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Liban : Macron adresse une « ordonnance « au pays

Liban : Macron  adresse une « ordonnance « au pays

 

Curieusement Macron a rendu public une ordonnance politique aux responsable libanais. Une manière de faire pression évidemment mais peut-être aussi de mécontenter certains d’entre eux qui verront la les velléités de la France de s’immiscer dans la vie intérieure libanaise.

En vérité, il n’y a rien de très surprenant dans la médecine que propose Macron sinon précisément le fait que le document soit largement rendu public. Le chef de l’État français propose une forme de mise en tutelle du Liban sous responsabilité du FMI et de l’ONU.

Ce document de deux pages, transmis par l’ambassadeur de France à Beyrouth et que Reuters a pu consulter, évoque notamment un audit de la banque centrale, la nomination d’un gouvernement provisoire en mesure de mettre en œuvre en urgence des réformes et des élections législatives anticipées dans un délai d’un an.

Le ministère français des Affaires étrangères s’est refusé à tout commentaire. L’Elysée n’a pas répondu dans l’immédiat à une demande de commentaire de Reuters.

Alors que l’Etat libanais est en défaut sur sa dette et que la livre chute depuis des mois, le gouvernement libanais actuel n’est pas parvenu à conclure un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) malgré des mois de discussions, en raison notamment de désaccords sur les réformes et sur l’ampleur des pertes à faire assumer au secteur bancaire.

“La priorité doit aller à la formation rapide d’un gouvernement pour éviter un vide du pouvoir qui laisserait le Liban s’enfoncer davantage dans la crise”, estime le document rédigé à l’Elysée.

Il cite quatre domaines nécessitant des mesures d’urgence: l’aide humanitaire et la réponse à la pandémie de COVID-19; la reconstruction après la catastrophe du 4 août; les réformes politiques et économiques et enfin des élections législatives anticipées.

Paris plaide aussi pour un déblocage des discussions avec le FMI, pour le placement des aides financières promises à Beyrouth après le 4 août sous la supervision des Nations unies et pour une enquête impartiale sur la cause de l’explosion du port.

Le document transmis aux responsables politiques libanais souligne aussi la nécessité d’un audit rapide et exhaustif des finances de l’Etat libanais et celle d’une réorganisation du secteur de l’électricité, à la fois très coûteux et incapable d’assurer un approvisionnement fiable du pays.

Le Parlement devrait adopter pendant la période de transition les lois nécessaires à la mise en application des réformes, poursuit-il.

Le document propose aussi que la France joue un rôle majeur dans la reconstruction du port de Beyrouth comme dans l’amélioration du système de santé, qu’elle envoie des experts du Trésor et de la Banque de France pour mener l’audit des finances publiques et qu’elle contribue à l’organisation des élections anticipées au côté de l’Union européenne.

Mali: les pays d’Afrique de l’Ouest veulent le rétablissement du président Keïta

Mali: les pays d’Afrique de l’Ouest veulent «le rétablissement» du président Keïta

Ils ont également décidé d’envoyer «immédiatement» une délégation à Bamako, à l’issue d’un sommet extraordinaire.

Les pays voisins du Malide (de  la Cedeao)  ont réclamé jeudi 20 août le «rétablissement» du président Ibrahim Boubacar Keïta renversé par coup d’Etat et ont décidé d’envoyer «immédiatement» une délégation à Bamako, à l’issue d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CDEAO sur «la situation au Mali».

«Nous demandons le rétablissement du président Ibrahim Boubacar Keita en tant que président de la République» a déclaré le chef de l’Etat nigérien Mahamadou Issoufou qui assure la présidence de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à la fin d’un sommet virtuel. «Nous décidons de dépêcher immédiatement une délégation de haut niveau pour assurer le retour immédiat de l’ordre constitutionnel», a-t-il ajouté.

«Le Mali est dans une situation critique, avec des risques graves qu’un affaissement de l’Etat et des institutions n’entraîne des revers dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, avec toutes les conséquences pour l’ensemble de notre communauté. C’est dire que ce pays a plus que jamais besoin de notre solidarité», a poursuivi le président nigérien, rappelant aux putschistes «leur responsabilité sur la sûreté et la sécurité du président Ibrahim Boubacar Keita et des officiels arrêtés».

La Cédéao va mener des discussions et «faire comprendre aux responsables de la junte militaire que les temps de prise de pouvoir par la force sont révolus dans notre sous-région», a ajouté le président Issoufou, demandant «la mise en oeuvre immédiate d’un ensemble de sanctions contre tous les militaires putschistes et leur partenaires et collaborateurs». La Cédéao a d’ores et déjà condamné le coup d’Etat ayant renversé mardi le président Keïta et suspendu le Mali de ses organes de décision.

 

Biélorussie : condamnée par plusieurs pays européens

Biélorussie : condamnée  par plusieurs pays européens

Environ une dizaine de pays européens souhaiteraient que l’Union économique prenne des sanctions économiques contre la Biélorussie pour protester contre les conditions d’élection du président. Un président élu grâce au bourrage des urnes avec 80 % des voix et qui exerce le pouvoir déjà depuis plus de 25 ans. Surtout l’union européenne entend ainsi protester contre la répression des manifestations en Biélorussie où les forces de l’ordre tirent à balles réelles et emprisonnent des milliers de personnes.

Toute décision de l’union européenne sur l’instauration de sanctions nécessite l’unanimité. La réunion de ce vendredi à 13h00 GMT sera l’occasion de débattre de cette possibilité mais il faudra attendre plusieurs jours avant d’éventuelles décisions.

La Pologne, la République tchèque, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et le Danemark ont appelé dans une lettre commune à l’adoption de “mesures restrictives contre les dirigeants” responsables de la tenue du scrutin présidentiel biélorusse et de la répression des manifestations.

“Nous devons aboutir à un équilibre prudent entre la pression contre et l’engagement avec le président biélorusse Loukachenko. Nous croyons que l’UE doit assumer dès que possible un rôle de médiateur”, ajoute la lettre, dont Reuters a pris connaissance.

L’Allemagne, l’Autriche et la Suède s’étaient déjà prononcées en faveur de sanctions.

Le ministre autrichien des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg, a toutefois prévenu qu’il était peu probable que des sanctions soient décidées dès ce vendredi.

De sources diplomatiques, on explique que la Hongrie est l’Etat membre le plus sceptique. Budapest avait déjà appelé l’UE à lever des sanctions contre Minsk.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a réclamé pour sa part des sanctions, expliquant sur Twitter que “nous avons besoin de mesures supplémentaires contre ceux qui ont violé les valeurs démocratiques ou commis des abus contre les droits de l’homme en Biélorussie”.

“Je suis persuadée que la discussion d’aujourd’hui entre les ministres des Affaires étrangères de l’UE démontrera un soutien fort pour les droits du peuple de Biélorussie, les libertés fondamentales et la démocratie”, a-t-elle ajouté.*

Les premières sanctions de l’UE contre la Biélorussie remontent à 2004. Elles ont été renforcées en 2011, une décision que l’Union avait justifiée par des violations des droits humains et des règles démocratiques, parmi lesquelles la fraude électorale.

Une part importante de ces sanctions ont été levées en 2016 après la libération de prisonniers politiques par le régime Loukachenko. Restent en vigueur, entre autres, un embargo sur les armes et des sanctions visant quatre personnes liées à la disparition de deux responsables d’opposition, d’un homme d’affaires et d’un journaliste.

De nouvelles sanctions pourraient porter sur des interdictions de voyages et des gels d’actifs financiers.

Alexandre Loukachenko, qui nie tout fraude électorale, a ordonné la libération vendredi des manifestants arrêtés ces derniers jours. Jeudi, son gouvernement a présenté des excuses publiques.

Paris pour des sanctions financières à l’égard de la démocratie de certains pays de l’Est

Paris pour des sanctions financières à l’égard de la démocratie de certains pays de l’Est

 

 

Pour parvenir à un accord le plan de développement européen de 750 milliards, beaucoup d’Etats ont dû mettre de l’eau dans leur vin en matière d’exigence démocratique. Cependant pour l’application , la France serait favorable à un système de sanctions financières à l’encontre des pays qui ne respectent pas l’Etat de droit et les valeurs fondamentales de l’Union européenne, déclare dans un entretien le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes.

« (Nous ne pouvons pas dire) aux citoyens français, polonais, hongrois et européens que (nous) pouvons avoir une solidarité financière en Europe sans nous soucier de la manière dont les règles fondamentales de la démocratie, de la liberté des médias et de l’égalité des droits sont respectées », a déclaré Clément Beaune dans une interview publiée dimanche soir sur le site du Financial Times on.ft.com/33iEmzj.

 

L’Union européenne estime que la Hongrie et la Pologne en particulier ne respectent pas suffisamment ces valeurs et droits fondamentaux.

Coronavirus Royaume-Uni: 40.000 morts, pays le plus touché

Coronavirus  Royaume-Uni: 40.000 morts, pays le plus touché

Outre-Manche, près de 43.000 certificats de décès ont comme cause principale le Covid-19 selon l’ONS, l’équivalent de l’Insee, dont le décompte est bien plus large que celui des autorités. Sur la période courant de mars à début mai, l’institut a recensé 55.000 morts de plus que les années précédentes.

Combien de personnes sont décédées du Covid-19 outre-Manche ? Un peu moins de 35.000, comme le rapporte le ministère britannique de la Santé ? Où largement plus ? Le pays déplore plus de 40.000 morts – une première en Europe -, si l’on se réfère au décompte de l’Office for National Statistics (ONS), l’équivalent de l’Insee au Royaume-Uni.

Selon l’institut, dont la méthode diffère de celle des autorités, le virus a directement tué 42.990 personnes en Angleterre et au Pays de Galles entre le 5 mars – date à laquelle a été recensé le premier mort officiel du Covid-19 – et le 8 mai. Un chiffre qui place le Royaume-Uni parmi les nations les plus endeuillées, devant l’Italie (32.007 décès), la France (28.242) et l’Espagne (27.709), mais derrière les Etats-Unis (90.432).

Croissance Japon: le pays officiellement en récession

Croissance Japon: le pays officiellement en récession

 

Si le pays a relativement bien géré la crise sanitaire par compte, l’économie, elle, subit les conséquences des très graves perturbations chinoises. L’économie japonaise est entrée en récession, avec un deuxième trimestre de contraction d’affilée du produit intérieur brut entre janvier et mars, alors que la crise du coronavirus commençait à frapper, selon des données publiées lundi par le gouvernement.

Le PIB a reculé de 0,9% au premier trimestre 2020 par rapport au quatrième trimestre 2019, où il s’était déjà contracté de 1,9% (contre -1,8% annoncé lors d’une précédente estimation début mars).

Grâce à la chloroquine moins de cas dans les pays pauvres ( Pr Raoult )

Grâce à la chloroquine moins de cas dans les pays pauvres ( Pr Raoult   )

Aux yeux du microbiologiste, il existe une « cassure dans le monde »: « Le monde des pauvres, des moins riches du Sud qui ont utilisé la chloroquine, ensuite l’hydroxychloroquine, et l’azithromycine, comme on a fait nous ( à Marseille NDLR), d’une manière massive, et qui ont des taux de mortalité très bas. »

« C’est spectaculaire, c’est la première fois que dans les pays les plus riche, il y a la plus forte mortalité. On est les seuls à ne pas avoir traité. Les autres ont détecté, traité. Tous ceux qui on traité ont une mortalité inférieure à la notre. »

Ce dernier fait notamment référence à plusieurs pays d’Afrique, qui se servent déjà de la chloroquine contre le paludisme. Pour lutter contre le coronavirus, des dérivés de l’hydroxychloroquine sont depuis utilisés au Bénin, au Cameroun, au Burkina Faso, ou au Sénégal, rappelle France Info. L’Inde, premier producteur mondial de chloroquine, ou le Brésil donc, sont également en faveur de ce traitement.

Pour autant, les effets bénéfiques de la choloroquine et de l’hydroxychloroquine n’ont « pas encore été démontrés », indiquait encore récemment l’Agence européenne des Médicaments (EMA). Cette dernière soulignait également des « effets secondaires graves et dans certains cas fatals », notamment sur le rythme cardiaque.

Coronavirus Grande-Bretagne : Un des pays les plus endeuillés

Coronavirus Grande-Bretagne : Un des pays les plus endeuillés

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Selon l’ONS, 21.284 personnes étaient mortes de ce virus au 17 avril, soit un taux de mortalité 52% plus élevé que les 13.917 décès recensés alors dans les hôpitaux et annoncés par le gouvernement le 18 avril dernier.

Plus de 7.000 décès (7.316) ont été recensés sur cette période dans les maisons de retraite britanniques, précise l’ONS.

Avec la prise en compte de ces décès, le bilan britannique dépasse ceux de France – qui prend en compte également les décès dans les maisons de retraite – et d’Espagne mais reste en deçà de celui de l’Italie, l’un des pays les plus endeuillés par l’épidémie dans le monde, selon les calculs de Reuters.

Au 17 avril, la France faisait état de 18.681 morts depuis le 1er mars, l’Italie en était à 22.745 décès et l’Espagne à 19.478 morts liées au virus apparu en décembre en Chine avant de se propager à plus de 200 pays dans le monde.

L’Ecosse, qui publie séparément ses propres statistiques, faisait état lundi de 1.262 décès liés au SARS-CoV-2.

Le dernier bilan de la mortalité imputée au COVID-19 (la maladie que développent certaines des personnes contaminées par le nouveau coronavirus) dans les hôpitaux britanniques, publié mardi, faisait état de 552 décès supplémentaires en 24 heures, pour un total de 19.301 morts depuis le début de l’épidémie.

Coronavirus: Pour un soutien massif aux pays du sud

Coronavirus:  Pour un soutien massif aux pays du sud

 

Tidjane Thiam, ancien directeur général de Prudential puis du Crédit suisse, et Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement (AFD  plaident pour un soutien massif aux économies du sud.

Cette crise est-elle comparable à l’une de celles traversées par le monde depuis le krach boursier de 1929 ?

Tidjane Thiam : Elle est sans précédent lorsque l’on regarde son impact économique. Elle remet en cause nos modes de production, de travail, de déplacement, les interactions entre nous tous. Le coronavirus sévit partout, de la même manière et au même moment. Cette crise aura des conséquences sociologiques et, à terme, politiques. Les crises classiques, du type choc pétrolier, ont des répercussions différentes entre pays, avec des gagnants et des perdants. Dans celle-ci, nous sommes tous potentiellement perdants. Il y a deux scénarios pour le monde à moyen et long terme : une sortie par le haut reposant sur la solidarité et le partage du fardeau économique, ou le repli sur soi et la fermeture.

Rémy Rioux : Ce virus livre, en quelque sorte, une guerre à la mondialisation. Il a suivi des routes historiques, celle de la soie jusqu’à la Lombardie-Vénétie, celle des grandes découvertes qui mène à l’Afrique et aux Amériques. Il montre qu’il existe quelque chose de plus fort que l’économie, alors qu’on vivait dans l’illusion du contraire. C’est une crise unique, simultanée, plus globale et plus rapide qu’en 1929, plus profonde que la crise financière de 2009. Le FMI prévoit désormais une récession de 3 % cette année, très loin des 3,4 % de croissance prévus auparavant. Heureusement, il n’y a pas de contagion, pour l’instant, à la sphère financière. La Réserve fédérale américaine s’est montrée plus solidaire qu’en 2008, au profit notamment des banques centrales des pays émergents. Mais nous allons plus loin encore dans une économie de la dette, avec le risque de créer une bulle financière dans les prochaines années.

 

Quel sera l’impact en Afrique ?

T. T. : Je crains que la crise sanitaire soit encore loin de son pic sur le continent mais ses effets économiques se font déjà sentir. Lors d’un tel choc, les marchés réagissent immédiatement. L’Afrique est frappée de plein fouet. On peut craindre une récession de 2 %, après dix-huit ans de croissance ininterrompue. Quelque 22 millions d’Africains pourraient se retrouver au chômage. Tout cela conduit à une baisse des recettes des Etats, au moment où ils doivent dépenser plus sur le plan sanitaire. Tout cela dans un contexte mondial de compétition entre pays pour l’achat d’équipements vitaux. La démographie africaine ne va pas s’arrêter du jour au lendemain, entraînant une hausse continue et nécessaire des dépenses sociales. Nous aurons du mal à accueillir tous les patients si la pandémie progresse. Le confinement n’est pas une solution durable dans les quartiers défavorisés, avec des populations vivant de revenus journaliers, dans des espaces réduits et sans accès à l’eau. Les Africains – 60 % ont moins de 25 ans – ne sont pas habitués à de telles restrictions.

R. R. : Le Sahel sera probablement moins affecté au plan économique car les pays les plus pauvres ont une meilleure capacité d’adaptation que ceux tournés vers l’extérieur. Je suis plus inquiet pour les pays pétroliers et les économies émergentes, notamment en Afrique du nord et en Afrique australe, exposés à la chute des cours des matières premières, à la baisse subite des transferts de leur diaspora, aux fuites de capitaux, alors que leur système de santé, plus performant, est davantage sollicité. Ils sont aussi plus insérés dans les chaînes de valeur mondiales, donc plus exposés aux chocs de l’économie réelle. Leurs difficultés pourraient avoir un effet d’entraînement sur leurs voisins. Il va falloir trouver des solutions adaptées pour tous les pays d’Afrique.

Les systèmes sanitaires africains vont-ils tenir le choc ?

T. T. : La situation est différente d’un pays à l’autre. L’impact dépendra des politiques suivies dans le passé et de l’existence de capacités locales. Plus la réponse sera proche du terrain, plus on aura de chance de prendre les bonnes décisions. Les progrès en matière d’éducation et de capital humain ont été importants ces dernières années en Afrique. A son indépendance, la Côte d’Ivoire comptait 150 diplômés universitaires. Ils sont des centaines de milliers aujourd’hui. Des leaders comme Macky Sall, Paul Kagamé, Cyril Ramaphosa communiquent dans nos réunions via messagerie électronique. Leur approche est compétente et pragmatique. Autre facteur d’optimisme, la mobilisation des ministres des Finances et des entrepreneurs. Ces derniers sont rassemblés au sein d’un groupe de riposte, chacun apportant son expertise pour acquérir les équipements nécessaires. L’Afrique a changé, et en bien.

R. R. : Vu d’Europe, je suis frappé par la rapidité, la cohérence et l’unité de la réaction politique de l’Union africaine (UA) et de ses Etats membres. La coopération sanitaire est de mise. Et puis n’oublions pas les grands progrès en matière d’éducation en Afrique depuis vingt ans. La population possède des ressorts pour faire face, avec le dynamisme de sa jeunesse et la longue expérience acquise dans la lutte contre la variole, Ebola ou le sida. Les équipements de réanimation vont cruellement manquer, évidemment, et la persistance de conflits et les migrations forcées sont des facteurs aggravants, mais les comportements face à la crise sont porteurs d’espoir. Tous les gouvernements du monde sont confrontés à un même dilemme : comment sauver le plus de vies possible, en évitant le naufrage des activités ? L’Afrique va trouver sa réponse et des solutions qui nous inspireront en Europe. Nous devons être à son écoute et l’accompagner.

Le package annoncé par le G20 sur le report du service de la dette des pays pauvres n’est-il pas insuffisant ?

T. T. : Quand la maison est en feu, on ne se préoccupe pas de la qualité de l’eau. Le moratoire sur la dette accordé par le G20 permet de disposer rapidement et sans conditionnalités de ressources financières pour combattre un virus qui n’attendra pas et qui ignore les frontières. Ne pas traiter l’Afrique de manière exceptionnelle serait inique alors que tous, les États-Unis comme l’Europe, ont tourné le dos à l’orthodoxie financière – injection immédiate de plus de 3 000 milliards de dollars dans l’économie – pour répondre à la crise. Les économies intermédiaires ont le plus à perdre si on ne les aide pas. Elles ont fait de gros efforts pour assainir leurs finances publiques et elles doivent pouvoir continuer à investir, notamment dans les secteurs éducatifs et sociaux. Il ne faut pas compromettre les progrès accomplis. Il faudra s’assurer que les dettes publiques et privées sont soutenables. Et veiller à ce que l’argent frais soit au rendez-vous, via notamment l’utilisation de droits de tirage spéciaux (DTS, quotes-parts des pays) du FMI existants et non utilisés. Cela permettra d’éviter tout défaut sur la dette privée. L’histoire montre que les pays qui ont réussi leur décollage ont misé sur l’économie de marché tout en mobilisant de façon efficace à la fois capitaux publics et capitaux privés.

R. R. : Pas de « corona-morale » en Afrique, surtout ! Ce n’est pas le moment de conditionner les aides. Il faut éviter à tout prix qu’un choc exogène provoque des dégâts permanents. Nous sommes dans un moment keynésien, il faut réamorcer la pompe pour permettre aux pays africains d’accroître leurs investissements publics et éviter les faillites d’entreprises. La question du financement de l’Afrique est posée et on ne sortira pas de cette crise avec les instruments du passé. Il faudra notamment un effort supplémentaire en annulant des dettes, alors que les ministres des Finances africains ont évalué leurs besoins à 100 milliards de dollars. Pour les pays intermédiaires qui ont fortement recours aux marchés de capitaux, c’est plus complexe. Des annulations de dette signifieraient leur insolvabilité et rendraient plus difficile leur accès aux marchés de capitaux. Il est important que l’Afrique mène une concertation avec l’ensemble de ses créanciers, publics comme privés. Et essentiel que la Chine comme les membres des grandes banques et institutions financières de l’Institute of international finance s’engagent dans cet effort collectif. Il sera enfin nécessaire de renforcer les institutions financières africaines qui interviennent sur le continent. Nous rassemblerons les 400 banques de développement du monde dans le cadre du Forum de Paris sur la paix, en novembre, pour trouver des solutions.

Les Africains sont-ils optimistes sur l’engagement de la Chine à plus long terme?

T. T. : Le dialogue est permanent et à haut niveau entre dirigeants africains et chinois. On peut être confiant dans l’engagement de la Chine à participer à l’effort financier. Celle-ci souhaite être un partenaire de long terme de l’Afrique. Les autorités chinoises ont ainsi récemment envoyé en Afrique des équipes médicales ayant vécu l’expérience de Wuhan. Des milliardaires philanthropes comme Jack Ma apportent une contribution personnelle sous forme de dons en matériel. Sur les solutions financières, l’UA a demandé à la Chine de participer à la concertation collective.

Quels sont les enseignements à tirer de cette crise ?

R. R. : Cette crise remet en cause nos modèles et appelle une plus forte coopération internationale, au moment où nous vivons un affrontement mondial entre les partisans de la réconciliation – pour le climat, la biodiversité, contre les inégalités – et les forces de fragmentation, partout ravivées. Les grands ensembles politiques doivent articuler de façon renouvelée réponses nationales, régionales et internationales. La demande de protection et de souveraineté des populations aura des conséquences sur le partage des chaînes de valeur mondiales et entraînera des relocalisations. Elle peut avoir aussi des conséquences favorables, pour protéger l’environnement et renforcer les intégrations régionales. Il y aura sûrement un moment européen et un autre européo-africain à l’heure du renouvellement des accords liant les deux parties. Espérons que cette crise ne se traduise pas par un affaiblissement du multilatéralisme. La refondation de la solidarité internationale doit être en tête de l’agenda.

T. T. : La visibilité est encore réduite et les incertitudes sont grandes. Cela dit, une leçon que je suis prêt à tirer à ce stade est que cette crise nous rappelle la valeur de… l’humilité. La résilience de nos sociétés sera un thème important à l’avenir et devra être renforcée. Certains utilisent cette crise pour remettre en cause la mondialisation. Les réponses simplistes sont séduisantes mais parfois dangereuses. Ce qu’il faut faire c’est une meilleure mondialisation, plus consciente de ses externalités négatives et de ses conséquences sur le long terme, mettant plus d’accent sur l’enracinement local et la subsidiarité. C’est un défi que l’on pourra relever par le dialogue et la concertation, notamment entre l’Europe et l’Afrique. Cette crise montre enfin que l’on a besoin de leadership au niveau mondial. L’accord du G20 sur le report de la dette des pays les plus défavorisés est un exemple de ce que le monde peut faire de meilleur quand nous travaillons tous ensemble.

L’agenda climatique de la France est-il remis en cause ?

R. R. : Au contraire ! C’est une seule et même crise, sanitaire, économique, sociale et environnementale que nous vivons, où le court et le long terme s’entremêlent. Pour la première fois, chacun ressent le coût de l’inaction et peut comprendre la nécessité d’amplifier significativement nos efforts pour le climat. Défendons avec force le Green New deal de la Commission européenne et notre partenariat climatique et social avec l’Afrique. Avant l’irruption de cette pandémie, on pressentait déjà la fragilité de notre monde, en plein dérèglement climatique. Cela doit mener chacun d’entre nous et nos sociétés tout entières à une prise de conscience afin que nos actions de court terme soient résilientes. Les banques publiques de développement ont un rôle très singulier à jouer en apportant les preuves concrètes que c’est possible.

 

 

Dette de pays pauvres : moratoire jusqu’à fin 2020 (G20)

Dette de pays pauvres  : moratoire jusqu’à fin 2020 (G20)

 

Environ 80 pays pourraient profiter d’une suspension du remboursement des dettes jusqu’à la fin de l’année. Les ministres des Finances et les banquiers centraux des pays du G20 se sont en effet accordés mercredi sur un moratoire sur le service de la dette des pays les plus pauvres à compter du 1er mai et jusqu’à la fin de l’année afin de les aider à faire face aux conséquences de l’épidémie de coronavirus en cours.

« Nous nous sommes mis d’accord sur une approche coordonnée avec un échéancier commun fournissant les principales caractéristiques de cette initiative de suspension du service de la dette », écrivent-ils dans un communiqué here.pdf publié à l’issue de leur échange en visioconférence consacré à la pandémie qui a contaminé à ce jour plus de deux millions de personnes dans le monde.

Tous les créanciers publics bilatéraux participeront à cette initiative de suspension de la dette, précisent les ministres et banquiers centraux du G20, dont font partie entre autres la France, les Etats-Unis, la Chine et la Russie.

Ils appellent dans le même temps les créanciers privés à s’accorder sur une initiative sur des termes comparables, et demandent aux banques multilatérales de développement d’étudier les moyens de suspendre le service de la dette.

Ce moratoire durera jusqu’à fin 2020 mais la question d’une éventuelle prolongation sera examinée d’ici la fin de l’année, ajoutent les signataires du communiqué, aussitôt salué par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI).

L’idée d’un moratoire sur la dette des pays les plus pauvres avait déjà reçu le soutien des pays du G7 mardi mais ces derniers avaient prévenu qu’ils attendaient l’aval de d’autres pays du G20, dont la Chine, principal pays créancier de l’Afrique, en accord avec le groupe de créanciers du Club de Paris.

Selon la France, quelque 76 pays – dont une quarantaine situés en Afrique subsaharienne – sont éligibles à ce moratoire qui pourrait concerner un total de 20 milliards de dollars en 2020.

Dette des pays pauvres : le G7 pour la suspension

Dette des pays pauvres : le G7 pour la suspension

Mardi, les ministres des finances et les banquiers centraux des États membres du G7 se sont dits favorables à une suspension provisoire des paiements des intérêts de la dette des pays pauvres «pour aider ces pays à faire face aux impacts sanitaires et économiques» de la pandémie du coronavirus. De quoi apporter une bouffée d’air frais à ces nations en difficulté, leur fournir «un soutien en liquidités» et leur permettre de consacrer leurs finances à la lutte contre l’épidémie.

«Les ministres et les gouverneurs ont noté qu’un certain nombre des pays les plus vulnérables et les plus pauvres seront confrontés à de graves problèmes sanitaires et économiques liés aux retombées de COVID-19», explique le communiqué. Dans ces conditions, ils se «tiennent prêts à suspendre dans le temps les paiements au titre du service de la dette dus» par les pays en question. Toutefois, une condition préalable, et non des moindres, devra être remplie pour que cette décision soit entérinée, précise le document. Une éventuelle suspension de la dette pour une période déterminée devra en effet recevoir d’abord l’aval de «tous les créanciers officiels bilatéraux du G20 et comme convenu avec le Club de Paris». Y compris, donc, certaines nations comme la Chine ou la Russie. Autant de gouvernements qui devront être convaincus.

Une aide urgente aux pays pauvres (FMI et la Banque mondiale)

Une aide urgente aux pays pauvres (FMI et la Banque mondiale)

 

 

L’épidémie du Coronavirus risque d’être encore plus dramatique pour les pays pauvres en raison d’une part des difficultés à faire respecter les règles du confinement mais surtout en raison de la faiblesse voire de l’insignifiance du système sanitaire. N’oublions pas que dans la plupart de ces pays, il n’existe pas de couverture sociale, l’accès aux hôpitaux est parfois gratuit mais les malades doivent régler tout le reste, médicaments compris. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont donc appelé mercredi les créanciers bilatéraux officiels à alléger immédiatement la dette des pays les plus pauvres du monde qui risquent de subir de plein fouet les effets de la crise sanitaire liée au coronavirus.

Dans un communiqué commun, les deux institutions demandent aux créanciers de suspendre les remboursements émis par les pays membres de l’Association internationale du développement (AID) qui représentent un quart de la population mondiale et les deux tiers des populations vivant dans un état d’extrême pauvreté.

“Cela aidera les pays de l’AID à résoudre leurs besoins immédiats en liquidités afin de surmonter les défis posés par l’épidémie de coronavirus et de prendre le temps d’évaluer l’impact de la crise et les besoins de financements de chaque pays”, disent le FMI et la Banque mondiale dans un communiqué.

Parmi les pays membres de l’AID, figurent de nombreux Etats africains jusque-là relativement épargnés par l’épidémie de coronavirus mais où les cas commencent à se multiplier.

Coronavirus Royaume-Uni : Boris Johnson contraint de faire comme les autres pays

 

 

Évidemment Boris Johnson a voulu se singulariser en refusant au départ toute  perspective de confinement. Le Premier ministre britannique avait jusqu’ici refusé d’imposer des restrictions de la mobilité. On sait cependant que Boris Johnson est coutumier des voltefaces. Ainsi il a été contraint de changer de position face au risque de saturation du système de santé britannique.

Le nombre de décès dus au virus en Grande-Bretagne a bondi de 54 à 335 lundi, le gouvernement ayant déclaré que l’armée aiderait à expédier des millions d’équipements de protection individuelle (EPI), y compris des masques, aux travailleurs de la santé qui se sont plaints d’une pénurie.

“A partir de ce soir, je dois donner au peuple britannique une instruction très simple – vous devez rester chez vous”, a déclaré Boris Johnson.

Les Britanniques ne seront autorisés à quitter leur domicile que pour faire des courses, faire de l’exercice, pour un besoin médical, pour prodiguer des soins ou pour se rendre au travail et en revenir.

“C’est tout – ce sont les seules raisons pour lesquelles vous devriez quitter votre maison”, a indiqué Boris Johnson, ajoutant que les gens ne devaient pas rencontrer des amis ou des membres de leur famille qui ne vivent pas chez eux.

“Si vous ne respectez pas les règles, la police aura les pouvoirs de les faire respecter, notamment par le biais d’amendes et de la dispersion des rassemblements”, a-t-il averti.

“C’est comme un effort de guerre – c’est une guerre contre ce virus et l’armée a donc été incroyablement utile pour mettre en place cette logistique afin que nous puissions acheminer les fournitures pour protéger les personnes sur la ligne de front”, a déclaré Matt Hancock à la BBC, précisant que le service de santé disposait désormais de 12.000 ventilateurs, soit 7.000 de plus qu’au début de la crise.

Conclusion : Boris Johnson, avec retard, s’aligne sur les positions prises dans la plupart des pays d’Europe et il n’y aura pas de break site vis-à-vis du Coronavirus !

Aides aux pays pauvres détournées en partie vers des paradis fiscaux

Aides aux pays pauvres détournées en partie  vers des paradis fiscaux

Il est clair que depuis des années et des années, la politique d’aide au développement est mise en cause. D’abord parce qu’elle n’est pas forcément orientée au service d’objectifs pertinents, d’autre part parce qu’elle se négocie trop souvent avec des responsables politiques et autres intermédiaires qui en profitent pour prendre leur dîme, enfin parce qu’une autre partie se perd dans les sables des superstructures de développement. Sans parler évidemment des détournements immédiats qui vont directement rejoindre les paradis fiscaux. Selon la Banque mondiale, une part non négligeable des aides qu’elle fournit aux pays les plus pauvres serait détournée vers des paradis fiscaux. Le taux de fuite atteindrait au total 7,5%. Il s’agit là sans doute de la fuite visible car une partie plus importante disparaît dans les processus d’aide complètement inefficaces. De ce point de vue, c’est toute la politique du développement qui devrait être remise à plat. Et dans certains pays, il faudra que l’expert de la Banque mondiale soit présent physiquement en permanence auprès de l’ouvrage ou du service en élaboration avec le carnet de chèques pour régler directement les prestataires sans aucun intermédiaire.

Ce chiffre de la corruption signalée par la banque mondiale émerge d’un rapport de 45 pages titré «L’aide financière accaparée par les élites»Le texte se concentre principalement sur les 22 pays les plus dépendants des aides de la Banque mondiale. Selon lui, ces transferts d’argents douteux vers les paradis fiscaux sont probablement le fait des «politiciens au pouvoir, des bureaucrates et de leurs acolytes»: ils sont en effet «plus importants pour les pays les plus corrompus». Les pays africains sont particulièrement visés: 19 des 22 pays les plus aidés par la Banque mondiale, appartiennent à ce continent.

La destination de ces transferts d’argent? «la Suisse, le Luxembourg, les îles Caïmans et Singapour», précisent les auteurs, «des centres financiers offshore connus pour leur opacité et leur gestion privée de fortune». Les auteurs prennent cependant des pincettes, et ne parlent de ce lien de causalité qu’au conditionnel… Tout en écartant les autres hypothèses qui pourraient, normalement, expliquer de tels transferts d’argent: des catastrophes naturelles ou des crises économiques, par exemple. «Des interprétations alternatives existent, mais nous les trouvons difficile à concilier avec toutes les données», concluent-ils.

La publication de cette étude au ton tranché n’aurait pas manqué de provoquer des remous dans les plus hautes sphères de la Banque mondiale. Selon The Economist, la publication aurait ainsi été bloquée par l’état-major de la Banque mondiale, précipitant le départ de Pinelopi Goldberg, économiste en chef, début février. Le texte sera finalement rendu public avec près d’un an de retard. Face à ces rumeurs, l’institution a réagi au travers d’un communiqué mardi 18 février en affirmant que le retard de publication n’était dû qu’à des vérifications, et qu’elle prenait «près au sérieux la corruption et les risques fiduciaires qui lui sont liés».

Ce rapport qui met le doigt sur la corruption de certaines élites relance le débat quant à l’efficacité des aides versées par la Banque mondiale, que les auteurs qualifient volontiers de «controversées». «L’efficacité des aides dépend en grande partie de la qualité des institutions et des politiques des pays qui les reçoivent», soulignent-ils. Le Financial Times enfonce le clou: pour le quotidien, ce rapport est la preuve qu’une organisation qui tente d’«“améliorer la situation économique dans les pays en développement, participe peut-être, sans le savoir, à exacerber le fossé entre les riches et les plus pauvres».

« Les pays du Sahel incapables d’assurer leur défense»( Jean-Pierre Olivier de Sardan)

« Les pays du Sahel incapables d’assurer leur défense»( Jean-Pierre Olivier de Sardan)

 

 

Jean-Pierre Olivier de Sardan, anthropologue défend l’idée que la présence des troupes françaises est indispensable même si le contexte de leur intervention est « très défavorable ».(Tribune du Monde)

Tribune

 

« .De nombreuses voix s’élèvent désormais pour demander le départ immédiat des soldats français du Sahel pour des raisons diverses, allant de l’absence avérée de résultats – les attaques djihadistes se multiplient, de plus en plus sanglantes, comme en témoigne la mort toute récente de 160 militaires nigériens en l’espace de deux semaines –, jusqu’à diverses théories du complot – la France voudrait mettre la main sur les « immenses » ressources minières du Sahel et manipulerait les djihadistes pour justifier sa présence et/ou favoriser la scission du Mali.

La montée en puissance d’une hostilité populaire réelle contre la présence militaire de la France est alimentée par ces raisons multiples, mais aussi devient en elle-même un motif de départ : comment une armée étrangère pourrait-elle jouer un rôle positif si elle n’est pas la bienvenue pour ceux-là même qu’elle est censée aider ? Mais cette hostilité a d’autres motifs.

 

Il faut rappeler quelques données indiscutables, et pourtant souvent ignorées. La responsabilité de la France dans la situation actuelle est lourde et renvoie à trois fautes particulièrement graves de par leurs conséquences. Tout d’abord, la guerre contre Mouammar Kadhafi, voulue par Nicolas Sarkozy, a été en grande partie à l’origine du chaos que vit aujourd’hui le Sahel, le sud de la Libye étant désormais la base arrière quasi inexpugnable des divers mouvements djihadistes sahéliens. Ensuite, l’accord donné par les services français aux troupes touareg de Kadhafi pour qu’elles rentrent au nord du Mali avec armes et bagages – dans l’espoir qu’elles combattraient les djihadistes et aideraient les Français à retrouver leurs otages – a tourné à la catastrophe : les combattants venus de Libye se sont au contraire alliés aux djihadistes, et ce fut le point de départ de l’occupation djihadiste du nord du Mali.

Enfin, le refus inexcusable des troupes françaises de laisser entrer l’armée malienne à Kidal lors de la reconquête du nord du Mali par l’opération « Serval » a brisé net l’élan de francophilie des débuts de l’opération « Serval » et a été interprété au Mali, non sans raisons plausibles, comme une complicité avec les indépendantistes touareg à qui la ville a été ainsi livrée, d’autant plus que depuis longtemps la France est soupçonnée de complaisance envers ces derniers.

Si l’on ajoute à cela le fait que les comptes de la colonisation n’ont toujours pas été vraiment réglés – outre la Françafrique, on peut évoquer hier le traitement honteux des anciens tirailleurs ou aujourd’hui les récentes polémiques sur le franc CFA –, et constituent une sorte d’arrière-plan permanent amplifiant tout nouveau soupçon envers la politique française. Si on ajoute aussi les mesures anti-immigration associées aux difficultés d’obtention des visas, ou l’arrogance de certains experts ou représentants de la France – à commencer par Emmanuel Macron qui se permet de « convoquer » les chefs d’Etat à Pau ou qui s’attribue indûment la décision de mettre fin au franc CFA –, on comprend mieux pourquoi les sentiments antifrançais s’expriment avec autant de virulence.

Pour autant, il ne faut pas succomber aux théories du complot, ni se tromper d’époque. L’accès à des ressources minières éventuelles, si tant est qu’elles existent, ne se fait plus par des conquêtes militaires, comme le montre la présence chinoise dans ce secteur en Afrique, et la protection de gisements d’uranium ne justifie pas le coût politique et économique d’une armée d’occupation. La France est présente militairement au Sahel pour un motif géopolitique facile à comprendre : éviter la création d’un « Sahelistan » aux portes de l’Europe, ainsi que l’afflux de migrants supplémentaires, doit-on ajouter comme motif associé.

 

Entre une Minusma (la mission des Nations unies au Mali) inopérante, des Etats-Unis qui ne veulent pas s’investir et une Europe qui ne manifeste aucun enthousiasme, seuls les Français, dotés de forces préparées aux opérations extérieures, ayant des accords de coopération militaire, et étant un partenaire économique et politique encore important bien qu’en net déclin, sont en posture d’intervenir pour aider les forces armées des pays sahéliens, manifestement à la peine. Aucun plan B ne se profile à l’horizon proche.

Certes, le contexte dans lequel les forces françaises interviennent est très défavorable. Contexte militaire d’abord. L’armée malienne est un grand malade et les armées burkinabée et nigérienne ne sont pas préparées à ce type de guerre asymétrique, faute de stratégie, de chaîne de commandement compétente, de matériel adapté et de forces spéciales. De ce fait, et aussi en raison de l’absence de financements internationaux, le G5 Sahel, qui constitue la seule alternative crédible à la force « Barkhane », n’est pas prêt à prendre la relève.

Contexte politique ensuite. Les classes politiques, au sein desquelles prospèrent l’affairisme, le clientélisme et le népotisme, sont déconsidérées, délégitimées et rejetées par une partie importante des populations. Les services publics sont déficients, les campagnes sahéliennes sont délaissées par les Etats, et ainsi les conflits intercommunautaires se multiplient. Les djihadistes s’implantent, développant une forme de gouvernement indirect : ils prélèvent déjà la zakat, dîme islamique, sur une grande partie des territoires malien et burkinabé et une petite partie du territoire nigérien, rendent la justice, et tuent les chrétiens ou les chefs qui ne leur font pas allégeance.

Contextes économiques également. Les jeunes non formés et sans emploi sont légion, les trafics et le brigandage sévissent. Contexte religieux enfin. Le fondamentalisme islamique a gagné la bataille idéologique. Il a diffusé l’intolérance dans toute la société, il a renforcé l’anti-occidentalisme et a parfois constitué un terreau favorable pour le prosélytisme djihadiste. Changer ces contextes ne peut venir que de l’intérieur des sociétés sahéliennes, les réformes nécessaires ne peuvent réussir que si elles émanent des peuples malien, nigérien et burkinabé. Ce n’est pas une mince affaire et cela prendra des années, voire des décennies.

 

Mais il y a des domaines où la politique et la stratégie militaire de la France peuvent et doivent changer au plus vite. Tout d’abord, la force « Barkhane » fonctionne trop en enclave, avec une quasi-indépendance de décision et d’action. La coordination avec les forces nationales reste faible – elle se limite à quelques opérations conjointes. Ceci n’est pas admissible. Les forces françaises doivent beaucoup plus interagir à tous les niveaux et de façon quotidienne avec les forces maliennes, nigériennes et burkinabées, être beaucoup plus à l’écoute de leurs besoins opérationnels, se donner les moyens d’intervenir immédiatement quand des postes isolés sont attaqués ou quand des massacres se produisent. Il faut aller de plus en plus vers un soutien intégré et extrêmement mobile, et de moins en moins agir comme un corps expéditionnaire autonome replié sur lui-même. En second lieu, la force « Barkhane », au nord du Mali, a parfois collaboré avec des milices touareg et arabes, tantôt progouvernementales, tantôt indépendantistes. Vu le passif de la France par rapport à la situation au nord du Mali évoqué plus haut et les soupçons à son encontre, il faut mettre fin à toute collusion de ce type. Il faut aussi que la France condamne clairement toute position sécessionniste et s’engage à respecter l’unité du Mali.

En troisième lieu, les dirigeants français, le président en tête, doivent être beaucoup plus attentifs au respect de la souveraineté des pays sahéliens et ne jamais oublier qu’ils interviennent en appui et sous leur contrôle. Ces trois changements de cap sont indispensables pour tenter de redresser l’image négative de la France

Face à la spectaculaire progression djihadiste et à son enracinement, certains appellent à une solution politique, en invoquant le fait que beaucoup de ralliements sont liés à des facteurs identitaires, sociaux, économiques. Mais compte tenu des massacres et de l’objectif affirmé d’établir un Etat islamique, l’action militaire reste aujourd’hui nécessaire, même si des contacts politiques peuvent être pris avec des leaders communautaires, et s’il peut exister des marges de négociations avec des acteurs actuellement dans l’orbite djihadiste.

Que les troupes françaises quittent le Sahel ? Sur le principe, on ne peut qu’être d’accord. D’une part, les pays du Sahel doivent prendre en main leur propre défense et, d’autre part, recourir aux troupes impopulaires de l’ancien colonisateur n’est pas sain. Mais, dans la réalité, que faire ? Les pays du Sahel ne sont pas aujourd’hui à même de prendre en main leur propre défense et, hélas, seules les troupes de l’ancien colonisateur sont disponibles ! Leur départ, maintenant, ne ferait qu’accélérer l’implantation des djihadistes, l’extension de leur gouvernance indirecte, le délitement des Etats.

 

Sans les moyens de la force « Barkhane », le Sahel serait plus démuni encore face à l’agression et le risque serait de dériver vers plus d’insécurité, plus de terreur, plus de massacres. Ce serait la politique du pire, et la politique du pire n’est jamais la bonne.

 

Jean-Pierre Olivier de Sardan est un anthropologue franco-nigérien et directeur de recherche émérite au CNRS. 

 

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