Archive pour le Tag 'pauvre'

La biodiversité : le parent pauvre de l’environnement

La biodiversité : le parent pauvre de l’environnement

par
Philippe Grandcolas
Directeur de recherche CNRS, systématicien, directeur de l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (ISYEB), Centre national de la recherche scientifique (CNRS)

Martine Hossaert
Directrice de recherche, Ecologie évolutive, Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans the Conversation

Vous vous en souvenez sans doute, en décembre 2022 s’est tenue à Montréal la COP15, la conférence internationale sur la diversité biologique.

La biodiversité reste la parente pauvre des initiatives politiques et sociétales sur l’environnement ; elle est peu visible malgré son importance et la crise actuelle qui menace de disparition plus d’un million d’espèces.

À Montréal, il était ainsi primordial d’aboutir à un accord pour stopper cette sixième crise d’extinction. Une urgence d’autant plus impérieuse que les objectifs des accords signés à Aïchi (Japon) en 2012, avec la même finalité, n’avaient pas été atteints.

En amont de cette COP, qui aura accueilli les représentants des 196 États signataires de la Convention sur la diversité biologique, des observateurs et des négociateurs européens avaient mis l’accent sur quelques mesures phares qu’ils espéraient voir accepter par tous.

Aller vers 30 % d’aires protégées sur terre et en mer, au lieu des presque 15 et 10 % actuels ; intensifier la restauration des écosystèmes ; promouvoir les « solutions fondées sur la nature » ; réduire l’usage des pesticides et des engrais polluants.

Les négociations ont également porté sur l’application d’une mesure d’équité entre détenteurs (y compris de savoirs traditionnels) et utilisateurs de séquences génétiques.

La COP15, en mobilisant une telle diversité de pays, de cultures, de situations politiques, juridiques ou économiques, a connu son lot de difficultés.

Revenons par exemple sur la mesure phare portant les aires protégées à 30 % de la surface terrestre. Rappelons qu’il s’agit de laisser localement les écosystèmes suivre des trajectoires (relativement) spontanées pour bénéficier de la reconstitution des populations locales d’organismes, de l’amélioration des services attendus, voire de l’enrichissement de la biodiversité par débordement sur les aires adjacentes.

Certains alertaient sur l’éviction scandaleuse des peuples autochtones lors de la mise en place de ces aires protégées. De nombreux pays du Sud y étaient défavorables, trouvant la mesure trop coûteuse et trop contraignante, compte tenu de leurs spécificités géographiques. Cette mesure est souvent perçue comme une injonction des pays riches ayant déjà dévasté leur environnement.

Un autre exemple concerne le concept même de « solutions fondées sur la nature », promu par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cette mesure, quasi unanimement agréée par les scientifiques, a malheureusement été souvent galvaudée par des mesures en faveur du climat qui ne respectent pas l’intégrité des écosystèmes.

On plante par exemple des arbres exotiques par centaines de milliers pour prétendre stocker du carbone et réguler le climat, au lieu de favoriser la régénération d’écosystèmes forestiers locaux, riches, équilibrés et aux bénéfices vraiment multiples sur le long terme.

Les proportions d’aires protégées ont bien été portées à 30 % sur terre et en mer. À cette occasion, les droits des peuples autochtones et des communautés locales ont été réaffirmés, en reconnaissant que les territoires gérés grâce aux savoirs traditionnels (environ 8 % de la surface des terres) deviennent de facto des aires protégées.

Autres cibles importantes : atteindre 30 % de surfaces d’écosystèmes restaurés en dehors des aires protégées ; viser une diminution de 50 % d’usage des pesticides ; laisser en libre accès l’usage des données de séquences moléculaires sur les ressources génétiques, initiative essentielle pour garantir une « science ouverte » et la prévention du pillage de ces ressources par des intérêts privés.

Il est également prévu, mais sans détail sur les moyens à mettre en œuvre, de réduire de moitié les introductions d’espèces exotiques envahissantes d’ici 2030 ; rappelons qu’il s’agit là d’une des causes principales du déclin de la biodiversité.

L’océan et l’agriculture, deux angles morts
L’accord final présente de moins bons aspects. Par exemple, le sujet des océans y a été très peu abordé, dans l’attente de la négociation sur les aires protégées dans les eaux internationales qui semble avoir finalement abouti, sous réserve d’application réelle par les États. Surtout, l’ensemble des 23 cibles de l’accord final représente des coûts importants de mise en œuvre pour de nombreux pays.

Le Fonds pour l’environnement mondial, dédié à financer ces coûts, ne satisfait pas tout le monde ; il doit en outre être adapté à la mesure des objectifs. Des États, à l’image de la France, ont promis de le faire, d’autres moins ou pas.

Il n’y a également pas d’objectifs chiffrés pour la réduction de l’empreinte écologique ou le respect des limites planétaires.

Autre point problématique, l’agriculture, qui est appelée à évoluer soit en « intensification durable », soit en agroécologie ; le premier concept est particulièrement flou tandis que le second a, dans le texte final, une dimension plus large que celle admise en Europe notamment. La production de viande d’élevage – un enjeu environnemental majeur – est quasiment absente de l’accord, même si certains objectifs (aires protégées, restauration, baisse des pesticides, etc.) peuvent concourir à une action plus raisonnée dans ce domaine.

Quant à la relation de la biodiversité avec le climat (atténuation), elle est mentionnée sans objectifs chiffrés ou datés.

On le voit, la transformation de nos systèmes industriels de production alimentaire, pourtant primordiale aux yeux des scientifiques et synthétisée par l’IPBES en 2019, n’est pas près d’être fortement contrainte…

Mais rappelons-le : même si les accords des COP ne sont pas juridiquement contraignants (et s’ils l’étaient, encore faudrait-il transcrire leurs dispositions dans le droit de chaque pays), ces sommets internationaux sur la biodiversité ont le grand bénéfice de mettre en présence 196 pays, de leur permettre de mesurer et de réduire leurs désaccords, et donc de tenter de trouver des solutions politiques communes.

Ils ont aussi l’avantage de rendre publics des mesures et des indicateurs, chiffrés dans le meilleur des cas, et des calendriers d’applications. Se dédire et ne pas respecter de tels accords fait désordre ; on se rappellera les accords de Paris sur le climat, le scandale de la sortie des États-Unis et les reculades dissimulées de certains pays, dont la France. Sans COP, tout cela resterait invisible.

La prochaine étape importante sera celle de la publication des politiques nationales en matière de biodiversité dans les mois à venir.

Pour la France, il s’agira de prêter attention à la publication de la version 2023 très attendue de la Stratégie nationale sur la biodiversité.

Cette stratégie publiée par le gouvernement liste les indicateurs de l’état de la biodiversité et explicite les actions à entreprendre. Elle est constituée par discussion avec les territoires de métropole et d’outre-mer, les scientifiques, les associations, les instances consultatives, les services et les opérateurs de l’État. L’avantage de la démarche est d’engager collectivement les parties prenantes à agir.

Son inconvénient est de contraindre l’élaboration de cette stratégie par la participation de parties présentant potentiellement de forts conflits d’intérêts en regard de la mise en place d’une transition environnementale. Au final et pour cette raison, la stratégie élaborée peut être en retrait par rapport aux engagements de la France à l’international et par rapport aux objectifs précis, contraignants et opérationnels qu’il faudrait se fixer.

Le danger d’une telle situation est évident : outre l’absence de progrès pourtant indispensable au plan environnemental dans une situation de crise et d’urgence, une stratégie peu ambitieuse et peu contraignante minera la confiance de la société dans l’efficacité des négociations entreprises et des modes de médiation et de gouvernance politique.

Redisons-le : les COP sont indispensables, mais ne se suffisent pas à eux-mêmes. Les États doivent transcrire et suivre les engagements qu’ils ont négociés et acceptés.

Vaccins: 0,3% pour 9 % de la population mondiale pauvre

Vaccins: 0,3%  pour 9 % de la population mondiale pauvre

Plus de 3,93 milliards de doses de vaccins anti-Covid ont d’ores et déjà été injectées dans le monde, selon un décompte de l’AFP. Mais seulement 0,3% de ce total a été administré dans les 29 pays les plus pauvres du monde, où se trouve pourtant 9% de la population mondiale. «Augmenter la production dans les pays en voie de développement pour que davantage de doses de vaccins soient injectées en Afrique, en Amérique latine et en Asie est d’une importance critique» pour tous les membres de l’OMC, a souligné le porte-parole de l’organisation.

Le pétrole , l’énergie du pauvre ?

Le pétrole , l’énergie du pauvre ?

 Par Philippe Copinschi (*)  

Un plaidoyer pro domo pour la voiture électrique qui fait l’impasse sur ces dégâts environnementaux et qui ignorent aussi les potentialités de l’hydrogène autrement moins polluant que la traction électrique automobile par batteries. L’exemple même de ce que peut produire un papier d’un produit de Sciences-po qui s’inscrit dans le sens du poil du présent pour imaginer l’avenir. En outre un papier qui traite de l’automobile en oubliant la question centrale de la mobilité.

 

 (*) Par Philippe Copinschi, Enseignant en relations internationales à Sciences Po Paris, Sciences Po

L’explosion du marché des véhicules électriques en Europe marque une étape importante dans le déclin du pétrole… en Occident. Par Philippe Copinschi, Sciences Po (*)

C’est une révolution silencieuse qui est en marche. Sur un marché automobile en plein marasme dans le sillon de la crise sanitaire – les ventes de voitures neuves ont plongé de 24 % en Europe en 2020 par rapport à 2019 – les ventes de véhicules électriques (VE, comprenant les véhicules 100 % électriques et les hybrides rechargeables) ont explosé en 2020. En particulier en Europe, dorénavant premier marché des VE au monde devant la Chine. C’est l’analyse que nous avons menée avec d’autres chercheurs dans un rapport publié par l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques.

Alors qu’ils ne représentaient que 3 % des ventes d’automobiles en Europe en 2019, ils ont dépassé les 10 % de parts de marché en 2020, avec une nette accélération en fin d’année. En décembre dernier, leur part a ainsi atteint 20 à 25 % sur les principaux marchés européens (AllemagneFranceRoyaume-Uni, et nettement plus sur les marchés pionniers du nord de l’Europe comme la Suède (50 %), les Pays-Bas (75 %) et surtout la Norvège, où ils contribuent désormais pour plus de 85 % des ventes – contre moins de 20 % il y a seulement 5 ans, et où les ventes de voitures à essence et diesel sont devenues insignifiantes, respectivement 5 et 2,5 % du marché en décembre 2020.

Cette évolution spectaculaire, qui intervient alors même que le prix du pétrole est resté structurellement bas durant toute l’année 2020, s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs.

Coût en baisse, autonomie en hausse

En moyenne, la batterie représente à elle seule plus de la moitié du prix d’une voiture électrique, mais les progrès technologiques continus ont déjà permis une réduction substantielle de leur coût de fabrication.

Avec ce coût en baisse et une autonomie en hausse, les VE comblent progressivement leur manque de compétitivité par rapport aux voitures à moteur thermique, d’autant que la plupart des pays européens accordent de généreuses aides financières à l’achat et que de nombreuses municipalités réservent d’appréciables avantages aux conducteurs de VE : bornes de recharge mises à disposition, accès privilégiés aux voies de bus ou aux parkings, etc.

L’autre facteur clé expliquant l’envolée des ventes de véhicules électriques tient à l’évolution de la législation européenne en matière d’émission de CO2 des voitures. L’abaissement continu - et annoncé longtemps à l’avance – des seuils d’émission autorisés pour les automobiles neuves pousse depuis plusieurs années les constructeurs à proposer une gamme toujours plus large de véhicules électriques : en 2020, près de 65 nouveaux modèles ont été mis sur le marché européen et ils devraient être autour de 100 cette année.

Au contraire des aides financières gouvernementales ponctuelles qui ont un impact temporaire, la stratégie de l’Union européenne a permis le développement d’un écosystème complet de véhicules électriques en offrant aux constructeurs la prévisibilité à long terme indispensable pour engager les lourds investissements nécessaires.

Cette conjonction de facteurs – financiers, réglementaires, industriels – permet au véhicule électrique de s’imposer désormais comme une nouvelle norme de la mobilité individuelle.

Le pétrole détrôné

Au rythme actuel, l’essentiel des nouvelles immatriculations en Europe sera électrique d’ici quelques années à peine. Il s’agit d’un changement radical de paradigme de la mobilité.

Un siècle après s’être imposé comme l’énergie incontournable dans le transport, le pétrole va ainsi perdre une grande partie de son statut de ressource stratégique dont chaque gouvernement doit impérativement assurer le bon approvisionnement pour la sécurité et l’économie du pays.

Le transport de marchandises, routier et maritime, dépend encore quasi exclusivement du pétrole – à 99 % pour le transport maritime (AIE), et en 2020 en Europe, les ventes de camion étaient à 96 % au diesel, même si les alternatives (gaz naturel, biocarburants, hydrogène, électricité…) gagnent en compétitivité. 

Quant au transport aérien, il devrait rester encore totalement tributaire du pétrole pour de nombreuses années.

Pour autant, la capacité des sociétés de se mouvoir et des armées de mener des opérations militaires est progressivement en train de cesser de reposer exclusivement sur la disponibilité du pétrole. De plus, l’électrification de la mobilité routière, qui représente près de la moitié de la consommation globale de l’or noir, pourrait rapidement placer l’industrie pétrolière en surcapacité de production.

Nombre de prospectivistes ont longtemps considéré que c’était l’épuisement inéluctable des ressources pétrolières qui allait rendre nécessaire la transition énergétique dans le domaine du transport.

C’est en réalité le réchauffement climatique et dans une moindre mesure, la pollution de l’air, qui apparaissent comme les principales motivations derrière cette électrification de la mobilité. Comme aimait à le rappeler l’ancien ministre du pétrole saoudien, Cheikh Ahmed Yamani, « l’âge de la pierre n’a pas pris fin par manque de pierre », mais parce que l’homme a réalisé des progrès scientifiques lui permettant de développer des technologies plus performantes.

Une ressource réservée aux plus pauvres

Dans le monde inégalitaire dans lequel nous vivons, cela ne signifie pas pour autant que le pétrole cessera rapidement d’être consommé à grande échelle – en particulier dans les pays en développement où l’accès aux technologies de pointe est souvent limité.

C’est en particulier le cas de l’Afrique subsaharienne, devenue depuis longtemps le réceptacle des vieilles voitures européennes et asiatiques ne répondant plus aux normes environnementales ou de sécurité de leurs pays d’origine.

Mais l’or noir est très certainement en train de changer de statut : d’énergie stratégique pour laquelle les grandes puissances étaient prêtes à se battre, il s’apprête à devenir l’énergie du pauvre, celle qu’utiliseront les populations des États n’ayant pas les moyens d’acquérir les technologies les plus avancées.

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(*) Par Philippe Copinschi, Enseignant en relations internationales à Sciences Po Paris, Sciences Po

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Brexit: le retour à un pays souverain… mais pauvre !

Brexit: le retour à un pays souverain… mais pauvre !

En refusant de se soumettre aux exigences européennes sur certaines questions de législation et de politique, le gouvernement de Boris Johnson a réaffirmé que la démocratie n’a pas de sens sans la souveraineté, estime l’historien britannique Robert Tombs dans une tribune au « Monde ». Un historien qui fait cependant l’impasse sur la dégradation économique, sociale et sanitaire du pays. Certes le Royaume-Uni redevient un pays souverain mais il a les plus grandes chances de devenir aussi un pays plus pauvre.(Tribune dans le Monde)

Tribune.

 

 Depuis le début des relations entre le Royaume-Uni et les Communautés européennes, dans les années 1960, toutes les tensions ont tourné autour de la souveraineté. Ceux qui, à l’époque, étaient favorables à l’adhésion du Royaume-Uni à la Communauté économique européenne (CEE) et ceux qui, aujourd’hui, regrettent son départ de l’Union européenne (UE) rejettent la souveraineté comme une notion dépassée dans un monde d’interconnexion. Les événements des quatre dernières années, et peut-être même plus encore, ceux de ces derniers mois, auraient dû les faire réfléchir à nouveau.

La question de la pêche a eu le mérite de rendre la souveraineté concrète et compréhensible. C’est pourquoi elle est devenue soudainement si cruciale. On peut décider de donner ou de prêter certains droits ou pouvoirs à d’autres. Mais qui prend cette décision ? Qui a le pouvoir de l’exécuter ? Qui peut la changer ? Voilà la souveraineté, aussi fondamentale aujourd’hui que jamais.

Respecter la décision des électeurs

Lorsque les Britanniques ont voté au référendum de 2016 pour quitter l’UE, il n’était pas évident de déterminer si le Royaume-Uni était toujours réellement un pays souverain. Son Parlement et ses lois étaient subordonnés à l’autorité législative et judiciaire de l’UE. Certes, le vote lui-même était un acte de souveraineté. Cependant, la véritable question n’était pas celle de la théorie constitutionnelle, mais celle de la volonté politique : la décision de l’électorat serait-elle effectivement respectée et appliquée ?

Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Brexit : « Le Royaume-Uni et l’Union européenne vont devoir trouver un équilibre entre compétition et coopération »

Si le Royaume-Uni avait cédé aux pressions et voté à nouveau pour revenir sur sa décision – comme l’Irlande (en 2001 et 2008) et la Grèce (en 2015) –, il aurait cessé pour un avenir indéfini d’être en réalité un Etat souverain. La souveraineté qui ne peut être exercée est une souveraineté perdue. Selon ce critère, les Etats membres de l’UE, où les votes populaires ont été annulés ou ignorés, ont certainement mis leur souveraineté en doute. Un « Etat membre » est autre chose qu’un Etat souverain. Le président Macron parle souvent d’une « Europe souveraine ». Il a peut-être raison. Le président de la Cour de justice de l’UE, Koen Lenaerts, a écrit il y a trente ans qu’« il n’y a tout simplement pas un noyau de souveraineté que les Etats membres peuvent invoquer, en tant que tel, contre la Communauté ».

La défense des droits de l’homme pauvre

La défense des droits de l’homme pauvre

 

Un nouveau concept, celui de la défense des droits de l’homme pauvre mis en avant par le porte parole du gouvernement  Benjamin Griveaux. Une pauvreté qui se manifeste surtout par le chômage, la déstructuration économique mais aussi sociale voire sociétale. L’objectif est cependant de passer un coup de rabot sur les aides sociales comme l’ont annoncé Lemaire et Philippe. Le gouvernement aura cependant du mal à se faire reconnaître comme celui qui incarne la lutte contre la pauvreté après notamment les cadeaux faits aux plus riches, l’ISF mais récemment la suppression de la fiscalité pour les exilés fiscaux. En outre sociologiquement, personne ne peut incarner cette cause au gouvernement où ce sont les classes sociales supérieures qui dominent (les fameux experts). « Dans le pays des droits de l’Homme, nous remettons au cœur de notre combat les droits de l’homme pauvre. Cet homme pauvre, sans doute, n’a pas voté aux dernières élections. Mais c’est pour lui que nous nous battons », écrit le porte-parole du gouvernement.  Pour appuyer ses dires, Benjamin Griveaux a défendu de « nouvelles protections pour chacun », comme « seule solution qui soit à la fois juste et efficace ». Et de dénoncer au contraire la « faillite de notre modèle sociale » qui, selon lui « aide à survivre plutôt que permettre de vivre ». Tout comme des politiques « limitées à l’achat de la paix sociale à coup de subventions, d’allocations, de compromissions ».

 

Affaire Fillon : «Pauvre France…» (Jean-Louis Debré)

Affaire Fillon : «Pauvre France…», (Jean-Louis Debré)

 

«C’est pathétique», déclare l’ancien président du conseil constitutionnel. Jean-Louis Debré est désemparé par le climat politique alors que le premier tour de l’élection présidentielle a lieu dans moins de 50 jours… Bien sûr, c’est la tournure prise par la candidature de François Fillon qui inquiète en premier lieu l’ancien président du Conseil constitutionnel. «Mercredi, François Fillon aurait dû se retirer, au lieu de se livrer à une conférence de presse consternante», déclare dimanche cette figure de la droite au Parisien-Aujourd’hui-en-France. «En quittant l’élection présidentielle, il aurait évité que son camp se déchire en public. Mais non, il est resté, sans doute sous la pression de ses courtisans qui se voyaient déjà ministres s’il entrait à l’Elysée. Le résultat, c’est un homme acculé, aux abois, et la défaite annoncée de son parti. C’est pathétique…», insiste ce proche de Jacques Chirac. Pour Jean-Louis Debré, l’ancien premier ministre devrait «se conformer à sa déclaration, faite sans que personne ne le lui demande, de ne pas se présenter s’il était mis en examen». «C’est justement ce que les Français reprochent aux politiques: ne pas faire ce qu’ils ont promis», glisse-t-il. «Il avait lui-même demandé que la justice aille rapidement. Et maintenant, il tape sur l’institution judiciaire qui enquête sur ses agissements… C’est un spectacle triste, médiocre et inquiétant, qui me touche particulièrement en tant qu’ancien magistrat», martèle l’ancien ministre de l’Intérieur.

Economie : trop pauvre en France, trop riche en Allemagne (UE)

Economie : trop pauvre en France, trop riche en Allemagne (UE)

 

La France trop endettée, faiblement compétitive ; l’Allemagne au contraire qui dégage trop d’excédent et dont l’économie est florissante ;  c’est le constat de l’union européenne qui fait un diagnostic des pays dont les déséquilibres sont excessifs dans un sens ou dans un autre. La Commission européenne fera savoir à la France mercredi que son économie va mieux mais aussi qu’elle entretient toujours des déséquilibres excessifs, tout en morigénant l’Allemagne pour son compte courant débordant et avertissant l’Italie qu’elle doit réduire sa dette, a déclaré un responsable européen. L’exécutif européen doit publier un examen approfondi de la situation économique de plusieurs pays présentant des « déséquilibres » ou des « déséquilibres excessifs », tels qu’un gros déficit budgétaire, une dette qui gonfle ou à l’inverse des excédents commerciaux trop copieux. Les pays en question sont l’Allemagne, la Bulgarie, la Croatie, Chypre, l’Espagne, la Finlande, la France, l’Irlande, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Slovénie et la Suède. La Commission européenne (CE) avait dit en novembre que le principal déséquilibre économique de la France était l’augmentation de sa dette publique dans un contexte de moindre croissance de la productivité et de faible compétitivité. La France, dont l’élection présidentielle aura lieu en avril et en mai, verra sa dette atteindre 97% du Produit intérieur brut (PIB) en 2018 contre 96,7% prévus cette année, projetait la CE la semaine dernière. La situation économique de la France s’est améliorée dans la mesure où les réformes passées commencent à produire leurs fruits mais c’est insuffisant, a dit le responsable européen, au fait des conclusions de l’exécutif européen. La CE exhortera l’Allemagne, première économie d’Europe, à réduire son excédent des comptes courants, qui a atteint le pourcentage sans précédent de 8,7% du PIB en 2016 contre 8,5% en 2015, et à investir davantage pour alimenter la croissance dans le temps. La CE avait prévu la semaine dernière que l’investissement en Allemagne, qui enregistre des excédents budgétaires depuis 2014, fléchirait à 2,1% du PIB cette année contre 2,5% en 2016. L’Italie subit elle un gonflement de sa dette qui par ailleurs enfreint les règles communautaires. C’est le principal souci de ce pays, avait dit l’exécutif européen en novembre, avec un secteur bancaire éreinté par ses créances douteuses dans un contexte de faible croissance de la productivité. La dette de l’Italie atteindrait 133,3% du PIB cette année après 132,8% en 2016, projetait la Commission la semaine dernière, alors que, suivant le droit communautaire, la dette est censée se réduire de 3,65 points. La CE prendra des mesures disciplinaires contre l’Italie si celle-ci ne tient pas son engagement pris en février de réduire son déficit budgétaire structurel de 0,2% du PIB d’ici la fin avril, ont observé des hauts fonctionnaires européens. L’Espagne, quatrième économie de la zone euro, ne présenterait pas de problèmes particuliers: son taux de chômage, élevé, tomberait à 17,7% cette année contre 19,6% l’an passé et à 16% en 2018.

8 milliardaires possèdent autant que la moitié de la planète

8 milliardaires  possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la planète

 

Une confirmation évidemment car on sait que 1% des plus riches possèdent autant que les 99% restants. En fait un éclairage supplémentaire des inégalités. Et ce ne sont pas les fondations caritatives lancées par ces milliardaires qui peuvent les masquer car d’une  part ces fondations n’entament guère leur patrimoine, d’autre  part il y même une certaine impudeur, pour ne pas dire plus, à afficher sa charité quand on bénéficie autant des dérèglements économiques et fiscaux mondiaux. Huit personnes sur la planète détiennent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, une situation « indécente » qui « exacerbe les inégalités », dénonce l’ONG britannique Oxfam dans un rapport publié en amont du World Economic Forum (WEF) qui s’ouvre mardi à Davos.  « Il est indécent que tant de richesses soient concentrées dans les mains d’une si infime minorité, quand on sait qu’une personne sur dix dans le monde vit avec moins de 2 dollars par jour », affirme la porte-parole d’Oxfam France Manon Aubry, citée dans le communiqué. Ce rapport, intitulé « Une économie au service des 99% », dévoile « comment les grandes entreprises et les individus les plus riches exacerbent les inégalités, en exploitant un système économique défaillant, en éludant l’impôt, en réduisant les salaires et en maximisant les revenus des actionnaires ». Selon l’ONG, à ce rythme, le premier « super-milliardaire » du monde « pourrait voir son patrimoine dépasser le millier de milliards de dollars dans 25 ans à peine ». Pour dépenser cette somme, il faudrait « débourser un million de dollars par jour pendant 2.738 ans », souligne-t-elle. Pour son étude, Oxfam s’est basée sur la liste des huit personnes les plus riches du classement du magazine Forbes. Il s’agit dans l’ordre de l’Américain Bill Gates (fondateur de Microsoft dont le patrimoine est estimé à 75 milliards de dollars), l’Espagnol Amancio Ortega (Inditex, maison mère de Zara), Warren Buffet (PDG et premier actionnaire de Berkshire Hathaway), le Mexicain Carlos Slim (magnat des télécoms latino-américains), Jeff Bezos (fondateur et PDG d’Amazon), Mark Zuckerberg (PDG et cofondateur de Facebook), Larry Ellison (cofondateur et PDG d’Oracle) et Michael Bloomberg (fondateur et PDG de Bloomberg LP). Oxfam, qui a pris l’habitude d’attirer l’attention sur les inégalités croissantes à l’occasion du WEF, qui se tiendra jusqu’à samedi à Davos, dénonce « la pression qui s’exerce sur les salaires partout dans le monde », ainsi que les allègements fiscaux dont bénéficient les entreprises ou encore le recours au paradis fiscaux.  »Les entreprises optimisent leurs bénéfices, notamment en allégeant le plus possible leur charge fiscale, privant ainsi les États des ressources essentielles pour financer les politiques et les services nécessaires pour réduire les inégalités », souligne le rapport. L’ONG, qui s’appuie sur de « nouvelles données plus précises sur la répartition de la richesse dans le monde », appelle les gouvernements à réagir et à se tourner vers une économie plus centrée sur l’humain. La France n’échappe pas aux critiques d’Oxfam. Selon l’étude, 21 milliardaires possédaient autant que les 40% les plus pauvres de la population française en 2016.

Trump, un vocabulaire pauvre pour les pauvres (Matthew Baum)

Trump, un vocabulaire pauvre pour les pauvres (Matthew Baum)

 

Ce qui frappe c’est la pauvreté de son vocabulaire, attestée scientifiquement. En effet, les discours des candidats à la primaire républicaine ont été passés au crible d’un test conçu pour la marine américaine et du nom de ses concepteurs, le test Flesch-Kincaid. Une méthode qui permet de déterminer la complexité d’un texte écrit en anglais, en fonction de la longueur de ses phrases et du nombre de syllabes dans les mots utilisés. Plus précisément, ce sont les introductions et conclusions de ces discours qui y ont été soumises. Résultat: c’est Donald Trump qui a le langage le plus pauvre avec un discours que des enfants de 9-10 ans auraient pu comprendre. Très peu de mots de plus de trois syllabes. Une multitude de répétitions de mots courts qui appuient et renforcent le propos. Ce qui permet à certains de se moquer de ce niveau consternant. Et les journalistes ou ses adversaires démocrates de dresser des listes de ses impairs, de ricaner. Les humoristes des shows nocturnes de se gausser à l’unisson, sur la simplicité ô combien ridicule de cette façon de parler.  Mais Matthew Baum, professeur de communication à l’école d’administration Harvard Kennedy School, ne l’analyse pas du tout comme cela. Pour lui, «une certaine frange d’Américains associent la simplicité à l’honnêteté. Ils ne croient plus aux discours trop élaborés, ils les jugent trompeurs.» Trump, tout milliardaire qu’il est, avec ses mots accessibles et compréhensibles reste proche de tout un électorat qui se sent exclu par un vocabulaire trop recherché et complexe. Pas de quoi rire. «Donald Trump tente de rassurer son auditoire, en touchant nos instincts politiques primaires. Il répète des mots simples», explique Peter Lawler, professeur de sciences politiques à l’université Berry College, et auteur d’un livre sur la rhétorique politique américaine.

(AFP)

Londres a préféré le fils de pauvre (Laetitia Strauch-Bonart)

Londres a préféré le fils de pauvre (Laetitia Strauch-Bonart)

 

Laetitia Strauch-Bonart chercheuse auteure de. Vous avez dit conservateur?  analyse dans une interview au Figaro que finalement Sadiq Khan a surtout été élu en raison de son passé de pauvre et parce qu’il représente la diversité culturelle et sociale. (Extraits)


Sadiq Khan, candidat travailliste à la mairie de Londres est devenu le premier maire musulman d’une grande capitale occidental. Cela est-il un symbole important en Grande-Bretagne?

 

 

Laetitia Strauch Bonnart:

Cette victoire reflète le profond changement démographique qui s’est opéré en Grande-Bretagne et surtout à Londres depuis les dernières décennies, puisque les musulmans représentent aujourd’hui 12,4% de la population de la capitale, une proportion qui croît d’ailleurs bien plus vite que celle des autres communautés.

Cependant, le fait même de se concentrer sur l’identité religieuse de Khan pose problème: c’est réduire la politique à une «politique d’identités», où l’origine et l’appartenance comptent davantage que les programmes politiques. C’est aussi penser que les électeurs se déterminent en fonction de ces identités, alors que la victoire de Khan a certainement d’autres facteurs, à commencer par la faiblesse de son principal opposant conservateur, Zac Goldsmith. En réalité, dans les derniers mois, la focalisation du débat électoral sur les questions d’origine, voulue ou non, a empêché d’évoquer les vraies questions importantes pour la ville, à commencer par l’immobilier et le manque criant de logements pour une population en constante croissante. Aucun des candidats principaux, que ce soit Khan ou Goldsmith, n’a proposé le semblant d’une solution crédible à ce sujet!

 

 

Sadiq Khan est le fils d’un conducteur de bus pakistanais. Ses origines culturelles et sa religion ont-elles joué un rôle dans cette élection? Lequel?

En effet, elles ont joué un rôle, même s’il reste difficile à quantifier. Il est impossible de ne pas être sensible à l’histoire de Khan, qu’on partage ou non ses idées: fils d’un conducteur de bus pakistanais, il a grandi dans une council house (un HLM) et fait son chemin dans l’école d’Etat, gratuite, jusqu’à devenir avocat spécialiste des droits de l’homme. Sa «success story» est exemplaire.

 

La politique identitaire est toujours à double tranchant.

Sauf qu’on ne peut pas fonder son choix politique, à mon sens, sur ces seuls éléments. Or curieusement, l’origine semble avoir aujourd’hui un effet important sur les opinions des électeurs, et un effet en ciseaux: catalyseur de sympathie quand elle est modeste, elle est de plus en plus critiquée quand elle est aisée. Autrefois, l’appartenance à l’establishment aurait suffi pour faire élire Golsmith, et c’est une bonne chose que ce ne soit plus le cas, car en l’occurrence son programme n’était pas suffisamment solide. Cependant, ses origines ont clairement joué en sa défaveur, beaucoup lui reprochant simplement d’être fils de milliardaire. Pour plaire aujourd’hui, il vaut mieux un héritage de déshérité, une histoire personnelle faite de difficultés et d’ascension sociale. Qu’on trouve cela ridicule ou non, c’est l’esprit du temps, et Goldsmith n’est pas du bon côté!

 

Sadiq Khan a été accusé d’affinité avec les islamistes. Est-ce le cas? Ce soupçon a-t-il pu jouer en sa défaveur?

Cependant, pendant la campagne électorale, Khan n’a cessé de condamner l’extrémisme, et demandé la suspension de Livingstone après ses remarques antisémites. Il est aussi haï par certains radicaux car il soutient le mariage gay. Ce changement d’attitude est-il pure tactique ou est-il sincère? Inversement, sa supposée proximité ancienne avec certains radicaux était-elle sincère, où là encore tactique? Dans tous les cas, je ne crois pas que Khan cautionne l’extrémisme. En revanche, il représente une voix assez commune à gauche – surtout dans ce que j’appelle «la gauche du ressentiment» représentée par Corbyn, que Khan a d’ailleurs soutenu en septembre dernier pour son élection à la tête du Labour: celle qui consiste à expliquer les attitudes des extrémistes et des terroristes par la seule et unique faute de l’Occident. Ainsi en 2006, élu député, Khan était l’un des signataires d’une lettre au Guardian qui attribuait la responsabilité des attentats terroristes – comme celui du 7 juillet 2005 à Londres – à la politique étrangère britannique, notamment son soutient à Israël. Cette position et l’ambiguïté passée de Khan ont forcément créé un soupçon en sa défaveur.

 

Londres est-elle la ville du multiculturalisme heureux?

Oui et non! Tout dépend ce que vous entendez par multiculturalisme. Si vous pensez à la diversité des nationalités représentées à Londres, il y a en effet quelque chose d’admirable dans cette ville et sa capacité à faire vivre ensemble des personnes d’origines différentes.

Mais quand on parle multiculturalisme en Europe aujourd’hui, on le prend dans un sens plus politisé, celui de la complexe relation entre la population d’origine, chrétienne ou athée à coloration chrétienne, et les populations plus ou moins récentes de confession musulmane. En Grande-Bretagne, en apparence, tout se passe bien. Les musulmans modérés sont tout à fait intégrés. Ce qui est assez problématique – comme dans d’autres villes européennes -, c’est l’existence de quartiers entiers où le séparatisme identitaire est visible. C’est le cas dans l’Est de London, notamment dans le borough de Tower Hamlets. 30% de la population y est musulmane, concentrée dans des council houses.

Sondage : 1 français sur 2 pauvre

 

Sondage : 1 français sur 2 pauvre

Triste baromètre du moral des Français. Selon une enquête réalisée par le CSA pour Les Echos et qui sera publiée jeudi, près d’un Français sur deux, soit 48%, se considère aujourd’hui comme pauvre ou en passe de le devenir. Un baromètre publié quatre jours avant la conférence nationale de lutte contre la pauvreté. Interrogés sur leur « situation sociale personnelle », 11% des Français pensent aujourd’hui qu’ils sont pauvres et 37% qu’ils sont en train de le devenir. A l’inverse, 51% des Français considèrent ne pas être pauvres, ni se trouver en situation de le devenir. 1% ne se prononcent pas. Ce sont surtout les employés qui se voient pauvres ou en train de le devenir (12% et 48%), ainsi que les ouvriers (12% et 39%) et les travailleurs indépendants (19% et 39%). Les cadres et professions libérales se sentent plus à l’abri (3% se considèrent pauvres et 17% en train de le devenir). Le sentiment de pauvreté est moins élevé chez les 18-24 ans (14% se considèrent pauvres, 15% en train de le devenir), que chez les 25-34 ans (15% et 34%). Les 35-49 ans sont 10% à se voir pauvres, 40% en train de le devenir. 8% des 50-64 ans se voient pauvres, 42% en train de le devenir. La proportion est de 9% et 39% pour les 65 ans et plus




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