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Le patriotisme technologique d’Emmanuel Macron est dépassé

 Le patriotisme technologique d’Emmanuel Macron est dépassé

 

 

Jean-Baptiste Fressoz, Historien, chercheur au CNRS, critique dans le monde le patriotisme techno de Macron (extrait)

 

 

A l’issue d’un quinquennat très « Silicon Valley », « French Tech » et « start-up », on en revient aux fondamentaux du patriotisme technologique français : discours le 17 septembre devant les caméras pour célébrer les 40 ans du TGV avec, en arrière-plan, la proue du dernier modèle, flambant neuf. Le 1er septembre, Macron avait confié au magazine Challenges son panthéon technologique : « Le TGV, Ariane, le Concorde et le nucléaire. »

 

Voici donc les techniques « nationales » qu’il admire et auxquelles il faudrait, affirme-t-il, donner « des successeurs ». C’est à cela que doivent servir les milliards d’euros du plan de relance, et certainement pas à financer l’isolation des bâtiments ou la nécessaire mais peu spectaculaire rénovation ferroviaire.

Cet inventaire de machines de pointe, puissantes et rapides – qui paraît tout droit sorti de la scène érotique assez cocasse du dernier OSS 117 – a cela d’étrange qu’il est difficile d’y trouver une technologie qui ait rendu les Français plus prospères.

Le cas le plus évident est celui du Concorde. Si l’on accuse parfois la jalousie américaine d’avoir tué dans l’œuf « le bel oiseau franco-anglais » sous prétexte de nuisances sonores, son histoire est en fait celle d’un désastre économique annoncé. Comme l’ont montré récemment les travaux de Thomas Kelsey au King’s College de Londres, le Treasury (ministère des finances) britannique s’est opposé avec constance à ce projet sans débouché commercial.

Les gouvernements successifs persévérèrent pour diverses raisons – ne pas fâcher les Français qui tenaient la clé de leur entrée à la CEE, ne pas se mettre à dos les syndicats, ne pas froisser le patriotisme des électeurs. Et malgré la propagande pesante sur la « prouesse technologique », le Concorde fut un formidable fiasco. Du fait de sa consommation extravagante, le poids du carburant embarqué était supérieur à celui de l’appareil et égal à dix fois sa charge utile.

Les coûts d’opération étaient si élevés qu’il fallait le vendre un cinquième de son prix de production pour que British Aviation et Air France acceptent de le faire voler ; les autres compagnies s’y refusèrent. Même à 8 000 euros le billet Paris-New York, l’argent du contribuable subventionnait largement les fantasmes de vitesse de quelques fortunés.

Patriotisme économique : retour à la mode

Patriotisme économique : retour à la mode

La professeure de science politique Cornelia Woll explique, dans un entretien au « Monde », que cette thématique peut permettre de surmonter les clivages gauche-droite, mais qu’il y a mésentente sur les stratégies à mettre en place pour y parvenir.

Cornelia Woll est professeure de science politique à Sciences Po. Elle estime que le thème du souverainisme revient à chaque crise remettant en cause la place de la France dans l’économie mondiale.

Depuis la crise sanitaire, les thématiques souverainistes, notamment économiques, sont revenues sur le devant de la scène. Un tabou est-il tombé ?

Le sujet revient de manière périodique. En 2005, il y a eu une grande discussion sur le patriotisme économique sous Dominique de Villepin avec des débats qui ressemblent à ce que l’on voit aujourd’hui ; après la crise financière de 2008, la question des prérogatives nationales sur les marchés financiers était revenue fortement ; la pandémie nous interroge à nouveau sur le contrôle des entreprises, la circulation des personnes, mais aussi des biens et des services. A chaque fois, cela nous renvoie à la question de ce difficile équilibre entre notre capacité à gérer le destin économique de la France et notre place dans une économie mondialisée.

Ces débats sont-ils une exception française ou ont-ils lieu dans d’autres pays ?

On peut retrouver, dans beaucoup de pays, des débats similaires, par exemple sur les chaînes d’approvisionnement des masques ou des médicaments. En Grande-Bretagne, la discussion sur la souveraineté économique était tellement forte, qu’elle a amené le Brexit. Mais il y a une particularité française sur la volonté de contrôler son économie, un certain chauvinisme, qui se disait moins dans d’autres pays. L’expression « patriotisme économique » faisait sourire il y a quinze ans, mais elle est aujourd’hui fortement mobilisée dans plusieurs pays, comme on a pu observer dans l’Amérique de Donald Trump.

Le souverainisme de gauche, même s’il a toujours existé, était marginal. Aujourd’hui, il semble de plus en plus répandu. Comment l’expliquer ?

Ce n’est pas si nouveau que ça. Arnaud Montebourg était ministre du redressement productif, un intitulé qui a beaucoup fait rire à l’étranger parce que cela représentait cette idée désuète du pilotage de l’économie par l’Etat. Plus à gauche encore, l’altermondialisme peut amener à réfléchir d’abord en termes de résistance nationale à l’économie mondiale. Cette idée concerne plus La France insoumise que les partis de l’internationale socialiste.

Peut-il y avoir un dépassement du clivage droite-gauche autour du souverainisme ?

Il y a des thématiques qui permettent de surmonter ce clivage, c’est le cas du souverainisme, comme du patriotisme ou, d’autres termes qui permettent de renvoyer au « pays ». Autour de ces notions, il y a la tentative de définir un intérêt partagé par l’ensemble des Français qui peut parler aussi bien à une partie de la gauche que de la droite. Il y a tout de même une difficulté à se mettre ensuite d’accord sur des stratégies à mettre en œuvre : la souveraineté économique passe-t-elle par une hausse des taxes aux frontières ? Une limitation de la circulation des capitaux ou des personnes ? Quand on arrive à ces sujets, le clivage gauche- droite reviendra plus fortement, par exemple autour de la question migratoire ou du financement des entreprises.

«Le retour du patriotisme économique» ?

«Le retour du patriotisme économique» ? 

 

 

 

 

   Euryale Chatelard, chef d’entreprise spécialisée dans le digital espère que  patriotisme économique deviendra à nouveau la règle du jeu. Comme les Etats-Unis, la Chine ou la Russie le font, la France doit assumer sans complexe de favoriser ses propres entreprises. Un changement d’approche qu’a bien compris le groupe France Télévisions, qui va injecter quelque 20 millions d’euros supplémentaires dans la création audiovisuelle tricolore. Cette préférence accordée aux productions nationales a par ailleurs le mérite de servir notre soft power, mettant en avant la french touch et irradiant sur l’ensemble de nos industries.

Et si les crises sanitaire et économique liées à la pandémie de Covid-19 signaient le grand retour du patriotisme économique ? A en croire Emmanuel Macron, « déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie (…) à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire (…) une France, une Europe souveraines, (..) qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens », a déclaré le président de la République lors de son adresse aux Français du 12 mars. « Il nous faudra rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française et plus d’autonomie stratégique pour notre Europe », confirmait le chef de l’Etat lors d’une nouvelle allocution, le 16 avril.

Si le patriotisme économique n’est plus un gros mot, encore faut-il s’entendre sur ce que ce nouveau mot d’ordre signifie. Comme Emmanuel Macron l’a concédé lors de ses discours aux Français, c’est à un véritable changement de paradigme que nous devons, collectivement, nous astreindre : l’obligation de se doter de fonds nationaux privés dans certains secteurs, le renforcement des droits de douane pour les entreprises étrangères ou les commandes publiques d’ampleur semblent aller à l’encontre de notre conception de l’économie de marché, battre en brèche la sacro-sainte concurrence libre et non faussée si chère aux eurocrates.

Secteurs d’avenir. L’heure n’est pourtant plus à la naïveté, encore moins aux positionnements idéologiques éculés : les grandes puissances que sont les Etats-Unis, la Chine ou encore la Russie ont, depuis longtemps, abandonné tout scrupule en la matière, et bien compris l’importance stratégique de favoriser leurs propres entreprises au détriment de leurs concurrentes étrangères. Abandonner à ces pays l’apanage du protectionnisme revient à nous tirer une balle dans le pied. Au contraire, imitons-les, en ciblant les investissements vers les secteurs d’avenir, pour créer nos propres champions mondiaux du digital, et des nouvelles technologies, des super mastodontes à même de faire rayonner le savoir-faire et l’excellence à la française au-delà de nos frontières.

« France Télévisions portera, d’ici à la fin de l’année, à 20 millions d’euros supplémentaires ses investissements dans la création culturelle hexagonale »

Miser sur les start-up et géants de la Tech est primordial ; mais n’ayons pas peur d’élargir nos horizons. Ce nouveau patriotisme économique doit s’étendre à l’ensemble des secteurs d’activité. Et pleinement intégrer, par exemple, le domaine culturel, trop souvent relégué à la dernière place des priorités stratégiques. Un soutien qui peut se manifester par le financement de productions audiovisuelles tricolores, la crise sanitaire ayant, selon Delphine Ernotte, la patronne du groupe France Télévisions, « laminé la production culturelle européenne (tout en) renforçant la puissance des Gafa ». « Le combat (…) pour la souveraineté culturelle de l’Europe est encore plus d’actualité », estime encore la PDG de l’audiovisuel public français, qui « milite pour un renforcement des alliances passées avec nos partenaires publics allemand et italien ».

Delphine Ernotte a également décidé de financer une « programmation exceptionnelle » afin de soutenir les festivals et manifestations annulées en raison de la crise sanitaire. Surtout, France Télévisions portera, d’ici à la fin de l’année, à 20 millions d’euros supplémentaires ses investissements dans la création culturelle hexagonale – un coup de pouce bienvenu en ces temps difficiles pour le secteur, et la démonstration, par les actes, qu’il est possible de favoriser la création française et de contrer l’hégémonie des plateformes américaines comme Netflix.

Soft power. Ce type d’aide permet de renforcer le rayonnement de notre cinéma sur le marché national, mais aussi international. Surtout quand on sait que, pour la sociologue Monique Dagnaud, le cinéma, comme la culture en général, a « à voir avec des intérêts politiques externes : exister, sur un mode “glamour”, dans la constellation des nations », constituant en cela l’un des bras armés du soft power. De quoi, par effet d’entraînement, « irradier sur toutes les autres activités économiques du pays : le luxe, le tourisme, etc. »

Il faut aussi saluer le volontarisme du gouvernement français, qui vient de lancer un fonds d’investissement, doté de 6 milliards d’euros, destinés à financer les pépites de la French Tech. Alimenté par des investisseurs individuels, il devrait permettre à nos start-up de lever, comme leurs concurrentes anglo-saxonnes, des tours de table de plus de 100 millions d’euros. Un volontarisme assumé par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire qui, face à « une crise économie sans précédent depuis 1929 », estime que la France a « plus que jamais (…) besoin de patriotisme économique (qui) vaut du chef d’entreprise au salarié en passant par chaque citoyen ».

L’Europe manque d’un Google, Baidu ou Yandex, ces gros moteurs de recherche qui sont devenus avec le temps de superpuissances de la Tech. L’Union européenne a vocation à favoriser la création d’un moteur de recherche vraiment populaire, qui serait un véritable concurrent de ces géants d’Internet, à même de renforcer notre soft power.

Euryale Chatelard, chef d’entreprise spécialisée dans le digital, directrice générale d’Ecritel Russie, fondatrice d’Opal-Agency et de Trianon Startups.

Après le Covid-19 , un patriotisme énergétique ?

Après le Covid-19 , un  patriotisme énergétique ?

Il  est aujourd’hui primordial d’opérer un retour au localisme, estime Vincent Maillard, (*) co-fondateur et président de Plüm Énergie. ( Chronique dans la Tribune)

 

 

« Nous savions depuis longtemps que notre Terre, notre patrimoine le plus précieux, était fragile et menacée par nos modèles économiques productivistes et mondialisés. Dans cette crise sanitaire sans équivalent, nous comprenons maintenant – dans la toux, les fièvres et malheureusement parfois les deuils – que l’humanité elle-même est vulnérable, mais aussi – à travers les pénuries d’équipements de protection sanitaire ou les tensions sur la chaîne d’approvisionnement alimentaire – que notre système globalisé a atteint ses limites. Tirons leçons de la période inédite et douloureuse que nous traversons pour accélérer la transition écologique via le développement de filières locales, et ce dans tous les secteurs, à commencer par les plus vitaux: santé et alimentation bien sûr, mais aussi énergie.

L’humanité a basculé en quelques jours d’un monde ouvert, où tout voyageait sans frein, à un monde où l’on ne peut plus s’écarter de plus de 100 mètres de chez soi sans justificatif écrit. Effet direct du confinement, la consommation électrique des ménages à domicile a sensiblement augmenté (environ +15% en moyenne d’après nos évaluations). Cette consommation inhabituelle constitue un budget supplémentaire qui est loin d’arriver au meilleur moment, notamment pour les foyers déjà affectés financièrement par des pertes de revenus, souvent dues à un arrêt de travail pour garde d’enfants, une mise en activité partielle ou encore la fermeture d’un commerce.

Cette crise, si elle est de nature sanitaire, tend comme les précédentes, à accentuer plus encore les inégalités sociales existantes. Or, nous l’avons vu par le passé: au niveau énergétique, la mauvaise gestion d’une crise peut avoir des conséquences sur le long terme. Prenons l’exemple de la crise pétrolière des années 1970. Elle a entraîné une introduction massive du chauffage électrique en France sans que ce nouvel usage ne soit accompagné d’informations sur les bonnes pratiques de consommation ou d’isolation, l’électricité étant alors majoritairement nucléaire et bon marché. Une logique productiviste avant tout, qui a fortement contribué à la précarité énergétique pour les 30 années qui ont suivi.

Nous devons dès aujourd’hui réfléchir et trouver les modalités d’accompagnement qui nous permettront d’éviter ce type de conséquences dramatiques au sortir de la crise. Pour que chacun commence par réduire sa consommation énergétique, nous nous devons d’abord – acteurs du secteur de l’énergie – de partager notre savoir, nos conseils et astuces pour le mieux consommer. Seulement, face à l’urgence de la situation, ce n’est pas uniquement de conseils dont ont besoin les français, mais aussi d’actions concrètes, humaines. Dans ce monde qui se fragilise, l’entraide doit être notre guide. Nous pouvons constater l’impact de cette crise et ne rien changer. Ou bien nous pouvons faire le choix, plus courageux, de la solidarité. Le seul choix, j’en suis convaincu, qui apportera la force dont nos concitoyens, notre pays, notre planète, ont besoin.

Si nous sommes sortis de la crise pétrolière à travers une logique productiviste, il est aujourd’hui primordial d’opérer un retour à la localité. Le sujet polémique des masques sanitaires est un exemple criant des limites de nos modèles économiques mondialisés. Résultat de politiques de délocalisation visant à produire à bas coûts, nous ne disposons plus aujourd’hui des moyens de production nécessaires sur le territoire national, voire européen. Il en est de même dans le secteur de l’énergie. Le virus, qui a d’abord touché la Chine et ralenti son économie, a compliqué les approvisionnements des producteurs d’énergies renouvelables, notamment en panneaux photovoltaïques.

Si nous voulons sortir grandis de cette crise, sans qu’elle ne nous ralentisse, mais plutôt qu’elle nous permette d’accélérer la dynamique de transition énergétique amorcée, nous devons faire le choix d’un approvisionnement en énergie renouvelable produite exclusivement localement, donc, pour qui nous concerne, en France. Une production d’énergie locale qui permettra la création de valeur dans l’Hexagone en favorisant les emplois locaux, l’insertion sociale et la transition agricole. Alors que les mesures de confinement offrent à la nature la possibilité de reprendre progressivement ses droits et changent radicalement le rapport que nous entretenons avec elle, faisons en sorte que cette pandémie ne soit pas un frein à la transition écologique, mais bien un accélérateur et le point de départ d’une nouvelle économie, plus locale. La réponse devra être collective et nous avons tous à prendre notre part : États, gouvernements, élus, associations, entreprises et citoyens.

une mobilisation responsable des leviers monétaires et financiers européens !

 

Un appel d’un collectif à la mobilisation des leviers monétaires et financiers européens qui ressemble aussi à une forme de mutualisation même sous couvert de préoccupations environnementales. L’idée d’une finance durable demeure cependant encore relativement vague.

 

 

 » Face au virus, la priorité absolue est de mobiliser et renforcer les systèmes sanitaires. Pour assurer la santé des populations, apporter un soutien immédiat aux citoyens et aux entreprises et éviter l’installation d’une crise économique durable1 2, les États préparent des plans de relance historiques, appuyés par l’action volontaire des banques centrales3.

Cependant, en visant le retour à la normale et en alimentant de manière indiscriminée4 des marchés financiers dopés de longue date aux énergies fossiles, cette réponse nécessaire pose les bases de crises futures sans soutenir en priorité les plus touchés. La Banque de France a le devoir de réagir pour protéger les Français et les Européens.

Au bénéfice des grandes entreprises

Ainsi, si l’intervention historique de la BCE5 permet sans aucun doute d’accroître la liquidité du marché, c’est avant tout au bénéfice de grandes entreprises, dont les majors des énergies fossiles, davantage présentes sur les marchés financiers et plus faciles à financer :

  • En l’état, les nouvelles opérations de refinancement de long terme ne peuvent cibler les prêts aux petites et moyennes entreprises6. Si tel est son objectif, l’Eurosystème devra se doter d’outils leur donnant accès à ces financements bancaires ;
  • L’intensification des rachats d’actifs d’entreprises – via le quantitative easing - ne bénéficie pas directement aux ménages et petites entreprises mais finance les plus grandes d’entre-elles7. Ce faisant, elle pourrait apporter jusqu’à 132 milliards de financement aux entreprises les plus polluantes8 ;
  • Rien ne permet d’assurer que les prêts accordés par les banques aux entreprises et ménages grâce aux mesures mises en place seront à taux réduit, pour ne pas pénaliser une future reprise d’activité ni alimenter, à terme, les dividendes des actionnaires du secteur bancaire.

De plus, l’abaissement des obligations de fonds propres et de liquidité, accordé à tous sans prendre l’exposition des banques à des risques climatiques clairement sous-estimés9, réduit la résilience du système financier. Un risque amplifié par le report de la mise en place de Bâle III10 et l’assouplissement des régulations nationales.

En résumé, nous sommes partis pour reproduire les mêmes erreurs que lors de la crise financière en 2008-2009.

Mais il n’est pas trop tard pour changer de cap. La situation est grave, et elle appelle à une action immédiate – mais prenons garde à ne pas sacrifier l’avenir. Alors que le changement climatique ne fera qu’accroitre la fréquence et l’intensité des événements tragiques imprévisibles telle que la pandémie de coronavirus11 12, assurer la santé et la sécurité des citoyens, la stabilité économique et financière, nécessite la réduction rapide de l’exposition et du soutien aux activités les plus polluantes.

Pour ce faire, il faut conditionner les politiques d’urgence afin de bien soutenir les petites et moyennes entreprises et les ménages vulnérables et d’exclure les entreprises les plus polluantes, particulièrement celles impliquées dans le charbon et le pétrole et gaz non conventionnels ou dans les énergies fossiles, dont l’essor remet directement en cause l’atteinte des objectifs climatiques. Afin de lutter également contre le risque d’insolvabilité, la piste d’un financement monétaire ou d’une remise en cause des dettes publiques détenues par les banques centrales de l’Eurosystème en échange d’investissements dans la transition écologique devrait également être étudiée.

Pilier de l’Eurosystème, la Banque de France peut devenir le fer de lance d’une conversion des banques centrales à la lutte contre le changement climatique. La Banque de France doit s’engager pour une sortie de crise socialement et écologiquement responsable, ouvrant la voie à une réorientation des financements vers des activités durables et solidaires. En demandant l’exclusion des énergies fossiles, avant tout du charbon et du pétrole et gaz non conventionnels, elle préparerait la révision stratégique de la politique monétaire de la BCE13 qui encadrera la contribution de celle-ci au développement de l’Europe pour les décennies à venir.

Le ministre de l’Economie et des Finances, qui s’est souvent positionné en faveur de la finance durable14, doit porter cette démarche à ses côtés. Membre clef de l’Eurogroupe, il peut montrer l’exemple en refusant le conditionnement des aides européennes à des mesures « d’ajustement macroéconomique » synonymes d’austérité, et en prônant leur utilisation dans des plans de relances nationaux compatibles avec le Green Deal européen15 et orientés vers l’objectif de neutralité carbone en 205016.

Soignons, protégeons les citoyens européens immédiatement, sans rendre cette tâche impossible dans le futur. Surmontons ensemble cette épreuve et faisons de cette crise, du drame, le ciment d’une société et d’une économie solidaire et durable.

___________________

Signataires :

Eric Alauzet, député

Dominique Bourg, philosophe

Valérie Cabanes, juriste et essayiste

Jérôme Deyris, économiste

Jean Gadrey, économiste

François Gemenne, chercheur

Thomas Lagoarde-Segot, économiste

François-Michel Lambert, député

Cécile Muschotti, députée

Bertrand Pancher, député

Philippe Quirion, économiste

Christophe Revelli, économiste

Xavier Ricard Lanata, éthnologue et philosophe

Jennifer de Temmerman, députée

Marie Toussaint, eurodéputée

Jean-Marc Zulesi, député

Bruno Le Maire appelle à un vague patriotisme économique

Bruno Le Maire appelle à un vague  patriotisme économique

 

L’appel au patriotisme économique lancé par le ministre de l’économie, Bruno Lemaire manque sérieusement de contenu. Il  envisage des participations voire des nationalisations pour les secteurs en grande difficulté comme le transport aérien par exemple voir l’automobile. Pour le reste, le ministre n’indique pas grand-chose sur les réorientations des processus de production,  de distribution et de consommation qui répondraient à cet objectif de patriotisme économique.

Pour l’instant le ministre de l’économie, comme d’ailleurs l’ensemble du gouvernement, se gave surtout de mots. La France, confrontée aux répercussions de l’épidémie de nouveau coronavirus, a “plus que jamais” besoin de patriotisme économique afin de surmonter une crise économique sans précédent depuis la Grande Dépression de 1929, a déclaré mardi Bruno Le Maire en réaffirmant que l’Etat prendrait sa part en soutenant les fleurons industriels français en difficulté.

“La liste des entreprises industrielles qui doivent être soutenues par l’Etat, elle est prête”, a dit le ministre de l’Economie et des Finances sur franceinfo. “Elle reste évidemment confidentielle”, a-t-il ajouté, rappelant cependant que les secteurs aéronautique et automobile étaient particulièrement fragilisés par cette crise sanitaire. Bruno Le Maire a une nouvelle fois répété que le gouvernement n’excluait pas si nécessaire de procéder à des nationalisations “en dernier recours”, et pourrait également procéder à des recapitalisations ou prendre des participations. “Nous n’allons pas laisser des fleurons industriels (…) partir en fumée parce qu’il y a une crise économique d’une violence qui est sans doute sans précédent depuis 1929 dans les pays occidentaux”, a-t-il assuré.

L’Etat prépare notamment des mesures pour soutenir la compagnie aérienne Air France-KLM, a-t-il dit, ajoutant qu’il existait des solutions autres qu’une nationalisation.

Face à la pandémie de coronavirus, Bruno Le Maire a lancé un appel au patriotisme économique “du chef d’entreprises au salarié en passant par chaque citoyen”. Pour l’instant il s’agit surtout de souhaits ou de recommandations. Un peu comme le confinement qu’on ne veut pas généraliser et durcir. Il est cependant évident que le confinement qui risque de durer environ deux mois ajoutés aux congés annuels mettra l’économie française à genoux, la richesse nationale (PIB) pourrait perdre alors de  l’ ordre de 20%, avec des conséquences financières et sociales dramatiques.

Le ministre a seulement souhaité que les salariés prennent des congés payés pendant la période de confinement tout en insistant sur la nécessité que de telles dispositions soient définies dans le cadre d’un dialogue avec les syndicats. “C’est préférable pour que notre économie redémarre au lendemain de la crise” car “nous aurons besoin de toutes nos forces pour redémarrer”, a-t-il déclaré. Dans ce contexte, Bruno Le Maire a demandé “à toutes les entreprises, notamment les plus grandes, de faire preuve de la plus grande modération” dans leur politique de versement des dividendes, sans toutefois aller jusqu’à conditionner des mesures de soutien à leur abandon.

Concernant le plan de soutien de 45 milliards d’euros annoncé par le gouvernement, il a précisé que ce montant n’était qu’”un point de départ” et serait probablement dépassé. Avec une “utilisation massive” du chômage partiel dans ce contexte de crise, les dépenses consacrées à ce dispositif excéderont les 8,5 milliards d’euros provisionnés, a souligné Bruno Le Maire.

Quelques jours après la mise en place de ce dispositif, 730.000 salariés français bénéficient déjà du chômage partiel, ce qui représente 2,2 milliards d’euros.

“Chaque semaine de confinement ajoute un coût pour les finances publiques qui se chiffre en milliards d’euros”, a noté Bruno Le Maire, selon lequel le recul de la croissance française en 2020 dépassera nettement la contraction de 1% estimée dans le projet de loi de Finances rectificatif adopté vendredi dernier.

Pour soutenir les entreprises qui font face à un décrochage brutal de leur activité, Bruno Le Maire a annoncé lors d’une conférence de presse que le dispositif prévoyant des prêts garantis par l’Etat pour un volume total pouvant aller jusqu’à 300 milliards d’euros démarrerait ce mercredi.

Quels que soient leur taille ou leur statut (profession libérale, autoentrepreneur, groupe du CAC 40), les entreprises pourront solliciter auprès de leur banque un prêt pouvant représenter jusqu’à trois mois de chiffre d’affaires, qui sera garanti par l’Etat entre 70% et 90%, afin de faire à leurs besoins de trésorerie.

“Il y aura du crédit pour tout le monde. Chaque dossier sera traité”, a déclaré à des journalistes Frédéric Oudéa le président de la Fédération bancaire française et directeur général de la Société Générale.

Cette garantie pourra toutefois être refusée aux entreprises qui tardent à régler leurs fournisseurs, a prévenu Bruno Le Maire.

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Le «patriotisme inclusif», le concept approximatif de Macron

Le «patriotisme inclusif»,  le concept approximatif de Macron

Le problème de Macron est double. Sur le plan théorique, il est un peu court car sa formation est essentiellement littéraire. Les fondements théoriques des problématiques politiques, économiques et sociales lui sont étrangers. Et ce n’est pas le vernis fourni par l’ENA qui permet de combler cette lacune.  sa deuxième insuffisance tient à son ignorance complète des réalités concrètes. Du coup pour séduire intellectuellement Macron fait émerger de temps en temps dans ses discours un nouveau concept. Lors de sa dernière conférence de presse il a ainsi évoqué la notion de patriotisme inclusif.  «Ce qu’il nous faut faire, c’est rebâtir un patriotisme inclusif où chacun prend sa part, où l’intérêt général français et européen est au fond réaffirmé, mais n’est pas simplement l’addition des intérêts particuliers», a-t-il déclaré. En fait, Macron se trompe de concept car sans doute ce dont il veut parler c’est de démocratie participative. Seule la démocratie participative peut permettre de faire confronter les intérêts particuliers, converger vers l’intérêt général. Le problème c’est que Macron est opposé à cette démocratie participative qui rend les acteurs à la fois conscients mais aussi actifs. Ce n’est sans doute pas par hasard s’il a étouffé toutes les instances intermédiaires qui nourrissaient précisément le débat. Macron, lui, préfère la relation directe avec le peuple comme tous les autocrates, les monarques républicains et autres apprentis dictateurs. Ce dont parle Macron dans sa définition,  c’est de démocratie et non de patriotisme fut-il  inclusif pour satisfaire à la mode de ce qualificatif employé dans les salons parisiens.

Sondage patriotisme : 56% des Français jugent que la victoire des Bleus va doper le patriotisme

Sondage patriotisme : 56% des Français jugent que la victoire des Bleus va doper le patriotisme

 

 

 

Selon un sondage « L’Opinion en direct » de   l’institut Elabe   pour 56% des interrogés, la victoire à la Coupe du monde va renforcer le patriotisme, et ils sont une minorité significative de 38% à attendre de cette nouvelle étoile une amélioration durable du moral des Français. Un quart des Français, plus exactement 24% d’entre eux, tablent même sur le fait que ce succès footballistique va contribuer à changer durablement les choses dans la société française.   Ce sont les 18-24 ans, qui célèbrent pour la première fois une telle victoire, étant trop jeunes en 1998 pour avoir vécu ou fêté la première Coupe du monde ou l’Euro 2000, qui sont les plus enthousiastes. Pour 71% d’entre eux, le patriotisme sortira renforcer de cette victoire, 62% parlent d’une prochaine amélioration durable du moral des Français et, pour 46%, la performance des hommes de Didier Deschamps va contribuer à changer durablement les choses dans la société française. Par ailleurs,  les Français sont 71% à dire que la société n’est pas joyeuse. Ils assurent, à hauteur de 70%, qu’elle n’est pas non plus fraternelle mais  85% des personnes sollicitées affirment en revanche que le concept de métissage décrit bien la France actuelle.

 




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