Retraites: Laurent Berger , CFDT, déjà pour une troisième phase d’action
Le leader de l’organisation réformiste CFDT réaffirme sa détermination à faire céder le gouvernement sur la question centrale des 64 ans. Pour lui, ce n’est pas le problème majeur car la question centrale est celle de l’emploi des seniors et des inégalités. Rappelons que la CFDT était pourtant favorable à une réforme plus large dite universelle mais beaucoup plus juste, plus efficace et plus progressive.
S’adressant à la Première ministre, le secrétaire général de la CFDT a déclaré : « Il faut écouter ce qui est en train de se passer ». Pour lui, « l’énorme mobilisation » du 19 janvier, qui a réuni plus d’un million de personnes dans les rues de France selon le ministère de l’Intérieur, est la preuve d’un « rejet de cet âge légal de départ à la retraite à 64 ans qui est, finalement, la base de toutes les inégalités, de toutes les injustices qu’on voit, jour après jour, émerger dans ce projet de réforme ».
« Autant de monde » « La Première ministre ne peut pas rester sourde à cette formidable mobilisation qui s’est créée le 19 [janvier, ndlr] », a-t-il martelé. Interrogé sur l’affluence attendue pour la journée de grève et de manifestations de mardi, Laurent Berger « pense qu’il y aura largement autant de monde » que lors de la précédente journée de contestation.
Laurent Berger souhaite une forte mobilisation ce mardi de façon à ce qu’elle devienne « un élément de rapport de force pour rediscuter » avec l’exécutif, même s’il estime que ce dernier doit « d’abord écouter ce mécontentement » autour du report de l’âge légal de départ à la retraite. D’ailleurs, pour le secrétaire général de la CFDT, le « sujet fondamental » de la réforme des retraites n’est pas la mesure d’âge, mais bien « l’emploi des seniors ».
Au-delà de la brutalité du gouvernement, la CFDT dénonce aussi la méthode Macron qui consiste à s’asseoir complètement sur les organisations et institutions intermédiaires pour imposer une sorte de volonté monarchique. Laurent Berger met aussi en garde le gouvernement sur les conséquences politiques de son entêtement. Le risque économique est également grand car le mouvement pourrait dévier dans des formes de révoltes corporatistes dures incluant aussi la jeunesse qui seraient alors difficilement maîtrisables.
«La population est très défavorable au projet, et cet avis tend à prendre de l’ampleur», affirme le leader du premier syndicat français, à trois jours d’une nouvelle journée de manifestations partout en France contre la réforme des retraites et le report de l’âge légal à 64 ans. Après les «mobilisations d’ampleur» du 19 janvier (1,12 million de participants selon la police, plus de 2 millions d’après les organisateurs), avec notamment «des gros cortèges dans des villes moyennes», le patron de la CFDT souligne que «l’opinion constitue un élément du rapport de force».
«Il faut que le gouvernement l’écoute, que le Parlement se préoccupe de ce qui se passe partout», ajoute-t-il, alors que le projet de loi sera examiné à l’Assemblée à partir de lundi. Ne pas tenir compte de ce contexte «serait une faute», prévient Laurent Berger, inquiet des conséquences «si le texte passait tel quel, sans aucune inflexion», au risque de générer du «ressentiment» et de favoriser l’extrême droite. «On n’a pas besoin de chaos démocratique», insiste-t-il.
Soucieux de «garder l’opinion» de son côté, il n’appuie pas la stratégie de blocage préconisée par d’autres organisations, jugeant que «le niveau d’efficacité syndicale ne se mesure pas au niveau d’emmerdements concrets pour les citoyens». Pas non plus favorable à une multiplication des journées d’action, car «de nombreux travailleurs ne peuvent pas tenir sur un rythme aussi intense», il estime qu’il «faut encore une ou deux démonstrations de force» pour que l’exécutif «prenne conscience du puissant rejet que son texte suscite».