Archive pour le Tag 'pays'

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Politique- Niger, Burkina Faso et Mali : des pays bientôt livrés aux mains des terroristes islamistes

Politique- Niger, Burkina Faso et Mali : des pays bientôt livrés aux mains des terroristes islamistes

Ces régimes sont condamnés à être balayés de l’extérieur par la poussée des islamistes et de l’intérieur par la montée du mécontentement et de la misère sociale. Depuis ces dictatures, le prix des denrées essentielles s’est en effet considérablement envolé et la pauvreté s’est encore développée

La conséquence directe aussi sera le développement d’un immense mouvement migratoire de ces pays en direction de l’Afrique de l’Ouest plus développée et de l’Europe, en particulier de la France.

Justifier de la lutte contre le colonialisme en installant une dictature relève de la plus grande supercherie politique et idéologique.
Les membres de la junte et ceux qui les entourent sont surtout là pour se répartir les richesses du pays avec l’appui des Russes. Des riusses qui eux aussi se désintéressent totalement de la lutte contre l’islamisme en Afrique.

Dans un premier temps, ces Etats vont se réduire à une zone autour des capitales avant sans doute d’être balayés en raison de leur incompétence et de leur corruption.

Afrique–Niger, Burkina Faso et Mali : des pays bientôt livrés aux mains des terroristes islamistes

Afrique–Niger, Burkina Faso et Mali : des pays bientôt livrés aux mains des terroristes islamistes

Ces régimes sont condamnés à être balayés de l’extérieur par la poussée des islamistes et de l’intérieur par la montée du mécontentement et de la misère sociale. Depuis ces dictatures, le prix des denrées essentielles s’est en effet considérablement envolé et la pauvreté s’est encore développée

La conséquence directe aussi sera le développement d’un immense mouvement migratoire de ces pays en direction de l’Afrique de l’Ouest plus développée et de l’Europe, en particulier de la France.

Justifier de la lutte contre le colonialisme en installant une dictature relève de la plus grande supercherie politique et idéologique.
Les membres de la junte et ceux qui les entourent sont surtout là pour se répartir les richesses du pays avec l’appui des Russes. Des riusses qui eux aussi se désintéressent totalement de la lutte contre l’islamisme en Afrique.

Dans un premier temps, ces états vont se réduire à une zone autour des capitales avant sans doute d’être balayées en raison de leur incompétence et de leur corruption.

Niger, Burkina Faso et Mali : des pays bientôt livrés aux mains des terroristes islamistes

Niger, Burkina Faso et Mali : des pays bientôt livrés aux mains des terroristes islamistes

Ces régimes sont condamnés à être balayés de l’extérieur par la poussée des islamistes et de l’intérieur par la montée du mécontentement et de la misère sociale. Depuis ces dictatures, le prix des denrées essentielles s’est en effet considérablement envolé et la pauvreté s’est encore développée

La conséquence directe aussi sera le développement d’un immense mouvement migratoire de ces pays en direction de l’Afrique de l’Ouest plus développée et de l’Europe, en particulier de la France.

Justifier de la lutte contre le colonialisme en installant une dictature relève de la plus grande supercherie politique et idéologique.
Les membres de la junte et ceux qui les entourent sont surtout là pour se répartir les richesses du pays avec l’appui des Russes. Des riusses qui eux aussi se désintéressent totalement de la lutte contre l’islamisme en Afrique.

Dans un premier temps, ces états vont se réduire à une zone autour des capitales avant sans doute d’être balayées en raison de leur incompétence et de leur corruption.

Société-Le nombre de pays démocratiques en déclin dans le monde

Société-Le nombre de pays démocratiques en déclin dans le monde

La guerre en Ukraine a mis fin aux dernières illusions des Européens, qui s’appuyaient sur le primat du droit et les vertus du multilatéralisme pour garantir la sécurité et la paix, estime, dans une tribune au « Monde », l’ancien ambassadeur Pierre Buhler.

Le déferlement des chars russes en Ukraine, le 24 février 2022, a sonné le glas non seulement d’une ère, mais aussi d’une idée : celle de la paix par le droit, qui, malgré les mécomptes, a prévalu pendant plus d’un siècle.

Certes, le projet de Woodrow Wilson [président des Etats-Unis de 1913 à 1921] de rendre le « monde sûr pour la démocratie », avec la Société des nations, a connu le sort que l’on sait. Mais Franklin D. Roosevelt [1933-1945] en avait tiré les leçons avec la Charte des Nations unies, un traité prohibant le recours à la force en dehors des cas de légitime défense, et doté d’un Conseil de sécurité chargé d’en assurer le respect. Le fait que les cinq puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale y siègent comme membres permanents, avec droit de veto, devait être le gage de son efficacité.

Ce système, paralysé pendant la guerre froide, avait, dès la fin de celle-ci, laissé espérer l’avènement d’un monde réglé par le droit, qu’avait illustré, en 1990, le rétablissement dans sa souveraineté du Koweït, envahi par l’Irak. Mais cet espoir s’est évanoui au fur et à mesure que des interventions militaires enfreignant le droit international – en Géorgie, en Serbie, en Irak, en Ukraine… – se sont succédé.

L’implosion de l’Union soviétique avait donné le coup de grâce à une autre idée : celle de la paix dans le monde grâce à l’abolition du capitalisme et de son « stade suprême, l’impérialisme ». Mais elle avait surtout donné corps à la thèse de la « fin de l’histoire » et du triomphe de la démocratie libérale, une illusion entretenue par un mouvement ample de ralliement à ce modèle dans le monde. Elle laissait entrevoir la perspective que le respect de la règle de droit – un attribut des démocraties – finirait par déteindre sur les conduites des Etats en dehors de leurs frontières.

La courbe s’est inversée au bout d’une quinzaine d’années. Il ne reste aujourd’hui qu’une trentaine de démocraties authentiques, après deux décennies fastes pour les dictateurs, autocrates et juntes qui ont fait main basse sur le pouvoir dans leurs pays. Pour autant, l’aspiration aux libertés, aux droits et à la dignité ne s’est pas éteinte, comme le rappellent des soulèvements réguliers en Birmanie, à Hongkong ou en Iran.

Le nombre de pays démocratiques en déclin dans le monde

Le nombre de pays démocratiques en déclin dans le monde

La guerre en Ukraine a mis fin aux dernières illusions des Européens, qui s’appuyaient sur le primat du droit et les vertus du multilatéralisme pour garantir la sécurité et la paix, estime, dans une tribune au « Monde », l’ancien ambassadeur Pierre Buhler.

Le déferlement des chars russes en Ukraine, le 24 février 2022, a sonné le glas non seulement d’une ère, mais aussi d’une idée : celle de la paix par le droit, qui, malgré les mécomptes, a prévalu pendant plus d’un siècle.

Certes, le projet de Woodrow Wilson [président des Etats-Unis de 1913 à 1921] de rendre le « monde sûr pour la démocratie », avec la Société des nations, a connu le sort que l’on sait. Mais Franklin D. Roosevelt [1933-1945] en avait tiré les leçons avec la Charte des Nations unies, un traité prohibant le recours à la force en dehors des cas de légitime défense, et doté d’un Conseil de sécurité chargé d’en assurer le respect. Le fait que les cinq puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale y siègent comme membres permanents, avec droit de veto, devait être le gage de son efficacité.

Ce système, paralysé pendant la guerre froide, avait, dès la fin de celle-ci, laissé espérer l’avènement d’un monde réglé par le droit, qu’avait illustré, en 1990, le rétablissement dans sa souveraineté du Koweït, envahi par l’Irak. Mais cet espoir s’est évanoui au fur et à mesure que des interventions militaires enfreignant le droit international – en Géorgie, en Serbie, en Irak, en Ukraine… – se sont succédé.

L’implosion de l’Union soviétique avait donné le coup de grâce à une autre idée : celle de la paix dans le monde grâce à l’abolition du capitalisme et de son « stade suprême, l’impérialisme ». Mais elle avait surtout donné corps à la thèse de la « fin de l’histoire » et du triomphe de la démocratie libérale, une illusion entretenue par un mouvement ample de ralliement à ce modèle dans le monde. Elle laissait entrevoir la perspective que le respect de la règle de droit – un attribut des démocraties – finirait par déteindre sur les conduites des Etats en dehors de leurs frontières.

La courbe s’est inversée au bout d’une quinzaine d’années. Il ne reste aujourd’hui qu’une trentaine de démocraties authentiques, après deux décennies fastes pour les dictateurs, autocrates et juntes qui ont fait main basse sur le pouvoir dans leurs pays. Pour autant, l’aspiration aux libertés, aux droits et à la dignité ne s’est pas éteinte, comme le rappellent des soulèvements réguliers en Birmanie, à Hongkong ou en Iran.

Afrique: ces pays qui n’en finissent pas de s’enfoncer

Afrique: ces pays qui n’en finissent pas de s’enfoncer

Sans être superstitieux, on peut se demander si une malédiction n’affecte pas ce superbe continent qu’est l’Afrique. Pourtant en moyenne tout est réuni pour une vie harmonieuse : les ressources, le climat, la jeunesse de la population. Certes, il s’agit d’une moyenne car des Etats sont plus avantagés que d’autres, plus développées que d’autres. Les avis d’experts ne manquent pas sur les facteurs explicatifs relatifs à l’extrême pauvreté en moyenne de ce continent, une pauvreté économique mais aussi démocratique. La plupart de ces experts n’ont jamais vécu durablement en Afrique en tout cas au sein des populations. Du coup, ils proposent tout simplement face aux crises caractérisées par la montée des violences et des dictatures que les pays occidentaux quittent le continent.

C’est évidemment oublier que déjà les chinois sont les plus influents économiquement en Afrique et qu’ils progressent en développant efficacement et discrètement business sur fond de corruption. Les russes de leur côté s’implantent pour surtout des motifs politiques mais aussi pour piller les pays. Côté occidental y compris en Europe, chaque pays joue son propre jeu dans un intérêt diplomatique et parfois économique.

Certains experts proposent un désengagement total de l’Occident y compris par exemple sur le plan militaire ou économique avec la suppression du franc CFA. Ils oublient évidemment que la place serait vite occupée par d’autres puissances étrangères et surtout par les terroristes islamistes qui ne cessent de progresser.

La plupart des putschistes ne s’intéressent qu’au pouvoir et à la mainmise sur les richesses. Ces militaires se désintéressent totalement de la lutte contre le terrorisme repliés qu’ils sont pour la plupart autour des capitales et des lieux de pouvoir. Des militaires qui la plupart du temps se consacrent surtout à des fonctions de police et à la corruption et qui négligent évidemment les fonctions de défense.

De la même manière, proposer la suppression brutale du franc CFA, aujourd’hui soutenu à bout de bras par l’Europe et la France, aboutirait à une dévaluation de près de 50 % et un renchérissement considérable des biens essentiels. Une véritable catastrophe sociale et humanitaire se produirait alors. Avec aussi comme conséquence son lot d’immigrations sauvages vers l’Europe.

La priorité est donc d’abord de procéder à une analyse pertinente de la situation et ne pas s’en tenir à ce qu’on peut penser dans les salons des ambassades ou même les services de renseignements qui ont été incapables de prévoir les récents événements politiques.

Il ne faut certainement pas quitter l’Afrique mais changer la nature des relations. Par exemple ne plus financer des grands projets dont une partie disparaît dans les sables de la corruption ou dans les superstructures des grandes organisations. Il faut financer des projets beaucoup plus utiles, plus urgents mais ciblés et suivis par des équipes de projets compétentes et intègres.

Parallèlement, il convient de favoriser ce tissu de PME qui manquent tellement à l’Afrique pour remplacer une partie de l’économie informelle. Mais cela suppose des financements des compétences et des formations. Une des urgences est de former à la gestion ces futurs entrepreneurs qui confondent trop aujourd’hui montant du tiroir caisse et profits.

Former doit être l’axe stratégique de l’aide au développement : aide économique, aide sociale, aide militaire, aide technologique et aide démocratique.

Surestimer l’ampleur de la contestation à l’égard de la France constitue une erreur d’analyse. En effet, dans la plupart des pays on peut avec 1,50 € et une bière par manifestant réunir des foules éphémères, versatiles et manipuler temporairement l’opinion.

Une opinion qui a cependant des raisons objectives à ne pas être satisfaite de l’efficacité de la gestion de certains politiques dans certains pays et même de la politique de développement de la France.

Se retirer brutalement de l’Afrique se traduira inévitablement notamment par une progression des terroristes islamiques qui n’auront aucun mal à prendre la place des militaires d’opérette du Niger, du Burkina ou du Mali. Se retirer brutalement de l’Afrique serait provoquer une une crise sociale sans précédent et une vague d’immigration impossible à maîtriser.

Site gbessay

Politique-Niger: un pays dépendant financièrement de l’extérieur

Politique-Niger: un pays dépendant financièrement de l’extérieur

Le Niger dépend largement de l’aide extérieure notamment sur le plan financier. Le coup de force des dictateurs pourrait bien être remis en cause rapidement par la dégradation d’une situation sociale déjà l’une des plus misérables au monde. Le revenu moyen d’un nigérien est en effet de leurs deux 30 € par mois. Le Niger n’a pas les moyens de nourrir seule sa population et même de payer ses fonctionnaires.

La junte militaire peu familiarisée avec la gestion va rapidement s’en apercevoir car elle ne pourra même pas payer ses fonctionnaires. A cela va s’ajouter le coup de frein inévitable de l’économie y compris sur les exportations. Ce n’est évidemment pas la Russie qui va se substituer internationale puisque ce pays à travers Wagner a l’habitude de piller les maigres ressources avec la complicité du pouvoir local.

le Niger dépend de laide publique pour plus de 50% concernant son budget.
Avec un PIB annuel à peine supérieur à 8 milliards de $, le Niger ne peut pas financer seul son développement.

En février 2022, le Fonds central d’intervention d’urgence du Système des Nations unies (CERF) octroie au Niger un montant de 10 millions de dollars (5,745 milliards CFA) destiné à aider pendant un an plus de 300 000 personnes affectées par la crise alimentaire

Ferroviaire France : investissements insuffisants comparés aux autres pays

Ferroviaire France : investissements insuffisants comparés aux autres pays

Selon des données du cabinet de conseil SCI Verkehr, la France est l’un des pays européens où l’investissement public par habitant dans le rail a été le plus faible en 2022 avec seulement 46 euros par Français.

Par rapport à d’autres pays majeurs de l’Union européenne, l’Hexagone accuse un sérieux retard. L’investissement de l’État espagnol dans le ferroviaire se chiffrait à 67 euros par habitant l’année dernière et atteignait 115 euros par Italien de l’autre côté des Alpes. Outre-Manche, ce sont pas moins de 187 euros par habitant qui ont été dépensés dans le rail par la puissance publique en 2022.

Même en Allemagne la situation n’est pas satisfaisante

« Pendant des décennies, l’Allemagne a privilégié la construction de routes, rappelle Dirk Flege. Nous sommes désormais à la veille d’un tournant historique. En regardant le projet de budget pour 2024, on peut prédire que le gouvernement de coalition veut augmenter sensiblement les investissements dans l’infrastructure ferroviaire. »

Ce ratio reste en revanche moins favorable au rail que chez plusieurs pays limitrophes de l’Allemagne. En 2022, le Luxembourg a ainsi orienté 60% de ses investissements vers le ferroviaire, la Suisse près des deux tiers (62%) et l’Autriche presque un quart des siens (72%). Pour se rapprocher de ces situations voisines, l’Allianz pro Schiene plaide pour une simplification du financement, qui reste trop bureaucratique comme en témoignent les 189 programmes individuels qui existent, afin de le rendre plus efficace.

Niger: un pays dépendant financièrement de l’extérieur

Niger: un pays dépendant financièrement de l’extérieur

Le Niger dépend largement de l’aide extérieure notamment sur le plan financier. Le coup de force des dictateurs pourrait bien être remis en cause rapidement par la dégradation d’une situation sociale déjà l’une des plus misérables au monde. Le revenu moyen d’un nigérien est en effet de leurs deux 30 € par mois. Le Niger n’a pas les moyens de nourrir seule sa population et même de payer ses fonctionnaires.

La junte militaire peu familiarisée avec la gestion va rapidement s’en apercevoir car elle ne pourra même pas payer ses fonctionnaires. A cela va s’ajouter le coup de frein inévitable de l’économie y compris sur les exportations. Ce n’est évidemment pas la Russie qui va se substituer internationale puisque ce pays à travers Wagner a l’habitude de piller les maigres ressources avec la complicité du pouvoir local.

le Niger dépend de laide publique pour plus de 50% concernant son budget.
Avec un PIB annuel à peine supérieur à 8 milliards de $, le Niger ne peut pas financer seul son développement.

En février 2022, le Fonds central d’intervention d’urgence du Système des Nations unies (CERF) octroie au Niger un montant de 10 millions de dollars (5,745 milliards CFA) destiné à aider pendant un an plus de 300 000 personnes affectées par la crise alimentaire

Endettement : la pieuvre chinoise dans les pays pauvres

Endettement : la pieuvre chinoise dans les pays pauvres

Au cours des deux dernières années, une nouvelle vague de défauts souverains a vu le jour dans les économies émergentes et en développement (Argentine, Biélorussie, Équateur, Ghana, Liban, Sri Lanka, Suriname, Ukraine, Zambie). Avec 25 % des économies émergentes et 60 % des économies en développement surendettées ou présentant un risque élevé de surendettement pour l’année 2022, le risque d’une série de défauts dans les EMDE reste élevé.

par Florian Morvillier
Économiste, CEPII

Erica Perego
Économiste, CEPII dans The Conversation

Le resserrement de la politique monétaire américaine, la hausse des primes de risque sur les dettes souveraines, la réduction des perspectives de croissance mondiale, les tensions géopolitiques inhérentes à la guerre en Ukraine et un niveau d’endettement public élevé constituent autant de vulnérabilités augmentant le risque d’épisodes de tensions sur les dettes souveraines des EMDE.

L’émergence de la Chine comme créancier public de grande envergure constitue une vulnérabilité supplémentaire pour les EMDE. Depuis 2015, la Chine est en effet devenue le principal créancier public des économies émergentes et en développement.

Les prêts de la Chine s’opèrent par l’intermédiaire de différents créanciers, situés directement sous la supervision du conseil d’État chinois, dont les plus importants sont deux banques publiques : la Banque de développement de Chine et la Banque d’export-import de Chine. Ces deux banques ont, entre 2000 et 2017, réalisé à elles seules plus de 70 % des prêts transfrontaliers directs réalisés par la Chine à destination des EMDE dont plus de 90 % à destination d’États souverains ou d’entreprises d’État.

Alors qu’en 2000, la dette publique extérieure des EMDE détenue par les créanciers publics chinois s’élevait à moins d’un milliard de dollars, en 2017 c’est 355 milliards de dollars que les créanciers chinois détenaient.

La politique de gestion des crises de la dette souveraine menée par la Chine dans les EMDE se fonde sur deux stratégies. La première consiste à restructurer la dette de ses débiteurs en la rééchelonnant s’ils sont proches du défaut ou en situation de défaut, tandis que la seconde repose sur l’octroi de « prêts de sauvetage » aux pays débiteurs en situation de grandes difficultés financières. Pour les EMDE, le fort endettement vis-à-vis des créanciers chinois les rend d’autant plus vulnérables que ces deux stratégies n’ont pas pour objectif de réduire le fardeau de leurs dettes.

En effet, les créanciers publics chinois ont, sur la période 2000-2019, restructuré la dette publique extérieure de leurs débiteurs en recourant majoritairement, dans 92 % des cas, au rééchelonnement par extension de la maturité de la dette et/ou suspension temporaire des paiements (graphique 2).

Une politique similaire à celle suivie par le Club de Paris (groupe informel composé de 22 pays créanciers) sur la période 1970-1999 quand la quasi-intégralité des allègements de dette consistait en un rééchelonnement ayant pour objectif de garantir la valeur faciale des créances détenues plutôt que restaurer la soutenabilité de la dette publique de ses débiteurs.

Ensuite, au cours des années 2000, le Club de Paris, ayant la volonté de restaurer la soutenabilité de ses débiteurs, a favorisé les rééchelonnements accompagnés d’une réduction de la valeur faciale de la dette (« haircut »), dans environ 70 % des restructurations. Une telle stratégie est plus favorable pour les économies en situation de défaut car, dans les années qui suivent, cette politique se traduit par une croissance économique plus élevée, une amélioration de la notation de crédit et une réduction de la pauvreté et des inégalités, contrairement à une politique se fondant uniquement sur un rééchelonnement qui ne réduit pas le fardeau de la dette.

En revanche, pour les EMDE fortement endettées vis-à-vis de l’empire du Milieu et qui font face à des épisodes de « stress » sur leur dette, la Chine leur vient en aide en leur fournissant des « prêts de secours » afin d’éviter un défaut de paiement imminent. Du fait de leurs très courtes maturités, ces prêts sont très fréquemment réitérés ce qui se solde par un allongement de la dette.

Ces prêts sont également octroyés à des taux d’intérêt considérablement élevés par rapport à ceux pratiqués par les créanciers multilatéraux comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale : en moyenne 5 %, un taux presque deux fois plus élevés que celui proposé par le FMI, alourdissant ainsi considérablement le fardeau des dettes. Ces renflouements répétés rappellent les pratiques de « prêts en série » du FMI au cours des dernières décennies et, plus généralement, les restructurations en série et les crédits-relais accordés par les créanciers privés pendant la crise de la dette des années 1980.

La stratégie consistant à procéder à des rééchelonnements de dette concerne principalement les économies en développement, tandis que la Chine recourt à l’octroi de prêts de sauvetage surtout dans les économies émergentes. Cette différence d’approche peut s’expliquer, en partie, par le niveau d’exposition différent des créanciers chinois aux emprunteurs souverains dans les deux groupes de pays : seuls 20 % des créances chinoises concernent les pays en développement (donc 80 % pour les pays émergents), ce qui peut expliquer que la Chine recourt pour eux à des rééchelonnements car un défaut de leur part n’a qu’un impact limité sur les bilans des créanciers chinois contrairement à un défaut des économies émergentes.

Au niveau international et face à l’incapacité des EMDE à servir leurs dettes à la suite de la crise sanitaire, une initiative de suspension du service de la dette (DSSI, pour debt service suspension initiative en anglais) avait vu le jour le 15 avril 2020, en pleine pandémie. Celle-ci a permis aux 73 pays éligibles, qui le souhaitaient, de suspendre temporairement (jusqu’à fin 2021) les remboursements d’intérêts et de principal sur les prêts bilatéraux du G20.

À la recherche de solutions plus pérennes, le G20 et les 22 membres du Club de Paris ont approuvé en novembre 2020 un nouveau « Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de la DSSI » pour permettre une remise permanente de dette aux pays éligibles. Ce nouveau cadre suppose une adhésion au principe d’égal traitement des créanciers formalisé par le Club de Paris.

Les EMDE pourraient donc être rassurés par la volonté de jure de la Chine de se coordonner avec les autres créanciers mais, de facto, elle a jusqu’il y a peu privilégié une approche unilatérale dans ses restructurations, en ne prenant pas part aux négociations multilatérales organisées par le Club de Paris. De plus, une grande partie des contrats signés avec les créanciers publics chinois contiennent une clause « No Paris Club » visant à garder leurs dettes hors des restructurations collectives pour obtenir un remboursement préférentiel par rapport aux autres créanciers.

Le durcissement toujours en cours de la politique monétaire dans les pays avancés et les mauvaises perspectives de croissance pour l’économie mondiale font craindre de nouveaux épisodes de « stress » et défauts des EMDE sur leur dette extérieure. La situation pourrait être plus délicate encore dans ces pays si la Chine décidait de poursuivre sa politique de gestion des crises de la dette.

En donnant son accord de principe sur « des pertes » sur ses créances lors de la restructuration de la dette souveraine du Ghana le 17 mai 2023, la Chine a fait un premier pas dans la bonne direction. Mais lors de la décision finale sur la restructuration de la dette souveraine de la Zambie, le 23 juin 2023, après presque trois ans de négociations, elle a à nouveau opté pour sa stratégie antérieure : rééchelonnement avec une période de grâce de 3 ans sur les paiements d’intérêt et extension de la maturité de la dette. Le début d’une nouvelle stratégie, que l’accord de principe pour le Ghana pouvait laisser espérer, reste encore à concrétiser.

Des pays africains dans la gueule du loup russe !

Des pays africains dans la gueule du loup russe !

L’attitude de certains pays africain est évidemment pitoyable même si une majorité ne tombent pas dans le panneau. Moscou qui n’a cessé d’envahir par la force les pays voisins depuis plus de 30 ans veut se faire le champion de la lutte contre le néo colonialisme. Et Moscou qui a imposé la dictature l’Union soviétique jusqu’à la chute du mur de Berlin. Moscou qui n’a jamais connu un seul moment de démocratie et où la violence et le crime régule les relations politiques.

La vérité c’est que nombre de pays africains sont dirigés par des quasi dictateurs qui viennent chercher auprès des Russes de quoi conforter leur maintien pouvoir grâce à des formes de garde nationale fournie par Wagner. Au final il n’y aura pas les céréales attendues et promises par Poutine mais une famine supplémentaire sur la population avec en plus la main de fer de Wagner sur la démocratie.

Il faut vraiment que ces pays soient tombés bien bas pour se jeter dans la gueule du loup russe qui en profite pour piller les ressources et entretenir une corruption qui nourrit la pauvreté et les inégalités.

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi 28 juillet, au dernier jour du sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, que Moscou et les pays du continent s’étaient engagés à promouvoir un «ordre mondial multipolaire» et à lutter contre le «néocolonialisme». «L’engagement de tous nos États à la formation d’un ordre mondial multipolaire juste et démocratique (…) a été réaffirmé», a déclaré Vladimir Poutine lors d’un discours de clôture, évoquant une «détermination commune à lutter contre le néocolonialisme» et les sanctions «illégitimes».

Cela ne doit pas dédouaner la France dans sa zone d’influence ou en général la politique diplomatique s’est révélée complètement incompétente sans parler parfois d’une présence militaire à la fois sous dimensionnée et ambigu quant à son rôle. Au total un immense échec de la politique de développement.

Endettement et néocoloniatisme : la pieuvre chinoise dans les pays pauvres

Endettement et néocoloniatisme : la pieuvre chinoise dans les pays pauvres

Au cours des deux dernières années, une nouvelle vague de défauts souverains a vu le jour dans les économies émergentes et en développement (Argentine, Biélorussie, Équateur, Ghana, Liban, Sri Lanka, Suriname, Ukraine, Zambie). Avec 25 % des économies émergentes et 60 % des économies en développement surendettées ou présentant un risque élevé de surendettement pour l’année 2022, le risque d’une série de défauts dans les EMDE reste élevé.

par Florian Morvillier
Économiste, CEPII

Erica Perego
Économiste, CEPII dans The Conversation

Le resserrement de la politique monétaire américaine, la hausse des primes de risque sur les dettes souveraines, la réduction des perspectives de croissance mondiale, les tensions géopolitiques inhérentes à la guerre en Ukraine et un niveau d’endettement public élevé constituent autant de vulnérabilités augmentant le risque d’épisodes de tensions sur les dettes souveraines des EMDE.

L’émergence de la Chine comme créancier public de grande envergure constitue une vulnérabilité supplémentaire pour les EMDE. Depuis 2015, la Chine est en effet devenue le principal créancier public des économies émergentes et en développement.

Les prêts de la Chine s’opèrent par l’intermédiaire de différents créanciers, situés directement sous la supervision du conseil d’État chinois, dont les plus importants sont deux banques publiques : la Banque de développement de Chine et la Banque d’export-import de Chine. Ces deux banques ont, entre 2000 et 2017, réalisé à elles seules plus de 70 % des prêts transfrontaliers directs réalisés par la Chine à destination des EMDE dont plus de 90 % à destination d’États souverains ou d’entreprises d’État.

Alors qu’en 2000, la dette publique extérieure des EMDE détenue par les créanciers publics chinois s’élevait à moins d’un milliard de dollars, en 2017 c’est 355 milliards de dollars que les créanciers chinois détenaient.

La politique de gestion des crises de la dette souveraine menée par la Chine dans les EMDE se fonde sur deux stratégies. La première consiste à restructurer la dette de ses débiteurs en la rééchelonnant s’ils sont proches du défaut ou en situation de défaut, tandis que la seconde repose sur l’octroi de « prêts de sauvetage » aux pays débiteurs en situation de grandes difficultés financières. Pour les EMDE, le fort endettement vis-à-vis des créanciers chinois les rend d’autant plus vulnérables que ces deux stratégies n’ont pas pour objectif de réduire le fardeau de leurs dettes.

En effet, les créanciers publics chinois ont, sur la période 2000-2019, restructuré la dette publique extérieure de leurs débiteurs en recourant majoritairement, dans 92 % des cas, au rééchelonnement par extension de la maturité de la dette et/ou suspension temporaire des paiements (graphique 2).

Une politique similaire à celle suivie par le Club de Paris (groupe informel composé de 22 pays créanciers) sur la période 1970-1999 quand la quasi-intégralité des allègements de dette consistait en un rééchelonnement ayant pour objectif de garantir la valeur faciale des créances détenues plutôt que restaurer la soutenabilité de la dette publique de ses débiteurs.

Ensuite, au cours des années 2000, le Club de Paris, ayant la volonté de restaurer la soutenabilité de ses débiteurs, a favorisé les rééchelonnements accompagnés d’une réduction de la valeur faciale de la dette (« haircut »), dans environ 70 % des restructurations. Une telle stratégie est plus favorable pour les économies en situation de défaut car, dans les années qui suivent, cette politique se traduit par une croissance économique plus élevée, une amélioration de la notation de crédit et une réduction de la pauvreté et des inégalités, contrairement à une politique se fondant uniquement sur un rééchelonnement qui ne réduit pas le fardeau de la dette.

En revanche, pour les EMDE fortement endettées vis-à-vis de l’empire du Milieu et qui font face à des épisodes de « stress » sur leur dette, la Chine leur vient en aide en leur fournissant des « prêts de secours » afin d’éviter un défaut de paiement imminent. Du fait de leurs très courtes maturités, ces prêts sont très fréquemment réitérés ce qui se solde par un allongement de la dette.

Ces prêts sont également octroyés à des taux d’intérêt considérablement élevés par rapport à ceux pratiqués par les créanciers multilatéraux comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale : en moyenne 5 %, un taux presque deux fois plus élevés que celui proposé par le FMI, alourdissant ainsi considérablement le fardeau des dettes. Ces renflouements répétés rappellent les pratiques de « prêts en série » du FMI au cours des dernières décennies et, plus généralement, les restructurations en série et les crédits-relais accordés par les créanciers privés pendant la crise de la dette des années 1980.

La stratégie consistant à procéder à des rééchelonnements de dette concerne principalement les économies en développement, tandis que la Chine recourt à l’octroi de prêts de sauvetage surtout dans les économies émergentes. Cette différence d’approche peut s’expliquer, en partie, par le niveau d’exposition différent des créanciers chinois aux emprunteurs souverains dans les deux groupes de pays : seuls 20 % des créances chinoises concernent les pays en développement (donc 80 % pour les pays émergents), ce qui peut expliquer que la Chine recourt pour eux à des rééchelonnements car un défaut de leur part n’a qu’un impact limité sur les bilans des créanciers chinois contrairement à un défaut des économies émergentes.

Au niveau international et face à l’incapacité des EMDE à servir leurs dettes à la suite de la crise sanitaire, une initiative de suspension du service de la dette (DSSI, pour debt service suspension initiative en anglais) avait vu le jour le 15 avril 2020, en pleine pandémie. Celle-ci a permis aux 73 pays éligibles, qui le souhaitaient, de suspendre temporairement (jusqu’à fin 2021) les remboursements d’intérêts et de principal sur les prêts bilatéraux du G20.

À la recherche de solutions plus pérennes, le G20 et les 22 membres du Club de Paris ont approuvé en novembre 2020 un nouveau « Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de la DSSI » pour permettre une remise permanente de dette aux pays éligibles. Ce nouveau cadre suppose une adhésion au principe d’égal traitement des créanciers formalisé par le Club de Paris.

Les EMDE pourraient donc être rassurés par la volonté de jure de la Chine de se coordonner avec les autres créanciers mais, de facto, elle a jusqu’il y a peu privilégié une approche unilatérale dans ses restructurations, en ne prenant pas part aux négociations multilatérales organisées par le Club de Paris. De plus, une grande partie des contrats signés avec les créanciers publics chinois contiennent une clause « No Paris Club » visant à garder leurs dettes hors des restructurations collectives pour obtenir un remboursement préférentiel par rapport aux autres créanciers.

Le durcissement toujours en cours de la politique monétaire dans les pays avancés et les mauvaises perspectives de croissance pour l’économie mondiale font craindre de nouveaux épisodes de « stress » et défauts des EMDE sur leur dette extérieure. La situation pourrait être plus délicate encore dans ces pays si la Chine décidait de poursuivre sa politique de gestion des crises de la dette.

En donnant son accord de principe sur « des pertes » sur ses créances lors de la restructuration de la dette souveraine du Ghana le 17 mai 2023, la Chine a fait un premier pas dans la bonne direction. Mais lors de la décision finale sur la restructuration de la dette souveraine de la Zambie, le 23 juin 2023, après presque trois ans de négociations, elle a à nouveau opté pour sa stratégie antérieure : rééchelonnement avec une période de grâce de 3 ans sur les paiements d’intérêt et extension de la maturité de la dette. Le début d’une nouvelle stratégie, que l’accord de principe pour le Ghana pouvait laisser espérer, reste encore à concrétiser.

Moscou et les pays africains: Contre le colonialisme, la dictature !

Moscou et les pays africains: Contre le colonialisme, la dictature !

Il y a évidemment quelque chose de surréaliste en même temps que dramatique de voir des pays africains se soumettre à Poutine en raison de la lutte contre le néocolonialisme. En réalité une manière de conforter nombre de dictatures- comme en Russie- qui veulent cacher la mauvaise gestion de leur pays par une dictature renforcée. Et le soutien des troupes des criminels de Wagner comme garde nationale assurant la pérennité du pouvoir des dictateurs.

Il faut vraiment que ces pays soient tombés bien bas pour se jeter dans la gueule du loup russe qui en profite pour piller les ressources et entretenir une corruption qui nourrit la pauvreté et les inégalités.

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi 28 juillet, au dernier jour du sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, que Moscou et les pays du continent s’étaient engagés à promouvoir un «ordre mondial multipolaire» et à lutter contre le «néocolonialisme». «L’engagement de tous nos États à la formation d’un ordre mondial multipolaire juste et démocratique (…) a été réaffirmé», a déclaré Vladimir Poutine lors d’un discours de clôture, évoquant une «détermination commune à lutter contre le néocolonialisme» et les sanctions «illégitimes».

Endettement : la pieuvre chinoise dans les pays pauvres

Endettement : la pieuvre chinoise dans les pays pauvres

Au cours des deux dernières années, une nouvelle vague de défauts souverains a vu le jour dans les économies émergentes et en développement (Argentine, Biélorussie, Équateur, Ghana, Liban, Sri Lanka, Suriname, Ukraine, Zambie). Avec 25 % des économies émergentes et 60 % des économies en développement surendettées ou présentant un risque élevé de surendettement pour l’année 2022, le risque d’une série de défauts dans les EMDE reste élevé.

par Florian Morvillier
Économiste, CEPII

Erica Perego
Économiste, CEPII dans The Conversation

Le resserrement de la politique monétaire américaine, la hausse des primes de risque sur les dettes souveraines, la réduction des perspectives de croissance mondiale, les tensions géopolitiques inhérentes à la guerre en Ukraine et un niveau d’endettement public élevé constituent autant de vulnérabilités augmentant le risque d’épisodes de tensions sur les dettes souveraines des EMDE.

L’émergence de la Chine comme créancier public de grande envergure constitue une vulnérabilité supplémentaire pour les EMDE. Depuis 2015, la Chine est en effet devenue le principal créancier public des économies émergentes et en développement.

Les prêts de la Chine s’opèrent par l’intermédiaire de différents créanciers, situés directement sous la supervision du conseil d’État chinois, dont les plus importants sont deux banques publiques : la Banque de développement de Chine et la Banque d’export-import de Chine. Ces deux banques ont, entre 2000 et 2017, réalisé à elles seules plus de 70 % des prêts transfrontaliers directs réalisés par la Chine à destination des EMDE dont plus de 90 % à destination d’États souverains ou d’entreprises d’État.

Alors qu’en 2000, la dette publique extérieure des EMDE détenue par les créanciers publics chinois s’élevait à moins d’un milliard de dollars, en 2017 c’est 355 milliards de dollars que les créanciers chinois détenaient.

La politique de gestion des crises de la dette souveraine menée par la Chine dans les EMDE se fonde sur deux stratégies. La première consiste à restructurer la dette de ses débiteurs en la rééchelonnant s’ils sont proches du défaut ou en situation de défaut, tandis que la seconde repose sur l’octroi de « prêts de sauvetage » aux pays débiteurs en situation de grandes difficultés financières. Pour les EMDE, le fort endettement vis-à-vis des créanciers chinois les rend d’autant plus vulnérables que ces deux stratégies n’ont pas pour objectif de réduire le fardeau de leurs dettes.

En effet, les créanciers publics chinois ont, sur la période 2000-2019, restructuré la dette publique extérieure de leurs débiteurs en recourant majoritairement, dans 92 % des cas, au rééchelonnement par extension de la maturité de la dette et/ou suspension temporaire des paiements (graphique 2).

Une politique similaire à celle suivie par le Club de Paris (groupe informel composé de 22 pays créanciers) sur la période 1970-1999 quand la quasi-intégralité des allègements de dette consistait en un rééchelonnement ayant pour objectif de garantir la valeur faciale des créances détenues plutôt que restaurer la soutenabilité de la dette publique de ses débiteurs.

Ensuite, au cours des années 2000, le Club de Paris, ayant la volonté de restaurer la soutenabilité de ses débiteurs, a favorisé les rééchelonnements accompagnés d’une réduction de la valeur faciale de la dette (« haircut »), dans environ 70 % des restructurations. Une telle stratégie est plus favorable pour les économies en situation de défaut car, dans les années qui suivent, cette politique se traduit par une croissance économique plus élevée, une amélioration de la notation de crédit et une réduction de la pauvreté et des inégalités, contrairement à une politique se fondant uniquement sur un rééchelonnement qui ne réduit pas le fardeau de la dette.

En revanche, pour les EMDE fortement endettées vis-à-vis de l’empire du Milieu et qui font face à des épisodes de « stress » sur leur dette, la Chine leur vient en aide en leur fournissant des « prêts de secours » afin d’éviter un défaut de paiement imminent. Du fait de leurs très courtes maturités, ces prêts sont très fréquemment réitérés ce qui se solde par un allongement de la dette.

Ces prêts sont également octroyés à des taux d’intérêt considérablement élevés par rapport à ceux pratiqués par les créanciers multilatéraux comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale : en moyenne 5 %, un taux presque deux fois plus élevés que celui proposé par le FMI, alourdissant ainsi considérablement le fardeau des dettes. Ces renflouements répétés rappellent les pratiques de « prêts en série » du FMI au cours des dernières décennies et, plus généralement, les restructurations en série et les crédits-relais accordés par les créanciers privés pendant la crise de la dette des années 1980.

La stratégie consistant à procéder à des rééchelonnements de dette concerne principalement les économies en développement, tandis que la Chine recourt à l’octroi de prêts de sauvetage surtout dans les économies émergentes. Cette différence d’approche peut s’expliquer, en partie, par le niveau d’exposition différent des créanciers chinois aux emprunteurs souverains dans les deux groupes de pays : seuls 20 % des créances chinoises concernent les pays en développement (donc 80 % pour les pays émergents), ce qui peut expliquer que la Chine recourt pour eux à des rééchelonnements car un défaut de leur part n’a qu’un impact limité sur les bilans des créanciers chinois contrairement à un défaut des économies émergentes.

Au niveau international et face à l’incapacité des EMDE à servir leurs dettes à la suite de la crise sanitaire, une initiative de suspension du service de la dette (DSSI, pour debt service suspension initiative en anglais) avait vu le jour le 15 avril 2020, en pleine pandémie. Celle-ci a permis aux 73 pays éligibles, qui le souhaitaient, de suspendre temporairement (jusqu’à fin 2021) les remboursements d’intérêts et de principal sur les prêts bilatéraux du G20.

À la recherche de solutions plus pérennes, le G20 et les 22 membres du Club de Paris ont approuvé en novembre 2020 un nouveau « Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de la DSSI » pour permettre une remise permanente de dette aux pays éligibles. Ce nouveau cadre suppose une adhésion au principe d’égal traitement des créanciers formalisé par le Club de Paris.

Les EMDE pourraient donc être rassurés par la volonté de jure de la Chine de se coordonner avec les autres créanciers mais, de facto, elle a jusqu’il y a peu privilégié une approche unilatérale dans ses restructurations, en ne prenant pas part aux négociations multilatérales organisées par le Club de Paris. De plus, une grande partie des contrats signés avec les créanciers publics chinois contiennent une clause « No Paris Club » visant à garder leurs dettes hors des restructurations collectives pour obtenir un remboursement préférentiel par rapport aux autres créanciers.

Le durcissement toujours en cours de la politique monétaire dans les pays avancés et les mauvaises perspectives de croissance pour l’économie mondiale font craindre de nouveaux épisodes de « stress » et défauts des EMDE sur leur dette extérieure. La situation pourrait être plus délicate encore dans ces pays si la Chine décidait de poursuivre sa politique de gestion des crises de la dette.

En donnant son accord de principe sur « des pertes » sur ses créances lors de la restructuration de la dette souveraine du Ghana le 17 mai 2023, la Chine a fait un premier pas dans la bonne direction. Mais lors de la décision finale sur la restructuration de la dette souveraine de la Zambie, le 23 juin 2023, après presque trois ans de négociations, elle a à nouveau opté pour sa stratégie antérieure : rééchelonnement avec une période de grâce de 3 ans sur les paiements d’intérêt et extension de la maturité de la dette. Le début d’une nouvelle stratégie, que l’accord de principe pour le Ghana pouvait laisser espérer, reste encore à concrétiser.

Endettement des pays pauvres: la pieuvre chinoise

Endettement des pays pauvres: la pieuvre chinoise

Au cours des deux dernières années, une nouvelle vague de défauts souverains a vu le jour dans les économies émergentes et en développement (Argentine, Biélorussie, Équateur, Ghana, Liban, Sri Lanka, Suriname, Ukraine, Zambie). Avec 25 % des économies émergentes et 60 % des économies en développement surendettées ou présentant un risque élevé de surendettement pour l’année 2022, le risque d’une série de défauts dans les EMDE reste élevé.

par Florian Morvillier
Économiste, CEPII

Erica Perego
Économiste, CEPII dans The Conversation

Le resserrement de la politique monétaire américaine, la hausse des primes de risque sur les dettes souveraines, la réduction des perspectives de croissance mondiale, les tensions géopolitiques inhérentes à la guerre en Ukraine et un niveau d’endettement public élevé constituent autant de vulnérabilités augmentant le risque d’épisodes de tensions sur les dettes souveraines des EMDE.

L’émergence de la Chine comme créancier public de grande envergure constitue une vulnérabilité supplémentaire pour les EMDE. Depuis 2015, la Chine est en effet devenue le principal créancier public des économies émergentes et en développement.

Les prêts de la Chine s’opèrent par l’intermédiaire de différents créanciers, situés directement sous la supervision du conseil d’État chinois, dont les plus importants sont deux banques publiques : la Banque de développement de Chine et la Banque d’export-import de Chine. Ces deux banques ont, entre 2000 et 2017, réalisé à elles seules plus de 70 % des prêts transfrontaliers directs réalisés par la Chine à destination des EMDE dont plus de 90 % à destination d’États souverains ou d’entreprises d’État.

Alors qu’en 2000, la dette publique extérieure des EMDE détenue par les créanciers publics chinois s’élevait à moins d’un milliard de dollars, en 2017 c’est 355 milliards de dollars que les créanciers chinois détenaient.

La politique de gestion des crises de la dette souveraine menée par la Chine dans les EMDE se fonde sur deux stratégies. La première consiste à restructurer la dette de ses débiteurs en la rééchelonnant s’ils sont proches du défaut ou en situation de défaut, tandis que la seconde repose sur l’octroi de « prêts de sauvetage » aux pays débiteurs en situation de grandes difficultés financières. Pour les EMDE, le fort endettement vis-à-vis des créanciers chinois les rend d’autant plus vulnérables que ces deux stratégies n’ont pas pour objectif de réduire le fardeau de leurs dettes.

En effet, les créanciers publics chinois ont, sur la période 2000-2019, restructuré la dette publique extérieure de leurs débiteurs en recourant majoritairement, dans 92 % des cas, au rééchelonnement par extension de la maturité de la dette et/ou suspension temporaire des paiements (graphique 2).

Une politique similaire à celle suivie par le Club de Paris (groupe informel composé de 22 pays créanciers) sur la période 1970-1999 quand la quasi-intégralité des allègements de dette consistait en un rééchelonnement ayant pour objectif de garantir la valeur faciale des créances détenues plutôt que restaurer la soutenabilité de la dette publique de ses débiteurs.

Ensuite, au cours des années 2000, le Club de Paris, ayant la volonté de restaurer la soutenabilité de ses débiteurs, a favorisé les rééchelonnements accompagnés d’une réduction de la valeur faciale de la dette (« haircut »), dans environ 70 % des restructurations. Une telle stratégie est plus favorable pour les économies en situation de défaut car, dans les années qui suivent, cette politique se traduit par une croissance économique plus élevée, une amélioration de la notation de crédit et une réduction de la pauvreté et des inégalités, contrairement à une politique se fondant uniquement sur un rééchelonnement qui ne réduit pas le fardeau de la dette.

En revanche, pour les EMDE fortement endettées vis-à-vis de l’empire du Milieu et qui font face à des épisodes de « stress » sur leur dette, la Chine leur vient en aide en leur fournissant des « prêts de secours » afin d’éviter un défaut de paiement imminent. Du fait de leurs très courtes maturités, ces prêts sont très fréquemment réitérés ce qui se solde par un allongement de la dette.

Ces prêts sont également octroyés à des taux d’intérêt considérablement élevés par rapport à ceux pratiqués par les créanciers multilatéraux comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale : en moyenne 5 %, un taux presque deux fois plus élevés que celui proposé par le FMI, alourdissant ainsi considérablement le fardeau des dettes. Ces renflouements répétés rappellent les pratiques de « prêts en série » du FMI au cours des dernières décennies et, plus généralement, les restructurations en série et les crédits-relais accordés par les créanciers privés pendant la crise de la dette des années 1980.

La stratégie consistant à procéder à des rééchelonnements de dette concerne principalement les économies en développement, tandis que la Chine recourt à l’octroi de prêts de sauvetage surtout dans les économies émergentes. Cette différence d’approche peut s’expliquer, en partie, par le niveau d’exposition différent des créanciers chinois aux emprunteurs souverains dans les deux groupes de pays : seuls 20 % des créances chinoises concernent les pays en développement (donc 80 % pour les pays émergents), ce qui peut expliquer que la Chine recourt pour eux à des rééchelonnements car un défaut de leur part n’a qu’un impact limité sur les bilans des créanciers chinois contrairement à un défaut des économies émergentes.

Au niveau international et face à l’incapacité des EMDE à servir leurs dettes à la suite de la crise sanitaire, une initiative de suspension du service de la dette (DSSI, pour debt service suspension initiative en anglais) avait vu le jour le 15 avril 2020, en pleine pandémie. Celle-ci a permis aux 73 pays éligibles, qui le souhaitaient, de suspendre temporairement (jusqu’à fin 2021) les remboursements d’intérêts et de principal sur les prêts bilatéraux du G20.

À la recherche de solutions plus pérennes, le G20 et les 22 membres du Club de Paris ont approuvé en novembre 2020 un nouveau « Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de la DSSI » pour permettre une remise permanente de dette aux pays éligibles. Ce nouveau cadre suppose une adhésion au principe d’égal traitement des créanciers formalisé par le Club de Paris.

Les EMDE pourraient donc être rassurés par la volonté de jure de la Chine de se coordonner avec les autres créanciers mais, de facto, elle a jusqu’il y a peu privilégié une approche unilatérale dans ses restructurations, en ne prenant pas part aux négociations multilatérales organisées par le Club de Paris. De plus, une grande partie des contrats signés avec les créanciers publics chinois contiennent une clause « No Paris Club » visant à garder leurs dettes hors des restructurations collectives pour obtenir un remboursement préférentiel par rapport aux autres créanciers.

Le durcissement toujours en cours de la politique monétaire dans les pays avancés et les mauvaises perspectives de croissance pour l’économie mondiale font craindre de nouveaux épisodes de « stress » et défauts des EMDE sur leur dette extérieure. La situation pourrait être plus délicate encore dans ces pays si la Chine décidait de poursuivre sa politique de gestion des crises de la dette.

En donnant son accord de principe sur « des pertes » sur ses créances lors de la restructuration de la dette souveraine du Ghana le 17 mai 2023, la Chine a fait un premier pas dans la bonne direction. Mais lors de la décision finale sur la restructuration de la dette souveraine de la Zambie, le 23 juin 2023, après presque trois ans de négociations, elle a à nouveau opté pour sa stratégie antérieure : rééchelonnement avec une période de grâce de 3 ans sur les paiements d’intérêt et extension de la maturité de la dette. Le début d’une nouvelle stratégie, que l’accord de principe pour le Ghana pouvait laisser espérer, reste encore à concrétiser.

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