Turquie : le chantage permanent
Au lendemain du vote du parlement européen demandant un gel temporaire des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, le président turc Recep Tayyip Erdogan, utilise le chantage permanent à l’égard de l’Europe : où l’Europe accepte la Turquie dans l’union européenne ou la Turquie lâche les réfugiés. Un chantage évidemment indigne et inadmissible mais qui découle finalement du lamentable accord conclu par l’union européenne avec la Turquie sur l’initiative de l’Allemagne. Un mécanisme qui échange les négociations d’entrée de la Turquie dans l’union européenne contre des mesures pour retenir les réfugiés du Moyen-Orient et l’Afrique en Turquie. Or le Parlement européen vient de décider de voter un gel temporaire des négociations d’adhésion de la Turquie à l’union européenne. En représailles Erdogan déclare qu’il est prêt à lancer des hordes de réfugiés sur l’Europe, c’est-à-dire environ 3 millions de personnes. Des représailles qui découlent aussi des très fortes critiques à l’égard d’un régime qui s’oriente de plus en plus vers un système de dictature. D’une certaine manière l’union européenne se retrouve un peu coincée par cet accord encore une fois surtout imposée par l’Allemagne. Cela d’autant plus que pour être élu les dirigeants des pays qui connaissent des élections c’est-à-dire l’Allemagne et la France notamment son contraint d’afficher une plus grande fermeté vis-à-vis des mouvements migratoires pour limiter l’influence des partis d’extrême droite. Le président turc s’est joué parfaitement de ses contradictions. Ankara rappelle qu’elle détient un moyen de pression immense sur l’Union européenne : les quelques 3 millions de réfugiés syriens qui résident actuellement sur son sol. L’accord passé avec les autorités européennes en février prévoit une meilleure maîtrise des frontières turques et un mécanisme de retour des réfugiés ayant passé la frontière vers la Turquie. Ce mécanisme a été accepté par la Turquie moyennant d’importantes concessions de l’UE : relance du processus d’adhésion, suppression des visas pour les ressortissants turcs et versement d’une aide de 6 milliards d’euros. Cet accord n’a pas résolu le problème des réfugiés entièrement. Les flux se sont en partie tournés vers l’Italie et les passages entre la côte turque et les îles grecques n’ont pas cessé.