Archive pour le Tag 'Pékin'

Taiwan : bruits de bottes à Pékin

Taiwan : bruits de bottes à Pékin

La Chine, qui revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire, a intensifié ses démonstrations de force autour de l’île autonome ces dernières années. Lundi, Pékin a déployé des avions de chasse, des drones, des navires de guerre et des garde-côtes pour encercler Taïwan. Il s’agit de sa quatrième série de manoeuvres de guerre à grande échelle autour de l’île en un peu plus de deux ans.
Les dirigeants communistes chinois insistent sur le fait qu’ils n’excluent pas de recourir à la force pour placer Taïwan sous le contrôle de Pékin. Jeudi, Xi Jinping a encore affirmé que l’armée chinoise devait «sauvegarder fermement la sécurité stratégique et les intérêts fondamentaux du pays», selon CCTV. La Chine et Taïwan sont gouvernés séparément depuis 1949 et la fuite des forces nationalistes de Tchang Kaï-chek sur l’île, défaites par les combattants communistes menés par Mao Tsé-Toung.

 

Taïwan : Poutine soutient Pékin

Taïwan : Poutine soutient Pékin

Poutine a évidemment saisi l’occasion des manœuvres d’intimidation de Pékin autour de Taiwan pour assurer la Chine de son soutien espérant en retour un appui de la Chine en Ukraine.

À noter que de son côté Macron est intervenu lui en quelque sorte pour ce désolidariser de Taiwan espérant le concours de la Chine pour mettre fin au hostilité en Ukraine. Bref un ballet diplomatique assez trouble pour appuyer la guerre des uns contre la guerre des autres.

Le Kremlin a apporté lundi tout son soutien aux manœuvres militaires de la Chine autour de Taïwan, estimant que Pékin était victime de «provocations» de la part des États-Unis qui soutiennent l’île. «La Chine a le droit souverain de réagir à ces actions provocatrices, notamment en conduisant des manœuvres», a dit à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

Pour sa part, l’armée chinoise a affirmé avoir «achevé avec succès» ses manœuvres militaires ayant visé à encercler pendant trois jours l’île autonome de Taïwan. Du 8 au 10 avril, le commandement militaire chinois «a accompli avec succès diverses tâches» de préparation militaire «autour de l’île de Taïwan avec l’exercice +Joint Sword+», a indiqué l’armée dans un message diffusé sur les réseaux sociaux. Il a «testé de manière approfondie sa capacité de combat» interarmées «en conditions réelles», a ajouté le commandement chinois.

Pékin a mené durant trois journées consécutives des exercices militaires de grande envergure autour de Taïwan et a condamné l’«intrusion» d’un destroyer américain dans un secteur de mer de Chine méridionale revendiqué par Pékin, après l’annonce par la marine américaine que le USS Milius y avait mené une «opération de liberté de navigation». «Cette opération de liberté de navigation a respecté les droits, les libertés et les utilisations légales de la mer», a déclaré la marine américaine dans un communiqué, précisant que le navire était passé à proximité des îles Spratly.

Le navire est passé à moins de 12 milles nautiques (22 km) du récif Mischief, revendiqué par la Chine et d’autres pays de la région. «Le destroyer lance-missiles USS Milius a mené une intrusion illégale dans les eaux adjacentes au récif Meiji dans les îles Nansha de Chine, sans l’approbation du gouvernement chinois», a déclaré Tian Junli, porte-parole du Commandement du théâtre sud de l’armée chinoise, dans un communiqué, ajoutant que l’armée de l’air de Pékin «a suivi et effectué une surveillance du navire».

À lire aussiLes scénarios risqués d’une invasion chinoise de Taïwan

Les manœuvres chinoises visent à protester contre la rencontre, mercredi dernier, de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen avec le président de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy.

L’objectif? Simuler un «bouclage» du territoire de 23 millions d’habitants réclamé par Pékin, a expliqué l’armée chinoise. Et notamment un «blocus aérien», selon la télévision d’État CCTV. Le commandement du théâtre d’opérations Est de l’Armée a précisé que le Shandong, l’un des deux porte-avions de la Chine, a «participé à l’exercice du jour».

Taïwan a dit avoir détecté 11 navires de guerre et 59 aéronefs chinois autour de l’île lundi. Durant le week-end, des avions de chasse et des navires de guerre avaient simulé des bombardements ciblés contre l’île, dans le cadre de cette opération baptisée «Joint Sword» et dénoncée par Taïwan.

À VOIR AUSSI – Au deuxième jour d’exercices militaires autour de Taïwan, la Chine fait une simulation de frappes

Géopolitique- Taïwan : ne pas humilier Pekin ! ( » le Monde »)

Géopolitique- Taïwan : ne pas humilier Pekin ! ( » le Monde »)

 

En se rendant à Taipei, la présidente de la Chambre des représentants, troisième personnage des Etats-Unis, a pris le risque de provoquer Pékin dans une conjoncture politiquement très délicate estime un papier du « Monde ».

 

Le journal reprend le sentiment d’une partie de l’intelligentsia  qui adopte  une attitude de type munichoise aussi bien vis-à-vis de Pékin que de Moscou. Ce papier est révélateur de la résignation d’une grande partie de l’opinion occidentale prête à plier devant les dictateurs comme Poutine pour ne pas avoir à diminuer le chauffage d’un degré cet hiver.

Cette position est largement partagée par nombre d’experts qui proposent la diplomatie molle et  le renoncement aux valeurs démocratiques fondamentales pour n’avoir pas à subir de conséquences économiques des crimes russes et chinois. De quoi préparer un choc de civilisation au profit des dictatures criminelles. (NDLR)

Le papier du monde :

 

La visite de Nancy Pelosi à Taïwan a été inopportune et périlleuse dans le contexte qui prévaut en Asie orientale. La présidente de la Chambre des représentants, premier dignitaire américain de ce niveau à se rendre sur l’île « rebelle » depuis 1997, a mis de l’huile sur le feu dans un endroit du monde hautement inflammable. Elle a provoqué le courroux de Pékin dans une région qui peut aisément se passer d’une crise de plus : des manœuvres militaires chinoises particulièrement agressives viennent de commencer tout autour de l’île, provoquant un quasi-blocus.


On peut comprendre et partager la satisfaction de nombreux Taïwanais pour lesquels tout soutien étranger, et particulièrement celui des Etats-Unis, leur allié le plus puissant et le plus proche, est bienvenu : le régime communiste chinois ne cesse de multiplier les provocations à l’endroit de l’île qui incarne le contre-modèle démocratique absolu face à l’un des régimes les plus autoritaires de la planète. On peut aussi estimer, à juste titre, que la Chine n’a aucun droit d’empêcher le gouvernement taïwanais, à la tête d’un pays souverain, de recevoir les invités qu’il veut et quand il le veut : Taïwan a besoin et mérite d’être soutenu, alors que Xi Jinping, le numéro un chinois le plus autoritaire depuis l’ère Mao, semble prêt, dans un futur encore indéterminé, à prendre le contrôle de l’île.

 

Mais Nancy Pelosi, troisième personnage dans la hiérarchie du pouvoir américain, ne pouvait plus mal choisir son moment. Sa visite a eu lieu dans une conjoncture politiquement très délicate pour l’« empereur » Xi, qui entend devenir « dictateur à vie » en se faisant réélire pour un troisième mandat à la suite du 20e Congrès du PCC, l’hiver prochain. Depuis la fin de l’ère Deng Xiaoping, les numéros un chinois ne pouvaient dépasser les deux mandats d’affilée. Xi Jinping, dont les fonctions cumulent celles de président, de chef du Parti communiste et de la direction militaire centrale, est en outre affaibli en raison des conséquences économiques désastreuses dues à son obsession du « zéro Covid », qui a fait basculer son pays au bord de la récession.

Pour le président de la République populaire, les enjeux sont donc à la hauteur du destin qu’il rêve pour lui et pour la Chine. Après s’être enorgueilli de la façon dont il avait initialement géré la pandémie, Xi Jinping sait que la brutalité de sa politique ne lui vaut pas que des amis au sein du régime : éradication musclée de la corruption, dont les victimes ont surtout été ses concurrents directs, embastillement impitoyable de ses adversaires politiques – et cela aux plus hauts niveaux civil et militaire –, obsession centralisatrice du pouvoir. Paradoxe de cette visite : outre les dangers d’embrasement régional, elle permet aussi au numéro un chinois de faire une démonstration de force militaire et nationaliste…

Joe Biden est apparu lui-même peu enthousiaste à l’idée de voir Mme Pelosi se rendre à Taïwan. Les caciques de l’armée américaine se sont également montrés hostiles à ce voyage, qui tombe d’autant plus mal que la guerre en Ukraine et le tango géopolitique dansé par Pékin et Moscou incitent les Américains à certaines concessions : Washington veut éviter que la Chine n’arme les Russes, ce que celle-ci s’est soigneusement abstenue de faire jusqu’à présent. Au lieu de se montrer réaliste, Mme Pelosi s’en est vaillamment allée tirer la moustache du Tigre. Les rugissements attendus en retour sont devenus source d’inquiétude non seulement pour Taïwan, mais pour d’autres pays d’Asie.

 

Taïwan : ne pas humilier Pekin ! ( » le Monde »)

Taïwan : ne pas humilier Pekin ! ( » le Monde »)

 

En se rendant à Taipei, la présidente de la Chambre des représentants, troisième personnage des Etats-Unis, a pris le risque de provoquer Pékin dans une conjoncture politiquement très délicate estime un papier du « Monde ».

 

Le journal reprend le sentiment d’une partie de l’intelligentsia  qui adopte  une attitude de type munichoise aussi bien vis-à-vis de Pékin que de Moscou. Ce papier est révélateur de la résignation d’une grande partie de l’opinion occidentale prête à plier devant les dictateurs comme Poutine pour ne pas avoir à diminuer le chauffage d’un degré cet hiver.

Cette position est largement partagée par nombre d’experts qui proposent la diplomatie molle et  le renoncement aux valeurs démocratiques fondamentales pour n’avoir pas à subir de conséquences économiques des crimes russes et chinois. De quoi préparer un choc de civilisation au profit des dictatures criminelles. (NDLR)

Le papier du monde :

 

La visite de Nancy Pelosi à Taïwan a été inopportune et périlleuse dans le contexte qui prévaut en Asie orientale. La présidente de la Chambre des représentants, premier dignitaire américain de ce niveau à se rendre sur l’île « rebelle » depuis 1997, a mis de l’huile sur le feu dans un endroit du monde hautement inflammable. Elle a provoqué le courroux de Pékin dans une région qui peut aisément se passer d’une crise de plus : des manœuvres militaires chinoises particulièrement agressives viennent de commencer tout autour de l’île, provoquant un quasi-blocus.


On peut comprendre et partager la satisfaction de nombreux Taïwanais pour lesquels tout soutien étranger, et particulièrement celui des Etats-Unis, leur allié le plus puissant et le plus proche, est bienvenu : le régime communiste chinois ne cesse de multiplier les provocations à l’endroit de l’île qui incarne le contre-modèle démocratique absolu face à l’un des régimes les plus autoritaires de la planète. On peut aussi estimer, à juste titre, que la Chine n’a aucun droit d’empêcher le gouvernement taïwanais, à la tête d’un pays souverain, de recevoir les invités qu’il veut et quand il le veut : Taïwan a besoin et mérite d’être soutenu, alors que Xi Jinping, le numéro un chinois le plus autoritaire depuis l’ère Mao, semble prêt, dans un futur encore indéterminé, à prendre le contrôle de l’île.

 

Mais Nancy Pelosi, troisième personnage dans la hiérarchie du pouvoir américain, ne pouvait plus mal choisir son moment. Sa visite a eu lieu dans une conjoncture politiquement très délicate pour l’« empereur » Xi, qui entend devenir « dictateur à vie » en se faisant réélire pour un troisième mandat à la suite du 20e Congrès du PCC, l’hiver prochain. Depuis la fin de l’ère Deng Xiaoping, les numéros un chinois ne pouvaient dépasser les deux mandats d’affilée. Xi Jinping, dont les fonctions cumulent celles de président, de chef du Parti communiste et de la direction militaire centrale, est en outre affaibli en raison des conséquences économiques désastreuses dues à son obsession du « zéro Covid », qui a fait basculer son pays au bord de la récession.

Pour le président de la République populaire, les enjeux sont donc à la hauteur du destin qu’il rêve pour lui et pour la Chine. Après s’être enorgueilli de la façon dont il avait initialement géré la pandémie, Xi Jinping sait que la brutalité de sa politique ne lui vaut pas que des amis au sein du régime : éradication musclée de la corruption, dont les victimes ont surtout été ses concurrents directs, embastillement impitoyable de ses adversaires politiques – et cela aux plus hauts niveaux civil et militaire –, obsession centralisatrice du pouvoir. Paradoxe de cette visite : outre les dangers d’embrasement régional, elle permet aussi au numéro un chinois de faire une démonstration de force militaire et nationaliste…

Joe Biden est apparu lui-même peu enthousiaste à l’idée de voir Mme Pelosi se rendre à Taïwan. Les caciques de l’armée américaine se sont également montrés hostiles à ce voyage, qui tombe d’autant plus mal que la guerre en Ukraine et le tango géopolitique dansé par Pékin et Moscou incitent les Américains à certaines concessions : Washington veut éviter que la Chine n’arme les Russes, ce que celle-ci s’est soigneusement abstenue de faire jusqu’à présent. Au lieu de se montrer réaliste, Mme Pelosi s’en est vaillamment allée tirer la moustache du Tigre. Les rugissements attendus en retour sont devenus source d’inquiétude non seulement pour Taïwan, mais pour d’autres pays d’Asie.

Le Monde

Guerre en Ukraine : L’occasion d’un renforcement des dictatures Pékin Moscou

Guerre en Ukraine : L’occasion d’un renforcement des dictatures Pékin Moscou

 

L’amitié sino-russe est une donnée contemporaine dont il faut tenir compte pour comprendre les nouveaux enjeux géopolitiques et économiques à l’échelle internationale créés par la décision de Moscou d’envahir l’Ukraine. Par Mariem Brahim, enseignante-chercheuse à Brest Business School, et Charaf Louhmadi, ingénieur économètre chez Natixis, auteur de « Fragments d’histoire des crises financières » et « Voyage au pays des nombres premiers ».( dans la « Tribune »)

La Chine et la Russie sont deux puissances mondiales. L’une représente le pays le plus peuplé du monde : 1,374 milliard d’habitants. L’autre est le plus grand en termes de superficie : 17 millions de km2. Une frontière commune de 4.200 km les relie. Les deux pays siègent au conseil permanent de l’ONU, tandis que les relations sino-russes sont excellentes depuis quelques années. Aux jeux olympiques de Pékin, Xi Jinping et Vladimir Poutine ont volontairement affiché aux yeux du monde entier l’amitié de leurs deux nations. A ce titre, le chef de la diplomatie chinoise Wang YI évoque « une amitié sino-russe solide comme un rock ». Il est évident que cette alliance, de plus en plus renforcée, constitue une menace pour le monde occidental.

Deuxième puissance économique mondiale, la Chine tisse en effet depuis des années un partenariat énergétique stratégique avec son voisin russe, particulièrement riche en gaz et en pétrole. Rappelons cependant que la Russie n’est que la 12e puissance économique mondiale au début de la guerre en Ukraine. Son PIB était en deçà de celui des pays du Benelux (Pays-Bas, Belgique et Luxembourg). Autrement dit, la puissance de la Russie paraissait d’abord d’ordre militaire.

Les relations économiques bilatérales entre les deux pays ont débuté dès la fin des années 1980. La Russie a alors tiré profit de l’embargo occidental suite aux événements tragiques de la place Tian’anmen pour vendre des armes à son nouveau partenaire. De surcroit, les deux pays ont procédé à des manœuvres militaires communes en 2005 avant de célébrer en grande pompe en juin 2019 le 70e anniversaire de leurs relations diplomatiques. A cette occasion, ils ont utilisé des moyens spectaculaires pour mettre en scène, devant les caméras du monde entier, la complicité et l’amitié qui les relient.

Pékin multiplie par ailleurs ses adhésions stratégiques aux organisations mondiales. Ainsi l’empire du Milieu fait-il partie des pays membres du FMI, des organisations mondiales de la santé (OMS) et du commerce (OMC) et, nous l’avons vu, de l’ONU. La Chine y dirige d’ailleurs quatre de ses quinze agences à savoir la FAO chargée de l’agriculture, l’ITU en charge des télécoms, l’ICAO spécialisée dans le domaine de l’aviation et enfin l’UNIDO pour le développement industriel.

Parallèlement, la Chine participe activement à l’élaboration et le développement de sa propre agence de coopération : l’Organisation de Coopération de Shanghai dite « OCS ». Fondée en 2001 et siégeant à Pékin, elle correspond à une alliance intergouvernementale de partenariats économiques. Mais son rôle essentiel porte sur le maintien de la stabilité et de la sécurité régionale. Au côté de la Chine donc, la… Russie faisait partie des six États fondateurs avec le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. L’Inde et le Pakistan ont rejoint l’organisation en 2017. En outre, on dénombre quatre États observateurs (la Biélorussie, la Mongolie, l’Iran et l’Afghanistan) et six partenaires de discussion : La Turquie, l’Azerbaïdjan, le Népal, le Cambodge, l’Arménie et le Sri Lanka. Les deux langues officielles de travail sont le chinois et le… russe.

Chaque année, a lieu un sommet au cours duquel les dirigeants des États membres et observateurs définissent les grandes lignes des politiques de partenariats et d’alliances sectorielles portant sur la défense, l’éducation, la justice et le tourisme. Actuellement, l’Ouzbek Vladimir Norov en assure le secrétariat général qui doit s’assurer d’une bonne coordination entre les Etats.

En 2018, le PIB total de cet ensemble était valorisé à hauteur de 18.500 milliards de dollars, soit 21,6% du PIB mondial. Il détient plus du quart des terres émergées à l’échelle de la planète et plus de 40% de la population mondiale. D’un point de vue énergétique, les pays de l’OCS concentrent plus de la moitié des réserves mondiales connues de gaz et d’uranium, le quart de celles en pétrole et 35% du charbon. Au total, l’existence de cette organisation rend compte d’un déplacement progressif de l’axe du monde vers l’Asie.

L’OCS veille également au maintien de la non-ingérence des pays occidentaux et particulièrement des Etats-Unis dans les affaires de ses adhérents. Mais, n’étant pas une sorte d’OTAN oriental, elle ne dispose pas d’équivalent de l’article 5 de la charte de l’Alliance atlantique, qui stipule qu’une attaque militaire contre un pays membre donne systématiquement lieu à une riposte militaire collective de l’ensemble de ses pays membres. Non content de leur vendre des armes, le Kremlin a pourtant installé des bases militaires au sein de pays membres de l’OCS pour accroitre son influence en Asie.

Notons toutefois que l’Organisation de Coopération de Shanghai sert d’abord les intérêts chinois, à travers l’ambitieux projet mondial des « routes de la soie » qui touche notamment aux secteurs des hautes technologies, des transports, des énergies et de l’agriculture. L’OCS a par ailleurs participé au financement de la plus grande autoroute européenne reliant Ridder au Kazakhstan à la ville française de Calais, avec un objectif précis : faciliter l’écoulement des marchandises chinoises en Europe. La Chine a toujours veillé sur ses intérêts économiques et géostratégiques. Ne créait-elle pas, dès 1996, l’ancêtre de l’OCS, « Shanghai five » afin de traiter les problèmes de délimitations des frontières après la dislocation de l’URSS !

Il existe toutefois des tensions régionales, voire des escalades entre les pays membres de l’OCS. Prenons l’exemple du Cachemire qui est revendiqué à la fois par l’Inde et le Pakistan. La Chine n’est pas non plus étrangère à ce conflit. Cette région constitue en effet l’un des axes des routes de la soie chinoise, ce qui tend les relations diplomatiques entre l’Inde et la Chine. Ces deux derniers sont également en conflit au Ladakh dans l’Himalaya. L’Inde accusant la Chine de coloniser des territoires nationaux, des affrontements ont eu lieu en mai 2020 à plus de 5.000 mètres d’altitude et ont coûté la vie à plusieurs soldats : 20 Indiens et 4 Chinois.

Il existe enfin une certaine rivalité économique entre la Russie et la Chine, au sujet du libre-échange monétaire. Cela s’illustre par l’action portée par Moscou au sein des pays membres de l’OCS afin de protéger le rouble d’une prépondérance de la monnaie chinoise. En outre, Pékin convoite l’Union économique eurasiatique et l’organisation du traité de sécurité collective, deux zones de libre-échange au sein desquelles le rouble est traité à grands volumes.

De ces tensions à la fois géopolitiques et financières ressortent une réelle complexité de l’OCS car elle affiche par ailleurs une réelle volonté unitaire de contrer l’influence occidentale. Ainsi les deux puissances sino-russes entretiennent-elles des relations certes cordiales (car basées sur des partenariats solides et croissants) mais non dénuées d’une mutuelle méfiance. Depuis le début de la guerre en Ukraine, que la Chine observe dans la perspective d’un possible conflit avec l’île de Taïwan, les exportations et les importations ont tout de même bondi entre les deux pays. Les volumes d’exportations de la Chine vers la Russie ont cru de 45% au mois de février dernier, selon Oddo BHF, versus une augmentation mondiale de 16%. En même temps, Pékin profite des barils russes bon marché pour booster ses importations énergétiques.

C’est dire que la position ambiguë de l’État chinois qui n’a pas condamné l’invasion de l’Ukraine inquiète particulièrement les pays occidentaux. Reste que, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Europe ainsi que les Etats-Unis dépassant largement les volumes sino-russes, la Chine doit veiller à trouver un juste équilibre dans les relations bilatérales complexes qu’elle entretient avec Moscou. C’est pourquoi l’hypothèse d’un double discours couplé d’un rôle délicat d’équilibriste de Pékin prend sa source dans le fait que la Russie n’a pas été exclue de l’Organisation de Coopération de Shanghai. Cette neutralité, pour ne pas dire connivence, peut s’expliquer par une volonté commune de redessiner l’ordre mondial, aux antipodes des valeurs démocratiques et universelles de l’ouest. Un point commun relie également ces deux puissances, la volonté de contrer l’influence des Etats-Unis à l’échelle mondiale.

La Russie s’appuie désormais sur ses alliés pour limiter les impacts significatifs des sanctions internationales et éviter le défaut. Les réserves de change en euros ou en dollars de la banque centrale russe ont été gelées au sein des pays occidentaux. Sur 600 milliards de dollars, il ne resterait que 150 milliards mais essentiellement en yuans, roupies et en or. L’institution centrale russe n’a donc plus accès à l’essentiel de ses réserves internationales en euros et en dollars. Pendant ce temps, Pékin aurait procédé à l’entrée dans des capitaux d’entreprises russes en difficulté. L’Etat chinois profite ainsi de la conjoncture actuelle, pour s’implanter dans une Russie fragilisée. Les deux parties savent donc identifier les domaines d’intérêt commun pour lesquels s’impose la coopération, notamment dans le domaine spatial. Un accord prévoit ainsi la construction conjointe d’une future station lunaireAutre manière d’entrer en compétition directe avec les États-Unis.

C’est pourquoi l’attitude douteuse de Pékin vis-à-vis de la guerre en Ukraine a fait réagir Washington. Janet Yellen, la secrétaire du Trésor américain, a mis en garde la Chine en la menaçant de sanctions économiques qui toucheraient ses exportations vers l’Occident.

L’ascension économique de la Chine est la conséquence de son inclusion au sein de l’économie mondiale. Son intégration à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 a permis son essor économique et une croissance accrue lors des deux dernières décennies. L’empire du Milieu accroît constamment son influence économique internationale. C’est ainsi que la Chine a réussi à négocier le paiement en yuan du pétrole saoudien. Selon les données de l’Administration générale des douanes de Chine, les exportations de pétrole du royaume vers la Chine s’accélèrent depuis 30 ans. L’Arabie saoudite était l’an dernier le premier fournisseur de brut de la Chine, suivie de la Russie avec 1,6 million de barils par jour.

En imposant sa monnaie, Pékin souhaitait aussi prouver que celle-ci pouvait être une monnaie d’échange parfaitement crédible à l’échelle mondiale. L’usine du monde, premier partenaire économique des Etats-Unis et dont le PIB est six fois supérieur à celui de la Russie, rayonne par ses partenariats économiques et commerciaux mondiaux. Le maintien de sa croissance, qui montre par ailleurs des signes d’essoufflement ces dernières années, passe d’abord par l’écoulement de ses marchandises en Europe et aux Etats-Unis, d’où la nécessité de ne pas essuyer des sanctions internationales. Mais, inversement, appliquer des sanctions à Pékin priverait l’Europe, les Etats-Unis et le monde de nombreuses marchandises et biens importés de Chine. Ainsi le rôle d’équilibriste revient-il aussi à l’Occident.

Mariem Brahim et Charaf Louhmadi

Pékin et Moscou unis contre la démocratie occidentale

 

 

Quelle que soit l’évolution de la guerre en Ukraine, la Chine ne prendra pas ses distances avec la Russie, les deux pays étant unis dans leur combat pour l’avènement d’un monde postoccidental, analyse la sinologue Alice Ekman, dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune. Face à l’invasion russe de l’Ukraine, la position de la Chine est souvent qualifiée d’ambiguë. Ce n’est, en réalité, pas le cas : elle ne cesse de réaffirmer son soutien à la Russie. Certes, la Chine s’est, jusqu’à présent, abstenue lors des votes sur le sujet au Conseil de sécurité de l’ONU. Mais elle a pour tradition de n’apposer que très rarement son veto (seulement seize fois depuis son accession au fauteuil de membre permanent du Conseil de sécurité en 1971). Et elle a activement contribué à adoucir le texte du projet de résolution du 25 février, afin que celui-ci condamne moins frontalement les agissements de la Russie. Lors du vote du 2 mars, l’ambassadeur chinois aux Nations unies a justifié la nouvelle abstention de son pays en des termes concordant avec le vocabulaire officiel russe, rejetant l’« expansion de blocs militaires », en référence à l’OTAN.

La Chine n’a que très légèrement ajusté son discours depuis le début du conflit, si l’on lit attentivement les déclarations. Les diplomates chinois ne cessent de faire porter la responsabilité de la crise à l’OTAN et aux Etats-Unis, qui auraient « attisé les flammes » (expression utilisée régulièrement par les porte-parole du ministère des affaires étrangères). La diplomatie, tout comme la télévision officielle chinoise, relaie largement le discours russe, soulignant plus que jamais la responsabilité présumée des Etats-Unis.

En parallèle, Pékin a réaffirmé officiellement, début mars, que la Russie était « son amie éternelle » et son partenaire stratégique le plus important. Ces mots ne sont pas anodins dans le contexte actuel – encore moins que lorsque les deux pays avaient évoqué, le 4 février, en marge des Jeux olympiques d’hiver, « une amitié sans limite ».

Assurément, Pékin ne se réjouit pas de la situation de guerre en Ukraine. Les autorités chinoises ont dû rapidement chercher des solutions pour évacuer les quelque 6 000 ressortissants chinois sur place (désormais en Chine pour la plupart). Pékin doit aussi reconsidérer ses intérêts économiques et logistiques dans le pays, qui n’étaient, jusqu’à présent, pas négligeables (agroalimentaire, télécommunications, trains dits des « nouvelles routes de la soie » passant par l’Ukraine), et anticiper les conséquences des sanctions envers la Russie sur sa propre économie.

Car la Chine s’oppose vigoureusement aux sanctions imposées à Moscou et continuera à « commercer normalement avec la Russie », y compris à importer massivement des hydrocarbures, comme l’a rappelé le ministère des affaires étrangères à plusieurs reprises. L’objectif d’augmenter les échanges commerciaux entre les deux pays à 200 milliards de dollars (environ 180 milliards d’euros) d’ici à 2024, annoncé début février, lors de la visite de Vladimir Poutine à Pékin, reste inchangé et pourrait être atteint plus vite que prévu. Ce serait, dans tous les cas, encore bien en deçà du volume actuel des échanges commerciaux entre la Chine et l’Union européenne (586 milliards de dollars en 2020, selon l’institut européen des statistiques) ou avec les Etats-Unis (555 milliards de dollars en 2020), qui restent de loin les plus importants partenaires commerciaux de Pékin. Dans ce contexte, et alors que l’administration de Joe Biden accroît sa pression pour dissuader la Chine de renforcer son soutien à Moscou, il serait rationnel d’anticiper un ajustement de la position chinoise afin de ménager les relations avec ses premiers partenaires commerciaux.

Pékin et Moscou unis contre la démocratie

 Pékin et Moscou unis contre la démocratie

 

Quelle que soit l’évolution de la guerre en Ukraine, la Chine ne prendra pas ses distances avec la Russie, les deux pays étant unis dans leur combat pour l’avènement d’un monde postoccidental, analyse la sinologue Alice Ekman, dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune. 

Face à l’invasion russe de l’Ukraine, la position de la Chine est souvent qualifiée d’ambiguë. Ce n’est, en réalité, pas le cas : elle ne cesse de réaffirmer son soutien à la Russie. Certes, la Chine s’est, jusqu’à présent, abstenue lors des votes sur le sujet au Conseil de sécurité de l’ONU. Mais elle a pour tradition de n’apposer que très rarement son veto (seulement seize fois depuis son accession au fauteuil de membre permanent du Conseil de sécurité en 1971). Et elle a activement contribué à adoucir le texte du projet de résolution du 25 février, afin que celui-ci condamne moins frontalement les agissements de la Russie. Lors du vote du 2 mars, l’ambassadeur chinois aux Nations unies a justifié la nouvelle abstention de son pays en des termes concordant avec le vocabulaire officiel russe, rejetant l’« expansion de blocs militaires », en référence à l’OTAN.

La Chine n’a que très légèrement ajusté son discours depuis le début du conflit, si l’on lit attentivement les déclarations. Les diplomates chinois ne cessent de faire porter la responsabilité de la crise à l’OTAN et aux Etats-Unis, qui auraient « attisé les flammes » (expression utilisée régulièrement par les porte-parole du ministère des affaires étrangères). La diplomatie, tout comme la télévision officielle chinoise, relaie largement le discours russe, soulignant plus que jamais la responsabilité présumée des Etats-Unis.

En parallèle, Pékin a réaffirmé officiellement, début mars, que la Russie était « son amie éternelle » et son partenaire stratégique le plus important. Ces mots ne sont pas anodins dans le contexte actuel – encore moins que lorsque les deux pays avaient évoqué, le 4 février, en marge des Jeux olympiques d’hiver, « une amitié sans limite ».

Assurément, Pékin ne se réjouit pas de la situation de guerre en Ukraine. Les autorités chinoises ont dû rapidement chercher des solutions pour évacuer les quelque 6 000 ressortissants chinois sur place (désormais en Chine pour la plupart). Pékin doit aussi reconsidérer ses intérêts économiques et logistiques dans le pays, qui n’étaient, jusqu’à présent, pas négligeables (agroalimentaire, télécommunications, trains dits des « nouvelles routes de la soie » passant par l’Ukraine), et anticiper les conséquences des sanctions envers la Russie sur sa propre économie.

 

Car la Chine s’oppose vigoureusement aux sanctions imposées à Moscou et continuera à « commercer normalement avec la Russie », y compris à importer massivement des hydrocarbures, comme l’a rappelé le ministère des affaires étrangères à plusieurs reprises. L’objectif d’augmenter les échanges commerciaux entre les deux pays à 200 milliards de dollars (environ 180 milliards d’euros) d’ici à 2024, annoncé début février, lors de la visite de Vladimir Poutine à Pékin, reste inchangé et pourrait être atteint plus vite que prévu. Ce serait, dans tous les cas, encore bien en deçà du volume actuel des échanges commerciaux entre la Chine et l’Union européenne (586 milliards de dollars en 2020, selon l’institut européen des statistiques) ou avec les Etats-Unis (555 milliards de dollars en 2020), qui restent de loin les plus importants partenaires commerciaux de Pékin. Dans ce contexte, et alors que l’administration de Joe Biden accroît sa pression pour dissuader la Chine de renforcer son soutien à Moscou, il serait rationnel d’anticiper un ajustement de la position chinoise afin de ménager les relations avec ses premiers partenaires commerciaux.

Guerre en Ukraine : La fausse neutralité de Pékin

  • Guerre en Ukraine : La fausse neutralité de Pékin

    Alors que le conseiller à la sécurité nationale américain a rencontré lundi à Rome le plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la diplomatie, quelle est réellement la position de Xi Jinping face à l’invasion russe ? Franceinfo a posé la question à Marc Julienne, spécialiste de la Chine à l’Ifri.

     

    La position de la Chine dans la guerre qui oppose Kiev à Moscou est-elle en train de basculer ? C’est ce qu’affirme le New York Times (article payant, en anglais) dimanche 13 mars. Selon le quotidien américain, qui cite des responsables anonymes, la Russie a demandé à Pékin de lui fournir des équipements militaires et une aide économique pour l’aider à surmonter les sanctions internationales. Une accusation balayée par le géant asiatique. « Ces derniers temps, les Etats-Unis propagent constamment des fausses nouvelles à l’encontre de la Chine », a répondu devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise.

    Marc Julienne, responsable des activités Chine au Centre Asie de l’Institut français des relations internationales (Ifri), apporte son éclairage sur le rôle de Pékin dans cette guerre.

    franceinfo : Depuis le début de la guerre en Ukraine, quelle est la position de la Chine, alliée historique de la Russie ?

    Marc Julienne : Depuis le 24 février, la Chine maintient une position officielle de neutralité dans le conflit armé qui oppose la Russie à l’Ukraine. Mais lorsque l’on analyse au-delà du discours officiel, on s’aperçoit que cette neutralité n’est que de façade. Pékin assure respecter la souveraineté de tous les Etats et la Charte des Nations unies, mais elle a repris mot pour mot le discours de Vladimir Poutine en parlant « d’opération militaire spéciale », en refusant d’utiliser le terme d’invasion et en se gardant d’attribuer toute responsabilité du conflit à l’un ou l’autre des belligérants. Elle reconnaît également les « préoccupations de sécurité légitimes » de la Russie. C’est une formule très générale pour dire en filigrane que Moscou avait aussi des raisons de se sentir menacé en Ukraine.

    « Le discours chinois est très subtil, c’est tout en ligne de crête. Le but est de se présenter comme neutre tout en préservant les intérêts de la Russie. La Chine appelle à la discussion, à des pourparlers de paix, mais à aucun moment ne fait de démarches pour se positionner en médiatrice. »

    Pourquoi la Chine soutient-elle implicitement la Russie dans cette guerre ?

    C’est avant tout pour des raisons politiques. Les deux pays sont fondamentalement d’accord sur un point : leur opposition viscérale aux démocraties libérales occidentales. Il s’agit d’une opposition aux Etats-Unis, à l’Otan et, pour ce qui concerne particulièrement la Chine, une opposition au nouveau partenariat de l’Aukus (Australie, Royaume-Uni, Etats-Unis).

    De son côté, la Russie fait face à ce front occidental puisqu’elle accuse l’Otan de vouloir s’élargir à l’Ukraine, ce qui est faux. C’est précisément sur ce point que la Chine et la Russie ont des intérêts alliés et c’est la raison pour laquelle Pékin soutient tacitement Moscou. C’est un soutien implicite dans le discours et très explicite économiquement. La Chine apporte son aide financière à la Russie depuis le début du conflit. Par des canaux de financements en yuans depuis que l’économie russe est exclue du système Swift, mais aussi en augmentant les importations de pétrole et de gaz, ou encore celles de produits agricoles, comme le blé.

    Enfin, depuis le début de la crise, Pékin observe attentivement ce qui se passe en Ukraine, en pensant à Taïwan. La Chine a des velléités très explicites sur une « unification », selon ses termes. Elle peut tirer certaines leçons de la guerre actuelle.

    Pensez-vous que la Chine peut s’impliquer davantage dans le conflit ? 

    Si elle soutenait trop ouvertement la Russie, elle pourrait elle-même être visée par des sanctions ayant de fortes répercussions sur son économie. Le choix idéologique va alors s’opposer aux intérêts pragmatiques de l’Empire du milieu.

    « A choisir entre l’alignement anti-américain et la préservation de l’économie chinoise, la Chine choisira de préserver son économie, qui subit une phase de ralentissement après la crise sanitaire liée au Covid-19. »

    Le pays est dans une année très importante. En octobre 2022 va se dérouler le 20e congrès du Parti communiste chinois. Le président Xi Jinping devrait être reconduit pour un troisième mandat, ce qui serait inédit depuis la mort de Mao Zedong (1976). On est donc dans une période très sensible politiquement, où il faut absolument préserver l’économie, pour la pérennité du président au pouvoir. Puisque la Chine tente de se présenter comme neutre, fournir du matériel militaire à un belligérant représenterait une volte-face totale.

     

JO de Pékin: une publicité pour le régime autocratique de Xi Jinping

JO de Pékin: une publicité pour le régime autocratique de Xi Jinping

Les Jeux olympiques d’hiver, qui se tiennent en Chine depuis le 4 février, sont une sorte de publicité pour le régime autocratique. Un papier du « Monde » explique qu’en dépit des réserves de certains, les JO de Pékin constituent une formidable plate-forme de promotion pour le régime dictatoriale chinois. Du coup, la participation de la plupart des Etats à cet événement sportif universel permet de jeter un voile pudique sur toute les atteintes aux droits et à la répression. À Pékin la neige est artificielle comme la démocratie !

Rien ne devrait gâcher la fête des médaillés, la joie des descendeurs et de tous les autres, biathlètes, patineurs et « fondus » du bobsleigh. Pourtant, tenus à une centaine de kilomètres de Pékin, les Jeux olympiques d’hiver 2022 porteront pour l’histoire une marque essentiellement politique. La Chine du président Xi Jinping a prouvé qu’elle imposait ses normes en matière de libertés publiques – aux ressortissants chinois et étrangers. Dans la bataille idéologique, l’Occident n’est pas sur le podium. Il s’est soumis.

D’abord, il faut écarter d’un revers de main les angéliques billevesées serinées par le Comité international olympique (CIO). Les Jeux ne seraient pas « politiques ». Ils seraient une parenthèse dans les rapports entre Etats, un moment exclusivement réservé à l’exploit sportif en dehors de toute autre considération. Balivernes.

Les Jeux ont toujours été politiques, exploités à des fins de prestige par les nations, terrain de compétition entre « systèmes » économiques et sociaux différents, vitrine publicitaire à des fins idéologiques ou commerciales. Reconnaître la nature des Jeux n’enlève rien aux performances de ceux qui y participent ni à la beauté du spectacle.

Les JO d’hiver de Pékin ont par ailleurs une particularité intéressante. La « glisse » se fait à cent pour cent sur de la neige et de la glace artificielles. On ne s’étonnera pas que le Mondial de foot 2022 se déroule à la fin de l’année au Qatar dans des stades réfrigérés à l’air conditionné. Dans un cas comme dans l’autre, l’empreinte carbone sera tout sauf neutre. Mais, bien sûr, pas plus que pour le CIO, la Fédération internationale de football (FIFA) ne fonde ses choix sur des considérations matérielles ou politiques !

L’Etat-parti façon Xi Jinping entend montrer l’efficacité de l’autocratie aux caractéristiques chinoises. A un moment où les Occidentaux doutent, s’auto-analysent et s’interrogent sur l’universalité de leurs valeurs, le parti-Etat brave le Covid-19 et l’absence de neige. Il organise et accueille un grand événement international. Et il le fait à ses conditions, sans que le CIO y trouve à redire.

La pandémie justifie bien des choses. On n’assiste aux compétitions que sur invitation. A l’intérieur des « bulles » de protection abritant les jeux, il faut télécharger sur son portable une application chinoise, rapporte le New York Times (4 février), destinée à surveiller la santé d’une personne mais aussi ses déplacements. « A en croire des chercheurs, poursuit le quotidien new-yorkais, le software [de cette application] rend accessible l’ensemble des informations personnelles stockées sur ledit portable. » On imagine volontiers Pékin déployant ici toutes les ressources de l’autocratie numérique mise en place par le président Xi ces dix dernières années.

JO-2022 PEKIN : déjà des cas de Covid

JO-2022 PEKIN : déjà des cas de Covid

 

On sait que les JO de Pékin seront mis sous cloche pour des raisons sanitaires mais aussi démocratiques et politiques. Sans parler des aspects environnementaux puisque la neige sera totalement artificielle ! Il s’agit notamment de cacher la réalité chinoise dans de nombreux domaines notamment relativement aux libertés.

Pourtant inévitablement des athlètes vont transporter le virus en étant le plus souvent asymptomatiques. Évidemment le virus va se répandre également. On va sans doute assister d’ailleurs à des polémiques sur ce sujet concernant certains athlètes en vue qui auront caché leur contamination.

Six personnes dans la délégation allemande pour les Jeux olympiques 2022 ont ainsi  été testées positive au Covid-19 à leur arrivée jeudi à Pékin, a annoncé le Comité olympique allemand (DOSB) sans préciser si parmi eux figuraient des athlètes. Toutes les personnes infectées sont asymptomatiques et ont été séparées du reste de la délégation, a-t-il ajouté, précisant qu’elles devaient subir de nouveaux tests PCR pour confirmer leur contamination.

Environnement- JO Pékin 2022 : uniquement de la neige artificielle

Environnement- JO Pékin 2022 : uniquement de la neige artificielle

 

Décidément les JO d’hiver de Pékin en 2022 sont frappés de malédiction. Il y a évidemment toujours l’environnement démocratique particulièrement désastreux et les atteintes y compris violentes aux libertés individuelles et collectives.

Du coup plusieurs délégations seront absentes.

Il y a aussi un environnement sanitaire assez trouble puisqu’on ne connaît pas exactement où la Chine en est avec le variant omicron. On sait seulement que des villes entières ont été confinées.

Enfin sur le plan environnemental c’est purement catastrophique puisque la totalité de la neige qui recouvrira les pistes sera artificielle et va donc exiger une consommation d’énergie considérable .

À quelques jours de l’ouverture des JO, les montagnes restent donc désespérément brunes, et simplement zébrées par des lignes blanches, pistes où se dérouleront les épreuves durant la quinzaine. Et les chances de voir une pellicule immaculée recouvrir ces espaces mécanisées (inaugurés en 2019) sont quasiment nuls même si quelques chutes sont annoncées dimanche dans cette région enveloppée dans un froid glacial.

Boycotter politiquement les JO de Pékin

Boycotter politiquement les  JO de Pékin

 

Ce que propose un collectif de personnalités dans le Monde

Tribune

 

Emmanuel Macron s’apprête à envoyer des diplomates et des ministres français aux Jeux olympiques de Pékin. Mais plusieurs démocraties – les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie – ont décidé de mettre en place un boycott diplomatique : leurs sportifs se rendront aux Jeux, pas les officiels.

Nous attendons la position de l’Union européenne, que la France va présider dans quelques jours. Mais Emmanuel Macron s’est déjà exprimé. Il a déclaré qu’un boycott diplomatique serait « tout petit et symbolique ». Il est vrai qu’un boycott au sens plein du terme aurait consisté à s’abstenir de JO et à refuser que les sportifs s’y rendent. Aucune démocratie, semble-t-il, n’y est prête actuellement. L’idée, plus modeste, d’un boycott diplomatique met pourtant Pékin en fureur. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois a réagi à cette « manipulation politique » et a menacé : ceux qui boycottent « paieront inévitablement le prix de ce mauvais coup ». A l’aune de la réaction chinoise, on voit bien que ne pas envoyer nos ministres aux JO ne serait en rien, aux yeux de Pékin, « tout petit et symbolique ».

L’histoire nous jugera

En revanche, dépêcher nos officiels en Chine signifie que nous sommes indifférents à ce qui s’y passe. Or, ce pays est devenu, en quelques années, un Etat totalitaire qui menace toutes les démocraties. La Chine de 2022 a son grand leader, objet d’un culte de la personnalité délirant, qui s’apprête à modifier les règles du Parti communiste chinois pour rester au pouvoir très longtemps. Elle a mis en place un système de surveillance de la vie privée des citoyens et de « crédit social » sans précédent dans l’histoire. Elle dispose d’un appareil de censure et de répression impitoyable. L’enclave de liberté que représentait Hongkong a été soumise en quelques mois. On ne peut plus y commémorer le massacre de la place Tiananmen, ni y défendre la démocratie.

Les menaces contre Taïwan se font chaque jour plus précises. Le pire est en train de se dérouler dans la province du Xinjiang contre les Ouïgours, les Kazakhs et les Kirghiz. Non seulement des centaines de milliers d’innocents sont enfermés dans des camps de rééducation, où l’on tente de leur laver le cerveau, où ils sont victimes de tortures, de violences et de viols, mais Pékin impose des mesures de prévention des naissances, par pose de stérilet forcée, avortements contraints ou ablation de l’utérus. L’objectif est de faire disparaître une culture, une langue, des traditions. Le Parti communiste chinois est en train de commettre un ethnocide.

Biden dépendant de Pékin

Biden dépendant de Pékin 

L’économiste Xavier Dupret observe dans une tribune au « Monde » que le prochain krach financier à Wall Street rendra Washington dépendant de Pékin, troisième détenteur de la dette souveraine américaine

 

 

Tribune.
 C’est peu dire que l’ambiance n’est plus au beau fixe entre Washington et Pékin. Depuis la rencontre houleuse d’Anchorage le 18 mars, les choses semblent limpides. L’heure est aux sujets qui fâchent et le dernier sommet de l’OTAN le 14 juin n’a fait qu’accentuer les tensions. Joe Biden pourrait néanmoins être contraint de revenir dans les mois qui viennent à davantage de coopération avec le gouvernement chinois. En cause, le danger avéré d’une crise financière outre-Atlantique. 

Le ratio entre la capitalisation boursière et le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis, un instrument de mesure élaboré par Warren Buffett en 2001 lors de l’effondrement du Nasdaq, vient de franchir un seuil critique. Fin juin, il s’élevait à 130 %. A l’été 2007, lorsque la bulle des subprimes a éclaté, la valeur totale des instruments financiers à Wall Street représentait 137 % du PIB américain.

 


 Bien sûr, un indicateur considéré isolément ne permet jamais de discerner de façon indiscutable les évolutions potentielles des marchés, mais on ne rétorquera pas trop vite que « cette fois, le contexte est différent ». Il est difficile de soutenir que les investisseurs sortiront forcément à temps de la bulle pour procéder à la réallocation de leurs portefeuilles dans la mesure où, précisément, les alternatives font défaut.

Ces dernières années, les cours ont été principalement tirés vers le haut en raison de l’attrait pour les valeurs de l’industrie du numérique. De ce point de vue, la baisse drastique des taux décidée à la suite à la pandémie n’a fait qu’attiser cet appétit. Lorsque la survalorisation de cette catégorie de titres deviendra intenable, la poule aux œufs d’or sera morte et il sera compliqué de se déporter vers des valeurs classiques.

 

C’est que les actions des secteurs traditionnels ont déjà largement intégré le rebond de 2021 après avoir, somme toute, peu souffert en 2020. A l’époque, l’action non conventionnelle de la Réserve fédérale américaine leur avait évité de connaître un plongeon trop marqué.

 

Voilà sans doute pourquoi, dans son rapport sur la stabilité financière de mai, la banque centrale américaine n’y est pas allée par quatre chemins en s’étonnant du « niveau élevé de certains actifs par rapport aux normes historiques » avant de préciser que « dans ce contexte, les cours peuvent être vulnérables en cas de baisse de l’appétit pour le risque ». On ne saurait être plus explicite. Bref, la question n’est finalement pas de savoir si une déflagration financière va frapper les Etats-Unis, mais davantage quand elle surviendra. Etant donné le niveau actuel de ses taux nominaux, il ne restera sans doute plus à la Fed qu’à se diriger en territoire négatif. Les marges de manœuvre de l’administration Biden face à Pékin se réduiront alors sensiblement.

J.O. de Pékin en 2022 : boycott des États-Unis ?

J.O. de Pékin en 2022 : boycott des États-Unis ?

 

Pour l’instant, la question n’est pas officiellement leur du jour mais compte tenu de la dégradation des relations entre les États-Unis et la Chine, le problème de la présence occidentale aux JO de Pékin en 2022 pourrait se poser. En effet Les États-Unis ont annoncé envisager une discussion avec leurs alliés sur la question d’un boycott des Jeux Olympiques d’hiver de Pékin en 2022, au moment où la pression monte de la part d’associations de défense des droits de l’Homme et de politiciens. «C’est quelque chose dont nous souhaitons certainement discuter», a déclaré mardi 6 avril le porte-parole du département d’État américain Ned Price, interrogé pour savoir si les États-Unis envisageaient un boycott conjoint avec leurs alliés.

 

L’opposition entre les États-Unis et la Chine porte évidemment sur les questions économiques mais aussi politiques et démocratiques.

Plusieurs groupes militants ainsi que des hommes politiques républicains ont multiplié récemment leur appel à un boycott américain des JO de Pékin. Ils s’appuient en partie sur plusieurs ONG et pays qui accusent la Chine de persécuter les musulmans ouïghours, notamment en les plaçant dans des camps d’internement où les membres de cette minorité sont soumis, selon les témoignages de rescapés, à divers sévices.

 

Birmanie :La Chine demande de revenir à une «transition démocratique»

Birmanie :La Chine demande de revenir à une «transition démocratique»

 

La Chine rejette l’idée d’imposer des sanctions aux militaires birmans qui «ne feraient qu’aggraver la situation» et prône de «revenir à une transition démocratique dans ce pays», a déclaré mercredi 31 mars l’ambassadeur chinois à l’ONU, Zhang Jun, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité.

«Si la Birmanie sombrait dans des turbulences prolongées, ce serait une catastrophe pour ce pays et la région dans son ensemble», a aussi déclaré l’ambassadeur dont les propos ont été rapportés par un communiqué de la mission chinoise.

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