Archive pour le Tag 'pauvres'

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Zones à faibles émissions (ZFE) :Les pauvres encore davantage exclus à Lyon, Grenoble et Strasbourg

Zones à faibles émissions (ZFE) :Les pauvres encore davantage exclus à Lyon, Grenoble et Strasbourg


D’une certaine manière c’est la double punition pour les moins favorisés qui ne peuvent pas se payer un logement dans le cœur des villes content tenu des prix exorbitants et donc contraints d’habiter mais dans les banlieues mais qui possèdent souvent de vieux véhicules qui progressivement sont interdits d’accès au cœur des métropoles et autres villes.

Des villes de Lyon Grenoble et Strasbourg, dirigée par les écolos, vont donc rendre les conditions d’accès de la ville encore plus difficile pour les pauvres qui possèdent des véhicules anciens comme ceux identifiés comme Crit’Air 4. Après les Crit’Air 5, les Crit’Air 4 seront donc partiellement ou totalement interdites de circuler .

A ce jour, onze métropoles ont commencé à déployer des ZFE, chacune avec son propre calendrier.

Leurs créations résultent de la loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019. Une généralisation en France de ces zones est prévue par la loi d’ici à 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants.

« Chaque année, la pollution de l’air génère environ 40.000 décès prématurés, selon Santé publique France (2021) (et) provoque également quantité d’affections et de maladies chroniques (maladies cardio-vasculaires, asthme…) », rappelle notamment le site de la métropole de Lyon.

Des associations prônent également le soutien au développement des mobilités douces, mais aussi des véhicules intermédiaires, c’est-à-dire ceux en dessous de 600 kilos comme les voitures sans permis type Ami de Citroën. propre.

cette mesure écologique n’est pas populaire. Une vaste consultation en ligne effectuée par le Sénat à ce sujet en juin dernier montre que 86 % des particuliers et 79 % des professionnels sont contre le déploiement de ces zones, évoquant une mesure « discriminante », « injuste » et « excluante ». Et même les associations se rangent du côté des contestataires pour permettre de laisser plus de temps pour « préparer le marché du véhicule d’occasion électrique », justifie Tony Renucci, directeur général de l’association Respire.

Risque climatique :le flou de l’aide réelle aux pauvres

Risque climatique :le flou de l’aide réelle aux pauvres

Dans le cadre de la COP 28 de Dubaï, un accord serait intervenu pour créer et abonder un fonds destiné aux pauvres victimes de la crise climatique. Un fonds qui s’ajouterait à celui destiné à l’adaptation des pays à la crise. Il y aurait donc un fond de compensation et un autre d’adaptation. Le problème c’est que ces annonces sont rarement suivies d’effet. Par exemple pour le fonds d’adaptation 100 milliards ont été prévus et une dizaine seulement ont été accordés.

Le principe consisterait à soutenir les pays pauvres soutenir face aux impacts à venir, comme les crises humanitaires provoquées par les inondations et les sécheresses en Afrique, par exemple, alors que ces Etats ne sont pas les premiers responsables de la situation. Observons d’abord que ce principe avait déjà été défini mais sans application concertée.

Observons d’abord que comme tout ce qui se passe dans le cadre de la COP , rien n’est obligatoire; c’est donc sur la base du volontariat que ce fonds sera abondé. Cette aide serait également gérée par la Banque mondiale. Le risque en effet c’est que ces concours financiers finissent dans les sables des superstructures et de la corruption dans les pays notamment autoritaires.

Plusieurs pays ont déjà fait des annonces: les Emirats arabes unis avec une offre de 100 millions de dollars USD, suivis par les Allemands (100 millions), le Royaume-Uni (60 millions), les Etats-Unis (24,5 millions), le Japon (10 millions) et l’Union européenne (125 millions).Mais des annonces dans le plus grand flou compte tenu des besoins évalués. Autour de 100 à 400 milliards par alors que pour l’instant on constate un apport global de 400 millions pas nécessairement renouvelables. Plusieurs pays membres de l’UE, dont la France, avaient d’ailleurs promis il y a quelques semaines une « contribution substantielle », et chacun devrait annoncer sa part exacte vendredi et samedi. La France à son tour vient d’annoncer 100 millions.

Les pays en développement ont réclamé un objectif de 100 milliards de dollars pour ce nouveau fonds – un chiffre équivalent aux 100 milliards d’aide annuelle dus par les pays développés pour l’adaptation et la transition écologique, le fameux Fonds vert pour le climat. Pour rappel, celui-ci n’avait pas été honoré dès 2020 comme promis, ce qui avait entaché les relations Nord-Sud dans la lutte contre le changement climatique.

Les pays historiquement responsables du changement climatique, eux, se renvoient la balle pour lever les financements suffisants : les plus développés d’entre eux, Etats-Unis en tête, réclamaient ainsi un élargissement de la base des donateurs aux riches pays émergents, comme la Chine ou l’Arabie saoudite.

« La Chine et les pays du Golfe ont aujourd’hui une responsabilité historique dans les émissions [de gaz à effet de serre] », répétait encore il y a quelques jours à la presse un porte-parole de l’Elysée.

Une autre question suscite également des interrogations à savoir si ce fonds sera destiné à octroyer des prêts des subventions.

Enfin il y a la question de la création ou non d’une taxe internationale pour contribuer à alimenter le dispositif.

Autant de questions qui restent très floues du fait surtout de la réticence des pays donateurs mais aussi parfois de l’ambiguïté des demandes des pays bénéficiaires. La question n’est pas d’aider les pays pauvres victimes de la crise climatique mais les résidents pauvres de ces pays : parfois une différence de taille surtout dans les pays autoritaires ou à démocratie relative.

Le fonds d’aide mondial au risque climatique : L’embrouille de l’aide aux pauvres

Le fonds d’aide mondial au risque climatique : L’embrouille de l’aide aux pauvres

Dans le cadre de la COP 28 de Dubaï, un accord serait intervenu pour créer et abonder un fonds destiné aux pauvres victimes de la crise climatique. Un fonds qui s’ajouterait à celui destiné à l’adaptation des pays à la crise. Il y aurait donc un fond de compensation et un autre d’adaptation. Le problème c’est que ces annonces sont rarement suivies d’effet. Par exemple pour le fonds d’adaptation 100 milliards ont été prévus et une dizaine seulement ont été accordés.

Le principe consisterait à soutenir les pays pauvres face aux impacts à venir, comme les crises humanitaires provoquées par les inondations et les sécheresses en Afrique, par exemple, alors que ces Etats ne sont pas les premiers responsables de la situation. Observons d’abord que ce principe avait déjà été défini mais sans application concertée.

Observons aussi que comme tout ce qui se passe dans le cadre de la COP , rien n’est obligatoire; c’est donc sur la base du volontariat que ce fonds sera abondé. Cette aide serait également gérée par la Banque mondiale. Le risque en effet que ces concours financiers finissent dans les sables des superstructures et de la corruption dans les pays notamment autoritaires.

Plusieurs pays ont déjà fait des annonces: les Emirats arabes unis avec une offre de 100 millions de dollars USD, suivis par les Allemands (100 millions), le Royaume-Uni (60 millions), les Etats-Unis (24,5 millions), le Japon (10 millions) et l’Union européenne (125 millions).Mais des annonces dans le plus grand flou compte tenu des besoins évalués. Autour de 100 à 400 milliards par alors que pour l’instant on constate un apport global de 400 millions pas nécessairement renouvelables. Plusieurs pays membres de l’UE, dont la France, avaient d’ailleurs promis il y a quelques semaines une « contribution substantielle », et chacun devrait annoncer sa part exacte vendredi et samedi.Macron vient aussi d’annoncer 100 millions pour la France.

Les pays en développement ont réclamé un objectif de 100 milliards de dollars pour ce nouveau fonds – un chiffre équivalent aux 100 milliards d’aide annuelle dus par les pays développés pour l’adaptation et la transition écologique, le fameux Fonds vert pour le climat. Pour rappel, celui-ci n’avait pas été honoré dès 2020 comme promis, ce qui avait entaché les relations Nord-Sud dans la lutte contre le changement climatique.

Les pays historiquement responsables du changement climatique, eux, se renvoient la balle pour lever les financements suffisants : les plus développés d’entre eux, Etats-Unis en tête, réclamaient ainsi un élargissement de la base des donateurs aux riches pays émergents, comme la Chine ou l’Arabie saoudite.

« La Chine et les pays du Golfe ont aujourd’hui une responsabilité historique dans les émissions [de gaz à effet de serre] », répétait encore il y a quelques jours à la presse un porte-parole de l’Elysée.

Une autre question suscite également des interrogations à savoir si ce fonds sera destiné à octroyer des prêts des subventions.

Enfin il y a la question de la création ou non d’une taxe internationale pour contribuer à alimenter le dispositif.

Autant de questions qui restent très floues du fait surtout de la réticence des pays donateurs mais aussi parfois de l’ambiguïté des demandes des pays bénéficiaires. La question n’est pas d’aider les pays pauvres victimes de la crise climatique mais les résidents pauvres de ces pays : parfois une différence de taille surtout dans les pays autoritaires ou à démocratie relative.

Risque climatique : L’embrouille de l’aide aux pauvres

Risque climatique : L’embrouille de l’aide aux pauvres

Dans le cadre de la COP 28 de Dubaï, un accord serait intervenu pour créer et abonder un fonds destiné aux pauvres victimes de la crise climatique. Un fonds qui s’ajouterait à celui destiné à l’adaptation des pays à la crise. Il y aurait donc un fond de compensation et un autre d’adaptation. Le problème c’est que ces annonces sont rarement suivies d’effet. Par exemple pour le fonds d’adaptation 100 milliards ont été prévus et une dizaine seulement ont été accordés.

Le principe consisterait à soutenir les pays pauvres soutenir face aux impacts à venir, comme les crises humanitaires provoquées par les inondations et les sécheresses en Afrique, par exemple, alors que ces Etats ne sont pas les premiers responsables de la situation. Observons d’abord que ce principe avait déjà été défini mais sans application concertée.

Observons d’abord que comme tout ce qui se passe dans le cadre de la COP , rien n’est obligatoire; c’est donc sur la base du volontariat que ce fonds sera abondé. Cette aide serait également gérée par la Banque mondiale. Le risque en effet c’est que ces concours financiers finissent dans les sables des superstructures et de la corruption dans les pays notamment autoritaires.

Plusieurs pays ont déjà fait des annonces: les Emirats arabes unis avec une offre de 100 millions de dollars USD, suivis par les Allemands (100 millions), le Royaume-Uni (60 millions), les Etats-Unis (24,5 millions), le Japon (10 millions) et l’Union européenne (125 millions).Mais des annonces dans le plus grand flou compte tenu des besoins évalués. Autour de 100 à 400 milliards par alors que pour l’instant on constate un apport global de 400 millions pas nécessairement renouvelables. Plusieurs pays membres de l’UE, dont la France, avaient d’ailleurs promis il y a quelques semaines une « contribution substantielle », et chacun devrait annoncer sa part exacte vendredi et samedi.

Les pays en développement ont réclamé un objectif de 100 milliards de dollars pour ce nouveau fonds – un chiffre équivalent aux 100 milliards d’aide annuelle dus par les pays développés pour l’adaptation et la transition écologique, le fameux Fonds vert pour le climat. Pour rappel, celui-ci n’avait pas été honoré dès 2020 comme promis, ce qui avait entaché les relations Nord-Sud dans la lutte contre le changement climatique.

Les pays historiquement responsables du changement climatique, eux, se renvoient la balle pour lever les financements suffisants : les plus développés d’entre eux, Etats-Unis en tête, réclamaient ainsi un élargissement de la base des donateurs aux riches pays émergents, comme la Chine ou l’Arabie saoudite.

« La Chine et les pays du Golfe ont aujourd’hui une responsabilité historique dans les émissions [de gaz à effet de serre] », répétait encore il y a quelques jours à la presse un porte-parole de l’Elysée.

Une autre question suscite également des interrogations à savoir si ce fonds sera destiné à octroyer des prêts des subventions.

Enfin il y a la question de la création ou non d’une taxe internationale pour contribuer à alimenter le dispositif.

Autant de questions qui restent très floues du fait surtout de la réticence des pays donateurs mais aussi parfois de l’ambiguïté des demandes des pays bénéficiaires. La question n’est pas d’aider les pays pauvres victimes de la crise climatique mais les résidents pauvres de ces pays : parfois une différence de taille surtout dans les pays autoritaires ou à démocratie relative.

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Energie : La sobriété surtout pour les pauvres

Energie : La sobriété surtout pour les pauvres

 Selon un projet de recherche, ceux qui déclarent préférer le confort thermique plutôt que de réaliser des économies d’énergie gagnent 7 965 euros de plus par an que la moyenne des ménages. Par Dorothée Charlier, Université Savoie Mont Blanc

 

Canicule, feux de forêt, guerre en Ukraine… Après un été marqué par une actualité énergétique intense, il est temps de s’interroger sur la conduite à tenir pour faire face au changement climatique. À ce sujet, le Laboratoire sur les inégalités mondiales souligne que :

« 10 % des plus fortunés sont responsables de 48 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre mondiales, tandis que les 50 % les plus pauvres ne sont responsables que de 12 % au total. »

Face à ce constat et à l’hiver qui se rapproche, on peut donc s’interroger sur les comportements de consommation des ménages les plus aisés, alors qu’une polémique a déjà éclaté ces dernières semaines au sujet de l’utilisation des jets privés.

Si on se base sur une abondante littérature en économie, on a tendance à trouver une relation positive entre le niveau de revenu et la consommation d’énergie. Cette relation positive peut être associée à plusieurs phénomènes, qui va d’une augmentation de la température de confort en hiver à l’achat de nouveaux équipements consommateurs d’électricité.

Par exemple, des études ont montré qu’une préférence déclarée pour le confort thermique pouvait se traduire par une hausse de la consommation d’énergie entre 8 % et 10 % selon les différentes estimations. Le niveau de revenu pourrait ainsi être perçu comme un indicateur pour évaluer un niveau spécifique de confort et de taux d’équipement.

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De plus, les ménages les plus aisés, qui vivent souvent dans des maisons individuelles récentes et qui peuvent ajuster leur température de chauffage, ont tendance à consommer plus que ce que leur diagnostic de performance énergétique indique, comme nous l’avons relevé dans un article de recherche publié en 2021.

En approfondissant cette relation entre niveau de revenu et poids de la consommation énergétique (en se basant sur des données françaises récentes récoltées dans le cadre du projet de recherche PEPSI), nous obtenons que ceux qui déclarent préférer le confort thermique plutôt que de réaliser des économies d’énergie gagnent 7 965 euros de plus par an que la moyenne des ménages.

Si on regarde plus en détail, le lien entre la température moyenne de chauffage en hiver dans les pièces à vivre et le niveau de revenu ), on constate que les ménages qui se chauffent en dessous de 19 °C gagnent relativement moins que les ménages qui peuvent maintenir une température adéquate.

Il en va de même pour ceux qui se chauffent à plus de 25 °C, mais ces derniers sont parfois dans l’incapacité de pouvoir ajuster leur température (en général, les ménages qui ne sont pas en mesure de pouvoir régler leur température de chauffage vivent dans des logements plus anciens et gagnent 4016 euros de moins par an).

En outre, parmi les ménages qui se chauffent à moins de 19 °C en hiver, ils sont plus des trois quarts à déclarer se restreindre.

Par ailleurs, si on considère que les ménages vivant dans les logements dotés de la meilleure étiquette énergétique (et qui ont donc moins besoin d’énergie pour se chauffer), notés A, ont un revenu moyen supérieur de 13 000 euros par rapport à ceux qui vivent dans des logements notés G, on remarque également que les ménages les plus aisés dépensent nettement plus en facture d’électricité et de chauffage, ce qui semble réaffirmer une préférence avérée pour le confort thermique et l’utilisation d’appareils électroménagers

Après « le deuxième été le plus chaud observé en France depuis au moins 1900 avec un écart de +2,3 °C par rapport à la moyenne 1991-2020 » en 2022 selon Météo France, on peut donc s’interroger sur l’évolution des dépenses d’électricité des ménages français dans les années à venir.

En effet, d’une façon générale, le taux d’équipement des ménages en système de rafraichissement augmente depuis 2020. Ce sont particulièrement les ménages propriétaires (75 % des détenteurs de système de refroidissement en 2020), souvent chef d’entreprise, indépendant ou cadre et résidants en maison individuelle qui entretiennent cette hausse (60 %).

Cette tendance risque désormais de s’accentuer si l’on veut pouvoir assurer le confort thermique et le bien-être de chacun. Il va donc être plus que nécessaire de trouver des solutions pérennes pour assurer le confort thermique d’hiver et d’été en veillant à ne pas creuser les inégalités.

Si les innovations technologiques permettront probablement de limiter le poids des consommations sur le climat, une solution consiste également à poursuivre les efforts dans l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments tout en veillant à informer les ménages les plus aisés du poids de leur consommation sur le climat.

________

Par Dorothée Charlier, Maîtresse de conférences en économie de l’énergie et de l’environnement, Université Savoie Mont Blanc.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Endettement : la pieuvre chinoise dans les pays pauvres

Endettement : la pieuvre chinoise dans les pays pauvres

Au cours des deux dernières années, une nouvelle vague de défauts souverains a vu le jour dans les économies émergentes et en développement (Argentine, Biélorussie, Équateur, Ghana, Liban, Sri Lanka, Suriname, Ukraine, Zambie). Avec 25 % des économies émergentes et 60 % des économies en développement surendettées ou présentant un risque élevé de surendettement pour l’année 2022, le risque d’une série de défauts dans les EMDE reste élevé.

par Florian Morvillier
Économiste, CEPII

Erica Perego
Économiste, CEPII dans The Conversation

Le resserrement de la politique monétaire américaine, la hausse des primes de risque sur les dettes souveraines, la réduction des perspectives de croissance mondiale, les tensions géopolitiques inhérentes à la guerre en Ukraine et un niveau d’endettement public élevé constituent autant de vulnérabilités augmentant le risque d’épisodes de tensions sur les dettes souveraines des EMDE.

L’émergence de la Chine comme créancier public de grande envergure constitue une vulnérabilité supplémentaire pour les EMDE. Depuis 2015, la Chine est en effet devenue le principal créancier public des économies émergentes et en développement.

Les prêts de la Chine s’opèrent par l’intermédiaire de différents créanciers, situés directement sous la supervision du conseil d’État chinois, dont les plus importants sont deux banques publiques : la Banque de développement de Chine et la Banque d’export-import de Chine. Ces deux banques ont, entre 2000 et 2017, réalisé à elles seules plus de 70 % des prêts transfrontaliers directs réalisés par la Chine à destination des EMDE dont plus de 90 % à destination d’États souverains ou d’entreprises d’État.

Alors qu’en 2000, la dette publique extérieure des EMDE détenue par les créanciers publics chinois s’élevait à moins d’un milliard de dollars, en 2017 c’est 355 milliards de dollars que les créanciers chinois détenaient.

La politique de gestion des crises de la dette souveraine menée par la Chine dans les EMDE se fonde sur deux stratégies. La première consiste à restructurer la dette de ses débiteurs en la rééchelonnant s’ils sont proches du défaut ou en situation de défaut, tandis que la seconde repose sur l’octroi de « prêts de sauvetage » aux pays débiteurs en situation de grandes difficultés financières. Pour les EMDE, le fort endettement vis-à-vis des créanciers chinois les rend d’autant plus vulnérables que ces deux stratégies n’ont pas pour objectif de réduire le fardeau de leurs dettes.

En effet, les créanciers publics chinois ont, sur la période 2000-2019, restructuré la dette publique extérieure de leurs débiteurs en recourant majoritairement, dans 92 % des cas, au rééchelonnement par extension de la maturité de la dette et/ou suspension temporaire des paiements (graphique 2).

Une politique similaire à celle suivie par le Club de Paris (groupe informel composé de 22 pays créanciers) sur la période 1970-1999 quand la quasi-intégralité des allègements de dette consistait en un rééchelonnement ayant pour objectif de garantir la valeur faciale des créances détenues plutôt que restaurer la soutenabilité de la dette publique de ses débiteurs.

Ensuite, au cours des années 2000, le Club de Paris, ayant la volonté de restaurer la soutenabilité de ses débiteurs, a favorisé les rééchelonnements accompagnés d’une réduction de la valeur faciale de la dette (« haircut »), dans environ 70 % des restructurations. Une telle stratégie est plus favorable pour les économies en situation de défaut car, dans les années qui suivent, cette politique se traduit par une croissance économique plus élevée, une amélioration de la notation de crédit et une réduction de la pauvreté et des inégalités, contrairement à une politique se fondant uniquement sur un rééchelonnement qui ne réduit pas le fardeau de la dette.

En revanche, pour les EMDE fortement endettées vis-à-vis de l’empire du Milieu et qui font face à des épisodes de « stress » sur leur dette, la Chine leur vient en aide en leur fournissant des « prêts de secours » afin d’éviter un défaut de paiement imminent. Du fait de leurs très courtes maturités, ces prêts sont très fréquemment réitérés ce qui se solde par un allongement de la dette.

Ces prêts sont également octroyés à des taux d’intérêt considérablement élevés par rapport à ceux pratiqués par les créanciers multilatéraux comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale : en moyenne 5 %, un taux presque deux fois plus élevés que celui proposé par le FMI, alourdissant ainsi considérablement le fardeau des dettes. Ces renflouements répétés rappellent les pratiques de « prêts en série » du FMI au cours des dernières décennies et, plus généralement, les restructurations en série et les crédits-relais accordés par les créanciers privés pendant la crise de la dette des années 1980.

La stratégie consistant à procéder à des rééchelonnements de dette concerne principalement les économies en développement, tandis que la Chine recourt à l’octroi de prêts de sauvetage surtout dans les économies émergentes. Cette différence d’approche peut s’expliquer, en partie, par le niveau d’exposition différent des créanciers chinois aux emprunteurs souverains dans les deux groupes de pays : seuls 20 % des créances chinoises concernent les pays en développement (donc 80 % pour les pays émergents), ce qui peut expliquer que la Chine recourt pour eux à des rééchelonnements car un défaut de leur part n’a qu’un impact limité sur les bilans des créanciers chinois contrairement à un défaut des économies émergentes.

Au niveau international et face à l’incapacité des EMDE à servir leurs dettes à la suite de la crise sanitaire, une initiative de suspension du service de la dette (DSSI, pour debt service suspension initiative en anglais) avait vu le jour le 15 avril 2020, en pleine pandémie. Celle-ci a permis aux 73 pays éligibles, qui le souhaitaient, de suspendre temporairement (jusqu’à fin 2021) les remboursements d’intérêts et de principal sur les prêts bilatéraux du G20.

À la recherche de solutions plus pérennes, le G20 et les 22 membres du Club de Paris ont approuvé en novembre 2020 un nouveau « Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de la DSSI » pour permettre une remise permanente de dette aux pays éligibles. Ce nouveau cadre suppose une adhésion au principe d’égal traitement des créanciers formalisé par le Club de Paris.

Les EMDE pourraient donc être rassurés par la volonté de jure de la Chine de se coordonner avec les autres créanciers mais, de facto, elle a jusqu’il y a peu privilégié une approche unilatérale dans ses restructurations, en ne prenant pas part aux négociations multilatérales organisées par le Club de Paris. De plus, une grande partie des contrats signés avec les créanciers publics chinois contiennent une clause « No Paris Club » visant à garder leurs dettes hors des restructurations collectives pour obtenir un remboursement préférentiel par rapport aux autres créanciers.

Le durcissement toujours en cours de la politique monétaire dans les pays avancés et les mauvaises perspectives de croissance pour l’économie mondiale font craindre de nouveaux épisodes de « stress » et défauts des EMDE sur leur dette extérieure. La situation pourrait être plus délicate encore dans ces pays si la Chine décidait de poursuivre sa politique de gestion des crises de la dette.

En donnant son accord de principe sur « des pertes » sur ses créances lors de la restructuration de la dette souveraine du Ghana le 17 mai 2023, la Chine a fait un premier pas dans la bonne direction. Mais lors de la décision finale sur la restructuration de la dette souveraine de la Zambie, le 23 juin 2023, après presque trois ans de négociations, elle a à nouveau opté pour sa stratégie antérieure : rééchelonnement avec une période de grâce de 3 ans sur les paiements d’intérêt et extension de la maturité de la dette. Le début d’une nouvelle stratégie, que l’accord de principe pour le Ghana pouvait laisser espérer, reste encore à concrétiser.

Endettement et néocoloniatisme : la pieuvre chinoise dans les pays pauvres

Endettement et néocoloniatisme : la pieuvre chinoise dans les pays pauvres

Au cours des deux dernières années, une nouvelle vague de défauts souverains a vu le jour dans les économies émergentes et en développement (Argentine, Biélorussie, Équateur, Ghana, Liban, Sri Lanka, Suriname, Ukraine, Zambie). Avec 25 % des économies émergentes et 60 % des économies en développement surendettées ou présentant un risque élevé de surendettement pour l’année 2022, le risque d’une série de défauts dans les EMDE reste élevé.

par Florian Morvillier
Économiste, CEPII

Erica Perego
Économiste, CEPII dans The Conversation

Le resserrement de la politique monétaire américaine, la hausse des primes de risque sur les dettes souveraines, la réduction des perspectives de croissance mondiale, les tensions géopolitiques inhérentes à la guerre en Ukraine et un niveau d’endettement public élevé constituent autant de vulnérabilités augmentant le risque d’épisodes de tensions sur les dettes souveraines des EMDE.

L’émergence de la Chine comme créancier public de grande envergure constitue une vulnérabilité supplémentaire pour les EMDE. Depuis 2015, la Chine est en effet devenue le principal créancier public des économies émergentes et en développement.

Les prêts de la Chine s’opèrent par l’intermédiaire de différents créanciers, situés directement sous la supervision du conseil d’État chinois, dont les plus importants sont deux banques publiques : la Banque de développement de Chine et la Banque d’export-import de Chine. Ces deux banques ont, entre 2000 et 2017, réalisé à elles seules plus de 70 % des prêts transfrontaliers directs réalisés par la Chine à destination des EMDE dont plus de 90 % à destination d’États souverains ou d’entreprises d’État.

Alors qu’en 2000, la dette publique extérieure des EMDE détenue par les créanciers publics chinois s’élevait à moins d’un milliard de dollars, en 2017 c’est 355 milliards de dollars que les créanciers chinois détenaient.

La politique de gestion des crises de la dette souveraine menée par la Chine dans les EMDE se fonde sur deux stratégies. La première consiste à restructurer la dette de ses débiteurs en la rééchelonnant s’ils sont proches du défaut ou en situation de défaut, tandis que la seconde repose sur l’octroi de « prêts de sauvetage » aux pays débiteurs en situation de grandes difficultés financières. Pour les EMDE, le fort endettement vis-à-vis des créanciers chinois les rend d’autant plus vulnérables que ces deux stratégies n’ont pas pour objectif de réduire le fardeau de leurs dettes.

En effet, les créanciers publics chinois ont, sur la période 2000-2019, restructuré la dette publique extérieure de leurs débiteurs en recourant majoritairement, dans 92 % des cas, au rééchelonnement par extension de la maturité de la dette et/ou suspension temporaire des paiements (graphique 2).

Une politique similaire à celle suivie par le Club de Paris (groupe informel composé de 22 pays créanciers) sur la période 1970-1999 quand la quasi-intégralité des allègements de dette consistait en un rééchelonnement ayant pour objectif de garantir la valeur faciale des créances détenues plutôt que restaurer la soutenabilité de la dette publique de ses débiteurs.

Ensuite, au cours des années 2000, le Club de Paris, ayant la volonté de restaurer la soutenabilité de ses débiteurs, a favorisé les rééchelonnements accompagnés d’une réduction de la valeur faciale de la dette (« haircut »), dans environ 70 % des restructurations. Une telle stratégie est plus favorable pour les économies en situation de défaut car, dans les années qui suivent, cette politique se traduit par une croissance économique plus élevée, une amélioration de la notation de crédit et une réduction de la pauvreté et des inégalités, contrairement à une politique se fondant uniquement sur un rééchelonnement qui ne réduit pas le fardeau de la dette.

En revanche, pour les EMDE fortement endettées vis-à-vis de l’empire du Milieu et qui font face à des épisodes de « stress » sur leur dette, la Chine leur vient en aide en leur fournissant des « prêts de secours » afin d’éviter un défaut de paiement imminent. Du fait de leurs très courtes maturités, ces prêts sont très fréquemment réitérés ce qui se solde par un allongement de la dette.

Ces prêts sont également octroyés à des taux d’intérêt considérablement élevés par rapport à ceux pratiqués par les créanciers multilatéraux comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale : en moyenne 5 %, un taux presque deux fois plus élevés que celui proposé par le FMI, alourdissant ainsi considérablement le fardeau des dettes. Ces renflouements répétés rappellent les pratiques de « prêts en série » du FMI au cours des dernières décennies et, plus généralement, les restructurations en série et les crédits-relais accordés par les créanciers privés pendant la crise de la dette des années 1980.

La stratégie consistant à procéder à des rééchelonnements de dette concerne principalement les économies en développement, tandis que la Chine recourt à l’octroi de prêts de sauvetage surtout dans les économies émergentes. Cette différence d’approche peut s’expliquer, en partie, par le niveau d’exposition différent des créanciers chinois aux emprunteurs souverains dans les deux groupes de pays : seuls 20 % des créances chinoises concernent les pays en développement (donc 80 % pour les pays émergents), ce qui peut expliquer que la Chine recourt pour eux à des rééchelonnements car un défaut de leur part n’a qu’un impact limité sur les bilans des créanciers chinois contrairement à un défaut des économies émergentes.

Au niveau international et face à l’incapacité des EMDE à servir leurs dettes à la suite de la crise sanitaire, une initiative de suspension du service de la dette (DSSI, pour debt service suspension initiative en anglais) avait vu le jour le 15 avril 2020, en pleine pandémie. Celle-ci a permis aux 73 pays éligibles, qui le souhaitaient, de suspendre temporairement (jusqu’à fin 2021) les remboursements d’intérêts et de principal sur les prêts bilatéraux du G20.

À la recherche de solutions plus pérennes, le G20 et les 22 membres du Club de Paris ont approuvé en novembre 2020 un nouveau « Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de la DSSI » pour permettre une remise permanente de dette aux pays éligibles. Ce nouveau cadre suppose une adhésion au principe d’égal traitement des créanciers formalisé par le Club de Paris.

Les EMDE pourraient donc être rassurés par la volonté de jure de la Chine de se coordonner avec les autres créanciers mais, de facto, elle a jusqu’il y a peu privilégié une approche unilatérale dans ses restructurations, en ne prenant pas part aux négociations multilatérales organisées par le Club de Paris. De plus, une grande partie des contrats signés avec les créanciers publics chinois contiennent une clause « No Paris Club » visant à garder leurs dettes hors des restructurations collectives pour obtenir un remboursement préférentiel par rapport aux autres créanciers.

Le durcissement toujours en cours de la politique monétaire dans les pays avancés et les mauvaises perspectives de croissance pour l’économie mondiale font craindre de nouveaux épisodes de « stress » et défauts des EMDE sur leur dette extérieure. La situation pourrait être plus délicate encore dans ces pays si la Chine décidait de poursuivre sa politique de gestion des crises de la dette.

En donnant son accord de principe sur « des pertes » sur ses créances lors de la restructuration de la dette souveraine du Ghana le 17 mai 2023, la Chine a fait un premier pas dans la bonne direction. Mais lors de la décision finale sur la restructuration de la dette souveraine de la Zambie, le 23 juin 2023, après presque trois ans de négociations, elle a à nouveau opté pour sa stratégie antérieure : rééchelonnement avec une période de grâce de 3 ans sur les paiements d’intérêt et extension de la maturité de la dette. Le début d’une nouvelle stratégie, que l’accord de principe pour le Ghana pouvait laisser espérer, reste encore à concrétiser.

Endettement : la pieuvre chinoise dans les pays pauvres

Endettement : la pieuvre chinoise dans les pays pauvres

Au cours des deux dernières années, une nouvelle vague de défauts souverains a vu le jour dans les économies émergentes et en développement (Argentine, Biélorussie, Équateur, Ghana, Liban, Sri Lanka, Suriname, Ukraine, Zambie). Avec 25 % des économies émergentes et 60 % des économies en développement surendettées ou présentant un risque élevé de surendettement pour l’année 2022, le risque d’une série de défauts dans les EMDE reste élevé.

par Florian Morvillier
Économiste, CEPII

Erica Perego
Économiste, CEPII dans The Conversation

Le resserrement de la politique monétaire américaine, la hausse des primes de risque sur les dettes souveraines, la réduction des perspectives de croissance mondiale, les tensions géopolitiques inhérentes à la guerre en Ukraine et un niveau d’endettement public élevé constituent autant de vulnérabilités augmentant le risque d’épisodes de tensions sur les dettes souveraines des EMDE.

L’émergence de la Chine comme créancier public de grande envergure constitue une vulnérabilité supplémentaire pour les EMDE. Depuis 2015, la Chine est en effet devenue le principal créancier public des économies émergentes et en développement.

Les prêts de la Chine s’opèrent par l’intermédiaire de différents créanciers, situés directement sous la supervision du conseil d’État chinois, dont les plus importants sont deux banques publiques : la Banque de développement de Chine et la Banque d’export-import de Chine. Ces deux banques ont, entre 2000 et 2017, réalisé à elles seules plus de 70 % des prêts transfrontaliers directs réalisés par la Chine à destination des EMDE dont plus de 90 % à destination d’États souverains ou d’entreprises d’État.

Alors qu’en 2000, la dette publique extérieure des EMDE détenue par les créanciers publics chinois s’élevait à moins d’un milliard de dollars, en 2017 c’est 355 milliards de dollars que les créanciers chinois détenaient.

La politique de gestion des crises de la dette souveraine menée par la Chine dans les EMDE se fonde sur deux stratégies. La première consiste à restructurer la dette de ses débiteurs en la rééchelonnant s’ils sont proches du défaut ou en situation de défaut, tandis que la seconde repose sur l’octroi de « prêts de sauvetage » aux pays débiteurs en situation de grandes difficultés financières. Pour les EMDE, le fort endettement vis-à-vis des créanciers chinois les rend d’autant plus vulnérables que ces deux stratégies n’ont pas pour objectif de réduire le fardeau de leurs dettes.

En effet, les créanciers publics chinois ont, sur la période 2000-2019, restructuré la dette publique extérieure de leurs débiteurs en recourant majoritairement, dans 92 % des cas, au rééchelonnement par extension de la maturité de la dette et/ou suspension temporaire des paiements (graphique 2).

Une politique similaire à celle suivie par le Club de Paris (groupe informel composé de 22 pays créanciers) sur la période 1970-1999 quand la quasi-intégralité des allègements de dette consistait en un rééchelonnement ayant pour objectif de garantir la valeur faciale des créances détenues plutôt que restaurer la soutenabilité de la dette publique de ses débiteurs.

Ensuite, au cours des années 2000, le Club de Paris, ayant la volonté de restaurer la soutenabilité de ses débiteurs, a favorisé les rééchelonnements accompagnés d’une réduction de la valeur faciale de la dette (« haircut »), dans environ 70 % des restructurations. Une telle stratégie est plus favorable pour les économies en situation de défaut car, dans les années qui suivent, cette politique se traduit par une croissance économique plus élevée, une amélioration de la notation de crédit et une réduction de la pauvreté et des inégalités, contrairement à une politique se fondant uniquement sur un rééchelonnement qui ne réduit pas le fardeau de la dette.

En revanche, pour les EMDE fortement endettées vis-à-vis de l’empire du Milieu et qui font face à des épisodes de « stress » sur leur dette, la Chine leur vient en aide en leur fournissant des « prêts de secours » afin d’éviter un défaut de paiement imminent. Du fait de leurs très courtes maturités, ces prêts sont très fréquemment réitérés ce qui se solde par un allongement de la dette.

Ces prêts sont également octroyés à des taux d’intérêt considérablement élevés par rapport à ceux pratiqués par les créanciers multilatéraux comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale : en moyenne 5 %, un taux presque deux fois plus élevés que celui proposé par le FMI, alourdissant ainsi considérablement le fardeau des dettes. Ces renflouements répétés rappellent les pratiques de « prêts en série » du FMI au cours des dernières décennies et, plus généralement, les restructurations en série et les crédits-relais accordés par les créanciers privés pendant la crise de la dette des années 1980.

La stratégie consistant à procéder à des rééchelonnements de dette concerne principalement les économies en développement, tandis que la Chine recourt à l’octroi de prêts de sauvetage surtout dans les économies émergentes. Cette différence d’approche peut s’expliquer, en partie, par le niveau d’exposition différent des créanciers chinois aux emprunteurs souverains dans les deux groupes de pays : seuls 20 % des créances chinoises concernent les pays en développement (donc 80 % pour les pays émergents), ce qui peut expliquer que la Chine recourt pour eux à des rééchelonnements car un défaut de leur part n’a qu’un impact limité sur les bilans des créanciers chinois contrairement à un défaut des économies émergentes.

Au niveau international et face à l’incapacité des EMDE à servir leurs dettes à la suite de la crise sanitaire, une initiative de suspension du service de la dette (DSSI, pour debt service suspension initiative en anglais) avait vu le jour le 15 avril 2020, en pleine pandémie. Celle-ci a permis aux 73 pays éligibles, qui le souhaitaient, de suspendre temporairement (jusqu’à fin 2021) les remboursements d’intérêts et de principal sur les prêts bilatéraux du G20.

À la recherche de solutions plus pérennes, le G20 et les 22 membres du Club de Paris ont approuvé en novembre 2020 un nouveau « Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de la DSSI » pour permettre une remise permanente de dette aux pays éligibles. Ce nouveau cadre suppose une adhésion au principe d’égal traitement des créanciers formalisé par le Club de Paris.

Les EMDE pourraient donc être rassurés par la volonté de jure de la Chine de se coordonner avec les autres créanciers mais, de facto, elle a jusqu’il y a peu privilégié une approche unilatérale dans ses restructurations, en ne prenant pas part aux négociations multilatérales organisées par le Club de Paris. De plus, une grande partie des contrats signés avec les créanciers publics chinois contiennent une clause « No Paris Club » visant à garder leurs dettes hors des restructurations collectives pour obtenir un remboursement préférentiel par rapport aux autres créanciers.

Le durcissement toujours en cours de la politique monétaire dans les pays avancés et les mauvaises perspectives de croissance pour l’économie mondiale font craindre de nouveaux épisodes de « stress » et défauts des EMDE sur leur dette extérieure. La situation pourrait être plus délicate encore dans ces pays si la Chine décidait de poursuivre sa politique de gestion des crises de la dette.

En donnant son accord de principe sur « des pertes » sur ses créances lors de la restructuration de la dette souveraine du Ghana le 17 mai 2023, la Chine a fait un premier pas dans la bonne direction. Mais lors de la décision finale sur la restructuration de la dette souveraine de la Zambie, le 23 juin 2023, après presque trois ans de négociations, elle a à nouveau opté pour sa stratégie antérieure : rééchelonnement avec une période de grâce de 3 ans sur les paiements d’intérêt et extension de la maturité de la dette. Le début d’une nouvelle stratégie, que l’accord de principe pour le Ghana pouvait laisser espérer, reste encore à concrétiser.

Endettement des pays pauvres: la pieuvre chinoise

Endettement des pays pauvres: la pieuvre chinoise

Au cours des deux dernières années, une nouvelle vague de défauts souverains a vu le jour dans les économies émergentes et en développement (Argentine, Biélorussie, Équateur, Ghana, Liban, Sri Lanka, Suriname, Ukraine, Zambie). Avec 25 % des économies émergentes et 60 % des économies en développement surendettées ou présentant un risque élevé de surendettement pour l’année 2022, le risque d’une série de défauts dans les EMDE reste élevé.

par Florian Morvillier
Économiste, CEPII

Erica Perego
Économiste, CEPII dans The Conversation

Le resserrement de la politique monétaire américaine, la hausse des primes de risque sur les dettes souveraines, la réduction des perspectives de croissance mondiale, les tensions géopolitiques inhérentes à la guerre en Ukraine et un niveau d’endettement public élevé constituent autant de vulnérabilités augmentant le risque d’épisodes de tensions sur les dettes souveraines des EMDE.

L’émergence de la Chine comme créancier public de grande envergure constitue une vulnérabilité supplémentaire pour les EMDE. Depuis 2015, la Chine est en effet devenue le principal créancier public des économies émergentes et en développement.

Les prêts de la Chine s’opèrent par l’intermédiaire de différents créanciers, situés directement sous la supervision du conseil d’État chinois, dont les plus importants sont deux banques publiques : la Banque de développement de Chine et la Banque d’export-import de Chine. Ces deux banques ont, entre 2000 et 2017, réalisé à elles seules plus de 70 % des prêts transfrontaliers directs réalisés par la Chine à destination des EMDE dont plus de 90 % à destination d’États souverains ou d’entreprises d’État.

Alors qu’en 2000, la dette publique extérieure des EMDE détenue par les créanciers publics chinois s’élevait à moins d’un milliard de dollars, en 2017 c’est 355 milliards de dollars que les créanciers chinois détenaient.

La politique de gestion des crises de la dette souveraine menée par la Chine dans les EMDE se fonde sur deux stratégies. La première consiste à restructurer la dette de ses débiteurs en la rééchelonnant s’ils sont proches du défaut ou en situation de défaut, tandis que la seconde repose sur l’octroi de « prêts de sauvetage » aux pays débiteurs en situation de grandes difficultés financières. Pour les EMDE, le fort endettement vis-à-vis des créanciers chinois les rend d’autant plus vulnérables que ces deux stratégies n’ont pas pour objectif de réduire le fardeau de leurs dettes.

En effet, les créanciers publics chinois ont, sur la période 2000-2019, restructuré la dette publique extérieure de leurs débiteurs en recourant majoritairement, dans 92 % des cas, au rééchelonnement par extension de la maturité de la dette et/ou suspension temporaire des paiements (graphique 2).

Une politique similaire à celle suivie par le Club de Paris (groupe informel composé de 22 pays créanciers) sur la période 1970-1999 quand la quasi-intégralité des allègements de dette consistait en un rééchelonnement ayant pour objectif de garantir la valeur faciale des créances détenues plutôt que restaurer la soutenabilité de la dette publique de ses débiteurs.

Ensuite, au cours des années 2000, le Club de Paris, ayant la volonté de restaurer la soutenabilité de ses débiteurs, a favorisé les rééchelonnements accompagnés d’une réduction de la valeur faciale de la dette (« haircut »), dans environ 70 % des restructurations. Une telle stratégie est plus favorable pour les économies en situation de défaut car, dans les années qui suivent, cette politique se traduit par une croissance économique plus élevée, une amélioration de la notation de crédit et une réduction de la pauvreté et des inégalités, contrairement à une politique se fondant uniquement sur un rééchelonnement qui ne réduit pas le fardeau de la dette.

En revanche, pour les EMDE fortement endettées vis-à-vis de l’empire du Milieu et qui font face à des épisodes de « stress » sur leur dette, la Chine leur vient en aide en leur fournissant des « prêts de secours » afin d’éviter un défaut de paiement imminent. Du fait de leurs très courtes maturités, ces prêts sont très fréquemment réitérés ce qui se solde par un allongement de la dette.

Ces prêts sont également octroyés à des taux d’intérêt considérablement élevés par rapport à ceux pratiqués par les créanciers multilatéraux comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale : en moyenne 5 %, un taux presque deux fois plus élevés que celui proposé par le FMI, alourdissant ainsi considérablement le fardeau des dettes. Ces renflouements répétés rappellent les pratiques de « prêts en série » du FMI au cours des dernières décennies et, plus généralement, les restructurations en série et les crédits-relais accordés par les créanciers privés pendant la crise de la dette des années 1980.

La stratégie consistant à procéder à des rééchelonnements de dette concerne principalement les économies en développement, tandis que la Chine recourt à l’octroi de prêts de sauvetage surtout dans les économies émergentes. Cette différence d’approche peut s’expliquer, en partie, par le niveau d’exposition différent des créanciers chinois aux emprunteurs souverains dans les deux groupes de pays : seuls 20 % des créances chinoises concernent les pays en développement (donc 80 % pour les pays émergents), ce qui peut expliquer que la Chine recourt pour eux à des rééchelonnements car un défaut de leur part n’a qu’un impact limité sur les bilans des créanciers chinois contrairement à un défaut des économies émergentes.

Au niveau international et face à l’incapacité des EMDE à servir leurs dettes à la suite de la crise sanitaire, une initiative de suspension du service de la dette (DSSI, pour debt service suspension initiative en anglais) avait vu le jour le 15 avril 2020, en pleine pandémie. Celle-ci a permis aux 73 pays éligibles, qui le souhaitaient, de suspendre temporairement (jusqu’à fin 2021) les remboursements d’intérêts et de principal sur les prêts bilatéraux du G20.

À la recherche de solutions plus pérennes, le G20 et les 22 membres du Club de Paris ont approuvé en novembre 2020 un nouveau « Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de la DSSI » pour permettre une remise permanente de dette aux pays éligibles. Ce nouveau cadre suppose une adhésion au principe d’égal traitement des créanciers formalisé par le Club de Paris.

Les EMDE pourraient donc être rassurés par la volonté de jure de la Chine de se coordonner avec les autres créanciers mais, de facto, elle a jusqu’il y a peu privilégié une approche unilatérale dans ses restructurations, en ne prenant pas part aux négociations multilatérales organisées par le Club de Paris. De plus, une grande partie des contrats signés avec les créanciers publics chinois contiennent une clause « No Paris Club » visant à garder leurs dettes hors des restructurations collectives pour obtenir un remboursement préférentiel par rapport aux autres créanciers.

Le durcissement toujours en cours de la politique monétaire dans les pays avancés et les mauvaises perspectives de croissance pour l’économie mondiale font craindre de nouveaux épisodes de « stress » et défauts des EMDE sur leur dette extérieure. La situation pourrait être plus délicate encore dans ces pays si la Chine décidait de poursuivre sa politique de gestion des crises de la dette.

En donnant son accord de principe sur « des pertes » sur ses créances lors de la restructuration de la dette souveraine du Ghana le 17 mai 2023, la Chine a fait un premier pas dans la bonne direction. Mais lors de la décision finale sur la restructuration de la dette souveraine de la Zambie, le 23 juin 2023, après presque trois ans de négociations, elle a à nouveau opté pour sa stratégie antérieure : rééchelonnement avec une période de grâce de 3 ans sur les paiements d’intérêt et extension de la maturité de la dette. Le début d’une nouvelle stratégie, que l’accord de principe pour le Ghana pouvait laisser espérer, reste encore à concrétiser.

Société- L’inflation plombe davantage les ménages pauvres

Société- L’inflation plombe davantage les ménages pauvres


De récentes études montrent que les ménages pauvres sont davantage plombés par l’inflation que les autres. En cause, le niveau des revenus plus faibles évidemment mais aussi la modification de la structure de consommation. En effet à l’intérieur de l’inflation ce sont surtout les prix de l’alimentation et de l’énergie qui se sont envolés. Des dépenses contraintes et qui prennent une part de plus en plus importante dans les ménages aux revenus faibles. À l’inverse, pour les revenus aisés ,la part consacrée à ces deux types de dépenses pèse relativement beaucoup moins.

Depuis près de deux ans, l’inflation a fait son retour soudain dans le monde occidental, après quarante ans de disparition. Ce retour bouleverse les comportements des ménages comme des entreprises et met au défi les économistes. Deux études publiées ce mardi éclairent le phénomène, soulignant notamment les inégalités nourries par l’inflation.

Dans son opus intitulé «Les politiques publiques au défi de l’inflation», le conseil d’analyse économique (CAE) s’applique à mieux comprendre les conséquences économiques concrètes de ce phénomène. Car si la hausse des prix ralentit – l’indicateur est passé sous la barre des 5 % pour la première fois depuis plus d’un an -, elle est cependant appelée à s’installer durablement dans le paysage économique. Pour les ménages, l’étude insiste sur les inégalités face à l’inflation du point de vue du coût de la vie.

Inégalités- L’inflation plombe davantage les ménages pauvres

Inégalités- L’inflation plombe davantage les ménages pauvres


De récentes études montrent que les ménages pauvres sont davantage plombés par l’inflation que les autres. En cause, le niveau des revenus plus faibles évidemment mais aussi la modification de la structure de consommation. En effet à l’intérieur de l’inflation ce sont surtout les prix de l’alimentation et de l’énergie qui se sont envolés. Des dépenses contraintes et qui prennent une part de plus en plus importante dans les ménages aux revenus faibles. À l’inverse, pour les revenus aisés ,la part consacrée à ces deux types de dépenses pèse relativement beaucoup moins.

Depuis près de deux ans, l’inflation a fait son retour soudain dans le monde occidental, après quarante ans de disparition. Ce retour bouleverse les comportements des ménages comme des entreprises et met au défi les économistes. Deux études publiées ce mardi éclairent le phénomène, soulignant notamment les inégalités nourries par l’inflation.

Dans son opus intitulé «Les politiques publiques au défi de l’inflation», le conseil d’analyse économique (CAE) s’applique à mieux comprendre les conséquences économiques concrètes de ce phénomène. Car si la hausse des prix ralentit – l’indicateur est passé sous la barre des 5 % pour la première fois depuis plus d’un an -, elle est cependant appelée à s’installer durablement dans le paysage économique. Pour les ménages, l’étude insiste sur les inégalités face à l’inflation du point de vue du coût de la vie.

L’inflation plombe davantage les ménages pauvres

L’inflation plombe davantage les ménages pauvres


De récentes études montrent que les ménages pour sont davantage plombés par l’inflation que les autres. En cause, le niveau des revenus plus faibles évidemment mais aussi la modification de la structure de consommation. En effet à l’intérieur de l’inflation ce sont surtout les prix de l’alimentation et de l’énergie qui se sont envolés. Des dépenses contraintes et qui prennent une part de plus en plus importante dans les ménages aux revenus faibles. À l’inverse, pour les revenus aisés ,la part consacrée à ces deux types de dépenses pèse relativement beaucoup moins.

Depuis près de deux ans, l’inflation a fait son retour soudain dans le monde occidental, après quarante ans de disparition. Ce retour bouleverse les comportements des ménages comme des entreprises et met au défi les économistes. Deux études publiées ce mardi éclairent le phénomène, soulignant notamment les inégalités nourries par l’inflation.

Dans son opus intitulé «Les politiques publiques au défi de l’inflation», le conseil d’analyse économique (CAE) s’applique à mieux comprendre les conséquences économiques concrètes de ce phénomène. Car si la hausse des prix ralentit – l’indicateur est passé sous la barre des 5 % pour la première fois depuis plus d’un an -, elle est cependant appelée à s’installer durablement dans le paysage économique. Pour les ménages, l’étude insiste sur les inégalités face à l’inflation du point de vue du coût de la vie.

Pays pauvres: Quels mécanismes de financement internationaux  ?

Pays pauvres: Quels mécanismes de financement internationaux  ?

par
Ajay Mathur

Directeur général de l’Alliance solaire internationale

En marge du Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, Ajay Mathur, dirigeant de l’Alliance solaire internationale, plaide dans une tribune au « Monde » pour orienter l’aide multilatérale vers la réduction des risques pour les investisseurs privés.

L’économie de l’énergie solaire a connu une véritable révolution au cours de la dernière décennie. En 2010, le monde comptait 44 gigawatts (GW) de capacité solaire photovoltaïque installée. Aujourd’hui, ce sont près de 942 GW qui sont déployés sur la planète, soit une augmentation de plus de 2 000 % en un peu plus de dix ans.

Portés par la chute spectaculaire du prix des technologies et par les besoins de nouvelles capacités de production d’électricité décarbonée pour lutter contre le changement climatique, les investissements dans le solaire devraient cette année, pour la première fois de l’histoire, dépasser ceux mis en œuvre dans les énergies fossiles, à raison d’un peu plus d’un milliard de dollars (environ 916 millions d’euros) par jour en moyenne, selon un rapport récent de l’Agence internationale de l’énergie.

Mais dans les pays émergents, les forces du marché ne peuvent faire baisser le coût des énergies renouvelables que jusqu’à un certain point. Nous avons donc impérativement besoin de mécanismes de financement internationaux innovants pour accélérer les installations dans les pays du Sud et contribuer à alimenter le monde en énergie propre et durable.

Davantage de capitaux commerciaux doivent être investis dans des projets d’énergies renouvelables dans les pays du Sud. Ces projets sont intensifs en capitaux et leurs développeurs doivent, dans les pays émergents, souvent composer avec des taux d’intérêt élevés, car les prêteurs perçoivent plus de risques dans ces régions que dans les pays plus riches.

Ces risques reflètent des facteurs tels que l’incertitude quant au respect des accords d’achat d’électricité, ou encore des troubles politiques ou sociaux. Pour amplifier les déploiements des projets d’énergies renouvelables dans le Sud, il est absolument fondamental de réduire le risque perçu et donc le coût du capital.

C’est en Afrique que l’on observe le plus grand décalage entre les investissements nécessaires et la réalité du déploiement des énergies renouvelables. Le continent devra doubler sa capacité de production pour atteindre 497 GW d’ici à 2030 afin de répondre à la demande croissante d’énergie. L’Afrique aura besoin de 70 milliards de dollars d’investissements dans le seul secteur solaire au cours des cinq à sept prochaines années.

Développement pays pauvres : quelle aide publique

Développement pays pauvres : quelle aide publique

Par
Florian Léon
Chargé de recherche, Fondation pour les Etudes et Recherches sur le Développement International (FERDI); Chercheur associé au CERDI (UMR UCA-CNRS-IRD), Université Clermont Auvergne (UCA) dans The Conversation

Jean-Baptiste Jacouton
Chargé de recherche, Agence française de développement (AFD) dans The Conversation .

Les 22 et 23 juin prochains se tiendra à Paris le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial voulu par le président français Emmanuel Macron. L’objectif est de proposer des solutions pour faciliter l’accès des pays vulnérables aux financements nécessaires pour faire face aux conséquences des crises récentes et futures. Cet agenda place les banques publiques de développement au centre du débat et témoigne de la renaissance institutionnelle dont jouissent ces institutions depuis plusieurs années. Selon la base de données produite conjointement par l’Agence française de développement (AFD) et l’Institute of New Structural Economics de l’Université de Pékin, il existe plus de 500 banques publiques de développement, réparties sur tous les continents, et totalisant 23 000 milliards de dollars d’actifs. Cet écosystème regroupe des institutions très diverses. Les banques publiques de développement constituent un maillon essentiel pour le financement des économies vulnérables, notamment en période de crise. Divers travaux ont mis en évidence l’importance de ces banques pour soutenir l’activité économique durant une crise, au moment où les flux financiers privés se tarissent.

La capacité d’action contracyclique des banques publiques de développement repose sur deux raisons principales.

D’une part, ces acteurs ont un mandat explicite ou implicite de soutien à l’activité en période de crise. Ce rôle s’est confirmé au cours de la crise sanitaire pendant laquelle de nombreux pays ont utilisé leurs banques publiques de développement pour soutenir les entreprises les plus vulnérables, en particulier les plus petites.

D’autre part, les banques publiques de développement sont des institutions dont les ressources sont moins sensibles aux variations du cycle économique, comme nous l’avons montré dans une étude portant sur les banques publiques africaines. Contrairement aux banques commerciales, elles accueillent peu de dépôts et bénéficient d’une garantie implicite de l’État. Autrement dit, en période de crise, leurs ressources sont stables et elles peuvent maintenir leur activité tandis que les banques privées voient leurs ressources se contracter.

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Certaines banques publiques de développement accroissent même leur activité en période de crise. Lors de la pandémie de Covid-19, l’US Small Business Administration a par exemple vu ses capitaux propres multipliés par 53 pour soutenir les entreprises états-uniennes, en faisant l’une des plus grosses banques publiques de développement au monde.

Bien qu’essentiel, le rôle des banques publiques de développement à la suite d’un choc risque de devenir insuffisant dans le futur. En effet, la multiplication et l’intensification des crises (économiques, climatiques, géopolitiques, sanitaires, etc.) met en danger leur capacité d’adaptation. Sous pression constante pour soutenir l’économie et la société, les banques publiques de développement accroîtraient leur exposition aux risques (par exemple en finançant des entreprises qui auraient fait faillite indépendamment de la survenue d’une crise), menaçant la pérennité de leurs activités.

Dès lors, il paraît essentiel que les banques publiques de développement adoptent une approche plus proactive, alors qu’elles restent dans une optique très réactive (soutien à l’économie suite à une crise). En orientant leurs activités vers les secteurs sociaux, en contribuant activement à la réduction des inégalités ou en renforçant la résilience face aux changements climatiques, leurs investissements doivent permettre de réduire l’ampleur et les conséquences des chocs en cas d’occurrence, autrement dit la vulnérabilité des économies.

La Banque africaine de développement, l’une des quelque 500 banques de développement recensées dans le monde. Shutterstock
Les banques privées ne sont pas incitées pour investir dans de tels projets, généralement associés à des rendements financiers limités et des risques élevés, en dépit d’impacts forts à long terme sur l’économie, la société ou l’environnement. Ainsi, les banques de développement doivent davantage de combler ce vide et entraîner avec elles des investissements privés.

Or, dans une étude récente, nous montrons que le narratif stratégique de nombreuses banques publiques de développement reste principalement centré sur la croissance économique et le financement des infrastructures, au détriment des considérations environnementales, notamment en matière de biodiversité, et sociales (réduction de la pauvreté et des inégalités économiques).

Il convient de se confronter aux défis que pose le passage à une vision proactive du rôle des banques publiques de développement. Trois points clés, parmi de nombreuses autres questions, sont soulevées ci-dessous.

Tout d’abord, les banques publiques de développement sont appelées à jouer un rôle clé dans les transitions. Les pays les plus vulnérables souffrent souvent d’une vulnérabilité multi-dimensionnelle : économique, sociale, politique, climatique.

Disposant de ressources limitées et de mandat parfois très spécifique, les banques publiques de développement se retrouvent confrontées à des arbitrages : un projet d’infrastructures peut permettre de désenclaver un territoire mais peut s’avérer très émissif ; la mise en œuvre de zones protégées peut se faire au détriment des agriculteurs locaux qu’il convient de dédommager. La gestion de ces arbitrages nécessite que les banques publiques de développement soient suffisamment bien outillées pour appréhender les impacts ex ante et ex post de leurs projets.

Afin d’être proactive, les banques publiques de développement doivent également pouvoir innover. Ce constat s’applique notamment aux banques nationales de développement, qui ont une meilleure connaissance des problématiques des géographies dans lesquelles elles interviennent. Les gouvernements doivent garantir l’indépendance de leurs banques nationales et viser à leur donner un cadre stratégique plutôt que d’entrer dans des logiques de micro-management.

Dans ce contexte, les banques nationales de développement devraient pouvoir innover en matière de processus, d’instruments financiers, d’accompagnement de leurs clients. En initiant les premières obligations vertes, ou via le co-financement de projets avec des investisseurs privés (financement mixte ou « blended finance »), les banques multilatérales telles que la Banque mondiale ou la Banque européenne d’investissement ont déjà montré que l’écosystème des banques publiques de développement a la capacité d’impacter les marchés financiers de façon significative. Aussi, les institutions multilatérales sont appelées à travailler davantage avec les banques nationales de développement pour renforcer leur capacité de financement et d’innovation.

Enfin, la puissance de feu des banques publiques de développement doit s’inscrire en synergie avec d’autres acteurs, notamment privés. L’ampleur des montants à engager (3 900 milliards de dollars par an) pour financer les transitions ne peut être assumée seulement par des investissements publics.

Il s’agit donc de mobiliser l’épargne privée mondiale pour la traduire en impacts positifs pour l’environnement et la société. Au-delà des investisseurs institutionnels, les banques publiques de développement sont également appelées à travailler plus étroitement avec les organisations philanthropiques, les organisations de la société civile, et les régulateurs (tels que le réseau des banques centrales et superviseurs pour le verdissement du système financier).

Ces différents enjeux, parmi tant d’autres, ont conduit à la création du mouvement Finance en Commun, initié en 2020 par l’AFD. En rassemblant l’ensemble des banques publiques de développement, Finance en Commun vise à accroître les échanges d’expérience et l’expertise de ces institutions. Dans le même temps, l’inclusion dans un réseau structuré permet aux banques publiques de développement de gagner en visibilité sur la scène internationale, avec pour but de catalyser davantage de financements en faveur des Objectifs de développement durable des Nations unies.

Climat : la Banque mondiale va aider davantage les pays les plus pauvres, enfin ?

Climat : la Banque mondiale va aider davantage les pays les plus pauvres, enfin ?

On pourrait être surpris que le nouveau président de la Banque mondiale annonce solennellement que l’institution va désormais aider davantage les pays les plus pauvres. C’est en effet la mission principale normale de cette institution qui comme beaucoup d’autres s’est engluée dans les problématiques administratives et politiques. Aujourd’hui les banques de développement de tous ordres ne manquent pas, pas davantage que les crédits potentiels. Il manque surtout une cohérence de l’aide concrète et de nombreux trous dans la gouvernance des pays .

Tout ne peut se résumer à l’épaisseur des enveloppes, il faut aussi considérer la manière dont ces enveloppes sont utilisées afin que les aides ne se perdent pas dans les sables administratifs et ou de corruption .Moins de trois semaines après sa prise de fonction, le nouveau président de la Banque mondiale , Ajay Banga, n’est pas venu au sommet de Paris les mains vides. Lors de la réunion qui a rassemblé, jeudi au Palais Brongniart, une cinquantaine de chefs d’Etat pour évoquer un choc de financement destiné aux pays du Sud, Ajay Banga a d’abord annoncé que son institution allait élargir sa « boîte à outils » de l’aide internationale avec de nouveaux instruments.

Suspension de remboursement
L’une des mesures phares consiste à « offrir une pause dans le remboursement de la dette, pour que les pays puissent se focaliser sur ce qui compte […] lorsqu’une crise survient, et ne pas s’inquiéter de la facture qui va tomber », a-t-il indiqué.

Lorsqu’un pays fait face à une catastrophe, à l’instar de la République dominicaine qui en quelques heures a perdu plus de 220 % de son PIB en 2016 en raison d’un ouragan, l’heure n’est pas au remboursement de sa dette mais à la reconstruction du pays. « Il s’agit de permettre aux pays de se concentrer sur les besoins urgents de leur population et non sur le service de la dette. Nous commencerons ces nouvelles clauses de dette de crise avec les pays les plus vulnérables » avant de l’étendre à d’autres, indique la Banque dans son communiqué.

Redéploiement de fonds
La Banque va aussi instaurer de nouvelles possibilités d’utilisation de ses prêts. Les pays pourront réaffecter immédiatement une partie de leur portefeuille de prêts de la Banque aux besoins d’urgence en cas de désastres liés au réchauffement climatique. Par exemple, des fonds non décaissés dans le cadre de projets d’infrastructures à long terme pourraient être utilisés pour faire face aux conséquences immédiates d’une catastrophe.

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« Désormais, nous cherchons à intégrer l’assurance contre les catastrophes dans nos produits de prêt – avec l’intention de couvrir les primes d’assurance et les intérêts grâce à la générosité des autres. Cela donnerait finalement aux pays des ressources de redressement sans alourdir leur dette », a commenté Ajay Banga.

Une autre mesure, révélée lors d’une table ronde, jeudi matin, aux côtés de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, et du ministre français des Finances, Bruno Le Maire, consiste à offrir des assurances aux Etats pour des projets de développement en y intégrant plus clairement les questions de financement face au réchauffement climatique.

Création d’un laboratoire
Afin d’attirer plus d’investisseurs privés dans les projets de développement des pays du Sud, un « laboratoire » a été lancé. Ses travaux vont porter sur le financement de la transition énergétique, en se concentrant dans un premier temps sur les énergies renouvelables et les infrastructures énergétiques. Ce « labo » devra générer de nouvelles approches et recommandations.

Il sera dirigé par Ajay Banga. Ce dernier sera épaulé par deux coprésidents. L’un est Mark Carney, envoyé spécial des Nations unies pour le financement de l’action climatique mais également coprésident de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero, (Gfanz) qui rassemble environ 500 entreprises du secteur privé de plus de 50 pays. L’autre est la présidente de Prudential, Shriti Vadera.

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