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Vaccination covid : pour une politique d’information plus pertinente

 

Dressant le profil d’une France qui se radicalise, au travers des Français les plus hostiles à la vaccination, les économistes Olivier Bargain et Florence Jusot plaident, dans une tribune au « Monde », pour une campagne d’information plus ciblée et plus pédagogique

 

La France a rattrapé en partie son retard en matière de vaccination mais reste encore loin des meilleurs élèves européens. Avec la contagiosité plus élevée du variant Delta, c’est près de 90 % de la population qu’il faudrait vacciner pour atteindre l’immunité collective. En attendant, les non-vaccinés et d’autres personnes sont menacés par les formes graves d’un virus qui se propage exponentiellement. A-t-on le potentiel de vaccination suffisant pour endiguer cette quatrième vague ? A priori non, car la frange de rebelles, dénigrée par certains membres du gouvernement, n’est peut-être pas si minoritaire que cela. Et la défiance envers les institutions est arrivée à un tel point que cette partie des non-vaccinés semble « incompressible » et prête à un conflit dur et durable avec les autorités.

Dans l’étude « COV-POP » (« Comportements, organisations, vulnérabilités des populations en temps de crise ») que nous avons menée, fin avril, sur un échantillon de 1 000 Français, nous identifions trois types de non-vaccinés : les personnes souhaitant se faire vacciner (les « volontaires », représentant 48 % des non-vaccinés), les « hésitants » (28 %) et les « anti » (23 %). Concernant les hésitants, notre étude montre qu’ils ne sont pas très spécifiques : ils sont de tout âge, de tout milieu professionnel et de tout niveau de revenu. Ils déclarent également un niveau de peur équivalent à celui des volontaires, qu’il s’agisse de la peur du Covid ou des autres risques.

Les seuls éléments qui les distinguent sont politiques : les hésitants ont moins confiance dans le gouvernement et la science ; ils sont plutôt abstentionnistes (notamment lors du second tour de la dernière présidentielle) et plutôt en phase avec les idées conspirationnistes générales (mais ne croient pas plus que les autres en des origines humaines du virus). Enfin, ils sont plus en accord avec la contestation « gilets jaunes » qu’il y a deux ans, sans pour autant être des sympathisants de la première heure. Tout porte à croire que cette opposition n’est pas irréductible et que nombre d’entre eux peuvent finir par adhérer à la vaccination, surtout sous la contrainte du passe sanitaire.

Les « anti » sont différents. Dans COV-POP, ils sont caractérisés par des critères socio-économiques : plus pauvres, moins éduqués et travaillant plus souvent dans le privé ou comme indépendants. Ils ont significativement moins peur (du virus et du reste) et ressentent plus de colère. Ces Français expriment une plus grande radicalité que les hésitants en matière de conspirationnisme ou de défiance. Ils n’ont pas confiance dans le gouvernement, l’administration, l’Union européenne ou les médias (comme les violences récentes contre des journalistes l’ont tristement illustré). Ils rejettent fortement l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les professionnels de santé. Ils étaient en phase avec le mouvement des « gilets jaunes » et le soutiennent de plus en plus. Ils sont plus fréquemment sympathisants Rassemblement national ou présentent les caractéristiques de l’« autoritarisme de droite » (défini comme mélange de conservatisme social, traditionalisme et autoritarisme). Ces facteurs sont cumulatifs et consolident l’image d’une France radicalisée qui sera force de blocage sur beaucoup de dossiers d’avenir

« Pour une évaluation pertinente du plan de relance»

« Pour une évaluation pertinente du plan de relance»

Pour Jean-Hervé Lorenzi président du Cercle des économistes., « Ce plan doit être non pas commenté ou critiqué en fonction d’une quelconque opinion politique mais évalué de manière non biaisée ». Tribune dans le Monde

 

Des plans de relance en France, il y en a eu pléthore. Chaque fois que notre économie a été soumise à un choc, nous ne nous sommes pas privés de vouloir relancer la machine avec plus ou moins de bonheur. Rappelons-nous, pour la période récente, de ceux de 1975, 1981 ou de 2008 sans oublier l’illustre prédécesseur en 1879 avec Charles de Freycinet.

Mais celui qui nous a été présenté jeudi est unique en son genre. Pourquoi ? Parce qu’il correspond à une situation que le monde n’a jamais connue d’arrêt de l’économie brutal sans origine ni financière ni de l’économie réelle. Et puis surtout, la volonté sous jacente des pouvoirs publics n’est pas que de redonner quelque vigueur à l’activité mais d’en profiter pour sortir notre économie du cercle vicieux dans lequel nous nous sommes mis depuis vingt ans et dont les résultats sont à la hauteur des erreurs politiques qui furent commises sur le travail, sur le fonctionnement des services publics, sur la dérive des comptes publics…

Ce plan doit être non pas commenté ou critiqué en fonction d’une quelconque opinion politique mais évalué de manière non biaisée. Pour cela il nous faut répondre à cinq questions. Est-il suffisant ? Est-il équilibré entre une politique de l’offre et de la demande ? Prend-il assez en compte les transformations technologiques dans les investissements prévus ? Est-il susceptible d’être mis efficacement en œuvre. Enfin sera-t-il porté par la majorité des acteurs économiques et sociaux au-delà des discours de circonstance des uns et des autres ?

« Tant que les Français n’auront pas confiance dans la reprise réelle de l’activité, tant qu’ils auront peur pour leur emploi, cette épargne servira de garantie pour le pouvoir d’achat qui pourrait être malmené »

Epargne. C’est à ces questions que les Rencontres économiques d’Aix du 12 et 13 septembre vont tenter de répondre et la conclusion de ces journées de travail sera sûrement claire et précise dans son jugement. On peut déjà répondre partiellement à ces questions. Ce plan est évidemment suffisant, d’une ampleur inégalée. Mais il faudra l’accompagner d’une autre action forte. Les Français auront épargné 100 milliards d’euros et s’ils ne se sentent pas en confiance, ils ne modifieront pas leur stratégie d’épargne de précaution. Il s’agit en fait du volet nécessaire de la demande car ne nous y trompons pas, le plan de relance proprement dit est fondamentalement tourné vers l’offre, à juste titre.

Cette transformation partielle ou totale de l’épargne est une condition nécessaire pour deux raisons. C’est de fait une épargne à court terme mais il faut qu’une partie corresponde à l’investissement. Or, aujourd’hui rien n’est prévu pour canaliser des fonds vers le financement de l’économie. Notamment, rien n’est fait sur le logement dont on sait qu’au-delà même de la Covid, le trend de construction est très insuffisant par rapport aux besoins. Mais il faut aussi penser à la consommation dont on voit qu’elle stabilise à un niveau insuffisant. Tant que les Français n’auront pas confiance dans la reprise réelle de l’activité, tant qu’ils auront peur pour leur emploi, cette épargne servira de garantie pour le pouvoir d’achat qui pourrait être malmené. C’est là la partie la plus difficile que le gouvernement aura à traiter dans les semaines qui viennent. Il n’y aura pas de miracle mais la prise de parole publique sera dans ce domaine, déterminante.

Jean-Hervé Lorenzi est président du Cercle des économistes.




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