Les patrons « tondus » refusent de payer les charges
INTERVIEW – Depuis fin juillet, les « tondus », des chefs d’entreprise indépendants des organisations patronales, mènent la fronde contre la hausse des impôts sur les sociétés. Alors que le Medef et la CGPME font un meeting commun sur le sujet mardi soir, Guillaume de Thomas, le président des « tondus », dénonce la « récupération » de son mouvement et s’insurge contre « l’endoctrinement total » des politiques. Il s’explique auprès du JDD.fr.
Mardi soir a lieu un « meeting d’exaspération des patrons » à Lyon, co-organisé par le Medef et la CGPME. Vous sentez-vous soutenu par les organisations patronales?
Je suis très en colère contre ces organisations qui ne nous ont pas invités. C’est de la récupération! Au moment où plusieurs mouvements comme les « pigeons », les « poussins », etc… se sont emparés de la révolte fiscale, le Medef et la CGPME, qui ne se sont jamais entendus, font cause commune. Ces deux organisations ne comptent que 10.000 adhérents chacune, alors que je représente, avec les « tondus », un mouvement fort de 347.500 membres qui ont payé leur cotisation. De plus, les critiques (du Medef et de la CGPME) sont toujours amoindries par leur dépendance financière vis-à-vis de l’Etat. Le Medef a par exemple perçu près de 62 millions d’euros de subsides publiques. Je souhaite que les organisations patronales ne soient plus entre le marteau et l’écume que sont l’argent et le pouvoir.
«Il n’y a rien d’illégal à s’opposer au paiement des charges sociales patronales.»
Relayez-vous la menace de grève de paiement des cotisations sociales?
Il faut être précis : la grève est un droit réservé aux seuls salariés. Moi, patron, je m’oppose au paiement des charges sociales patronales. Il n’y a rien d’illégal en cela : nous ne faisons que contester, devant les tribunaux de commerce, le paiement de ces charges qui peuvent mettre en danger nos entreprises. Ce qui est illégal, c’est de ne pas payer la part salariale des charges sociales, prélevée sur le salaire des salariés. Ça, nous le payons bien sûr.
Sur les 347.500 « tondus » que vous revendiquez, combien n’ont pas payé leurs charges patronales?
Notre mouvement a été lancé fin juillet. Or, beaucoup de patrons payent leurs charges de façon trimestrielle. Nous saurons donc après le 15 octobre combien n’ont pas payé les charges allant de juillet à septembre. Mais, en m’appuyant sur les données récupérées auprès de plusieurs administrations, les caisses d’Urssaff notamment, je peux dire que 90% des « tondus » aujourd’hui déclarés n’ont pas payé. Le but n’est pas de désorganiser les services de l’Etat. Mais c’est le seul moyen que nous avons trouvé pour se faire entendre.
Le comité de suivi du Crédit impôt compétitivité (CICE) va présenter son premier rapport jeudi. Le CICE ne pourra-t-il pas contrebalancer la hausse de la pression fiscale sur les entreprises?
Le meilleur moyen de solutionner un problème, c’est de l’éviter. A quoi bon faire des crédits d’impôts ou des niches fiscales alors qu’il suffirait simplement de baisser les taxes. Le problème vient des politiques : ils pensent qu’une entreprise se gère comme une administration. Toutes les solutions qu’ils proposent sont donc applicables à des administrations, à l’instar du CICE. On est dans l’endoctrinement total. Or, le terrain est réellement différent.