Bettencourt: Sarkozy auditionné pendant 12 heures
L’ex-chef de l’Etat a été soumis à plus de douze heures d’audition par des magistrats de Bordeaux. S’ils lui ont évité l’humiliation d’une mise en examen, ils l’ont tout de même été placé sous le statut de témoin assisté. Les juges, Jean-Michel Gentil et ses deux collègues, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël, veulent comprendre, notamment, si la campagne de 2007 de l’ex-président a bénéficié dans des proportions illicites de l’argent de l’héritière de l’Oréal Liliane Bettencourt. M. Sarkozy, deuxième ancien président de la Vème République après Jacques Chirac — condamné pour sa part en décembre 2011 à deux ans de prison avec sursis dans des affaires d’emplois fictifs — à devoir se rendre à une telle audition, avait été convoqué en vue d’une mise en examen, selon des sources concordantes. Aucune information n’a filtré tout au long de la journée du palais de justice de Bordeaux, entouré depuis l’aube par des dizaines de journalistes — dont certains en faction depuis trois semaines — et comparé à un véritable « bunker » par un commentateur de la télévision. Les juges voulaient savoir si M. Sarkozy a pu toucher de l’argent directement, la remise d’enveloppes de billets à des hommes politiques ayant été, à en croire certains membres du personnel, une habitude bien ancrée chez les Bettencourt, du vivant de l’ancien ministre André Bettencourt, décédé en novembre 2007. Ils souhaitent aussi déterminer si ses activités politiques ont pu être aidées par une partie des quatre millions d’euros en liquide que l’ancien homme de confiance des Bettencourt Patrice de Maistre a fait revenir depuis un compte suisse des milliardaires, de 2007 à 2009. MM. de Maistre et Eric Woerth, l’ancien ministre et ex-trésorier de campagne de M. Sarkozy en 2007, ont déjà été mis en examen dans cette affaire. Les juges aimeraient aussi savoir pourquoi M. Sarkozy a paru surveiller de si près l’évolution du dossier Bettencourt, semblant notamment recevoir à huit reprises, de 2008 à 2010, l’ex-procureur de Nanterre Philippe Courroye, initialement en charge de cette affaire.