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Santé- L’activité physique: alliée pour la santé du cerveau

Santé-L’activité physique: alliée  pour la santé  du cerveau

En plus d’être bénéfique pour notre corps, l’activité physique joue aussi un rôle crucial, souvent insoupçonné, dans le développement et la modification de notre cerveau. À travers la naissance de nouveaux neurones (la neurogenèse) et la création de connexions entre les neurones (la synaptogenèse) et de vaisseaux sanguins qui améliorent l’irrigation du cerveau (angiogénèse), l’activité physique sculpte le cerveau au même titre que le muscle et participe à améliorer nos capacités cognitives.

 

par 

Enseignant-Chercheur en Neuropsychologie, Institut catholique de Lille (ICL) dans The Conversation 

À travers ces modifications structurales (c’est-à-dire la neurogénèse, la synaptogenèse et l’angiogenèse…), les impacts de l’activité physique sont multiples.

Sur le plan cognitif, de nombreux travaux ont mis en lumière une amélioration significative de la mémoire, de l’attention, de la vitesse de traitement de l’information et même de la créativité chez les individus physiquement actifs. Ces changements fonctionnels sont le résultat direct des modifications structurelles et physiologiques induites par l’activité physique.

Des effets bénéfiques ont également été observés sur la prévention du déclin cognitif lié à l’âge. Une méta-analyse – un travail de recherche qui mène une analyse statistique en combinant les données de différentes études* – comprenant 15 études longitudinales et totalisant 33 816 participants âgés de plus de 55 ans (sans antécédents de démence) a été conduite pour évaluer l’influence de l’activité physique sur le déclin cognitif.

Les résultats montrent que les individus pratiquant une activité physique régulière et soutenue diminuaient de 38 % le risques de développer des troubles cognitifs comparés aux individus sédentaires.

Sur le plan émotionnel, l’activité physique influence également notre santé mentale, en réduisant les symptômes de la dépression et de l’anxiété, grâce à la régulation de certains neurotransmetteurs (tels que la sérotonine et la dopamine).

Des résultats récents ont par ailleurs mis en évidence que les bénéfices de l’activité physique sur le plan émotionnel étaient particulièrement importants chez des individus ayant un faible niveau d’activité physique antérieur.

De plus, étant donné que la dépression et l’anxiété nuisent à des aspects importants de notre cognition (comme l’attention, la concentration, la mémoire, la vitesse de traitement de l’information ou encore la prise de décision), l’activité physique peut jouer un rôle protecteur pour les individus touchés par ces troubles.

Les experts et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommandent au moins 150 minutes d’activité aérobie d’intensité modérée par semaine (ou 75 minutes d’activité plus intensive) combinée à des exercices de musculation deux fois par semaine. Par jour, entre 5000 et 7000 pas sont recommandés chez l’adulte.

Au-delà des exercices physiques et sportifs (correspondant à toutes activités aérobiques, qui nécessitent un apport important en oxygène comme la course à pied ou la natation, ou musculaires planifiées, structurées et répétitives, avec ou sans compétitions), l’activité physique comprend également les activités de la vie quotidienne (marcher, monter les escaliers, tondre la pelouse, jardiner, faire le ménage…).

Courir, nager, danser – mais aussi tondre la pelouse, promener son chien, ou prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur – sont autant d’activités accessibles qui peuvent contribuer à la santé de notre cerveau.

Explorons comment l’activité physique régulière ne se contente pas de remodeler notre silhouette, mais façonne également l’architecture même de notre cerveau.

– La naissance de nouveaux neurones

La naissance de nouveaux neurones ou neurogenèse a été pendant longtemps considérée comme un processus se limitant à la période de développement embryonnaire. Toutefois, des études ont montré que l’exercice physique stimule la neurogenèse chez l’adulte, et ce particulièrement dans l’hippocampe, une structure clé dans les processus de mémorisation et d’apprentissage.

Parallèlement, les activités nécessitant un apport important en oxygène, comme la course à pied ou la natation (aussi appelées exercices aérobie) favorisent la libération de ce que l’on appelle des facteurs de croissance (tels que le BDNF pour l’anglais Brain-Derived Neurotrophic Factor ou facteur neurotrophique dérivé du cerveau), des protéines essentielles à la survie et à la croissance des neurones existants ainsi qu’au développement de nouvelles cellules cérébrales.

– Une augmentation du volume cérébral à tous les âges

D’autres recherches ont montré que l’activité physique régulière modifie aussi la structure de notre cerveau : elle augmente le volume de certaines structures cérébrales, notamment de l’hippocampe et des régions préfrontales. L’hippocampe (situé dans le lobe temporal) est une structure essentielle pour la mémoire et l’apprentissage tandis que le cortex préfrontal est impliqué dans des fonctions dites exécutives (de haut niveau) telles que le raisonnement, la planification, l’inhibition, la prise de décision, la résolution de problème…

Ces changements ont été observés quel que soit l’âge des sujets, tant à l’âge adulte, dans l’enfance, l’adolescence et même chez les personnes âgées. Chez ces derniers, la pratique régulière d’une activité physique pourrait constituer un facteur neuroprotecteur du risque de développer des pathologies neurodégénératives. La réalisation d’activités physiques régulières contribue donc à la santé et au développement du cerveau, tant chez le jeune que l’adulte vieillissant.

Des travaux chez l’animal suggèrent que ces changements structurels pourraient s’accompagner d’une amélioration de la connectivité entre les différentes zones du cerveau (en créant de nouvelles synapses, ces régions où ont lieu les interactions entre cellules nerveuses), ce qui rendrait la communication plus efficace entre neurones plus efficaces.

– Une meilleure oxygénation et irrigation

L’activité physique améliore enfin l’irrigation du cerveau. En augmentant le débit sanguin, l’activité physique (en particulier aérobie) stimule la création de nouveaux vaisseaux sanguins. Ce processus, nommé angiogenèse, améliore l’efficacité de l’apport d’oxygène et de nutriments aux neurones.

En stimulant la création de nouveaux neurones et la formation de connexions synaptiques, l’activité physique agit comme un puissant moteur de la plasticité cérébrale. On nomme « plasticité cérébrale » la capacité du cerveau à se remodeler en réponse aux stimulations de l’environnement, en modifiant la force des connexions entre les neurones ou en formant de nouvelles voies neuronales.

Cette adaptabilité du cerveau est cruciale pour l’apprentissage, la mémoire, mais aussi la réorganisation après une lésion cérébrale. Cette capacité est essentielle tout au long de la vie, permettant des améliorations cognitives et une résilience accrue face au vieillissement et aux maladies neurodégénératives.

Dans le contexte de pathologies neurologiques telles que la sclérose en plaques, l’activité physique adaptée se révèle être un outil précieux, non seulement pour la réhabilitation motrice, mais aussi pour la réhabilitation cognitive.

Désormais, les mécanismes à l’œuvre au niveau cérébral quand on pratique une activité physique sont bien connus. Pour bénéficier pleinement de ces effets, il n’est pas nécessaire de devenir un athlète de haut niveau : une routine d’activité physique modérée mais régulière est suffisante.


Cet article a été co-écrit par Béatrice Degraeve (Université Catholique de Lille, Lille, France), Bruno Lenne (Université Catholique de Lille, FranceETHICS (EA7446) Groupement des hôpitaux de l’institut catholique de Lille GHICL, neurology department, Lille, France), Caroline Massot (Groupement des hôpitaux de l’institut catholique de Lille GHICL, rehabilitation department, France Université Catholique de Lille, Lille, France UPHF, LAMIH, Valenciennes, CNRS, UMR 8201, Valenciennes, France), Laurent Zikos (Université Catholique de Lille, Lille, France).

L’activité physique: alliée pour la santé du cerveau

L’activité physique: alliée  pour la santé  du cerveau

 

En plus d’être bénéfique pour notre corps, l’activité physique joue aussi un rôle crucial, souvent insoupçonné, dans le développement et la modification de notre cerveau. À travers la naissance de nouveaux neurones (la neurogenèse) et la création de connexions entre les neurones (la synaptogenèse) et de vaisseaux sanguins qui améliorent l’irrigation du cerveau (angiogénèse), l’activité physique sculpte le cerveau au même titre que le muscle et participe à améliorer nos capacités cognitives.

 

par 

Enseignant-Chercheur en Neuropsychologie, Institut catholique de Lille (ICL) dans The Conversation 

À travers ces modifications structurales (c’est-à-dire la neurogénèse, la synaptogenèse et l’angiogenèse…), les impacts de l’activité physique sont multiples.

Sur le plan cognitif, de nombreux travaux ont mis en lumière une amélioration significative de la mémoire, de l’attention, de la vitesse de traitement de l’information et même de la créativité chez les individus physiquement actifs. Ces changements fonctionnels sont le résultat direct des modifications structurelles et physiologiques induites par l’activité physique.

Des effets bénéfiques ont également été observés sur la prévention du déclin cognitif lié à l’âge. Une méta-analyse – un travail de recherche qui mène une analyse statistique en combinant les données de différentes études* – comprenant 15 études longitudinales et totalisant 33 816 participants âgés de plus de 55 ans (sans antécédents de démence) a été conduite pour évaluer l’influence de l’activité physique sur le déclin cognitif.

Les résultats montrent que les individus pratiquant une activité physique régulière et soutenue diminuaient de 38 % le risques de développer des troubles cognitifs comparés aux individus sédentaires.

Sur le plan émotionnel, l’activité physique influence également notre santé mentale, en réduisant les symptômes de la dépression et de l’anxiété, grâce à la régulation de certains neurotransmetteurs (tels que la sérotonine et la dopamine).

Des résultats récents ont par ailleurs mis en évidence que les bénéfices de l’activité physique sur le plan émotionnel étaient particulièrement importants chez des individus ayant un faible niveau d’activité physique antérieur.

De plus, étant donné que la dépression et l’anxiété nuisent à des aspects importants de notre cognition (comme l’attention, la concentration, la mémoire, la vitesse de traitement de l’information ou encore la prise de décision), l’activité physique peut jouer un rôle protecteur pour les individus touchés par ces troubles.

Les experts et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommandent au moins 150 minutes d’activité aérobie d’intensité modérée par semaine (ou 75 minutes d’activité plus intensive) combinée à des exercices de musculation deux fois par semaine. Par jour, entre 5000 et 7000 pas sont recommandés chez l’adulte.

Au-delà des exercices physiques et sportifs (correspondant à toutes activités aérobiques, qui nécessitent un apport important en oxygène comme la course à pied ou la natation, ou musculaires planifiées, structurées et répétitives, avec ou sans compétitions), l’activité physique comprend également les activités de la vie quotidienne (marcher, monter les escaliers, tondre la pelouse, jardiner, faire le ménage…).

Courir, nager, danser – mais aussi tondre la pelouse, promener son chien, ou prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur – sont autant d’activités accessibles qui peuvent contribuer à la santé de notre cerveau.

Explorons comment l’activité physique régulière ne se contente pas de remodeler notre silhouette, mais façonne également l’architecture même de notre cerveau.

– La naissance de nouveaux neurones

La naissance de nouveaux neurones ou neurogenèse a été pendant longtemps considérée comme un processus se limitant à la période de développement embryonnaire. Toutefois, des études ont montré que l’exercice physique stimule la neurogenèse chez l’adulte, et ce particulièrement dans l’hippocampe, une structure clé dans les processus de mémorisation et d’apprentissage.

Parallèlement, les activités nécessitant un apport important en oxygène, comme la course à pied ou la natation (aussi appelées exercices aérobie) favorisent la libération de ce que l’on appelle des facteurs de croissance (tels que le BDNF pour l’anglais Brain-Derived Neurotrophic Factor ou facteur neurotrophique dérivé du cerveau), des protéines essentielles à la survie et à la croissance des neurones existants ainsi qu’au développement de nouvelles cellules cérébrales.

– Une augmentation du volume cérébral à tous les âges

D’autres recherches ont montré que l’activité physique régulière modifie aussi la structure de notre cerveau : elle augmente le volume de certaines structures cérébrales, notamment de l’hippocampe et des régions préfrontales. L’hippocampe (situé dans le lobe temporal) est une structure essentielle pour la mémoire et l’apprentissage tandis que le cortex préfrontal est impliqué dans des fonctions dites exécutives (de haut niveau) telles que le raisonnement, la planification, l’inhibition, la prise de décision, la résolution de problème…

Ces changements ont été observés quel que soit l’âge des sujets, tant à l’âge adulte, dans l’enfance, l’adolescence et même chez les personnes âgées. Chez ces derniers, la pratique régulière d’une activité physique pourrait constituer un facteur neuroprotecteur du risque de développer des pathologies neurodégénératives. La réalisation d’activités physiques régulières contribue donc à la santé et au développement du cerveau, tant chez le jeune que l’adulte vieillissant.

Des travaux chez l’animal suggèrent que ces changements structurels pourraient s’accompagner d’une amélioration de la connectivité entre les différentes zones du cerveau (en créant de nouvelles synapses, ces régions où ont lieu les interactions entre cellules nerveuses), ce qui rendrait la communication plus efficace entre neurones plus efficaces.

– Une meilleure oxygénation et irrigation

L’activité physique améliore enfin l’irrigation du cerveau. En augmentant le débit sanguin, l’activité physique (en particulier aérobie) stimule la création de nouveaux vaisseaux sanguins. Ce processus, nommé angiogenèse, améliore l’efficacité de l’apport d’oxygène et de nutriments aux neurones.

En stimulant la création de nouveaux neurones et la formation de connexions synaptiques, l’activité physique agit comme un puissant moteur de la plasticité cérébrale. On nomme « plasticité cérébrale » la capacité du cerveau à se remodeler en réponse aux stimulations de l’environnement, en modifiant la force des connexions entre les neurones ou en formant de nouvelles voies neuronales.

Cette adaptabilité du cerveau est cruciale pour l’apprentissage, la mémoire, mais aussi la réorganisation après une lésion cérébrale. Cette capacité est essentielle tout au long de la vie, permettant des améliorations cognitives et une résilience accrue face au vieillissement et aux maladies neurodégénératives.

Dans le contexte de pathologies neurologiques telles que la sclérose en plaques, l’activité physique adaptée se révèle être un outil précieux, non seulement pour la réhabilitation motrice, mais aussi pour la réhabilitation cognitive.

Désormais, les mécanismes à l’œuvre au niveau cérébral quand on pratique une activité physique sont bien connus. Pour bénéficier pleinement de ces effets, il n’est pas nécessaire de devenir un athlète de haut niveau : une routine d’activité physique modérée mais régulière est suffisante.


Cet article a été co-écrit par Béatrice Degraeve (Université Catholique de Lille, Lille, France), Bruno Lenne (Université Catholique de Lille, FranceETHICS (EA7446) Groupement des hôpitaux de l’institut catholique de Lille GHICL, neurology department, Lille, France), Caroline Massot (Groupement des hôpitaux de l’institut catholique de Lille GHICL, rehabilitation department, France Université Catholique de Lille, Lille, France UPHF, LAMIH, Valenciennes, CNRS, UMR 8201, Valenciennes, France), Laurent Zikos (Université Catholique de Lille, Lille, France).

Vieillissement : l’exercice physique contre la perte d’autonomie

Vieillissement : l’exercice physique contre la perte d’autonomie

En France, l’espérance de vie a presque doublé au cours du XXᵉ siècle. En 2022, elle s’établissait à 79,4 ans pour les hommes, et 85,3 pour les femmes. Cette augmentation de la longévité, bien qu’elle soit un indicateur positif du progrès en matière de santé publique, apporte son lot de défis. En particulier, l’allongement de la durée de vie ne garantit pas nécessairement une vie plus longue en bonne santé.

En outre, parallèlement à cette augmentation de l’espérance de vie, la sédentarité s’est insidieusement installée dans nos modes de vie. Les auteurs d’une étude publiée en 2016 estimaient que plus d’un quart de la population mondiale est sédentaire et que l’activité physique pouvait partiellement et sous certaines conditions contrer ces effets négatifs. Cependant, la sédentarité associée à l’inactivité physique entraîne une augmentation significative des risques de maladies chroniques et à une perte d’autonomie.

par Olivier Guérin
Professeur des universités – Membre de l’institut universitaire de france (IUF) – Administrateur du GCS CARES – Directeur du Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé (LAMHESS – UPR 6312), Université Côte d’Azur

Frédéric Prate
Chercheur – Médecin en santé publique, centre hospitalier universitaire de Nice, Clinique Gériatrique du Cerveau et du Mouvement, Université Côte d’Azur

Meggy Hayotte
Maîtresse de conférences – Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé (LAMHESS – UPR 6312), Université Côte d’Azur

dans The Conversation France

Résultat : accroissement de la sédentarité et allongement de la durée de vie se conjuguent et accentuent le risque de dépendance chez les personnes âgées. Dans un tel contexte, la prévention de la perte d’autonomie devient non seulement une stratégie judicieuse pour améliorer la qualité de vie des aînés, mais aussi une nécessité pour faire face aux coûts socio-économiques croissants associés au vieillissement de la population.

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En 2020, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) soulignait que l’adoption de stratégies efficaces de prévention, parmi lesquelles la promotion de l’activité physique, peut retarder, voire prévenir, l’apparition de maladies chroniques. Cela permettant ainsi de renforcer la capacité des individus à maintenir leur autonomie et leur qualité de vie à mesure qu’ils avancent en âge.

Cependant, si l’urgence de la prévention fait consensus, la manière de la concevoir et de la déployer efficacement suscite encore de nombreuses interrogations et débats. L’efficacité de la prévention repose sur plusieurs piliers cruciaux, nécessitant une attention particulière pour garantir non seulement l’adoption, mais aussi la pérennisation des initiatives de prévention.

Nous en aborderons ici trois principaux : l’accessibilité, l’empowerment (ou la motivation) et la personnalisation.
L’accessibilité des programmes de prévention est une pierre angulaire indispensable pour garantir une prévention efficace de la perte d’autonomie chez les personnes âgées. Celle-ci peut revêtir plusieurs formes : géographique, numérique ou sociale.

L’accessibilité géographique reste un défi majeur, en particulier pour les personnes âgées résidant dans des zones rurales ou isolées. Des solutions innovantes, comme les cliniques mobiles, les programmes communautaires locaux et la télémédecine peuvent contribuer à réduire la distance entre les seniors et les services de santé. Bien que ces solutions aient été validées et déployées avec succès dans la prise en charge médicale et la gestion des maladies chroniques, leur application dans le domaine de la prévention de la perte d’autonomie est encore marginale et mérite d’être davantage explorée et développée.

L’accessibilité des programmes de prévention est un point important à prendre en compte.

À l’ère du digital, l’accessibilité numérique s’avère cruciale. Or, chez les 60 ans et plus, une personne sur trois est en situation d’« illectronisme » (non-usage prolongé d’Internet et/ou manque de compétences numériques). Parallèlement, de plus en plus de services de prévention migrent en ligne, notamment depuis la pandémie de Covid-19, il est alors impératif d’assurer que tous les seniors puissent naviguer et utiliser efficacement les plates-formes digitales. Cela passe par la création d’interfaces intuitives et user-friendly, l’offre de formations au numérique pour les seniors, et la mise à disposition d’assistances techniques dédiées.

Enfin, l’accessibilité sociale est tout aussi vitale. Les obstacles socio-économiques peuvent sérieusement empêcher l’accès à la prévention. Par exemple, les contraintes financières entravent l’accès des individus à des services de santé préventifs et à des ressources de qualité.

L’isolement social peut également limiter l’accès aux programmes de prévention de la perte d’autonomie en entravant la réception d’informations, en diminuant la motivation à participer, et en créant des barrières psychologiques et logistiques.

Par conséquent, il est essentiel de développer des programmes inclusifs et d’adopter des stratégies proactives pour atteindre et impliquer les communautés défavorisées ou marginalisées, en tenant compte des différences socio-économiques et culturelles. Ces dernières modulent en effet l’accès aux programmes de prévention pour les aînés : certaines cultures, valorisant la sagesse des aînés, facilitent leur inclusion, tandis que d’autres, accentuant l’autonomie pourraient limiter leur participation à ces initiatives.

Alors que l’accessibilité aux services de soins est sérieusement prise en compte par les autorités, l’accès aux programmes de prévention de la perte d’autonomie n’est pas suffisamment priorisé, malgré leur rôle central reconnu dans la promotion du bien vieillir. Ce déséquilibre nécessite une attention et un engagement accrus en faveur de l’accessibilité à la prévention comme pilier essentiel du bien vieillir. Il sera ainsi plus facile d’impliquer les personnes âgées, mais aussi tous les acteurs de la prévention, et de les engager dans cette démarche préventive.

L’« empowerment », ou comment rendre autonomes les seniors
L’empowerment, ou motivation, des seniors constitue un axe stratégique clé dans la prévention de la perte d’autonomie. Il s’agit d’un processus par lequel les individus acquièrent plus de contrôle sur leur santé et leurs décisions de vie, favorisant ainsi une participation active et informée aux stratégies préventives.

En premier lieu, l’empowerment implique l’éducation et la sensibilisation des seniors aux enjeux liés à leur santé et bien-être. En étant mieux informés, ils sont davantage en mesure de faire des choix éclairés, de participer activement à la définition de leurs objectifs de santé et d’adopter des comportements favorables à la préservation de leur santé et de leur autonomie.

La motivation est importante lorsqu’il s’agit de maintenir une activité physique en vieillissant.
Ensuite, l’empowerment vise également à renforcer la confiance et l’estime de soi chez les personnes âgées. Des programmes de prévention efficaces doivent ainsi inclure des composantes psychosociales, fournissant aux seniors les outils nécessaires pour gérer le stress, surmonter les obstacles et rester engagés et motivés dans le maintien de leur santé et de leur indépendance.

Enfin, l’empowerment se concrétise par l’implication des seniors dans la conception, le développement et l’évaluation des programmes de prévention. Cette approche participative garantit non seulement que les initiatives répondent adéquatement aux besoins et attentes des personnes âgées, mais également qu’elles bénéficient de l’adhésion et de l’engagement des principaux intéressés.

Adapter la prévention au « chemin de vieillissement » de chacun
La médecine personnalisée moderne fonctionne selon un paradigme qui reconnaît et exploite l’hétérogénéité des patients. Ce modèle s’appuie sur des approches basées sur des données afin d’optimiser les décisions de traitement, assurant ainsi que chaque patient reçoive le traitement approprié au moment opportun.

En partant du principe préventif « mieux vaut prévenir que guérir », la personnalisation de la prévention émerge comme une priorité incontestable pour favoriser un vieillissement en bonne santé. Loin d’être une simple option, la personnalisation est un impératif, surtout quand on considère la nature profondément individuelle et variée du processus de vieillissement.

Chaque senior traverse un chemin de vieillissement distinct, influencé non seulement par des facteurs génétiques – qui affectent la longévité, la résistance à certaines maladies et la conservation des fonctions motrices et cognitives – mais également par le mode de vie et les antécédents médicaux.

L’activité physique doit être adaptée à chaque personne, car les parcours de vieillissement ne sont pas identiques pour tout le monde.

Des facteurs tels que la diététique, l’exercice, le sommeil et la gestion du stress jouent des rôles cruciaux dans ce processus, tout comme l’environnement dans lequel chaque individu a évolué. La prévention de la perte d’autonomie chez les personnes âgées peut être adaptée en ciblant les faiblesses individuelles, par exemple, en recommandant des activités physiques spécifiques pour ceux qui sont déconditionnés ou sédentaires. Mais elle doit également être ajustée selon les objectifs personnels, les facteurs socio-économiques, la familiarité avec les technologies numériques, ou la personnalité de chaque senior.

La prévention de la perte d’autonomie requiert donc d’adopter une approche centrée sur l’individu. Cela implique d’engager les seniors et leurs familles dans la planification et l’exécution des plans préventifs, afin d’appréhender de manière plus précise leurs besoins spécifiques, et ainsi de développer des interventions sur mesure et plus adaptées.

De la théorie à la pratique, l’utilité du numérique
Élaborer des programmes de prévention accessibles, personnalisés, et centrés sur la personne, c’est très bien en théorie. Malheureusement, dans le contexte économique actuel, cela semble relever d’une certaine utopie.

En effet, la mise en place de programmes efficaces de prévention est coûteuse en ressources humaines : elle nécessite la contribution de divers professionnels tels que professeurs en activité physique adaptée (APA), diététiciens ou infirmiers. Cette exigence impose une contrainte significative sur le système de santé, qui se trouve dans l’incapacité de proposer un accompagnement professionnel individuel et régulier pour chaque senior qui le nécessite.

Les outils numériques apparaissent comme une solution majeure à cette problématique. Ils permettent une gestion judicieuse des ressources humaines limitées, tout en assurant un niveau élevé de service. Par exemple, certaines plateformes de gestion des parcours patients peuvent optimiser les parcours de prévention en dirigeant les ressources humaines vers les individus qui en ont le plus besoin, permettant ainsi une intervention ciblée et efficiente.

De plus, les outils numériques offrent des possibilités d’éducation en santé (e-santé), favorisant ainsi l’augmentation de la littératie en santé chez les personnes âgées, ce qui est crucial pour la prévention de la perte d’autonomie. Ces outils peuvent également faciliter l’évaluation des fonctions motrices et cognitives des seniors de manière automatisée et précise, réduisant ainsi la nécessité d’une intervention humaine constante et spécialisée.

Si elles sont correctement conçues, les applications numériques peuvent aider les seniors à faire de l’exercice.
De nombreux aînés montrent une capacité et une volonté d’intégrer ces outils dans leur quotidien, à condition qu’ils soient spécifiquement conçus pour répondre à leurs besoins, notamment en termes de facilité d’utilisation.

Partant de ces divers constats, l’Université Côte d’Azur, le CHU de Nice, l’Université de Nîmes et l’Université Grenoble Alpes ont décidé d’unir leurs forces et expertises pour mener à bien un programme ambitieux et novateur nommé « Bien Vieillir Ensemble ».

Situé à la confluence du soin, de la recherche et de l’innovation, ce projet sera déployé auprès de 30 000 participants résidant dans les Alpes-Maritimes. Chacun d’entre eux bénéficiera d’interventions et de suivis personnalisés, élaborés avec soin pour répondre à leurs besoins spécifiques en matière de prévention et de bien-être.

Le but est de créer des solutions adaptées et innovantes pour favoriser un vieillissement en bonne santé, actif et autonome. Grâce à cette initiative, nous espérons améliorer la qualité de vie des seniors dans la région des Alpes-Maritimes.

Les outils mis en place et les connaissances accumulées pourront ensuite être utilisés et adaptés dans d’autres contextes et régions, pour améliorer la prévention sur l’ensemble du territoire.

Santé- L’importance de l’activité physique sur les facultés cognitives

Santé- L’importance de l’activité physique sur les facultés cognitives

auteurs
par Matthieu P. Boisgontier
Associate Professor, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa

Boris Cheval
PhD. Neuropsychologie de l’activité physique, Université de Genève

Les effets positifs de l’activité physique sur la santé sont indéniables. Cependant, une étude récente remet en cause le célèbre adage Mens sana in corpore sano, ou « un esprit sain dans un corps sain ». Les auteurs y contestent l’importance de l’exercice physique pour la santé de notre cerveau et de notre cognition. Chercheurs en santé, neurosciences et psychologie, nous avons publié, quelques jours plus tard, une étude qui vient alimenter ce débat scientifique. Qui a tort, qui a raison ? La réponse n’est pas si simple. Voici ce qu’il en est dans the Conversation .

L’exercice physique serait-il inutile au fonctionnement cognitif ?

La première étude a été publiée le 27 mars 2023. Il s’agit d’une revue de 24 méta-analyses qui réexamine les données de 11 266 personnes en bonne santé, en utilisant une approche plus rigoureuse que les analyses antérieures.

Bien que la quasi-totalité des 24 méta-analyses incluses dans cette étude ait démontré un effet positif de l’exercice physique régulier sur les fonctions cognitives, les auteurs soutiennent que ces analyses manquaient d’ajustements. Ils soulignent par exemple que le niveau d’activité physique en début d’intervention ainsi que la tendance de la communauté scientifique à ne publier que les résultats significatifs étaient rarement pris en compte. Une fois ces ajustements effectués, les auteurs aboutissent à des résultats suggérant que les bénéfices de l’exercice physique sont en réalité plus faibles que ceux estimés dans les précédentes méta-analyses, voire négligeables.

Sur la base de ces résultats, les auteurs se disent convaincus que les organismes de santé publique tels que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) devraient retirer l’amélioration de la santé cognitive et de la réussite scolaire de la liste des bienfaits de l’activité physique.

Dans la dernière phrase du résumé de l’article, les auteurs mettent notamment le lecteur en garde contre les affirmations et les recommandations liant l’exercice physique régulier aux bénéfices cognitifs chez les personnes en bonne santé, tout du moins, jusqu’à ce que des preuves scientifiques plus fiables s’accumulent.

Il n’a pas fallu attendre longtemps.

La seconde étude, la nôtre, est une étude génétique incluant près de 350 000 personnes, publiée 4 jours plus tard, soit le 31 mars. Nous y apportons des preuves scientifiques à l’appui des bénéfices cognitifs de l’activité physique d’intensité modérée et élevée.

Ces preuves sont basées sur la méthode de randomisation mendélienne à deux échantillons, qui exploite les variations aléatoires de notre ADN survenant lors de la conception, donc avant la naissance.

Lorsqu’on compare deux humains, 99,9 % de leur matériel génétique est identique. On peut considérer l’ADN comme une longue chaîne de briques, appelées nucléotides. Il y a quatre types de briques, agencées de manière aléatoire : la thymine, l’adénine, la guanine et la cytosine. Ainsi, une fois sur 1 000, la brique d’ADN varie entre ces deux humains. Ces variations génétiques, appelées « snips », peuvent par exemple donner une brique de cytosine à un certain endroit de l’ADN d’une personne et une brique de thymine au même endroit chez une autre personne.

Le premier échantillon de notre étude, comptant 91 084 personnes, a été utilisé pour identifier les variations génétiques qui aboutissaient à des différences d’activité physique, mesurée à l’aide de capteurs de mouvement portés au poignet.

Le second échantillon de notre étude, qui comptait 257 854 personnes, a été utilisé pour tester si ces variations génétiques associées au niveau d’activité physique influençaient le fonctionnement cognitif de manière proportionnelle. Si c’était le cas, nous pouvions conclure à un effet causal de l’activité physique sur la fonction cognitive.

Preuves génétiques des bienfaits cognitifs de l’activité physique

Dans notre étude utilisant une nouvelle méthode de randomisation mendélienne, plus précise et plus robuste que les versions précédentes, les résultats montrent que des niveaux d’activité physique modérés et élevés conduisent à une amélioration du fonctionnement cognitif.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que l’effet de l’activité physique modérée (marche rapide, vélo) était 1,5 fois plus important que celui de l’activité physique d’intensité élevée (course à pied, basketball, ski de fond). L’intensité de l’activité physique que nous pratiquons est donc importante. Et, surtout, nos résultats soulignent qu’il n’est pas nécessaire de se pousser jusqu’à l’épuisement pour obtenir les bénéfices cognitifs d’une activité physique régulière.

femme sur un vélo
Les bénéfices cognitifs de l’activité physique modérée sont 1,5 fois supérieurs à ceux de l’activité physique soutenue. (Shutterstock)
L’importance de la durée et de l’intensité de l’exercice
Quand l’ensemble de l’activité physique des participants était considéré (incluant les activités sédentaires et les activités physiques d’intensité légère), nos résultats ne montraient plus d’effet sur le fonctionnement cognitif. Ce résultat confirme l’importance d’atteindre des intensités suffisantes pour profiter des bénéfices cognitifs de l’exercice physique.

Ces résultats concordent avec ceux d’une étude récente qui souligne l’importance de la durée et de l’intensité de l’exercice pour la libération d’une protéine appelée BDNF dans le cerveau. Cette protéine est impliquée dans la création de nouveaux neurones, de nouvelles connexions entre ces neurones et de nouveaux vaisseaux sanguins permettant de nourrir ces neurones.

Cette protéine, dont la production augmente au cours de l’exercice, est donc un des mécanismes physiologiques permettant d’expliquer les effets bénéfiques de l’activité physique sur le fonctionnement cognitif. L’existence même de ce mécanisme explicatif renforce les résultats soutenant ces effets bénéfiques.

Plusieurs différences peuvent expliquer la divergence de résultats entre la méta-analyse basée sur des essais contrôlés randomisés et notre étude basée sur la génétique.

Tout d’abord, la méta-analyse s’intéresse uniquement aux personnes en bonne santé, ce qui n’est pas le cas de notre étude. Ensuite, notre étude différencie les activités physiques d’intensité modérée et élevée alors que la méta-analyse ne fait pas cette distinction. Enfin, la randomisation mendélienne évalue des effets à long terme, tout au long de la vie, alors que la méta-analyse se base sur des interventions durant entre 1 mois et 2 ans.

Puisque nous abordons ici les aspects temporels de l’activité physique, il nous parait important de rappeler qu’il n’est jamais trop tard pour s’y mettre. En effet, une étude de 2019 avait montré que commencer à être actif tard dans la vie procurait les mêmes effets positifs sur la santé qu’avoir été actif toute sa vie.

Sur la base de nos résultats, il semble que l’amélioration du fonctionnement cognitif ait encore sa place sur la liste des bienfaits de l’activité physique. Comme c’est souvent le cas en sciences, il est plus raisonnable de ne pas prendre de décision hâtive et d’attendre les résultats des études scientifiques à venir avant de modifier les lignes directrices de promotion de l’activité physique.

Dans le climat sociopolitique actuel de méfiance envers la science, il est important de ne pas se précipiter sur la base d’une seule étude analysant différemment des données déjà existantes, et aboutissant à des conclusions contredisant des années de recherche basées sur ces mêmes données.

L’accumulation de preuves convergentes provenant de différentes équipes de recherche doit être un prérequis incontournable avant toute modification du message de santé publique. Comme le montre cet article, nous n’en sommes pas du tout là, et les effets de l’activité physique sur de très nombreux versants de la santé physique et mentale restent indéniables.

L’importance de l’activité physique sur les facultés cognitives

L’importance de l’activité physique sur les facultés cognitives

auteurs
par Matthieu P. Boisgontier
Associate Professor, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa

Boris Cheval
PhD. Neuropsychologie de l’activité physique, Université de Genève

Les effets positifs de l’activité physique sur la santé sont indéniables. Cependant, une étude récente remet en cause le célèbre adage Mens sana in corpore sano, ou « un esprit sain dans un corps sain ». Les auteurs y contestent l’importance de l’exercice physique pour la santé de notre cerveau et de notre cognition. Chercheurs en santé, neurosciences et psychologie, nous avons publié, quelques jours plus tard, une étude qui vient alimenter ce débat scientifique. Qui a tort, qui a raison ? La réponse n’est pas si simple. Voici ce qu’il en est dans the Conversation .

L’exercice physique serait-il inutile au fonctionnement cognitif ?

La première étude a été publiée le 27 mars 2023. Il s’agit d’une revue de 24 méta-analyses qui réexamine les données de 11 266 personnes en bonne santé, en utilisant une approche plus rigoureuse que les analyses antérieures.

Bien que la quasi-totalité des 24 méta-analyses incluses dans cette étude ait démontré un effet positif de l’exercice physique régulier sur les fonctions cognitives, les auteurs soutiennent que ces analyses manquaient d’ajustements. Ils soulignent par exemple que le niveau d’activité physique en début d’intervention ainsi que la tendance de la communauté scientifique à ne publier que les résultats significatifs étaient rarement pris en compte. Une fois ces ajustements effectués, les auteurs aboutissent à des résultats suggérant que les bénéfices de l’exercice physique sont en réalité plus faibles que ceux estimés dans les précédentes méta-analyses, voire négligeables.

Sur la base de ces résultats, les auteurs se disent convaincus que les organismes de santé publique tels que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) devraient retirer l’amélioration de la santé cognitive et de la réussite scolaire de la liste des bienfaits de l’activité physique.

Dans la dernière phrase du résumé de l’article, les auteurs mettent notamment le lecteur en garde contre les affirmations et les recommandations liant l’exercice physique régulier aux bénéfices cognitifs chez les personnes en bonne santé, tout du moins, jusqu’à ce que des preuves scientifiques plus fiables s’accumulent.

Il n’a pas fallu attendre longtemps.

La seconde étude, la nôtre, est une étude génétique incluant près de 350 000 personnes, publiée 4 jours plus tard, soit le 31 mars. Nous y apportons des preuves scientifiques à l’appui des bénéfices cognitifs de l’activité physique d’intensité modérée et élevée.

Ces preuves sont basées sur la méthode de randomisation mendélienne à deux échantillons, qui exploite les variations aléatoires de notre ADN survenant lors de la conception, donc avant la naissance.

Lorsqu’on compare deux humains, 99,9 % de leur matériel génétique est identique. On peut considérer l’ADN comme une longue chaîne de briques, appelées nucléotides. Il y a quatre types de briques, agencées de manière aléatoire : la thymine, l’adénine, la guanine et la cytosine. Ainsi, une fois sur 1 000, la brique d’ADN varie entre ces deux humains. Ces variations génétiques, appelées « snips », peuvent par exemple donner une brique de cytosine à un certain endroit de l’ADN d’une personne et une brique de thymine au même endroit chez une autre personne.

Le premier échantillon de notre étude, comptant 91 084 personnes, a été utilisé pour identifier les variations génétiques qui aboutissaient à des différences d’activité physique, mesurée à l’aide de capteurs de mouvement portés au poignet.

Le second échantillon de notre étude, qui comptait 257 854 personnes, a été utilisé pour tester si ces variations génétiques associées au niveau d’activité physique influençaient le fonctionnement cognitif de manière proportionnelle. Si c’était le cas, nous pouvions conclure à un effet causal de l’activité physique sur la fonction cognitive.

Preuves génétiques des bienfaits cognitifs de l’activité physique

Dans notre étude utilisant une nouvelle méthode de randomisation mendélienne, plus précise et plus robuste que les versions précédentes, les résultats montrent que des niveaux d’activité physique modérés et élevés conduisent à une amélioration du fonctionnement cognitif.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que l’effet de l’activité physique modérée (marche rapide, vélo) était 1,5 fois plus important que celui de l’activité physique d’intensité élevée (course à pied, basketball, ski de fond). L’intensité de l’activité physique que nous pratiquons est donc importante. Et, surtout, nos résultats soulignent qu’il n’est pas nécessaire de se pousser jusqu’à l’épuisement pour obtenir les bénéfices cognitifs d’une activité physique régulière.

femme sur un vélo
Les bénéfices cognitifs de l’activité physique modérée sont 1,5 fois supérieurs à ceux de l’activité physique soutenue. (Shutterstock)
L’importance de la durée et de l’intensité de l’exercice
Quand l’ensemble de l’activité physique des participants était considéré (incluant les activités sédentaires et les activités physiques d’intensité légère), nos résultats ne montraient plus d’effet sur le fonctionnement cognitif. Ce résultat confirme l’importance d’atteindre des intensités suffisantes pour profiter des bénéfices cognitifs de l’exercice physique.

Ces résultats concordent avec ceux d’une étude récente qui souligne l’importance de la durée et de l’intensité de l’exercice pour la libération d’une protéine appelée BDNF dans le cerveau. Cette protéine est impliquée dans la création de nouveaux neurones, de nouvelles connexions entre ces neurones et de nouveaux vaisseaux sanguins permettant de nourrir ces neurones.

Cette protéine, dont la production augmente au cours de l’exercice, est donc un des mécanismes physiologiques permettant d’expliquer les effets bénéfiques de l’activité physique sur le fonctionnement cognitif. L’existence même de ce mécanisme explicatif renforce les résultats soutenant ces effets bénéfiques.

Plusieurs différences peuvent expliquer la divergence de résultats entre la méta-analyse basée sur des essais contrôlés randomisés et notre étude basée sur la génétique.

Tout d’abord, la méta-analyse s’intéresse uniquement aux personnes en bonne santé, ce qui n’est pas le cas de notre étude. Ensuite, notre étude différencie les activités physiques d’intensité modérée et élevée alors que la méta-analyse ne fait pas cette distinction. Enfin, la randomisation mendélienne évalue des effets à long terme, tout au long de la vie, alors que la méta-analyse se base sur des interventions durant entre 1 mois et 2 ans.

Puisque nous abordons ici les aspects temporels de l’activité physique, il nous parait important de rappeler qu’il n’est jamais trop tard pour s’y mettre. En effet, une étude de 2019 avait montré que commencer à être actif tard dans la vie procurait les mêmes effets positifs sur la santé qu’avoir été actif toute sa vie.

Sur la base de nos résultats, il semble que l’amélioration du fonctionnement cognitif ait encore sa place sur la liste des bienfaits de l’activité physique. Comme c’est souvent le cas en sciences, il est plus raisonnable de ne pas prendre de décision hâtive et d’attendre les résultats des études scientifiques à venir avant de modifier les lignes directrices de promotion de l’activité physique.

Dans le climat sociopolitique actuel de méfiance envers la science, il est important de ne pas se précipiter sur la base d’une seule étude analysant différemment des données déjà existantes, et aboutissant à des conclusions contredisant des années de recherche basées sur ces mêmes données.

L’accumulation de preuves convergentes provenant de différentes équipes de recherche doit être un prérequis incontournable avant toute modification du message de santé publique. Comme le montre cet article, nous n’en sommes pas du tout là, et les effets de l’activité physique sur de très nombreux versants de la santé physique et mentale restent indéniables.

Santé : promouvoir l’activité physique

Santé : promouvoir l’activité physique

La promotion de l’activité physique régulière est un défi majeur à relever pour l’action publique dans la prochaine décennie souligne, dans une tribune au « Monde », Régis Juanico, ancien député et expert en politique publique sportive.

 

La lutte contre la pandémie de sédentarité est un enjeu sanitaire majeur du XXIe siècle. Selon de récentes estimations d’épidémiologistes américains et canadiens publiées dans le British Medical Journal of Sports Medicine, l’inactivité physique serait responsable de 7,2 % des morts toutes causes confondues chaque année, soit plus de 4 millions de morts sur les 56,9 millions personnes qui décèdent en moyenne chaque année. Il y a urgence à agir.

Urgence d’abord à désamorcer ce que nous avons qualifié, avec ma collègue ancienne députée (LRM) Marie Tamarelle-Verhaeghe, de « bombe à retardement sanitaire » dans notre rapport sur l’évaluation parlementaire « des politiques de prévention en santé publique » publié en juillet 2021. Urgence ensuite à inscrire cet enjeu comme un défi majeur d’action publique à relever pour la prochaine décennie.

La sédentarité gangrène nos modes de vie et plus particulièrement celle des plus jeunes générations. Le temps passé couché ou assis, notamment devant les écrans de loisir, est estimé à 55 % de la journée pour des écoliers et à 75 % pour des adolescents.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) nous alerte sur le fait qu’en 2015, soit bien avant la crise sanitaire, 50 % des 11-17 ans avaient un risque sanitaire très élevé du fait de la sédentarité, avec plus de quatre heures et demi devant les écrans et moins de vingt minutes d’activité physique par jour.

Par ailleurs, 95 % de la population générale ne fait pas assez d’activité physique. Le cardiologue du sport François Carré observait en 2021 que, si un enfant se couche à 20 heures et s’il est emmené à l’école le lendemain matin en voiture au dernier moment, « il ne commencera à bouger qu’à la première récréation, à 10 heures. En quatorze heures, il [n’aura] fait que cinquante pas ! »

Or, comme le montre une étude de 2019 de l’American Cancer Society, il suffit de remplacer trente minutes de sédentarité quotidienne par trente minutes d’activité physique – même d’intensité modérée, y compris du jardinage – pour faire baisser de 17 % la mortalité prématurée et de 30 % le risque d’accidents cardio-vasculaires. Si cette activité est plus intense, la diminution de la mortalité prématurée est de 35 %.

La lutte contre la sédentarité doit constituer la priorité, un fil rouge pour les politiques publiques de prévention en santé publique à tous les âges de la vie. Une réponse à ce défi est de promouvoir l’activité physique régulière. Elle est le premier levier de lutte contre la sédentarité et le meilleur bouclier pour protéger sa santé.

Santé : 95 % des Français manquent d’activité physique

Santé : 95 % des Français manquent d’activité physique

 

Pour résumer, les Français passent trop de temps devant les écrans et ou en position assise. D’où un manque d’activité physique est une menace sérieuse sur la santé.

 

. L’organisation de la vie de 95 % des adultes français (18-64 ans) les expose à une détérioration de leur santé d’après une étude de l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (Anses) .

 

L’étude révèle des disparités dans la population. Ainsi, les femmes sont plus exposées à un manque d’activité physique. 70 % d’entre elles sont en deçà de tous les niveaux d’activité identifiés pour être en bonne santé, contre 42 % des hommes. En outre, l’insuffisance d’activité physique touche plus les habitants de l’agglomération parisienne que ceux des zones rurales.Concernant la sédentarité (qui correspond à un niveau d’activité très bas, comme lorsqu’on est devant la télévision, un jeu vidéo ou un ordinateur), les adultes à faible niveau d’études et les moins de 45 ans sont les plus touchés (42 % des 18-44 ans passent plus de 8 heures par jour devant un écran, contre 31 % des 45-64 ans). Là encore, les Franciliens sont plus exposés à la sédentarité, à raison de 2 heures supplémentaires par jour que les ruraux.

Pour les adultes à l’activité physique faible à modérée (37 % de la population adulte), l’augmentation de la mortalité, toutes causes confondues, s’élève de 5 à 10 %, contre 40 % chez les adultes les moins actifs (27 % de la population adulte).

Les risques pour la santé sont multiples : « Par exemple, ils [les populations à risque] sont davantage exposés aux maladies cardiovasculaires et à certains cancers. Ils sont également plus à risque d’hypertension ou d’obésité », explique le professeur Irène Margaritis, cheffe de l’Unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses.

« C’est l’organisation même de nos modes de vie qui est à revoir », insiste Irène Margaritis, « que ce soit dans l’espace public, en laissant davantage de place aux mobilités actives comme le vélo ou la marche, ou sur le lieu de travail, en favorisant la pratique sportive et en limitant les temps de sédentarité, ou encore dans le système scolaire en augmentant l’espace et le temps dédiés aux activités physiques et sportives », égrène-t-elle.

 

Crise sanitaire et santé : promouvoir l’activité physique

Crise sanitaire et santé : promouvoir l’activité physique

 

 

Un récent rapport parlementaire estime que la sédentarité, aggravée notamment chez les jeunes par la pandémie, constitue « une bombe à retardement sanitaire » qu’il est urgent de désamorcer. ( Chronique dans le monde de Pascale Santi)

 

« Une bombe à retardement sanitaire. » C’est un véritable cri d’alarme qu’ont lancé les deux députés Régis Juanico (Génération.s, Loire) et Marie Tamarelle-Verhaeghe (LREM, Eure), dans un rapport, présenté fin juillet, sur le manque d’activité physique. « La nécessité de bouger est aujourd’hui un besoin vital, au même titre que l’alimentation ou le sommeil, insiste Marie Tamarelle-Verhaeghe, médecin de prévention. Cela doit être intégré dans la vie quotidienne. » Ils formulent 18 propositions, en s’appuyant sur la dynamique des Jeux olympiques à Paris, en 2024.

Comme maintes fois répété dans cette chronique, le constat est sans appel. Les Français sont loin des recommandations de l’OMS (au moins 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée par semaine, ou au moins 75 minutes d’activité d’intensité soutenue). Ils ne sont pas les seuls. « Plus d’un quart de la population mondiale est physiquement inactive, ce qui l’expose à un risque de maladies non transmissibles et de mortalité prématurée », rappelle aussi l’éditorial d’une série de plusieurs articles publiés par The Lancet, fin juillet. Dans la revue britannique, les experts appellent à une action urgente, en mettant l’accent sur les personnes vivant avec un handicap et les adolescents.

Rappelons que 80 % des adolescents scolarisés dans le monde (87 % en France) ne respectent pas les recommandations de l’OMS de faire plus de soixante minutes d’activité physique par jour. A cela s’ajoute la montée de la sédentarité.

Inquiétants, ces constats sont aggravés par la crise sanitaire et ses confinements successifs. Lors du premier, en France, près d’une personne sur deux a réduit son activité physique par rapport à ses habitudes et six personnes sur dix ont augmenté leur temps quotidien passé assis, selon l’enquête Coviprev de Santé publique France.

Le temps sur écran s’est aussi fortement accru. Une expertise menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), publiée en novembre 2020, a mis en évidence que 66 % des jeunes de 11 ans à 17 ans « présentent un risque sanitaire préoccupant », caractérisé par le dépassement simultané de deux seuils : plus de deux heures de temps d’écran et moins de soixante minutes d’activité physique par jour. Quarante-neuf pour cent présentent un risque sanitaire très élevé, avec plus de quatre heures trente d’écran et-ou moins de vingt minutes d’activité physique par jour.

Gymnastique de haut niveau : Une torture physique et morale de très jeunes enfants

 Gymnastique de haut niveau : Une torture physique et morale de très  jeunes enfants

 

La sociologue Caroline Ibos revient sur le retrait de l’athlète américaine Simone Biles des JO de Tokyo et propose, dans une tribune au « Monde », une analyse sociopolitique de la gymnastique comme système d’exploitation du corps des filles.(extrait)

 

Tribune

 

Reine annoncée des Jeux olympiques de Tokyo, la gymnaste étatsunienne Simone Biles a abandonné mardi 27 juillet le concours par équipes au milieu de la compétition ; elle avait échoué à réaliser une figure particulièrement difficile au saut de cheval. Le retrait de celle qui domine aujourd’hui son sport plus que toute autre sur terre a semé la stupeur. Mais ce qui a le plus embarrassé le monde du sport est l’explication qu’elle en a donnée : « Dès que je mets le pied sur le tapis, il n’y a plus que moi et ma tête… Faire face aux démons dans ma tête. Je veux me concentrer sur mon bien-être, il n’y a pas que la gym dans la vie. »

Depuis, les commentaires honorent ou déboulonnent l’icône : ils saluent le courage de la « plus grande championne de tous les temps » à briser les tabous, ou la dépouillent de ce blason de GOAT (« Greatest of All Times », « meilleure de tous les temps ») et moquent la petite chèvre brodée sur ses maillots. Et les réseaux sociaux déversent sur elle brouettes de fleurs et torrents de boue.

 

Pourtant, comprendre ce coup de théâtre à partir de la seule personnalité de Simone Biles, à partir de sa supposée surhumanité ou de ses possibles failles, masque ce qu’il exprime et que Simone Biles ne cesse de dénoncer depuis des années : la violence du système de la gymnastique féminine de haut niveau. Une violence dont l’enjeu est d’incarner la gloire nationale dans des corps et des vies contrôlés depuis l’enfance.

Façonner le corps des filles est l’art d’un sport hanté par Pygmalion. Avant d’être étatsunienne, la gymnastique artistique fut soviétique, et c’est dans les régimes communistes qu’a surgi le modèle de l’entraîneur surpuissant, héros du travail et créateur de championnes adolescentes.

 

Rappelons-nous [la RusseElena Mukhina [1960-2006], championne du monde en 1978. Orpheline, entraînée depuis l’âge de 8 ans par l’ancien champion de barre fixe Viktor Klimenko, elle se brise à 20 ans les vertèbres cervicales, quelques jours avant les Jeux de Moscou (1980), et reste entièrement paralysée. Malgré une jambe cassée, Klimenko la forçait à s’entraîner pour être la GOAT de son époque, la première à réaliser une folie de double salto et demi réceptionné sur la nuque.

Dans ce système d’appropriation des corps, le modelage est redoublé par l’exploitation sexuelle, l’éclat de l’innocence rehaussée par la souillure cachée. Olga Korbut, surnommée le « moineau de Minsk » et gloire soviétique des Jeux olympiques de Munich (1972), accusa à la fin du XXe siècle son ancien entraîneur, Renald Knysh, de l’avoir violée de multiples fois alors qu’elle avait 15 ans, réduite à l’esclavage sexuel et menacée d’exclusion de l’équipe nationale si elle parlait. En 2017, elle vendait aux enchères ses médailles olympiques, geste qui, dit-elle, lui « sauvait la vie ».

NKM : pas de violence physique ?

NKM : pas de  violence physique ?

 

L’agresseur présumé de Nathalie Kosciusko-Morizet, qui va être présenté à la justice, « a reconnu avoir insulté » la candidate LR vaincue dimanche aux législatives à Paris, mais il a contesté toute violence physique à son encontre. Entendu en garde à vue depuis samedi matin, Vincent Debraize, 55 ans, a été déféré dimanche soir au palais de justice de Paris où il va passer la nuit en attendant d’être fixé sur son sort, a indiqué une source judiciaire. Les suites procédurales le concernant devraient être connues lundi à la mi-journée. Les enquêteurs ont entendu le récit de Nathalie Kosciusko-Morizet et du suspect lors d’une confrontation samedi. A ce stade, leurs versions s’opposent: « Il a reconnu avoir insulté NKM, avoir arraché les tracts et les avoir jetés en sa direction. En revanche, il nie tout contact physique et avoir bousculé » la candidate LR comme cette dernière l’affirme, a rapporté une source proche de l’enquête. « A ce moment-là, elle se protège, elle met sa main devant son visage pour se protéger et les tracts heurtant sa main de manière assez violente, elle reçoit sa propre main dans sa figure », a relaté Geoffroy Van der Hasselt, un photographe de l’AFP. Vincent Debraize avait parrainé la candidature à la présidentielle d’Henri Guaino, l’ex- »plume » de Nicolas Sarkozy qui se présentait aux législatives face à NKM, considérée comme « Macron-compatible ».




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