt, son allié du MoDem François Bayrou s’est dressé contre l’absence de concertation tandis que Laurent Berger y a vu un casus belli. Sur France Inter, dimanche 18 septembre, le secrétaire général de la CFDT a prévenu qu’en cas d’action immédiate ses troupes seraient dans la rue et que son syndicat boycotterait le conseil national de la refondation qui a difficilement démarré le 8 septembre. Toute la tonalité du quinquennat se trouve désormais suspendue à la décision que doit prendre dans les prochains jours la première ministre, Elisabeth Borne.

Si un tel point de crispation a été atteint aussi rapidement, c’est que le dossier des retraites n’est pas que financier. D’un quinquennat à l’autre, il s’est transformé en boulet politique, à la fois emblème des déceptions suscitées à gauche par le macronisme et symbole des contradictions politiques dans lesquelles se trouve empêtré le président de la République.

La déception, à gauche, vient de l’échec du premier projet, celui de 2017, que Laurent Berger avait, au départ, soutenu parce que l’objectif n’était pas de rééquilibrer le système mais d’en corriger les plus criantes inégalités. La retraite par points faisait miroiter à chacun la possibilité de gérer sa vie active comme il l’entend.

Politique-L’OTAN dans le piège de l’Ukraine ?

Politique-L’OTAN dans le piège de l’Ukraine ?

Sylvie Kauffmann du Monde s’interroge sur la stratégie de l’OTAN dans la mesure où rien ne semble pouvoir arrêter les massacres de la Russie et où les sanctions prises contre Poutine se retournent en fait contre l’Occident.

 

 

Les dirigeants de l’OTAN se réunissent à Madrid dans un contexte géostratégique radicalement bouleversé. Le tournant actuel de la guerre, qui paraît favoriser la Russie, les contraint à des choix draconiens, analyse Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.

Toute honte bue, le ministère de la défense russe a revendiqué, mardi 28 juin, le bombardement meurtrier du centre commercial de Krementchouk en Ukraine, la veille, prétendant qu’il était désaffecté et que la cible était militaire.

Plus rien ne retient le régime du président Poutine dans sa volonté d’asservir ce pays : ni la décence humaine ni le souci de préserver ce qu’il reste des engagements de l’après-guerre froide pour la sécurité en Europe, comme le montre son annonce du déploiement en Biélorussie de missiles capables d’emporter des têtes nucléaires.

 

C’est dans ce contexte de durcissement extrême que sont réunis les dirigeants de l’OTAN à Madrid, du 28 au 30 juin. Quatre mois après le début de l’invasion de l’Ukraine, le point de non-retour semble désormais atteint dans les relations de l’Alliance atlantique avec la Russie. Et ce point de non-retour va structurer durablement leur horizon sécuritaire, dans un environnement géostratégique bouleversé.

La guerre elle-même est entrée dans une phase difficile pour l’Ukraine et pour ses soutiens occidentaux. Sur le terrain, la stratégie de destruction totale de l’artillerie russe finit par venir à bout de la résistance ukrainienne en plusieurs endroits du Donbass. Kiev est de nouveau frappée. La diplomatie est à l’arrêt, les Nations unies impotentes. L’outil des sanctions, manié à une échelle sans précédent par le camp occidental uni, ne produit pas à court terme les effets escomptés : ni le régime de Vladimir Poutine ni le soutien de la population russe ne paraissent ébranlés, le rouble résiste et, malgré le défaut de paiement de la Russie, le système économique est, pour l’instant, stabilisé.

 

Pis : alors que le blocage par la Russie des exportations de céréales ukrainiennes menace de provoquer une crise alimentaire dans les pays importateurs du Sud, Moscou a réussi à y implanter l’idée que la faute en incombait aux sanctions occidentales. Ainsi, si l’Ukraine et son président, Volodymyr Zelensky, ont très tôt remporté la bataille de l’opinion en Europe, leurs alliés semblent l’avoir perdue dans le reste du monde – raison pour laquelle cinq dirigeants du Sud ont été invités au sommet du G7, lundi.

Parallèlement, les pays européens, particulièrement ceux qui, comme l’Allemagne, étaient très dépendants du gaz russe, se trouvent contraints de modifier radicalement, dans l’urgence, leur politique d’approvisionnement énergétique, au détriment de leurs engagements dans la lutte contre le changement climatique. Conséquence politique non négligeable, les hausses des prix qui en résultent risquent de fragiliser le soutien des opinions publiques à l’effort de guerre en Ukraine.

L’OTAN dans le piège de l’Ukraine ?

L’OTAN dans le piège de l’Ukraine ?

Sylvie Kauffmann du Monde s’interroge sur la stratégie de l’OTAN dans la mesure où rien ne semble pouvoir arrêter les massacres de la Russie et où les sanctions prises contre Poutine se retournent en fait contre l’Occident.

 

 

Les dirigeants de l’OTAN se réunissent à Madrid dans un contexte géostratégique radicalement bouleversé. Le tournant actuel de la guerre, qui paraît favoriser la Russie, les contraint à des choix draconiens, analyse Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.

Toute honte bue, le ministère de la défense russe a revendiqué, mardi 28 juin, le bombardement meurtrier du centre commercial de Krementchouk en Ukraine, la veille, prétendant qu’il était désaffecté et que la cible était militaire.

Plus rien ne retient le régime du président Poutine dans sa volonté d’asservir ce pays : ni la décence humaine ni le souci de préserver ce qu’il reste des engagements de l’après-guerre froide pour la sécurité en Europe, comme le montre son annonce du déploiement en Biélorussie de missiles capables d’emporter des têtes nucléaires.

 

C’est dans ce contexte de durcissement extrême que sont réunis les dirigeants de l’OTAN à Madrid, du 28 au 30 juin. Quatre mois après le début de l’invasion de l’Ukraine, le point de non-retour semble désormais atteint dans les relations de l’Alliance atlantique avec la Russie. Et ce point de non-retour va structurer durablement leur horizon sécuritaire, dans un environnement géostratégique bouleversé.

La guerre elle-même est entrée dans une phase difficile pour l’Ukraine et pour ses soutiens occidentaux. Sur le terrain, la stratégie de destruction totale de l’artillerie russe finit par venir à bout de la résistance ukrainienne en plusieurs endroits du Donbass. Kiev est de nouveau frappée. La diplomatie est à l’arrêt, les Nations unies impotentes. L’outil des sanctions, manié à une échelle sans précédent par le camp occidental uni, ne produit pas à court terme les effets escomptés : ni le régime de Vladimir Poutine ni le soutien de la population russe ne paraissent ébranlés, le rouble résiste et, malgré le défaut de paiement de la Russie, le système économique est, pour l’instant, stabilisé.

 

Pis : alors que le blocage par la Russie des exportations de céréales ukrainiennes menace de provoquer une crise alimentaire dans les pays importateurs du Sud, Moscou a réussi à y implanter l’idée que la faute en incombait aux sanctions occidentales. Ainsi, si l’Ukraine et son président, Volodymyr Zelensky, ont très tôt remporté la bataille de l’opinion en Europe, leurs alliés semblent l’avoir perdue dans le reste du monde – raison pour laquelle cinq dirigeants du Sud ont été invités au sommet du G7, lundi.

Parallèlement, les pays européens, particulièrement ceux qui, comme l’Allemagne, étaient très dépendants du gaz russe, se trouvent contraints de modifier radicalement, dans l’urgence, leur politique d’approvisionnement énergétique, au détriment de leurs engagements dans la lutte contre le changement climatique. Conséquence politique non négligeable, les hausses des prix qui en résultent risquent de fragiliser le soutien des opinions publiques à l’effort de guerre en Ukraine.

Le piège du communautarisme

Le piège du communautarisme 

 

 

. Le Conseil d’Etat s’est réuni pour décider de l’autorisation ou de l’interdiction définitive du burkini dans les piscines. On attend désormais sa décision qui a été mise en délibéré. Par Thierry Aimar, universitaire, auteur de « La société de la régression : le communautarisme à l’assaut de l’individu » (Editions de l’Aube, 2002). ( dans la Tribune)

 

Mandaté par le ministère de l’Intérieur et le Préfet, le Tribunal administratif de Grenoble s’est opposé le 25 mai dernier à une décision du maire de Grenoble d’autoriser le burkini dans les piscines de la ville. Dans la mesure où celui-ci déroge à l’obligation de porter des tenues près du corps, le Tribunal en avait déduit que cette décision était motivée par des motifs religieux portant gravement « atteinte au principe de neutralité du service public ».

Trois arguments

Dans une tribune publiée dans le Figaro (27 mai), neuf membres du Cercle Droit et Débat Public s’étaient félicités d’une telle suspension en appelant le Conseil d’Etat, saisi par la mairie de Grenoble, à la confirmer de son autorité. Leurs trois arguments étaient les suivants: 1) les personnes fréquentant des piscines municipales utilisent un service public dont l’usage est soumis à des règles d’hygiène et de sécurité que le burkini ne satisfait pas ; 2) cette tenue participe d’un projet planétaire d’asservissement des femmes et d’appropriation patriarcale qui serait encouragé par sa légalisation ; 3) enfin, autoriser son usage serait une menace pour l’ordre public, dont la dignité de la personne humaine est une composante essentielle.

Le premier argument, correspondant à celui relevé par le Tribunal administratif, nous apparaît très défendable. De la même manière que le port de maillot de bains élargi reste interdit dans les piscines, il serait envisageable, sans risque d’incohérence, de considérer que le burkini est un danger potentiel pour la santé et la sécurité des autres baigneurs. Aux experts simplement de s’accorder sur ce point technique ; en opposition, les deux autres arguments nous semblent beaucoup moins recevables. Non pas tant dans l’absolu que relativement aux autres pratiques déjà autorisées. Les usagers des espaces collectifs et des services publics (rues, transports, ou encore universités) sont libres d’afficher des signes d’appartenance religieuse : kippa juive, croix catholique, turban hindou, hijab et voile islamiques.

Dans cette perspective, on ne peut guère affirmer sans arbitraire que le burkini participe d’un projet d’asservissement de la femme, tout en considérant que le hijab déjà autorisé ne l’est pas. Pour quelle raison le port d’un burkini dans une piscine serait-il un signe plus intégriste qu’une femme voilée de la tête aux pieds dans un TGV ? Quant à l’argument de « menace pour l’ordre public », pour quelle raison celui-ci serait-il plus troublé par une telle autorisation que celle déjà accordée à d’autres tenues islamistes? En quoi la dignité de la femme en serait-elle plus affectée ?

Pour un libéral tel que Hayek, l’adoption légale d’une nouvelle règle sociale doit être soumise au test négatif de comptabilité avec les autres normes existantes. En autorisant de nouvelles pratiques, le juge prévient ou met un terme à des conflits qui proviendraient d’un sentiment d’irrespect des principes généraux conditionnant la cohabitation pacifique d’individus subjectifs à objectifs différenciés. A savoir la cohérence, l’équivalence et la prévisibilité (qui n’est que la conséquence du respect des deux premiers principes) des comportements légalement validés. Quelle que soit sa décision, le Conseil d’Etat devra respecter ces trois critères régissant le droit selon Hayek. Ainsi, soit le burkini est un risque sanitaire. Nuisant objectivement aux possibilités d’actions des autres, sa prohibition est parfaitement justifiable ; soit il n’est pas un risque sanitaire. Ne lésant autrui d’aucune manière objective, il n’y a donc pas lieu de légiférer à ce sujet. Le but des règles de droit est simplement d’éviter, en traçant des frontières, que les actions des divers individus ne se contrarient. Des pratiques vestimentaires différentes qui ne s’excluent pas mutuellement devraient alors être tolérées dans les piscines comme elles le sont dans les rues et les espaces collectifs. Si le Conseil d’Etat devait fonder sa décision sur d’autres critères, il est à craindre que son verdict soit perçu comme l’expression d’un arbitraire bien mal venu, une forme de communautarisme dominant qui donnerait le privilège des piscines aux adhérents d’une certaine norme en interdisant leur accès aux autres, produisant ainsi une discrimination larvée. Il pourrait en découler des perturbations de l’ordre public causées par un sentiment d’incohérence manifeste.

Des opposants ont souligné que cette proposition du burkini dans les piscines de Grenoble était l’initiative d’une association qui militerait de façon complotiste en faveur du fondamentalisme musulman. Mais si sa vocation est anti-républicaine ou prosélytiste, pourquoi l’association elle-même n’est-elle pas interdite ? Au-delà, il est nécessaire de distinguer les motivations d’une action politique de la légitimité des pratiques qui en sont issues. De la même manière que l’Histoire a démontré que des motivations pures et désintéressées pouvaient donner lieu en pratique à des horreurs totalitaires, il est concevable que des objectifs d’ordre intéressé puissent se traduire par de nouvelles règles conformes à l’ordre général des activités. Dans Droit, législation et liberté (1973), Hayek souligne que « dans sa tâche, il (le juge) ne doit prêter aucune attention aux intérêts et besoins de personnes ou de groupes particuliers, ni à la raison d’Etat ou à la volonté du gouvernement, ni à aucun des résultats particuliers que l’on peut espérer obtenir d’un ordre d’activité. Il doit s’en tenir à sa décision seulement s’il peut la défendre rationnellement contre toutes les objections qu’on peut lui opposer. Ce qui doit guider sa décision n’est pas la connaissance de ce dont la société entière a besoin au moment donné, mais seulement ce que requièrent les principes généraux sur lesquels repose le fonctionnement de l’ordre de la société » (p. 105).

On pourrait considérer que cette polémique sur le port du burkini n’est qu’une conséquence de l’erreur d’avoir laissé les signes religieux s’exprimer dans d’autres espaces publics que les piscines. Elle ferait alors apparaître à un méta-niveau des contradictions dans le corps des règles déjà ratifiées dont la vocation ultime est de permettre la cohabitation pacifique des activités individuelles. Certains considèrent que l’essence même du principe de laïcité est d’empêcher des conflits provenant de la manifestation dans l’espace collectif de croyances différentes et nécessairement contradictoires qu’aucun débat rationnel ou procédure démocratique ne saurait neutraliser. Pourquoi pas ? Hayek souligne lui-même que la jurisprudence peut commettre des erreurs et induire les gens à former des anticipations en conflit. Il conviendrait alors de rectifier les frontières de ce qui est permis ou non par une législation plus adaptée. Mais pour cela, il est vital que les évolutions réglementaires demeurent guidées par les principes d’équivalence et de cohérence qui sont les seuls moyens pour Hayek d’assurer la légitimité du droit. Chacun pourrait alors s’accorder sur sa rationalité et construire sur sa base des plans fiables et solides. Dans cette perspective, une éventuelle interdiction du burkini dans les piscines devrait logiquement s’accompagner de celle de tout signe d’appartenance religieuse (quelle que soit la religion, sans discrimination aucune) dans l’espace public ou collectif. Si le Conseil d’Etat devait considérer que seuls certains symboles relevant uniquement de la religion islamiste devraient être interdits car relevant d’une conception fondamentaliste ou intégriste, on rentrerait dans une dimension interprétative qui relèverait de l’arbitraire. Sa décision ne pourrait alors que produire ces conflits si redoutés par les neufs membres du Cercle Droit et Débat Public.

Bicoin et Cryptomonnaies : le piège des pauvres

Bicoin et Cryptomonnaies : le piège des  pauvres

Elles n’ont rien de monnaies, même si l’engouement et l’appât du gain universels les affublent du qualificatif flatteur de «cryptomonnaies», dans une tentative vouée d’avance à l’échec de les crédibiliser et d’attirer le chaland. Par Michel Santi, économiste (*) (la Tribune)

 

 

Il faut en effet avoir et le cœur et l’estomac bien accrochés pour prétendre traiter et échanger de telles monnaies à la volatilité inouïe. Elles ne sont, en réalité, qu’un instrument – un énième – de pure spéculation offrant une valeur intrinsèque nulle !

 

Achetez un bien immobilier et vous l’aurez toujours si le marché venait à se dégrader. Achetez une action en bourse et vous serez toujours propriétaire d’une partie de l’entreprise si le marché venait à s’effondrer. Achetez des bitcoins et vous n’aurez plus qu’à jeter votre ordinateur à la poubelle si sa valeur venait à se liquéfier (comme c’est le cas actuellement) car ce machin ne représente qu’un bout de code dont vous ne pouvez strictement rien faire et que quelqu’un d’autre au bout de la pyramide a eu la bonne idée de vous vendre.

Cette hystérie généralisée raconte en fait banalement une histoire maintes fois vécue. Elle reflète une contagion collective ayant gonflé par le passé la valorisation d’actifs bien plus tangibles qu’une cryptomonnaie – aussi éphémère qu’un amour d’été – mais tout aussi banale que le jeu des chaises musicales où les places sont limitées et dont seuls s’en sortent ceux qui vendent les premiers.

Ce marché – qui vaut aujourd’hui quelques trillions de dollars et d’euros de moins pour s’être déjà largement dévalorisé ces derniers mois – ne vaut que grâce à d’autres joueurs qui sont d’accords de pousser plus haut et plus loin le « schmilblick ».

 

Plus grave – bien plus inquiétant et plus triste aussi : la crypto a prospéré sur un terreau de spéculateurs et d’investisseurs jeunes et précaires qui n’avaient pas les moyens de placer en bourse ni dans l’immobilier, trop chers pour eux. Soyons réalistes et honnêtes : dans un environnement où les nouvelles générations sont nettement moins bien loties que leurs aînés, dans un contexte où il semble si facile de gagner en spéculant par la grâce de la dérégulation et de la libéralisation totales des flux de capitaux, la crypto a vendu du rêve à la jeunesse, qui y a trouvé une manière idéale de se démarquer des anciens. Dans un monde où les inégalités sont aberrantes, où l’immense majorité des jeunes du monde entier sont désormais les nouveaux pauvres, la seule et unique arme à disposition de cette caste d’intouchables leur permettant de se distinguer fut la crypto qui a pu un temps les convaincre qu’ils se mettraient sur les pas des riches et des puissants, en usant accessoirement d’un instrument avant-gardiste.

Hélas pour ces jeunes et pour ces démunis pour lesquels la crypto fut littéralement une idéologie tant ils ne jurèrent plus que par elle, les riches investisseurs s’enrichirent davantage car c’est eux seuls qui étaient aux manettes de ces plateformes et de ce simulacre de marché. Aujourd’hui, des milliers d’investisseurs crédules – jeunes et moins jeunes mais pauvres – subissent frontalement et jusque dans leurs ultimes deniers ce dernier avatar en date d’un capitalisme sauvage qui ne sait ni ne peut prospérer que sur les cadavres des plus fragiles. C’est encore et toujours ceux qui peuvent le moins se permettre de perdre qui sont lésés et ratiboisés.

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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d’Art Trading & Finance.
Il vient de publier « Fauteuil 37 » préfacé par Edgar Morin. Il est également l’auteur d’un nouvel ouvrage : « Le testament d’un économiste désabusé ».
Sa page Facebook et son fil Twitter.

Cryptomonnaies : le piège des pauvres

Cryptomonnaies : le piège des  pauvres

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Hélas pour ces jeunes et pour ces démunis pour lesquels la crypto fut littéralement une idéologie tant ils ne jurèrent plus que par elle, les riches investisseurs s’enrichirent davantage car c’est eux seuls qui étaient aux manettes de ces plateformes et de ce simulacre de marché. Aujourd’hui, des milliers d’investisseurs crédules – jeunes et moins jeunes mais pauvres – subissent frontalement et jusque dans leurs ultimes deniers ce dernier avatar en date d’un capitalisme sauvage qui ne sait ni ne peut prospérer que sur les cadavres des plus fragiles. C’est encore et toujours ceux qui peuvent le moins se permettre de perdre qui sont lésés et ratiboisés.

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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d’Art Trading & Finance.
Il vient de publier « Fauteuil 37 » préfacé par Edgar Morin. Il est également l’auteur d’un nouvel ouvrage : « Le testament d’un économiste désabusé ».
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EDF : Le premier dossier piège d’Élisabeth Borne

EDF : Le premier dossier piège d’Élisabeth Borne

De façon unanime la grande presse a accordé des vertus de compétence sur tous les sujets à Élisabeth Borne qui pourtant ne peut faire la preuve que d’un bilan très insignifiant depuis qu’elle navigue dans les cabinets ministérielsde droite et de gauche. On va mesurer rapidement les limites de sa technicité avec le dossier EDF qui renaît sous la pression des salariés du groupe. La plupart des journalistes ne connaissent pas grand-chose. Pour eux, ingénieur des ponts et chaussées, le cas d’Élisabeth Borne, c’est la même chose qu’un ingénieur des mines. .  Pour traiter un dossier aussi complexe il faut un ingénieur des mines que n’est pas Élisabeth borne. Et qui n’est pas non plus une grande stratège politique et sociale.

Les instances représentatives du personnel se préparent donc à un « match retour » pour défendre l’intégrité du groupe EDF et appellent au dialogue. Ils espèrent que les questions de souveraineté énergétique, devenues brûlantes depuis le début de la guerre en Ukraine, joueront en leur faveur. « Nous souhaitons qu’à partir d’aujourd’hui, la parole de celles et ceux qui ont des idées sur la conception du service public de l’énergie de demain puisse être entendue », expose le secrétaire général du CSEC d’EDF.

« Si nous avons un message à faire passer à Elisabeth Borne, c’est que l’avenir du service public de l’électricité ne doit pas se discuter dans les cursives, sous l’influence des banques d’affaires », Estiment les représentants des salariés

Les deux représentants des CSEC plaident, eux, pour « une renationalisation complète d’EDF » et pour « la sortie du dogme de la concurrence et donc l’émancipation de la France du marché européen de l’énergie ».

« Cela demande un courage politique très fort. Est-ce que Madame Borne l’aura ? » interroge Frédéric Fransois, secrétaire général CFE-CGC du CSEC d’Enedis.

Les instances représentatives du personnel remettent en cause l’ouverture du marché de l’électricité à la concurrence au début des années 2000, en application de la directive européenne de 1996, qui supprime ainsi les tarifs fixés par les pouvoirs publics. Depuis, les prix sont définis par le jeu de l’offre et de la demande sur les bourses nationales de l’électricité, interconnectées entre elles, et via des contrats de long terme entre producteurs et consommateurs.

 

Sur ces bourses, la formation du prix repose sur le principe de la vente au coût marginal. C’est-à-dire que les prix au mégawattheure (MWh) dépendent du coût nécessaire à la mise en route de la toute dernière centrale appelée afin de répondre à la demande dans chaque Etat membre, notamment aux heures de pointe. Or c’est généralement une centrale au gaz ou au charbon, qui est appelée en dernier recours en Allemagne, par exemple. Résultat : quel que soit leur mix national, ou presque, tous les pays membres de l’UE subissent peu ou prou la même hausse de prix, liée à la flambée des prix des hydrocarbures.

Les organisateurs du Conseil national de l’énergie exigent également « l’abrogation totale et définitive de l’Arenh », ce mécanisme qui oblige EDF à vendre un certain volume d’électricité nucléaire à prix cassés à ses concurrents. « L’Arenh a été mise en place il y a dix ans pour organiser la concurrence et permettre [aux fournisseurs alternatifs, ndlr] de pouvoir investir dans des moyens de production. La concurrence n’a pas investi dans l’appareil productif. L’Arenh ne repose plus sur aucun argumentaire législatif », estime Philippe Page Le Mérour.

 

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